Certains communes alsaciennes font la chasse aux déchets dans les rues de manière forte : 1 000 euros d'amende à Obernai, si vous êtes pris en flagrant délit. Fabien Blot, chargé de mission Déchets chez Alsace Nature, est l'invité de France Bleu Alsace ce lundi 19 février.
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00:00 C'est donc la question que l'on vous pose, faut-il mettre des amendes aux pollueurs pour qu'il y ait moins de déchets dans nos villes ?
00:06 Car l'enjeu est taille pour l'environnement et les communes, comment rendre nos villes plus propres ?
00:11 Oui, cette question qui est le combat d'Alsace Nature. Bonjour Fabien Blau !
00:14 Bonjour !
00:15 Vous êtes chargé de mission déchets chez Alsace Nature, est-ce que comme à Aubernais, on l'entend ce matin, l'amende pour les pollueurs c'est une bonne solution pour vous ?
00:23 Alors pour nous, Réseau de Protection de la Nature et de l'Environnement, la sanction ce n'est pas la première solution qui nous vient naturellement.
00:29 On privilégie le champ de sensibilisation et d'information des citoyens, pour qu'ils comprennent l'impact de son déchet, l'impact de son mode de vie sur nos espaces naturels.
00:42 Donc la sanction elle peut être envisageable, évidemment, mais à proportion raisonnable et surtout se donner les moyens de la mettre en place.
00:53 Donc ça restera une solution mais en dernier recours.
00:56 A proportion raisonnable vous dites, parce que là Aubernais 1000 euros, ça vous paraît un peu exagéré ?
01:02 Ça paraît disproportionné quand on connaît les enjeux de déchets ou de comportements beaucoup plus nuisibles sur nos santé, sur l'environnement en général, sur la nature, sur l'air qu'on respire.
01:13 Et pas forcément un message facile à assimiler pour le citoyen. Donc je pense qu'il faut revoir peut-être la proportion.
01:20 Surtout qu'on entendait que tout le monde n'était même pas forcément au courant, par exemple, même plus de deux ans après sa mise en place,
01:26 même les habitants d'Aubernay n'étaient pas les plus au fait de cette amende-là, cette sanction-là.
01:32 Ça prouve qu'en fait c'est pas une sanction qui règle le problème, c'est d'abord d'informer le citoyen, l'habitant, et d'expliquer pourquoi il peut y avoir une sanction,
01:41 qui sera le dernier recours. Et un règlement, une loi, un arrêté est sérieux si on se donne les moyens aussi de l'appliquer.
01:51 Donc c'est pas qu'un problème de proportion, c'est aussi un problème d'application réelle.
01:55 Mais est-ce que ça marche d'informer uniquement les gens ? Parce qu'on entend quand même la sensibilisation,
02:00 il ne faut pas jeter ses déchets, on voit des panneaux au bord de la route, on voit des panneaux dans les villes,
02:04 et on a quand même toujours l'impression d'être autant dans les rues aujourd'hui.
02:07 Alors je pense qu'en fait, beaucoup de citoyens ont un quotidien bien rempli, et s'intéressent de plus en plus,
02:13 mais pas forcément suffisamment de l'impact de nos vies. Et l'information, la sensibilisation c'est ça,
02:20 c'est ramener la personne sur des sujets pour qu'elle prenne le temps de recueillir des informations,
02:26 qu'elle mesure en fait la réalité de nos vies sur les milieux, l'impact dans les écosystèmes, dans les espaces de vie.
02:36 Faut-il mettre des amendes pour qu'il y ait moins de déchets dans les rues ?
02:41 Sur nos trottoirs, on a l'exemple d'Emego ce matin, l'exemple d'Auberney également,
02:46 où l'amende est de 1000 euros si vous êtes pris en flagrant délit.
02:50 Amende qui n'a pas encore été mise, on est d'accord, qui n'a jamais été mise.
02:52 Elle n'a pas encore été infligée, elle est en vigueur mais pas encore infligée.
02:54 On va prendre la direction de Saint-Louis, tenez, où nous attend Françoise, en direct sur France Bleu Alsace.
02:58 Bonjour Françoise.
02:59 Bonjour Hubert, bonjour à tout le monde.
03:02 Françoise, qu'est-ce que vous souhaitez nous dire ce matin concernant ces amendes ? Il faut en arriver là ?
03:06 Complètement non mais franchement, alors ok, je ne sais pas comment on peut infliger 1000 euros,
03:13 enfin bref, je ne sais pas comment on s'en est mis les choses en place,
03:17 mais après moi je suis entièrement d'accord parce qu'il y a de plus en plus d'incivilité,
03:22 c'est une honte, mais vraiment, vous allez dans la rue de Bust, ça qui est juste à côté de chez moi,
03:28 mais il faut voir les mégots par terre, alors qu'il y a une poubelle, qu'il y a un cendrier, non, on jette par terre.
