• il y a 10 mois

Tous les samedis de 10 heures à 11 heures autour d'Eliot Deval, Philippe de Villiers brosse l'actualité de la semaine en compagnie d'un invité.
Retrouvez "Face à Philippe de Villiers " sur : http://www.europe1.fr/emissions/face-a-philippe-de-villiers

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Transcription
00:00 *Musique*
00:09 Bonjour à tous, heureux de vous retrouver sur Europe 1, votre nouveau rendez-vous du samedi matin de 10h à 11h avec Philippe Devilliers.
00:18 Pour "Face à Philippe Devilliers", Philippe Devilliers, bonjour.
00:20 Bonjour Eliott, et mes condoléances.
00:24 Je savais que vous alliez commencer comme ça Geoffroy Lejeune, bonjour, directeur de la rédaction
00:28 du journal du dimanche. - Bonjour Eliott, bonjour.
00:31 - Il se moque, il commence tout de suite.
00:33 - Moi je suis très curieux, je n'ai pas compris. - Il faut qu'on soit gentil, qu'on ait de la compassion parce que
00:38 dans la même semaine,
00:40 - Je savais. - Je vais vous rendre compte de ce qui lui arrive à Eliott. - J'ai compris, j'ai compris.
00:44 - Il y a Nantes qui gagne et qui s'en sort.
00:47 Un message pour mon ami Valdemar Kittak, j'aime beaucoup.
00:51 Et pendant ce temps-là, le Paris Saint-Germain perd son stade
00:54 et perd son joueur fétiche
00:57 qui rejoint Zidane et Copa au Real Madrid.
01:01 Bon, ça tourne à la Bérezina là.
01:05 - Faites attention Philippe Devilliers parce que les auditeurs d'Europe 1,
01:09 la semaine dernière on a terminé en parlant de la Saint-Valentin ou de la Ligue des champions
01:15 à suivre sur les antennes de Canal+ ils vont croire que cette émission face à Devilliers,
01:19 Philippe Devilliers devient une émission 100% foot.
01:23 - Non mais ça compte le foot pour moi, c'est important.
01:27 C'est un élément de prestige de la France et de la capitale quand même.
01:32 Et donc ça me désole de voir une équipe qui se traîne finalement,
01:35 qui met beaucoup beaucoup d'argent pour avoir des vedettes comme Messi, etc.
01:43 Et les maires vous vous rendez compte, ils n'arrivent pas à les retenir.
01:48 Vous m'expliquerez comment, pourquoi Paris n'arrive pas à retenir ces joueurs.
01:52 - Mais il faudrait poser la question peut-être à la voix du football,
01:55 Jacques Vandrouw, ce serait intéressant un jour de l'inviter pour parler justement.
01:59 - Je rêve de faire une émission de face à face avec Jacques Vandrouw.
02:03 - Jacques Vandrouw il est tous les week-ends à l'antenne sur Europe 1
02:06 et je pense qu'il rêverait de faire une émission avec vous.
02:07 - Vous voulez qu'on organise ça Philippe Devilliers ?
02:09 - Moi je peux arranger le coup si vous voulez, je le connais bien.
02:10 - Bon, mais vous serez obligé de dire du bien du Paris Saint-Germain.
02:13 Parce que contrairement à vous, quand le FC Nantes, vous avez parlé du FC Nantes, gagne,
02:18 je suis plus heureux des hommes, parce que c'est la France.
02:21 - Oui, moi je reste très attaché au Racing Club de Paris.
02:25 Milutinovic, Užlaki.
02:27 - Bon, et Mbappé, imaginez que Mbappé soit en face de vous.
02:32 Et il vous dit, Philippe Devilliers, j'ai besoin d'un conseil.
02:39 On connaît sa décision, elle est prise de part.
02:41 Mais comment vous auriez pu le retenir au Paris Saint-Germain ?
02:45 - J'aurais pu lui dire une seule chose, c'est la France qui t'a fait, c'est Paris,
02:53 qui t'a saisi, conquis, promu.
02:57 Le principe de la civilisation c'est la gratitude.
03:01 Mais ça c'est d'un autre temps, c'est du temps où les joueurs restaient, c'est Henri Michel, etc.
03:05 C'est Patrice Riau, c'était, voilà.
03:08 Mais on est dans une époque tout à fait différente, tellement différente,
03:12 que les supporters qui sont interviewés disent "oui c'est normal, c'est normal".
03:16 - Bon, et bien voilà ce qu'on pouvait dire sur le Paris Saint-Germain.
03:21 On a énormément de sujets à traiter, tous les trois, bien évidemment.
03:25 Et on va revenir en longueur sur la liberté de la presse.
03:28 Cette semaine, vous le savez, le Conseil d'État a demandé à l'Arkom
03:31 de renforcer son contrôle sur CNews, lui offrant de nouveaux outils.
03:35 Le Conseil d'État a d'ailleurs confirmé la requête de Reporters sans frontières
03:40 et de son secrétaire général, Christophe Deloire,
03:44 un homme qui a ciblé à de nombreuses reprises le groupe, ainsi que son propriétaire.
03:49 Les Français ont très certainement découvert Christophe Deloire,
03:53 invité de leur dépôt, ça s'est passé mercredi.
03:56 Il a été interpellé par l'un des pères fondateurs pendant cette émission
03:59 de Reporters sans frontières, à savoir Robert Ménard.
04:03 On écoute Robert Ménard et on en parle juste après.
04:05 - Christophe, je suis atterré.
04:08 Je te le dis, quand on a créé Reporters sans frontières,
04:11 c'était exactement pour pas avoir cette attitude-là.
04:15 Je me contrefous de savoir si je suis d'accord ou pas d'accord
04:20 avec ce qui se passe à l'antenne de CNews.
04:22 Tu devrais être le premier à te réjouir qu'un certain nombre de points de vue
04:27 qui n'étaient jamais entendus sur des médias et des télévisions en France
04:32 le sont grâce à CNews.
04:34 C'est ça, ton boulot.
04:36 Ton boulot, c'est pas de quoi ?
04:38 Tu es l'arbitre des élégances, maintenant ?
04:40 Tu vas nous dire ce qu'il convient de faire ou de pas faire ?
04:44 Mais enfin, on s'en contrefous de ça.
04:46 Reporters sans frontières, ça a été créé par nous,
04:48 c'est moi qui l'ai créé avec trois journalistes.
04:50 Tu le sais, je l'ai dirigé pendant 23 ans.
04:52 Ça a été fait pour défendre des gens dont on trouvait des opinions
04:57 pour certaines, de temps en temps, même indéfendables, figure-toi.
05:00 On allait sortir des gens de prison dont je ne partageais rien, absolument rien.
05:05 Geoffroy Lejeune.
05:06 Cette séquence était exceptionnelle.
05:07 Comment vous décryptez-vous l'action, le rôle de Christophe Deloire
05:10 depuis le début de la semaine ?
05:13 Il a deux casquettes.
