Le professeur de criminologie au CNAM et auteur de « Tu ne tueras point » aux éditions Fayard, Alain Bauer, sur la faillite de l'État pour lutter contre l'insécurité : «Il y a un effondrement de l'État sur lui-même»
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00:00 Il n'existe que par la protection.
00:02 Quand il se retire, quand il sous-traite et quand il se considère que ça coûte trop cher
00:06 et qu'il faut laisser d'autres le faire, que le marché va s'autoréguler.
00:10 Parce qu'en fait c'est une logique.
00:12 Moi je suis pour le libéralisme en toutes choses.
00:15 La liberté d'expression comme la liberté de commercer.
00:18 Mais il y a des règles.
00:20 La règle c'est qu'il y a un arbitre et que cet arbitre a les moyens de l'arbitrature.
00:26 On appelle ça le code de la route.
00:27 C'est bien d'avoir une voiture qui va très vite.
00:29 Mais si le but du jeu est de mourir en route, ça n'a aucun intérêt.
00:33 Le code de la route c'est des feux rouges, des passages piétons, des limitations de vitesse
00:37 et même la ceinture de sécurité pour vous protéger contre vous-même.
00:40 Mais pourquoi l'État protecteur a abdiqué ?
00:42 Parce qu'il a considéré qu'il coûtait trop cher, que c'était contraire à...
00:46 Pourquoi ? Parce qu'en France l'État a créé la nation.
00:48 Partout ailleurs des nations ont créé des États.
00:50 Ce sont leurs États.
00:52 Le territoire fait la loi.
00:54 Tout est décentralisé.
00:55 On est plutôt dans une logique, pardonnez-moi de le dire, mais plutôt anglo-saxonne protestante,
01:01 de proximité.
01:02 Et puis en fonction de la gravité des faits, l'État prend une importance plus ou moins grande.
01:06 Pas en France.
01:07 Il est responsable de tout, sur tout.
01:09 Et c'est comme ça qu'il s'est vendu et c'est comme ça que nous l'avons acheté.
01:12 Mais au fur et à mesure du moment où il a supprimé l'instruction publique,
01:15 pour en faire une sorte d'éducation au rabais, supprimé la santé publique,
01:19 où on a plus de contrôleurs de gestion que d'infirmières, supprimé la défense nationale.
01:24 Il a fallu que Jean-Yves Le Drian, au nom d'un prétexte qui était le terrorisme,
01:27 réarme l'armée de terre pour que nous ayons encore une armée.
01:30 Un prétexte ? Le terrorisme ?
01:32 Pour l'armée, oui. L'armée ne lutte pas contre le terrorisme.
01:35 Elle ne lui fait pas la guerre.
01:36 Mais ça a sauvé 10 000 hommes.
01:37 Autrement, ils auraient été supprimés pour des raisons comptables.
01:39 Vous voyez ce que je veux dire ?
01:40 Tous ces éléments-là ont créé les conditions d'un effondrement de l'État sur lui-même.
01:45 Il avait la protection des institutions, il le fait encore, la protection des frontières,
01:49 il l'a sous-traitée aux plus faibles d'entre nous, les Grecs, les frontières italiennes.
01:53 La protection des personnes et des biens, la police s'est retirée.
01:57 Elle est devenue une police d'intervention comme notre armée.
01:59 Elle est en derrière.
02:01 Sous-titrage Société Radio-Canada
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