• il y a 9 mois
Marina Foïs est l'héroïne de Furies, la nouvelle série d'action de Netflix. Interview.

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Transcription
00:00 Moi, je suis prête, bande de ringards.
00:02 OK ?
00:03 Paris.
00:06 Le crime organisé a besoin de quelqu'un pour maintenir l'ordre
00:10 entre les truands.
00:11 C'est la furie.
00:13 Et ceux qui l'ont rencontré ne sont plus en vie pour en témoigner.
00:16 À part moi.
00:19 Un des privilèges ultimes qu'ont à nous les acteurs,
00:24 c'est d'avoir un endroit pour évacuer les émotions,
00:27 voire les violences.
00:29 Bizarrement, alors que je ne suis pas du tout une sainte,
00:32 que j'ai une bonne part de violence,
00:33 par exemple, je n'aime pas les armes.
00:35 Je n'aime pas ça, ça me fait peur.
00:36 La personne qui est en charge de l'arme,
00:38 ils sont hyper rigoureux, ça ne rigole pas du tout.
00:40 Donc, ils vérifient que l'arme est vide avant de vous la passer et tout ça.
00:43 Mais moi, c'était des moments où je disais à l'équipe de s'éloigner.
00:47 Enfin, j'avais 20 ans, moi, ça ne me fait pas marrer.
00:57 Maintenant que j'ai quand même tourné pas mal de trucs,
00:59 je peux facilement dire oui à quelque chose qui me fait peur,
01:03 parce que sinon, je vais routiner et je vais m'ennuyer, en gros.
01:06 Mais ce qui m'a plu là, c'est que j'avais l'impression,
01:09 en lisant la série, je ne savais pas bien où le situer,
01:12 entre le cinéma coréen, cinéma coréen ou hongkongais,
01:15 comme les films de Johnny Tho, que j'aime bien,
01:17 et les films de mafia italienne que j'aime aussi.
01:20 Je me disais que c'était un espèce d'entre-deux
01:21 avec un ton assez inédit que je ne connaissais pas.
01:24 Et du coup, j'ai trouvé ça plutôt sexy, ça m'a plutôt attirée,
01:27 avec cette idée que le personnage de La Fury,
01:29 qui est donc un personnage au fond assez folklorique,
01:32 parce que bon, chef de la mafia, en charge de la justice et de la morale,
01:37 à mettre l'ordre entre...
01:40 faire le ménage entre toutes ces grosses couilles là,
01:43 il faut frimer, il faut se la péter un peu.
01:45 Et je me disais, je ne crois pas que j'ai eu de rôle
01:48 où sans la frime et sans le folklore, le truc n'existe pas.
01:51 Donc il fallait réussir à faire ça,
01:54 tout en ayant une base de vérité pour que ce ne soit pas juste de la pantalonnade.
01:58 Donc en fait, il y avait un petit défi de jeu qui m'intéressait bien, qui m'amusait.
02:01 La série, elle est certainement ultra codifiée et elle répond à ce à quoi
02:05 elle doit répondre sur la construction, la narration, les refs et tout ça.
02:08 Mais quand même, quand je l'ai lu et quand j'ai vu,
02:11 j'ai le même sentiment de truc de d'étouffement, en fait.
02:16 Ces Fury, ces femmes là, qui héritent de cette charge de leur mère,
02:19 à qui on ne pose pas la question de qu'est ce que tu voudrais, toi, faire de ta vie ?
02:23 En fait, ton rôle va être celui là.
02:25 Il n'y a pas de possibilité d'échapper à son destin.
02:28 C'est ça, une famille dysfonctionnelle.
02:29 C'est une famille qui n'autorise pas les uns ou les autres
02:31 de prendre leur vraie place, celle qu'ils voudraient.
02:33 Voilà donc ça, ça m'intéresse.
02:35 Ouais, moi, tout ce que je voulais, c'était une vie normale.
02:39 Mais quand t'es né dans le milieu, un moment ou un autre, ça finit par te rattraper.
02:43 Moi, je me suis bloqué moi même, puisque j'ai décidé à 5 ans de devenir actrice
02:47 et que je n'ai jamais pensé à rien d'autre.
