• il y a 9 mois
Quelles sanctions après les scènes de chaos dans le football turc ?
Pour Yusuf Çalik, journaliste à Aspor, "il faut dire stop et faire comme l'Angleterre mais je doute que l'on puisse le faire"

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00:00 La Turquie les gars, et ces images complètement folles, difficile d'être passé à côté ce week-end, l'envahissement du terrain
00:05 après un Trabzonsport Fenerbahce dimanche, des supporters de Trabzons qui ont attaqué les joueurs du Fener qui fêtaient leur victoire.
00:12 Le gardien Ljivakovic a pris un coup de poing au visage, vous avez peut-être vu la
00:16 tentative de coup de pied retourné de Batshoahi sur un supporter, où ce joueur du Fener, Osaïs Samuel, est en train de frapper un supporter à terre.
00:24 Presque un miracle finalement qu'il n'y ait pas eu plus de dégâts humains,
00:28 des violences inouïes, sachant qu'on se rappelle qu'il y a trois mois le président
00:31 d'Ankara avait agressé un arbitre, les joueurs également.
00:35 Où on est la Turquie avec son football, avec ses supporters, on est en direct avec Yousuf Salik,
00:40 journaliste à Aspor, une chaîne sportive en Turquie. Bonsoir Yousuf.
00:44 Bonsoir Thibaut, bonsoir Daniel et Thibaut aussi.
00:48 Merci beaucoup de prendre quelques minutes, plus de deux heures, c'est ça, minuit et demi, c'est pour ça qu'on
00:52 vient de voir un peu plus tôt.
00:55 C'est gentil, c'est gentil, c'est gentil de me laisser un peu de sommeil.
00:58 Merci à toi surtout de passer quelques minutes ce soir sur RMC.
01:02 Bon, on en est où là, trois jours après ? On sait qu'il y a eu des arrestations notamment.
01:05 Oui, il y a eu cinq arrestations,
01:08 il y a des...
01:10 l'enquête suit au niveau footballistique, on va voir ce que va faire la Fédération.
01:16 Ça n'a pas encore été annoncé, c'est un gros choc, mais bon,
01:21 comme tu l'as dit, il y a trois mois, il y a un président de club qui est allé taper un arbitre sur le terrain.
01:29 Il y a plein de crises qui se passent en Turquie, on est plutôt habitué à ce genre de choses et
01:34 là, c'est un peu la goutte qui fait déborder la vase. On va voir
01:40 ce qui va se passer, Fenerbahce menace de se retirer.
01:43 D'accord, mais le vase qui déborde, ça peut donner quoi ? Il peut y avoir des grosses sanctions, le championnat peut s'arrêter, des équipes peuvent
01:50 arrêter de jouer au foot, parce qu'en fait, ce qu'on savait de la Turquie, l'image qu'on avait, c'était les tribunes très chaudes, donc forcément
01:57 des rivalités et des luttes entre supporters, on pouvait les envisager, mais là,
02:02 ce qui est complètement différent, c'est des supporters qui rentrent sur la pelouse pour taper des joueurs,
02:07 des joueurs qui se défendent et qui tapent des supporters, des présidents qui tapent des arbitres.
02:12 Là, c'est sur le terrain qu'il y a de la violence, c'est pas exactement la même chose quand même.
02:16 Non, c'est pas exactement la même chose, mais
02:20 c'est un reflet. Donc oui, il y a des stades où l'ambiance était chaude et que
02:25 les supporters étaient un peu
02:28 un peu excessifs, mais bon là, c'est plutôt ça.
02:31 C'est quoi les circonstances sportives de cette affaire-là ? Pourquoi ça dégénère ?
02:35 Sportivement, il faut aller en arrière.
02:39 Depuis très très longtemps, ça va faire 40 ans qu'il y a une rivalité entre Trasbon Sport et Fenerbahce,
02:43 une rivalité qui a grandi, grandit, grandit. Après, il y a eu
02:48 l'affaire des matchs truqués qui a été en fait en 2011
02:53 entre Fenerbahce et Trasbon Sport.
02:56 Et cette affaire semble être un coup monté.
