Le président de la République, Emmanuel Macron, s'est rendu ce samedi à l'ouverture du Salon international de l'agriculture, à Paris. Le chef de l'État a reçu un accueil mouvementé par les agriculteurs, en pleine mobilisation depuis plusieurs semaines.
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00:00 Est-ce que vous regrettez la tour en New York après la journée d'inauguration ?
00:04 Je suis d'abord... On n'a pas fini. On va encore aller chez les Brasseurs.
00:07 On a quelques rendez-vous. Et là, on a eu la réunion de travail qui était prévue avec nos pêcheurs.
00:14 Qui aurait dit ce matin que 12 heures plus tard, on se retrouverait ici à continuer de travailler, d'avancer ?
00:20 Donc on fait les choses. On avance. On travaille. On voit les filières.
00:24 On voit les agriculteurs et les familles qui sont là pour le salon. Donc on fait... On avance.
00:32 Et c'est ce que méritent les agriculteurs français et la ferme française.
00:36 Moi, je veux ici d'abord remercier ceux qui m'ont accueilli et remercier les organisateurs du salon
00:43 et tous les exposants parce que c'est extrêmement important. Et je l'ai dit, c'est le fruit de plusieurs mois,
00:48 parfois plusieurs années de travail pour nos exploitants qui sont là.
00:53 C'est une édition importante, un anniversaire important pour notre salon.
00:57 Et je remercie son président une fois encore d'être là au rendez-vous.
01:02 Il fait 16 ans maintenant. Il est là ? Il est où le président ?
01:06 Il est avec moi. Il est là-bas au téléphone.
01:09 C'est sa 16e année. Je crois qu'il arrête cette année. Voilà. Il va passer le relais.
01:12 Mais c'est un rendez-vous important. Et je souhaite que les familles françaises puissent se rendre
01:17 tout au long de la semaine ici pour venir découvrir l'agriculture de manière apaisée.
01:22 Après, ce matin, il y avait de la colère, de l'impatience, des demandes.
01:28 Et moi, j'ai été comme à chaque fois d'ailleurs au contact et à disposition pour pas simplement échanger,
01:34 mais écouter, expliquer ce qu'on avait déjà fait, lancer des nouvelles actions, donner des rendez-vous et agir.
01:41 Et après, il y a des gens qui n'avaient pas envie d'écouter, qui avaient juste envie pour certains de casser ou de siffler.
01:46 Bon, ça, il ne faut pas que ça empêche les autres de faire parce que ça n'a jamais réglé un problème.
01:50 — Monsieur le Président, vous avez dit qu'il y a des gens ici qui sont venus avec un projet politique,
01:55 c'est de servir le RN. Vous parliez de qui ? C'est qui ces gens ? La coordination de vos règles ?
01:59 — Bien sûr, il y en a dans ce syndicat. Il y en a aussi dans d'autres. Mais c'est le principal qui avait très clairement
02:04 assumé cela et qui est connu pour cela, qui a des élus qui sont engagés sur des listes et qui très clairement,
02:10 d'ailleurs, malgré les discussions, malgré les échanges, dit en fait « On y va. Bon, bah, c'est tout.
02:15 On a le droit de pas être dupe ». Moi, je suis pour l'échange honnête, républicain. Je suis pour répondre à des problématiques.
02:22 Et je pense que nos agriculteurs, ils ont besoin qu'on travaille. Il y a des vrais sujets qui ne vont pas.
02:27 Il y a des complexités. Ils ont raison de dire qu'il y a des choses qui marchent totalement sur la tête.
02:32 C'est tout à fait légitime de dire qu'il faut mieux défendre le revenu. On a déjà fait avec Egalim 1, 2 et 3.
02:36 Mais on doit aller plus loin. C'est ce que j'ai proposé. C'est vrai qu'on doit avoir une Europe qui assume de produire
02:40 et de protéger davantage. Mais je refuse d'avoir une politisation de ces débats et au fond de profiter de la détresse ou de la colère
02:48 pour essayer de revenir par la fenêtre et de porter un projet qui est un projet d'appauvrissement du pays.
02:55 Parce que qu'est-ce qu'ils leur disent ? Ils leur disent « Bah, allez, on va se débarrasser des normes. Ça va bien se passer.
02:59 Vous allez voir. Tout ce qu'on vous raconte sur l'environnement, on laisse tomber ». C'est de la folie de faire ça.
