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  • 18/03/2024
Jacques Brel chante "Ces gens là" et croque une galerie de croquants parvenus, avares de mots et de sentiments, avaleurs de soupe froide, écraseurs de patates et de liberté. Il nous prend à témoin de son mal être. Un de ses grands chefs d'oeuvres, un titre quasi théâtral de Brel qui étonne par sa composition d'acteur. Un exemple du génie de Brel.

Catégorie

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Musique
Transcription
00:00 (Applaudissements)
00:18 D'abord, il y a l'ennemi, lui qui est comme un melon, lui qui a un gros nez, lui qui ne sait plus son nom, monsieur.
00:33 Tellement qu'il boit, tellement qu'il est bu, qu'il ne fait rien de ses dix doigts, lui qui n'en peut plus, lui qui est complètement cuit, qui se branle pour le roi,
00:52 qui se saoule toutes les nuits avec du mauvais vin, mais qu'on retrouve ce matin dans l'église qui est rompue, raide comme une salive,
01:06 que l'on tombe en siège de pâques, qui ne fait pas de souci, qui a l'œil qui divague, pour dire, monsieur, que chez ces gens-là, on ne pense pas à l'autre, on ne pense pas.
01:28 On prie, et puis, il y a l'autre, des carottes dans les cheveux, qui n'a jamais rien à peindre, qui est méchant comme une teigne,
01:43 même qui donnait sa chimise à des pauvres gens heureux, qui mariaient la Denise, une fille de la ville, d'une autre ville.
01:58 Et que c'est pas fini, qui fait ses petites affaires, avec son petit chapeau, avec son petit manteau, avec sa petite auto, qui aimerait bien avoir l'œil,
02:14 mais qui n'a pas l'air du tout, pour pas jouer les riches, quand on n'a pas un sou, pour dire, monsieur, que chez ces gens-là, on ne vit pas, et on ne vit pas.
02:32 On prie, et puis, il y a les autres, la mère, qui ne dit rien, qui dit n'importe quoi, et du soir au matin, sous sa belle gueule d'apôtre,
02:50 et dans son cadre en poids, il y a la moustache du père, qui mordre d'une risade, et car il a son troppo bouffé, la soupe froide, et ça fait des ventes, et ça fait des ventes.
03:10 Et la toute vieille, qui a fini par se fibrer, qui en attend quelque raise, vu que c'est d'elle qu'elle osait, qu'on n'écoute même pas, ce que ses pauvres mains racontent,
03:24 pour dire, monsieur, que chez ces gens-là, on ne pense pas à l'autre, on compte, et puis, et puis, et puis, il y a Solida, qui est belle comme un soleil,
03:46 et qui m'aime pareil, comme un jeune Solida, même quand se dit souvent qu'on aurait une maison, comme une tasse de lait, avec presque pas de nuit,
03:59 et qu'on y fera du vin, et qu'il fera bon miette, et que si c'est pas sûr, c'est quand même peut-être parce que les autres veulent pas, parce que les autres veulent pas.
04:12 Les autres, ils disent comme ça, qu'ils font pas le pouvoir, que je suis tout juste bon, aïe comme j'ai mes chats, j'ai jamais vu ça.
04:22 Moi, dans l'hiver, j'ai oublié, qu'ils sentaient pas beau, qu'on s'isolait pas, qu'on s'isolait pas.
04:33 Parfois, quand on se voit, semblant que c'est pas une soleil, avec ses yeux mouillants, et qu'elle partira, et qu'elle me suivra, alors, pour un instant, pour un instant seulement, monsieur,
04:50 alors, pour un instant, alors, moi, je la crois, pour un instant seulement, monsieur, parce que, j'ai ces gens-là, monsieur, ils s'en vont pas, ils s'en vont pas, monsieur.
05:17 Ils s'en vont pas.
05:22 Mais, il est tard, monsieur, il faut que je rentre.
05:42 C'est moi.
05:52 (Applaudissements)
06:04 [SILENCE]

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