Ce mercredi 6 mars sort en salles le film HLM Pussy de la réalisatrice Nora El Hourch. Bérénice Bejo campe le rôle de la mère d'une adolescente qui s'est emparée des réseaux sociaux pour dénoncer l'agression sexuelle dont a été victime l'une de ses amies. Bérénice Bejo, qui incarne à l’écran la maman d’Amina, une avocate engagée dans la lutte pour les droits des femmes, croit que la révolution est en marche. Une révolution portée par une nouvelle génération d’hommes et de femmes qui ne se tairont plus. "Il en entendent parler tout le temps. Ils savent.". "Moi quand j’étais petite, personne ne me parlait de ça. Quand j’étais face à des choses un peu dérangeantes, je les gardais pour moi. Une main au cul ? J’allais faire quoi ? Arrêter un tournage parce ce que le mec pendant une scène, tu vois…".
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00:00 Le film raconte l'histoire de trois amies d'enfance qui vont poster sur les réseaux sociaux
00:04 la vidéo de l'agresseur de l'une d'entre elles et cette vidéo va avoir un effet boule de neige
00:09 voilà incommensurable sur les réseaux etc et ça va révéler les failles sociales et culturelles qui existent au sein de cette amitié.
00:15 Moi-même étais victime d'agressions sexuelles donc c'est vraiment la parole d'une victime qui a voulu écrire sur le sujet.
00:22 J'ai voulu m'adresser au maximum de
00:25 personnes possibles que je pouvais potentiellement aider ou
00:30 je dirais pas sauver mais en fait quand j'ai voulu faire ce film je me suis dit
00:33 en fait j'ai vu l'impact que pouvait avoir un film qui parle de ça avec mon court métrage il y a dix ans et j'ai voulu recommencer
00:39 parce que
00:41 si jamais mon film peut tomber sur une personne que ça peut aider
00:45 si jamais mon film est vu par une personne qui un jour réussit à dire non
00:49 à repousser ou à parler enfin à être sauvée d'une manière ou d'une autre
00:52 j'ai tout gagné en vrai c'est toujours traumatisant quel que soit l'âge mais voilà j'ai essayé d'en faire une force
00:58 et j'ai transformé ça en film ça arrive partout dans tous les milieux dans tous les métiers même
01:05 moi ça me fout la gerbe en fait ce qui m'énerve c'est que il y a des témoignages sur des personnes médiatiques
01:10 et qu'après il n'y a rien qui se passe quoi moi ce qui me révolte c'est j'ai l'impression qu'il y a une justice à deux
01:16 vitesses et que la justice
01:18 elle se fait jamais pour les agresseurs quoi. Il faut quand même qu'on continue à faire confiance à nos démocraties et à la justice de nos pays
01:24 donc il faut que ça passe d'abord par ça mais après il faut que la justice qu'elle appuie quoi parce que sinon
01:30 on va plus avoir confiance en nos démocraties moi je suis un peu plus optimiste que toi je me dis que
01:35 ça va prendre du temps mais qu'on va y arriver parce que le monde est en train de changer qu'on est en train d'entendre des voix
01:41 que les gens s'expriment je pense que les garçons les garçons les jeunes garçons ne seront pas comme les hommes d'aujourd'hui
01:46 tu vois ou de ma génération je pense qu'ils changent enfin moi j'ai des ados à la maison je peux
01:53 évidemment ils sont pas tous parfaits mais ils savent ils en entendent parler tout le temps
01:57 donc c'est quelque chose d'important et les petites filles aussi
02:00 mais est-ce que tes enfants tu les as éduqués avec la notion du consentement ?
