• il y a 10 mois

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00:00 Toute ma vie, en fait, tourne autour du sexe.
00:02 Je pense tout le temps être en contact avec des femmes.
00:08 Pas une seule femme, mais toujours avec des femmes différentes.
00:11 Chercher ma proie, conquérir des nanas...
00:14 C'est quelque chose qui... C'est comme un défi, c'est une excitation,
00:17 c'est une pulsion, c'est tout un agrenage
00:20 qui fait que je me considère comme césadite.
00:22 ...
00:41 Je ne me souviens pas du tout des visages,
00:44 des yeux, des expressions, des regards.
00:46 Je ne me souviens absolument pas.
00:50 Je suis aujourd'hui incapable de dire avec combien de personnes j'ai fait l'amour.
00:54 J'en ai aucune idée.
00:56 J'en sais rien du tout.
00:58 Et je crois que ça me fait peur de...
01:01 de le savoir.
01:02 -L'addiction sexuelle, ça n'est ni de la séduction,
01:07 ni de la perversion, c'est une maladie.
01:09 C'est une addiction au même titre que les autres,
01:12 que l'alcoolisme ou l'addiction aux drogues dures.
01:15 La seule différence, c'est que la sexualité, elle est en nous,
01:19 on ne peut pas s'en séparer.
01:20 -Être sexaddict, c'est...
01:25 C'est se perdre dans tous ses corps, dans toutes ses rencontres.
01:33 C'est déshumaniser la sexualité.
01:36 C'est...
01:38 C'est quelqu'un qui n'a plus de liberté.
01:41 ...
01:56 -Obsédé, allumeuse,
01:58 cavaleur,
02:00 nympho...
02:02 Depuis toujours, on les prend pour des pervers ou bien des séducteurs,
02:06 mais jamais pour ce qu'ils sont, des dépendants sexuels.
02:11 On les moque, on les condamne, on les jalouse parfois,
02:15 alors qu'ils sont accros, comme les alcooliques ou les toxicomanes.
02:19 Les sexaddicts sont malades du sexe, à une époque où il est partout,
02:24 sur nos écrans ou dans la rue.
02:26 Mais le regard sur eux commence à changer.
02:31 Peu à peu, ils sont reconnus dans leur souffrance.
02:34 Qui sont-ils ?
02:38 Comment vivent-ils ?
02:39 Ils ont tous les âges, ils viennent de tous les milieux,
02:43 et ils seraient très nombreux, 5 % de la population sexuellement active.
02:47 Pour les comprendre, il faut les écouter.
02:52 Leurs paroles sont brutes, parfois choquantes, toujours sincères.
02:57 Pour tous, il y a au commencement de l'histoire un désir sans fin.
03:02 -Je suis en contact avec des personnes qui m'attirent des dizaines de fois par jour.
03:08 Je ne peux pas mettre de mots sur le plaisir que je ressens lors de l'excitation.
03:14 C'est transcendant.
03:17 Voilà.
03:19 C'est sublime, on se sent subjugué, on se sent transporté,
03:24 on se sent sortir presque de son corps.
03:27 C'est une hypersensibilité, des vibrations qui vous traversent tout le corps.
03:33 On transpire un peu, on sent un peu, on sent un peu.
03:37 On transpire un peu, on a les pupilles qui se dilatent, on a l'essence en éveil.
03:42 À partir du moment où je sors de chez moi, le matin,
03:48 je suis déjà dans le désir d'une femme.
03:51 Il suffit que je voie une femme en loin, bien coiffée,
03:57 qui marche au loin, ça suffit à me simuler.
04:05 J'ai envie de l'embrasser, j'ai envie de lui faire l'amour, de la posséder.
04:09 Et c'est extrêmement violent.
04:13 Pour moi, le désir est toujours là, il est en éveil et il cherche uniquement à se fixer.
04:22 J'arrive à la bouche de métro, il y en a déjà eu cinq.
04:27 Je prends le métro, il y en a eu dix.
04:32 Le temps que j'arrive au travail, j'ai déjà eu 20 pulsions sexuelles.
04:36 Je travaille dans un milieu où les femmes sont aussi recrutées sur le physique.