02:50 Donc, je me suis auto bloqué, mais j'ai eu raison de le faire,
02:52 parce que moi, je me sens à ma place dans ce métier que j'aime toujours autant,
02:57 pour lequel je suis toujours autant curieuse et que j'ai encore le feu pour ça.
03:03 Je veux dire, la pratique n'a rien éteint.
03:06 Dans ma carrière, j'ai eu plein de chances différentes.
03:10 Celle que j'ai, c'est que les gens continuent d'avoir de l'imagination.
03:13 Pour moi, quand on m'appelle pour cette série, ça me surprend qu'on pense à moi.
03:17 Quand Soro Goyen m'appelle pour Asbestas, ça me surprend.
03:20 Et en même temps, on me demande de faire LOL et je me dis "Ah ouais, OK".
03:23 Et donc, les gens me désirent à des endroits
03:27 ou m'imaginent à des endroits que je n'aurais pas imaginé pour moi-même.
03:30 Ça, c'est une chance.
03:31 Je ne sais pas si j'étais croyante, je remercierais qui de droit.
03:35 Je ne sais pas à qui dire merci pour ça, en fait.
03:38 Je vous présente Lina, votre future furie.
03:41 Et elle ferait une furie parfaite.
03:47 Ce que j'aime bien, c'est qu'on sent une lutte interne, en fait.
03:50 La volonté de transmettre, c'est très narcissisant aussi.
03:54 J'imagine d'enseigner ou d'apprendre, de faire bouger quelqu'un
03:59 ou même de choisir quelqu'un, ce qu'elle fait et tout ça.
04:01 Et en même temps, on sent bien que ça va être compliqué pour elle
04:05 de laisser la place, accueillir et faire le pas de côté.
04:11 On peut avoir en théorie l'envie de ça
04:15 et que ce soit compliqué à faire en vrai.
04:17 Ça, c'est un truc que je peux comprendre.
04:20 Il y a des rôles que un jour, je ne pourrais plus faire.
04:22 Je ne pourrais plus être une femme enceinte bientôt.
04:25 Donc, il va falloir accepter que d'autres prennent la place.
04:30 Et en même temps, je ne suis pas dans ce problème là,
04:32 parce que moi, je vampirise aussi les énergies qui arrivent.
04:35 Je ne suis pas débile complètement.
04:37 C'est quand même des questions qui ne sont pas toujours si simples.
04:40 C'est OK de tendre la main ou de laisser la place.
04:44 Il y a des moments où ça fait peur.
04:46 Ça s'appelle vieillir, en fait.
04:47 C'est chouette à plein d'endroits.
04:49 Et ça, je voudrais le dire, je veux dire, on lâche sur des tonnes de trucs
04:53 et je ne reviendrai en arrière pour rien au monde.
04:55 Mais ce n'est pas toujours ça.
04:57 Ce n'est pas toujours cool.
04:59 J'aime bien une certaine forme d'honnêteté, les uns avec les autres.
05:03 J'aime bien une certaine forme de courage qui serait de s'affronter soi-même
05:07 et de ne pas se raconter trop de pipos sur ce qu'on est.
05:09 J'aime bien l'idée qu'on a le droit à l'affiction.
05:14 Ce qui est complètement contradictoire avec ce que je viens de dire.
05:17 J'ai vu le film de Guillermo del Toro, si je ne m'abuse,
05:21 il était sur Netflix également, le Pinocchio, il y a deux ans.
05:24 Il y a une très belle chose.
05:27 Parce qu'il a replacé Pinocchio dans l'Italie fasciste.
05:29 Et il y a un moment, je crois que c'est Gepetto qui dit à Pinocchio,
05:33 qu'il lui dit "tu sais que parfois, dans certaines situations,
05:38 tu auras le droit, voire le devoir de mentir
05:42 et tu auras le droit, voire le devoir de désobéir."
05:45 La notion de désobéissance, je trouve qu'elle est intéressante.
05:49 Et si on la contextualise, je pense qu'elle est importante à transmettre.
05:52 T'as compris que ton père a détourné l'argent des parrains ?
05:55 J'ai pas tué ton père.