05:15 La deuxième casquette, fluorescente,
05:19 qui ne se voit que dans l'obscurité,
05:21 explique la première casquette et lui donne un sens.
05:24 C'est ça que je voudrais vous répondre.
05:26 La première casquette,
05:28 qui lui a valu de se faire remettre en place par le fondateur,
05:34 effectivement, de Reporters sans frontières, Robert Ménard.
05:37 La première casquette, c'est donc celle du patron de Reporters sans frontières.
05:42 Reporters sans frontières, c'est une ONG qui a pour vocation,
05:46 contre les États, qui voudraient brider, brimer la liberté d'expression, de la défendre.
05:51 Et voilà que le patron de Reporters sans frontières
05:55 demande à l'État de contrôler et de brimer et de brider une chaîne de télévision.
06:00 On est quand même à front renversé.
06:03 Et non seulement ça, mais en fait,
06:05 le missionnaire de la liberté devient un commissaire politique
06:10 et qui utilise les expressions de la peste rouge et de la peste brune.
06:16 Quand vous animalisez votre adversaire, c'est que vous êtes dans une dérive totalitaire.
06:21 Il a eu le culot de parler de la stratégie du putois.
06:25 Et en fait, je crois vous avoir reconnu,
06:27 puisque le putois en question, c'était le nouveau patron du JDD.
06:33 Alors le putois, pour les gens qui connaissent pas les animaux,
06:36 parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne connaissent plus la nature,
06:40 c'est un animal qui a une glande de puanteur.
06:45 Donc en fait, le putois en politique, j'imagine, il a mauvaise haleine.
06:49 C'est une France qui a mauvaise haleine.
06:51 C'est la France de Seigneuse, c'est la France qui a la tripe vilaine,
06:56 qui a le regard infecté, la bouche ampiantie.
07:00 C'est en fait le ventre fécond qui a enfanté le monstre.
07:08 Et donc, ça c'est la première casquette.
07:13 Donc il croit avoir bien fait.
07:14 Il faut fermer Seigneuse, au nom du pluralisme.
07:17 La deuxième casquette, elle est plus intéressante.
07:21 Le 3 octobre 2023, il a été nommé par qui ?
07:25 Par Emmanuel Macron.
07:28 Il a été nommé délégué général des États généraux de l'information.
07:32 L'État met, c'est le contribuable, 2 900 000 euros
07:38 pour financer un arrêt aux pages de censeurs virtuels sur le thème suivant.
07:46 Ça ne s'invente pas.
07:48 Le pluralisme à l'indépendance de la presse.
07:52 Et donc voilà que ce délégué général,
07:56 M. Deloire, fait une première déclaration avant d'être nommé,
08:00 le 3 juillet 2023.
08:02 Le président de la République aurait pu s'en apercevoir.
08:04 Et il dit "là où passe le bolloré, le journalisme trépasse".
08:11 Le bolloré, c'est le furé, c'est toujours l'animal.
08:13 On est toujours dans l'animalisation totalitaire.
08:18 Et donc finalement, avec sa première casquette,
08:26 cet individu se requérant s'adresse au Conseil d'État
08:30 pour s'en prendre à la liberté d'expression.
08:35 Et avec sa deuxième casquette, il s'en prend à la liberté d'entreprise.
08:40 Avec l'idée incroyable qu'avait Coruz Tété pour le JDD,
08:45 un patron de presse, un propriétaire, il est propriétaire, point.
08:49 Mais après c'est la rédaction qui s'organise en soviète,
08:52 pour la ligne éditoriale.
08:54 Le patron n'a rien à faire avec la ligne éditoriale.
08:57 Alors moi je voudrais vous dire quelque chose ce soir.
09:00 Éliott Zoncroix, je vous connais bien, et depuis longtemps.
09:05 Vincent Bolloré.
09:06 Vincent Bolloré, c'est un capitaine d'industrie
09:10 dont la réussite honore la France.
09:14 Il n'a pas beaucoup.
09:16 C'est aussi un patron de presse, j'en témoigne,
09:20 et vous pouvez en témoigner,
09:22 qui a une déontologie personnelle qui l'incline à la discrétion.
09:28 Il applique un vieux principe des légistes,
09:31 donner et retenir ne vaut.
09:33 C'est-à-dire il fait confiance à ses rédactions.
09:36 Vous en êtes témoin.
09:38 C'est pas du tout un patron interventionniste,
09:40 dans la ligne éditoriale, absolument pas.
09:43 C'est mal le connaître.
09:45 Et ensuite, j'ajoute quelque chose qui me tient à cœur,
09:48 c'est un amoureux de la France,
09:50 c'est un passionné, c'est un français passionné.
09:52 Je dirais que c'est un mécène de l'âme de la France.
09:56 Et j'en ai marre de tous ces politiciens lâches,
10:03 de tous ces journaleux qui s'en prennent
10:07 à ceux qui créent la valeur et la valeur ajoutée en France,
10:10 ces entrepreneurs.
10:11 Philippe Devilliers, vous avez parlé de Christophe Deloir.
10:14 Dans un instant, vous reviendrez sur le Conseil d'État
10:17 qui, par cette décision, entend revoir, selon vous,
10:21 l'esprit de la loi de 1986,
10:24 loi relative à la liberté de communication.
10:27 Loi que vous avez portée à l'époque,
10:29 car vous étiez secrétaire d'État
10:31 auprès du ministre de la Culture et de la Communication,
10:34 François Léotard.
10:35 A tout de suite sur Europe 1.
10:37 10h11 sur Europe 1,
10:39 Eliott Deval.
10:42 De retour sur Europe 1 pour face à Philippe Devilliers.
10:45 Philippe, on continue de parler de la liberté d'expression,
10:48 de la liberté de la presse,
10:50 à travers la décision du Conseil d'État
10:52 concernant la requête de Reporters sans frontières
10:55 contre CNews.
10:56 Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'Arkham avait estimé
10:59 il y a un an que CNews respectait strictement
11:01 le pluralisme politique.
11:03 Là, le Conseil d'État demande de revoir son contrôle
11:06 avec une interprétation renouvelée
11:09 de la loi de 1986,
11:12 loi relative à la liberté de communication,
11:14 loi que vous avez portée.
11:16 On est en avril 1986,
11:19 plus précisément le 1er avril 1986,
11:22 et vous êtes le tout nouveau secrétaire d'État
11:24 auprès du ministre de la Culture et de la Communication,
11:27 François Léotard.
11:29 On se replonge quasiment 40 ans en arrière
11:33 et vous répondez aux questions de journalistes.
11:35 Écoutez.
11:36 Philippe Devilliers, secrétaire d'État à la Culture et à la Communication,
11:39 a fait en Vendée, hier, sa première apparition publique
11:42 depuis sa nomination.
11:43 Le fondateur du Puy du Fou avait tenu à assister
11:46 à la finale de Nation du Mondial Minime de Football à Montaigu,
11:49 et il a accepté de répondre à nos questions
11:51 concernant l'avenir du système audiovisuel.