04:45 Elles sont très belles.
04:47 Donc, moi, je suis stimulé tout au long de la journée.
04:50 Et je sais que tôt ou tard, j'arriverai à une situation où il me faudra me libérer.
05:01 Il me faudra exploser, il me faudra laisser livrer au cours à mes désirs.
05:06 Il n'y a pas que les hommes.
05:11 Certaines femmes sont elles aussi débordées par leurs pulsions sexuelles.
05:15 Difficile de savoir combien elles sont, car pour elles, le jugement est encore plus sévère,
05:21 le tabou encore plus lourd.
05:23 Elles représenteraient un addict sur cinq, et peut-être davantage.
05:28 C'est ça.
05:29 J'ai des souvenirs de partouze assez sympathiques.
05:36 J'ai souvenirs d'une fois où nous avions fait un grand feu avec des amis,
05:45 on était à bord de la mer, et nous étions huit.
05:50 Tout le monde a fait l'amour avec tout le monde dans la soirée.
05:55 Tout le monde s'est réuni comme une meute.
05:58 C'était très tribal, c'était très chouette comme moment.
06:02 Depuis toujours, j'ai été portée sur le sexe.
06:11 Lorsque j'étais petite, je faisais l'amour avec mes peluches déjà.
06:17 C'était très important pour moi.
06:22 C'était, je pense, des orgasmes.
06:25 En tout cas, beaucoup de plaisir et de détente aussi.
06:30 Et puis, je faisais l'amour avec mes copines.
06:34 On a appris ensemble de manière tout à fait naïve.
06:39 J'ai vraiment fait l'amour pour la première fois à 15 ans.
06:42 Et j'étais très amoureuse de ce garçon.
06:45 Donc c'était plutôt chouette, ça s'est très bien passé.
06:50 Je suis restée six ans avec cette personne.
06:53 Et malgré tout l'amour que j'avais pour mon compagnon,
06:56 je ne pouvais pas m'empêcher d'aller voir ailleurs.
07:00 J'ai commencé à avoir des amants.
07:04 Je m'éclatais, j'avais l'impression d'être très forte,
07:07 d'être très belle et d'être une femme.
07:10 À cette époque-là, je descendais dans la ville.
07:17 C'était la première bar que je trouvais.
07:19 Je me posais et ça va très vite.
07:21 Un clin d'œil, "Salut, comment tu t'appelles ?"
07:23 "Tu m'offres un verre ?" "Oui, ok, bon."
07:26 "On va chez toi." Ça va très vite parce que...
07:29 Même les codes, il n'y en a plus.
07:32 Il n'y a plus de séduction, on est autre part.
07:36 C'était facile, très facile.
07:39 Pour les accros au sexe, le plaisir commence avec la recherche.
07:42 Une quête permanente, une frénésie de rencontres,
07:46 dont Internet et les applications géolocalisées ont démultiplié les possibilités.
07:51 Mais pour les moins timides, la drague sans complexe conserve tous ses charmes.
07:57 C'est un peu comme un jeu de jeu.
08:00 C'est un jeu de jeu, mais c'est un jeu de jeu.
08:05 La drague sans complexe conserve tous ses charmes.
08:07 C'est-à-dire que si maintenant on m'autorise de faire l'amour avec toutes les filles,
08:14 je le ferais sans problème.
08:16 Quand je vais en soirée, je vais draguer Nana.
08:20 Dans ma tête, il faut que j'aboutisse du sexe avec elle.
08:23 Quand je vais draguer Nana dans la rue, il faut que...
08:26 Quand je change mon numéro de téléphone, il faut que dans ma tête, ça aboutisse à du sexe.
08:29 À chaque fois que je suis en contact avec une femme,
08:31 j'essaie que ça aboutisse avec du sexe.
08:34 Quand je chasse, il faut que je fasse le sniper.
08:38 Dès que je vois Nana, je trouve qu'on va pas...
08:41 C'est comme jouer au tac-au-tac.
08:45 Si je ne gratte pas, je ne saurais jamais le résultat.
08:48 Moi, j'aime bien jouer, je suis un grand joueur.
