• il y a 10 mois
Comment réduire l'empreinte carbonne de notre alimentation ? C'est le thème d'une conférence ce soir à St Gély du Fesc.
Elle est organisée par l'Association des Amis des Sciences de la Terre et du Climat et sera animée par Carine Barbier, une économiste de l'environnement qui a beaucoup travaillé sur ces questions.
C'est ce soir à 19h, à la salle des Vériès de St Gély du fesc. L'entrée est libre et gratuite.

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Transcription
00:00 - Déduire l'empreinte carbone de notre alimentation, c'est le thème d'une conférence ce soir à Saint-Géli du Fesque.
00:05 Guillaume, nous accueillons ce matin dans le studio de France Bluéro, Karine Barnier qui est économiste...
00:09 - Barbier !
00:09 - Barbier !
00:10 - Il y a une petite faute de frappe et j'en suis le responsable et je m'excuse auprès de madame Barbier.
00:13 C'est bien Barbier, pas Barnier.
00:15 - Économiste de l'environnement au CNRS à Montpellier.
00:18 On est bon ! Bon ben c'est parfait alors.
00:20 - Ah là on est bon ! Bonjour Karine Barbier.
00:22 - Bonjour.
00:23 - Pardon pour cette faute de frappe. Merci d'être venue nous rejoindre en studio.
00:25 Ce soir vous animez à l'invitation de l'Aztec donc à Saint-Géli une conférence sur le thème de l'impact de notre alimentation sur la planète
00:35 et surtout en termes de gaz à effet de serre et d'empreinte carbone.
00:40 Et il est considérable cet impact.
00:42 Pour nous le confirmer.
00:44 - Oui tout à fait il est considérable puisque l'alimentation représente à peu près un quart de nos émissions de gaz à effet de serre.
00:50 Si on prend l'ensemble du système alimentaire du champ à l'assiette.
00:52 - Un quart des gaz.
00:53 - Un quart des gaz.
00:54 - Et par rapport à ce que nous mangeons et la façon dont nous nous alimentons en fait.
01:00 - Oui la façon dont on produit ces aliments, d'où ils viennent, les transports qu'ils ont suscité, la transformation qui est induite derrière.
01:07 Et donc si on fait le total de toutes ces émissions depuis la production, la transformation, la distribution jusque dans nos assiettes, cuisson, les aliments etc.
01:15 On a à peu près 160 millions de tonnes équivalent CO2 produits chaque année en France pour l'alimentation de la population française.
01:23 - Alors le gros problème je crois que vous allez nous dire c'est la viande.
01:26 Est-ce que vous allez nous dire ce matin qu'il faut arrêter de manger de la viande ?
01:29 Parce qu'on entend ça aujourd'hui.
01:31 - Je pense qu'il faut réduire de manière importante notre consommation de viande et de produits laitiers.
01:37 Puisque vous savez qu'il y a beaucoup de ruminants derrière cette consommation.
01:42 Et les ruminants sont des animaux qui émettent un gaz particulier qui est le méthane.
01:46 - Oui, qui est très destructeur.
01:48 - Et le méthane a un pouvoir de réchauffement global beaucoup plus important que le CO2 lui-même.
01:52 - Je crois que c'est 28 fois plus puissant en termes de gaz à effet de serre que le CO2 par exemple.
02:00 - Oui, tout à fait, que le CO2.
02:02 Il y a aussi un troisième gaz qui est émis par l'alimentation au travers des engrais minéraux azotés.
02:08 C'est-à-dire pour faire pousser notamment le blé, les grandes cultures, les oléoprothéagineux.
02:13 Et c'est le protoxyde d'azote.
02:16 Ce protoxyde d'azote qui est libéré à l'occasion de ces cultures qui a un pouvoir de réchauffement global de plus de 300 fois le CO2.
02:25 - Cultures qui sont faites pour alimenter les animaux en plus.
02:28 Donc là en fait on est dans une espèce de cercle vicieux. On n'en sort pas.
02:32 - Oui, c'est vrai qu'il y a à peu près la moitié de toutes les céréales qu'on produit
02:36 et des autres types de plantes comme les oléoprothéagineux qui servent à alimenter le bétail.
02:42 Donc c'est énorme et c'est beaucoup de surface aussi en France.
02:46 - On va revenir là-dessus dans un instant parce qu'il y a un chiffre aussi qui moi m'a vraiment fait tomber de l'armoire.
02:50 Mais avant ça je voudrais qu'on reste sur les animaux.
02:52 Il y a un peu trois catégories. Il y a ce qu'on appelle les ruminants, les porcs et les volailles.
02:57 Ils n'ont pas tous le même impact.
02:59 Les porcs je crois que pour un kilo... Pardon, les bovins, pour un kilo de viande de bœuf achetée,
03:06 c'est 14 kilos de gaz à effet de serre produit derrière, c'est ça ?
03:10 C'est le bon chiffre ?
03:11 - Oui, alors c'est pas exactement un kilo de viande achetée, c'est un kilo à équivalent carcasse.
03:17 C'est vraiment la bête encore sur pied j'ai envie de dire.