03:00 Donc il y a plein d'antécédents sur cette rivalité
03:04 et qui font que ces deux clubs-là ne se supportent plus.
03:08 Mais bon, à chaque fois, c'est quand même sur le terrain de Trasbon Sport qu'il y a des
03:12 des échafourées.
03:14 C'est Istanbul aussi, hein ? Trasbon Sport, c'est Istanbul ?
03:17 Non, c'est une autre ville dans le nord-est.
03:21 Ah, je ne connais pas.
03:22 Trasbon, c'est nord-ouest de la Turquie.
03:26 Ok, donc c'est même pas dans le milieu.
03:28 Non, Daniel, niveau sanctions,
03:31 ben je ne sais pas parce que bon, en 2015, il y a le bus de Fenerbahce
03:36 qui a été fusillé au retour d'un déplacement.
03:40 Fusillé, c'est-à-dire avec des rabats ?
03:43 Oui, oui, fusillé. Le chauffeur a été touché.
03:46 La sécurité a réussi à stopper le bus au dernier moment.
03:50 Il y avait 40 personnes dedans, donc ils ont juste frôlé la mort
03:55 et le championnat s'est arrêté une semaine.
03:57 Donc, ici...
03:58 À une semaine seulement, ça ?
04:00 Ouais, donc ici, les règles
04:02 sont un peu
04:05 mises en...
04:08 enfin, mises à côté.
04:10 Ça dépend des clubs, en fait.
04:12 Là, Fenerbahce se sont un peu esselés.
04:14 Il n'y a pas eu de réaction au niveau politique,
04:16 il n'y a pas eu de réaction au niveau du ministère,
04:18 il n'y a pas eu de réaction au niveau des clubs...
04:19 T'es en train de dire que l'événement qui s'est passé là,
04:21 ça n'a pas fait un tollé,
04:22 ça ne fait pas la une de l'équivalent du journal de 20 heures ici.
04:25 Ce n'est pas la une des journaux.
04:27 On ne crie pas au scandale.
04:28 Le président de la fédération, le ministre, le président,
04:31 tout le monde s'en fout.
04:33 Ça n'a pas crié au scandale.
04:36 Il y en a qui ont crié au scandale.
04:38 Il y en a qui ont dit que les joueurs de foot ne devaient pas
04:40 provoquer les supporters.
04:42 Donc, c'est un peu une ambiance mitigée ici.
04:46 Donc non, il n'y a pas eu de sortie de ministre
04:50 ou du président de la fédération.
04:52 Par exemple, le président de la fédération n'a toujours pas fait
04:54 de déclaration sur ce sujet là.
04:56 Le ministre du sport non plus.
04:57 Donc, on attend un peu, on attend un peu le feu vert.
05:02 Youssouf Salih, journaliste à Sport en Turquie...
05:05 Si ça ne suscite pas d'indignation,
05:08 si on ne crie pas au scandale,
05:09 bon, alors ça peut continuer tranquillement.
05:11 Et puis, quand il y aura des morts, on fera un autre bilan.
05:14 Alors ?
05:15 Il y a un peu un traitement d'actualité à deux vitesses ici.
05:21 Quand ça concerne Fenerbahce, c'est un peu plus compliqué.
05:25 C'est pour ça que Fenerbahce veut se retirer de la Super League,
05:28 parce que le club se sent esselé.
05:30 Le club a eu plein de crises comme ça,
05:34 qui n'ont pas été résolues,
05:37 qui n'ont pas eu l'impact espéré par les supporters du club.
05:43 C'est un club qui n'est pas aidé en Turquie, Fenerbahce ?
05:45 Oui, ça doit être le club le plus détesté, je pense, en ce moment-là.
05:49 Je pense qu'il y a une vraie haine anti-Fenerbahce en Turquie.
05:56 Je ne saurais pas l'expliquer.
05:57 Je ne sais pas pourquoi il y a cette haine,
06:00 mais il y a quand même un ressentiment contre Fenerbahce.
06:06 Ça se ressent dans les sanctions, ça se ressent dans les réactions.
06:10 Donc forcément, au bout d'un moment, le club réagit aussi à sa manière.
