Le directeur général de la gendarmerie nationale Christian Rodriguez est l'invité exceptionnel de Amandine Bégot dans RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 12 mars 2024 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Sécurité des Jeux olympiques, lutte contre le trafic de drogue,
00:12 disparition du petit Émile, Amandine vous recevez ce matin, le patron de la gendarmerie de général Christian Rodríguez.
00:17 Et on va commencer si vous le voulez bien avec cette enquête à Crépole, quatre mois après la mort du jeune Thomas dans la Drôme.
00:23 Ce jeune homme tué lors d'une fête de village, on a appris hier que 11 personnes avaient été interpellées.
00:28 Elles sont toujours en garde à vue ce matin.
00:31 Est-ce que ces personnes sont toutes soupçonnées d'avoir participé à cette rixe qui a coûté la vie au jeune Thomas ?
00:37 Alors ces personnes sont soupçonnées d'avoir été présentes lors de ce drame,
00:44 avec un niveau de responsabilité qui restera déterminé.
00:48 Mais elles ont été présentes et dans cette enquête l'intérêt c'est d'avoir le regard de chacun
00:54 pour que tout le monde nous dise ce qu'il a vu ou ne nous le dise pas.
00:58 Mais pour qu'on puisse confronter les propos des uns et des autres pour mieux y voir dans cette affaire
01:03 et savoir quelles sont les vraies responsabilités.
01:04 Ce sont des personnes qui vivent toutes à Romand-sur-Isère ou proches de Romand-sur-Isère.
01:09 Est-ce que ce sont des gens connus des services de police ou de gendarmerie ?
01:12 Certaines personnes sont connues, mais en tout cas là l'intérêt c'est surtout de recueillir leurs témoignages
01:17 pour conforter, voire nous dire le contraire de ce que l'on a entendu jusqu'à présent.
01:22 Parce que quatre mois après les faits, il faut le rappeler pour nos auditeurs,
01:24 on ne sait toujours pas qui a poignardé Thomas, personne ne le reconnaît.
01:30 En fait les propos sont assez divergents et pour que les magistrats puissent savoir comment poursuivre
01:35 et puis à terme juger les responsables, il faut savoir qui a effectivement fait quoi.
01:40 Et en fait plus on aura de témoignages et mieux on saura ce qui s'est réellement passé.
01:43 On a dit beaucoup de choses sur cette affaire, on a évoqué des motivations racistes,
01:48 des propos anti-blancs, anti-musulmans, on a parlé aussi de préméditation.
01:52 Est-ce qu'on en sait plus aujourd'hui ?
01:54 Non, on n'en sait pas plus et puis je ne peux pas rentrer dans les détails de cette affaire.
01:58 Mais on est sur un drame et vraisemblablement un drame malheureux.
02:02 Ensuite les paroles qui ont pu être prononcées ont pu l'être aussi dans l'ambiance du moment.
02:07 C'est-à-dire pas quelque chose qui avait été anticipé ou programmé ?
02:10 En tout cas ce n'est pas le sentiment que j'ai eu dès le début de cette affaire.
02:13 Ce n'est pas un raid comme on l'avait pu l'évoquer au départ.
02:16 Général Christian Rodrigues, on est à 136 jours des Jeux Olympiques de Paris
02:21 et CGO inquiète les Français. Deux tiers d'entre eux redoutent une attaque ou un attentat pendant ces Jeux.
02:26 C'est le résultat d'un sondage IFOP qui a été publié ce week-end.
02:29 Est-ce que les Français ont raison d'être inquiets ?
02:31 Non, c'est un gros challenge en termes de sécurité.
02:35 Ça fait des mois qu'on y travaille, le ministre de l'Intérieur nous en parle tous les jours.
02:38 On a des réunions tous les jours sur ces sujets.
02:40 Vous faites partie du cercle restreint de tous les patrons des autorités
02:44 qui se réunissent une fois par semaine, le groupe des 13, on a dit ça.
02:48 C'est comme ça que ça se passe, vous vous réunissez pour faire le point ?
02:51 Oui, c'est plus d'une fois par semaine, puis on se réunit aussi pour prendre des commandes du ministre
02:55 qui s'intéresse à tous les sujets de sécurité.
02:58 Donc on est tous très alignés.
02:59 Il y a un gros travail qui est fait depuis des mois d'anticipation, de planification.
03:03 Et nous y contribuons comme d'autres ministères,
03:05 mais c'est vrai que le ministère de l'Intérieur en porte une bonne part.
03:07 Que redoutez-vous le plus, une menace extérieure ou une menace intérieure ?
03:13 En fait, les services d'enseignement font un gros travail de menace.