03:20 - Et c'est 14 kilos derrière de gaz à effet de serre ?
03:22 - C'est 14 kilos parce que c'est un ruminant. C'est vrai aussi pour les brebis ou les chèvres, c'est des ruminants.
03:26 Donc ils ont un système de digestion particulier qui émet du gaz.
03:30 C'est ce qu'on appelle la fermentation étérique.
03:32 C'est pas le cas des porcs et des volailles puisque on appelle ça plutôt des monogastriques, un seul estomac.
03:38 Et eux digèrent comme nous.
03:41 - Là c'est moins, c'est 2-3 kilos je crois pour un kilo de bœuf.
03:43 - Pour les porcs c'est plutôt 4 et pour la volaille c'est plutôt 2 en schématisant.
03:48 - Il ne s'agit pas de faire du bœuf bashing ce matin, mais c'est de poser les chiffres,
03:52 que tout le monde les connaisse et que tout le monde réfléchisse un peu en conscience.
03:55 - Oui tout à fait, tout en pensant, comme on le disait tout à l'heure,
03:58 que tous ces animaux consomment énormément d'alimentation,
04:01 notamment les porcs et les volailles consomment du maïs,
04:05 ils consomment des graines en grande partie, des granivores.
04:08 Et donc ces graines doivent être produites,
04:11 il y a aussi tous les tortos de soja qui alimentent une grande partie de tous ces élevages.
04:15 Et bien sûr là il y a du protoxyde d'azote qui est émis avec les engrais minéraux azotés,
04:20 sauf si on arrive à passer à un autre type de fertilisation des sols.
04:26 - Et un autre chiffre très impressionnant, je le disais,
04:29 issu de l'étude que vous menez depuis des années sur ces questions,
04:32 depuis le confinement, vous vous êtes plongé dans les données au moment du confinement,
04:35 mais disiez-vous, en France, 85% des surfaces agricoles sont consacrées
04:41 à cultiver de l'alimentation animale.
04:44 Je ne me trompe pas ? C'est bien ce chiffre-là ? 85% c'est considérable !
04:48 - Alors on ne peut pas exactement parler de cultiver,
04:50 puisque dans ces 85% il y a les prairies, bien sûr il y a les prairies permanentes,
04:54 il y a des prairies temporaires, etc.
04:56 Donc il y a déjà l'ensemble de ces prairies-là qui sont importantes en France.
05:00 Et puis il y a effectivement toutes les céréales qui sont produites.
05:03 - Uniquement pour les animaux, même pas pour notre petit-déj le matin,
05:07 pour fabriquer nos pâtes alimentaires ?
05:09 - Oui, effectivement, c'est 85% de la surface agricole utile, comme on dit,
05:14 puisque finalement le reste utilise beaucoup moins de terre.
05:18 Les fruits et légumes, par exemple, sont beaucoup moins consommateurs de terre
05:21 que les grandes cultures.
05:23 - Alors je voudrais qu'on s'arrête aussi un instant, on parlera du transport après,
05:26 parce que c'est important le transport à travers les planètes,
05:28 c'est un générateur aussi de beaucoup de gaz à effet de serre,
05:30 et le transport de toute cette viande, ou de fruits et légumes importés,
05:33 on est en plein dans le débat en ce moment avec la crise agricole.
05:36 Mais les produits laitiers aussi, impact important, dites-vous ?
05:40 - Oui, bien sûr, il faut penser à chaque fois à viande et produits laitiers,
05:44 puisque ça vient des mêmes animaux, en l'occurrence essentiellement des bovins,
05:47 des vaches laitières, et donc évidemment, ce sont les mêmes animaux
05:52 qui produisent ce méthane de manière importante,
05:55 donc à chaque fois qu'on consomme du lait, forcément derrière,
05:58 il y a aussi de la viande, on ne peut pas séparer les deux,
06:01 et bien sûr, le fromage, tous les produits laitiers ont un impact
06:04 tout à fait important, supérieur même au porc et au volaille,
06:08 si on fait ces comptes-là.
06:10 - Donc ça veut dire qu'il faut arrêter de manger de la viande et du fromage, et des yaourts ?
06:13 - Oui, en fait, il faut réduire...
06:16 Aujourd'hui, on consomme deux fois trop de protéines
06:19 par rapport à ce qu'on a besoin d'un point de vue nutritionnel,
06:21 donc ça veut dire qu'on peut réduire de moitié, carrément,
06:24 notre consommation de viande ou de produits laitiers,
06:26 sans avoir la moindre carence nutritionnelle de ce point de vue-là,
06:30 donc c'est déjà... et même sans avoir besoin de substituer,
06:33 on peut encore aller un peu plus loin,
06:35 en mangeant des légumineuses, par exemple,
06:37 qui permettent d'apporter des protéines de manière importante.
06:39 - Voilà, moins de protéines animales et plus de protéines végétales.
06:42 - En plus, voilà, il faut faire les deux à la fois.
