PARIS - Des énormes rochers, entourés de grillages. Si vous vous promenez sur les quais d’Austerlitz, dans le 13e arrondissement de Paris, c’est ce que vous verrez. Sauf qu’avant, il y avait des tentes à cet endroit, et que désormais, les personnes sans-abri qui y dormaient ne peuvent plus s’y abriter.
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00:00 Donc là, on est au pont Charles de Gaulle à Paris.
00:02 Si vous vous baladez entre la gare de Stirlitz et la gare de Lyon,
00:04 vous pourrez voir ces dispositifs.
00:06 Et pour vous expliquer très simplement ce que c'est,
00:08 c'est du mobilier anti-SDF.
00:10 C'est ce qu'on a mis après avoir fait partie des personnes sans-abri,
00:13 des personnes exilées.
00:14 Certaines ont eu des propositions d'hébergement temporaire.
00:17 Beaucoup se sont retrouvées à nouveau à la rue.
00:19 Elles ont été dégagées de ce lieu.
00:20 Elles sont allées se mettre de l'autre côté du pont.
00:22 Elles ont été dégagées de l'autre côté du pont.
00:24 On a mis le même dispositif
00:26 et elles sont allées encore sous un autre pont de Paris.
00:28 Et nous, au collectif d'accès au droit à médecins du monde,
00:31 via notre campagne inter-associative du revers de la médaille,
00:34 on lit ça à l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques.
00:37 Des dispositifs anti-SDF et anti-migrants ont-ils été installés à Paris
00:41 pour libérer les quais de Seine en vue des Jeux olympiques ?
00:43 C'est ce qu'affirme le collectif accès au droit dont Paul fait partie.
00:46 Ces grillages et ces rochers que l'on vient de voir
00:48 ont été installés en novembre 2023 et en février 2024
00:52 suite à des mises à l'abri.
00:53 C'est-à-dire quand la préfecture renvoie des personnes à la rue
00:56 vers des hébergements temporaires en dehors de Paris.
00:58 Et selon les associations sur le terrain,
01:00 ces pierres ne sont pas apparues par hasard.
01:02 On vous explique.
01:03 Ces techniques, bon, elles ne sont pas nouvelles.
01:05 Ce genre de pierre, il y en avait à Porte de la Chapelle,
01:07 c'était beaucoup dans le nord-est parisien.
01:09 Et là, ça fait quelques mois que les campements
01:11 qui, maintenant, sont au bord de la Seine,
01:12 qui sera le lieu de la cérémonie d'ouverture des JO,
01:15 sont harcelés et qu'il y a un dispositif qui est particulièrement agressif.
01:18 Évidemment, la demande des assos,
01:19 ce n'est pas qu'il y ait des tentes et des sans-abris
01:21 lors de la cérémonie olympique,
01:22 c'est que ces gens, ils aient des solutions décentes.
01:24 Au lieu de travailler à des solutions décentes
01:25 et à les financer sur le long terme,
01:27 on met ce dispositif où, vous voyez vraiment,
01:29 on est pile à la limite du bâtiment.
01:31 On accorde, mais même pas un mètre
01:33 dans lequel les gens pourraient encore se réfugier du vent et de la pluie.
01:36 Mais alors, qui a installé ces pierres grillagées ?
01:39 On a posé la question à la préfecture d'Île-de-France,
01:41 qui nous a renvoyés vers la mairie de Paris.
01:43 Et là, on a appris un truc intéressant.
01:45 Dans le cadre du pacte parisien de lutte contre l'exclusion,
01:48 la ville de Paris s'est engagée à ne pas recourir à du mobilier anti-SDF.
01:52 Par contre, ce que la mairie nous a confirmé,
01:54 c'est que ces bouts de quais appartiennent à Aropaport,
01:56 sous la tutelle du ministère de la Transition écologique.
01:59 Contactés par le Heuve-Post,
02:00 Aropaport admet avoir déployé ses installations temporaires
02:03 pour limiter la réinstallation des tentes.
02:05 D'après eux, ces rochers ont pour but de préserver la salubrité des quais,
02:09 d'éviter des risques incendies sous les ponts
02:11 et de limiter les dangers pour les occupants en cas de crues hivernales.
02:14 Aropaport ne fait aucun lien avec les Jeux olympiques.
02:16 Par contre, ce que les assos ont remarqué ces derniers mois,
02:18 c'est que la préfecture se montre plus ailée vis-à-vis des mises à l'abri.
02:22 D'après le collectif Accès au droit, depuis septembre,
02:24 il n'y a plus besoin que les assos le réclament
02:27 pour que la préfecture déclenche des mises à l'abri quasi toutes les semaines.
02:30 Moi, j'ai eu des périodes où pendant trois mois,
02:31 on attendait qu'un campement y ait 4000 personnes
02:33 avant que les autorités acceptent d'enclencher une mise à l'abri.
02:36 Là, en ce moment, c'est quasiment tous les mardis.
02:37 Donc si on résume, on observe depuis quelques mois
02:40 un empressement de la préfecture de Paris pour les mises à l'abri.
02:43 Ces opérations sont loin de convenir à tous les sans-abri
02:46 qui expriment un besoin d'être à Paris.
02:47 Sauf que quand ils reviennent à ces endroits-là,
02:49 des rochers et des grillages les empêchent désormais
02:51 de se protéger des éléments.
02:53 Et comme par hasard, ces rochers sont placés
02:55 à des endroits importants pour les JO.
02:57 ♪ ♪ ♪