11:54 Conformément à la plateforme de gouvernement
11:57 que nous avons prévue,
11:58 nous allons mettre en place,
12:01 sans qu'il soit possible aujourd'hui de donner le détail,
12:03 trois éléments qui pour nous sont très importants.
12:06 Une clé de voûte, d'abord,
12:07 qui soit une véritable autorité indépendante de l'État.
12:10 Ensuite, un secteur public très fort,
12:14 c'est-à-dire qui fasse référence
12:16 et qui, pour nous, compte beaucoup
12:18 et qui soit très largement rénové.
12:20 Et puis enfin, un secteur privé,
12:22 fondé sur les idées de transparence et de concurrence.
12:27 Voilà ce que sera pour nous le cadre
12:29 devant régler l'ensemble des problèmes
12:32 de la communication audiovisuelle en France.
12:34 Vous avez parlé, il y a un instant,
12:36 de reporter Son Frontière et de Christophe Deloy.
12:39 Passons-en maintenant au Conseil d'État.
12:42 Comment Philippe Devilliers
12:44 a-t-il interprété la décision du Conseil d'État ?
12:47 Alors, le Conseil d'État s'est appuyé,
12:52 de manière explicite,
12:54 j'ai lu et relu le communiqué,
12:57 s'est appuyé sur la loi du 30 septembre 1986.
13:03 Quand j'ai lu ça, je suis tombé de l'armoire.
13:07 Et pourquoi ?
13:09 Parce que cette loi, c'est moi qui l'ai écrite
13:14 avec François Léotard.
13:16 Donc je m'en souviens très très bien.
13:19 Je me souviens de la lettre et de l'esprit de cette loi.
13:23 Et l'interview, il fait allusion,
13:26 on est le 1er avril, en fait,
13:27 on est en train d'écrire la loi.
13:30 Et en fait, nous avons deux préoccupations.
13:34 Dans une vision libérale de l'information et de la télévision.
13:39 C'est la privatisation de TF1, etc.
13:43 Première préoccupation, garantir la liberté éditoriale.
13:48 Deuxième préoccupation,
13:52 qui a été rappelée par M. Chottel dans le Figaro de manière magistrale,
13:57 garantir les deux pluralismes.
13:59 Écoutez-moi bien, c'est important,
14:01 ça paraît technique, mais c'est très simple.
14:04 Le pluralisme interne et le pluralisme externe.
14:08 Le pluralisme externe, c'est faire en sorte
14:11 qu'il y ait un secteur public et un secteur privé
14:14 qui soient en concurrence avec chacun des couleurs d'antenne,
14:18 on appelle ça à l'époque.
14:20 Et ensuite, le pluralisme interne, c'est faire en sorte,
14:25 et c'est l'article 13 qui n'a pas changé,
14:28 que j'ai écrit de ma main.
14:29 Le pluralisme interne, c'est...
14:32 Il garantit en interne, dans une chaîne,
14:36 l'équilibre des temps de parole, des personnalités politiques.
14:40 Je me souviens qu'à l'époque,
14:42 avec Dominique Ambiel, Roch-Olivier Mestre,
14:45 qui était membre de mon cabinet,
14:47 qui était un jeune conseiller de théâtre
14:50 qui venait de la mairie de Paris...
14:52 - Qui est aujourd'hui le patron de l'Arkom.
14:54 - Oui, voilà, comme quoi la vie...
14:57 On rebat les cartes, mais les cartes changent rarement,
15:00 en tout cas dans la durée.
15:01 Et je peux vous dire que j'ai gardé un souvenir de lui remarquable.
15:05 C'était un garçon très intelligent, très subtil, très loyal,
15:09 très honnête.
15:11 Et on disait tous, il faut qu'on touche à cette loi,
15:15 comme disait Montesquieu, d'une main tremblante.
15:20 Et en fait, l'article 13 qu'on a finalement défini est le suivant.
15:25 L'autorité de régulation, qui s'appelait la CNCL à l'époque,
15:28 précisée par Michel Cotta,
15:31 elle devra garantir le pluralisme
15:35 et l'équilibre des temps de parole des personnalités politiques.
15:38 Pourquoi des personnalités politiques ?
15:40 Parce que ça voulait dire que là, on pouvait calculer,
15:43 puisqu'une personnalité politique, elle a un mandat
15:45 ou une appartenance politique,
15:46 donc c'est facile à contrôler.
15:50 Qu'est-ce qu'a fait le Conseil d'État ?
15:52 J'y arrive.
15:54 Le Conseil d'État, il a dit ceci.
15:58 Non seulement vous allez faire la comptabilité des personnalités politiques,
16:02 mais vous allez pour ces news,
16:04 ils s'adressent à l'ARCOM, aux régulateurs,
16:08 vous allez comptabiliter aussi,
16:11 par-delà les personnalités politiques,
16:13 tous les intervenants à l'antenne,
16:15 tous les participants,
16:17 c'est-à-dire les chroniqueurs, les animateurs et les invités.
16:21 Il ne reste pas grand monde.
16:23 Et donc, en fait, il va falloir sonder les reins et les cœurs,
16:28 mais ce n'est pas ça qui est grave.
16:31 C'est que ce n'est pas dans la loi, en fait.
16:34 C'est une violation, une dénaturation de la loi du 30 septembre 1986.
16:40 Donc le Conseil d'État viole la loi dont il se réclame.
16:45 C'est, pour des juristes de ce niveau-là,
16:50 une défaillance qu'il va falloir relever.
16:54 Peut-être que des juristes vont s'en occuper, d'ailleurs.
16:57 En fait, quand on prend de la hauteur,
17:02 je ne sais pas si vous connaissez le politique des Hospices de Beaune.
17:08 C'est un politique à trois panneaux,
17:11 surmonté de ce qu'on appelle un antonyme,
17:15 c'est-à-dire, il y a marqué la mort et l'éternité.
17:19 Comme si c'était un oxymore.
17:22 Et là, pourquoi je prends cette image ?
17:25 Parce que vous avez le panneau du Conseil d'État,
17:28 qui apporte son obol avec en lettre d'or en dessous,
17:30 "Police de la pensée".
17:32 Mais à côté, récemment, vous avez le panneau,
17:36 "Faut pas qu'il soit jaloux", de M. Moscovici,
17:38 la Cour des Comptes, deuxième Cour suprême,
17:40 "Dissimulation de rapport sur l'immigration".
17:44 Et puis vous avez le troisième panneau,
17:46 "Faut pas qu'il soit jaloux",
17:48 avec le Conseil constitutionnel,
17:50 "Enterrement d'une loi,
17:52 visée de sa substance du Parlement sur l'immigration".
17:55 Et donc en réalité, quel est l'antonyme
17:59 qui surmonte le politique devant lequel nous sommes ?
18:04 Liberté d'expression, deux points, censure d'État.
18:08 C'est du Orwell que Orwell n'avait même pas imaginé.
