• il y a 10 mois
Grand témoin : Thomas Misrachi, grand reporter et auteur de « Le dernier soir » (Grasset)

GRAND DÉBAT / IVG dans la Constitution : un signal adressé au monde ?

« Le récap » par Bruno Donnet

D'abord voté à l'Assemblée nationale en janvier, le projet de loi constitutionnelle sur la « liberté garantie » aux femmes d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse, a été adopté sur les bancs du Sénat, mercredi 28 février. Les déclarations de Gérard Larcher et Bruno Retailleau, un mois plus tôt, laissaient planer le doute sur l'issue du scrutin dans la chambre haute, majoritairement acquise à la cause des Républicains. Pourtant, les sénateurs ont largement adopté le texte, avec 267 voix pour, et seulement 50 contre. Si la liberté des femmes d'avorter s'apprête vraisemblablement à entrer dans la norme suprême du pays, dans les faits, de nombreux freins continuent d'empêcher le véritable accès à ce procédé. Comme le précise le Planning familial, certaines parties du territoire national restent dépourvues de professionnels compétents. À ce manque d'effectifs s'ajoute parfois la clause de conscience qui, sauf en cas d'urgence médicale, permet à un professionnel de ne pas pratiquer l'IVG pour des enjeux éthiques personnels. Après des mois de discussions, le vote du Congrès le 4 mars 2024, est-il vraiment le dernier combat dans l'accès à l'IVG en France ?

Invités :
- Véronique Riotton, députée Renaissance de Haute-Savoie,
- Lola Schulmann, chargée de plaidoyer pour Amnesty France,
- Ian Brossat, sénateur communiste de Paris,
- Benjamin Morel, constitutionnaliste et maître de conférences en droit public à l'université Panthéon-Assas.

GRAND ENTRETIEN / Thomas Misrachi : décider de mourir à 75 ans, quelle idée !

En rentrant d'un reportage en Ukraine, le journaliste Thomas Misrachi apprend qu'une de ses amies veut mettre fin à ses jours le soir même. Jacqueline Jencquel, militante pour le suicide assisté et figure centrale de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), considérait depuis plusieurs année ce projet afin d'échapper aux multiples conséquences du processus de vieillesse, tels que les trous de mémoire ou encore la vie dans un Ehpad. Le grand reporter sera finalement présent lors des derniers moments de Jacqueline et en fera un livre dans lequel il raconte l'histoire, le combat et finalement le décès de son amie. « Un dernier soir » pose la question de la mort sous un jour nouveau et permet de relancer le débat sur l'euthanasie en France.

Grand témoin : Thomas Misrachi, grand reporter et auteur de « Le dernier soir » (Grasset)

LES AFFRANCHIS

- Nicole Ferroni, humoriste,
- Thomas Lestavel, journaliste indépendant,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlem

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Transcription
00:00 ...
00:05 -Bonsoir, bienvenue.
00:06 Très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde ?"
00:09 Ce soir, être vivant jusqu'à sa mort.
00:11 Bonsoir, Thomas Missraki. -Bonsoir, Myriam.
00:14 -Vous êtes notre grand témoin ce soir.
00:16 Vous publiez le dernier soir chez Grasset.
00:19 C'est l'histoire d'une amitié avec une femme, Jacqueline Jankel,
00:22 que vous avez accompagnée jusqu'au bout, à 78 ans.
00:25 Elle se suicide. Vous étiez là, vous lui teniez la main.
00:29 Vous lui aviez promis et vous vous reconnaissez même
00:31 dans son combat. On va en parler.
00:33 C'est un très beau livre qui ouvre le débat
00:36 sur le suicide assisté illégal en France.
00:38 Doit-on choisir le moment de sa mort ?
00:40 On en parle dans la deuxième partie.
00:42 Notre grand débat, ce soir, en route pour l'histoire.
00:45 On va revenir sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
00:49 Une étape décisive a été franchie hier soir au Sénat.
00:52 Le Parlement se réunit en congrès ce lundi à Versailles.
00:55 Alors, que va changer concrètement cette inscription ?
00:59 La France peut-elle faire école ailleurs dans le monde ?
01:02 Nous en débattons dans un instant sur ce plateau.
01:04 Enfin, nous affranchissons ce soir l'œil sur le numérique,
01:07 Thomas Lestavelle, la carte blanche de Nicole Ferroni
01:11 et Bourbon Express, Elsa Ndengava.
01:13 Voilà pour le sommaire.
01:14 On y va, Thomas ? Mistraki ?
01:16 C'est parti.
01:17 (Générique)
01:18 ---
01:28 -Notre pays, la France, va donc devenir le premier pays au monde
01:31 à protéger l'avortement dans sa loi fondamentale.
01:34 Lundi, les parlementaires, je le disais,
01:37 se réunissent en congrès à Versailles.
01:39 C'est l'ultime étape de cette révision constitutionnelle.
01:43 Qu'est-ce que ça va très concrètement changer ?
01:45 Est-ce que notre pays est totalement à l'abri
01:48 d'une remise en cause de l'IVG ?
01:50 Est-ce que ce vote peut servir d'exemple ailleurs dans le monde ?
01:53 Bonsoir, Véronique Riotton. -Bonsoir.
01:55 -Vous êtes députée Renaissance de Haute-Savoie
01:58 et vous présidez, ici, à l'Assemblée,
02:00 la délégation aux droits des femmes.
02:02 Bonsoir, Yann Brossat. -Bonsoir.
02:04 -Vous êtes sénateur communiste de Paris.
02:06 Bonsoir, Benjamin Morel. -Bonsoir.
02:08 -Ravie de vous retrouver.
02:10 Vous êtes constitutionnaliste, maître de conférences
02:13 en droits publics à Panthéon, Assas, Paris 1, l'université.
02:16 Lola Schulman, bonsoir. -Bonsoir.
02:18 -Ravie de vous accueillir.
02:20 Vous êtes chargée du plaidoyer pour Amnesty France
02:23 et vous travaillez particulièrement
02:25 sur le droit des femmes.
02:26 On va commencer par revenir sur ce vote hier soir au Sénat.
02:29 On croyait qu'il y avait du suspense.
02:31 Finalement, c'est passé.
02:33 C'est dans le récap de Bruno Denec. On accueille.
02:36 -Bruno, je vous invite, Thomas Mifraki, à vous retourner.
02:44 Dans votre récap, ce soir,
02:46 une page d'histoire et un principe de précaution.
02:49 -Oui, et la page d'histoire, d'abord, Myriam,
02:51 elle s'est écrite hier soir au Sénat.
02:55 -Votant 339,
02:57 exprimé 317 pour 267,
03:00 contre 50, le Sénat a adopté.
03:03 -Comme les députés l'avaient fait ici même,
03:06 il y a un mois, les sénateurs ont donc adopté
03:09 le texte visant à inscrire dans la Constitution
03:12 la liberté garantie à l'avortement.
03:15 C'est ce geste-là qui a conduit le garde des Sceaux
03:18 à convoquer l'histoire.
03:21 Ce soir, le Sénat a écrit une nouvelle page
03:24 du droit des femmes.
03:26 Ce vote est historique.
03:29 Nous serons le premier pays au monde
03:32 à inscrire dans la Constitution
03:34 cette liberté
03:38 pour les femmes de disposer de leur corps.
03:43 -Pour bien comprendre la portée historique
03:45 de ce qui vient de se produire,
03:47 il faut prendre un tout petit peu de recul
03:50 et revenir 50 ans en arrière,
03:52 en 1974, au moment où les opposants
03:56 à l'avortement étaient encore majoritaires en France,
04:00 au moment où, à la télévision, Gisèle Halimi
04:02 était encore obligée d'expliquer ce qu'étaient pour les femmes
04:06 la liberté et le choix.
04:08 -Nous ne faisons pas de croisade pour l'avortement.
04:11 Nous nous battons pour que les femmes
04:14 soient libres de choisir leur maternité.
04:17 Ca, c'est fondamental.
04:19 -Un demi-siècle et une myriade de combats féministes plus tard.
04:23 Coucou le MLF, coucou le planning familial
04:26 et bien sûr, coucou Simone Veil.
04:28 La France s'apprête donc à devenir pionnière.
04:31 -Alors, qu'est-ce que ça va changer,
04:33 très concrètement, cette inscription dans la Constitution ?
04:37 Vous nous parlez d'un principe de précaution.
04:39 -Ce qui va changer, Myriam, c'est que cette liberté garantie
04:43 ne pourra plus être défaite.
04:45 Une loi, ça se détricote.
04:47 La Constitution, c'est beaucoup plus complexe.
04:50 Politiquement, du côté de l'extrême droite,
04:52 Marion Maréchal a pourtant jugé qu'il s'agissait
04:55 d'un gadget juridique.
04:57 Quant à la députée du RN, Edwige Diaz,
04:59 elle y a vu une mystification.
05:02 -Et là, on essaye de détourner l'attention des Français
05:05 et de faire croire qu'il s'agit là d'une journée historique
05:08 alors que c'est un droit qui n'est pas remis en question.
05:12 -Voilà de l'autre côté de l'échiquier politique,
05:15 la sénatrice écologiste Mélanie Vogel a expliqué
05:18 pourquoi il s'agissait bel et bien d'une immense avancée.
05:21 -C'est aussi et peut-être surtout un message
05:24 à tous les mouvements anti-choix qui doivent entendre ce soir.
05:29 Vous avez perdu. C'est fini.
05:33 Jamais, jamais la France ne remettra en cause le droit à l'EBG.
05:36 -Car partout dans le monde, le droit à l'avortement
05:39 subit régulièrement des attaques.
05:42 Aux Etats-Unis, la Cour suprême l'a révoqué.
05:45 Il y a un peu plus d'un an, en Pologne,
05:47 seules les femmes qui ont été violées ou victimes d'inceste
05:50 ont le droit d'avorter.
05:52 Dans l'Italie de Giorgia Meloni, l'autorisation dépend des régions.