03:05 C'est de la folie. C'est de la folie pour aujourd'hui, pour la santé des agriculteurs eux-mêmes, pour la santé de nos compatriotes
03:10 et même pour notre compétitivité, parce que c'est une transition qui se fait dans toutes nos économies.
03:14 Il faut le faire de manière responsable. Il faut mieux accompagner. Il faut simplifier. Il ne faut pas tout lâcher.
03:19 Et puis les mêmes, ils leur disent « Vous savez, on va arrêter avec l'Europe. C'est trop compliqué. On va vous protéger.
03:23 Dans une démagogie complète, on va fermer les frontières quand ça ne vous arrange pas ».
03:27 Mais ils oublient de leur dire que par ailleurs, la ferme française, elle ne marche pas s'il n'y a pas l'Europe.
03:32 Elle ne marche pas s'il n'y a pas la PAC et elle ne marche pas si on ne continue pas nous-mêmes à importer des choses de l'Europe
03:37 dont on a besoin, parfois pour nourrir nos bêtes ou autres, et nous-mêmes exporter des productions qui sont les nôtres dans le reste de l'Europe.
03:43 Et comme j'avais eu l'occasion de le dire dans les deux débats présidentiels qui m'ont opposé au deuxième tour au Rassemblement national,
03:50 je veux bien un projet qui explique aux gens qu'on va fermer les frontières et que les autres vont continuer à les ouvrir pour nous, mais ça n'existe pas.
03:55 — C'est un message pour Jordan Bardella qui vient demain ? — Mais c'est un message pour tout le monde. C'est un message.
03:59 On ne peut pas raconter des craques aux agriculteurs. Il faut arrêter. Et donc il y a des choses qui ne vont pas assez vite. C'est tout à fait vrai.
04:06 Il y a des choses qui ne marchent pas bien. Il y a des choses qui m'exaspèrent moi aussi. C'est-à-dire quand on prend des engagements, ça bouge pas assez sur le terrain.
04:13 Mais on a un travail, une transition. Et au fond, ce qu'on est collectivement en train de bâtir, c'est un nouveau pacte de la nation avec ses agriculteurs,
04:22 comme on l'a fait dans les années 60, où il y a eu un pacte de la nation avec les agriculteurs pour nourrir. Et il a été tenu, ce pacte.
04:29 La ferme française, elle a été au rendez-vous. Mais elle a été sur un modèle productif qu'on doit changer.
04:34 C'est-à-dire c'était un modèle productif où on a mis beaucoup de rendement, de la chimie, etc. Et il faut stigmatiser personne, parce que c'est un modèle
04:41 qui a été pensé comme ça, conçu comme ça. Mais les agriculteurs ont fait le boulot. Aujourd'hui, c'est un nouveau pacte qu'on fait, qui est un pacte qui, justement,
04:50 doit défendre le revenu, la souveraineté alimentaire et qui repose sur ces 3 valeurs, ces 3 objectifs que j'ai définis. Nourrir.
04:58 Donc on doit assumer de produire et notre souveraineté alimentaire, l'agricole, de protéger. C'est-à-dire qu'on doit assumer la protection de nos sols,
05:08 notre biodiversité, de la variété de nos espèces, la protection aussi de nos agriculteurs et de tous nos compatriotes, et renouveler.
05:16 Parce qu'un des grands défis, c'est aussi d'attirer des jeunes et de les installer. Pour faire ça, il faut du revenu, il faut encore améliorer les relations commerciales,
05:24 il faut de la simplification, il faut de la concurrence loyale et il faut une Europe qui marche mieux et plus fort.
05:28 — Monsieur le Président, il y a un certain nombre de sujets qui sont européens. Aujourd'hui, votre camp n'a pas de tête de liste pour les élections en juin prochain.
05:34 — Ne vous inquiétez pas, ça va venir. — Qui sera la tête de liste ? Et est-ce que ça veut dire, s'il n'y en a pas aujourd'hui, que ce sera vous, pré-campagne ?
05:40 — Est-ce qu'il y a des avantages par rapport au RN qui a déjà fait son candidat ? — Non. Parce que moi, je vous le dis, je pense et je suis convaincu
05:46 que le salon de l'agriculture n'est pas le lieu d'une campagne. Il y en a qui ont commencé leur campagne avec les sifflets ou autres.
05:52 Mais c'est pas à la hauteur du débat. — Vous avez fait des campagnes présidentielles au salon de l'agriculture ?
05:56 — Des campagnes présidentielles. Mais là, la campagne européenne, dans une crise, j'ai fait des campagnes présidentielles dans des moments
06:01 comme tous les candidats présidentiels où l'agriculture n'était pas dans cette situation-là.
