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AGRICULTURE / Une crise qu'il faut continuer de surveiller ?
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00:00 [Générique]
00:08 Bonsoir à toutes et à tous, soyez les bienvenus pour un nouvel invité de la rédaction sur TV Tour Val de Loire.
00:13 Ce soir, nous recevons un sénateur horizon élu aux dernières élections en 2023,
00:17 l'occasion d'aborder avec lui plusieurs sujets d'actualité.
00:20 Bonsoir Vincent Louot.
00:21 Bonsoir.
00:22 Soyez le bienvenu sur notre plateau.
00:23 J'aimerais commencer avec un sujet que vous avez récemment mis en lumière, ou remis en lumière,
00:28 la surpopulation carcérale.
00:29 Vous vous êtes rendu il y a quelques jours à la maison d'arrêt de Tour.
00:32 Ma première question, elle est assez large, qu'est-ce que vous y avez vu ?
00:35 Qu'est-ce que j'ai vu à la prison de Tour ?
00:38 Première chose, j'ai été impressionné, parce que quand vous rentrez pour la première fois dans une prison,
00:44 on vous ouvre la grille de la prison du bloc général.
00:48 Je peux vous dire que c'est impressionnant.
00:50 Et même si le dimanche, il y a un peu moins d'activité,
00:53 parce qu'on a tous les services publics qui ne sont pas présents,
00:55 les greffes ne sont pas là et les services extérieurs ne sont pas là,
00:59 c'est impressionnant.
01:01 On sent tout de suite peser l'atmosphère de la prison,
01:04 et surtout à la prison de Tour, où on est dans une prison de 1935,
01:07 et là vous êtes dans le lourd.
01:08 Et vous vous dites, là, ça y est, je suis dedans.
01:11 Premier point.
01:12 Deuxième point, quand vous allez, j'ai visité des personnes incarcérées,
01:18 là vous tombez dans la promiscuité,
01:20 vous tombez dans une réalité qui est très dure de vétuster,
01:23 même si tout est propre, c'est d'une vétusté sans nom.
01:27 Vous êtes dans une prison où 3 par cellule,
01:31 3 par cellule de 9 mètres carrés,
01:34 j'ose même pas, moi je suis éleveur de vaches,
01:37 j'ose même pas imaginer que nous ne respectons pas le bien-être animal
01:41 dû à des animaux, parce que la norme pour un élevage de porc,
01:45 par exemple, c'est 4,5 mètres carrés par truie gestante.
01:50 - Donc on ne ferait même pas 3 dans 9 mètres carrés.
01:52 - Vous voyez, moi ça m'a choqué, c'est pas un parallèle,
01:55 mais vous savez quand une société prend plus soin de ses animaux que ses humains,
01:59 moi là ça me pose un problème.
02:01 - Alors ce phénomène, il n'est pas nouveau et tout, on n'y échappe pas.
02:04 Voilà plusieurs années que l'établissement affiche aux environs de 200% de remplissage
02:08 et là en février, on a atteint même 240% de remplissage à la fin du mois.
02:13 Selon vous, est-ce que c'est à l'État d'investir massivement dans ces prisons ?
02:17 Quelles sont les solutions qui pourraient exister ?
02:19 - Alors il y a plusieurs sujets, bien sûr on peut voir le côté simple de la chose,
02:24 il faut construire plus de places de prison et puis on continue sur ce schéma-là.
02:29 Déjà, moi j'ai eu l'expérience de faire une journée au tribunal pénal
02:39 et tu t'aperçois que la justice aussi a une progressivité
02:43 et que la prison est quand même l'extrême de la peine
02:46 parce qu'on fait quand même tout pour éviter de mettre les personnes en prison
02:50 suivant ce qu'ils font bien sûr.
02:52 C'est évident que sur certains sujets, ils vont direct en prison, sur d'autres beaucoup moins.
02:56 Mais on comprend quand on va voir au contact de la justice,
02:59 on comprend en fait cette problématique-là, c'est le premier point, la justice.
03:03 Deuxième point, bien évidemment on n'a pas assez investi depuis 20 ans sur nos prisons,
03:07 donc là malgré le plan 15 000 places, ça ne fera que résoudre le stock.
03:11 Sachant qu'on a plutôt, avec la libération de la parole sur les violences intrafamiliales,
03:17 on a plutôt un afflux de personnes qui doivent passer en prison.
03:22 Donc le sujet est vraiment complexe.
03:25 J'ai un ami sénateur qui est spécialiste du sujet qui s'appelle Louis Vaugelle.