05:55 Et dans la Hongrie de Viktor Orban,
05:58 les femmes qui souhaitent avorter sont obligées,
06:01 tenez-vous bien, d'écouter le coeur du fœtus
06:04 qui se trouve dans leur ventre.
06:06 Voilà pourquoi sanctuariser, aujourd'hui, l'IVG,
06:09 constitue un incontestable principe de précaution, Myriam,
06:13 et voilà pourquoi une femme, Claudine Monteil,
06:15 qui a signé en 1971
06:18 le fameux manifeste des 343,
06:21 a tenu à rappeler hier une phrase
06:24 que Simone de Beauvoir lui avait dite il y a tout juste 50 ans.
06:28 -Il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse
06:33 pour que les droits des femmes soient remis en question.
06:36 Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante.
06:38 -Clairvoyante mise en garde qui rappelle, Myriam,
06:42 qu'un demi-siècle après Simone de Beauvoir
06:44 et au moment où la France s'apprête pour la toute première fois
06:47 dans le monde à constitutionnaliser l'IVG,
06:50 on ne naît pas pionnière, on le devient.
06:52 -Merci beaucoup. Merci, mon cher Bruno,
06:55 pour ce bidet d'actu.
06:56 Véronique Riotton, c'est vrai qu'on sent quand même
06:59 un peu le souffle de l'histoire.
07:01 C'est lundi, ce vote au Congrès,
07:03 mais qu'avez-vous ressenti ?
07:05 C'est acquis, maintenant,
07:07 après ce vote des sénateurs, de la fierté ?
07:10 -Alors, beaucoup d'émotion,
07:11 et puis je crois que le...
07:13 Même le ministre, Gérard Larcher,
07:17 tous les deux l'ont dit,
07:18 c'est une victoire historique,
07:21 une victoire des combats féministes,
07:24 une victoire historique.
07:26 -Avec un message, aussi, envoyé dans le monde entier,
07:29 parce que les femmes qui se battent pour ce droit
07:32 l'ont évidemment vue et entendu, ce vote.
07:34 -Moi, je pense que ça nous envoie deux messages.
07:37 Évidemment que ce droit devient un droit fondamental,
07:40 c'est ce qu'on fait quand on inscrit ce droit
07:43 dans la Constitution,
07:45 et puis c'est un message au monde,
07:47 parce qu'évidemment qu'il est à destination
07:49 de toutes les femmes du pays,
07:51 mais c'est un message d'espoir pour toutes les femmes du monde.
07:55 Moi, j'ai des pensées...
07:56 J'étais au Sénégal, encore, au mois de juin,
07:59 certaines femmes n'ont pas le droit à l'avortement,
08:02 et je crois que c'est un message d'espoir
08:04 où, je crois, toutes ces femmes
08:06 pourront nous compter à leur côté
08:08 pour tous les combats féministes,
08:10 en tout cas de diplomatie féministe
08:12 qui démarre pour nous.
08:13 -Il fallait le mettre à l'abri.
08:15 On a beaucoup entendu dans ce débat
08:17 que, au fond, l'IVG, c'était un acquis
08:20 et que ce droit ne serait jamais remis en cause.
08:22 Il y a une montée des extrêmes, on est dans un moment troublé,
08:26 en France, en Europe.
08:27 Il faut le mettre à l'abri pour l'avenir,
08:30 c'est important, rien n'est acquis.
08:32 -Vous l'avez dit dans votre introduction,
08:35 en Europe, on voit bien qu'il n'est pas présent,
08:38 et puis, surtout, en France.
08:40 Moi, je vous avoue avoir très mal vécu
08:43 les débats ici, à l'Assemblée,
08:45 quand on a vu la nature des amendements,
08:47 quand on a vu...
08:49 Evidemment, on voit les mouvements antichois,
08:51 on voit les locaux du pléni familial
08:54 qui sont largement condamnés,
08:56 mais ici, à l'Assemblée,
08:58 tous ceux qui me disent que l'IVG n'est pas...
09:01 -Garantie.
09:03 -Garantie, et puis n'est pas en danger,
09:05 c'est faux.
09:07 La nature des débats, dérembourser l'IVG,
09:09 on a entendu des énormités, ici, au sein de l'Assemblée.
09:13 Donc, oui, ça me paraît important de le protéger aujourd'hui,
09:16 parce que les extrêmes droites,
09:18 les antichois sont aujourd'hui une minorité,
09:21 c'est bien parce que c'est une minorité
09:23 que c'est intéressant de le mettre à l'abri.
09:26 -Yann Brossat, vous vous y étiez,
09:28 dans l'hémicycle, hier soir.
09:29 C'est un combat à la fois de la gauche,
09:32 au départ, du camp présidentiel,
09:34 mais qui a trouvé aussi les voix de la droite,
09:36 et pas qu'un peu, parce qu'il y a très peu de votes contre.
09:40 Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que,
09:42 dans ce pays, sur les questions fondamentales,
09:44 de droit, sociétal, on peut se rassembler ?
09:47 -D'abord, je vous le confirme,
09:49 s'il y a eu une très large majorité au Sénat
09:51 pour voter ce projet de loi constitutionnelle,
09:54 c'est parce qu'une bonne partie de la droite l'a voté,
09:57 parce que la gauche représente un peu moins d'un tiers
10:00 que l'autre, devant au Sénat. -Comment vous l'expliquez ?
10:03 -Je pense que, derrière, il y a un changement
10:06 de rapport de force dans la société.
10:08 Il y avait déjà une majorité de Français
10:10 qui était favorable à l'IVG quand l'IVG a été adoptée,
10:13 mais depuis, cette majorité s'est très largement élargie.
10:18 Quand vous êtes parlementaire, quel que soit votre bord politique,
10:22 vous écoutez ce qui se dit dans la société,
10:24 ce qui se dit d'ailleurs, y compris au sein de votre famille.
10:28 Donc, évidemment que le rapport de force dans la société
10:31 a pesé sur le vote de bon nombre de sénateurs.
10:33 -Les sénateurs et les Républicains,
10:36 on a entendu dire qu'en coulisses,
10:38 leur femme, leur cousine, leur fille,
10:40 les intimés de voter, tu ne reviens pas à la maison
10:43 si tu ne votes pas sur texte. -Je pense aussi
10:45 que ce que ce vote traduit,
10:47 c'est que, contrairement à ce qu'on dit beaucoup,
10:50 il n'y a pas de virage réactionnaire
10:53 dans la société française.
10:55 On dit beaucoup, les Français, "vire à droite",
10:58 c'est peut-être le cas sur un certain nombre de sujets,
11:01 mais sur cette question du droit des femmes,
11:04 de l'égalité entre les femmes et les hommes,
11:06 du droit de disposer librement de son corps,
11:09 je pense que ces dernières années, ces dernières décennies,
11:12 ces idées-là ont plutôt grandi dans la société.
11:15 -C'est l'échec de Gérard Larcher ?
11:17 -Je pense qu'il ne faut pas faire de tout ça
11:19 une lecture politicienne.
11:22 C'est surtout, je pense, une victoire
11:24 pour le droit des femmes en France et à travers le monde,
11:27 parce que c'est un encouragement à toutes celles
11:30 qui, aujourd'hui, en sont privées de par le monde.
11:32 -Lola Schulman, les collectifs féministes
11:35 se sont mobilisés, et pas qu'un peu,
11:37 le planning familial aussi.
11:39 Ce que dit Yann Brossat est juste,
11:41 c'est la société qui, finalement, amène ce vote aujourd'hui.
11:44 Portée par l'opinion,
11:46 toute la représentation nationale a fini par l'accepter.
11:49 -Il y a un sondage qui disait que plus de 80 % des Français
11:52 étaient en faveur de l'inscription de l'avortement
11:55 dans la Constitution.
11:57 C'est ça qui a pesé, le fait de dire
11:59 que c'est un vrai mouvement de société,
12:01 et qu'aujourd'hui, on voit que les mouvements féministes
12:04 ont fait un travail remarquable,
12:06 et je tiens à saluer le travail du planning familial,
12:09 qui fait un travail essentiel aujourd'hui.
12:12 Il faut pouvoir soutenir ces mouvements
12:14 et toutes ces organisations qui oeuvrent à faire vivre
12:17 ce droit en France, partout sur le territoire,
12:20 là où ils peuvent.
12:21 Quand on voit le planning qui se fait attaquer
12:24 dans plusieurs endroits, des locaux,
12:26 des Vélibs recouverts de campagnes de mouvements anti-droit,
12:29 quand on voit des chaînes de télévision
12:32 qui vont comparer l'avortement au décès et au cancer...
12:35 -A une cause de multimortalité.
12:37 -C'est important de prendre ça en compte.
12:39 -On en reparlera à la fin, puisque les principaux visages
12:42 de la chaîne CNews ont été auditionnés.
12:44 -C'est pour montrer que face à ça, il y a eu une organisation,
12:48 une cohésion, et c'est essentiel.
12:50 -C'est très fort pour toutes les femmes qui se battent.
12:53 On l'a vu dans le monde, il y en a beaucoup des pays,
12:56 mais l'Europe au premier chef, la Hongrie,
12:59 quand on doit écouter le fœtus, ou la Pologne,
13:01 les choses vont bouger en Pologne.
13:03 Benjamin Morel. On est pionniers, c'est intéressant.
13:06 Il y a la Constitution, mais il y a aussi
13:09 une portée universaliste dans cette déclaration
13:12 des droits de l'homme et du citoyen,
13:14 la déclaration universelle. La France,
13:16 elle retrouve un peu avec ce texte et avec les textes sociétaux
13:20 la place du message au monde.
13:21 -Il y a un caractère pionnier.
13:23 Or, il faut voir que dans le constitutionnalisme
13:26 international, on se copie et on essaie de voir
13:29 ce qui a été fait ailleurs et ce qui pourrait marcher chez nous.
