Pendant le mouvement des agriculteurs il a été beaucoup question de la provenance des produits alimentaires que nous consommons.
Mais comment s'y retrouver dans les étiquettes de nos produits.
On en parle ce matin avec Daniel Hirschy, directeur départemental adjoint de la protection des populations
Mais comment s'y retrouver dans les étiquettes de nos produits.
On en parle ce matin avec Daniel Hirschy, directeur départemental adjoint de la protection des populations
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00:00 C'est la question qu'on vous pose ce matin, elle ne me vient pas comme ça la question.
00:02 On y a réfléchi évidemment depuis hier, vous êtes déjà sur les réseaux sociaux pour y répondre.
00:06 Quatre choix de réponse.
00:07 Est-ce que vous regardez en premier le prix ?
00:09 Ou en deuxième la provenance ?
00:11 Troisième possibilité, les informations nutritionnelles ?
00:13 Ou enfin la date de péremption ?
00:15 Et alors assez bizarrement...
00:17 - Non, ça a changé. - Ah ça a changé.
00:19 - C'est à égalité maintenant. - Ah oui évidemment.
00:20 - Vous êtes 287 à avoir voté depuis hier.
00:23 Et à égalité, entre la provenance et le prix, vous êtes 39% pour chacun des deux.
00:28 Tout à l'heure c'était la provenance qui était en tête de deux petits points.
00:31 Là ça se joue entre la provenance et le prix.
00:32 Puis loin derrière, 15% la date de péremption et 7% les informations nutritionnelles.
00:38 - Tout le monde mange des produits périmés donc, visiblement.
00:40 Tout le monde s'en fout, visiblement, de ce soit dépassé.
00:43 - Après les gourdes, je les mange 15 jours après la date.
00:45 Parce qu'il paraît que ça ne risque rien.
00:46 - Effectivement, ça n'a pas de conséquence visiblement.
00:49 Alors quand vous achetez au supermarché un produit alimentaire, que rendez-vous en priorité ?
00:52 Vous nous appelez au 04 67 58 6000.
00:55 Vous allez prendre la parole, là tout de suite vous pouvez nous appeler.
00:57 On reçoit Daniel Hirschi ce matin.
00:58 C'est le directeur départemental adjoint de la protection des populations, Guillaume.
01:02 - Bonjour Daniel Hirschi. - Bonjour.
01:03 - Merci d'être venu nous rejoindre.
01:05 Direction de la protection des populations, c'est vous entre autres qui chapeautez ce qu'on appelle,
01:09 ce que les gens connaissent peut-être mieux d'ailleurs,
01:12 la direction de la concurrence et de la répression des fraudes.
01:14 Entre autres, pas seulement.
01:16 - Voilà, la DDPP, comme on dit, c'est la direction qui regroupe les services vétérinaires et la répression des fraudes.
01:22 Donc en deux mots, c'est nous qui protégeons le consommateur, qui nous assurons de la sécurité alimentaire
01:29 et qui nous veillons à la santé et au bien-être animal, notamment en élevage.
01:33 - Alors, on va parler avec vous ce matin des contrôles que vous avez déjà commencé à renforcer.
01:40 - C'est les yaourts, ne vous inquiétez pas.
01:42 - Que vous allez peut-être encore renforcer dans les jours et les semaines qui viennent.
01:45 Mais surtout, on va parler de cette nébuleuse, je ne sais pas si le mot est peut-être un peu exagéré,
01:50 que constituent parfois effectivement les étiquettes des produits que nous consommons tous les jours.
01:55 D'abord en deux mots, parce que le Premier ministre l'a annoncé, Gabriel Attal,
02:00 renforcement des contrôles par votre intermédiaire, ça a déjà commencé,
02:04 on a même vu le préfet de l'Hérault, François-Xavier Loche, vous accompagner dans des grandes surfaces Montpellier-Rennes
02:11 pour effectuer des contrôles, et ça va continuer dans les jours qui viennent dans les supermarchés.
02:15 Qui est ciblé là en l'occurrence, Daniel Hirschi ?
02:18 - Oui, bien sûr, les contrôles vont continuer, nous les faisions déjà auparavant,
02:24 ce n'est pas une nouveauté pour nous de lutter contre la francisation.
02:27 - Mais là il y a un très net renforcement quand même, j'ai l'impression.
02:29 - Il y a un renforcement... - En tout cas, c'est annoncé comme ça.