03:29 On en parle très souvent parce que moi ce n'est pas mon cœur de métier
03:32 mais si vous voulez ça me touche.
03:34 Je ne pouvais pas en étant sénateur, avec le sujet des prisons qui s'imposaient à moi,
03:40 ne pas passer à la prison de tour.
03:42 Mais par contre, je peux vous dire que c'est tout sauf la télé tranquille
03:46 et un peu la carte postale ou parfois la caricature qu'on fait de la prison
03:52 où c'est cool et on se la joue cool.
03:56 On sent l'odeur animale dans la prison, c'est-à-dire que...
04:03 Le bruit, le bruit aussi.
04:05 Donc c'est très pesant.
04:06 - C'est une atmosphère impressionnante.
04:07 - J'ai rencontré des personnes qui sont en attente de fin de procès quand même depuis 6 ans.
04:14 Donc avec une justice qui est extrêmement longue
04:16 et ils sont toujours dans leur phase où ils attendent un centre de détention.
04:19 - C'est des pètes d'homoclès.
04:20 - Où ils sont encore trois depuis 6 ans alors qu'ils attendent avec impatience
04:26 d'avoir leur peine connue pour pouvoir passer en cellule seule.
04:32 Vous voyez, le sujet est très complexe, il ne doit pas être très à la légère.
04:35 J'ai vu une très grande humanité du personnel pénitentiaire.
04:38 Et vous savez, ça c'est aussi les services publics.
04:41 Vous avez des personnes qui reviennent parce qu'il y a aussi beaucoup de fatigue
04:47 dans le personnel pénitentiaire.
04:49 Des personnes qui donnent beaucoup de leur temps et de leur énergie
04:54 pour le bien-être quand même des prisonniers, pour que ça se passe le mieux possible.
04:58 Et il faut les saluer parce que ce n'est pas un métier facile
05:01 avec un investissement personnel qui est difficile
05:04 parce que vous voyez ces hommes et ces femmes qui sont incarcérés
05:08 avec tous les problèmes que ça crée dans le fait de priver la liberté à une personne.
05:14 - Des services extrêmement importants chez les surveillants pénitentiaires
05:18 et chez le SPIP effectivement pour la réinsertion par la suite des services.
05:22 Oh combien important !
05:24 J'aimerais à présent, Vincent Lowe, qu'on évoque un sujet qui vous concerne tout particulièrement.
05:28 Vous avez d'ailleurs commencé à en parler.
05:30 Vous, en tant qu'agriculteur, dans cette grogne du monde paysan, c'est impossible de passer à côté.
05:34 Je pose la question à l'agriculteur que vous êtes, Vincent Lowe.
05:37 Comment se traduisent sur le terrain ces formes de concurrence déloyale
05:40 avec les autres pays européens ?
05:42 Comment est-ce que ça se matérialise concrètement ?
05:45 - Écoutez, je pense que les agriculteurs, ça se matérialise par une très grande fatigue
05:51 et une très grande lassitude.
05:52 Le problème, nous le connaissons depuis de nombreuses années.
05:55 Et les agriculteurs dépendent bien sûr de cours qui sont très souvent mondiaux,
06:01 qui sont déconnectés d'une réalité française ou voire même européenne.
06:05 Nous subissons des cours qui sont mondiaux.
06:07 En ce moment, le prix des softs et des commodities ont plutôt baissé de 30 à 40 %.
06:13 Ils avaient déjà baissé de 40 % depuis le Covid.
06:17 Donc vous voyez, vous arrivez à des baisses qui sont très fortes.
06:20 Et les agriculteurs qui sont des personnes résignées,
06:23 c'est-à-dire qu'il y en a certains...
06:25 Certains me disent, écoute, Vincent, je pense que toi, t'as accès aux ministres,
06:29 t'as accès aux autres députés, aux autres sénateurs.
06:32 S'il faut qu'on arrête de produire, il faut nous le dire.
06:35 Et on a... J'ai moi-même...
06:39 On a un taux de suicide qui est énorme.
06:41 Le département est très touché.
06:43 Dans ma promotion de BTS agricole, sur 26 étudiants,
06:48 il y avait 16 éleveurs laitiers, il n'y en a plus que 3.
06:51 Et sur les 26, il y en a 3 qui se sont suicidés.
06:54 C'est une réalité sèche du monde agricole.
06:57 La difficulté pour nous, les hommes politiques,
07:01 c'est de trouver une solution qui est loyale, en fait.