13:32 Evidemment, ça offre une lumière au bout du tunnel
13:35 à beaucoup de pays. Après, vous invitez un juriste,
13:38 un peu un rabat-joie, la phrase de Simone de Beauvoir,
13:41 elle est quand même vraie. -A chaque crise,
13:43 les droits des femmes sont remis en cause.
13:45 -Aujourd'hui, vous avez un droit au travail.
13:48 Vous le trouvez réellement garanti.
13:50 Il y a un droit au logement. Vous le trouvez réellement garanti.
13:54 Entre le texte et son interprétation,
13:56 on verra dans dix ans par ailleurs,
13:58 la moindre crise peut mettre rabat à un régime constitutionnel.
14:01 C'est un grand progrès, mais il ne faut pas être vigilant.
14:04 -Liberté garantie pour les femmes de recourir à l'IVG.
14:08 La droite a beaucoup craint, notamment avec ce mot de garantie,
14:11 cet adjectif, qu'on ouvrait un droit opposable,
14:14 sans conditions, sans limites. C'est pas le cas.
14:17 -Encore une fois, on verra ce qu'en dira le Conseil
14:19 dans dix ans. J'aimerais jouer les prophètes
14:22 et vous dire ce que ça va donner.
14:24 La réalité, c'est que le Conseil constitutionnel
14:27 donnera une interprétation.
14:28 Quand vous dites "liberté",
14:30 vous renvoyez à l'article 34 de la Constitution,
14:33 donc aux compétences du législateur.
14:35 Ce qui fait peur à la droite sénatoriale,
14:37 c'est ce qui s'est passé en Allemagne,
14:40 où vous avez une cour de Karlsruhe qui a été jusqu'à prévoir
14:43 le délai entre la consultation du médecin
14:46 et le dessaisissement du Parlement.
14:48 En disant "liberté", vous renvoyez les modalités au Parlement,
14:51 et en disant "garantie", vous faites que le Conseil constitutionnel
14:55 a un droit de regard et peut créer une forme d'opposabilité.
14:58 -Pour bien comprendre, c'est le droit de recourir à l'IVG,
15:02 le principe même de la loi Veil, qui est sanctuarisée,
15:05 mais par exemple, si demain, vous avez un gouvernement
15:08 qui veut abaisser le délai légal, donc restreindre l'accès à l'IVG,
15:12 là, la loi pourra le faire.
15:13 Si elle est votée majoritairement.
15:15 -La loi peut potentiellement le faire,
15:17 mais on arrive plus avec de questions que de réponses.
15:20 Si le Conseil constitutionnel considère qu'il y a un effet cliqué,
15:24 ce qu'il peut considérer sur d'autres droits et libertés,
15:27 et qu'on ne peut pas réduire cette liberté,
15:30 on ne pourrait pas réduire ce délai, mais c'est pas gagné.
15:33 Le fait que la liberté soit garantie signifie
15:36 qu'il n'y a pas qu'une liberté, je dirais,
15:38 qui conduirait les femmes à pouvoir avorter.
15:41 Il y a également peut-être un droit positif,
15:43 donc quelque chose qui ferait que l'Etat
15:45 doive mettre en place des conditions
15:47 qui permettent à la femme d'avorter.
15:50 -Donc ça peut créer du droit supplémentaire ?
15:52 -Ca peut créer... -Des normes ?
15:54 -Des garanties supplémentaires.
15:56 Après, j'évoquais droit au logement, droit au travail.
15:59 Vous voyez que là-dessus, vous avez des droits reconnus,
16:02 mais que le fait pour l'Etat de vous donner un travail,
16:05 de vous donner un logement,
16:07 c'est pas évident, et le Conseil ne s'en fait pas le gardien.
16:10 Est-ce que le Conseil ira jusqu'à dire
16:12 "Vous avez le droit à l'IVG,
16:14 "mais l'Etat ne vous donne pas la capacité
16:16 "de réaliser cette interruption volontaire de grossesse
16:20 "et donc l'Etat est en faute et doit agir positivement ?"
16:23 C'est une possibilité, c'est visé,
16:25 mais c'est pas évident. -Je laisse la question ouverte.
16:28 Il va y avoir un congrès à Versailles.
16:30 Comment ça va se passer ?
16:31 Benjamin Morel, je retourne vers vous.
16:33 C'est quoi, un congrès ?
16:35 Comment ça se passe ? Le Parlement à Versailles ?
16:38 -Alors, Versailles, parce qu'en réalité,
16:40 le Parlement, les deux chambres du Parlement,
16:43 sont normalement celles qui peuvent modifier la Constitution
16:46 dans une forme particulière, celle du congrès,
16:48 la fusion des deux assemblées.
16:50 Cette fusion date du début de la Troisième République.
16:53 On se réunit à Versailles, parce que,
16:55 commune de Paris, et vous avez, dans cette salle,
16:58 qu'on va réaménager à l'époque, la place, tout bêtement,
17:01 pour accueillir les 577 députés et les 348 sénateurs.
17:04 Donc lorsqu'il s'agit soit de réunir le Parlement au congrès
17:08 pour modifier la Constitution,
17:10 soit de le réunir en haut de cour
17:11 pour destituer le chef de l'Etat,
17:13 c'est jamais arrivé, mais c'est présent dans notre Constitution,
17:17 ou un congrès pour écouter le président de la République,
17:20 on réunit les deux chambres à Versailles.
17:22 -C'est acquis, lundi. -Très probable.
17:25 -Donc, à votre conforme, il y aura les 3/5e
17:28 pour se rendre au congrès.
17:31 On parlait de faire école.
17:33 Qu'est-ce que vous souhaiteriez, vous,
17:35 avec cette inscription ?
17:37 On sait que la Pologne, par exemple,
17:39 n'a plus un populiste à sa tête.
17:42 Est-ce que les femmes peuvent espérer un changement de la loi ?
17:45 Aujourd'hui, seules les femmes violées ou victimes d'inceste
17:49 peuvent accéder à l'IVG.
17:51 Est-ce qu'il faut se servir, politiquement, en Europe,
17:54 de cette inscription pour s'aimer ?
17:56 -Alors, moi, je crois que c'est le moment.
17:59 On voit bien aussi que l'extrême droite
18:03 est présente à plein d'écarts.
18:06 Et quand on voit qu'il y a l'extrême droite,
18:08 mais il y a aussi des débats très conservateurs
18:11 sans attendre l'extrême droite,
18:13 donc, du coup, oui, dans cette diplomatie féministe,
18:16 pour moi, il me paraît très important
18:18 que chacun des pays puisse continuer
18:20 de faire avancer ce droit-là en s'appuyant.
18:23 La diplomatie féministe, en s'appuyant, bien sûr.
18:26 -Comme Amithra Khi.
18:27 -On le fait à la fois avec les associations
18:30 et les parlementaires.
18:31 -Vous allez partir aux Etats-Unis pour suivre la campagne.
18:35 -Je vous le souhaite. -Moi aussi.
18:37 -Les démocrates, évidemment, veulent tout faire
18:39 pour revenir sur la remise en cause
18:41 de ce fameux arrêt Roe versus Raid
18:43 sur la remise en cause de l'avortement.
18:46 Ca peut faire une petite onde de choc,
18:48 où l'affranchement, c'est être naïf.
18:50 -Aux Etats-Unis, vous avez des femmes américaines,
18:53 nord-américaines, qui vont, tenez-vous bien,
18:56 au Mexique pour se faire avorter,
18:58 au moment même où les Etats-Unis sont en train d'ériger
19:01 une barrière pour empêcher les Mexicains
19:04 et les Américains en général d'aller vivre,
19:06 travailler aux Etats-Unis.
19:08 On est dans une situation absurde.
19:10 Je crois que c'est une décision symbolique,
19:12 parce que vous l'avez dit, il y a la loi,
19:15 il y a l'interprétation de la loi,
19:17 et rien, malheureusement, pour ce qui est de ce genre de décision,
19:21 n'est pérenne. Il faut faire attention.
19:23 Ca a été rappelé, la Pologne, les Etats-Unis,
19:25 les Pays-Bas aussi, l'Italie.
19:27 Dans tous ces Etats, dans tous ces pays-là,
19:30 ce droit à l'IVG a été restreint ou remis en cause.
19:33 C'est symbolique, mais c'est essentiel,
19:35 parce qu'il y a, dans cette notion de droit à l'IVG,
19:38 pour moi, une notion qui est capitale,
19:41 celle de la liberté.
19:42 C'est, pour moi, le signe d'une démocratie
19:45 qui va bien, que de garantir ce type de droit
19:47 au plus haut niveau de ce qu'on peut faire en matière de loi,
19:51 ça montre qu'on a, quand même, dans ce pays,
19:53 sur certains débats, l'envie de rester libre.
19:56 C'est un signe que cette démocratie va pas si mal.
19:59 -On va parler, d'ailleurs, de l'application en France.
20:02 C'est bien beau d'avoir des droits,
20:04 mais il faut les rendre effectifs.
20:06 Il y a encore des femmes qui sont obligées,
20:09 parce qu'il n'y a pas assez de médecins,
20:11 la crise de l'hôpital est là, d'accéder dans les délais.
20:14 Avant de regarder le reportage, dernière question,
20:17 Yann Brossat, la clause de conscience,
20:20 certains voulaient la constitutionnaliser,
20:22 elle sera toujours garantie en France si les médecins refusent ?
20:26 -Elle est toujours garantie.
20:28 La liberté de conscience est dans notre Constitution.
20:31 Donc, la liberté de conscience, la clause de conscience
20:34 pour les médecins qui ne souhaitent pas réaliser ce type d'acte,
20:38 existera toujours.
20:39 Je voulais dire une chose, je suis frappé par cet argument
20:42 qu'on a beaucoup entendu, selon lequel ça ne servait à rien
20:45 de consacrer l'IVG dans notre Constitution,
20:48 parce que ce droit n'est pas menacé.
20:50 C'est largement contestable, parce qu'on voit bien,
20:53 et on l'a vu sur CNews, il y a quelques jours,
20:56 qu'il y a des gens qui remettent en cause le droit à l'avortement.