02:31 - Oui, clairement, il y a un renforcement dans la période actuelle,
02:35 donc avec le préfet nous étions dans une grande et moyenne surface, dans un hypermarché il y a quelques jours,
02:41 nous avions également contrôlé d'autres hypermarchés de la zone de Montpellier,
02:47 et l'héros ce n'est pas que Montpellier, nous intervenons également sur tout le département,
02:53 encore hier nous étions sur le terrain, nous cherchons des pratiques qui pourraient nuire aux consommateurs
03:02 et nuire aux agriculteurs français, et parfois nous en trouvons.
03:05 - Alors voilà, justement, quelle est, je dirais, peut-être un peu compliquée,
03:09 mais en moyenne un peu la proportion de tricheurs, finalement, que vous arrivez à détecter,
03:15 qui sont sanctionnés, j'imagine, derrière, par rapport à tous les contrôles que vous faites sur une année ?
03:19 Il y a un chiffre ? - Je ne veux pas inquiéter les consommateurs ni les auditeurs,
03:24 non, non, les tricheurs sont quand même marginaux,
03:29 mais notre rôle en tant qu'enquêteur c'est de les chercher, de les trouver,
03:33 de faire cesser les pratiques et aux besoins de sanctionner.
03:36 - Et ça va encore s'intensifier dans les jours qui viennent ?
03:39 - En ce moment, c'est une de nos priorités, évidemment la sécurité sanitaire des aliments,
03:44 - Mais c'est quoi, c'est un, voire plusieurs contrôles par jour ?
03:47 - Oui, c'est ça, c'est plusieurs contrôles par jour, oui.
03:49 - Ce qui concerne le département de l'Hérault, on est bien d'accord.
03:52 Alors, Daniel Hirschi, aidez-nous à y voir un peu clair,
03:55 parce qu'effectivement, avec cette colère du monde agricole,
03:58 pendant des jours on a beaucoup parlé de la provenance des produits,
04:01 vous, votre métier, c'est quoi ?
04:03 C'est de vérifier que toutes les indications, notamment portées sur les étiquettes,
04:07 d'abord, et d'une, respectent la réglementation en vigueur,
04:10 et de deux, ne sont pas mensongères, c'est ça en fait, quelque part ?
04:13 - Voilà, sur ce champ-là de nos compétences,
04:17 notre mission sur tout ce qui est information du consommateur,
04:21 c'est déjà vérifier que l'ensemble des mentions obligatoires
04:24 sur une étiquette, ou autour d'un produit, sont bien présentes, et...
04:28 - C'est quel cas, généralement ?
04:30 - Pas toujours. - Pas toujours. Qu'est-ce qui peut manquer ?
04:33 - Alors, vous évoquiez tout à l'heure les quatre critères d'achat de vos auditeurs,
04:39 clairement, la DDPP contrôle ces quatre critères d'achat.
04:42 Par exemple, le prix, la présence du prix...
04:45 - Ça y est, toujours ? - Non, ça n'y est pas toujours.
04:47 - Ah bon ? - Non, non, ça n'y est pas toujours.
04:49 Ça y est souvent, ça n'y est pas toujours.
04:51 Et puis, plus surprenant, parfois, parce que nous faisons nos courses
04:54 comme les consommateurs, mais nous les faisons en professionnel,
04:57 c'est-à-dire que nous prenons un caddie, nous mettons une centaine de produits
05:00 en caddie, qu'on récupère en rayon en notant les prix,
05:03 et on passe à la caisse, et bien, parfois...
05:06 - Il y a des écarts ? - Il y a des écarts, oui.
05:09 Il y a des écarts, parfois en faveur du consommateur, parfois non.
05:12 - Oui, c'est plus souvent en faveur de la grande distribution
05:15 du distributeur que du consommateur. Ça peut être des erreurs.
05:18 - On a un cas récent où, oui, il y avait
05:21 un pourcentage important de produits qui étaient mal étiquetés.
05:25 - Alors, ce qui nous intéresse ce matin, Daniel Herschi, c'est la provenance.
05:29 Les gens, j'ai l'impression, ça y est, ont compris que c'était important,
05:32 s'ils en ont les moyens, évidemment, d'acheter français
05:35 pour soutenir l'agriculture française. Mais parfois, on a du mal à savoir
05:38 si le produit est vraiment français ou pas. Alors, comment on fait pour se repérer
05:41 et pour que les choses soient claires dans l'acte d'achat ?
05:44 - Déjà, on a la chance d'avoir une réglementation française et européenne
05:47 qui oblige à mentionner la provenance
05:50 sur un certain nombre de produits,
05:53 que ce soit les fruits et légumes, la viande, le poisson.