08:50 Je n'ai rien à perdre.
08:52 Regarde-moi dans les yeux.
08:55 - Tu fais de la boxe. - Moi aussi.
08:57 Je fais de la boxe au lit. Regarde-moi dans les yeux.
08:59 En fait, en fond de toi, il y a quelque chose qui est caché.
09:03 Tu devrais sortir l'animal qui est dans ton corps.
09:07 Je sais que tu es une petite sauvage.
09:09 - C'est vrai. - En tout cas...
09:11 - Regarde-moi dans les yeux. - Bon courage.
09:13 - Tu as l'air petite. - Quoi ?
09:16 J'ai fait tomber mes clés.
09:18 Ça va, debout des, petite.
09:28 - C'est terrible. - Pourquoi ?
09:30 Ce soir, tu fais quoi ?
09:32 - Je fais des snacks. - Tu veux des snacks ?
09:33 - Oui. - Bien.
09:35 - Tu as des petits chiottes ? - Oui, des gens sympas.
09:39 Le sexe, c'est vital.
09:40 C'est vital, c'est comme la nourriture.
09:42 Il faut boire de l'eau.
09:44 Il faut manger.
09:46 Donc, du coup, en fait, c'est la bolémie du sexe.
09:50 C'est une fin qui n'est, pour moi, jamais rassasiée pour l'instant.
09:55 Je pense que j'ai accepté mon homosexualité avant la puberté.
09:59 Très tôt, j'étais attiré par les hommes.
10:04 Et très tôt, j'ai cherché à avoir des rapports sexuels avec les hommes,
10:09 plus que des relations.
10:11 Et je me suis dit que je voulais être homosexuel.
10:14 Et je me suis dit que je voulais être homosexuel.
10:17 Et je me suis dit que je voulais être homosexuel.
10:21 Et je me suis dit que je voulais être homosexuel.
10:24 La première relation sexuelle que j'ai eue,
10:27 je devais avoir 14 ans.
10:31 Et c'était dans un parking.
10:33 C'était dans un lieu de drague.
10:35 Et c'est là que j'ai eu ma première relation sexuelle.
10:41 Ces lieux étaient déjà chargés d'énormément de femmes.
10:50 Ils étaient déjà chargés d'énormément d'excitation.
10:52 Et j'avais envie de découvrir ça par moi-même.
10:57 J'étais déjà sensible à des artistes, à des écrivains qui parlaient de ça,
11:04 qui parlaient de ces rencontres nocturnes.
11:06 Il y avait déjà une attirance.
11:08 Et pour moi, c'était comme ça, l'homosexualité.
11:13 Ça devait presque se passer de manière nocturne, de manière anonyme,
11:19 certainement de manière multiple.
11:20 Au début, c'était la découverte, beaucoup.
11:29 Et c'était beaucoup le plaisir.
11:33 Parce qu'au début, il y avait du plaisir, énormément de plaisir.
11:36 Quand je suis arrivé à Paris,
11:39 je passais aussi beaucoup de temps à traîner la nuit dehors,
11:42 dans le marais, sur les quais.
11:46 Mais je me perdais un peu, et j'espérais des rencontres.
11:50 Et il y a eu des super rencontres très excitantes comme ça.
11:54 Et au bout d'un moment, c'est vrai que je me suis beaucoup enfermé derrière Internet.
12:01 La recherche est quelque chose dans lequel on peut se perdre.
12:08 Parce qu'elle est presque infinie, aujourd'hui, avec Internet,
12:14 avec le nombre de sites et le nombre d'hommes qui sont connectés.
12:18 Je pense que ça a été un facteur important dans mon addiction sexuelle.
12:23 Au bout d'un moment, je ne savais même plus ce qui m'excitait.
12:27 L'excitation, elle était dans l'envie de rencontrer
12:35 celui qui allait me donner le plaisir le plus incroyable,
12:40 le plaisir parfait, ce qui est impossible.
12:44 Et ce qui provoque le fait qu'on y retourne toujours.
12:48 Ça pouvait être plusieurs par jour, plusieurs par nuit.
12:55 C'était presque illimité.