21:00 Qu'est-ce que ça veut dire ?
21:01 Il aurait fallu attendre qu'on ait une majorité de parlementaires
21:05 qui soit contre l'IVG pour constitutionnaliser sur l'IVG.
21:09 C'est absurde.
21:10 C'est-à-dire qu'évidemment, il faut profiter du fait
21:13 qu'aujourd'hui, on ait une large majorité de parlementaires
21:16 qui soit favorable pour protéger ce droit.
21:19 -Ca urgeait à vous entendre. -Bien sûr.
21:21 On ne va pas attendre que l'extrême droite gagne les élections,
21:24 ce que je ne souhaite pas,
21:26 pour proposer la constitutionnalisation de l'IVG.
21:29 Ca n'a absolument aucun sens.
21:31 -On va regarder, je reviens vers vous,
21:33 ce reportage d'Hélène Bonduelle,
21:35 qui montre qu'en fait, c'est pas si simple pour les femmes
21:38 quand elles sont plus modestes,
21:40 dans des territoires enclavés, face à la crise de l'hôpital,
21:44 même quand elles sont dans les délais,
21:46 ce n'est pas toujours évident de pouvoir accéder à ce droit.
21:49 Du coup, les sages-femmes sont désormais autorisées.
21:52 C'est une expérimentation à pratiquer des IVGs,
21:55 en plus des accouchements.
21:57 Un reportage à la Pizze Salpêtrière, à Paris.
21:59 -Delphine Giraud pratique une trentaine d'IVGs instrumentales,
22:09 c'est-à-dire chirurgicales et pas par médicaments,
22:12 chaque mois.
22:13 Elle est sage-femme et fait partie du planning opératoire,
22:17 au même titre que ses collègues médecins.
22:19 -Je recevais déjà depuis 10 ans les femmes en demande d'IVG.
22:23 La seule chose que je ne faisais pas dans leur parcours IVG,
22:26 c'était le geste IVG instrumental.
22:28 Ca permet une prise en charge globale des femmes de leur parcours.
22:32 C'est un intérêt pour moi, sage-femme,
22:34 de prendre en charge globalement le parcours.
22:37 Je pense aussi pour les femmes de retrouver la même personne
22:40 qu'elles avaient en consultation pré-IVG,
22:42 le jour du bloc et en consultation de contrôle.
22:45 -Depuis décembre, la loi permet aux sages-femmes,
22:48 après une formation théorique et pratique,
22:50 d'effectuer ce geste chirurgical.
22:53 Ce service de gynécologie a été le premier
22:55 à l'expérimenter il y a 10 ans.
22:57 -Ce qui est perçu comme plus confortable
23:00 dans l'IVG instrumental, c'est que c'est quelque chose
23:03 de programmé, un jour donné, qui se passe à l'hôpital.
23:06 Si l'intervention est faite sous anesthésie générale,
23:09 il n'y a pas de douleur.
23:10 Si elle est faite sous anesthésie locale,
23:13 il y a relativement peu de douleur.
23:15 L'IVG médicamenteuse suppose de faire l'équivalent
23:18 d'une fausse couche chez soi. Ca peut être un peu douloureux,
23:21 un peu plus stressant, parce qu'il y a des saignements.
23:24 Ca a été fait depuis des années et qui se réalise.
23:27 C'est une très bonne nouvelle.
23:29 -L'idée est d'augmenter l'offre de soins.
23:31 Et pour ces femmes venues en consultation,
23:34 c'est indispensable.
23:35 -Je trouve que c'est très bien que ce soit accessible
23:38 plus facilement auprès de sages-femmes.
23:41 Surtout la crainte d'être hors délai dans certaines zones en France
23:45 qui sont un peu moins fréquentées par des médecins.
23:48 C'est un peu le vide.
23:49 -Mais la loi prévoit aussi la présence dans l'établissement
23:53 d'un médecin généraliste, un gynécologue obstétricien,
23:56 un anesthésiste réanimateur et un service d'embolisation.
23:59 Des contraintes que ne comprennent pas les sages-femmes.
24:02 -Il n'y a pas besoin que ce soit aussi cadré
24:05 pour l'IVG. On ne le demande pas pour l'accouchement.
24:08 L'accouchement, c'est plus résilient que l'IVG.
24:11 Il y a une incompréhension derrière ce décret.
24:14 Peut-être une méconnaissance de l'IVG
24:16 et de la profession sages-femmes.
24:18 On ne sait pas. En tout cas, ça va créer des difficultés
24:21 pour l'application de cette loi sur l'ensemble du territoire.
24:24 -Car bien peu de structures pratiquant l'IVG en France,
24:28 notamment dans les déserts médicaux,
24:30 pourront répondre à ces critères.
24:33 -Nola Schulman, il faudrait la généraliser,
24:35 cette pratique des sages-femmes
24:37 pour faire des avortements en France,
24:39 parce qu'on se rend compte qu'en fait,
24:42 les droits sont là, mais ils ne sont pas garantis
24:44 partout sur le territoire.
24:46 -C'est la mise en oeuvre d'un droit sur le territoire.
24:49 -C'est l'égal accès de toutes et tous devant la loi
24:55 et le fait que tout le monde puisse accéder
24:58 à ce soin de santé.
24:59 On voit bien qu'il y a des disparités,
25:01 mais ça existe dans tous les pays et en France.
25:04 C'est la question des moyens qui doivent être donnés
25:07 pour mettre en oeuvre ce droit.
25:09 Je tiens à rappeler que l'OMS,
25:10 l'Organisation mondiale de la santé,
25:13 disait en 2022 que l'avortement sûr
25:15 est un privilège de riches.
25:17 C'est intéressant, parce que ça montre
25:19 qu'aujourd'hui, partout dans le monde,
25:21 l'accès à l'avortement n'est pas garanti
25:24 pour tout le monde. On voit qu'il y a des questions
25:26 de discrimination, notamment liées aux questions de précarité,
25:30 c'est-à-dire de pouvoir payer des soins de santé.
25:33 C'est également des discriminations
25:35 liées à l'orientation de genre des personnes.
25:38 On aurait aimé d'ailleurs qu'on ne garde pas la femme
25:42 dans, aujourd'hui, la proposition qui a été faite
25:45 de la constitutionnalisation de l'IVG,
25:48 mais que toutes les personnes puissent être enceintes.
25:51 C'est également la question des personnes
25:53 qui peuvent être discriminées en raison de leur race.
25:56 C'est important d'avoir en tête
25:58 toutes ces questions de discrimination,
26:00 parce que c'est l'égal accès de chacune et de chacun
26:03 par rapport à un droit.
26:05 Aujourd'hui, le fait que certaines personnes
26:07 sur le territoire français doivent attendre
26:10 de longs délais, jusqu'à 11 jours en France,
26:12 pour avoir une date pour avorter,
26:14 c'est très long, 11 jours, pour une personne qui souhaite avorter.
26:18 Il y a une grosse problématique.
26:20 -Valérie Ruyton, ces questions sont fondamentales,
26:23 parce qu'on a beau inscrire les droits dans la constitution,
26:26 l'important, c'est qu'on puisse y avoir accès
26:28 de façon égale sur le territoire.
26:30 -Le temps de la constitutionnalisation
26:33 était un temps important, parce qu'on a beau
26:36 développer l'accès, si on n'assure pas, en fait...
26:39 -Le principe même du droit.
26:41 -Voilà. Donc, ce temps de la constitutionnalisation
26:44 permet également de...
26:46 Comment dire ?
26:48 De muscler, finalement, cet accès.
26:50 -Quand les HFAM disent "Nous, on est là,
26:52 "donnez-nous la possibilité de pratiquer ces IVG
26:55 "de façon plus nationale".
26:57 -Il y a quand même déjà eu des avancées importantes,
27:00 de fait, déjà. -Sur le délai légal.
27:02 -Sur le délai, donc, d'augmenter...
27:04 -On est passés de 12 à 14 semaines.
27:06 -C'était des débats importants à l'Assemblée.
27:09 -Il faut pas toucher à ce délai. -Absolument.
27:11 -On reste à 14 semaines.
27:13 On a aussi le fait que les tarifs soient augmentés.
27:16 On a fait ça. Et puis, le sujet sur la désinformation,
27:19 comme on passe à l'antenne,
27:20 je voudrais rappeler qu'aujourd'hui,
27:22 dans le sujet de la désinformation,
27:24 on a un numéro vert qui permet, encore une fois,
27:27 de se rassurer sur la capacité...
27:30 -Vous l'avez ? -Oui.
27:32 -Allez, on en profite. Je le connais pas, alors.
27:34 -0 800 08 11 11,
27:37 c'est le numéro.
27:39 Et on a aussi un site Internet, qui est ivg.gouv.fr.
27:42 On a vu ces derniers temps
27:44 tout le sujet de la désinformation,
27:46 y compris sur des chaînes télé.
27:48 -C'est nul pour ne pas la nommer,
27:50 puisqu'on va en reparler tout à l'heure.
27:52 Les députés l'ont rappelé de façon musclée.
27:55 Diane Brossat, sur l'accès à ce droit en France,
27:57 on peut mieux faire ou il faut pas non plus dramatiser ?
28:00 -On peut mieux faire, mais ces deux combats
28:03 sont complètement complémentaires.
28:05 Certains ont tenté d'opposer les deux.
28:07 On a entendu, y compris dans les bancs des Républicains,
28:11 des parlementaires dire que ça sert à rien
28:13 de constitutionnaliser, le vrai sujet,
28:15 c'est l'accès à l'IVG.
28:17 C'est parfois un peu hypocrite,
28:18 car ça venait de gens qui ne sont pas favorables à l'IVG.
28:22 Moi, ce que je pense surtout,
28:23 c'est que la constitutionnalisation de l'IVG,
28:26 même si ce n'est pas un droit opposable,
28:28 nous donnera de la force derrière pour exiger des moyens
28:31 des centres IVG supplémentaires qui, aujourd'hui, manquent.
