En salles ce mercredi 6 mars, « La vie ma mère » de Julien Carpentier évoque avec justesse et tendresse le sujet de la santé mentale, à travers le regard d'un fils sur sa mère bipolaire. Rencontre avec les deux acteurs phares du film, Agnès Jaoui et William Lebghil.
Category
🎥
Court métrageTranscription
00:00 [Musique]
00:08 D'abord c'est la justesse de ce qui a été décrit,
00:11 et comme, voilà, sentiment, comme relation,
00:14 et puis évidemment d'avoir autant de facettes à exprimer,
00:19 c'est toujours super excitant pour une actrice.
00:22 Un personnage pour ma part qui était vraiment très différent de ce que j'avais fait auparavant.
00:27 Du coup, pour un acteur pareil, c'est très excitant d'aller explorer d'autres registres.
00:33 [Musique]
00:37 Il y a quand même Julien qui nous a vachement,
00:40 enfin qui a été une sorte de mine d'or, parce qu'il a vécu ce genre de situation.
00:46 Je connais un adolescent qui s'appelle Arsène,
00:49 et sa maman est bipolaire,
00:51 et j'ai eu des conversations aussi avec lui,
00:54 enfin je l'ai vu évoluer, grandir, depuis qu'il a 12-13 ans.
01:02 Et je pense que ça a joué aussi dans l'approche du personnage.
01:07 Évidemment, d'abord Julien connaît le sujet, donc ça c'était capital.
01:13 Ensuite, il m'a montré des films,
01:16 enfin il m'a donné à voir des films, certains que je connaissais, d'autres pas,
01:19 "Une femme sans influence", "Les infants quiillent", "Une vie démente", etc.
01:24 où il y avait des personnages bipolaires.
01:27 Et puis, je connais des gens, et j'ai eu des gens qui m'aideront,
01:31 donc évidemment je me suis aussi beaucoup inspiré de ce que je connaissais.
01:36 [Musique]
01:40 Moi je ne pensais pas que ce serait à ce moment-là.
01:42 J'aimais le film, et j'aimais la sensation qu'il me procurait,
01:46 mais je ne pensais pas que je serais aussi touchée,
01:50 et que les gens seraient aussi touchés.
01:52 C'est vrai qu'à chaque projection, les gens ont besoin de parler
01:57 de eux, de ce qu'ils ont connu, de quelqu'un qu'ils connaissent comme ça.
02:03 Et ça, je ne m'y attendais pas.
02:06 Je ne m'y attendais pas non plus.
02:09 En fait, c'est après coup, on se rend compte après coup,
02:13 qu'effectivement, ça a peut-être une portée un peu thérapeutique.
02:17 Et même au-delà de la maladie, il y a le côté aussi, par exemple,
02:24 où je vois que mes parents ont vécu aussi un moment assez difficile
02:28 quand ils ont dû mettre leurs propres parents en EHPAD, etc.,
02:32 et qu'il y avait exactement ce même genre de choses,
02:37 de culpabilité, de se sentir responsable de son parent, etc.
02:42 Et du coup, je me suis rendu compte que c'était une portée aussi plus large.
02:47 Je ne sais pas pourquoi, un mois avant de tourner,
02:55 puisque on déjeunait, et c'était plutôt que je disais,
03:00 enfin, c'est incroyable, c'est un champagne,
03:06 en tout cas, je cite ton exemple de persévérance,
03:08 de toute façon, je ne pouvais pas le faire avec quelqu'un d'autre que toi,
03:11 parce que c'est grâce à toi que j'ai fait ce métier.
03:14 Et donc, je me suis dit...
03:16 Et il y a un truc en moi, je me dis, tiens, il ne dit pas grâce à Jean-Pierre et toi,
03:21 souvent, enfin, ça arrive qu'on parle de nos films, etc.
03:24 Donc là, il disait "toi", quoi, donc c'est vachement plus bizarre.
03:28 Et puis on parle, et c'était juste avant Rochers à Dames,
03:31 je ne sais plus quel fête j'ai vu, quel fête j'ai vu,
03:33 et puis je voyais qu'il était hyper en courant,
03:35 il s'appelait Carpentier, donc je me suis dit,
03:37 pourquoi tu es tellement en courant d'une fête juive ?
03:40 Il me dit "parce que je ne t'ai pas dit, je ne t'ai jamais dit le nom de ma mère,
03:43 donc elle s'appelle Jaoui".
03:45 Et donc, quand il était jeune et qu'il habitait le fin fond du Danlieu,
03:49 loin des cercles parisiens, et qu'il disait qu'il voulait être réalisateur,
03:52 ils ont regardé, ils ont vu des écoles de communication,
03:56 enfin, ils ne savaient pas trop quoi lui répondre,
03:58 et lui, dans sa tête, se disait "non, mais il y a une fille qui s'appelle Jaoui,
04:01 et qui est réalisatrice, donc je pourrais l'être".
04:04 Ça, c'est un mot patronique, en fait.
04:06 [Rires]
04:07 [Musique]