03:18 Le ministre récemment s'est exprimé, on n'a pas de menace précise terroriste en ce moment,
03:24 mais il est encore tôt.
03:26 Pour autant, il y a un gros travail sur des sujets cyber par exemple,
03:30 là c'est les services du Premier ministre qui pilotent cette affaire,
03:32 sur les sujets des drones, et puis sur la bonne connaissance des gens
03:37 qui vont être présents sur les périmètres.
03:39 Donc ça demande aussi un gros travail d'anticipation,
03:41 de consultation de fichiers également pour les gens qui y travailleront.
03:43 C'est ce qu'on appelle le criblage.
03:45 Il y a un million de criblages à faire pour s'assurer qu'aucun djihadiste n'inflitre par exemple
03:51 à la fois les services de sécurité mais aussi d'organisation, etc.
03:55 Seuls 89 000 ont été faits à 136 jours des JO.
03:59 On va pouvoir faire les 900 000 d'ici là ?
04:01 Là, les mesures sont prises pour pouvoir cribler tous ceux qui doivent être criblés,
04:04 donc moi je n'ai pas d'inquiétude par rapport à ça.
04:05 Vous êtes serein ?
04:06 Oui, mais en fait tout le monde y travaille,
04:09 tous les points sont abordés dans ces réunions que vous évoquiez,
04:12 qui encore une fois sont plus qu'hebdomadaires,
04:14 on en fait quand même très régulièrement et c'est quasiment tous les jours.
04:16 En fait on fait un point pour le ministre de ce qui est fait,
04:18 avec le préfet de police qui mène un travail juste phénoménal sur ce sujet.
04:23 Et non, moi je suis serein parce que le travail est fait,
04:26 on aborde tout de manière très directe et très...
04:28 Donc non, non, il y a un engagement fort de tout le monde.
04:31 Autre mission de la gendarmerie, c'est la lutte contre le trafic de drogue,
04:34 des trafics, et on en parle souvent sur RTL,
04:36 qui gagnent désormais les zones rurales.
04:39 Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui qu'aucune zone, qu'aucune région n'est épargnée ?
04:43 On peut dire aujourd'hui qu'il y a de la drogue partout.
04:47 Et c'est un vrai sujet parce que tous les trafics se nourrissent du trafic de drogue.
04:52 Et c'est aussi l'une des priorités du ministre,
04:55 en France entière en réalité.
04:58 Et donc oui, on en a partout.
05:00 Et oui, on essaie de développer des stratégies pour justement lutter contre ces trafics,
05:04 et neutraliser ceux qui les guident.
05:07 Il y a ces fameuses opérations PlaceNet auxquelles la gendarmerie participe
05:11 depuis cinq mois maintenant.
05:13 Est-ce que vous avez un bilan ? Combien de points de deal démantelés ? Combien d'arrestations ?
05:18 Alors oui, les opérations PlaceNet qui ont été décidées fin septembre, début octobre,
05:22 on en est à plus de 900 interpellations,
05:25 près de 200 personnes qui ont été incarcérées.
05:28 Et ce qui est neuf dans les opérations PlaceNet,
05:31 c'est cette vision très périmétrique,
05:34 à savoir qu'on a une action qui est et judiciaire et administrative,
05:36 sous l'autorité des magistrats et des préfets,
05:38 et qui permet finalement de jouer sur tous les tableaux en même temps,
05:41 et du coup de découvrir à chaque fois d'autres choses.
05:44 L'objectif c'est de neutraliser ces équipes de trafiquants,
05:47 c'est aussi d'épaissir les curriculum vitae pour que les magistrats puissent juger,
05:51 sans cela il est impossible de les juger à la hauteur de ce qu'ils ont fait.
05:55 Et puis en regardant vraiment tous azimuts,
05:58 ce qui est également nouveau, c'est que y compris dans les zones
06:01 où le trafic n'a pas atteint un niveau phénoménal,
06:04 les endroits où on a des signaux faibles d'une économie souterraine qui se met en place,
06:08 on peut harceler, commencer à y travailler, couper les racines,
06:12 et y revenir trois mois après s'il le faut,
06:14 pour éviter que la drogue ne s'installe dans ces territoires.
06:16 - Mais vous pensez que c'est vraiment efficace ?
06:17 Pour être très clair, est-ce que les trafiquants ne se réinstallent pas
06:20 quelques mètres plus loin, quelques jours ou quelques semaines plus tard ?
06:23 - Je pense que c'est très efficace, mais il faut le voir dans la durée,
06:27 il faut continuer, c'est un véritable harcèlement qui est mis en place.
