Visite Guidée revient et se met sur son 31 avec les expositions Chic ! Fabienne Pluchart, la directrice du Musée Hébert, vous présente la garde-robe du XIXème siècle et la série photographique «Ground Zero» de Denis Rouvre, des portraits qu’il a réalisé avec la communauté d'Emmaüs.
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00:39 Bonjour, bienvenue pour cette visite guidée.
00:41 Je suis Fabienne Pluchard, je suis la directrice du musée Hébert.
00:44 Je suis très heureuse de vous accueillir ici, dans ce musée du département de l'Isère,
00:48 qui fait partie du réseau des 11 musées départementaux.
00:51 C'est la maison d'un peintre, la maison d'Ernest Hébert, un peintre du 19e siècle.
00:56 Cette maison de campagne dans ce joli parc.
00:59 Et nous présentons, à l'occasion de la saison culturelle des habits et nous,
01:03 deux expositions qui interrogent l'histoire de la mode, qui interrogent l'histoire du textile.
01:09 Donc on va s'émerveiller sur des tenues anciennes, mais aussi questionner la fast fashion d'aujourd'hui.
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01:28 Nous voici dans le hall du musée Hébert, pour introduire Chic.
01:33 Et Chic, ce sont deux expositions présentées dans les salles du musée.
01:38 À la fois une exposition de photographie contemporaine, qui s'appelle "Denis Rouvre, Photographie".
01:44 Et une seconde exposition sur la mode et les codes vestimentaires au 19e siècle,
01:49 qui s'appelle "Vêtements et élégance, 1800-1900".
01:53 Et c'est important pour nous de parler de l'habillement, de se vêtir, à la fois au 19e siècle,
02:01 puisque nous sommes dans la maison d'un artiste du 19e siècle,
02:04 mais aussi pour aller jusqu'à aujourd'hui, jusqu'au questionnement sur la mode contemporaine,
02:09 avec le travail photographique de Denis Rouvre.
02:12 Le vêtement finalement, il est utilitaire à l'origine.
02:15 Peu à peu, il devient attrayant, il devient séduisant.
02:19 Et la mode prend une place de plus en plus importante.
02:23 On veut répondre au goût du jour, à une époque, à un style.
02:27 Et il révèle aussi qui on est. Il dévoile qui on est.
02:32 Il dévoile notre milieu social aussi, notamment au 19e siècle.
02:36 Et il peut être aussi subversif. Il peut questionner la société.
02:42 Il peut interroger, comme on le verra avec les photographies de Denis Rouvre.
03:01 Nous sommes ici dans l'exposition qui s'appelle Ground Zero.
03:04 C'est le titre donné à cette série photographique réalisée par le photographe Denis Rouvre,
03:11 qui présente des portraits photographiques qui ont été réalisés
03:17 en collaboration avec la communauté d'Emmaüs à Paris, Emmaüs des Filles plus exactement.
03:23 C'est une série qui s'appelle Ground Zero.
03:26 Ground Zero, c'est le point d'impact d'une bombe.
03:28 Et le souhait de l'artiste, de Denis Rouvre, ça a été d'imaginer un monde post-apocalyptique
03:35 et de transformer les personnes d'Emmaüs, les personnes qui sont bénéficiaires d'Emmaüs,
03:42 à l'aide de tous les objets, de tous les habits qui ont été donnés à Emmaüs au moment où il y était.
03:50 Et donc c'est un travail de recréation, c'est un travail d'imagination
03:54 pour transfigurer les personnes et en faire des personnages complètement nouveaux
04:01 et sans identité véritablement, mais avec finalement une nouvelle aura.
04:08 Et on voit bien que l'artiste, le photographe, a vraiment travaillé comme pour des portraits peints,
04:14 c'est-à-dire il y a un travail de la couleur, de la lumière,
04:17 un travail très très approfondi sur les jeux d'ombre et de lumière.
04:22 Il a finalement travaillé un peu comme les peintres du clair-obscur.
04:27 Et ce qui est vraiment intéressant dans ce travail, c'est qu'il réinterroge le rebut finalement
04:34 à partir de vêtements délaissés, de secondes mains,
04:38 comment on peut imaginer des tenues extraordinaires, extravagantes, mais aussi un peu punk.
04:47 C'est un travail finalement sur la réinvention que je trouve très puissant.
04:51 Et puis le clin d'œil quand même de présenter cette exposition ici et ces portraits,
04:55 c'est qu'Ernest Hébert est un portraitiste du 19e siècle.
