• il y a 10 mois
Vendredi 16 février 2024, SMART SPACE reçoit Valery Lainey (astronome, Observatoire de Paris - PSL) , Grégoire Berry (directeur du développement spatial à l'international, SERCO) et Frédéric Adragna (responsable, programme Connect by CNES)

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00:00 [Musique]
00:04 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Space.
00:07 On n'a pas tout à fait réussi à décrocher la Lune pour la Saint-Valentin
00:12 alors qu'une nouvelle mission devait décoller en direction de notre satellite.
00:16 Pour tenter une nouvelle fois de poser un engin privé sur notre satellite,
00:21 la mission a été reportée à la semaine prochaine.
00:24 Dans l'actualité, on va aussi parler du retour de Marcus Vant,
00:27 l'astronaute européen de nationalité suédoise
00:31 qui vient d'effectuer sa toute première mission privée dans l'ISS.
00:36 Et puis cette découverte phénoménale, celle d'un océan souterrain
00:39 sous la surface de Mima, la lune de Saturne.
00:43 C'est une découverte française et nous aurons en ligne le responsable de cette étude.
00:49 Et dans votre tol, qu'on parle agriculture et c'est évidemment d'actualité,
00:53 précisément comment le secteur spatial peut servir l'agriculture
00:58 dans les nombreux challenges qui s'annoncent.
01:01 Voilà pour le programme de l'émission, on démarre tout de suite direction la Lune, ou presque.
01:05 Une nouvelle mission direction la Lune aurait dû décoller cette semaine
01:14 en guise de cadeau peut-être pour la Saint-Valentin, pour les fans d'espace que vous êtes.
01:19 Mais la société intuitive machine derrière ce lancement a annoncé son report
01:24 dans la nuit de mardi à cause des conditions météo.
01:27 Alors c'est SpaceX qui doit envoyer la lunisseur Nova-C sur le pôle sud de notre satellite.
01:33 La lunisseur doit acheminer des instruments scientifiques de la NASA
01:37 qui a passé un contrat de plus de 100 millions de dollars avec la société américaine.
01:42 Alors si la mission réussie, ce sera finalement le tout premier objet privé
01:48 à réussir à se poser sur la Lune un mois après l'échec de la dernière tentative,
01:54 celle de la société astrobotique. Prochaine essai donc prévu mardi 20 février.
02:01 Splashdown réussit pour Marcus Vant, l'astronaute européen de nationalité suédoise,
02:09 participé à la toute première mission commerciale à bord de la Station Spatiale Internationale,
02:14 prévue pour deux semaines. La mission commerciale AX3 vers l'ISS a duré finalement 21 jours
02:20 en raison de la météo qui a retardé le retour.
02:24 Les quatre membres de l'équipage auront mené 30 expériences différentes
02:28 et plus de 50 activités de sensibilisation à bord de l'ISS.
02:33 Le retour sur Terre lui aussi aura été un petit peu plus long que prévu.
02:37 Si le désamarage de l'ISS du module Dragon a démarré le mercredi 7 février,
02:43 le splashdown lui n'a eu lieu que deux jours plus tard seulement,
02:47 alors que normalement ce voyage prend entre deux et trois heures.
02:51 Les astronautes de l'AX3 achèvent ainsi la première mission commerciale européenne d'astronautes
02:57 à destination de l'ISS. Axiom Space prévoit déjà de lancer sa quatrième mission,
03:03 la mission Axiom 4, vers l'ISS au plus tôt en octobre 2024
03:07 depuis le Centre Spatial Kennedy de la NASA en Floride.
03:11 Et puis dernière actualité mais pas des moindres,
03:14 des chercheurs français ont découvert un océan souterrain sur Mima, une lune de Saturne.
03:21 Une étude publiée mercredi 7 février dans la revue Nature qui montre l'existence d'un océan souterrain
03:28 sur cette lune de Saturne, petit satellite de 400 km de diamètre
03:32 qui vit une vie discrète autour de la géante gazeuse.
03:36 Alors Valérie Lainey, l'astronome à l'Observatoire de Paris qui a dirigé cette étude,
03:42 a bien voulu répondre à notre call actu aujourd'hui.
03:45 Bonjour Valérie Lainey, bienvenue dans cette émission.
03:49 Alors je crois que vous avez dit que s'il y avait bien un objet dans le système solaire
03:52 auprès duquel on ne s'attendait pas vraiment à trouver de l'eau, c'était certainement Mima.
03:57 Pourquoi ? Est-ce qu'on parle d'eau liquide d'abord ?
