• il y a 10 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la demande de Conseil d'État à l'Arcom de mieux contrôler la chaine CNews, suite à un recours déposé par Reporters sans frontière (RSF).
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 2, 3, 1...
00:02 "Punchline", 18h-19h,
00:08 Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:11 18h40, de retour dans "Punchline", sur CNews et sur Europe 1.
00:18 Thibaud de Montbréal, bonsoir.
00:19 Vous êtes avocat président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.
00:22 L'insécurité, civilisation, liberté d'expression,
00:25 ça vous va, le programme ? - Ça me va.
00:27 On va commencer par la liberté d'expression.
00:29 Comme vous le savez, le Conseil d'État a demandé à l'ARCOM
00:31 de contrôler plus CNews,
00:33 tout cela sur la demande de reporters sur le frontière.
00:35 Christophe Deloyer, le président de cette association,
00:38 a été l'invité hier matin de Pascal Praud.
00:40 J'aimerais qu'on écoute l'analyse de Georges Bensoussan,
00:42 qui est un historien, qui a été l'invité ce matin de Sonia Mabrouk
00:44 sur CNews et sur Europe 1.
00:46 Il estime que cette volonté de réguler,
00:48 voire de contraindre la liberté d'expression,
00:50 est en réalité l'expression d'une panique en haut lieu.
00:53 On l'écoute, vous nous dites ce que vous en pensez.
00:55 On met en avant CNews au nom de la pluralité d'expression,
00:59 alors que dans les médias publics,
01:01 la pluralité d'expression n'est pas la règle.
01:03 Je suis là pour en témoigner, d'une part.
01:05 Et d'autre part, je crois que c'est surtout l'expression
01:08 d'une panique en haut lieu.
01:09 C'est-à-dire qu'il semble que du côté de la DOXA,
01:12 de la pensée conforme,
01:14 de ce que Christophe Guy, lui, appellerait le monde des métropoles,
01:17 eh bien, ça panique beaucoup parce qu'on sent que,
01:20 du côté des opinions hétérodoxes,
01:22 de ce qui s'oppose à la DOXA, du côté des classes populaires,
01:25 des petites classes moyennes, etc., on commence à parler,
01:27 on commence à faire entendre sa voix.
01:29 Et ça, c'est quelque chose qui est très mal supporté
01:31 par la bourgeoisie culturelle,
01:33 qui domine très largement les médias publics.
01:35 La bourgeoisie culturelle qui domine les médias publics.
01:37 Vous êtes d'accord avec son analyse, Thibaut de Montbréal ?
01:39 C'est une analyse qui est intéressante.
01:42 Moi, je suis...
01:44 Si on prend du champ sur les derniers mois,
01:46 ce qui me trouble beaucoup et ce qui me gêne,
01:49 parce que ça touche les institutions de notre pays,
01:54 c'est que, si on prend la séquence depuis le mois de décembre
01:58 et ce qui s'est passé autour de la loi immigration, par exemple,
02:01 vous avez eu la Cour des comptes,
02:04 dont le président s'est arrogé le droit
02:07 de différer la publication de travaux...
02:10 - Tout le monde a un rapport. - ...dont je rappelle quand même
02:13 qu'ils ont vocation, et c'est la Constitution qui le dit,
02:16 à éclairer les politiques publiques.
02:18 Un rapport qui était un bilan de l'immigration en France.
02:20 Et Pierre Moscovici, pour ne pas le citer,
02:22 s'était arrogé le droit,
02:24 alors qu'il n'a aucune légitimité électorale,
02:27 de retarder de lui-même la publication de ce rapport
02:31 pour, avait-il dit, ne pas peser dans le débat,
02:34 alors même que le but de la Cour des comptes,
02:36 c'est de contribuer à aider les prises de réflexion.
02:39 - La Cour des comptes sur la loi immigration.
02:41 - Ensuite, il y a eu, ce qui est pour moi le plus grave,
02:43 c'est le Conseil constitutionnel,
02:45 qui n'a pas hésité à dire contre l'évidence,
02:48 mais c'est là où ça devient très gênant.
02:50 Si je vous dis qu'il pleut alors qu'il fait beau
02:53 et qu'il est interdit de dire autre chose
02:56 que ce qui est le contraire de la réalité,
02:58 ça devient très grave.