12:57 C'est-à-dire qu'un rapport sexuel se terminait,
13:03 et il fallait que j'en trouve un autre.
13:05 Surtout si je n'avais pas pris un pied monstrueux sexuellement.
13:09 Il fallait que je trouve un autre.
13:12 Même si j'avais pris un pied monstrueux, il fallait que j'en trouve un autre,
13:15 parce que justement, il fallait trouver encore mieux.
13:17 Et après, il y a eu les plans à plusieurs, qui multiplient encore les possibilités,
13:21 parce qu'il y a toujours cette chose qui n'est pas résolue,
13:25 qui n'est pas remplie, cette attente, cette espèce de vide qui n'est pas remplie.
13:29 On bascule de l'hypersexualité à l'addiction lorsqu'on ne cherche plus le plaisir dans le rapport sexuel,
13:41 mais quand on est dans un besoin, quand on perd le contrôle de sa sexualité,
13:45 et qu'on est obligé d'y revenir sans cesse, parfois plusieurs fois par jour.
13:49 On y revient parce qu'on est en manque, parce qu'on recherche un shoot.
13:53 C'est toujours le shoot de la première fois, qu'on pense retrouver, qu'on ne retrouve jamais,
13:58 et qui nous amène parfois à faire des choses sexuelles qu'on n'aurait jamais imaginées au départ.
14:03 Et lorsqu'on va sur Internet, on a accès à du sexe de manière très simple.
14:10 C'est à deux clics.
14:11 On a des sites de rencontres, on a des sites d'escorte en ligne, on a des sites pornographiques.
14:17 Et ça peut toucher tout le monde, des adolescents aux adultes, sans distinction.
14:25 Internet a pris une telle place aujourd'hui dans la société,
14:30 qu'un sexe addict sur deux est porno-dépendant.
14:35 C'est-à-dire qu'il est dépendant à la pornographie, aux images pornographiques que l'on peut trouver partout.
14:40 Dans ma vie, j'ai couché avec deux femmes.
14:47 J'ai toujours été attiré par le monde féminin, mais sans jamais pouvoir les aborder, aborder les femmes réellement.
14:52 Donc il me restait le virtuel, la masturbation.
15:02 Et finalement, sur Internet, je suis dans ma bulle, il n'y a plus rien d'autre.
15:05 Le monde autour de moi s'est arrêté, il ne bouge plus.
15:08 Et je contrôle la totalité.
15:11 Je contrôle.
15:13 C'est un bien grand mot, puisque ce n'est pas moi qui contrôle.
15:17 Quand j'ai envie d'aller sur un site porno, souvent à l'origine, c'est parce que je ne me sens pas bien.
15:25 Il y a un trouble.
15:29 Je peux passer une journée complète sur l'ordinateur à faire que ça.
15:32 Peu importe si j'ai des rendez-vous, si je veux autre chose à faire, il n'y a plus rien qui a d'importance, sauf ça.
15:40 Même si le plaisir, j'ai pu l'avoir dans le quart d'heure qui suit, il y a un manque qui s'installe.
15:48 Et c'est incontrôlable. Donc on y retourne.
15:51 J'ai passé des journées entières à faire que ça.
15:55 Je m'empêchais de dormir, de manger.
15:58 Ça allait jusqu'au point où j'étais obligé de consulter un médecin, parce que je me retrouvais avec un sexe complètement gonflé, lié à un pro de masturbation.
16:10 Et puis, j'ai rencontré ma femme actuelle.
16:19 Du jour au lendemain, je rencontre une femme que je considère comme une femme, bizarrement, et qui avait des besoins sexuels.
16:27 Et donc c'est vrai que déjà, on avait des relations normales pour un vrai couple.
16:35 Pendant six mois, mes pulsions, mes craintes, mes peurs se sont mis de côté.
16:42 Alors que je pensais que ma dépendance allait s'estomper, finalement non. La dépendance a refait son apparition de plus belle.
16:50 Donc c'était la nuit, où je pouvais me relever, où il suffisait qu'elle se lave et qu'elle aille prendre sa douche.
16:59 Donc ça me laissait dix minutes, un quart d'heure.