06:05 — Vous savez qui sera le candidat ? Vous avez le nom, vous ? — Oui. Parfaitement. — Un indice. Ça commence par « comment », ça finit par « bonne ».
06:11 — Ça n'est pas le lieu pour faire campagne, mais c'est vous-même qui avez mis le sujet du RN sur la table en faisant en quelque sorte
06:17 l'amalgame entre la coordination rurale et le RN. — Non, j'ai pas fait d'amalgame. — Alors expliquez-nous.
06:21 — Je ne mets pas tout le monde dans le même sac, parce qu'il y a des gens avec qui je m'attends et avec qui j'ai débattu,
06:24 des différentes coordinations et qui étaient des départements, qui voulaient débattre et qui parlaient de leurs problèmes.
06:29 Après, je suis dupe de rien. J'ai vu aussi des gens. Je les reconnais. Je connais les slogans qu'ils ont. Et je sais très bien de qui il s'agit.
06:34 — Le principal slogan était « Macron démission ». Il est assez partagé. On peut pas dire que ce soit le RN.
06:38 — Oui. Enfin s'il était si partagé que ça, vous m'excuserez, mais j'aurais été élu ni en 2017 ni réélu en 2022 en attendant.
06:44 Donc on va remettre l'Église au milieu du village. — Est-ce que vous-même, vous n'ouvrez pas la course aux européennes en tenant ce discours ?
06:49 — Non. Ce que je dis simplement, c'est que ce que je vois ici, les projets, les tracts qu'on a vus aussi, les appels à la mobilisation,
06:55 je sais d'où ils viennent. Et donc je dis simplement que le temps des élections européennes va venir. C'est le 9 juin.
07:01 — Ce sera un an ou une semaine ? — Il y aura une tête de liste qui sera désignée pour le bloc central.
07:06 — Déjà désignée. — Et ensemble, et qui sera officialisée dans les prochains jours.
07:11 — Qu'est-ce que vous dites aux agriculteurs pour le reste de ce salon ? Faites la fête sans penser à vos problèmes.
07:15 — Pas du tout. — Tout est réglé ? — Mais attendez. Vous m'avez entendu ce matin pendant 2 heures et demie.
07:19 D'abord, un, je dis qu'il faut respecter le salon. Il faut permettre aux gens de venir en toute quiétude avec leur famille,
07:26 tranquillement, pour pouvoir en profiter et que les exposants qui sont là puissent valoriser leurs produits.
07:33 Ils font un investissement en venant. C'est le fruit de leur travail en amont. Mais aussi, ils font parfois une dépense
07:37 pour revenir sur les stands. Donc il faut que ça se passe bien. Deux, on est au boulot. Moi, je l'ai dit dès lundi.
07:43 On a la réunion d'urgence sur la trésorerie. On continue le travail. Il y a les 62 mesures du gouvernement.
07:49 J'ai lancé de nouveaux chantiers. Et moi, je leur ai donné rendez-vous dans 3 semaines à l'Élysée.
07:53 Donc on sera pas au même point dans 3 semaines. C'est un travail d'arrache-pied qui va se faire avec les syndicats et avec les profiteurs.
08:00 Ce que j'ai demandé aussi aux syndicats, c'est maintenant, dans les prochains jours, de clarifier le cadre de référence.
08:06 Parce que vous voyez bien dans le dialogue qu'on a eu avec ce matin des exploitants, quand vous avez des centaines de demandes,
08:13 le gouvernement, il a fait une réponse en 62 points. Mais pour beaucoup de gens, ils suivent pas forcément les 62 points.
08:19 Donc on finit par plus savoir quelles sont les revendications et donc par plus savoir exactement qu'est-ce qui fait qu'on arrête une crise.
08:26 Donc elle a commencé avec le GNR. Le gouvernement y a répondu. Il y a eu beaucoup d'éléments de simplification. Il y a eu 62 réponses.
08:32 Donc maintenant, le rôle des syndicats, c'est de nous dire quelles sont les 4-5 attentes clés pour qu'on puisse y apporter une réponse.
08:39 — Vous semblez cibler la coordination rurale qui, effectivement, a été... — Mais moi, j'aime pas... — Je finis juste ma question.
08:44 — Non mais je vais vous dire pourquoi je cible personne. Je dis juste... Ce matin, j'ai tenu ce qui ne s'est jamais fait par un président de la République.
08:51 Une réunion avec tous les syndicats avant l'ouverture du Salon. C'est pas la tradition.