02:59 Le Conseil constitutionnel, qui n'a pas hésité à dire
03:02 que constituer un cavalier législatif,
03:04 c'est-à-dire n'avait pas de lien avec l'objet de la loi...
03:08 - Sur la même loi immigration.
03:09 - ...des sujets qui étaient en lien direct,
03:11 et on ne peut plus direct, avec l'immigration.
03:15 Et puis ensuite, maintenant,
03:16 on a cette décision sortie du chapeau par le Conseil d'État,
03:20 saisie par une association
03:23 qui a construit sa réputation sur la défense des libertés
03:26 partout dans le monde... - Et particulièrement des journalistes.
03:28 - ...des libertés des journalistes partout dans le monde,
03:30 qui vient aujourd'hui dire qu'il y avait un problème de pluralité
03:35 sur quelle antenne, parce que si on commence la phrase comme ça,
03:38 on se dit que c'est sur 70 % des médias français.
03:40 Ah ben non, c'est sur CNews.
03:42 Et, soit dit en passant,
03:44 avec un problème opérationnel qui est insoluble,
03:48 c'est que qui va décider de quel...
03:51 - L'ARCOM. - Oui, d'accord,
03:52 mais sur quel fondement ? - Notre régulateur.
03:54 - Prenez-moi, par exemple. - Régulateur des médias.
03:56 - Moi, je suis classé... - Comment je vous classe ?
03:58 - Vous me classez comment ?
03:59 Il y a des sujets sur lesquels... - L'état ou cas ?
04:01 - Alors si, ces gens-là, ils ont une réponse toute simple,
04:04 c'est que pour l'ensemble des personnalités
04:06 qui sont concernées par la problématique,
04:08 nous sommes tous d'extrême droite.
04:09 Donc, en fait, le classement est assez simple.
04:10 Vous avez l'extrême droite et vous avez le camp du bien.
04:13 Je pense qu'en réalité, la situation,
04:14 et heureusement, il faut être sérieux,
04:16 en France, est une situation qui est beaucoup plus nuancée que ça
04:20 et que ce qui peut encore sauver notre pays,
04:22 qui est en très grande tension, et Georges Bensousson a raison,
04:25 il y a une très grande tension, il y a une violence croissante,
04:29 il y a un rejet des politiques
04:32 et une défiance de plus en plus grande,
04:33 et c'est à ça qu'il faut faire attention.
04:35 Mais ça n'est pas en privant de la capacité de s'exprimer
04:39 et en enlevant des débats les uns ou les autres
04:41 qu'on y arrivera, mais d'ailleurs, quel qu'il soit,
04:43 moi, je vous le dis très franchement,
04:44 je suis pour la liberté totale.
04:46 Quelqu'un qui est de gauche et qui a envie de lire Libération le matin,
04:49 grand bien lui fasse, qu'il achète Libération,
04:51 personne ne l'oblige à lire Le Figaro.
04:53 Si quelqu'un a plutôt envie de lire Le Figaro,
04:55 eh bien qu'il lise Le Figaro et pas Libération.
04:57 L'idéal, pour moi, c'est de lire les deux.
04:59 Mais qu'on foute la paix aux gens,
05:02 si les gens veulent regarder des débats sur CNews,
05:04 ils les regardent, s'ils n'ont pas envie, ils ne les regardent pas.
05:06 Je note d'ailleurs, pour finir sur ce point,
05:08 que de nombreuses personnalités
05:11 qui font partie plutôt du camp
05:12 qui soutient les positions de l'ARCOM et du Conseil d'État
05:17 se dépêchent de venir sur les plateaux de CNews
05:19 quand elles sont invitées, ce dont je me réjouis.
05:21 Évidemment. Une question peut-être de Nathan Devers.
05:23 Oui, mais je voulais faire une remarque.
05:24 Je trouve qu'il y a deux choses qui me dérangent dans cette affaire.
05:27 La première, c'est qu'on ait une réflexion globale
05:30 sur l'état du débat public en France,
05:33 sur l'état de la parole ou du champ médiatique, disons,
05:37 en France, audiovisuel.
05:39 Je trouve ça même plutôt intéressant et louable.