07:05 Nous ne pouvons pas nous battre contre des Brésiliens,
07:08 contre même des Polonais qui n'ont pas les mêmes normes
07:11 et qui n'appliquent pas les mêmes normes, les mêmes prix,
07:16 la main-d'oeuvre coûte moins cher, les mêmes politiques nationales,
07:19 et c'est ça toute la difficulté de l'agriculture.
07:21 – La FNSA d'André Loire a d'ores et déjà annoncé
07:24 de nouvelles manifestations lundi prochain.
07:27 Vous comprenez ces blocages, cette façon de faire ?
07:30 C'est issu d'un ras-le-bol finalement, si je comprends bien.
07:32 – Les blocages, les blocages, et bien sûr, déjà je salue
07:35 le professionnalisme des syndicats parce que jusqu'à maintenant,
07:38 ils ont su manifester en gardant le contact avec la population,
07:43 avec une population qui les soutient.
07:45 Et c'est dur de faire des manifestations, de ne rien casser,
07:48 d'avoir toujours le même soutien du début à la fin d'une manifestation.
07:51 Et aujourd'hui, les agriculteurs disent quoi ?
07:54 On est embêtés par les normes, on est embêtés par des choses
07:56 qui ne sont pas justes, on est embêtés par des surtranspositions,
07:59 et en fait, toute la population s'identifie au mal-être des agriculteurs
08:04 parce que si vous voulez changer un Vélux de votre maison
08:06 et que vous avez les bâtiments de France, on vous dit que c'est pas facile.
08:09 Si vous voulez actionner la prime Rénov',
08:11 ma prime Rénov' c'est d'une complexité effroyable.
08:13 Donc en fait, les habitants ils disent "mais les paysans ils ont raison".
08:16 Et si, moi je connais bien le milieu des maires,
08:18 les maires en ont ras-le-bol de la suradministration.
08:21 Donc les maires se disent "mais les paysans, nous on est bientôt comme les paysans,
08:24 on en a ras-le-bol, si vous demandez de venir sur les barricades demain,
08:27 on viendra aussi parce que tout le monde a à la fin cette grande lassitude
08:32 d'avoir l'impression d'avoir une motorisation administrative
08:35 qui mouline de l'air et qui ne résout jamais les problèmes.
08:37 Nos habitants aussi nous demandent de résoudre, nous les hommes politiques,
08:40 des problèmes et force est de constater qu'on a du mal à résoudre
08:44 des problèmes d'une société qui sont de plus en plus complexes.
08:47 Qu'est-ce que vous auriez envie d'ajouter aux mesures annoncées par le Premier ministre Gabriel Attal ?
08:51 Il faut être très pragmatique.
08:53 Aujourd'hui on a un problème qui est dur à résoudre parce que,
08:57 bien sûr on soutient l'Ukraine dans une période qui est très difficile,
09:01 mais c'est pas aux agriculteurs de payer l'effort de guerre par rapport à l'Ukraine.
09:08 Et aujourd'hui force est de constater, nous produisons 140 millions de tonnes de céréales en Europe,
09:13 les Ukrainiens 40 millions de tonnes qui rentrent en Europe.
09:16 Et vous voyez que vous déséquilibrez un marché, automatiquement ça déséquilibre un marché
09:20 et l'effort de guerre est payé par les agriculteurs.
09:23 Et là ils sont en difficulté parce qu'ils ont eu, comme les habitants,
09:27 toutes leurs charges qui ont augmenté et ça s'appelle le ciseau de prix et charges.
09:30 Les prix s'effondrent, les charges augmentent et automatiquement là l'histoire est pas belle.
09:35 Je l'ai dit à Marc Fesneau il y a deux jours, la grande difficulté c'est d'apporter une réponse.
09:39 Je ne pense pas que la politique agricole commune et les pays européens soient prêts à remettre 30% de budget
09:44 sur la politique agricole commune, elle n'a jamais été revalorisée depuis 1992.
09:48 Donc c'est des choix politiques, les normes sanitaires en font partie,
09:52 c'est-à-dire il faut aussi faire des choix très très très fermes.
09:56 Il faut empêcher les importations de produits qui ne respectent pas nos normes
10:01 et ça c'est le rôle d'une Europe qui est protectrice, avec des contrôles.
10:05 Les contrôles sont insuffisants, tous les rapports nous montrent que les contrôles sont
10:09 beaucoup d'autocontrôle et énormément insuffisants.
10:13 Donc il est temps d'avoir une Europe qui protège et qui soit juste et loyale dans le commerce.