04:00 Oui bonjour madame, alors effectivement, on a déjà trouvé 4 lunes qui avaient un océan sous leur couche de glace.
04:08 Mais en règle générale, on s'y attendait un peu dans la mesure où la surface était relativement jeune
04:14 et donc laissait présager qu'il y avait de l'eau liquide sur la surface.
04:18 Ce qui est vraiment très étonnant sur cette 5ème lune que nous avons découverte
04:22 abriter un océan sous sa couche de glace, c'est qu'en fait cette lune ne ressemble absolument pas
04:26 à un objet pour lequel on s'attendrait à avoir de l'eau liquide dessous
04:28 puisque la surface est très ancienne, très crataisée
04:31 et pendant très longtemps on a cru qu'on avait affaire à un objet très vieux, très froid, très rigide
04:36 et certainement pas avec de l'eau liquide sur la couche de glace.
04:38 Donc ça vraiment c'est une très très grande surprise.
04:40 Alors de l'eau liquide, ça paraît être une découverte assez impressionnante dans le monde scientifique.
04:46 Est-ce qu'on a déjà trouvé de l'eau liquide ailleurs dans notre système solaire ?
04:50 Oui alors on a trouvé effectivement un peu ce genre de condition là,
04:54 c'est-à-dire de l'eau liquide en grande quantité sous toute la surface de lune.
04:58 Donc c'est le cas par exemple de la lune Europe, qui est un satellite de Jupiter
05:02 qui est bien beaucoup plus gros que l'UMAS.
05:04 C'est le cas également de Ganymède, un autre satellite de Jupiter,
05:08 et puis plus proche de Saturne, enfin deux autres lunes de Saturne,
05:11 on a Titan qui est la grosse lune du système de Saturne,
05:14 et en Slade, qui a des geysers à son pôle sud,
05:18 et donc vous avez régulièrement la vapeur d'eau qui est émise par cet endroit.
05:22 Donc ça effectivement, on avait déjà ces quatre exemples là,
05:25 mais comme je le disais, vraiment l'UMAS a une surface tout autre
05:28 et pour laquelle vraiment on ne s'attendait pas à trouver de l'eau liquide.
05:31 Donc ce qui est surprenant, ce n'est pas tellement de trouver une cinquième lune
05:33 qui aurait une quantité d'eau significative sous sa surface,
05:36 mais c'est vraiment de trouver de l'eau à un endroit où on n'imaginait absolument pas trouver de l'eau liquide.
05:40 Je comprends bien, ça peut rebattre l'écart sur votre façon d'aller chercher
05:45 des traces d'eau ailleurs dans le système solaire, c'est ça l'idée ?
05:48 C'est peut-être de se baser sur de nouveaux critères ?
05:51 Oui, tout à fait. En fait, il me paraît maintenant très difficile de pouvoir éliminer
05:56 la probabilité d'avoir de l'eau liquide sur la surface de plus de systèmes solaires
05:59 simplement en regardant sa surface, puisque l'UMAS est le contre-exemple parfait.
06:03 Donc ça veut dire qu'on a beaucoup d'autres cibles désormais qui pourraient avoir de l'eau liquide.
06:07 Alors il y en avait certaines déjà qu'on avait en tête,
06:09 comme Callisto, notre satellite de Jupiter,
06:11 ou alors également Dyonée, une autre lune de Saturne,
06:14 ou encore Triton, qui est un satellite de Neptune.
06:16 Mais au-delà de cette liste, on voit que finalement elle pourrait être beaucoup plus conséquente,
06:20 puisque finalement on avait d'autres lunes qui pourraient avoir encore un océan aujourd'hui
06:24 et auxquelles on n'aurait pas forcément pensé.
06:26 Donc là, de ce point de vue-là, MIMAS change complètement la donne,
06:28 et on s'aperçoit que de l'eau liquide, il peut y avoir en grande quantité,
06:31 et peut-être à de nombreux endroits pour lesquels on imaginait que ce soit impossible,
06:35 il y a encore quelques semaines.
06:37 Alors il n'est pas question pour l'instant d'aller analyser des échantillons de cette eau,
06:41 mais est-ce que vous allez pousser peut-être davantage l'exploration autour de cette lune ?
06:46 Oui, alors effectivement, on pourrait attendre les futures missions spatiales,
06:50 mais comme je le dis, c'est toujours un peu long les missions spatiales.
06:52 Donc en attendant, on est impatient, on a envie de savoir un peu plus.