05:41 Qu'on le fasse en ciblant par avance un média en particulier,
05:46 c'est ça qui est problématique.
05:47 À la limite, on a une réflexion globale,
05:49 et puis si on trouve qu'il y a tel ou tel problème ici ou là,
05:52 on peut les identifier après, mais pas par avance.
05:54 Deuxième chose qui me dérange, plus encore que la première,
05:57 c'est cette histoire de dire les lignes éditoriales,
05:59 non pas des invités politiques,
06:01 mais des gens qui sont des éditorialistes,
06:03 des chroniqueurs ou des invités.
06:04 Ou des invités, comme il faut de Montréal.
06:05 Voilà. Ce qui est problématique, c'est qu'autant un politique,
06:08 quand il vient dans les médias, souvent, on va pas se mentir,
06:10 il vient répéter les éléments de langage qu'on lui a donnés,
06:12 il vient avec des fiches, et parfois on se dit
06:14 "c'est pas tout à fait la même écriture,
06:16 ça n'a pas l'air d'être son écriture, ce qui est sur la fiche."
06:18 Bon, mais quand on a affaire à un éditorialiste
06:20 ou à un chroniqueur ou à un invité,
06:22 son but n'est pas de défendre une ligne éditoriale préconçue.
06:25 Autrement dit, heureusement, en tout cas j'espère,
06:27 que s'il y a des gens qui ont une sensibilité
06:29 plutôt de gauche ou plutôt de droite, en fonction des sujets,
06:31 ils commencent pas, quand on leur pose une question,
06:33 par se dire "je vais donner la réponse de gauche
06:34 parce que je suis de gauche", qu'ils puissent essayer de réfléchir
06:37 en fonction des coordonnées de chaque question,
06:39 qu'il puisse y avoir des gens de gauche qui vont donner
06:41 une réponse "fichée de droite" sur telle question,
06:43 et réciproquement, et c'est ça que je trouve problématique,
06:45 c'est d'estimer qu'on va porter un regard essentialisant
06:48 sur des gens qui sont précisément faits
06:50 pour essayer d'échapper à l'essentialisation.
06:52 - Évidemment, Thibaud Nonbrial.
06:53 - Mais d'abord, qu'est-ce que la gauche et qu'est-ce que la droite ?
06:55 Qu'est-ce qu'une sensibilité de gauche sur tel ou tel sujet ?
06:58 Il y a des sujets sur lesquels, y compris les gens
07:00 qui sont des politiques professionnels,
07:02 ont des nuances et sont un contre-courant
07:05 par rapport à des partis, etc.
07:06 Et encore une fois, heureusement.
07:07 Donc tout ça est absurde et ça nous ramène
07:10 à la conclusion de Georges Bensoussan, je crois,
07:13 et je le mesure moi, sur d'autres sujets
07:15 qui sont liés à la sécurité, à la différence entre le "en" et le "off",
07:19 à ce que les gens vous disent quand ils vous voient seul à seul,
07:22 et à ce qu'ils disent quand ils sont sur les plateaux de télévision.
07:24 - Moi, je crois qu'il y a une très grosse... - Il y a un décalage.
07:26 Oui, il y a un décalage, pas toujours, mais il y a un décalage,
07:29 et parfois, c'est très intéressant,
07:32 parce qu'il y a des gens, par exemple, sur la sécurité,
07:34 qui vont vous dire "on est très inquiets pour telle et telle raison",
07:37 mais ça, on ne peut pas le dire, on ne peut pas dire ça aux gens.
07:39 Et de fait, sans doute, est-ce qu'il y a des informations
07:42 sur lesquelles il faut faire attention,
07:44 pour des raisons opérationnelles, notamment.
07:46 Mais pour rester sur le sujet, oui, je pense qu'aujourd'hui,
07:50 il y a une forme de superstructure,
07:52 pour exempler l'expression marxiste,
07:54 qui sent que le monde tel qu'il a été,
07:57 le monde politique, médiatico-politique tel qu'il a été
07:59 ces 40 dernières années, ne fonctionne plus,
08:02 et que ça va en miroir avec le fait que notre société
08:05 est aujourd'hui très gravement malade.
08:08 Vous avez évoqué le climat de sécurité,
08:09 peut-être une question de Louis Derniel ?