08:55 — Vous n'étiez pas trop chaud, parce que votre grand débat n'a pas pu avoir lieu ? — Non, non, mais c'est pas le mien. C'était celui qui était demandé.
08:59 Pardon. Moi, j'essaie de faire ce qui est utile. Pour la première fois, il y a une réunion intersyndicale. Je réunis les gens. Je leur dis quels sont vos points.
09:06 Je leur dis je vais dire ça. Ensuite, on se met d'accord ensemble. On dit on calme les choses. On fait venir une vingtaine.
09:11 Et après, j'ai des responsables nationaux qui descendent et qui disent on n'a rien entendu, vous pouvez continuer. Et je... Donc je dis...
09:18 Ça s'appelle ne pas tenir des accords. J'aime pas ça. Quand on me prend pour un imbécile, je n'aime pas ça. C'est tout.
09:24 — Monsieur le Président, qui vous a pris pour un imbécile ? La FNSEA ? — Résolument. Résolument.
09:28 Non mais en tout cas, résolument, les messages qui ont été donnés après les échanges qu'on a eus n'étaient pas ceux qui m'avaient été tenu en tête à tête. C'est tout.
09:36 — Juste une précision, parce qu'il y a des lecteurs qui n'ont pas compris la mesure sur le prix de plancher que vous avez annoncé.
09:40 Prix de plancher européen, prix de plancher national. Est-ce que vous pouvez nous réexpliquer un tout petit peu ?
09:44 — Alors d'abord, qu'est-ce qu'on a fait ces dernières années avec les Gallim ? On a construit des indicateurs de référence.
09:50 C'est-à-dire qu'on a dit quels sont nos coûts de production. On a construit un indicateur par filière. Et donc ces indicateurs, simplement,
09:56 un, il y a des filières qui ne les ont pas faits, et deux, cet indicateur, il est contractualisé sur cette base, mais c'est pas obligatoire.
10:04 Et c'est pas forcément un plancher. C'est-à-dire que vous pouvez avoir d'autres volumes qui sont en dessous de cet indicateur.
10:09 Aujourd'hui, il est clair que sur la base, des indicateurs qui sont faits et qui ont été définis par ce qu'on appelle les Gallim II,
10:15 on doit pouvoir construire une forme de prix minimum. C'est ça qui permettra de protéger. C'est ce qui fait qu'on dirait... Dans une filière,
10:21 on définit quel est en gros le coût de production d'un produit. Et on dit que c'est pas possible qu'il soit vendu en dessous de ce coût de production.
10:29 — À l'échelle européenne ? — Donc ça, c'est à l'échelle française. On va le faire déjà. Et on peut le faire. Donc ça, c'est ce que nous allons faire.
10:35 Ce qu'on a poussé, c'est qu'on puisse le faire à l'échelle européenne. Et donc à l'échelle européenne, on va essayer de se battre pour avoir en effet
10:40 une espèce de prix plancher filière par filière. Mais surtout, ce que j'ai dit à l'échelle européenne, c'est qu'on veut un égalime européen pour attraper
10:47 les centrales d'achat. Et tout ça est un peu technique, mais nos agriculteurs le connaissent très bien parce qu'ils le vivent. C'est qu'aujourd'hui,
10:55 quand il y a des négociations commerciales comme celles qui se sont finies il y a quelques semaines, eh ben on a une situation où, pour contourner la loi française,
11:03 vous avez des groupes qui en fait n'achètent pas avec leurs bras français, mais vont utiliser une centrale d'achat qu'ils vont mettre à Amsterdam
11:10 ou dans d'autres pays et qui va permettre de contourner la loi française et le respect de ses 10 indicateurs.
11:15 D'où les contrôles actuels lancés par l'ONU.
11:17 Alors d'où les contrôles qu'on fait, mais d'où aussi le fait qu'on a besoin de mesures qui soient cohérentes au niveau européen parce qu'en fait, vous le voyez bien,
11:23 on a besoin de l'attraper par l'Europe. Et là, la Commission européenne nous suit. Ça fait partie du dialogue stratégique qu'on a amorcé.
11:29 Et donc il y a tout un pan européen, c'est ce que vous avez dit. Donc là-dessus, c'est tout à fait vrai que c'est aussi des sujets européens.
11:35 — C'est qu'on voit un candidat, quoi. Que vous avez d'ailleurs déjà. Vous avez en tête.
11:39 — Voilà. Et donc ça va venir en temps et en heure. Mais donc l'Europe, elle est au cœur de ce salon de toute façon.