03:35 Je marche de chez moi au centre-ville, mais tout le long, il y a des déchets, des canettes, des machins,
03:43 mais donc ça veut dire que les gens, monsieur, j'entends ce que vous dites, mais est-ce qu'il faut toujours...
03:51 Les gens, je ne sais pas, moi ce n'est pas des enfants, c'est le bon sens de ne pas jeter les déchets par terre,
03:59 enfin en tout cas, moi c'est ce que j'ai appris.
04:02 Allez-y Fabien Blau, on vous laisse réagir effectivement.
04:05 Je pense qu'on partage la même idée, la seule chose c'est qu'en fait vous ne pouvez pas installer un agent
04:11 qui contrôle 24/24 et qui peut y avoir avant de sanctionner, après on peut sanctionner de façon épisodique pour marquer les esprits.
04:23 Il faudrait déjà commencer à appliquer ce qui existe déjà, il y a plusieurs villes qui se sont lancées dans l'amende
04:28 pour les déchets mégots comme Paris, je ne suis pas certain que ça produise beaucoup d'effets positifs en termes d'impact réel.
04:35 Et le souci, je fais moi-même, j'organise des collectes de déchets avec des citoyens, avec des entreprises,
04:41 je mesure la gravité de l'impact des déchets, je pense que c'est en fait un problème très global,
04:46 sur nos comportements, sur la manière de consommer, et parfois je suis d'accord que la sanction peut être une solution,
04:54 mais il faut s'en donner les moyens, il faut qu'elle soit acceptable quand même.
04:58 - On est d'accord. Je peux faire une petite parenthèse ? - Oui Françoise, dis-le.
05:05 - Très très rapide, j'habite à Saint-Louis, il y a le Morgan's Trust, j'y suis allée, je peux vous dire que 3 jours de fêtes de folie,
05:14 c'est le bazar à balles, il y a tous les confits, les bouteilles, les machins, on est d'accord.
05:20 Jeudi matin, il n'y a plus un confit par terre.
05:24 - C'est fou. - C'est la marque des grands événements, en effet, ceux qui arrivent aussi à faire la fête et à tout ranger derrière.
05:32 - Françoise, merci pour la parenthèse, merci beaucoup, on y est ce matin à balles, c'est pour ça que vous nous permettez de nous en parler,
05:37 avec Caroline Paul, notre reporter, qu'on te revoit d'ailleurs juste après 8h. Merci Françoise, belle journée.
05:43 - Bonne journée, au revoir. - Et à très bientôt depuis Saint-Louis.
05:46 Revenons à nos moutons, revenons à nos déchets, si j'ose dire, puisque c'est le sujet du jour et ses amendes.
05:51 Est-ce qu'il faut en arriver là pour sensibiliser et réduire les déchets dans nos rues ?
05:56 On en parle ce matin avec Fabien Blau, chargé de mission déchets chez Alsace Nature.
06:01 - Et vous le disiez, l'enjeu, c'est de combattre le mal à la racine.
06:05 Comment est-ce qu'on va chercher des gens qui ne sont pas convaincus ou pas éduqués, sensibilisés,
06:10 aux questions de tri des déchets ou de jeter ces déchets ? Comment vous faites ?
06:14 - Alors en fait, ce n'est pas que nous, c'est un ensemble déjà d'associations,
06:18 c'est l'euro-métropole qui se mobilise, c'est des événements qu'on organise,
06:23 c'est de l'information qui est diffusée dans des documents internes ou de nos institutions publiques.
06:28 On en parlera peut-être à la fin de cette interview, mais on organise une semaine de lot,
06:35 qui est orientée déchets/eau, pour montrer et expliquer l'impact des déchets.
06:39 Donc en fait, c'est un travail tout au long de l'année, c'est un travail permanent.
06:43 - On signe comme tout jeter dans le même bac, par exemple, c'est ce qui se fait depuis l'année dernière,
06:49 depuis un peu plus d'un an, on met tout dans le bac jaune, quels que soient les emballages.
06:52 Est-ce que ça aide les gens à simplifier le geste de tri, ça aide à esquiver moins de déchets dans les rues par exemple ?
06:59 - Les premiers constats qui sont faits par l'EMS sur les impacts des déchets,
07:03 c'est que depuis 2018, on va quand même noter quelques éléments positifs,
07:07 la production au volume déchets baisse à peu près de 10%.
07:11 On a quand même des comportements qui, au-delà des incivilités, sont quand même, qui questionnent.