06:55 Et une des choses qu'on aimerait savoir, c'est de préciser l'âge de cet océan.
06:59 On sait qu'il est nécessairement jeune, donc moins de 25 millions d'années,
07:02 ce qui n'est pas grand-chose quand on regarde la vue du système solaire, 4,6 milliards d'années.
07:07 Et on aimerait préciser un peu, est-ce qu'on est plutôt aux alentours de 5 millions d'années ou 25 millions d'années,
07:12 en sachant que si on peut préciser ces choses-là, on peut avoir une meilleure idée de l'intérieur de Mimas,
07:19 de connaître des caractéristiques sur son noyau de roche,
07:22 puisqu'en fait Mimas, c'est une couche de glace qui surplombe un océan d'eau liquide,
07:27 comme on l'a démontré, qui recouvre encore un noyau rocheux.
07:31 Et mieux comprendre la structure de ce noyau rocheux, avoir une meilleure idée également des températures
07:36 qui caractérisent vraiment l'interface entre l'océan et le noyau rocheux,
07:44 ça c'est vraiment quelque chose qui est l'enjeu dans les années à venir.
07:47 Alors, je suis obligée de vous poser la question, en général quand on cherche de l'eau liquide,
07:52 on cherche aussi des conditions peut-être favorables chimiquement à l'éclosion d'une forme de vie biologique,
07:57 ici il n'en est pas question ?
07:59 Je ne dirais pas qu'il n'en est pas question.
08:01 On a vraiment de l'eau liquide qui est en contact avec de la roche,
08:04 et cette eau liquide est à la température, au niveau du plancher océanique de Mimas,
08:09 de plusieurs dizaines de degrés Celsius,
08:11 donc en fait on est plutôt dans des conditions qui sont favorables,
08:13 telles qu'on le sait aujourd'hui, au développement de la vie.
08:15 Il n'est pas exclu non plus que Mimas ne soit pas une lune qui date de la formation du système solaire,
08:23 mais que ce soit au contraire une lune de deuxième voire de troisième génération,
08:27 c'est-à-dire que ce soit une lune qui soit formée à partir des bruits de collision d'autres lunes
08:31 qui n'existent plus aujourd'hui autour de Saturne,
08:33 pour lesquelles on pourrait imaginer que ces lunes qui ont aujourd'hui disparu
08:36 avaient développé une chimie déjà assez complexe.
08:39 Donc en fait, je reste très ouvert sur ces questions-là.
08:42 Il est possible qu'on ait une chimie déjà assez complexe au niveau du plancher océanique de Mimas.
08:47 Et ça, on pourrait le savoir comment ? Seulement en y allant et en récupérant des échantillons ?
08:51 Ou on a les moyens depuis la Terre d'analyser ces questions-là ?
08:55 Alors ce qu'on peut déjà faire en tout cas, c'est faire la comparaison avec Encelade,
08:59 qui est une autre lune de Saturne.
09:01 C'est une lune qui a à peu près la même composition, la même taille à peu près,
09:05 et la même distance à Saturne que Mimas.
09:07 Donc c'est vraiment la grande sœur.
09:09 Alors je dis la grande sœur parce qu'elle en revanche, elle a des geysers à ses surfaces,
09:13 donc il y a vraiment l'eau qui est présente.
09:16 Et on a un resurfassage, c'est-à-dire que la lune a très peu de cratères.
09:20 Encelade est vraiment à une surface relativement jeune.
09:23 Et donc là en revanche, on a moyen d'essayer d'analyser la composition chimique de cet océan.
09:29 Et on peut peut-être faire le parallèle avec Mimas et son océan,
09:32 pour lequel effectivement pour l'instant on ne peut pas dire grand-chose.
09:35 Donc c'est une piste certainement en attendant les futures missions spatiales.
09:38 Merci beaucoup Valérie Lenné d'avoir pris le temps de répondre à notre collectu
09:43 pour nous éclairer sur cette actualité scientifique évidemment passionnante.
09:48 On enchaîne quant à nous, c'était la fin de l'actualité, on enchaîne avec le talk sur Bsmart.
09:53 On parle agriculture aujourd'hui dans Smart Space,
10:00 ou précisément comment le secteur spatial peut se mettre au service de l'agriculture.
10:05 Alors même que ce secteur traverse une crise, on va parler technologie ensemble sur ce plateau évidemment.
10:11 Alors pour en parler j'ai à ma droite Grégoire Berry, directeur business development chez Serco.
10:16 Bonjour, bienvenue sur le plateau de Smart Space.
