Un témoignage rare d'une victime de Gérard Miller. Aude n'avait que 17 ans lorsqu'elle rencontre Gérard Miller, en 2001. Après avoir été violée, elle dit avoir subi une amnésie traumatique pendant 22 ans, jusqu'à ce que tout lui revienne en mémoire subitement lorsque d'autres femmes l'ont accusé en janvier. Elle a déposé plainte la semaine dernière.
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00:00 [Générique]
00:05 Avec nous pour en parler, Cécile Olivier. Bonjour Cécile.
00:08 Grand reporter au magazine Elle.
00:10 Cécile, désormais à Elle, mais qui était avant avec nous à BFM TV.
00:15 Et qui a révélé les premiers témoignages contre Gérard Miller dès le mois de janvier.
00:20 Et puis Alexandra González du service police-justice de BFM TV était également avec nous.
00:24 Alors que pour la première fois à la télévision, l'une des six plaignantes contre Gérard Miller
00:28 a accepté de parler à la télévision.
00:31 Elle s'appelle Aude. Elle avait 17 ans au moment des faits.
00:35 C'était une lycéenne. Elle a 39 ans aujourd'hui.
00:38 Et elle a accepté de raconter à Alexandra ce qu'elle a vécu quand elle avait 17 ans.
00:44 Avec Gérard Miller, on écoute un premier extrait de ce témoignage accablant.
00:49 Il m'embrasse. J'ai souvenirs de moi sur ce lit.
00:54 J'ai le souvenir qu'il pèse son pantalon, qu'il sort son sexe.
01:03 Il me demande si j'ai déjà couché avec un garçon. Je lui dis que non.
01:09 Et là, il me dit je serai pas ton premier.
01:14 Il me met son sexe dans la main pour me demander de masturber.
01:20 Et il le met dans ma bouche pour lui faire une fellation.
01:25 J'avais à peine 17 ans. Je n'avais jamais fait ça.
01:30 Et je suis à ce moment-là complètement bloquée dans mon corps.
01:36 Je trouve que cette image du cauchemar où vous ne pouvez pas bouger, c'est ce qui était le plus parlant.
01:44 J'avais pas d'autre choix, en fait. Je n'avais pas d'autre choix.
01:49 39 ans, elle avait 17 ans à l'époque des faits.
01:52 Comment elle rencontre Gérard Miller ? Comment elle se retrouve dans cette situation ?
01:55 Elle est lycéenne et avec sa meilleure amie, elles ont l'idée d'écrire à Gérard Miller,
01:59 qui est à ce moment-là une star des plateaux télé et de la radio,
02:02 pour l'interviewer pour le journal de leur lycée.
02:05 Elles envoient cette lettre repeinte sans trop y croire.
02:07 Et en fait, Gérard Miller la rappelle, propose un premier rendez-vous.
02:11 Elles viennent avec un troisième ami de leur journal et elles disent que Gérard Miller ouvre la porte de son domicile en disant
02:17 "Vous êtes venu avec votre garde du corps ?"
02:19 L'entrevue est très rapide.
02:21 Et puis, peu de temps après, elle dit que Gérard Miller lui repropose un deuxième rendez-vous avec sa meilleure amie seulement
02:27 pour une séance d'hypnose.
02:29 Elles viennent et puis finalement, l'autre ami refuse.
02:32 Et puis un troisième rendez-vous, cette fois-ci, elle vient seule.
02:35 Il lui propose de la retrouver dans Paris.
02:37 Ils se retrouvent tous les deux un dimanche midi.
02:40 Ils vont déjeuner avec Laurent Ruquier, dit-elle, et deux autres personnes.
02:44 Laurent Ruquier dit ne plus se souvenir de cet épisode.
02:46 Donc ils déjeunent tous les quatre et elle dit "J'ai 17 ans et rendez-vous compte, je suis avec deux stars de la télé.
02:51 Je n'en reviens pas de ce qui est en train de se passer.
02:54 Je réalise à peine ce que je suis là à ce déjeuner".
02:57 Elle les écoutait parler d'Elise Emond, de Liane Folli.
03:00 Le déjeuner se passe et elle dit qu'elle ne sait pas pourquoi, à la fin du déjeuner, elle accepte de le suivre à son domicile.
