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Chaque matin, Vincent Hervouët nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce jeudi 22 février, il revient sur le tir raté d'un missile balistique britannique.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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NewsTranscription
00:00 - Mais d'abord, l'édito internationale sur Europe 1 avec Vincent, et vous êtes bonjour Vincent.
00:04 - Bonjour Lionel.
00:06 - C'est un scoop d'un tabloïd britannique à Londres.
00:09 Le Sun a révélé hier le tir raté, et c'est le moins que l'on puisse dire, d'un missile balistique.
00:15 Et depuis 24 heures, le gouvernement britannique tente de rassurer.
00:19 - Oui, il y a pire qu'un gouvernement qui rame.
00:22 Il y a le ministre de la Défense qui plonge à bord d'un sous-marin nucléaire lanceur d'engin,
00:27 et qui vit une sorte de trafalgar en direct.
00:30 Ça s'est passé il y a trois semaines au large de la Floride.
00:33 Le 30 janvier, le sous-marin HMS Vanguard accueillit à son bord le ministre Grant Shapps,
00:39 sans équipe de télé accrochée à ses bases, pas pour faire de la com',
00:43 mais pour découvrir ce que peu d'hommes ont connu, le tir d'un missile nucléaire
00:48 depuis le poste de commandement d'un submersible.
00:50 Évidemment, l'engin ne portait pas de charge nucléaire, c'est un tir à blanc,
00:54 mais les sous-mariniers s'entraînent encore moins au tir que les gardiens de la paix à Paris,
00:58 et pour cause, un missile Trident coûte la bagatelle de 20 millions d'euros,
01:03 et depuis l'an 2000, les britanniques en ont tiré une demi-douzaine seulement.
01:06 Alors on imagine donc, l'autre jour, la tension qui régnait dans le carré
01:11 quand l'engin, qui pèse 58 tonnes, a été lancé vers la surface par un puissant gerre d'air comprimé,
01:17 arrivé à l'air libre, il aurait dû s'arracher avec ses fusées,
01:20 gagner en quelques minutes la stratosphère,
01:23 et avant de fondre sur la cible qui lui était désignée,
01:26 l'ensemble très exaltant, comme dans les clips, pour donner envie de regarder les chaînes info.
01:31 Sauf que l'autre jour, ça s'est passé pas du tout comme ça,
01:35 les propulseurs ne se sont pas allumés,
01:37 le missile balistique est retombé à l'eau à quelques mètres du sous-marin,
01:42 une piteuse débandade, on imagine la consternation à bord, la panique à Londres,
01:48 même le plus pacifiste des antinucléaires ressent de la compassion pour le commandant du sous-marin,
01:54 après ce naufrage.
01:55 - Mais alors dites-moi, c'est toute la dissuasion nucléaire britannique qui fait plouf ?
01:58 - C'est le deuxième tir d'affilée qui échoue, on ne sait pas pourquoi,
02:02 on ne le saura sans doute jamais, la Royal Navy se retrange derrière le secret défense,
02:06 en 2016, un autre Trident tiré dans les mêmes eaux avait changé de cap,
02:11 il avait fallu le détruire en plein vol,
02:13 avant qu'il ne gagne l'espace aérien américain,
02:15 le dernier essai britannique réussi remonte à 2012,
02:19 depuis les Tridents ont été modernisés pour allonger leur durée de vie,
02:23 ils devraient être aussi plus fiables,
02:26 l'arme fatale doit être infaillible pour que la dissuasion soit crédible,
02:30 les américains ont tiré des dizaines de Tridents sans aucun accro,
02:33 ils ont conçu cette arme comme les têtes nucléaires qu'ils équipent,
02:37 ce qui explique qu'il y a d'ailleurs une double clé américaine à la force nucléaire britannique,
02:42 en liquidant leur propre filière en la matière, par souci d'économie,
02:45 les britanniques ont renoncé de facto à leur autonomie stratégique.
02:48 - Et c'est la grande différence justement avec la force nucléaire française.
02:52 - Les français dépensent autant pour leur force de frappe,
02:54 mais ils ont des avions en plus, mais le même nombre de sous-marins,
02:57 quatre pour en avoir toujours un à la mer,
02:59 avec le même soutien dans l'opinion et dans la classe politique,
03:02 on est moins vatte en guerre en Ukraine,
03:04 mais on partage la même conviction,
03:06 le monde est de plus en plus dangereux, l'instabilité s'aggrave,
03:10 ce n'est pas le moment de désarmer,
03:12 l'arsenal nucléaire doit rester parfaitement opérationnel,
03:15 et à Paris on n'a pas oublié la vente ratée des sous-marins à l'Australie,
03:21 mais on a jeté la rancune à l'océan,
03:24 et personne n'exprimait hier cette joie mauvaise qu'on peut ressentir au malheur de ses amis,
03:29 car on a conscience d'être embarqué dans la même galère,
03:33 et que souffle des vents mauvais.
03:35 - Merci, signature européen, Vincent Herouette, merci Vincent.