10:19 Peut-être que vous pouvez nous donner en quelques mots l'activité principale de Serco.
10:25 Serco est une société internationale qui travaille pour les gouvernements
10:29 et qui travaille depuis une soixantaine d'années dans le spatial.
10:32 En commençant au Royaume-Uni et puis maintenant on travaille aux Etats-Unis, en Europe,
10:38 où on a des activités d'expertise dans le domaine scientifique, spatial, pour l'ESA.
10:44 Nous opérons des satellites aussi pour le compte de Medsat et de l'ESA.
10:47 Et enfin nous traitons de la donnée spatiale que nous mettons à disposition des utilisateurs, experts ou non.
10:53 Sujet qu'on va pouvoir développer ensemble précisément celui sur la donnée spatiale.
10:57 Alors en face de vous on a Frédéric Adrania. Bonjour, bienvenue sur le plateau de Smart Space.
11:02 Vous êtes responsable du programme Connect by CNES.
11:05 Vous aussi je vous laisse présenter Connect by CNES en quelques mois.
11:09 Merci. Comme vous le savez le spatial est rentré dans une nouvelle ère qu'on appelle le New Space
11:14 avec notamment des nouveaux entrants dans le spatial.
11:16 Et donc le CNES, l'agence spatiale française, a décidé d'accompagner ces nouveaux entrants.
11:20 Et c'est l'objet justement de ce programme Connect by CNES.
11:23 C'est un accompagnement à 360° pour accompagner ces nouveaux entrants dans le spatial, en offrant l'expertise du CNES.
11:28 Alors justement on va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que l'agriculture c'est un nouvel entrant dans le secteur spatial ?
11:32 Non. En fait le spatial et l'agriculture c'est une histoire d'amour depuis le départ.
11:37 En fait Landsat c'est un programme américain, un des tout premiers programmes civils qui a été lancé dans les années 70.
11:42 Et déjà l'objectif c'était de cartographier notamment le territoire américain pour la géologie et l'agriculture.
11:48 Le territoire américain était très grand et il fallait avoir des statistiques sur le nombre d'hectares de maïs, de blé, etc.
11:54 Connaître aussi la géologie des sols. Et puis accessoirement voir un petit peu ce qui se passait aussi en URSS.
11:59 Donc voilà ce programme civil Landsat, qui était Landsat 1 à l'époque, maintenant on est au Landsat 9, donc il existe toujours.
12:05 C'était ça le début vraiment de l'histoire spatiale civile et donc ça a commencé directement avec l'agriculture.
12:11 Et alors à ce moment là déjà peut-être les gouvernements avaient un intérêt à développer cette, alors j'allais dire surveillance, mais peut-être observation notamment de l'agriculture ?
12:20 Oui, tous les programmes étaient publics. Il y avait peu d'initiatives privées à l'époque.
12:26 Alors de quelle application on parle précisément ? Alors on comprend à l'époque qu'il s'agissait peut-être de compter, de dénombrer.
12:34 Ici en France, de quoi il s'agirait ?
12:37 Alors dans la foulée de Landsat aux Etats-Unis, la France a été assez pionnière aussi.
12:41 On a lancé le programme SPOT dès les années 80, avec SPOT 1, 2, 3, 4, 5, 6 jusqu'à 1,5 m de résolution.
12:47 Donc pareil pour l'agriculture, pour la cartographie, pour la géologie.
12:51 Donc c'était un enjeu un petit peu, on va dire, étatique, souverain de surveiller son territoire et pour un petit peu au-delà.
12:59 Mais tout de suite l'agriculture et puis beaucoup d'autres applications étaient déjà dans le scope.
13:03 Qu'est-ce que ça veut dire finalement, surveiller ce territoire ? Quel est l'objectif final ?
13:08 L'objectif premier c'est la classification. C'est vraiment de savoir quelle quantité, enfin quelle surface,
13:12 est consacrée au maïs, au blé, à la vigne, etc. C'est vraiment ça l'objectif principal.
13:16 Aujourd'hui ça a bien évolué, on va en parler évidemment, mais on en est à l'ère de l'agriculture de précision.
13:21 Donc on voit à l'intérieur d'une parcelle les différences qu'il y a et justement les engins agricoles sont capables de mettre des intrants,
13:29 des engrais, en fonction de la position du tracteur dans le champ. Et donc ça c'est aujourd'hui.