18:13 - Et Philippe Devilliers, ce que je vous propose,
18:15 c'est qu'on poursuive cette discussion
18:18 juste après la publicité sur Europe 1.
18:20 On parlera d'un homme, François Jost.
18:22 C'est lui qui a réalisé, pour "Reporter son frontière",
18:25 le rapport sur CNews,
18:27 rapport qui a alimenté l'action de RSF
18:29 auprès du Conseil d'État.
18:31 François Jost est sémiologue.
18:33 Il n'a pas été tout à fait clair
18:35 sur les méthodes qui pourraient être utilisées
18:37 afin de mieux contrôler les chaînes.
18:39 On écoute ça dans un instant,
18:41 juste après la publicité avec Philippe Devilliers
18:44 et Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du JDD.
18:46 A tout de suite.
18:47 - Face à Philippe Devilliers.
18:50 10h-11h sur Europe 1.
18:53 Eliott Deval.
18:55 - Nous sommes ensemble jusqu'à 11h sur Europe 1
18:58 avec Philippe Devilliers et Geoffroy Lejeune,
19:00 directeur de la rédaction du JDD
19:02 pour "Face à Philippe Devilliers".
19:04 Continuons de traiter la demande du Conseil d'État
19:06 auprès de l'ARCOM,
19:08 demande de mieux contrôler la chaîne CNews.
19:10 Alors, Philippe,
19:12 avant la publicité,
19:14 on a parlé de la plus haute juridiction administrative.
19:16 En début d'émission, on a parlé
19:18 de "Reporters sans frontières".
19:20 Mais il y a un autre personnage dans cette histoire,
19:22 le sémiologue François Jost,
19:24 mandaté par RSF il y a deux ans
19:26 pour réaliser un rapport sur CNews.
19:29 Son rapport est selon lui béton armé.
19:32 Mais quand, sur Sud Radio,
19:34 on lui demande d'expliquer la nouvelle méthode
19:36 de contrôle des intervenants,
19:38 là, ça devient plus compliqué.
19:40 On a besoin de votre éclairage,
19:42 on l'écoute juste avant.
19:44 Je vous comptabilise à gauche ou à droite pour l'ARCOM ?
19:46 Je vous comptabilise comment ?
19:48 Comme qu'un humaniste.
19:50 C'est ma tendance.
19:52 C'est mon courant de pensée.
19:54 Est-ce qu'on a fait un débat de gauche ou de droite ?
19:56 L'ARCOM va nous dire quoi ?
19:58 Faut choisir.
20:00 Vous avez reçu quelqu'un qui a...
20:02 Mais non, attendez...
20:04 Mais qu'est-ce que peut faire l'ARCOM ?
20:06 Il y a trois pistes pour l'instant.
20:08 Il y a une piste qui dit...
20:10 C'est déclaratif.
20:12 On va demander aux gens
20:14 où est-ce que vous vous situez.
20:16 C'est une solution.
20:18 Mais c'est fasciste !
20:20 Mais c'est fasciste !
20:22 C'est pas fasciste, écoutez, quand même.
20:24 Vous vous rappelez qu'on disait aux gens
20:26 "mais d'où tu parles, toi ?"
20:28 La deuxième, ça consiste à dire
20:30 "on va regarder s'il y a plus de gens
20:32 qui sont dans les bureaux de l'ARCOM."
20:34 On va regarder si la personne appartient à un think-tank.
20:38 Si elle a été dans un meeting électoral
20:42 avec machin ou machin.
20:44 La troisième, c'est un peu semblable à la dernière.
20:49 C'est de dire "je regarde
20:51 comment cette personne dans la société
20:53 se classe, se classe."
20:55 Attendez, laissez-moi finir.
20:57 Valeurs actuelles, tout le monde dit
20:59 que c'est quelque chose d'extrême droite.
21:01 C'est qui tout le monde ?
21:03 Il y a une sorte de consensus là-dessus.
21:05 Il y a un consensus sur l'humanité,
21:07 sur des journaux qui ont des...
21:09 Ils le revendiquent.
21:11 Mais à la télévision, c'est différent.
21:13 Vous avez des individus qui viennent débattre
21:15 qui sont des intellectuels,
21:17 des éditorialistes.
21:19 L'éditorialiste, il a, selon les sujets,
21:21 une sensibilité qui peut varier
21:23 d'un sujet à l'autre.
21:25 Vous avez d'un côté des politiques,
21:27 comme on en a croisé tout à l'heure dans ce studio,
21:29 et puis vous avez le vulgum pecus
21:31 et des gens qui sont rien, etc.
21:33 Alors, ceux-là, on doit pas
21:35 prendre en compte.
21:37 Les agriculteurs,
21:39 quand ils disent un certain nombre de choses,
21:41 c'est pas une parole orientée ?
21:43 Geoffroy Lejeune.
21:45 Philippe, vous avez dit, pendant qu'on écoutait cet extrait,
21:47 c'est un morceau d'anthologie.
21:49 Et Valérie Expert dit, au début de l'extrait,
21:51 "C'est fasciste."
21:53 Imaginons qu'on doive se projeter dans ce fichage
21:55 des intervenants à la télévision,
21:57 comment ça va se passer ?
21:59 On va retenir le mot "fichage",
22:01 parce qu'il a une connotation
22:03 historique.
22:05 Comment on a affaire à des incultes ?
22:07 Ils savent pas, mais nous on sait.
22:09 Donc on va le rappeler à tous les Français.
22:11 Alors, d'abord,
22:13 pour être très clair et très précis,
22:15 donc il y a la question
22:17 des hommes politiques, eux, il n'y a pas de problème,
22:19 donc ils ont soit un mandat d'élu,
22:21 soit une carte de parti.
22:23 Donc, pour l'ArkHom,
22:25 c'est facile.
22:27 Rock-Olivier Mestre
22:29 avait très bien vu le problème,
22:31 puisque le 3 décembre
22:33 2023,
22:35 ça a été rappelé dans une tribune
22:37 du Figaro ce matin par Bruno Retailleau,
22:39 il dit ceci,
22:41 "Il n'y a pas un pays en Europe
22:43 qui demande au régulateur
22:45 de lui fournir
22:47 la liste des éditorialistes."
22:49 Pourquoi il dit ça ? Parce qu'il a conscience
22:53 que si jamais
22:55 on fait ça en France,
22:57 l'instance de régulation
22:59 devient
23:01 le ministère de la vérité,
23:03 d'Orwell,
23:05 c'est-à-dire une instance idéologique
23:07 de contrôle au sens totalitaire
23:09 du terme.
23:11 On va vers ça.
23:13 Alors, il y a trois... Je reprends
23:15 la proposition
23:17 de monsieur Joss, qui est un phénomène
23:19 extraordinaire, c'est le Mbappé du droit...
23:21 - Oui, de la sémiologie.
23:23 - Alors lui, il ne risque pas de partir
23:25 au Real Madrid, il ne s'en voudra pas.
23:27 - Quoique, il joue très bien à gauche.
23:29 - Oui.