06:30 - Donc trois fois, quatre fois, cinq fois s'il le faut ?
06:33 - Le nombre de fois qu'il le faudra, il faut le faire tout le temps,
06:36 et il faut occuper le terrain, parce que si nous n'occupons pas le terrain,
06:38 il sera occupé par d'autres pour de mauvaises raisons.
06:40 - Vous dites qu'aucune zone aujourd'hui n'est épargnée, la drogue est partout,
06:44 est-ce qu'on en est déjà dans certains endroits,
06:47 au même niveau que ces réseaux qu'on voit à Marseille ?
06:50 Est-ce que ce sont d'ailleurs les mêmes réseaux qui sévissent dans d'autres zones,
06:53 et notamment en zone gendarmerie ?
06:55 - Les réseaux ne s'arrêtent pas aux limites de la zone gendarmerie et de la zone police,
06:58 donc on a des réseaux qui s'étendent,
07:00 là aussi ça a été très vite perçu par le ministre,
07:04 et en fait il n'y a pas de Rio Grande des trafics,
07:07 donc on a des réseaux qui s'étendent,
07:08 mais on a également des réseaux qui s'installent dans nos zones,
07:10 et contre lesquels il faut absolument lutter de manière forte.
07:14 - Général Rodriguez, parmi les affaires les plus médiatiques sur lesquelles travaillent vos hommes,
07:17 il y a la disparition du petit Émile, ce petit garçon de 2 ans et demi,
07:20 qui s'est volatilisé le 8 juillet dernier dans les Alpes-de-Haute-Provence.
07:24 Comment expliquez-vous que 8 mois plus tard, en 2024,
07:28 avec les progrès qu'on connaît,
07:30 on ne soit toujours pas capable de dire ce qu'il s'est passé ?
07:32 Il y a eu des moyens colossaux mis en œuvre.
07:34 - Oui, il y a des moyens importants qui ont été mis en œuvre,
07:36 toujours aujourd'hui.
07:38 En fait, les enquêteurs essaient de regarder toutes les pistes possibles.
07:42 Alors c'est vrai qu'aujourd'hui,
07:44 on n'imagine pas qu'une disparition puisse avoir lieu,
07:46 mais dans certains territoires, il n'y a pas de caméra de visio-surveillance,
07:48 il n'y a pas un relais téléphonique,
07:50 il n'y a pas plusieurs relais,
07:52 donc les interrogations de vidéos ou de téléphones,
07:58 - Ce qu'on peut utiliser dans d'autres enquêtes, là on ne peut pas.
08:02 - C'est compliqué, il y en a beaucoup moins.
08:04 Et puis il y a un travail méthodique,
08:06 parce qu'on ne peut pas se permettre de passer à côté d'une des pistes.
08:08 - Vous dites toujours beaucoup de monde,
08:10 combien d'enquêteurs travaillent aujourd'hui ?
08:12 - On a 20 enquêteurs à temps plein sur cette malheureuse affaire.
08:14 Et en fait, tous les gendarmes y contribuent,
08:18 parce que quand on a le cas d'un enlèvement,
08:22 ça fait partie aussi des hypothèses de travail.
08:24 Donc en fait, tout le monde reste vigilant sur ces sujets,
08:26 les policiers comme les gendarmes.
08:28 Mais 20 enquêteurs à temps plein...
08:30 - Vous parlez des hypothèses,
08:32 vous avez dit des hypothèses.
08:34 Ça veut dire qu'aujourd'hui vous ne travaillez pas sur une piste précisément,
08:36 vous êtes encore en train d'explorer plusieurs pistes ?
08:38 - Depuis le début, les enquêteurs travaillent sur toutes les hypothèses possibles.
08:40 - Et aucune n'a été refermée ?
08:42 - Et certaines sont plus ouvertes que d'autres,
08:46 mais là je ne peux pas rentrer dans le détail de l'affaire.
08:48 Mais en tout cas, par construction,
08:50 quand on a aussi une autre disparition d'Alsace,
08:52 qui nous occupe énormément...
08:54 - La disparition de la jeune Nina ?
08:56 - Exactement. Donc là aussi, on travaille sur toutes les hypothèses,
08:58 et on ne lâchera rien.
09:00 - Dans les deux cas, vous pensez qu'ils sont toujours vivants ?
09:02 Emile, Nina ? C'est possible ?
09:04 - Je ne le sais pas, mais c'est possible.
09:06 - Merci beaucoup.
09:08 - 20 enquêteurs à temps plein,
09:10 travaillent quotidiennement,
09:12 notamment sur la disparition d'Emile,
09:14 vient de nous dire le général Christian Rodríguez.
09:16 [SILENCE]