08:11 - Toujours une dernière question... - Toujours sur la liberté d'expression.
08:13 Non, sur le même sujet.
08:15 Ce qui est assez frappant, c'est que l'Arkham n'a jamais demandé
08:17 à faire ça, c'est-à-dire à demander un fichage politique
08:20 des intervenants sur CNews, d'ailleurs, sur aucune autre antenne.
08:23 Et ce qu'on voit, c'est le procédé.
08:25 C'est-à-dire que RSF, Reporters sans frontières,
08:28 voyant que l'Arkham ne le faisait pas lui-même,
08:30 a demandé, a forcé, a poussé le Conseil d'État
08:34 à rendre une décision juridique.
08:35 Moi, la question que je voulais vous poser,
08:36 est-ce qu'il n'y a pas une dérive aussi juridique
08:39 où on voit que ce que les opposants à la liberté d'expression
08:44 ne parviennent pas à avoir en convainquant
08:46 ou en essayant de débattre,
08:48 eh bien, maintenant, ils essayent...
08:49 - Par la voix autoritaire. - Et maintenant,
08:51 ils essayent d'obtenir leur projet politique
08:54 via le droit.
08:55 Est-ce que ça pose problème, selon vous ?
08:57 Ça pose bien sûr un problème, mais encore une fois,
08:59 c'est ce qu'exprimait tout à l'heure Georges Bensousson.
09:02 Moi, je pense qu'il faut résister,
09:04 mais il faut résister en gardant son calme et avec humour.
09:09 Parce qu'en réalité, quand on va au bout de la logique,
09:11 c'est très facile de démonter la manœuvre.
09:15 Et en réalité, depuis deux jours,
09:16 quand on regarde les réactions partout sur vos plateaux,
09:18 mais pas seulement, on se rend compte que la manœuvre
09:20 est en train de se retourner contre ceux qui l'ont ourdit.
09:23 Moi, j'ai été fasciné par l'effondrement en direct
09:27 de Christophe Deloire hier matin chez Pascal Praud.
09:29 C'est très rare de voir quelqu'un
09:30 qui est à l'origine d'un événement d'actualité
09:33 s'effondrer en direct,
09:36 comme ça a été le cas de Christophe Deloire.
09:39 Et de fait, ça va être intéressant de voir
09:42 comment l'Arkham réagit dans les mois qui viennent.
09:44 Le pire n'est jamais sûr.
09:45 Après, c'est une contrainte juridique.
09:46 L'Arkham, en théorie, ne peut pas s'y opposer.
09:48 Oui, mais Louis Dracunaille a une contrainte juridique
09:50 dont il va être très intéressant de voir
09:51 comment elle va être mise en œuvre.
09:53 Comment est-ce qu'on va faire ?
09:53 On va aller demander au service juridique de CNews
09:55 une liste d'invités.
09:57 Ça, c'est facile à obtenir.
09:58 Mais ensuite, comment est-ce qu'on va caractériser
10:00 telle ou telle invitée ?
10:01 Comment est-ce qu'on va les colorer ?
10:02 Dans quels cases ? Avec quel type de nuances ?
10:04 Est-ce qu'on met quatre nuances ?
10:05 Est-ce qu'on en met six ? Est-ce qu'on en met 25 ?
10:07 Et puis, il y aura une rupture d'égalité de droit
10:08 par rapport aux autres médias.
10:10 Et c'est ça qui est très étonnant.
10:11 C'est-à-dire que le Conseil d'État pourrait être saisi
10:14 dans un autre registre par CNews
10:16 au nom de l'égalité de droit.
10:17 Et de fait, il y a une rupture d'égalité de droit.
10:19 Mais le juste dernier point,
10:20 c'est qu'autant je trouve qu'il est légitime
10:22 qu'en période électorale,
10:23 dans les dernières semaines avant un scrutin,
10:25 il y ait une égalité du temps de parole et d'expression
10:28 entre les candidats à ce scrutin,
10:30 autant, dans le reste du temps,
10:31 il doit y avoir des lignes éditoriales
10:34 et la liberté,
10:36 c'est que chacun puisse regarder ce qu'il a envie de regarder.
10:38 Il y a trois ou quatre, selon la manière de compter,
10:40 chaînes d'info continue.

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