04:58 Il a peint la bourgeoisie, l'aristocratie internationale, il a fait des portraits de personnalités.
05:04 Et dans le même esprit, Denis Rouvre a fait des portraits dont on reconnaît ses codes,
05:10 les codes du 19e siècle finalement.
05:12 Mais là, ce sont des personnes plutôt en marge de la société, en difficulté, en précarité,
05:18 et dont il fait finalement des personnes exceptionnelles.
05:22 Nous sommes ici dans la maison d'Ernest et Gabriel Hébert,
05:35 une maison qui est meublée et que nous avons complètement investie pour évoquer la mode au 19e siècle.
05:42 Dans chaque espace du musée, nous avons souhaité présenter différentes thématiques
05:47 pour comprendre toute cette mode et le lien à la société de cette mode du 19e siècle.
05:56 Alors ce qui est amusant, c'est que nous arrivons ici dans un espace dédié au mariage,
06:01 dans la salle à manger d'Ernest et Gabriel.
06:04 Alors un petit clin d'œil puisque Denis Rouvre présente aussi une mariée, une mariée un peu punk.
06:09 Et nous avons ici une mariée traditionnelle du 19e siècle, une très jolie robe de mariée,
06:14 et qui me permet d'évoquer toutes ces robes et ces textiles que nous présentons dans les salles,
06:19 grâce auprès de la dame d'Atour, Nathalie Aran, une collectionneuse de textiles anciens,
06:26 qui nous a fait le plaisir de nous prêter des tenues qui font écho dans les espaces,
06:32 à chaque thématique, mais qui résonnent aussi avec le décor, puisqu'ici nous avons la salle à manger,
06:42 la vaisselle de mariage d'Ernest et Gabriel Hébert qui se sont mariés dans les années 1880.
06:48 Donc on peut imaginer que Gabriel Hébert portait une robe de ce type-là,
06:53 une très jolie robe en satin crème. On voit que la mariée n'est pas très grande.
06:59 Et en tout cas, ce qui est important de savoir, c'est qu'on se marie en blanc à partir du 19e siècle.
07:05 Donc ça, c'est déjà quelque chose qui apparaît et qui dure encore aujourd'hui.
07:09 C'est le mariage en blanc qui était l'hygiène au 18e siècle
07:13 et qui devient finalement symbole de pureté, de virginité au 19e siècle.
07:18 Alors cette petite galerie, elle évoque un siècle de mode foisonnante,
07:35 parce que le 19e siècle, ce qui est extraordinaire dans l'histoire de la mode,
07:39 c'est qu'il y a un renouvellement incessant des modes, des formes et du coup des silhouettes,
07:45 et notamment chez les femmes, qui s'illustrent avec ces trois tableaux qu'on a choisis,
07:50 qui nous ont été prêtés. Et donc, en fait, à partir de la Révolution française,
07:56 le corset, par exemple, disparaît. On va dire que la femme est libérée
08:02 et on a une mode sous l'Empire qui est une mode assez simple,
08:06 avec une robe finalement très fluide, blanche, près du corps
08:10 et une libération finalement des mouvements de la femme.
08:14 Et puis peu à peu, à partir de 1814, la Restauration,
08:17 on commence à réenvelopper la femme, mais aussi elle commence à porter des corsets.
08:23 On construit une silhouette finalement qui est artificielle
08:26 et qui va modeler comme ça le corps peu à peu.
08:29 Et cette mode, elle va évoluer jusqu'à la fin du siècle
08:32 et jusqu'à même à la Première Guerre mondiale,
08:35 où la forme du corps va évoluer, prendre plus ou moins d'ampleur,
08:39 jusqu'à atteindre, sous le Second Empire, des dimensions gigantesques
08:43 avec les robes à crinoline qui peuvent avoir 6 mètres de circonférence.
08:48 Et toutes ces inventions, toutes ces évolutions,
08:51 elles sont dues aussi à la technique qui évolue,
08:55 et notamment les cages crinolines,
08:58 elles peuvent exister parce qu'on invente un système métallique,
09:02 tout simplement pour avoir des volumes très importants.
09:05 Mais c'est également la même chose pour les corsets.
09:08 Les corsets se modifient considérablement avec toutes ces inventions techniques.
09:12 Et puis alors une chose intéressante, c'est que dans ce siècle foisonnant,
09:16 il y a des références à l'Histoire en permanence.
09:19 Des références à la fois à l'Antiquité, mais aussi au XVIIIe siècle glorieux
09:23 avec la dentelle, une mode extrêmement clinquante.