07:16 Depuis on va dire 60 ans à peu près, on a doublé notre production de déchets.
07:20 On produit tous à peu près 70 kg de plastique par an en déchets.
07:24 On ramasse dans les 1800 km de Voie République, 20 kg de déchets diffus.
07:30 Donc en fait, il y a quand même un questionnement sur nos modes de consommation,
07:34 on est quand même sur du plastique jetable en permanence, une consommation alimentaire nomade.
07:39 Et évidemment, du coup, on trouve des emballages, des canettes,
07:43 c'est ce qui vient d'être dit par la personne de Saint-Louis.
07:45 - Et qui va être dit également, j'en ai l'impression, par la personne de Schillersdorf dans le Barin,
07:50 où nous attend Alain. Bonjour Alain !
07:52 - Oui bonjour !
07:53 - Bonjour Alain de Ingvillers.
07:55 Alain, vous participez, vous, dans votre commune, dans votre village, donc à des ramassages.
08:01 - Ramassage de printemps, comme dans beaucoup de villages.
08:03 - Qu'est-ce que vous ramassez en général ?
08:05 - Alors, c'est important de savoir qu'il n'y a plus de commerce ici,
08:10 et il n'y a pas de maternité, je vais vous dire pourquoi.
08:12 Parce qu'on a ramassé à toute une équipe, on a fait toutes les rues,
08:17 et puis les abords du point communal,
08:20 et alors ce qu'on a trouvé en masse, ce sont des couches de bébés.
08:23 - Alors qu'il n'y a pas de maternité, vous vous dites qu'il y a un souci là déjà.
08:26 - Non, il n'y a pas de maternité.
08:27 - Ça n'empêche pas qu'il y ait des familles.
08:28 - Oui, c'est vrai.
08:29 - Non, il y a très peu de bébés dans le village.
08:31 - D'accord.
08:32 - Alors ça vient d'ailleurs.
08:34 - Donc là déjà c'est pour vous quelque chose que vous n'acceptez pas.
08:37 - C'est plus des canettes bien sûr, par contre des mégots pratiquement pas.
08:41 Et alors, moi je dis, histoire d'avoir un peu d'humour,
08:49 on arrivera peut-être un jour pour les mégots et les couches,
08:54 de trouver l'ADN.
08:56 - Oui.
08:57 - Alors là on se serait déployé vraiment énormément de moyens
09:00 pour un résultat qui n'est peut-être pas au rendez-vous.
09:03 - La police scientifique pour les mégots, pourquoi pas.
09:06 - Moi je suis pour l'école de Singapour,
09:07 parce que c'est Singapour qui a lancé ça au monde.
09:09 - Mais Alain, sanctionner véritablement et mettre de grosses amendes
09:12 pour les déchets pour vous c'est une bonne chose,
09:13 il faut en arriver là, on voit quelqu'un qui jette un déchet,
09:15 paf c'est une amende.
09:16 - Il faut quand même quelques caméras pour opérer les gens qui font ça.
09:21 - Alain, on vous remercie en tout cas de votre témoignage.
09:24 - De rien, pas de quoi.
09:25 - Et à très bientôt sur l'antenne de France Bleu Alsace.
09:27 On se retrouvera à Laurence depuis Baldenheim dans les prochaines minutes.
09:30 - Une question qui peut se poser, c'est si on fait des efforts,
09:33 si on met bien tous nos déchets dans les bonnes poubelles,
09:35 est-ce qu'on a quand même l'assurance Fabien Blau
09:37 que ce sera bien recyclé derrière
09:39 ou que du moins la filière de tri de recyclage fonctionne bien ?
09:42 Qu'est-ce que vous constatez chez Alsace Nature ?
09:45 - Alors il y a des filières de tri qui fonctionnent bien depuis longtemps,
09:47 le verre, le papier, les filières de retraitement de tri
09:53 dans les centres de collecte des déchets se sont nettement améliorées.
09:57 Et en fait, le fait d'emmagasiner tous les emballages
10:02 dans un seul et même contenant génère un traitement
10:05 beaucoup plus important à la fin des déchets qui sont valorisables.
10:10 Le but en fait c'est de réduire l'ordure ménagère
10:13 qui part en incinération et qui pose problème en fait.
10:16 - Et ça fonctionne aussi pour les déchets plastiques
10:18 dont on sait qu'ils sont les plus difficiles à recycler ?
10:21 - Tout à fait. Alors ils fonctionnent pas totalement,
10:24 c'est très complexe en fait.
10:26 Pour comprendre l'emballage plastique,
10:28 il y a à peu près 5 déchets plastiques différents, 5 catégories.