17:01 Dès que je commençais à me retrouver seul, je me jetais sur le premier ordinateur venu pour essayer d'avoir une connexion Internet.
17:08 Il fallait, il fallait que je fasse.
17:11 [Musique]
17:15 Les causes profondes de l'addiction sexuelle sont multiples.
17:18 Elles partent en général d'un traumatisme, qui n'est pas forcément un viol, mais qui est un traumatisme autour de la sexualité.
17:27 Ça peut être une ambiance sexualisée très tôt, lorsqu'on est enfant.
17:31 Ça peut être un geste déplacé.
17:34 Mais ça peut aussi être un parent qui est défaillant, un parent qui est alcoolique, un parent qui lui-même est addict.
17:41 Ce qui amène l'enfant, qui devient adulte, à reproduire ce schéma, parce que c'est normal d'être addict.
17:49 Mon père a toujours eu des maîtresses, et je le savais, petite fille.
18:01 Ma mère, elle a quitté mon père, donc lorsque j'ai eu 9 ans, il est parti avec une femme.
18:05 Je pense que j'ai manqué d'explications de leur part aussi.
18:12 Et puis, il y a mon frère et ses copains qui regardaient parfois des pornos.
18:23 J'étais un peu roularde et je faisais semblant d'aller dans ma chambre, alors qu'en fait je me planquais derrière la cheminée pour regarder les films.
18:32 Je détestais ça, mais j'avais une vraie fascination, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder.
18:38 Et je ne pense pas que ça aide à se construire.
18:45 Je pratiquais un sport assez intensivement, et j'avais un moniteur à qui je faisais confiance.
18:55 J'ai subi des attouchements pendant 2 ans et demi, et puis c'était notre secret.
19:02 Cette personne, elle m'a pris cette innocence que j'avais auparavant.
19:12 Parce que je n'ai plus jamais abordé mon corps de la même manière.
19:16 Cette personne qui vit en moi, elle est multiple.
19:29 Il y a une personne qui est addicte en moi, et qui a ce besoin irrépressible.
19:37 C'est un sein, une part obscure, qui prend le dessus, comme une force qui part d'une ombrile et qui te pousse à faire l'amour.
19:48 Je ne sais pas comment exprimer les choses.
19:51 Et j'avais besoin, de toute façon je ne pouvais pas faire autrement, je n'avais pas le choix.
19:56 On dit qu'on a toujours le choix, mais dans ces cas-là, il faut la dose.
20:04 Et souvent, j'ai besoin de cette montée-là, pour me sentir bien.
20:09 J'ai déjà fait un homme différent par jour.
20:15 Il y a des périodes où c'était de la masturbation, et là ça pouvait prendre des proportions, des heures et des heures, et c'était démesuré.
20:33 Le sexe, pour moi, c'est une drogue.
20:35 Les gens qui sont alcooliques, qui sont toxicomanes, c'est qu'on peut considérer ça comme une drogue.
20:43 Les dépendants sexuels comme Max organisent leur vie entière autour du sexe.
20:51 Les amis, les loisirs, parfois même le standing d'un appartement, ou le choix d'un travail.
20:59 Tout pour les rencontres. L'amour n'a plus sa place, le sexe est dissocié des sentiments.
21:04 Je pense que c'est une rupture sentimentale qui a fait que je suis devenu plus sexaddict.
21:14 J'ai toujours été, depuis l'âge de 15 ans, même depuis tout petit, mais cette rupture sentimentale a fait que... a multiplié cette force par ça.
21:28 J'ai déjà été amoureux dans ma vie deux fois.
21:34 Quand j'étais amoureux, c'était parfait, c'était merveilleux.
21:37 Mais quand c'était fini, c'était l'hécatombe.
21:42 Et ça, c'est des trucs que je ne veux pas vivre, je n'ai pas envie de revivre.
21:47 Pourquoi ? Parce que je n'ai pas envie de me faire mal, je n'ai pas envie de... Moi, j'en veux que du plaisir.
21:54 J'aime aller en soirée échangeiste avec mes copines libertines.
21:59 Ce que j'aime dans le libertinage, c'est vachement vaste.
22:03 Ça peut être la curiosité, ça peut être l'envie, le plaisir.