06:17 Est-ce que, Youssouf, tu mets ces violences dans les stades
06:20 en rapport avec ce qui se passe de manière plus générale en Turquie ?
06:24 Est-ce que ces événements arrivent dans un moment où en Turquie,
06:29 il y a peut-être plus de violences aussi, un climat politique dégradé ?
06:35 Il n'y a pas plus de violences en Turquie.
06:37 Il y en a toujours eu des violences en Turquie.
06:40 Je ne pense pas que ce soit un reflet du climat actuel.
06:45 Oui, il y a des choses qui ne sont pas désirables,
06:49 qui sont d'actualité en Turquie, ça, je ne le dis pas.
06:53 Mais bon, après, c'est vraiment entre Fenerbahce et les autres clubs,
06:57 c'est vraiment entre Fenerbahce et Trabzonsport,
07:00 c'est vraiment... ça peut être un reflet politique sur le football,
07:06 je peux le concéder, mais bon, après, je ne sais pas si ça va se réduire,
07:11 si le climat s'apaisit en Turquie, si jamais les choses vont mieux.
07:18 Je ne sais pas, ça va aller dans le même sens dans le football.
07:21 Il y a des problèmes dans le foot de Turc qui ne sont pas résolus,
07:24 qui ne veulent pas être résolus.
07:26 Mais c'est quoi les problèmes quand tu dis qu'il y a des problèmes pas résolus ?
07:29 Qu'est-ce qu'il faudrait faire, en fait, si personne ne veut régler cette violence,
07:33 s'il n'y a pas de sanctions, il n'y a pas de raison que ça ne continue pas ?
07:37 Déjà, la méritocratie, c'est ça un problème.
07:41 Les dirigeants, ils ne viennent pas à leur poste parce qu'ils le méritent,
07:45 parce qu'ils sont désignés.
07:46 Donc forcément, ça crée un problème.
07:48 Après, il y a l'équité.
07:50 Je ne pense pas que le championnat soit un championnat équitable pour tous.
07:54 Donc, les décisions changent en termes de couleur, de stade, de joueurs, etc.
08:00 Et parfois en faveur de Fenerbahce, parfois en faveur d'autres clubs, mais ça change.
08:04 Donc, ici, il y a un gros problème de justice, je pense, dans le football.
08:10 Tu veux dire que la barre, elle ne marche pas pareil pour tout le monde, tout le temps ?
08:13 Non, parfois, elle ne marche pas du tout.
08:16 Donc, forcément, les choses que vous, vous discutez en France sur l'arbitrage, etc.
08:22 Nous, on le discute depuis 40 ans et on ne l'a pas résolu.
08:26 Donc, on change les DTN, on change les gens qui dirigent l'arbitrage,
08:31 on change la fédération, etc.
08:33 Mais ça ne change rien du tout parce qu'il faut changer le système.
08:36 Et il y a un mal fonctionnement dans le système football de Turquie.
08:42 Donc, je pense qu'il faut changer ça.
08:44 C'est ça le problème.
08:45 C'est que nous, on ne change pas le système, mais ceux qui sont dedans.
08:49 Et à chaque fois que les gens arrivent dans le système,
08:52 ce ne sont pas des gens qui méritent, ce sont des gens qui sont un peu pistonnés.
08:56 J'ai quand même l'impression, Youssouf, malheureusement,
08:59 en écoutant ton témoignage depuis tout à l'heure,
09:01 qu'après les incidents de dimanche, ça ne va pas aller forcément en s'améliorant.
09:07 Il n'y a pas de prise de conscience ou quoi que ce soit.
09:09 Et on n'est pas à l'abri, après la trêve, de revoir ces images-là, finalement.
09:14 Pas du tout, même.
09:14 Non, je ne pense pas.
09:16 Ça va faire des mois que je dis la même chose dans les émissions.
09:20 Ces crises-là, si elles ne sont pas résolues,
09:22 il y a quelqu'un qui va mourir et après, ça va être trop tard.
09:26 Je pense que ça va dans ce sens-là.
09:28 Ça aurait pu être le week-end dernier.
09:30 C'était très... On a frôlé, ça, je pense.