10:32 Et certains posent encore des problèmes de retraitement,
10:35 donc ce sont toujours des déchets résiduels
10:38 sur lesquels il va falloir que les industriels travaillent.
10:42 Donc en fait les questions de déchets c'est un enjeu
10:44 qui concerne les REP, les producteurs de déchets,
10:48 enfin les producteurs industriels,
10:50 les collectivités qui doivent mettre en place des solutions alternatives.
10:53 On parlait tout à l'heure de la sensibilité,
10:55 d'installer des cendriers urbains,
10:57 et le citoyen.
10:59 On a tous notre part à jouer pour réduire, valoriser aussi.
11:03 - Allez, on accueille Laurence pour conclure ce débat.
11:07 Laurence, bonjour.
11:09 - Bonjour à tous, bonjour Hubert.
11:10 - À Baldenheim, Laurence, soyez la bienvenue,
11:12 rapprochez-vous un tout petit peu du téléphone
11:14 qu'on vous entende bien.
11:15 Laurence, sensibilisation, sanctions,
11:17 faut faire quoi pour éviter les déchets ?
11:19 - Eh bien je dirais, à mon sens,
11:22 je ne suis pas pour mettre une amende,
11:27 et en tout cas je ne pense pas que,
11:29 lorsqu'elle est aussi coûteuse,
11:31 ça fait réfléchir la personne.
11:33 À mon sens, il est important de déplacer le curseur,
11:37 et de rendre la personne sensible et aussi actrice de son geste.
11:41 - Voilà, donc de la sensibilisation Laurence,
11:43 c'est ce que vous nous dites, surtout.
11:45 - Et voilà, donc pour ça, l'idée que je soumets,
11:48 et après les gens font ce qu'ils veulent avec,
11:51 et c'est pour ça qu'ils vont écouter mon discours,
11:54 c'est d'utiliser un système qui est déjà en place.
11:58 Il existe des conteneurs dans lesquels on peut déposer
12:01 nos bouteilles plastiques, et pour lesquels
12:03 on reçoit une petite rémunération.
12:05 Je pense qu'une personne qui a l'habitude
12:07 de jeter son ego par terre,
12:09 déjà le fait par dédaille, mais aussi par flemme.
12:12 Rendre les gens actifs, ça les met en valeur.
12:17 Et proposer dans un premier temps une action,
12:22 de dire "bon pourquoi tu es actif de cette manière-là ?"
12:26 - Et à l'instar de ce qu'il fait...
12:29 - Ce qu'on se propose, c'est de recevoir.
12:31 - À l'instar de ce qu'il fait pour certaines bouteilles en plastique.
12:34 - Certains sont continu à chaque fois,
12:37 et ça permet à la personne aussi de se mettre en scène,
12:40 et de la valoriser.
12:42 - C'est une idée Laurence, que vous nous avez soumise
12:44 ce matin sur France Bleu Alsace.
12:46 Merci d'avoir participé à notre échange.
12:48 Laurence, passez une excellente journée depuis Baldenheim.
12:50 - Belle journée à vous aussi, au revoir.
12:52 - Au revoir Laurence.
12:53 - Et qui va plutôt dans le sens de ce que vous proposez Fabien Blau.
12:55 On va terminer sur cette opération que vous voulez mener
12:58 dans le cadre de la Semaine de l'eau.
13:00 Là aussi, ça concerne le nettoyage, mais du coup des rivières.
13:03 - La Semaine de l'eau, c'est un événement
13:06 qu'on construit avec l'école Enges,
13:09 l'école de l'eau, déchets et aménagement du territoire,
13:12 qui va permettre de s'adresser notamment à un public étudiant,
13:15 mais aussi au grand public,
13:17 du samedi 16 mars au samedi 23 mars,
13:22 avec en ouverture une grande collecte de déchets,
13:27 qui prend plutôt le nom de nettoyage de l'île,
13:29 Berges de l'île,
13:31 où seront associés étudiants, citoyens, plongeurs, kayakistes,
13:35 pour remettre un petit peu en état nos berges
13:39 et nos milieux naturels.
13:41 Parce qu'on n'a pas beaucoup parlé de ça,
13:43 mais c'est notre santé, notre cadre de vie
13:46 et la planète qu'il faut qu'on préserve au final.
13:49 - Surtout dans les communes où il y a des rivières qui passent,
13:52 où on peut voir des berges à cet endroit.
13:54 Merci beaucoup Fabien Rameau d'avoir été avec nous,
13:56 d'avoir échangé avec les auditeurs de France Bleu Alsace.
13:58 Je rappelle que vous faites partie de l'association Alsace Nature.
14:01 Merci, bonne journée.
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