28:35 -C'est un moteur. -Bien sûr.
28:36 Le planning familial a dit que, depuis 15 ans,
28:39 les centres IVG sont en train de se défendre.
28:42 On voit bien qu'on a un vrai sujet de moyens,
28:44 mais on sera plus forts pour mener ce combat
28:46 une fois qu'on aura constitutionnalisé.
28:49 -B.Morel, le mot de la fin, ça va créer une forme de dynamique,
28:52 et ça revient aussi à la question de l'interprétation
28:55 par le Conseil de ce droit dans la Constitution.
28:58 -Ca revient également à l'interprétation
29:01 de ce droit par les politiques.
29:02 Prenez la Troisième République.
29:04 Il n'y a pas de déclaration de droit,
29:07 il n'y a même pas de Constitution.
29:08 En revanche, s'il y a un principe fondamental
29:11 sous la Troisième République,
29:13 où que je sois, les services publics, je dois y avoir accès.
29:16 Même si c'est pour deux personnes dans un hameau,
29:19 je dois y avoir accès. Cette idée-là, on l'a oubliée.
29:22 Or, pour qu'un droit ne soit pas uniquement abstrait,
29:25 il y a besoin d'une action positive de l'Etat,
29:28 d'une action positive en termes de services publics.
29:31 Si on doit ouvrir sur une nouvelle révision constitutionnelle,
29:34 si on n'existe pas, c'est peut-être la prochaine étape.
29:37 -Voilà un nouveau débat. Vous reviendrez ?
29:40 Merci beaucoup. Rendez-vous lundi sur LCP.
29:42 Je crois que c'est 11h, mais à vérifier.
29:44 En tout cas, vous suivrez tout sur les chaînes parlementaires
29:48 de ce congrès à Versailles.
29:49 Merci à vous d'être venus débattre.
29:51 Vous restez avec moi, Thomas Mistrachi,
29:54 dans une dizaine de minutes.
29:55 Les partis pris de nos affranchis, ce soir,
29:58 Thomas Lestavelle va nous raconter la belle histoire de Mistral,
30:02 et nous avons avec nous,
30:03 une carte blanche à Nicole Ferroni,
30:05 qui fait le plaisir de passer nous voir.
30:07 Vous découvrirez. De quoi nous parlez-vous ?
30:10 -Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk, Pascal Praud.
30:13 C'était les auditionnés de la commission d'enquête
30:16 sur les fréquences de la TNT.
30:17 -Elsa Mondingava dans Bourbon Express.
30:20 On revient vers vous.
30:21 D'abord, on va plonger dans votre livre, Thomas Mistrachi.
30:24 C'est un livre bouleversant, un livre-choc,
30:27 qui dérange, qui fait réfléchir.
30:29 Le dernier soir, chez Grasset,
30:31 de celle que vous appelez Sylvie, mais c'est Jacqueline Jankel,
30:34 son nom est maintenant connu,
30:36 elle décide de suicider à 78 ans.
30:38 Elle vous parle, elle vous demande,
30:41 vous acceptez de l'accompagner,
30:43 et ça, voilà, ça fait vraiment beaucoup d'émotion.
30:47 On va regarder ça dans l'invitation de Marco Pommier,
30:51 puis interview juste après.
30:53 Musique douce
30:55 ...
30:57 -Si on vous invite, Thomas Mistrachi,
30:59 c'est parce que vous avez vécu une expérience bouleversante.
31:02 Vous avez accompagné une amie dans ses derniers instants.
31:05 Un soir de printemps, il y a deux ans,
31:08 Jacqueline Jankel, 78 ans,
31:10 Sylvie, dans votre livre, se suicide à vos côtés,
31:12 avalant sous vos yeux un liquide létal,
31:15 témoin passif de sa mort jusqu'à son dernier souffle.
31:18 -Ce soir-là, j'ai pensé en amie.
31:20 -Thomas Mistrachi, vous êtes journaliste,
31:22 passé par BFM TV, aujourd'hui grand reporter sur TF1.
31:26 Votre livre interpelle, dérange le récit
31:29 du dernier soir passé avec Jacqueline
31:32 avant qu'elle ne mette fin à ses jours.
31:35 Une expérience qui a renforcé chez vous
31:37 une conviction profonde.
31:39 Chacun doit pouvoir choisir le moment de son départ.
31:42 Pour vous, ce sera 75 ans.
31:44 -Moi aussi, j'ai toujours voulu qu'on me laisse le choix,
31:47 qu'on me laisse décider du jour et de l'heure de ma mort.
31:51 Ma vie, ma mort, mon choix.
31:52 -Choisir sa mort pour mieux la maîtriser,
31:55 mais la société est-elle prête pour une telle avancée ?
31:58 Thomas Mistrachi, une convention citoyenne
32:01 s'est prononcée en faveur de l'euthanasie
32:03 et du suicide assisté, mais sous condition
32:06 pour les personnes atteintes de maladies graves incurables.
32:10 Un projet de loi sur l'aide active à mourir
32:12 devrait être examiné avant l'été.
32:14 -On ne peut légiférer sur la fin de vie
32:17 qu'avec une grande prudence, une grande retenue
32:19 et un grand respect.
32:21 Aujourd'hui, nos compatriotes nous appellent à rejeter
32:24 et à revoir notre droit.
32:26 -Aujourd'hui, Thomas Mistrachi, vous risquez la prison.
32:29 Cinq ans d'emprisonnement, 100 000 euros d'amende
32:32 pour non-assistance à personne en danger.
32:34 Alors, on a une question pour vous ce soir.
32:37 Pourquoi avez-vous pris le risque de publier ce livre ?
32:40 -Réponse.
32:41 -Parce qu'il fallait raconter cette histoire,
32:44 parce qu'on en avait beaucoup parlé avec celle que j'appelle Sylvie,
32:48 parce qu'il faut qu'on ait un débat en France
32:51 sur cette question, au-delà de son choix.
32:54 -Son histoire est particulière.
32:56 C'est un suicide.
32:57 -Ma volonté aussi est particulière.
32:59 Parfois, il faut pousser un tout petit peu plus
33:02 pour obtenir un tout petit peu moins.
33:04 -C'est une histoire si intime qu'elle n'était pas destinée
33:07 à être racontée publiquement. -Pas du tout.
33:10 Je commençais à oublier ce qui s'était passé ce soir-là.
33:13 C'était au début de l'été dernier.
33:15 Je me suis dit qu'il fallait que je le note,
33:17 que j'écrive... Pas un texte, mais peut-être des notes
33:20 pour pouvoir m'en souvenir, peut-être l'utiliser un jour.
33:24 J'ai commencé à écrire. Cette soirée a commencé
33:26 un peu avant 19h, elle s'est terminée aux alentours de 23h.
33:30 Et en fait, ce texte, j'arrivais plus à m'arrêter
33:34 à l'écrire, et c'est ce qui a fait...
33:36 -Il fallait l'imprimer, au sens propre comme au sens figuré.
33:40 -J'ai présenté ce texte à un ami qui connaissait Jacqueline,
33:43 celle que j'appelle Sylvie. Il m'a dit qu'il fallait le donner
33:46 à des éditeurs. -Ils vous ont publié
33:49 et ont mesuré le risque que vous assumez, qu'ils assument.
33:52 Alors, parlez-nous d'elle, parce que c'est une femme flamboyante.
33:55 Elle est très belle, c'est une séductrice,
33:58 elle est amoureuse, elle adore la poésie,
34:00 elle parle plusieurs langues, elle est extrêmement vivante,
34:04 elle adore la vie. -C'est une grande gueule,
34:06 surtout. C'est quelqu'un qui est forte dans ses convictions.
34:09 C'est une femme extraordinaire, qui a traversé le siècle
34:13 et qui arrive à un moment de sa vie où je vais schématiser un peu,
34:16 pardonnez-moi pour ce langage, mais elle n'en a plus rien à foutre.
34:20 Elle veut marquer les combats, cette fin de vie,
34:23 elle veut marquer les esprits, elle veut provoquer,
34:26 elle veut provoquer le débat.
34:28 Et c'est à ce moment-là que moi, je la rencontre.
34:31 Et voilà, c'est une dame qui a plus de 70 ans,
34:35 qui est en très bonne santé. -C'est ça qui remue pas mal.
34:39 Elle n'a pas de maladie incurable.
34:42 Quand vous dites "elle n'en a rien à foutre",
34:45 elle redoute la vieillesse, la déchéance,
34:48 elle redoute de ne plus avoir d'argent.
34:50 Elle redoute quoi le plus ?
34:52 -Elle redoute de ne plus pouvoir vivre comme elle l'entend.
34:56 Et ça, c'est capital dans son choix,
34:58 parce qu'il a évolué au cours des années.
35:00 Au début, elle voulait se prémunir
35:02 contre ce pour quoi un texte serait nécessaire en France,
35:06 une maladie incurable.
35:07 Et puis, il arrive à un moment dans sa vie
35:09 où elle dit "je suis arrivé au bout,
35:12 "j'ai des polypathologies liées à la vieillesse,
35:14 "des trous de mémoire, des douleurs, des absences,
35:17 "j'oublie ma poésie,
35:19 "j'ai plus le feu que j'avais en moi".
35:22 -Il n'y a plus le sens.
35:24 -Elle ne veut pas vivre cette vie,
35:26 ne pas se retrouver dans un Ehpad,
35:28 ne pas l'imposer aussi aux autres.
35:30 C'est pour ça qu'elle fait ce choix.
35:32 -On va revenir sur le moment.
35:34 C'est important de savoir à quel moment on considère
35:37 que ce sera trop.
35:38 Vous la rencontrez lors d'une interview
35:40 sur BFM TV pour son livre "Partir en beauté".
35:43 Vous devenez amis, vous refaites le monde ensemble
35:46 et vous avez une belle formule pour qualifier votre relation.
35:49 Vous dites "je suis son amie de mort".