23:31 Il est parfait.
23:33 Il est plutôt sur le banc de touche.
23:35 Alors, monsieur Joss,
23:37 donc, il propose...
23:39 Vous remarquerez qu'il propose
23:43 une chose extraordinaire, c'est la phrase de Foucault
23:45 en mai 68, "D'où parles-tu,
23:47 camarade ?"
23:49 Et moi, on me l'a fait, ça. Ma première heure de vérité,
23:51 Yvan Levin, il me dit,
23:53 "Mais d'où parlez-vous ? Vous appartenez
23:55 à une vieille famille ? Oh là, oh là,
23:57 oh là, ça veut dire quoi, ça ?"
23:59 Ah oui ? Donc, assignation
24:01 à résidence.
24:03 "Qui es-tu pour parler, toi ? Qui es-tu,
24:05 Geoffroy Lejeune ? D'où viens-tu ?"
24:07 Etc. - Je suis un putoie, donc...
24:09 - Et donc, voilà.
24:11 Moi, je fournis
24:13 bénévolement
24:15 trois méthodes
24:19 inspirées de l'histoire et de la fiction.
24:21 La première méthode, c'est
24:23 le certificat de civisme.
24:25 Ça, ça a très bien marché.
24:27 À partir de la loi du 17 septembre 1793,
24:31 c'est-à-dire que
24:33 les tièdes indifférents, selon la loi,
24:35 c'est le mot qui est utilisé,
24:37 doivent fournir un certificat de civisme
24:39 au comité de salut public. Sinon, ils sont éliminés.
24:41 Et avec le
24:43 certificat de civisme, ils sont éliminés plus rapidement
24:45 et guillotinés. Bon, ça, c'est une méthode
24:47 du certificat de civisme.
24:49 Il y a une deuxième méthode,
24:51 puisqu'on parle de fichage,
24:53 l'affaire des fiches.
24:55 Ma famille en a été victime.
24:57 Les officiers français,
24:59 en 1904, étaient fichés
25:01 pour leurs opinions.
25:03 Catholiques, patriotes, etc.
25:05 Et ça a créé un énorme problème en 1914.
25:07 Beaucoup d'officiers ont quitté l'armée.
25:09 Et ça a valu
25:11 au petit père Combes
25:13 de perdre son poste
25:15 de premier ministre,
25:17 de président du conseil à l'époque.
25:19 Parce que, évidemment, il était
25:21 mêlé à une histoire incroyable, l'affaire des fiches.
25:23 Le général André, ministre de la guerre,
25:25 fichait les officiers. C'est ça
25:27 qui nous attend. Alors, il y a une troisième méthode.
25:29 Je reviens au putois.
25:31 C'est l'odeur. Un putois,
25:33 ça a une odeur. Donc, c'est le doigt mouillé
25:35 de l'arc Combes qui se dira
25:37 "Fine que le crotte,
25:39 il sent
25:41 une gauche
25:43 mauvaise,
25:45 on va le mettre à l'extrême droite.
25:47 Michel Onfray,
25:49 c'est quand même une gauche
25:51 qui tape sur la gauche, donc on va le mettre au centre-droit."
25:53 C'est-à-dire qu'en fait,
25:55 Orwell
25:57 n'y a pas pensé à ça.
25:59 C'est-à-dire que ce qu'a fait
26:01 Macron, avec son secrétaire général,
26:03 son délégué général
26:05 des instances
26:07 de l'information, de la communication,
26:09 il a fait un truc inouï.
26:11 Il restera dans l'histoire, Emmanuel Macron.
26:13 Emmanuel, tu resteras
26:15 dans l'histoire. Faut pas que tu t'inquiètes.
26:17 Ce que je vous propose, Philippe Devilliers, c'est qu'on revienne
26:19 dans un instant sur Europe 1
26:21 pour la suite et la fin de notre émission.
26:23 On va aborder
26:25 d'autres sujets
26:27 dans la quatrième partie.
26:29 Votre regard sur l'Europe en difficulté
26:31 face à la Chine et les Etats-Unis, la grève des contrôleurs
26:33 à la SNCF.
26:35 Et on basculera au XVIIe siècle
26:37 ou la mort de Molière. Parce que c'était un
26:39 17 février. Le 17 février
26:41 1673. A tout de suite
26:43 sur Europe 1. Nous sommes de retour
26:45 dans un instant pour la suite de Face
26:47 à Philippe Devilliers. Juste
26:49 le temps pour moi de vous rappeler
26:51 tous les samedis de 13h à
26:53 14h sur Europe 1. Isabelle
26:55 Morizet fait tomber le masque et révèle aux auditeurs
26:57 d'Europe 1 les milles et une
26:59 facettes de la vie de son invité.
27:01 Et aujourd'hui, elle recueille
27:03 les confidences de Luc Ferry pour
27:05 son dernier livre, La frénésie
27:07 du bonheur. C'est aux éditions de
27:09 l'Observatoire. A tout de suite sur Europe 1.
27:11 Et voilà, depuis qu'il a été chez Atoll,
27:13 papa il peut de nouveau voir son poids sur la balance.
27:15 Mais voilà, il faut quand même qu'il rentre le ventre.
27:17 Bénéficiez d'un examen de la vue offert
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27:41 Peugeot. Vous êtes au volant
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27:45 planning est aussi chargé que votre véhicule.
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28:11 Face à Philippe Devilliers
28:15 10h-11h sur Europe 1
28:17 Il y a deux valles.
28:21 De retour sur Europe 1 pour la
28:23 dernière partie de Face à Philippe
28:25 Devilliers. Avant d'aborder la question
28:27 européenne, un dernier mot avec vous
28:29 Philippe sur cette question centrale
28:31 de la liberté de la presse et d'expression
28:33 qui alimente le débat depuis le début
28:35 de la semaine, fruit d'une
28:37 grande réflexion depuis
28:39 le début de cette émission.
28:41 Pour les auditeurs qui nous rejoignent,
28:43 on est longuement revenu sur la décision du
28:45 Conseil d'État qui, en juin l'Arc-com, a mieux
28:47 contrôlé les chaînes dont CNews.
28:49 La décision en a choqué d'ailleurs
28:51 plus d'un, Philippe, qu'ils soient
28:53 historiens, journalistes ou encore
28:55 politologues. Écoutons successivement
28:57 France Olivier Gisbert, Dominique Régnier
28:59 et Georges Bensoussan.
29:01 C'est honteux et c'est très grave.
29:03 C'est-à-dire, je pense vraiment, c'est la liberté
29:05 d'expression qui est en question.
29:07 Le problème de fond,
29:09 c'est, vous avez raison, bon,
29:11 au départ il y a la plainte de
29:13 Robert Serre-Saint-Francirc, mais le problème
29:15 de fond c'est le gouvernement des juges.
29:17 Je ne comprends pas l'évolution du Conseil d'État.
29:19 Le Conseil d'État est en train de changer de nature.
29:21 Et cela devient une espèce d'autorité souveraine.