11:44 Parce que selon toutes les choses, on a besoin d'avoir une réponse européenne pour les groupes centrales d'achat, pour essayer d'avoir un prix minimum européen,
11:51 pour avoir une concurrence loyale, pour avoir des contrôles européens et pour surtout revoir la stratégie qui aujourd'hui doit assumer de mieux produire,
12:00 de produire davantage en Europe. Et donc ça, c'est ce qu'on va porter. Et je veux insister sur un point qu'il faut que nos compatriotes aient en tête.
12:08 La crise agricole, elle est européenne. Elle n'est pas que française. Les mouvements, d'ailleurs, durent depuis beaucoup plus longtemps en Allemagne
12:17 et dans d'autres pays et sont beaucoup plus violents dans de nombreux pays européens. Donc la France n'est pas du tout isolée en la matière.
12:24 La France, c'est simplement le pays où on a au niveau national remis le plus d'engagement. Et moi, je veux être au contact,
12:32 parce que nous, c'est notre tradition, c'est notre art de vivre à la française, c'est aussi nos paysages. Et donc moi, je considère que s'engager pour l'agriculture,
12:40 c'est une nécessité. Mais c'est une crise européenne. — Vous avez dit que vous souhaitiez être au contact.
12:44 Aujourd'hui, c'est inédit. On a l'impression qu'on a vu plus de CRS que de vaches. — Moi, j'ai vu... Alors il y avait beaucoup de CRS. Je le déplore.
12:51 Mais pourquoi ? Parce qu'il y avait aussi beaucoup de gens qui étaient un peu excités. Après, vous avez vu cet après-midi, moi, j'ai vu plus de Français
12:57 que de Françaises qui étaient là, qui étaient exploitants, familles et autres. Si vous m'avez suivi cet après-midi, en toute honnêteté, là, on a vu des Françaises
13:04 et des Français comme on voit à chaque salon. Voilà. — Parce que vous avez jamais de hôles aussi. Le hôle 4, il y a plus de hôles qu'au hôle 1.
13:08 — Parce que je ne voulais pas... Mais pour une raison simple. Parce que je ne voulais pas continuer d'empêcher de fonctionner le hôle où il y a des gens aussi
13:16 qui ont payé un salon, qui doivent pouvoir vivre. Donc c'est aussi par respect. Je me suis adapté. J'ai vu les filières ici pour permettre que des gens
13:23 qui ont payé leur stand, qui, ce matin, ont attendu, n'ont pas pu fonctionner puissent le faire cet après-midi. On essaie d'être intelligents collectivement.
13:29 Mais on doit jamais céder aux énervements. Vous savez, aujourd'hui, il y a dû avoir 40 000 à 50 000 entrées. Il y avait 300 000, 400 000 personnes
13:36 qui étaient des gens énervés. — En plus. — Non. C'est les chiffres qui viennent de m'être donnés. Vous pourrez voir avec la préfecture de police
13:41 comme avec les organisateurs. 500 ? — Franchement, ils étaient... — On n'a jamais dû désigner un salon tout ça dans la vie.
13:47 — Non mais... — Plusieurs grosses centaines. — Ne les félicitez pas de ça. C'est dramatique. Et c'est ridicule de la part d'agriculteurs d'avoir fait de la violence
13:55 sur un salon qui est leur. Mais donc mettons que vous en aviez 500. Si vous en avez 500 alors que vous avez eu 50 000 visiteurs,
14:01 on peut pas dire que c'est la majorité. Donc il faut pas que ces 500, si vous voulez, empêchent les autres de fonctionner et les familles de circuler.
14:08 C'est aussi pour ça qu'on a... — Mais... — ...des organisations. — Une dernière question. — Une dernière question internationale.
14:11 Simplement, ça fait 2 ans que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a commencé. Aujourd'hui, quand vous regardez la situation,
14:18 est-ce que la Russie est en train de prendre l'ascendant ? Et puis on a appris que le corps d'Alexei Navalny avait été restitué à la famille.
14:23 Qu'attendez-vous désormais dans la suite ? — Je vais pas faire de commentaires internationaux, parce que lundi, donc dans 2 jours, je réunis à Paris
14:30 plusieurs dizaines de dirigeants européens et internationaux pour justement renforcer l'aide à l'Ukraine, mais surtout avoir une discussion stratégique
14:39 sur la nature et les caractéristiques de notre aide à l'Ukraine. Je suis convaincu – je l'ai dit quand j'ai reçu le président Zelensky –
14:47 que nous sommes à un moment critique et qu'on doit aujourd'hui renforcer notre posture, donner de la visibilité, nous réengager encore davantage,
14:55 mais aussi comment crédibiliser le fait que la Russie ne peut pas gagner en Ukraine, mais que maintenant, elle a décidé de nous attaquer nous-mêmes.