13:33 Mais à l'époque c'était vraiment pour faire une classification. Aujourd'hui on est assez précis,
13:37 enfin le spatial est suffisamment précis pour donner des informations aux agriculteurs pour adapter l'apport d'engrais,
13:44 d'arrosage, d'irrigation, en fonction de la position du tracteur dans le champ.
13:48 Donc le premier moteur de cette collaboration entre le spatial et l'agriculture ce sont les gouvernements.
13:53 Est-ce qu'il y a des gouvernements plus enclin à aller rechercher ce partenariat que d'autres ?
13:59 Bonne question. Après les épreuves SPOT, c'est l'Union Européenne qui s'est mis en charge avec l'ESA de lancer un grand programme de surveillance
14:12 qui s'appelle Copernicus, qui a commencé à permettre d'avoir des informations beaucoup plus précises qu'auparavant,
14:18 dans différentes longueurs d'onde, le radar, l'optique et le multispectral.
14:25 Et cette information maintenant est à disposition de chacun, elle est gratuite pour l'ensemble des utilisateurs.
14:34 Ce qui fait qu'à partir de là, en parallèle du New Space, où ça a facilité l'émergence du New Space,
14:41 puisque les données spatiales étaient gratuites, les startups, les grands groupes ont pu développer des applications pour l'agriculture ou pour d'autres domaines.
14:51 À travers ce programme, ça a été vraiment un accélérateur dans le développement des utilisations dans le domaine de l'agriculture.
14:58 La conjonction du GPS et de cette imagerie a permis à cette agriculture de précision d'émerger, avec la modernisation des technologies embarquées dans les tracteurs.
15:11 C'est important de souligner aussi le GPS, puisque jusqu'à maintenant on parle d'imagerie spatiale, ce qui est un apport majeur pour l'agriculture.
15:16 Mais un autre apport majeur pour l'agriculture, c'est la géolocalisation.
15:19 Donc le GPS américain et le Galileo européen sont absolument majeurs, parce que c'est grâce à ça que le tracteur sait exactement où il est.
15:26 D'ailleurs, maintenant c'est aussi ça qui guide les tracteurs au centimètre près. C'est le GNSS, comme on dit.
15:32 Et vous posez la question des gouvernements, des puissances publiques qui s'intéressent à l'agriculture.
15:37 L'Europe, avec la PAC, apporte une subvention aux agriculteurs en fonction de la surface, etc.
15:43 Donc il y a toute une déclaration qui est faite par l'agriculteur, qui est surveillée, contrôlée par sa délite.
15:47 C'est un outil d'appui pour la réglementation.
15:49 Absolument.
15:51 Oui, Cerco est en charge de fournir pour l'agence de services de paiement française l'analyse de ces parcelles,
15:57 pour vérifier que les déclarations des agriculteurs sont conformes à la réalité sur le terrain.
16:02 Et bientôt, toutes cettes... Donc avant, il fallait des contrôles sur place pour voir la réalité de ces déclarations.
16:09 Et bientôt, tout se fera de façon automatique.
16:12 Donc ça allègera le travail de l'administration, ça allègera les contraintes des agriculteurs, et ce sera beaucoup plus rapide et efficace.
16:18 C'est vrai que c'est une des revendications, l'administratif et le temps alloué à l'administratif pour les agriculteurs.
16:24 On les a entendus dans la rue tout récemment.
16:27 Donc l'idée c'est aussi de mettre en place des solutions technologiques pour faciliter, en tout cas sur cet aspect-là.
16:32 Sur quel autre aspect d'ailleurs on peut accompagner grâce à cette surveillance, grâce à cette géolocalisation si précise, le quotidien des agriculteurs ?
16:42 Est-ce qu'on a d'autres exemples encore ?
16:44 L'agriculture, comme tous les autres domaines économiques, fait face au changement climatique.
16:50 Et donc les agriculteurs ont vraiment à cœur de réduire leur impact, que ce soit la consommation d'eau, mais aussi l'apport d'intrants, de pesticides, etc.
16:58 Et donc le spatial, par l'observation régulière et intraparcellaire de la vigueur des plantes, la croissance, la biomasse, etc.,
17:05 permet de moduler et de mettre au plus juste, disons, les intrants nécessaires pour les plantes, y compris l'irrigation.
17:12 Et donc ça permet d'économiser aussi la ressource en eau et de diminuer l'impact sur la pollution des terres, etc.
17:20 Donc c'est absolument majeur.
17:22 Est-ce qu'ils ont les softwares, les accès pour bénéficier de cette technologie ?
17:25 Oui. Moi-même du spatial, souvent je fais des conférences où j'interviens devant des tables rondes.
