• il y a 10 mois
Judith Chemla, actrice et auteure de "Notre silence nous a laissées seules" aux éditions Robert Laffont, était l'invitée de BFMTV ce samedi sur BFMTV pour parler des violences conjugales qu'elle a subies.

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Transcription
00:00 Qu'est-ce qui a permis chez vous cette, au regard de votre propre expérience,
00:03 de victime de violences conjugales, de prise de conscience ?
00:06 C'est le visage.
00:08 C'est de se voir dans un miroir,
00:11 face à quelque chose qu'on ne peut plus cacher à la société.
00:16 Ça n'est pas sous le bras, ça n'est pas juste...
00:19 Voilà, je ne peux plus le cacher, je marche dans la rue
00:23 et les gens le voient autour de moi.
00:24 Et moi je me vois dans le miroir.
00:26 Et là, je ne peux plus, je ne pourrai plus jamais me dire
00:30 que je consens avoir une relation avec quelqu'un qui est capable de me maltraiter.
00:34 Voilà.
00:35 Mais après, il faut encore beaucoup, beaucoup, beaucoup d'épreuves
00:39 pour se dire que, non seulement on ne l'accepte plus pour soi,
00:44 on veut se séparer, mais là, en décidant pour moi de ne plus vivre ça,
00:50 je vois, j'ai vu qu'on était pétris de mécanismes sociaux
00:54 qui nous maintiennent sous emprise.
00:57 Et que c'est très dur avec l'état actuel de la justice,
01:01 il y a de très bons juges, de très bons policiers.
01:03 Mais il y a des affaires terribles et elles sont légions
01:06 où la culpabilité se retourne contre celles qui ont subi des violences.
01:10 Vous parliez tout à l'heure du risque que cela représentait à vos yeux,
01:14 de prendre la parole, à travers l'écriture d'un livre.
01:21 Le risque que cela représente aussi de, à un moment donné,
01:26 prendre cette décision importante, difficile, de se séparer
01:31 de la personne qui vous fait du mal.
01:34 C'est ce qui vous est arrivé, vous le racontez dans votre livre.
01:36 Ce n'est pas parce qu'on se sépare, et ça aussi,
01:38 je pense que ça parle à plein de gens, évidemment,
01:39 ceux qui nous regardent en particulier,
01:41 ce n'est pas parce qu'on se sépare que ça s'arrête.
01:42 Non, et c'est au moment où on décide de sortir de la violence, de l'emprise,
01:50 que les risques sont les plus forts.
01:53 Je veux dire, les féminicides, la plupart des féminicides,
01:56 c'est parce que la femme veut partir.
01:58 Qu'est-ce qui s'est passé dans votre cas ?
02:00 Moi, c'est parce que…
02:02 Vous annoncez à cet homme que vous souhaitez partir.
02:06 Non, j'ai déjà… je pars alors parce que j'ai cette chose sur la figure
02:11 et que je ne peux plus revenir en arrière.
02:14 Mais c'est des mois de harcèlement,
02:16 des mois de violations de contrôle judiciaire.
02:19 Et puis, des pressions par tous les moyens,
02:23 par tous les moyens et par l'intermédiaire des institutions.
02:27 Et malheureusement, les institutions s'instrumentalisent au profit des agresseurs.
02:32 Et ça, il faut changer ça.
02:34 Il faut qu'on nous entende et il faut qu'on se lève.
02:36 Et on est beaucoup, beaucoup, beaucoup dans ce cas.
02:39 Et il y a des affaires terribles pour les femmes et pour les enfants
02:42 qui peuvent encore moins se défendre et qu'on n'écoute pas sur les plateaux télé.
02:46 Mais les enfants, c'est terrible ce qui se passe pour eux.
02:49 On a arrêté la civise, là.
02:51 On a mis une fausse civise à la place de quelque chose qui était enfin intègre.
02:57 Cette commission de lutte contre les violences sexuelles.
03:00 Oui, il y avait quelque chose d'enfin intègre dans notre pays, là,
03:04 pour lutter vraiment contre les violences.
03:06 Il y a 82 préconisations et on a viré le juge Durand
03:11 qui a révélé l'ampleur du problème systémique
03:15 qui fait qu'on ne protège pas les enfants.

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