06:44 Diminuer de manière importante les protéines en général,
06:47 on n'a pas besoin de tout ça, et puis aussi éviter la surconsommation,
06:51 on sait très bien qu'il y a une vraie convergence
06:53 entre la question de la nutrition et la question de l'environnement,
06:56 puisqu'on mange en gros trop sucré, trop salé, etc.,
07:01 et qu'il y a vraiment une vraie nécessité à essayer de consommer moins,
07:05 d'éviter les problèmes d'obésité,
07:07 on sait que la viande aussi crée des problèmes cardiovasculaires,
07:10 par exemple, importants, donc il y a des conséquences
07:13 en termes de santé publique importantes,
07:15 donc il faut vraiment trouver des synergies et penser
07:17 qu'une alimentation plus végétale est en général beaucoup plus saine.
07:20 - Je reviens sur l'impact environnemental de notre façon de s'alimenter,
07:23 le transport, là aussi c'est une part extrêmement importante,
07:26 parce que toute cette viande, pas forcément celle qu'on importe
07:29 ou qu'on exporte, mais qu'on va aller chercher peut-être à 400 km,
07:32 ça reste français par exemple, c'est peut-être aussi du bio par exemple,
07:35 sauf qu'il faut la transporter, et ça aussi c'est un vrai impact, dites-vous.
07:39 - Oui, alors on importe à peu près 15 à 20% de notre alimentation,
07:44 mais bien sûr, il y a une bonne partie qui vient parfois de très loin,
07:47 notamment quand on importe des produits hors saison,
07:49 souvent on va les chercher dans l'hémisphère sud,
07:51 et puis aussi il y a toute l'alimentation animale,
07:53 notamment les tourteaux de soja qui viennent d'Amérique latine.
07:56 - Et qui provoquent de la déforestation en plus.
07:59 - Et parfois, qui provoquent de la déforestation,
08:02 et donc c'est extrêmement important.
08:04 - Vous vouliez ajouter ?
08:05 - Oui, je voulais juste ajouter une chose,
08:07 c'est que cette transition-là vers une alimentation plus végétale,
08:11 elle doit aussi se faire avec un accompagnement bien sûr du secteur agricole,
08:14 du monde agricole, des paysans, des éleveurs,
08:19 puisque c'est aujourd'hui en débat.
08:21 - Ils en vivent, et c'est ce qu'ils dénoncent aujourd'hui.
08:22 - Oui, tout à fait, donc c'est vraiment l'idée d'aller vers une plus grande qualité,
08:25 avec effectivement une production qui soit plus rémunératrice,
08:28 donc il faut un accompagnement, il faut probablement un changement
08:31 des aides de la PAC, de la manière dont elles sont distribuées,
08:34 pour essayer de niveler un peu plus les inégalités de revenus
08:37 entre ce monde agricole, et donc c'est vraiment une transformation,
08:41 et l'agriculture est la première touchée par le changement climatique,
08:44 donc la résilience de l'agriculture, la sécurité alimentaire,
08:48 elles passent aussi par cette transformation de ce système
08:51 où il faut combiner les questions de consommation alimentaire
08:54 et les questions d'avoir une production qui soit rémunératrice
08:57 pour les éleveurs et pour les paysans en général.
09:00 - Toutes ces questions sont passionnantes, je propose à ceux qui nous écoutent ce matin
09:03 ou qui nous regardent d'aller vous écouter ce soir à Saint-Gélie-du-Fesque,
09:07 à l'invitation de l'Aztec, l'association des amis des sciences de la Terre,
09:10 et du climat, c'est à 19h à la salle des Verriès,
09:13 l'entrée est libre et gratuite, et puis je renvoie aussi à un podcast
09:16 du journal Le Monde, que vous m'avez fait parvenir
09:19 avec un long entretien que vous leur avez accordé de 45 minutes,
09:22 où vous reprenez et vous détaillez un peu ces questions,
09:25 c'est passionnant, on apprend plein de choses, on va sur le site du Monde,
09:28 dans la rubrique "climat" pour écouter un podcast intitulé
09:31 "Pour atteindre la neutralité carbone, il faut manger beaucoup moins de viande",
09:34 et c'est un long entretien que vous leur avez accordé, Karine Barbier,
09:37 qui est tout à fait intéressant. Merci d'être venue nous en parler,
09:40 en tout cas ce matin, dans le 6/9. - Merci M. Rolland.
09:43 - Merci à vous. - Et vous retrouvez cet entretien sur notre site internet
09:46 francebleu.fr. Dans un instant, la petite histoire du jour,
09:49 avec Leopoldine Dufour, qui va nous parler d'un ministre de l'Intérieur,
09:52 qui en son temps a beaucoup fait pour les agriculteurs,
09:55 il n'osait rien, mais il est passé par chez nous, par Montpellier,
09:58 évidemment. Nous sommes le 27 février aujourd'hui, c'est un jour important
10:01 pour Patrick Bruel, qui repart en tournée, énorme tournée qui commence
10:04 aujourd'hui, et les premiers à assister à cette série de concerts sont
10:07 celles et ceux qui seront à la Narbonne Arena, qui commence par Narbonne,
10:10 puis après il part dans le Nord, puis il reviendra à Montpellier le 23 mai.
10:13 On l'écoute avec le café.

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