05:56 - Ça, c'est obligatoire. La provenance est obligatoire sur tous ces produits-là ?
06:00 - Tous ces produits-là, c'est obligatoire.
06:02 - Les poissons, c'est un peu plus compliqué, parce que c'est des zones de pêche.
06:05 - Oui, on le pêche dans la mer, dans des zones qui ne sont pas forcément nationales.
06:09 - Mais restons sur la viande et les fruits et légumes.
06:12 Là, en revanche, si c'est vraiment français, si c'est produit en France,
06:15 normalement, c'est marqué ? - Oui, ça doit être marqué.
06:18 C'est marqué, le pays d'origine.
06:21 Et ensuite, nous, la répression des fraudes, la DDPP,
06:24 on est chargé de vérifier que c'est vrai,
06:27 qu'il n'y a pas de francisation du produit.
06:30 - Parce que ça peut intervenir aussi, ça peut être le cas ?
06:33 - On est la direction de la lutte contre la fraude.
06:36 Donc si on existe, c'est parce que les Français... - Non, mais ça ne se remet pas en cause de votre existence.
06:39 Parfois, on peut indiquer, et là c'est pareil, je vais peut-être vous demander une proportion,
06:43 mais on peut indiquer un produit qui est français alors qu'il n'est pas.
06:46 Et ça, vous avez possibilité de le détecter ? - Oui, on l'a détecté encore hier.
06:49 Un produit fruits et légumes espagnols vendu comme français.
06:54 Et on l'a détecté dans d'autres enquêtes récentes.
06:59 Enfin, voilà, à titre d'anecdote, on l'a détecté aussi il y a quelques temps
07:04 sur des prothèses dentaires qui étaient présentées comme françaises et qui ne l'étaient pas.
07:07 Donc ça ne s'arrête pas aux fruits et légumes.
07:10 - Et vous ne le détectez pas forcément sur le moment ?
07:12 C'est-à-dire que derrière, ce que les gens ne savent peut-être pas,
07:14 c'est qu'il y a tout un travail d'investigation que vous menez,
07:17 au même titre qu'un service de police qui va enquêter sur un meurtre, par exemple ?
07:20 - Oui, nous sommes la police de la consommation,
07:22 nous sommes des agents dotés de pouvoir judiciaire,
07:26 donc nous pouvons avoir accès à tout document, à tout local,
07:30 nous pouvons auditionner les professionnels,
07:32 nous pouvons remonter la filière, saisir la comptabilité,
07:36 et nous travaillons au réseau au niveau national avec notre service national,
07:39 nos échelons régionaux et les 100 autres départements de France.
07:43 - Quand vous achetez au supermarché un produit alimentaire,
07:45 qu'est-ce que vous regardez en priorité ? On veut savoir ce que vous en pensez.
07:48 Dites-nous, au 04-67-58-6000, si vous regardez en premier le prix,
07:52 la provenance, les informations nutritionnelles, la date de péremption,
07:55 ou si vous voulez poser une question à notre invité, il n'y a pas de problème,
07:57 vous nous appelez tout de suite au 04-67-58-6000, on vous attend.
08:00 - Ce qui peut être un peu plus compliqué, Daniel Hirschi,
08:02 c'est ce qu'on appelle les produits transformés,
08:04 qui font l'objet d'une transformation, où là, parfois,
08:06 le fabricant ou le distributeur peut entretenir le doute sur la provenance.
08:10 C'est ça la difficulté pour les consommateurs de se repérer.
08:13 - Évidemment, une pomme est française ou elle n'est pas française.
08:16 - Un gigot, c'est pareil ?
08:18 - Un gigot, c'est un peu différent, puisqu'il est né quelque part,
08:22 il a été élevé quelque part, il a été abattu quelque part.
08:24 Donc, en théorie, il peut avoir comme origine trois pays différents.
08:28 - Mais ça, c'est porté sur l'étiquette ou pas, les trois pays ?
08:31 - Oui, c'est une obligation.
08:32 - D'accord, ok.
08:33 - Il peut se limiter à l'origine si les trois pays sont le même pays.
08:36 - Le produit transformé, ça peut être beaucoup plus compliqué ?
08:38 - Un produit ultra transformé, évidemment, il peut avoir été...
08:41 Il n'y a pas d'obligation à mentionner l'origine du pays.
08:44 En revanche, s'il y a marqué "origine française" sur le produit,
08:47 le produit doit avoir été confectionné, produit en France.