22:08 Et moi, si je vais là-dedans, c'est parce que c'est un partage où les gens sont conscients qu'il va y avoir des gens qui vont faire l'amour,
22:18 et qui vont peut-être avoir des échanges de couple, de nana libertine qui vont venir se défouler.
22:25 Je ne pourrais pas actuellement imaginer la vie autrement parce que je suis très bien comme ça.
22:32 Avoir le sexe pour seule raison de vivre, Max est allé jusqu'à en faire son métier, au grand jour.
22:40 Alors que la plupart des addicts se cachent, lui est devenu acteur et réalisateur de films pornos.
22:47 [Toc toc toc]
22:49 - Vous êtes bien prêt ?
22:50 - C'est Juliette ?
22:54 - Bienvenue !
22:56 Je ne me sens pas seul grâce au porno.
22:59 Je ne me sens pas seul parce qu'il y a des acteurs et des actrices, et du coup je suis dans mon univers.
23:06 Je peux calmer mes pulsions, mes ardeurs, grâce à cette maîtrise que j'ai apprise au long de ces années.
23:16 Dans le X.
23:17 Si ça n'avait pas eu de porno, je pense que je serais un grand malade du sexe.
23:22 Peut-être qu'à cause du sexe, j'aurais pu faire de la prison.
23:27 Je pense.
23:28 Je ne sais pas.
23:30 Les dépendants sexuels vivent dans le déni.
23:36 Ils trouvent parfois des arrangements, mais ils flirtent toujours avec les limites.
23:43 Toujours plus loin, toujours plus risqué.
23:46 Comme les alcooliques et les toxicomanes, les acros sex sont dans une spirale.
23:52 Le manque les envahit, ils augmentent les doses.
23:56 Mais le plaisir, lui, disparaît.
23:59 Au bout du chemin, il y a un prix.
24:03 Parfois la dépression, souvent le mensonge, toujours la solitude.
24:09 Ce qui m'a permis de me rendre compte qu'il y avait un problème,
24:15 c'est...
24:21 Je ne sais pas trop, c'est ça, c'est la souffrance.
24:27 C'est à partir du moment où j'ai commencé à avoir mal au ventre,
24:31 à devenir complètement esclave, à être emprisonnée complètement dans ce corps.
24:38 Alors...
24:39 C'est sûr, il y avait des réelles crises de manque,
24:44 des ressentis très intenses physiquement,
24:49 ces crampes qui t'assaillent,
24:52 et tu sens que c'est parce que tu as besoin d'être pénétrée.
24:57 Et c'est tout sauf du plaisir, c'est du dégoût.
25:01 Parce que, pour ma part en tout cas,
25:08 dès lors que l'acte est passé,
25:12 je me sens mal, très mal.
25:15 Une vraie descente aux enfers.
25:18 Et le manque se crée et il faut recommencer.
25:22 Encore et encore.
25:24 Et le fait de ne pas être assasiée,
25:28 de se dire qu'il pourrait y avoir une tribu entière qui nous passerait dessus,
25:33 ça ne satisfait toujours pas.
25:36 C'est douloureux, ça fait mal au corps.
25:38 Et puis il y a l'esprit qui travaille, parce qu'on se fait du mal,
25:41 parce qu'on fait du mal aux autres.
25:43 Je sais qu'aujourd'hui mon corps est chargé de violence.
25:47 Je me suis retrouvée à suivre des personnes que je ne connaissais pas.
25:56 Notamment un jeune homme qui m'avait emmenée chez lui
26:00 et je me suis retrouvée avec sa bande de copains.
26:02 Ça m'a beaucoup stressée.
26:05 Je ne savais pas comment me sortir de là
26:10 et je n'étais pas capable de dire non.
26:13 Je ne pouvais pas dire non.
26:15 Il fallait que j'aille jusqu'au bout.
26:17 Je sentais qu'il fallait que j'assume.
26:20 Je me suis sentie salie, très sale.
26:23 Quand je me retrouvais dans des situations à ne pas assumer
26:30 et pourtant à aller jusqu'au bout,
26:34 oui j'ai la sensation d'avoir été violée.