10:17 Ça ne peut pas être un grand commerce, une grande fiesta où on accepte des importations sans aucune norme,
10:24 avec des gens qui ne jouent pas le jeu, surtout aussi de la sécurité alimentaire.
10:29 – Je ne peux pas m'empêcher de faire le lien avec l'adoption il y a plus de 4 ans par l'Assemblée nationale du CETA,
10:36 le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada.
10:39 Alors ça pourrait être bientôt au tour du Sénat d'en étudier les conditions,
10:44 la gauche communiste notamment espère son rejet.
10:47 La position d'Horizon, quelle est-elle ?
10:49 – Alors la position d'Horizon est très claire parce que déjà à Horizon, nous sommes des libéraux,
10:56 nous sommes pour du commerce avec nos partenaires extérieurs,
11:01 autant au sein de l'Europe qu'à l'extérieur.
11:03 Pourquoi ? Parce que surtout sur l'agriculture.
11:05 Aujourd'hui il faut imaginer, nous exportons un tiers de notre céréale,
11:09 un tiers de notre lait et un tiers de produits exceptionnels de l'alimentation française
11:14 qui avec le luxe, nous sommes sur l'emblème du pays.
11:19 Donc nous, notre principe c'est quand l'accord est équilibré,
11:25 CETA est un accord équilibré parce que justement il est en cours depuis déjà plus de 6 ans,
11:29 il est en cours de façon provisoire depuis plus de 6 ans,
11:33 alors c'est très… les téléspectateurs doivent se dire "tiens c'est bizarre un truc qui est en cours depuis 6 ans".
11:38 Oui il est en cours pendant 6 ans et il peut rester en cours comme ça pendant plus de 20 ans.
11:42 C'est-à-dire que l'Europe n'a pas prévu en cas de non-ratification de certains pays,
11:46 on attend encore que les pays le ratifient, donc ça pouvait durer longtemps.
11:49 Je pense que c'est pour ça aussi que le gouvernement, aucun gouvernement n'a souhaité remettre CETA
11:54 à l'heure du jour du Parlement, les communistes le font, je comprends,
11:57 ils sont opposés, farouchement opposés à tout traité de libre-échange avec les autres pays.
12:02 Nous, nous sommes sur une autre ligne.
12:05 Encore une fois, la difficulté c'est… là on est dans l'émotion,
12:11 parce que par rapport à la crise agricole, on a un problème avec la viande de bœuf.
12:16 Et la viande de bœuf, aujourd'hui les Canadiens ne peuvent pas nous en exporter, pourquoi ?
12:20 Parce que premièrement, les vaches n'ont pas d'identification,
12:23 donc on ne peut pas avoir de traçabilité.
12:25 Deuxième point, tout l'élevage au Canada est engraissé avec des hormones.
12:31 Et ça c'est strictement interdit en Europe.
12:33 Donc ils ne peuvent pas apporter les garanties de production et donc ils n'exportent pas de bœuf.
12:37 53 tonnes ont été importées l'an dernier, mais c'était du bison.
12:41 Donc vous voyez la complexité, on a un équilibre qui est fait sur cet état.
12:47 Si vous allez à Montréal, le métro est français.
12:50 Le RER de Montréal va être fait, 200 millions de dollars par les français.
12:54 Nous importons énormément de minerais de métaux rares,
12:57 et moi je préfère importer des métaux rares et du minerai à des Canadiens
13:02 que dans des pays qui sont beaucoup moins démocratiques
13:06 et qui n'ont pas les mêmes valeurs qu'avec nos amis canadiens.
13:10 La difficulté, parce que…
13:12 – Très rapidement, Vincent Dumont.
13:13 – Très rapidement, la difficulté c'est que certains veulent faire de la politique politicienne
13:16 avant les élections européennes en refusant le CETA, et ça je m'y oppose.
13:20 Et certains groupes politiques vont avoir une position très stricte en disant
13:23 "nous on met le CETA avec le Mercosur et tout ça".
13:25 Et là je dis stop, je dis stop.
13:27 Nos amis canadiens ne méritent pas de faire les frais d'une politique politicienne
13:30 d'une certaine catégorie politique.
13:32 – Et bien voilà qui est dit, on aura sans doute l'occasion d'en reparler
13:35 dans les prochaines élections.
13:36 Merci Vincent Lewis d'avoir répondu à nos questions.
13:39 Voilà c'est la fin de cette émission, on vous donne rendez-vous vendredi prochain
13:42 pour un nouvel invité de la rédaction.
13:43 D'ici là, passez un excellent week-end sur TV4 One Val de l'Ordre.
13:47 [Musique]
13:55 Merci.

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