03:06 Là, elle dit qu'elle se sent un peu groggy.
03:10 Elle arrive chez lui et ensuite se passe la scène qu'elle vient de raconter,
03:14 qui se déroule absolument sans son consentement, puisque rien ne laissait préjager ça.
03:19 Qui remonte à la surface des années après, puisqu'à la suite de la succession de témoignages révélés notamment par Cécile Olivier,
03:26 elle parle et elle évoque une forme d'amnésie assez courante chez les victimes, les femmes victimes de ce genre d'actes.
03:36 Cette phrase "Je ne serai pas ton premier", je ne l'ai pas oubliée.
03:41 J'ai essayé de me rassurer en me disant que non, ce n'était pas le premier,
03:44 mais aujourd'hui, je ne sais pas comment je suis rentrée chez moi,
03:47 je ne sais pas ce qui s'est passé après l'acte, après ce qu'il m'a demandé de lui faire.
03:53 Je me souviens juste d'épaver, je me souviens que ça chancelait, que j'étais groggy.
03:57 C'est un travail que je dois faire avec ma thérapeute, d'essayer de me souvenir,
04:00 parce que d'un côté ça fait peur et de l'autre, si on se souvient, on s'en sort.
04:05 Et je veux savoir ce qui s'est passé après, je veux, et je ne sais pas aujourd'hui vous dire comment je suis rentrée chez moi.
04:11 C'est l'amnésie. C'est à partir du moment où on m'envoie la capture d'écran de l'article de Elle,
04:18 où il y a marqué "Gérard Miller visé par témoignages d'agressions sexuelles et de viols".
04:28 Et c'est super violent parce que les images, la mémoire ne s'efface pas, mais les images elles vous arrivent avec une violence...
04:39 C'est super compliqué, il y a encore des images qui arrivent, il y a des cauchemars.
04:45 Mais ça m'a littéralement sauté au visage.
04:48 C'est marrant parce qu'hier avec Joanna Rosenblum, qui est psychologue clinicienne,
04:52 et qui avec nous chaque mercredi on évoquait l'amnésie traumatique.
04:55 On est en plein dans ce phénomène d'amnésie traumatique chez Aude.
05:00 Oui, c'est-à-dire qu'elle dit que lorsqu'elle sort de son domicile, elle oublie tout.
05:04 Elle n'oublie pas qu'elle a vu Gérard Miller, elle dit d'ailleurs "pendant toutes ces années je vais raconter que je l'ai rencontré à trois reprises",
05:09 mais elle oublie ce qui s'est passé, dit-elle, dans le domicile qu'elle nous raconte aujourd'hui.
05:14 Et elle a une amnésie totale qui se débloque, dit-elle, en lisant le titre de l'article de Elle, parce qu'elle n'a même pas le courage de lire l'article.
05:21 Dont il faut répéter que Gérard Miller est présumé innocent.
05:25 41 témoignages, on est d'accord Cécile Olivier, contre Gérard Miller recensés,
05:29 30 femmes qui livrent un récit détaillé de leur rencontre, 18 évoquent des faits de viol et d'agression sexuelle, et donc 6 plaintes.
05:37 Et à chaque fois, Cécile, plus ou moins le même scénario, on est d'accord ?
05:41 Il y a un scénario en tout cas qui se répète, c'est que ce sont de très jeunes femmes, le plus souvent, 17, 19 ans, rarement plus,
05:49 qu'il rencontre sur des plateaux de télévision, sur les émissions de radio, de télévision, à qui il propose des invitations à déjeuner ou au théâtre,
05:59 et puis chez lui pour faire visiter sa maison, et puis des séances d'hypnose qui déraperaient en agression sexuelle.
06:07 Je voudrais dire, Christophe, qu'on n'est plus maintenant à 41 témoignages, puisque avec ma collègue Alice Augustin de Elle,
06:13 on révèle ce matin 16 nouveaux témoignages, donc on est à une soixantaine, et avec notamment, il y a une nouvelle femme qui l'accuse de l'avoir violée en 2004,
06:25 alors qu'elle était âgée de 17 ans, et qu'elle était vraiment en état de fragilité, elle avait été harcelée à l'école,
06:32 elle avait fait un séjour en hôpital psychiatrique, elle était vraiment pas bien.