05:59 On a travaillé, on avait quatre heures.
06:01 Alors c'est surtout Lina El Arabi qui a le rôle principal
06:04 et qui a vraiment tourné tous les jours en étant de tous les plans,
06:07 en continuant à s'entraîner pendant le tournage.
06:09 Franchement, c'était du taf.
06:11 Moi, c'était plus light parce que de toute façon, la furie
06:13 se battait moins au scénario.
06:16 On avait toute une période de deux ou trois mois
06:17 dans laquelle on avait quatre heures d'entraînement physique pour les cascades
06:21 plus une heure de muscu ou une heure de yoga.
06:23 Vous doutez bien que je fais pas cinq heures de sport par jour d'habitude.
06:26 C'est un travail très différent pour moi,
06:28 donc que j'avais jamais fait, qui est un travail de précision dingue.
06:31 Donc j'ai appris plein de trucs.
06:33 Surtout, ça m'a intéressée beaucoup parce que c'est un autre registre de travail.
06:37 C'est quelque chose que je connaissais pas.
06:39 Et donc j'ai galéré un peu.
06:41 Puis je me suis blessée en plus, mais pas en faisant des cascades,
06:44 en mangeant au restaurant, ce qui est nul.
06:46 Donc je me suis blessée à la main.
06:48 J'aime bien en parler.
06:50 J'envoyais des photos de ma blessure à tous mes amis qui étaient dégoûtés
06:52 parce que je me suis à demi sectionné le tendon.
06:55 J'ai 14 points de suture, j'ai été opérée et tout.
06:57 Donc ça a limité mon entraînement et mes cascades pendant un temps.
07:02 Mais Jude, qui était le chorégraphe des cascades
07:05 et aussi le réalisateur des scènes d'action, a très bien fait en sorte
07:09 qu'on ait l'impression que je me bats beaucoup et surtout que je me bats bien.
07:12 Mais c'est la magie du cinéma.
07:15 Moi, j'ai pas envie de recommencer ça, vu que je viens de le faire pendant sept mois.
07:20 Mais moi, j'ai toujours envie de jouer, pratiquement toujours.
07:22 Enfin là, c'est pas vrai.
07:23 Là, je suis en pause.
07:25 Je fais une pause qui va durer peut être six mois.
07:26 Je pense qu'elle m'est salutaire.
07:28 Je serai un meilleur camarade pour mes prochains metteurs en scène
07:31 parce que j'aurais envie, ça m'aura manqué.
07:33 Après avoir fait quelque chose, moi, j'ai envie de faire quelque chose
07:36 de radicalement différent.
07:38 Et c'est ce que j'ai fait.
07:39 Je fais un film d'auteur, rien à voir avec pas du tout de scène d'action.
07:42 Fini les mensonges, fini les histoires.
07:45 J'ai réalisé un truc incroyable.
07:48 Je joue dans Les Sauvages, qui est une série d'anticipation politique,
07:52 vu que c'est l'élection du premier président arabe en France.
07:56 Je joue dans En Place, qui est une série d'anticipation politique,
08:00 puisque c'est l'élection du premier président noir en France.
08:03 Là, il y a un message que moi, j'incarne.
08:05 OK, moi, je suis prête, bande de ringards.
08:08 OK, je suis même prête à voter pour une femme.
08:10 OK, voilà, c'est ça que je voulais dire.
08:13 Non, mais la série, c'est au gré de ce qu'on me propose.
08:15 En fait, je n'ai pas de choix théorique.
08:18 Je n'ai pas de plan de carrière théorique.
08:20 J'essaye de dire oui à des choses que j'ai très, très envie de faire
08:24 pour être la meilleure camarade de plateau qui soit.
08:27 Il faut avoir très envie d'être là, sinon ça ne sert à rien.
08:29 C'est un privilège de faire ce métier.
08:32 On ne le fait pas comme ça.
08:33 On ne le fait pas par habitude. Je ne suis pas d'accord.
08:35 Je suis un peu facho là dessus.
08:36 Il faut avoir très envie.
08:38 Voilà, c'est comme ça que je fais.
08:40 ♪ ♪ ♪

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