35:51 Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Pourquoi vous ?
35:54 -C'est une question que beaucoup de gens me posent
35:57 et je ne sais pas. Peut-être parce que j'étais suffisamment proche
36:01 et suffisamment éloigné d'elle.
36:03 Au moins, l'un de ses fils aurait pu être là ce soir-là.
36:06 Elle m'a choisi, elle m'avait demandé d'être là,
36:09 je lui avais dit que je serais là.
36:11 Au départ, tout devait se faire en Suisse,
36:13 il fallait faire ça au milieu de ses meubles, ses photos, ses bibelots.
36:17 Je pense que j'étais à la fois quelqu'un qui la rassurait
36:20 et à la fois quelqu'un qui ne l'empêcherait pas
36:23 d'accomplir ce qu'elle voulait.
36:25 -Pourquoi vous, vous l'acceptez, ce pacte de confiance ?
36:28 -Ca, je ne sais pas.
36:29 Parce que je lui avais fait la promesse,
36:31 parce que je l'aimais à ma manière,
36:34 on avait cette relation-là qui était assez forte
36:36 et que je lui avais promis que je serais là ce soir-là.
36:39 -Quand vous promettez, vous mesurez ?
36:42 -Je mesure le désagrément que ça va me causer,
36:44 parce que c'est une personne que j'aime
36:46 et que c'est difficile de laisser partir quelqu'un,
36:49 mais je ne mesure pas, évidemment, ce qui va se passer ce soir-là.
36:53 -Vous rentrez d'Ukraine, vous l'appelez ?
36:55 -Oui, exactement. -Et elle vous dit,
36:57 "C'est pour ce soir, chez moi, à Paris."
36:59 Qu'est-ce qui se passe ? -Beaucoup de choses.
37:02 En une seconde, je me dis, est-ce que j'y vais,
37:05 est-ce que je le fais, pas ?
37:06 Je mesure, évidemment, les risques tout de suite.
37:09 J'écris ça sur quelques pages,
37:11 j'ai envie de renoncer, je sais que c'est une bêtise,
37:14 et en même temps, je ne peux pas la laisser seule.
37:17 Donc, en une seconde, tout ça passe dans ma tête.
37:20 -Vous avez la trouille ? -Bien sûr que j'ai la trouille.
37:23 Évidemment que j'ai la trouille, je serais idiot,
37:25 je serais un abruti si j'avais pas la trouille.
37:28 -Elle aussi, d'ailleurs. -Elle a peur.
37:30 -C'est ça qui démarre le livre. Elle semble vacillée.
37:33 -C'est la première fois que je la vois apeurée.
37:36 -Racontez-nous cette peur. -Elle a repoussé ce moment-là.
37:40 Au moment où j'arrive chez elle, je ne sais pas si elle va aller
37:43 jusqu'au bout, ça, je le comprends, en cours de soirée.
37:46 Elle a peur de...
37:50 Pas tellement de l'acte en soi,
37:53 mais je pense de laisser tout ce qu'elle va laisser derrière.
37:57 Je pense qu'elle est paralysée par l'instant,
38:00 plus par ce qui va advenir dans les minutes qui viennent.
38:05 Elle a pas peur de mourir.
38:06 Elle a plus peur de vivre mal que de mourir.
38:09 -Elle a peur de se rater. -Elle a peur de se rater.
38:12 -C'est ça aussi, vous imaginez tous les scénarios du pire possible.
38:16 Vous racontez cliniquement le moment où elle s'arrête de respirer.
38:19 Vous êtes paralysée.
38:21 Qu'est-ce que vous vous dites ? Comment on sait ?
38:24 C'est fini, c'est pas fini ?
38:25 Est-ce qu'il faut expliquer ? Elle prend une fiole de poison ?
38:29 -C'est ça. Je vais pas rentrer dans le processus,
38:32 parce que c'est illégal, mais oui, elle meurt devant mes yeux.
38:35 Et voilà, elle m'avait expliqué ce qui allait se passer.
38:40 Et heureusement qu'elle l'avait fait,
38:42 parce que c'est assez impressionnant.
38:44 -On va laisser le lecteur découvrir ces quelques pages.
38:47 Vous êtes parti, puis vous êtes revenu.
38:50 -Oui. -Pourquoi ?
38:51 -Parce que je pense que c'est difficile à accepter.
38:54 Je me disais que peut-être j'avais mal vu,
38:56 peut-être j'avais mal compris,
38:58 peut-être... Des morts, j'en ai vus beaucoup,
39:01 mais des situations comme ça,
39:03 c'était la première fois que j'en vivais une.
39:06 -Qu'est-ce qu'on se sent ?
39:07 Vous êtes reporter de guerre,
39:09 vous avez couvert beaucoup de zones de conflit,
39:12 des cadavres, vous avez vu...
39:14 Qu'est-ce qu'on se sent quand on est comme ça ?
39:16 Une forme de paix ou une sidération ?
39:19 -De la peur, ce soir-là.
39:22 Voilà, je partais avec un terrible secret,
39:24 il m'a fallu deux ans pour raconter cette histoire,
39:27 et encore une fois, je la raconte
39:29 parce que... Pas un concours de circonstances,
39:32 mais... Non, bien sûr, enfin,
39:34 vous êtes triste, vous êtes heureux.
39:37 -Ces derniers mots, c'est "merci, Thomas".
39:39 Ca, ça compte. -Ca, ça compte.
39:41 -Alors, ça vous a conforté, dans votre idée,
39:44 vous-même, de choisir le moment de votre mort.
39:47 Ca, ça... Voilà. Ca perturbe pas mal,
39:49 parce qu'on se dit "qu'est-ce que c'est que ce relais-là,
39:52 "ce flambeau que vous reprenez ?"
39:54 Vous voulez vous-même vous suicider,
39:56 c'est ça, entre 75 et 77 ans ?
39:58 -Oui, j'ai décidé de mourir à 75 ans,
40:00 mais après, la vie, on verra ce qui se passe.
40:03 Je vous dis une bêtise, si ma fille est enceinte
40:06 et qu'elle me demande d'attendre que son enfant naisse,
40:09 bien sûr que j'attendrai quelques mois.
40:11 -C'est drôle, c'est la même situation,
40:13 elle allait être à nouveau grand-mère.
40:16 -C'est ce qui est arrivé à Jacqueline.
40:18 -Vous ne craignez pas de faire l'apologie du suicide ?
40:21 -Non, surtout pas. Merci de cette question,
40:23 c'est un choix personnel.
40:25 Je n'incite évidemment personne à faire ce choix-là,
40:28 à prendre cette voie-là, mais je vais vous dire quelque chose.
40:31 Depuis que ce livre est sorti, il y a un mois,
40:34 je reçois toutes les semaines des lettres de personnes
40:37 qui me parlent du texte,
40:39 qui se trouvent dans la situation dans laquelle
40:41 elles ont été, qui n'ont jamais osé en parler,
40:44 ni à leurs proches, ni à leurs médecins.
40:46 Et ces gens-là me disent merci
40:49 parce que je raconte leur histoire.
40:51 Je ne veux pas, évidemment,
40:53 convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit.
40:56 -Pas de prosélytisme ? -Non.
40:58 C'est un choix personnel, c'est une croyance personnelle.
41:01 Je suis quelqu'un d'heureux, de joyeux,
41:03 je ne suis absolument pas suicidaire.
41:05 J'ai simplement fait ce choix parce que, comme elle,
41:08 je ne veux pas d'une vie qui se dégrade.
41:11 -C'est un choix qui n'est pas répréhensible par quiconque.
41:14 -On a droit de se suicider en France.
41:16 -On a droit de se suicider en France.
41:18 En même temps, c'est un peu troublant
41:21 parce qu'on est en plein débat sur la question de la fin de vie.
41:24 On n'est pas du tout dans la situation de la fin de vie.
41:27 -Il faut dire à ceux qui nous regardent
41:29 qu'aujourd'hui, le projet de loi qui arrive,
41:32 il concerne des malades incurables,
41:36 dont le pronostic vital est engagé à six mois.
41:40 Donc, on a l'impression qu'à vous lire,
41:42 ou peut-être à essayer de comprendre,
41:45 la vieillesse est un tel naufrage
41:46 que c'est une maladie incurable.
41:48 -La vieillesse, c'est formidable.
41:51 Tous ceux qui veulent vivre
41:53 doivent vivre le mieux possible,
41:55 le plus longtemps possible,
41:57 évidemment, mon grand-père est mort à 95 ans,
41:59 c'était un homme formidable,
42:01 et il est resté heureux quasiment jusqu'à la fin.
42:04 Simplement, encore une fois,
42:06 il faut pouvoir, il faut qu'on puisse, en France,
42:08 comme c'est le cas dans de nombreux autres pays,
42:11 aider ceux qui ne sont pas
42:13 dans des conditions de vieillesse optimales,
42:16 c'est-à-dire qui sont atteints d'une maladie irréversible
42:19 et incurable, qui vont vivre les dernières semaines,
42:22 les derniers mois, les dernières années de leur vie.
42:25 -Vous en attendez quoi ?
42:27 Le mot "suicide assisté", dans la loi,
42:31 c'est, au fond, la possibilité,
42:33 dans ces conditions très particulières,
42:35 où on a... -Très encadré.
42:37 -Une situation de maladie dégénérative,
42:41 on pense à Charcot, à des cancers en phase terminale,
42:44 soit le projet de loi choisit le suicide assisté,
42:47 et dans ce cas-là, le médecin peut prescrire le médicament,
42:51 et on le prend à la pharmacie,
42:53 assisté par un ami ou par une association,
42:56 soit c'est l'euthanasie, ça répond à une demande sociale,
43:00 et le geste est fait à l'hôpital par le médecin.
43:02 Vous avez quelque part une préférence
43:05 entre ces deux options ? -Il faut juste donner
43:07 le choix aux gens, on n'enlève rien à personne.