06:35 Il y a 4 nouvelles femmes qui l'accusent également d'agression sexuelle, et puis il y a quelque chose qui est un peu nouveau,
06:42 qui est apparu, c'est qu'on a retrouvé une femme qui dit avoir eu une relation suivie avec lui à l'âge de 16 ans, pendant un an et demi,
06:51 et qu'il l'aurait initiée à une sexualité très adulte, puisqu'il lui aurait fait faire des plans à trois, des rapports sexuels à plusieurs, avec d'autres lycéennes.
07:01 - Consentie ou subie ?
07:03 - Alors elle dit, à l'époque, elle avait l'impression de vouloir, mais en fait elle ne sait pas trop pourquoi elle a fait ça avec une copine lycéenne,
07:11 et donc elle se rend compte qu'en fait elle n'aimait pas trop ça, donc cette femme, elle a écrit au parquet de Paris,
07:16 "Qui aura l'opportunité des poursuites ?" mais ça pourrait être qualifié de corruption mineure.
07:20 - D'un mot pour revenir au témoignage d'Aude à Alexandra, est-ce qu'elle a le souvenir d'une séance d'hypnose,
07:25 puisqu'on parlait du modus operandi qui était le même a priori sur toutes les pléniantes d'aujourd'hui ?
07:29 - Non, elle ne parle pas de séance d'hypnose, en revanche elle s'interroge sur cette phrase qu'il lui a dit,
07:34 et qui lui est restée gravée dans sa mémoire, ou en tout cas qui lui est revenue, de "je ne serai pas ton premier".
07:39 Elle se demande si ce n'était pas un mot qui a enclenché derrière, une phrase qui a enclenché derrière une hypnose.
07:43 - Alors Gerhard Miller, pour sa défense, dit depuis le mois de janvier qu'ayant été un homme de pouvoir,
07:48 un rapport inégalitaire existait objectivement dans ses relations qu'il pouvait avoir avec des femmes plus jeunes que lui.
07:54 C'est sa défense. Voilà ce qu'en dit Aude.
07:56 - Ça a été super dur aussi pour moi, quand il s'est défendu, mais d'une façon, pour moi d'une violence,
08:02 de dire, de parler de dissymétrie, et encore cette espèce de toute puissance qu'il avait déjà sûrement à 17 ans,
08:09 cette emprise, et qu'il a encore aujourd'hui, à 75 ans, sur nous, enfin je dis sur moi et sur les autres victimes,
08:16 de nous nier encore, ça me glace le sang en fait.
08:24 Et puis de se rendre compte que ce qu'on a vécu à 17 ans, c'était un mode opératoire chez quelqu'un qui savait très bien ce qu'il faisait.
08:30 C'est un mode opératoire, et ça, ça fait... En fait, quand vous lisez les témoignages, vous vous dites,
08:36 mais en fait, c'est mon histoire. C'est mon histoire, c'est celle que j'ai vécue il y a 22 ans.
08:42 Et il agissait comme ça. C'était bien rodé, et ça, je me dis, on peut pas rester... On peut pas être impuni de ça.
08:50 Même si on est médiatisé, c'est pas possible, là, c'est criminel.
08:56 - Gérard Miller, il a répondu à vos questions ?
08:58 - Alors hier, nous l'avons contacté, il a vu mon message, mais il n'a pas répondu, et son avocate m'a renvoyé à la justice
09:04 en disant qu'elle réservait ses déclarations à la justice.
09:06 - Est-ce qu'il peut échapper à un procès, Cécile ?
09:08 - Alors là, il y a une enquête qui est ouverte par le parquet de Paris, donc ça va se poursuivre, une enquête préliminaire,
09:15 donc il faut qu'il soit mis en examen. La justice, ça peut être très long, donc rien ne dit qu'il y aura un procès,
09:21 mais en tout cas, il y a plusieurs faits de viol sur mineurs, notamment, qui ne sont pas prescrits, donc on peut pas l'exclure.
09:28 - Merci, votre enquête et ses nouvelles révélations, donc, à retrouver dans le magazine Elle, qui sera en kiosque ce matin.
09:34 Et Alexandra, donc le témoignage d'Aude, à retrouver également en intégralité sur BFMTV.com.