29:23 Moi je ne vois pas le pouvoir supérieur au Conseil d'État
29:25 aujourd'hui. On met en avant CNews
29:27 au nom de la pluralité d'expression
29:29 alors que dans les médias publics
29:31 la pluralité d'expression n'est pas
29:33 la règle. Je suis là pour en témoigner.
29:35 D'une part. Et d'autre part, je crois
29:37 que c'est surtout l'expression d'une panique
29:39 en haut lieu. - Geoffroy Lejeune.
29:41 Le constat est sans appel. Qu'est-ce qui va se passer maintenant, Philippe ?
29:43 - Ben, là,
29:45 Dominique Régnier
29:47 a très bien répondu à cette question
29:49 lorsqu'il était chez Laurence Ferrari
29:51 avec vous, je crois, d'ailleurs. Il a dit
29:53 "On revient à avant
29:55 1881, la loi
29:57 de la liberté de la presse."
29:59 Et
30:01 ça me rappelle,
30:03 je sais pas si vous vous souvenez,
30:05 du monologue
30:07 de Figaro.
30:09 Dans "Le mariage de Figaro".
30:11 Pourvu que je ne parle
30:13 ni de l'autorité,
30:15 ni de la politique,
30:17 ni de la morale, ni des gens en place,
30:19 ni des corps en crédit, alors
30:21 j'ai le droit de tout imprimer
30:23 librement sous l'inspection
30:25 de deux ou trois censeurs.
30:27 Voilà. On revient à ça,
30:29 OK ? Voilà. Il a dit
30:31 une autre chose, Dominique Régnier,
30:33 très intelligente.
30:35 Il a dit "Dans le nouveau paysage
30:39 au duvisel, il y a un pluralisme
30:41 nouveau qu'incarnent
30:43 ces news. C'est le pluralisme thématique."
30:45 En d'autres termes, ces news
30:47 parlent de choses dont les autres ne parlent pas.
30:49 Ou à une manière
30:51 de parler. Crépole, Lampedusa,
30:53 Lola, le 7 octobre,
30:55 le pogrom, etc.
30:57 Alors que le service public, etc.
30:59 Ou l'AFP parle d'attaques
31:01 résistantes, etc.
31:03 Voilà. C'est-à-dire qu'il y a un ton,
31:05 il y a une couleur. Et ça, c'est capital.
31:07 Le pluralisme thématique.
31:09 Alors, qu'est-ce qui va se passer ?
31:11 Soit le pluralisme thématique
31:15 s'impose, soit
31:17 il nous ferme. Mais à ce moment-là,
31:19 à ce moment-là, c'est
31:21 très, très,
31:23 très, très grave.
31:25 Et les gens qui
31:27 se font apporter la bassine
31:29 de Pilate en ce moment,
31:31 tous ces politiciens qui se taisent,
31:33 tous ces journalistes qui se taisent
31:35 et qui s'en lavent les mains,
31:37 ils seront pointés du doigt
31:39 par tous les Français
31:41 qui diront
31:43 "Vous avez tué la chose la plus
31:45 précieuse pour que nous puissions
31:47 réfléchir et penser tous ensemble
31:49 la liberté d'expression."
31:51 Philippe Devilliers, parlons de l'Europe à présent.
31:53 Bruxelles, on en a parlé
31:55 dans cette émission, a été
31:57 l'épicentre de la colère des agriculteurs.
31:59 Il s'avère que la crise agricole
32:01 a pour certains été le révélateur
32:03 du déclin de l'Europe dans la mondialisation.
32:05 Cette problématique a été
32:07 le fruit d'un entretien et d'un débat
32:09 passionnant dans le Figaro
32:11 entre l'économiste Christian Saint-Etienne
32:13 et le banquier d'affaires
32:15 Philippe Bilin. Les agriculteurs,
32:17 c'est le titre, sont les lanceurs d'alerte
32:19 sur le déclin auto-imposé
32:21 de l'Europe.
32:23 Philippe Devilliers, en quoi la crise agricole
32:25 est le symptôme d'une
32:27 Europe en voie de disparition ?
32:29 L'Europe,
32:31 l'Occident,
32:33 a dominé le monde.
32:35 Et aujourd'hui, selon une formule
32:37 de Raymond Aron,
32:39 les Européens sont en train
32:41 de sortir de l'histoire. Je me souviens
32:43 d'Hélène Carard d'Ankos,
32:45 à la sortie de l'enterrement de
32:47 François Léotard, aux Invalides,
32:49 qui m'avait dit "Vous savez Philippe,
32:51 le moment de l'Occident est passé."
32:53 Ça m'avait beaucoup marqué.
32:55 Il y avait deux slogans que le
32:57 cercle de la raison nous répétait.
32:59 "L'Europe, puissance, l'Europe, c'est la paix."
33:01 Les deux slogans
33:03 ont chacun reçu un coup de grâce.
33:05 Premier coup de grâce,
33:07 le Green Deal. Deuxième coup de grâce,
33:09 l'Ukraine. Premier coup de grâce,
33:11 le Green Deal.
33:13 Le Green Deal,
33:15 d'abord, il était inutile,
33:17 puisque l'Europe ne pèse
33:19 que 8% du carbone
33:21 mondial, alors que
33:23 la Chine, l'Asie et le Moyen-Orient
33:25 pèsent 60%.
33:27 Il s'est traduit par un
33:29 modèle punitif,
33:33 sans réciprocité,
33:35 ce que note Philippe Vian et Christian Saint-Etienne.
33:37 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
33:39 ce que vous pensez,
33:41 que l'Europe a accès à 2%
33:43 des marchés publics chinois
33:45 et la Chine a accès à
33:47 98% des marchés
33:49 publics européens.
33:51 Ensuite, le Green Deal,
33:53 il casse notre croissance
33:55 avec un carcan de normes,
33:57 je n'insiste pas, l'agriculture en est victime,
33:59 mais aussi l'industrie, la réindustrialisation.
34:01 Et surtout, et surtout, cette chose extravagante,
34:05 c'est que le Green Deal
34:07 favorise
34:09 le "Buy China Act",
34:11 c'est-à-dire acheter chinois.
34:13 C'est-à-dire qu'en fait, avec les normes du Green Deal,
34:15 on n'a pas le choix,
34:17 il faut acheter chinois, on achète chinois.
34:19 Merci le Green Deal.
34:21 C'est-à-dire que l'Europe, l'Union Européenne,
34:23 c'est des champions du monde,
34:25 ils nous tournent vers la Chine
34:27 pour pouvoir satisfaire les normes du Green Deal.
34:29 Mais ce n'est pas fini.
34:31 Ça, c'est l'Europe-puissance.
34:33 Mais il y a aussi l'Europe, c'est la paix.
34:35 L'Europe, c'est la paix. Non, l'Europe, c'est la guerre.
34:37 On a affaire à des vattes en guerre.
34:39 L'Europe, c'est la guerre et c'est la défaite.