17:31 Et une fois j'ai parlé devant des agriculteurs en disant "Oui, bientôt, grâce au GPS et tout ça, et aux satellites, vous allez pouvoir faire ça".
17:36 Et le gars me dit "Mais monsieur Otrania, j'ai déjà ça sur mon téléphone, ça marche au quotidien, ça fait déjà 5 ans que je l'utilise".
17:41 Donc ils sont très très très technopouche ou technophile, enfin ils sont très très branchés, oui.
17:46 Oui, on parle de quelque chose qui existe déjà, en fait, c'est important de le dire, la technologie spatiale est déjà au cœur du quotidien.
17:52 Absolument, ça va encore beaucoup se développer, on en parlait, mais oui, ça existe déjà.
17:54 Tout à fait, alors on peut en parler, parce que le sujet c'est aussi l'innovation technologique permise par le secteur spatial.
18:01 Alors il y a plusieurs aspects. Le premier aspect, c'est cette robotique qui s'est développée dans l'agriculture.
18:06 Et donc on comprend que grâce notamment à la géolocalisation, on va avoir ces stations sol et cette connectivité avec nos satellites
18:15 qui va permettre une meilleure utilisation de la technologie sur place, plus de robotisation aussi.
18:21 Oui, tout à fait possible. Aujourd'hui, les logiciels traitent, buse par buse, l'épandage, pour éviter de dépendre sur une zone qui n'est pas fertile,
18:31 trop argileuse, par exemple, et sur laquelle il est inutile de mettre de l'engrais, ou éviter de passer deux fois au même endroit.
18:39 Et ça, grâce à la position GPS ou Galileo, on arrive à précisément localiser le tracteur et couper les buses au moment où il repasse.
18:48 Donc il y a toute cette évolution qui est en cours, et déjà bien là, comme vous le soulignez.
18:54 Et maintenant, l'étape d'après, ça va être d'anticiper l'impact des décisions qu'on prend à travers des modélisations
19:01 pour essayer de développer une meilleure connaissance de l'impact des décisions qu'on prend.
19:08 Alors là, on arrive à un sujet passionnant, c'est ce projet qui s'appelle Destiny, donc Destination Earth,
19:14 et qui est une initiative qui aurait pour but de créer un jumeau numérique de la Terre, c'est bien ça ?
19:18 Absolument, oui. En 2030, l'objectif que la Commission européenne a donné, c'est d'avoir un jumeau numérique complet de la Terre en 2030,
19:26 et c'est passionnant.
19:28 Alors comment on va faire ça ? Quelles données on va regrouper dans ce jumeau numérique ? Parce qu'on a le choix, on ne va peut-être pas tout placer là-dedans.
19:35 On va agréger énormément de données. Ça va être le rôle de MEDSAT, qui va organiser ce qu'on appelle un lac de données,
19:43 c'est-à-dire des données présentées de façon non structurée, dans lesquelles les utilisateurs vont pouvoir les piocher
19:49 en fonction de l'utilisation ou de ce qu'ils recherchent comme type de données.
19:54 Et ces données seront connectées à d'autres lacs de données également.
20:01 L'idée, c'est d'avoir vraiment, dans cet environnement, dans cette plateforme, accès à un maximum de données à travers un identifiant unique.
20:10 L'autre aspect de cette plateforme, ce sont les modèles qui seront apportés par le Centre de prévision météorologique à moyen terme européen,
20:20 XTMWF, qui a déjà des capacités de calcul extrêmement puissantes et qui les mettra à disposition de cette plateforme.
20:27 Et cette plateforme sera gérée par Cerco pour le compte de l'ESA, dans l'ensemble des services qui seront mis à disposition,
20:34 de visualisation de la donnée, de collaboration et de mise en place de ce qu'on appelle des "sandbox", des bacs à sable,
20:42 où les différents interlocuteurs ou acteurs, des start-up, des universités, des agences spatiales,
20:50 pourront travailler ensemble sur un sujet, tester soit leur modèle de données avec des modèles de prévision,
20:57 soit leur modèle de prévision en utilisant des données.
21:04 On aura accès à des modèles de prévision directement grâce à cette plateforme ?
21:08 Absolument, c'est une énorme plateforme et les deux premiers jumeaux numériques seront autour de l'impact climatique,
21:15 des changements climatiques et l'adaptation qu'il faut anticiper face aux changements climatiques.