15:02 Et donc on doit accepter aussi de mener des actions nouvelles. C'est ça dont on va parler lundi.
15:06 — C'est sûr qu'ils sont pas en train de gagner en Ukraine, les Russes ? — Non. Aujourd'hui, je peux pas être très ollument.
15:11 Il y a 2 ans, jour pour jour, j'étais dans le salon aux côtés de nos agriculteurs. — Très tôt. Tu es parti très tôt, justement.
15:15 — Évidemment. J'avais passé la nuit au téléphone. On a agi toute la journée. Mais il y a 2 ans, jour pour jour, le président russe disait
15:23 « Je mène une opération spéciale. Dans 3 semaines, c'est fini ». Bon, c'est pas le cas. Il y a 2 ans, il imaginait pas que la Suède et la Finlande
15:30 allaient rejoindre l'OTAN. Ce sera ratifié lundi pour la Suède. C'est déjà fait pour la Finlande.
15:34 — Évidemment, il est en train de gagner, mais... — Et les pertes sont à peu près similaires d'un côté et de l'autre.
15:38 Et il n'a pas avancé. Ça n'est pas vrai. Les positions sont en train de se figer. Simplement, stratégiquement, on voit bien qu'avec le temps,
15:48 l'Ukraine ayant des ressources limitées, nous, on doit renforcer les munitions, les ressources militaires, ce qu'on envoie.
15:54 Mais on doit aussi réfléchir à comment on gère cet effort dans le temps et comment on s'assure que la Russie ne gagnera pas.
16:00 Mais ce que je veux nous faire toucher du doigt, parce que tout se tient, c'est que la situation agricole que nous vivons...
16:05 Pourquoi on a cette crise en Europe ? Parce que nos agriculteurs vivent une multicrise. Et ça, on doit y répondre.
16:14 — C'est du poulet ukrainien. — Mais ils vivent une multicrise qui est quoi ? 1. Des changements de comportement.
16:20 2. La transition écologique, qui est une crise en profondeur, qui est ce nouveau pacte qu'on doit faire. 3. Ils ont pris le Covid.
16:28 On les a défendus, etc., mais on les a beaucoup sollicités. 4. Ensuite, l'inflation. 2 années d'inflation qui ont tout déréglé dans les prix.
16:35 Et puis une guerre en Ukraine qui a fait quoi ? Eh ben qu'on a ouvert le marché ukrainien pour aider, ce qui a totalement déstabilisé le poulet,
16:43 l'œuf, le sucre, les céréales. Et avec en ce moment aussi – on le voit bien – des déstabilisations qui viennent du côté russe,
16:51 avec des volumes qui sont lâchés en masse et qui viennent faire baisser les prix. Et donc ce que j'ai porté il y a plusieurs semaines en Europe,
16:59 ce que je dis là aux agriculteurs, c'est aussi qu'il faut un sursaut européen en matière agricole, parce que cette PAC qu'on a pensée avant beaucoup de ces crises,
17:07 elle est plus adaptée. La PAC, elle a été pensée et conçue. On avait juste eu le Covid, mais on n'avait pas eu ces années d'inflation,
17:14 on n'avait pas eu la guerre, on n'avait pas eu tout ça. Donc on doit totalement repenser notre modèle si on veut réussir cette transition.
17:20 Donc c'est pour ça qu'on a besoin d'une PAC et d'un engagement européen qui dit on produit plus, on protège mieux et on met plus de financement sur la transition.
17:28 Et ça, on doit le faire vite parce que nos agriculteurs, ils ont besoin d'une réponse nationale, ce qu'on fait là. Mais il faut une manière profonde, une réponse européenne plus adaptée.
17:36 — Je vais boire un whisky aux 3 Brasseurs, ou pas ? — Merci.
17:38 — Je vais prendre une bière aux 3 Brasseurs. — Merci beaucoup.
17:41 — Vous êtes les bienvenus, d'ailleurs. — Ah bah avec plaisir.
17:44 — Oui, venez. Venez boire une bière. Ah non, mais faites les... Merci beaucoup.
17:52 Bon bah on va... On va prendre un coup chez les Brasseurs. Venez.