43:10 C'était très intéressant, le débat,
43:12 la première partie de cette émission,
43:14 sur l'IVG, parce que... Je ne veux pas comparer les deux,
43:17 mais on pourrait véritablement calquer la démarche
43:21 qui est aujourd'hui nécessaire pour avoir un texte
43:24 sur la fin de vie au combat qui a eu lieu
43:26 à la fin des années 60 et au début des années 70
43:29 pour le droit à l'IVG. C'est un choix,
43:31 en plus, on n'enlève rien à personne,
43:33 dans tous les pays où ces textes existent aujourd'hui,
43:36 il n'y a pas eu d'explosion des suicides assistés
43:39 ou des euthanasies, les chiffres sont en progression,
43:42 ils ont progressé un peu plus ces dernières années,
43:45 pour des raisons très objectives,
43:47 vieillissement de la population, la Covid aussi,
43:50 les gens se sont saisis de ces pratiques,
43:52 donc évidemment que ça a progressé,
43:54 mais il n'y a pas eu d'explosion, en Suisse, en Belgique,
43:57 en Espagne ou ailleurs.
43:59 C'est un choix qu'on doit donner aux gens,
44:01 pour les autres, pour les gens comme moi,
44:04 et on n'est pas beaucoup, mais voilà, on doit pouvoir...
44:07 vivre selon ses croyances, selon ses choix,
44:11 même si ça peut paraître absurde et aberrant
44:13 pour la majorité.
44:14 -La mort nous appartient. -Exactement.
44:16 -Liberté individuelle.
44:18 Dernière question, vous avez envoyé votre livre à Emmanuel Macron.
44:22 Courage. -Courage, monsieur le président.
44:24 -Il vous a répondu ? -Non, il a autre chose à faire.
44:27 -Vous trouvez qu'il a du courage sur ce texte ?
44:29 -J'attends de voir, mais comme tous ceux qui attendent ce texte,
44:33 je crois que c'était une promesse lors de son premier mandat,
44:36 puis ce texte devait être examiné, je crois, en septembre dernier,
44:40 la venue du Pape a retardé les choses.
44:42 -On nous dit "avant l'été", mais c'est vrai.
44:45 -C'est avant l'été. Ce qui m'inquiète,
44:47 c'est qu'il y a eu au gouvernement et au ministère de la Santé
44:50 quelqu'un qui n'est pas forcément très à l'aise avec tout cela,
44:54 Mme Botrain, qui était contre,
44:56 qui a visiblement et apparemment tant mieux changé d'avis,
44:59 mais qui confond, dans un absurde révélateur,
45:02 le consentement des patients avec celui des victimes,
45:05 ça a de quoi inquiéter tous ceux qui attendent ce texte.
45:08 -On vous reviendrait pour débattre au moment du texte de loi.
45:11 C'est intéressant. Merci beaucoup.
45:13 Merci, Thomas Mifraky. Le dernier soir,
45:16 c'est-à-dire chez Grasset, vous l'avez compris,
45:18 c'est sensible, ça remue, ça dérange,
45:20 mais c'est très bien écrit.
45:22 Vous restez avec moi. C'est l'heure des parties prises
45:25 de nos Affranchis.
45:26 Et bonsoir, Nicole Ferroni. -Bonsoir.
45:39 -Grand plaisir de vous retrouver. Elle passe à Paris, de Marseille.
45:43 Elle vient nous voir sur la chaîne parlementaire.
45:46 Bonsoir, Thomas Lestavelle. -Bonsoir.
45:48 -Vous vouliez revenir ce soir sur la Startup Nation.
45:50 C'est vrai que vous n'êtes pas toujours tendre
45:53 dans vos chroniques avec cette expression,
45:55 cette planète numérique, et pourtant,
45:57 vous voulez rendre hommage ce soir à Mistral AI.
46:01 -Alors, effectivement, je ne savais pas que tu venais de Marseille,
46:05 mais j'avais été très sceptique la première fois
46:07 que j'ai entendu parler de cette entreprise.
46:10 Mistral, une PME à Marseille, peut-être,
46:12 la dernière startup qui vend du vent,
46:14 c'est une jeune pousse qui surfe sur la vague
46:17 de l'intelligence artificielle.
46:18 Ca pourrait marcher. J'avais tort,
46:20 car cette entreprise, très jeune, a un parcours impressionnant.
46:24 Elle a lancé lundi son concurrent direct à ChatGPT,
46:27 un assistant virtuel à qui vous pouvez poser n'importe quelle question,
46:31 le ChatGPT français,
46:32 et on a profité pour annoncer un partenariat
46:35 avec, devinez qui, le géant Microsoft,
46:37 qui va intégrer son outil, le chat,
46:39 dans son offre cloud pour les entreprises.
46:42 En quelques mois d'existence,
46:44 la jeune pousse a levé 490 millions d'euros.
46:46 C'est du jamais vu en France.
46:48 -Pourquoi un tel succès ?
46:50 -Les fondateurs sont des chercheurs de très haut niveau,
46:53 avec un sacré pédigré.
46:54 Ils ont bossé chez Google et Meta
46:56 sur les modèles d'intelligence artificielle générative
46:59 de ces GAFA,
47:00 avant de démissionner pour créer le ChatGPT français.
47:04 En fait, leur modèle affiche d'ores et déjà
47:06 une meilleure performance technique
47:08 que les concurrents américains à nombre de paramètres identiques.
47:12 Le monde de la tech avait déjà identifié Paris
47:15 comme une terre promise de l'IA,
47:17 parce que la France a d'excellentes formations,
47:19 polytechnique, normal-sup,
47:21 et des mathématiciens de génie,
47:23 comme en témoignent nos 13 "medifields" Cocorico.
47:26 -Alors, évidemment, c'est important
47:28 d'avoir notre propre ChatGPT en France.
47:31 Je croyais que la course était perdue.
47:33 Pas forcément. -Alors, pas forcément.
47:35 C'est très important. Pourquoi ?
47:37 Déjà, parce que c'est un marché gigantesque.
47:40 Le marché génératif va connaître une croissance dingue.
47:43 On est à 40 milliards il y a deux ans,
47:45 on va arriver à 1 300 milliards en 2032,
47:47 donc c'est sans commune mesure.
47:49 Ce serait ballot de passer à côté,
47:51 d'autant que cette technologie permet
47:53 des gains de productivité gigantesques.
47:55 En entreprise, elle peut coder à votre place
47:58 ou vous résumer une réunion d'une heure que vous auriez loupée.
48:02 Tous les secteurs vont être touchés,
48:04 la santé, la finance, les jeux vidéo, le luxe, et j'en passe.
48:07 C'est important au niveau économique,
48:09 mais aussi au niveau culturel et de la souveraineté des idées.
48:13 Avoir nos propres modèles d'IA,
48:14 ça veut dire entraîner les algorithmes
48:17 sur nos données, sur des données françaises ou européennes.
48:20 J'entendais un expert me dire
48:22 qu'il n'avait pas trop envie d'utiliser une IA chinoise,
48:25 ce qui me dit que Xi Jinping est un dirigeant exemplaire.
48:28 -On peut rêver, ou même y croire vraiment,
48:30 d'avoir un sort de GAFA, un géant du numérique,
48:33 cocorico, bleu, blanc, rouge.
48:35 On l'aimerait tous, création d'emplois, de valeurs,
48:38 mais c'est loin d'être gagné.
48:39 En France, on a des cerveaux, mais on manque d'argent.
48:42 Chajipiti a levé 13 milliards de dollars,
48:45 c'est 26 fois plus que la levée de fonds de Mistral.
48:48 L'autre truc, c'est qu'on dépend de fournisseurs étrangers,
48:51 États-Unis et Taïwan, pour acheter les semis conducteurs
48:54 qui font tourner les modèles.
48:56 Le scénario le plus probable, c'est que Mistral se fasse racheter
48:59 par Microsoft ou par Google.
49:01 Ce sera eux qui vont chanter le Mistral gagnant.
49:04 -Aïe, aïe.
49:05 Vous connaissiez Mistral ?
49:06 -J'en ai entendu parler, c'est fascinant.
49:09 C'est peut-être le monde qui change,
49:11 mais c'est inquiétant aussi,
49:13 dans le sens où, à partir du moment où cette intelligence artificielle,
49:17 qui n'est pas intelligente pour l'instant,
49:19 parce que c'est une exploitation de données,
49:22 mais le jour où ce mécanisme-là va commencer à s'auto-alimenter...
49:26 -A alimenter tout seul.
49:27 -Il va falloir être plus gentil. -Nicole, on va reparler
49:31 d'un sujet dont on a parlé au début de l'émission,
49:34 c'est que vous vouliez revenir sur une certaine date, c'est ça ?
49:38 -On est quand même le 29 février, ça arrive une fois tous les quatre ans.
49:42 Quand elle arrive, hop, elle me surprend.
49:44 Je voulais revenir sur un événement qui m'a fait le même effet.
49:48 C'est rare, et pourtant, quand ça arrive, ça me surprend.
49:51 A savoir le fait que hier, les sénateurs aient fait un vote
49:54 qu'on pourrait qualifier de progressiste.
49:57 Le fait de se dire des sénateurs, "quel progressiste",
50:00 c'est un peu comme se dire des ouvertures pratiques.
50:03 On se le dit quand même pas souvent.
50:05 Souvent, c'est très mal foutu, ça bloque...
50:07 Je ne parle pas des sénateurs, je parle des ouvertures pratiques.
50:12 Même si c'est vrai que chez les sénateurs,
50:14 ça peut bloquer aussi, et on a eu cette crainte hier,
50:17 concernant le vote historique
50:20 qui concernait l'inscription de l'IVG,
50:22 interruption volontaire de grossesse,
50:24 dans la Constitution.
50:26 C'est une proposition qui a été largement adoptée,
50:29 mais qui a connu quelques blocages
50:31 qui auraient pu empêcher l'inscription de l'IVG
50:33 dans la Constitution.