34:41 Et quand il y aura la défaite,
34:43 le monde entier va pointer du doigt l'Europe
34:45 en disant "C'est vous, les responsables avec l'Ukraine,
34:47 c'est vous qui avez été vattes en guerre,
34:49 c'est vous qui avez donné les derniers crédits,
34:51 les Américains, ils sont retirés."
34:53 Et qu'est-ce qu'on a vu avec l'Ukraine ?
34:55 Le "Buy American Act",
34:57 c'est-à-dire que Nicolas Baverez
34:59 dit très bien dans la revue "Politique Internationale",
35:01 mon ami Patrick Wachman,
35:03 dans un article remarquable,
35:05 il dit "En fait, les grands bénéficiaires des sanctions
35:07 c'est l'Amérique."
35:09 Et donc, en fait, on achète notre pétrole,
35:11 notre gaz à l'Amérique,
35:13 qui fait ses choux gras des sanctions
35:15 qui nous ont évidemment coupé
35:17 de la route du gaz de la Russie.
35:19 Et donc, c'est le "Buy American Act".
35:21 Donc, on a, je résume,
35:23 avec le Green Deal,
35:25 le "Buy China Act"
35:27 et avec l'Ukraine,
35:29 le "Buy American Act".
35:31 Quand on sait qu'en plus,
35:33 on a des pays qui ont été vattés,
35:35 quand on sait qu'en plus,
35:37 nous sommes, nous l'Europe,
35:39 un espace du monde
35:41 qui ne sait plus d'où il vient,
35:43 qui ne croit plus en lui-même,
35:45 parce que pour être une grande puissance,
35:47 il faut croire en soi.
35:49 Si vous voulez, toutes les sociétés obéissent à la même loi.
35:51 Quand elles ont cessé
35:53 de se souvenir
35:55 de leur raison d'être
35:57 et que
35:59 l'idée qui les a fait naître
36:01 leur est devenue comme étrangère,
36:03 elles se démolisent
36:05 de leur propre main.
36:07 C'est le cas aujourd'hui.
36:09 L'Europe est en train de sortir de l'histoire.
36:11 Voilà pour la question européenne.
36:13 Vous ne prenez pas le train
36:15 ce week-end, Philippe Devilliers ?
36:17 C'est extraordinaire, il y a...
36:19 Vous ne répondez pas à ma question.
36:21 Est-ce que vous prenez le train ?
36:23 Non. Vous n'aviez pas prévu de partir en vacances
36:25 ce week-end non plus ?
36:27 Non, mais on va finir à cheval.
36:29 Non, mais je vous explique.
36:31 Il ne faut pas prendre la voiture thermique.
36:33 Ça pollue.
36:39 Pour plaire aux écolos, pas la voiture.
36:41 Ensuite, il ne faut pas prendre l'avion.
36:43 Ah non !
36:45 Que quatre fois dans l'année.
36:47 Et maintenant, il ne faut plus prendre le train
36:49 parce que le train est en grève.
36:51 Il n'y a qu'une solution.
36:53 Il y a des chevaux au Puy-du-Fou,
36:55 je vais chercher un cheval.
36:57 Et quand il vient à Paris, on offrira une trottinette à Philippe.
36:59 Philippe Devilliers interdit les grèves
37:01 pendant les vacances.
37:03 Il faut...
37:05 C'est simple.
37:07 Quand vous avez un service public en situation de monopole,
37:09 il faut interdire les grèves tout court.
37:11 Parce que si vous avez une concurrence,
37:15 à ce moment-là, vous pouvez...
37:17 S'il y a une concurrence sur le rail,
37:19 vous pouvez prendre un autre train,
37:21 une autre compagnie.
37:23 Là, c'est une prise d'otages,
37:25 de gens qui n'y peuvent rien.
37:27 C'est deuxièmement
37:29 une captation d'argent public
37:31 par des rentiers.
37:33 Captation d'argent public,
37:35 parce qu'on leur a donné quand même
37:37 20 milliards de subventions.
37:39 Parce qu'il y a un trou tous les ans à la SNCF.
37:41 Et enfin, c'est un détournement
37:43 de service public, parce que l'essence
37:45 du service public, c'est le service du public
37:47 avec la continuité et l'égalité.
37:49 On est complètement à côté de la plaque.
37:51 Vous avez souvent parlé,
37:53 Philippe Devilliers, et c'est un autre sujet,
37:55 de la grande dépression des élus locaux.
37:57 Je voudrais qu'on revienne sur une mesure
38:01 qui aujourd'hui est contestée,
38:03 à savoir l'impossibilité
38:05 d'être député et maire
38:07 en même temps. En 2012,
38:09 il y avait par exemple 250 députés
38:11 dans l'hémicycle députés-maires.
38:13 Aujourd'hui, il n'y en a aucun
38:15 12 ans ou 13 ans plus tard.
38:17 Karl Oliv, député Renaissance,
38:19 a signé une tribune dans l'Opinion. Voilà ce qu'il dit.
38:21 "La suppression du cumul a précipité l'éloignement
38:23 de l'objectif imaginé. On devait
38:25 rapprocher l'élu du citoyen,
38:27 on l'en a éloigné."
38:29 En quoi Philippe Devilliers,
38:31 et vous avez deux minutes pour nous en parler,
38:33 avoir un député-maire
38:35 changerait quelque chose ?
38:37 D'abord, moi, quand je montais dans les travées,
38:39 je naviguais entre les députés académiciens,
38:41 Michel Debré, Jean-François Degnaud,
38:43 Alain Perfit, et les députés-maires,
38:45 le maire de Marseille,
38:47 le maire de Bordeaux, Chabon,
38:49 le maire de La Rochelle, etc.
38:51 En fait, on entendait résonner sous la haute
38:53 verrière l'éloquence
38:55 du quai Conti et en même temps
38:57 les verdeurs du plateau de Millevaches.
38:59 Qu'est-ce que ça veut dire ? On avait
39:01 le verbe et le réel.
39:03 Et le réel,
39:05 c'est important. Pourquoi ? Parce que
39:07 le réel, il porte à Paris
39:09 les fumeroles
39:13 des éruptions volcaniques à venir.
39:15 Et c'est parce qu'on a ignoré le réel
39:19 qu'on a l'idéologie. Parce que quand vous n'avez pas
39:21 le réel, quand vous n'avez pas le député-maire,
39:23 vous avez du hors-sol les champions
39:25 de Paris.
39:27 Et qu'est-ce que ça donne les champions de Paris ?
39:29 Ils ne voient pas venir les émeutes,
39:31 les gilets jaunes, les tracteurs.
39:33 Ils ne voient rien venir parce qu'ils n'ont
39:35 pas de capteurs. C'est une conversation que j'ai eue
39:37 avec Emmanuel Macron
39:39 un jour en disant "Votre problème..."
39:41 Il me dit "C'est quoi mon problème ?" Je dis "Votre problème, vous n'avez pas de capteurs."
39:43 Et il y a
39:45 une anecdote qu'on m'a racontée
39:47 que je trouve délicieuse.