09:33 Les supporters, les joueurs et tout.
09:36 L'ambiance n'était malheureusement pas très, très, très bonne.
09:40 Mais je pense que non, ça ne va pas aller dans le bon sens.
09:43 Il faut dire un stop.
09:44 Je pense qu'il faut faire un peu comme l'Angleterre,
09:47 à la fin des années 80, quand ils ont décidé de ne plus aller en Europe
09:53 avec Thatcher et qu'ils ont décidé de tout faire pour que le foot s'améliore.
09:59 Il faut améliorer le système.
10:01 Je pense qu'il faut mettre une grosse claque dans le système footballiste turc
10:05 pour pouvoir améliorer ça.
10:06 Mais je ne pense pas, je doute qu'on puisse le faire.
10:08 C'est presque impossible ici.
10:10 En même temps, la FIFA, l'UFA, il n'y a pas eu de réaction non plus.
10:12 Il n'y a rien.
10:14 Si, si, pardon, la FIFA a réagi.
10:17 Il y a Gianni Infantino.
10:19 Gianni Infantino a déclaré un message.
10:22 Après les événements de ce week-end ou après la dernière fois ?
10:26 Oui, mais là, pour les événements là, oui.
10:27 Non, non, ce week-end.
10:29 Ce week-end, Infantino a parlé.
10:32 Il y a FIFA Pro qui a parlé aussi.
10:34 L'association des joueurs de foot.
10:37 Il y a des réactions internationales.
10:38 Après, je ne sais pas si ça va être assez inquiétant pour les dirigeants turcs pour
10:45 qu'ils puissent démissionner.
10:47 Parce qu'il n'y a pas eu de démission.
10:48 La dernière fois, on en a parlé avec l'arbitre qui s'est fait claquer, à qui on a mis un
10:56 coup de poing, des coups de pied.
10:57 Il n'y a pas eu de démission.
10:58 Il n'y a toujours pas de prise de conscience.
11:01 Il n'y a toujours pas de prise de responsabilité.
11:04 Je ne pense pas que ça va aller en s'améliorant.
11:05 Je crois que c'est dans la curiosité qu'on peut avoir sur ce qui se passe en Turquie,
11:12 sur le plan de la violence.
11:13 Peut-être à tort ou à raison, peut-être que nous de France, on le voit aussi comme
11:17 une sorte d'avant-garde de la violence dans les stades.
11:20 Et c'est ce qui nous fait un peu peur.
11:22 On se dit qu'on n'est pas très loin de ça.
11:25 Pas très, très loin de ça.
11:27 Justement, on voit le même phénomène, presque d'anomie, c'est-à-dire de désintérêt,
11:33 de banalisation de cette violence-là.
11:34 Comme nous, on l'a eu, rappelez-vous, il n'y a encore pas longtemps, il y a un supporter
11:37 qui s'est fait poignarder à l'entrée d'un stade.
11:40 C'était quoi, il y a deux mois, trois mois en France ?
11:42 À Nantes.
11:43 Bon, le championnat ne s'est pas arrêté.
11:46 On a continué à jouer.
11:47 Mais là, il y a une petite différence, c'est que c'est sur le terrain et que ça implique
11:50 des joueurs.
11:51 Bien sûr, je dis qu'il y a une différence de degré.
11:52 Évidemment qu'il y a une différence de degré, mais c'est la même nature du problème.
11:54 Oui, c'est ce qui fait peur.
11:55 Merci beaucoup Youssouf Antouga.
11:56 C'est ça qui fait un peu peur.
11:57 Merci à vous, mais juste un truc, c'est arrivé de la même façon.
12:03 Il y a des gens qui ont été poignardés, il y a des gens qui sont morts et après,
12:10 on est arrivé à ce stade-là.
12:11 Donc, ça peut arriver chez vous aussi.
12:13 Merci Youssouf Antouga.
12:14 Bonne nuit à toi.
12:15 Merci.
12:16 A très bientôt dans l'after.
12:17 A bientôt.
12:18 Merci.
12:18 Bonne nuit.
12:19 Merci.
12:19 [SILENCE]

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