50:35 Si vous vous demandez, "qu'est-ce que ça change,
50:38 "que ce soit dans la loi ou dans la Constitution ?"
50:40 -On a tenté de le faire,
50:42 mais j'adore quand vous expliquez.
50:44 -C'est juste que, vu l'horaire,
50:46 on a des téléspectateurs qui attendent le match de Coupe de France,
50:50 et par une métaphore fédératrice, je vais leur expliquer.
50:53 La loi dans la société, c'est exactement comme les règles
50:56 du jeu de football au foot,
50:58 c'est-à-dire quand on sort le carton jaune, le rouge,
51:01 et ces règles peuvent changer.
51:02 Myriam le sait, elle adore le foot.
51:04 -C'est vrai. -Notamment, depuis le 1er juillet,
51:07 les gardiens de but n'ont plus le droit de...
51:10 -De quoi ? -De faire diversion
51:12 pour la pénalty. -Vous me la prenez.
51:14 -Ils n'ont plus le droit de déstabiliser le joueur.
51:17 C'est une loi qui vient de changer.
51:19 En revanche, ce qui au foot ne changera pas,
51:21 c'est le cadre dans lequel les nouvelles règles s'appliqueront.
51:25 Ce cadre quasi-muable, c'est le football,
51:27 11 joueurs, un ballon rond, et ça se joue au pied.
51:30 C'est l'équivalent de la Constitution,
51:32 un socce quasiment immuable.
51:34 Le fait de mettre l'IVG dans la Constitution
51:37 plutôt que dans la loi,
51:38 c'est lui offrir une plus grande stabilité,
51:41 une plus grande protection.
51:43 Nos utérus en ont besoin,
51:44 car dans le domaine utérin, les vilains gagnent du terrain
51:47 quand on voit ce qui se passe en Pologne et aux Etats-Unis.
51:51 D'où le fait que pour nous, les femmes,
51:53 on sera soulagées quand pour la première fois au monde,
51:56 l'IVG sera dans la Constitution.
51:58 -C'est l'année. -Ce sera le lundi 4 mars.
52:01 Je me suis dit que le 4 mars,
52:02 comme c'est à quatre jours de la Journée internationale
52:06 des droits des femmes, les sédateurs pourraient pas
52:09 profiter de ce vent progressiste, féministe,
52:11 pour être les punks à chiens législatifs,
52:14 bousculer la société par d'autres mesures
52:16 qui pourraient être en faveur des femmes
52:19 comme une meilleure protection
52:20 contre les violences sexistes et sexuelles ?
52:23 -On en profite, à Versailles.
52:25 -Les droits des femmes, c'est comme le 29 février,
52:28 on les voit souvent dans le calendrier.
52:30 -Merci beaucoup. J'adore les députés punk à chiens.
52:33 Ca me plaît beaucoup. Merci.
52:35 Nicole, on termine. Vous l'attendez tous
52:37 par l'histoire du jour à l'Assemblée.
52:40 C'est "Bourbon Express".
52:41 Générique
52:42 ...
52:48 Allez, jingle pour retrouver Elsa Mondingava.
52:50 De quoi nous parlez-vous ?
52:52 -Les téléspectateurs d'LCP se sont crues sur ces news
52:55 autour de 11h30. Pourquoi ?
52:57 Parce qu'ils étaient tous là à l'Assemblée ce matin,
53:00 les dirigeants de Canal+ et de la chaîne CNews.
53:03 On a donc reconnu entre autres Pascal Praud,
53:05 Sonia Mabrouk, Laurence Ferrari,
53:07 tous auditionnés par la commission d'enquête
53:10 sur l'attribution et le contrôle des fréquences TNT.
53:13 C'est une commission d'enquête à l'Assemblée.
53:16 Il y a deux députés.
53:17 Le président, Quentin Bataillon, du groupe Renaissance,
53:20 et le rapporteur insoumis Aurélien Saint-Aoul.
53:23 -Les députés sont revenus sur le tollé
53:25 qu'a provoqué la diffusion de l'émission "Enquête d'esprit".
53:28 -Tout à fait. Ce visuel qui présentait l'avortement
53:31 comme une cause de mortalité, au même titre que le cancer,
53:35 l'État-major a eu des mots assez durs.
53:37 -C'est une erreur inacceptable.
53:39 -D'autant plus impardonnable qu'elle est, encore une fois,
53:42 d'une émission enregistrée.
53:44 -Sur une émission enregistrée, c'est intolérable.
53:47 Donc, c'est véritablement...
53:48 J'utiliserais le terme à dessein "traumatisme".
53:51 -Cette dramatique erreur technique.
53:53 -Oui, la direction regrette une erreur technique,
53:56 le fait d'avoir diffusé la version non corrigée de l'émission.
54:00 En revanche, pas de regrets sur tout ce qui a été dit
54:03 contre l'avortement pendant l'émission.
54:05 CNews a dû se justifier d'un reproche
54:07 qu'on lui fait souvent, le manque de pluralité sur ses plateaux.
54:11 Ecoutez l'argument du directeur de la rédaction.
54:13 -Pour composer un plateau,
54:15 on ne peut pas inviter les gens qui boycottent CNews.
54:18 Alors, on ne peut pas inviter les écologistes
54:22 qui boycottent CNews.
54:24 On ne peut pas inviter les gens qui,
54:26 soit, officiellement, nous répondent
54:28 "je boycotte CNews", comme M. le député Caron,
54:31 ou d'autres qui ne répondent pas à nos invitations.
54:34 -Et puis, il a été aussi question de Cyril Hanouna,
54:37 qui sera auditionné par cette commission le 14 mars prochain.
54:40 -Oui, notamment le fait que le présentateur coûte cher
54:43 à son groupe 7,5 millions d'euros
54:45 au titre des sanctions de l'Arcomm,
54:47 mais Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+,
54:51 assume.
54:52 Je pense que ce qui fait le succès de Cyril Hanouna,
54:55 qui, je le rappelle, rassemble 2 millions de téléspectateurs,
54:58 c'est sa nature, c'est sa spontanéité,
55:01 c'est son naturel, c'est son franc-parler,
55:04 et que ça peut donner lieu, quand on est en direct,
55:06 en effet, et c'est très important,
55:08 à des débordements.
55:10 Il est en direct, il prend un risque,
55:12 nous prenons un risque, c'est ce qui explique son succès,
55:15 et c'est un risque que nous assumons pleinement.
55:18 -Cyril Hanouna, le 14 mars, la veille, ce sera Vincent Bolloré,
55:21 le dirigeant éditionné, n'intervient pas dans les programmes.
55:25 On verra si le milliardaire breton a la même version.
55:28 -Cette commission d'enquête ne concerne pas
55:30 que le groupe Bolloré, Canal+, CNews, C8.
55:32 -Non, c'est une commission d'enquête
55:34 sur l'attribution des fréquences TNT.
55:37 L'année prochaine, la moitié sont renouvelées,
55:39 mais on le voit bien, évidemment, le débat,
55:42 alors que le Conseil d'Etat demande à l'Arcomm
55:44 une plus grande vigilance.
55:46 Les Insoumis n'ont pas de bonnes relations
55:48 avec les médias du groupe Bolloré.
55:51 -Cyril Hanouna, c'était après une altercation
55:53 avec le député insoumis Louis Boyard,
55:55 donc on le sent que ces médias sont particulièrement scrutés,
55:59 et on le sent aussi au ton du rapporteur
56:01 de cette commission d'enquête, Aurélien Saint-Aoul.
56:04 -Je vous demande pas quel est votre projet commercial,
56:07 est-ce que Canal remplit des missions d'intérêt public ?
56:10 Très bien.
56:12 Vous pouvez... Ce sera pas nécessaire.
56:14 Vous êtes les plus rappelés à Londres par l'Arcomm.
56:17 Vous saviez à l'époque que c'était faux ?
56:19 -Répondez à la question, madame.
56:21 -Cette commission d'enquête a jusqu'au 8 mai
56:23 pour finir ses travaux.
56:25 -On va suivre ça de près.
56:26 Vous êtes convaincu par la défense de CNews,
56:29 qui plaide l'erreur technique ?
56:31 -CNews va faire de belles audiences avec cette audition.
56:34 Je pense que c'est une bonne chose,
56:36 je parlais d'essentiel, que le droit à l'IVG
56:38 soit inscrit dans la Constitution.
56:40 -Pour revenir à l'essentiel. -Voilà.
56:43 -Nicole, ça vous intéresse, d'ailleurs,
56:45 d'entendre ces travaux de députés
56:47 qui mettent sur le grill "Vincent Bolloré,
56:49 "c'est la semaine prochaine".
56:51 -Je suis assez épatée,
56:52 parce qu'il faut quand même une maîtrise de son propre calme,
56:56 j'imagine, pour mener à bien les débats
56:59 de façon sereine.
57:01 -En tout cas, il faut préciser
57:03 que c'est une commission d'enquête sur l'attribution
57:06 des réseaux de la TNT, des chaînes.
57:08 -Il y a un bon système de questions-réponses
57:11 avec les intervenants, c'est assez dynamique.
57:13 -Vous regardez CNews un peu ?
57:15 -Moi, en fait, je le regarde via ce qui est rediffusé
57:18 à la télé sur les autres chaînes.
57:20 -Donc là, les extraits. -Exactement.
57:22 Je ne peux pas dire si on peut regarder ces news,
57:25 mais on n'est pas loin.
57:27 -Allez, merci à vous. Merci, les Affranchis,
57:29 merci, Elsa Mondingava, et merci à vous,
57:32 Thomas Misrachi, d'être venu sur le plateau d'LCP,
57:35 lisez "Le dernier soir", chez Grasset.
57:37 Quelque chose me dit que vous allez continuer
57:40 à prendre la plume, nous verrons.
57:42 Allez, demain, c'est Clément Méric aux manettes.
57:45 Ça vous regarde. 19h30, je vous retrouve la semaine prochaine.
57:48 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
57:50 Générique
57:52 ...
58:02 [SILENCE]

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