21:20 C'est là qu'on voit aussi le rôle des technologies comme les super-ordinateurs, vous avez mentionné l'Institut météorologique,
21:25 c'est ces technologies-là qui vont permettre d'amasser aussi ce genre de données et de faire de la projection demain.
21:31 On parle de jumeaux numériques de la Terre, mais est-ce qu'on a besoin de numériser toute la Terre ?
21:37 En fait, si on veut commencer à travailler sur des modèles de prévision, on va être obligé d'avoir des éléments pour nourrir ces modèles.
21:46 Et donc ce travail de numérisation de la Terre, qui commence par la Terre, ensuite l'océan, ensuite l'atmosphère,
21:51 va petit à petit construire un jumeau numérique qui va être testé avec les données historiques qu'on a,
22:00 pour être sûr que les modèles sont bien ajustés.
22:02 Et on pense, quand on va commencer à travailler avec ce jumeau numérique, qu'on générera un pétabaille de données par jour.
22:10 Je ne sais pas si vous vous imaginez.
22:11 C'est difficile, ce que ça représente.
22:13 Je crois que ce sont des millions de milliards d'octets.
22:16 L'ensemble des données Copernicus, aujourd'hui, s'est établi autour de 65 pétabailles de données.
22:24 Quand il était à disposition d'à peu près 750 000 utilisateurs des données Copernicus, réparties dans le monde.
22:35 Un pétabaille de données, c'est absolument gigantesque.
22:39 Et donc ça pose des défis techniques gigantesques.
22:44 La question de la gestion de ces données va être très importante.
22:46 Et pas toujours en accord avec l'écologie.
22:48 Donc il va falloir trouver des solutions.
22:50 Si on mesure l'écologie en générant des données qui ne vont pas améliorer la situation, c'est un problème.
22:55 Donc j'imagine que c'est un challenge très important.
22:57 C'est un challenge important.
22:58 Et c'est pour ça qu'on travaille avec OVHcloud.
23:00 Il y a une façon assez particulière de refroidir ces data centers avec de l'eau.
23:05 Et qui consomme très peu d'énergie.
23:07 Et donc qui est plus écologique que certains gros data centers de l'autre côté de l'Atlantique.
23:13 Et alors si je comprends bien, et c'est là peut-être que vous avez aussi ce rôle à jouer chez ConnectBindness,
23:18 l'objectif d'améliorer les prévisions météorologiques pour notamment l'agriculture,
23:24 ça va permettre de nouvelles opportunités aussi pour les entreprises et les start-up qui s'intéressent à ce secteur-là,
23:28 notamment grâce à des plateformes comme celle-ci.
23:30 Oui, un des effets, on a parlé du programme Copernicus,
23:32 qui est vraiment le programme d'observation de la Terre le plus ambitieux au monde, que je connaisse.
23:36 Un des intérêts, c'était justement de développer en aval de Copernicus, beaucoup de services.
23:42 Parce que les données sont gratuites, sont pérennes, sont ouvertes à tous.
23:44 Et donc ça a généré beaucoup de services opérationnels, d'entreprises, qui font d'ailleurs des services pour l'agriculture.
23:49 Donc ça c'est la première chose.
23:51 Et effectivement, ces modèles qui se nourrissent de toutes ces données,
23:54 les modèles de simulation de la Terre, de l'atmosphère et de la mer,
23:58 peuvent être combinés par exemple aux données agriculture,
24:01 parce que tous les tracteurs maintenant vont être connectés,
24:03 donc vont ramasser de la donnée sur l'ensemencement, sur les rendements, sur les sols.
24:08 Tout ça va être collecté, va être combiné avec ces modèles,
24:12 de Destini et autres.
24:14 Et donc là, ça permet d'optimiser l'agriculture,
24:18 et donc de mettre moins de ressources, justement, moins de...
24:21 La question de l'eau est très importante, la question de l'utilisation de l'eau.
24:25 Apporter de l'eau au bon moment, au bon endroit, c'est quand même beaucoup mieux que d'arroser sans savoir si c'est utile ou pas.
24:29 Et il y a déjà des restrictions de toute façon, donc en fait l'idée c'est aussi de pouvoir...
24:33 Le spatial permettra aussi de gérer les réserves en eau.
24:35 On a lancé il n'y a pas longtemps cette X-Wate, qui permet de voir, bien sûr, le niveau d'eau en mer,
24:39 mais aussi sur les bassins intérieurs, donc ça permet aussi de gérer la ressource,
24:42 et donc d'adapter en fonction des ressources qu'on a ou pas.