08:51 En revanche, si l'un de ces deux, trois ingrédients principaux n'est pas français,
08:58 la mention de l'origine de cet ingrédient doit être mentionnée.
09:04 Par exemple, un gâteau industriel peut avoir été fabriqué en France
09:09 avec des œufs ou du beurre étranger.
09:13 Eh bien, la mention doit être notée, et pas en tout petit derrière l'étiquette.
09:20 - Et là, généralement, c'est pareil ? C'est respecté ou c'est pas respecté, ça ?
09:23 - Là-dessus, évidemment, de façon générale, c'est respecté.
09:26 Mais nous menons des enquêtes qui sont un petit peu plus complexes, évidemment.
09:30 - Oui, parce qu'il faut remonter toute la filière.
09:32 J'imagine que ça ne doit pas être simple, ça ne se fait pas en deux jours.
09:34 - C'est notre métier, faire des balances comptables, des états de stock,
09:38 de l'analyse de factures, c'est notre métier.
09:40 - Quand on est consommateur, on est un peu freiné aussi par son pouvoir d'achat
09:44 et son porte-monnaie, qu'on ne veut pas forcément acheter français
09:46 parce que ça peut coûter un peu plus cher qu'un produit fabriqué en Europe,
09:50 mais qu'on a quand même cette fibre européenne, on se dit "bon, allez, j'achète européen".
09:54 Sauf que quand on tombe sur une étiquette où c'est marqué à la fois "origine UE"
09:57 et "non UE", donc extérieur à l'Europe, là, c'est impossible de savoir d'où ça vient.
10:03 Donc, ça c'est pareil, c'est compliqué pour le consommateur, non ?
10:05 - Les réglementations que j'ai évoquées, elles exigent que ce soit la mention du pays
10:10 qui soit mentionné, et puis la réglementation évolue petit à petit.
10:14 - "Non UE", c'est pas suffisamment précis.
10:17 Mais c'est autorisé aujourd'hui une mention comme celle-là, "non Union Européenne" ?
10:21 - Pour certains produits, oui, c'est autorisé.
10:23 Il ne faut pas que ce soit trompeur.
10:27 Pour le miel, par exemple, on va de plus en plus loin en exigeant que la mention du pays soit indiquée.
10:32 Dans quelques années, il y aura des évolutions sur d'autres produits.
10:37 On est dans une évolution, dans un souci d'améliorer de plus en plus l'information du consommateur.
10:42 - Pour conclure et pour finir, Daniel Hirschi, si on tient absolument à n'acheter que français,
10:48 on n'a pas parlé du bio ce matin, parce que ça vaudrait une interview à part entière,
10:52 mais si on veut acheter français et soutenir en priorité l'agriculture française,
10:56 comment doit-on se comporter face à la lecture d'une étiquette,
11:01 dans son propre acte d'achat ? Pour résumer, qu'est-ce que vous diriez ?
11:05 - Mon message est de faire confiance aux services de l'État qui font ces contrôles-là,
11:09 avec les pouvoirs qu'on a, évidemment, les consommateurs,
11:12 qu'ils regardent déjà bien l'étiquette, le prix, les mentions, ça sera déjà bien,
11:17 et les services de l'État sont là pour aller plus loin.
11:20 - Ça veut dire que dès qu'une étiquette est floue, le doute n'est pas permis ?
11:25 Encore une fois, si on décide vraiment de n'acheter que français,
11:29 dès qu'une étiquette est un peu floue, on écarte tout de suite le produit ?
11:32 C'est ça qu'on peut dire à ceux qui... - Non, il ne faut pas écarter le produit.
11:35 Reflex, Signal Conso, signal.conso.fr, c'est une application de l'administration
11:44 qui permet à tout consommateur qui a un doute ou qui a un problème avec une entreprise
11:48 de quelque type que ce soit, d'informer l'administration de ce problème, et on s'en charge.
11:53 - Et vous, vous intervenez derrière ? - On intervient ou pas, en fonction de l'importance de la chose,
11:57 mais oui, si ça le mérite, on y va.
11:59 - Et parfois, le doute est savamment et volontairement peut-être aussi entretenu,
12:03 un peu floue peut-être ? - Oui, ça peut nous faire une piste d'investigation possible.
12:07 - Merci beaucoup Daniel Hirschi, directeur départemental adjoint de la protection des populations,
12:12 d'être venu un petit peu dissiper ces doutes.
12:15 - Merci à vous. - Merci.
12:17 Pour retrouver cette interview, on a lancé sur notre site internet francebleu.fr