09:28 Et ces références, elles sont permanentes dans des détails.
09:33 Ici, c'est par exemple une référence avec cette robe à la ceinture bleue
09:36 à la robe de Marie-Antoinette qui avait fait scandale à l'époque.
09:39 Mais on trouve comme ça beaucoup d'échos dans cette mode très éclectique du XIXe siècle.
09:46 Alors nous avons voulu évoquer dans cette salle finalement l'art de paraître en société.
09:52 Parce que Ernest Hébert vient d'une famille bourgeoise
09:57 et il a peint la bourgeoisie, il a peint l'aristocratie.
10:00 Et nous semblait intéressant de voir ce qu'il a fait avec ce qu'il a fait avec la bouche.
10:04 Et c'est ce qu'on a fait avec ce qu'on a fait avec la bouche.
10:07 Et c'est ce qu'on a fait avec la bouche.
10:09 Et c'est ce qu'on a fait avec la bouche.
10:11 Il a peint la bourgeoisie, il a peint l'aristocratie.
10:14 Et nous semblait intéressant d'évoquer ici cette bonne société,
10:18 notamment du Second Empire et de la Troisième République,
10:21 qui vit une époque de croissance économique
10:25 et qui se révèle à la fois dans les portraits peints,
10:29 mais aussi dans les vêtements qui sont portés.
10:32 Et ce qu'on voulait évoquer ici, c'est l'opulence, la richesse
10:35 de cette société qui rivalise en fait d'élégance.
10:41 Puisqu'il faut noter un fait important du XIXe siècle,
10:45 c'est que l'homme qui au XVIIIe siècle était extrêmement extravagant dans ses tenues,
10:52 avec une richesse dans les couleurs, dans les matières, etc.,
10:56 peu à peu, sous l'influence de la mode anglaise,
11:01 va être de plus en plus discret et s'habiller de manière plus sombre.
11:05 Et il va finalement devenir beaucoup plus élégant,
11:11 mais extrêmement discret.
11:13 Et celle qui va finalement révéler la place sociale du couple, c'est la femme.
11:20 Et donc la femme porte l'identité, la richesse du couple,
11:25 et elle joue un rôle extrêmement important.
11:28 Elle a un rôle social, et notamment quand elle sort.
11:30 Et ces trois robes que nous voyons dans cette salle évoquent justement ces tenues.
11:36 On se change jusqu'à cinq, six fois par jour dans la seconde moitié du siècle
11:42 pour des questions de convenance, tout simplement, pour répondre à une étiquette.
11:46 Et donc on a besoin de beaucoup de tenues qui sont adaptées aux différents événements,
11:52 aux sorties, aux spectacles, à la promenade tout simplement.
11:58 Et les femmes doivent avoir une garde-robe extrêmement fournie,
12:03 qui est aussi parfois évolutive.
12:05 On invente des systèmes où on a une seule jupe et deux corsages, par exemple,
12:08 un plus décolleté pour le soir.
12:10 Il y a aussi des petits éléments assez amusants.
12:13 On voit qu'il y a des innovations techniques,
12:15 qu'on peut relever les robes par des petites tirettes qui se trouvent dessous.
12:19 Et donc voilà, toutes ces robes-là, elles évoquent le rôle de la femme,
12:24 le rôle majeur de la femme pour la position sociale du couple
12:29 dans la seconde moitié du XIXe siècle.
12:31 Il y a une très riche programmation culturelle autour de ces deux expositions du musée Baer,
12:49 qui vous est proposée, avec du cinéma, des conférences, des ateliers,
12:54 à la fois pour les enfants, les familles, mais aussi pour le public
12:58 qui a envie d'en savoir plus et de mieux comprendre à la fois l'histoire
13:03 du XIXe siècle et de la mode, mais aussi le XXe siècle et la photo contemporaine.
13:10 Alors, il y a tout un ensemble d'ouvrages et de cartes postales
13:15 qui sont proposées aussi dans notre boutique pour approfondir le sujet
13:19 et qui permettent aussi de se questionner sur la mode d'aujourd'hui,
13:23 sur la consommation, parce que c'est aussi le rôle des musées,
13:26 d'interroger et de faire en sorte de questionner les sujets de société.
13:31 Je vous remercie d'avoir suivi cette visite guidée,
13:34 d'avoir eu cet aperçu avec nous de deux expositions qui sont proposées au musée Baer.
13:38 Je vous rappelle que le musée Baer fait partie du réseau des 11 musées du département
13:42 et que vous pouvez retrouver toutes les informations sur le site musée.isr.fr.
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