24:45 Donc tout ça, effectivement, le spatial apporte beaucoup de données,
24:48 qui croisées aux données qu'on peut collecter par ailleurs,
24:51 permet d'optimiser, disons, nos impacts.
24:53 Et alors encore une fois, la question c'est comment on va délivrer cette information à nos agriculteurs.
25:00 Et ce que je vais chercher derrière cette question, c'est plutôt...
25:03 On va avoir une commercialisation de ces données, inévitablement.
25:06 Est-ce qu'on peut imaginer que le gouvernement, ou d'autres gouvernements,
25:10 travaillent déjà à une façon de donner accès à ces données de manière accessible ?
25:15 En fait, toutes ces données sont gratuites et ouvertes.
25:17 Oui, mais elles sont lisibles ?
25:19 Alors pas par n'importe qui, pas par Winoo, mais par des entreprises spécialisées, des startups,
25:24 il y en a plein qui savent lire ça, qui savent transformer ces données en services très opérationnels
25:29 pour les utilisateurs, les agriculteurs, les coopératifs, etc.
25:32 Donc effectivement, vous avez raison, entre ces données gratuites,
25:34 accumulées, ces modèles, et les utilisateurs finales,
25:37 il faut des acteurs intermédiaires, commerciaux, enfin privés.
25:41 Effectivement, il y a un secteur économique qui se développe énormément.
25:44 Oui, un des objectifs de ce programme Destination E, c'est aussi de casser les silos.
25:49 C'est-à-dire, la difficulté aujourd'hui dans la donnée spatiale,
25:52 c'est que jusqu'à la mise à disposition de la donnée, ça se passe relativement bien,
25:56 c'est bien maîtrisé, les arts ont fait un excellent travail là.
25:59 Mais en fait, la plupart du temps, les gens ne savent pas que la donnée est disponible pour rendre un service.
26:03 Donc à travers la création de cet écosystème au sein de la plateforme Destination E,
26:09 l'idée c'est vraiment de casser et donner accès aux startups, aux uns aux autres,
26:14 accès à des données qui ne leur paraissent pas forcément pertinentes aujourd'hui dans leur métier,
26:20 en agriculture par exemple, et qui, en travaillant avec des startups,
26:24 vont comprendre l'intérêt qu'elles pourraient avoir à intégrer ces données
26:27 dans une solution qui leur serait utile.
26:29 Donc c'est vraiment en travaillant en collaboration qu'on arrivera aussi à générer encore plus de valeur à partir de la donnée spatiale.
26:35 Oui, bien sûr. Vous travaillez directement avec les ministères, le ministère de l'Agriculture par exemple ?
26:40 Pas directement, un petit peu en France, mais pas encore directement dans d'autres pays.
26:45 Est-ce que vous pouvez peut-être solliciter aussi notre gouvernement à s'intéresser à ce genre de technologies ?
26:50 Alors il y a un biais, enfin il y a un moyen, c'est notamment la taxe carbone ou les crédits carbone.
26:54 Et justement le spatial est capable de mesurer la création de carbone,
26:58 la biomasse en fait, que les agriculteurs peuvent enfouir dans le sol.
27:00 Et donc si on arrive à la mesurer, on peut attribuer des crédits carbone.
27:03 Et donc ça on le fait en coopération avec le ministère de l'Agriculture.
27:06 La question de la démocratisation de ces technologies est importante.
27:09 C'est le rôle que joue ConnectBankness également,
27:11 informer les agriculteurs, les acteurs, les futurs acteurs de ce que pourra donner demain ce secteur.
27:16 Exactement, les prendre par la main, leur montrer que c'est possible,
27:19 les aider même à trouver des acteurs pour répondre à leurs besoins, etc.
27:21 C'est exactement ce qu'on fait.
27:22 Merci à tous les deux d'avoir pris le temps de venir développer ce sujet passionnant.
27:26 On aura peut-être l'occasion d'en reparler, mais en tout cas on comprend l'utilité davantage aujourd'hui du secteur spatial,
27:32 qui joue déjà un rôle depuis très longtemps, les années 80 si je comprends bien, sur l'agriculture française,
27:38 mais aussi bien d'autres secteurs.
27:40 Grégoire Aubery, je rappelle que vous êtes directeur Business Development chez Serco,
27:43 et vous Frédéric Alénia, responsable du programme ConnectBankness.
27:47 Merci à tous de nous avoir suivis pour cette émission.
27:50 On se retrouve dès la semaine prochaine sur Bismarck à la production Lily Selkin.
27:55 Bon week-end !
27:57 [Musique]

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