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Transcription
00:00 Au Salon de l'Agriculture, où on va venir fouler les allées du salon,
00:03 où on va venir dégustation, concours de levée de coude, avec modération,
00:09 ça va être rock'n'roll dites-vous, mais les renseignements craignent un accueil chahuté, rude, brut.
00:14 Quand je dis rock'n'roll, c'est une phrase neuf féministe.
00:17 Attendez, ils en ont ras-le-bol.
00:18 Et tu peux pas répondre.
00:20 C'est ça, à un moment donné, l'exaspération est telle,
00:23 le sentiment, encore une fois, d'avoir été les oubliés de ce pays-là.
00:27 Vous pensez qu'on touche à la fin d'un système ?
00:28 On dirait que vous dites que finalement, ça va être très difficile de répondre véritablement à cette désespérance.
00:33 Parce que, écoutez, ils sont quoi ?
00:35 Entre 300 et 400 000.
00:37 C'est pas grand-chose.
00:38 Mais pourquoi il y a 91 %, vous avez vu, c'est quand même incroyable, de soutien à ça ?
00:43 Parce qu'ils représentent plus que ça, madame.
00:46 Ils représentent au fond cette France qui n'est pas celle qu'on voit d'habitude.
00:51 Paris, c'est pas la France.
00:53 Les capitales régionales, c'est pas la France.
00:55 Et ça suinte le mépris.
00:57 Ça suinte le mépris.
00:59 Moi, j'ai vu des préfets me dire, des préfets, le mec, il est préfet d'un département,
01:03 me dire en face de moi, "Ouais, je vais en ville."
01:06 J'ai dit, "Quoi, en ville ? C'est quoi, la ville ?"
01:08 C'était Montpellier, en l'occurrence.
01:09 J'ai dit, "Et nous, on est quoi, là-dedans ?
01:11 On est la campagne, la Cambrouse,
01:14 vous venez de temps en temps, voiture protégée,
01:17 mais qu'est-ce que c'est, ces histoires-là ?"
01:18 Et les gens, ils le ressentent.
01:19 Moi, je le ressens.
01:20 Ça a changé maintenant, depuis un peu, depuis deux ou trois ans.
01:24 Mais attendez, il n'y avait pas un ministre qui venait chez moi,
01:26 il n'y avait pas le préfet.
01:28 Il venait en se mettant des...
01:30 Moi, j'ai vu un préfet arriver en se grattant dans mon bureau,
01:33 tant il avait l'impression d'être au fin fond du monde,
01:36 et en plus, un plouc d'extrême droite.
01:38 Dans sa tête, ça devait être à peu près ça.
01:40 Tu dis, "Mais en plus, ce type, il n'a rien fait pour la liberté dans sa vie."
01:43 Moi, j'ai juste quisqué ma peau pendant 20 ans pour défendre des gens
01:46 qui ne pensaient pas comme moi, et lui, il vient me donner une leçon de morale.
01:49 C'est insupportable, c'est insupportable.
01:51 Moi, j'ai vu Mme Borne passer deux heures avec moi
01:54 au lendemain d'inondations dans ma ville.
01:57 - Écoutez-moi ça. - Pourquoi vous êtes en colère ?
01:59 Mais je suis en colère parce qu'elle a passé deux...
02:01 Parce que c'est ça, comment vous vivez la politique.
02:03 Deux heures à côté de moi, sans me regarder.
02:06 - Essayez. - C'est-à-dire ?
02:07 - Comme si vous n'étiez pas... - Si j'étais pas là.
02:09 - ...responsable d'une... - Elle était dans ma ville.
02:12 - Cet arc républicain autour de vous... - Oui, voilà.
02:14 - ...dont on vous a exclu. - Il y a tout un tas de Français,
02:17 de mes concitoyens qui n'en peuvent plus de ça.
02:19 Il y a plein de gens qui votent pour moi pour ces raisons-là.
02:22 Pas parce qu'ils sont d'accord avec ce que je vous dis ou je vous dis pas.
02:24 Parce qu'ils ont le sentiment qu'on est quand même
02:26 le porte-parole de cette partie de la France.
02:29 Et cette partie de la France, vous ne la trouvez pas dans la politique,
02:31 vous ne la trouvez pas dans les médias, madame.
02:33 Dans les médias. Les médias.
02:35 Regardez les candidats aux élections présidentielles.
02:38 Si tu n'es pas Parisien, comment tu es candidat ?
02:40 Sérieux, commentier ?
02:42 Commentier, c'est dix fois plus compliqué.
02:44 Et je pense que la crise aujourd'hui, elle est ça aussi.
02:47 Elle est ce déni-là. C'est insupportable, madame.
02:50 C'est insupportable.
02:51 Chaque fois que les préfets m'appelaient,
02:54 c'était pour m'annoncer qu'il y avait des services de l'État
02:56 qui fermaient, la Banque de France, que sais-je encore,
02:59 toujours au profit des grandes villes.
03:02 Mais il n'y a pas que les grandes villes, madame.
03:03 Il y a ce pays qui existe.

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