39:49 La buvette de l'Assemblée, quand tous
39:51 les députés de la Macronie sont arrivés,
39:53 elle est obligée de changer ses commandes.
39:55 Avant, elle commandait du
39:57 vin de pays, du Jura,
39:59 de Provence, etc.
40:01 Et là, il n'y a plus de vin de pays,
40:03 c'est du Coca
40:05 Zéro. C'est-à-dire du Coca
40:07 sans sucre. Donc c'est la Coca colonisation
40:09 de la Macronie. C'est tout dire.
40:11 C'est une autre vie.
40:13 C'est un député
40:15 du troisième type.
40:17 Député l'homo
40:19 qui zappe, l'homo sapiens.
40:21 - A boire, évidemment, le vin
40:23 de pays avec modération.
40:25 - Avec... - Grande modération.
40:27 - Avec modération...
40:29 - Bien sûr.
40:31 - Mais vous savez que l'année dernière,
40:33 la buvette
40:35 à l'Assemblée nationale,
40:37 il y avait eu tout un sujet là-dessus.
40:39 Il y avait une question, il y avait une rupture de stock
40:41 à la buvette.
40:43 Donc il faut toujours faire...
40:45 - C'est quand la France Insoumise est arrivée.
40:47 - Pas que. Avec tous les députés, bien sûr.
40:49 Philippe de Villiers, que serait cette émission
40:51 sans nous plonger dans l'histoire ?
40:53 Je sais que ça vous fait...
40:55 Ça vous tient à cœur, évidemment.
40:57 Et c'est une partie où la France...
40:59 C'est la France qui nous ressemble,
41:01 qui nous rassemble, bien sûr.
41:03 Plongeons-nous dans l'histoire
41:05 dans les dernières heures
41:07 d'un des plus grands dramaturges,
41:09 comédiens. Nous sommes le 17 février
41:11 1673
41:13 et un homme
41:15 entre pour la dernière fois
41:17 en représentation sur scène,
41:19 Philippe de Villiers.
41:21 - Au fil de la plume
41:23 et de traiteau en traiteau,
41:25 le jeune Molière
41:27 confirme sa vocation, son talent
41:29 dans la comédie
41:31 de Meurs.
41:33 Mais sur son passage, bientôt,
41:35 hélas, on entend
41:37 les sifflets
41:39 des seigneurs et dames
41:41 sa galerie de portraits qu'il ne ménage pas.
41:43 Il est sur
41:45 un fil.
41:47 Et puis un jour, heureusement,
41:49 il est convoqué à Versailles
41:51 sur la cour de Marbre par le roi.
41:53 Et le roi le comble
41:55 de bienfaits. "Votre troupe
41:57 sera la troupe des rois.
41:59 Elle s'appellera la troupe des rois.
42:01 Je vous accorde une pension de 6 000 livres.
42:03 Et
42:05 j'accepte
42:07 d'être le parrain de votre fils.
42:09 Mais pourquoi me favorisez-vous ainsi ?
42:11 Demande Molière.
42:13 Je
42:15 favorise et je protège
42:17 le rire français.
42:19 Il est en péril.
42:21 Et j'ai besoin de vous, Molière,
42:23 pour corriger les Meurs.
42:25 Oui, vous êtes
42:27 mon second législateur.
42:29 Vous savez ce qu'on dit à la cour ?
42:31 Un seul verre de Molière vaut
42:33 plus que 10 édits de Colbert.
42:35 Mais vous voulez que j'écrive ?
42:37 Oui, vous allez écrire.
42:39 Vous voulez que j'écrive
42:41 pour la signorie qui est ici ? Oui.
42:43 Vous allez les éreinter.
42:45 Vous allez les mettre plus bas que l'herbe.
42:47 Tout c'est grand.
42:49 Je vous laisse
42:51 à vos gosseries
42:53 pour la cour." Alors il se précipite
42:55 sur la cour de Marbre.
42:57 Et là il aperçoit
42:59 un vieux pingre, les mains crispées
43:01 sur une cassette. "Oh, mon Dieu,
43:03 j'ai mon arpagon.
43:05 C'est avare.
43:07 Nerveux. J'ai ma pièce."
43:09 Et puis, juste à côté,
43:11 il y a un bourgeois
43:13 enturbanné.
43:15 Il s'approche
43:19 du bourgeois enturbanné et lui dit
43:21 "Monsieur Jourdain,
43:23 oh, j'ai le grand Mamamouchi,
43:25 la turquerie du grand Mamamouchi."
43:27 Et à côté, il y a deux jeunes
43:29 femmes qui gloussent
43:31 deux pains bèches.
43:33 Mathilde Pannot
43:37 et Caroline Rousseau.
43:39 Il dit "J'ai les
43:41 précieuses rédicules."
43:43 Et puis,
43:45 un peu plus loin,
43:47 il y a
43:49 un vicieux qui lorne sur
43:51 une poitrine.
43:53 "Oh, cachez-moi ce sein que je ne saurais
43:55 voir. J'ai mon tartuffe."
43:59 Il enchaîne les pièces à partir de la cour.
44:01 Il y trouve ses portraits.
44:03 Jusqu'à ses
44:05 soirées du 16 février
44:07 1673
44:09 où il va jouer et interpréter lui-même
44:11 le malade imaginaire. Le rideau se lève,
44:13 le roi est assis au premier rang.
44:15 Toinette prend son poux.
44:17 "Le poumon, le poumon, le poumon, vous dis-je."
44:19 Il s'effondre.
44:21 Il ne répond plus.
44:23 L'orchestre s'arrête.
44:25 Marc Charpentier et Marc-Antoine
44:27 Charpentier ont compris. Le roi aussi
44:29 a compris. Toinette
44:31 se penche. "Qui est-il ?"
44:33 "Vous ne répondez plus."
44:35 La tête de Molière est tombée
44:37 sur la coudeoire. Le roi a
44:39 compris. Il est mort. Il y a un
44:41 frisbee de panique qui court dans tout
44:43 le théâtre. C'est fini.
44:45 Alors, le roi se penche vers
44:47 son voisin, qui est Boileau,
44:49 et il dit à Boileau, "C'était
44:51 le plus grand ?"
44:53 Et Boileau lui répond,
44:55 "C'était le plus grand.
44:57 Il restera."
44:59 - Et vous savez ce que vous aurait répondu
45:01 Thierry Rolland ?
45:03 Le plus tard possible.
45:05 - Oui. Thierry Rolland, il avait dit
45:07 "Maintenant, on peut partir."
45:09 - Après la finale de 1998,
45:11 il a dit "Après ça, on peut mourir tranquille."
45:13 Enfin, le plus tard possible, bien sûr.
45:15 Merci à tous les deux.
45:17 On se retrouve évidemment samedi prochain,
45:19 à la même heure, sur Europe 1 en partenariat
45:21 avec CNews. Dans un instant,
45:23 C'est Laurent Mariotte pour la table des bons vivants.

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