02:03 bah oui oui voilà la notion du consentement
02:06 ah bah oui depuis qu'ils sont petits parce qu'il y avait les réseaux donc je disais à mes enfants mais pas
02:10 consentement sexuel par exemple au départ parce qu'ils étaient tout petits mais depuis qu'ils sont tout petits je leur dis
02:15 personne vous touche personne vous déshabille
02:17 vous ne vous prenez jamais en photo vous ne vous mettez jamais en photo nue sur les réseaux sociaux
02:20 si ton grand père vient te chercher et que je ne t'ai jamais dit que ton grand père vienne te chercher tu ne vas pas avec ton grand père
02:25 depuis qu'ils sont petits depuis qu'ils ont 4 5 6 ans je leur dis donc oui bah c'est de l'éducation
02:31 mais moi quand j'étais petite personne me parlait comme ça oui moi non plus tu vois et moi
02:36 quand j'étais face à des choses un peu
02:38 dérangeante je le gardais pour moi qu'est ce que tu voulais que j'en fasse une main au cul
02:42 qu'est ce que j'allais arrêter un tournage parce que le mec pendant une scène tu vois
02:46 donc si tu veux ça ça n'arrivera plus aujourd'hui les gamines les actrices
02:50 ça arrive encore mais je crois que ça va arriver de moins en moins je pense que dans les années 70 l'émancipation sexuelle s'est super
02:57 bien passé pour les hommes c'était
02:58 trop cool et que les femmes on est resté un peu à la traîne donc là on est en train de rattraper le truc
03:03 oui libération sexuelle mais quand on veut aussi c'est pas que quand vous voulez mais les garçons aussi c'est difficile cette espèce de truc de
03:09 toujours tu vois être fort, beau et
03:12 qu'on y arrive à chaque fois mais nous en fait on se fait chier enfin tu vois désolé mais dans les films
03:16 c'est vrai, où on voit une fille qui se fait chier en train de faire l'amour ou une fille qui fait non non non ok ok ok tu vois
03:22 moi j'ai grandi avec ça mais bien sûr mais ça ça n'arrivera plus ça prend du temps mais moi je crois que ça avance
03:28 plus on le dira
03:30 plus je pense que ça va inciter des gens à le dire peut-être des gens à moins le faire peut-être par ricochet
03:35 mais en tout cas c'est le début de la révolution pour moi de parler et de dire non quand on a les armes pour
03:41 dire non quoi. Moi déjà je me rends compte à chaque fin de projection
03:45 du film il y a énormément de gamines qui soit qui m'écrivent sur instagram
03:49 soit qui viennent me voir et qui me disent que ça leur est arrivé et de plus en plus jeunes donc
03:55 donc d'un côté je me dis
03:57 génial que ce film existe et de l'autre mon dieu mais il y a tellement de victimes et je pense qu'il y en a beaucoup qui se taisent
04:03 donc en ça je trouve que je peux que leur dire parler
04:10 encore une fois c'est très dur mais parler déjà à la famille ou à une amie quelqu'un en qui vous avez confiance en fait mais ça
04:17 tout va être déclenché à partir du moment où vous allez parler mais dans le positif
04:22 du terme même pour vous en fait ne restez pas seul avec ça
04:25 voilà c'est le fameux nous fourminoirs on va nous voir du film je le crois je le pense pour moi c'est
04:32 c'est
04:35 J'ai voulu décrire une victime
04:37 pleine d'espoir en fait pour la génération
04:39 moi par exemple j'ai dit à ma fille qu'elle aurait pas les réseaux sociaux avant 15 ans
04:43 parce que j'ai trop peur j'ai trop peur pour les pour les filles en fait surtout je sais pas pourquoi c'est complètement bête tu vois
04:49 mon fils il a les réseaux sociaux mais bon il est sur le foot
04:51 je sens juste que pour les filles c'est plus dangereux
04:54 et donc je lui ai dit à 15 ans pourquoi 15 ans parce que je me suis dit qu'à 15 ans
04:58 on était plus ou moins grand et qu'elle serait plus armée quoi
05:02 et et qu'on parle beaucoup de tout ça et qu'elle est vraiment consciente de ça après je sais pas si c'est dangereux
05:07 ou pas mais moi je me dis pour le moment tu t'envoies un texto tu vas sur whatsapp mais tu n'as pas instagram t'as pas tiktok
05:13 parce que d'abord c'est beaucoup de perte de temps elle perd déjà du temps à écrire juste des messages
05:17 mais bon moi j'ai décidé ça mais c'est pas forcément la meilleure solution
05:21 - C'est chaud, hein ?
05:22 [BIP]