26:36 En même temps, c'était consenti.
26:41 Je ne peux plus reprendre ça.
26:44 Je ne peux pas revenir en arrière de toute façon.
26:46 Il y a eu aussi, moi, mon comportement de violeuse.
26:54 C'est une personne qui m'attirait physiquement
26:59 et je le voulais, je le voulais, je le voulais.
27:02 Se refusant à moi, la seule solution que j'ai trouvée,
27:05 c'est de m'introduire chez lui.
27:07 Je me suis vue monter dessus sans aucun préliminaire,
27:14 la personne dormant.
27:16 Je pense très violent quand on me réveille.
27:19 Et ce n'est pas la seule personne.
27:22 Dans ce genre de situation, et quand ça va très vite,
27:28 on pense rarement à mettre un préservatif.
27:31 C'est le cadet de mes soucis à ce moment-là.
27:33 Du coup, lorsque l'acte est passé, c'est terrible.
27:36 C'est terrible.
27:37 Ça fait que je me suis retrouvée des fois
27:40 à faire tous tests dans l'année.
27:43 Ça ne rime à rien.
27:44 Je me suis mise beaucoup en danger.
27:50 Je me suis mise en danger.
27:52 Je me suis mise en danger.
27:55 Je me suis mise en danger.
27:58 Je me suis mise en danger.
28:01 Je me suis mise en danger.
28:04 Je me suis mise en danger.
28:07 Je me suis mise en danger.
28:10 Je me suis mise en danger.
28:13 Je me suis mise en danger.
28:16 Je me suis mise en danger.
28:20 Je n'étais même pas au bord du gouffre.
28:22 J'étais au fond du gouffre.
28:24 J'étais arrivé à un stade où je me mettais en danger.
28:32 Je mettais en danger ma santé.
28:37 Et ma santé psychique.
28:41 Donc le premier objectif, c'était ça.
28:46 C'était vraiment...
28:48 Pour ne pas crever.
28:50 Pour moi, l'addiction sexuelle, c'est...
29:02 C'est une prison.
29:05 C'est une prison, c'est une...
29:07 Quelque chose de terriblement destructeur.
29:09 À beaucoup de niveaux.
29:11 Un niveau social, un niveau psychologique, un niveau humain.
29:15 On s'en fout dans ces moments-là de se faire du mal.
29:18 On ne s'en rend même pas compte.
29:20 C'est ça qui provoque aussi beaucoup de souffrance.
29:22 C'est-à-dire qu'on peut avoir la conscience
29:24 qu'on aimerait réussir à résister
29:27 et ne pas réussir à résister.
29:29 Donc on est complètement pris au piège.
29:31 Et j'avais l'impression de...
29:39 D'être capable que de ça.
29:43 Et je pense que c'était un peu vrai.
29:46 Parce qu'au bout d'un moment,
29:53 le cul, ça devient la réponse à tout.
29:56 Et donc, tout ce que je faisais en dehors de ça
30:03 n'était qu'un empêchement.
30:06 C'est-à-dire que de travailler,
30:09 de voir des amis,
30:11 m'empêchait peut-être de baiser.
30:14 Je me rends compte que je suis vraiment parti comme un voleur.
30:35 Il y a encore énormément d'affaires à moi ici.
30:39 À toutes mes affaires, en fait.
30:41 Il y a plein de choses qui n'ont pas bougé.
30:46 Et en même temps, c'est plus chez moi
30:49 et ça sera jamais plus chez moi.
30:51 À la fois parce que je reviendrai jamais ici
30:54 et parce que...
30:56 C'est trop chargé. C'est trop chargé, cet appartement.
30:59 Voilà, ça, c'était la chambre, là.
31:07 Bon, maintenant, il y a une fille qui vit là.
31:10 Je me souviens, il y a des matins ou des lendemains où...
31:17 C'était crade.
31:19 Ça a été ma prison dorée.
31:22 Ça, c'est sûr.
31:24 C'est un endroit où il y a beaucoup de monde qui est passé.
31:29 Des amoureux, des amis, des amantes.
31:35 Et les moments où j'étais seul, c'était du grand n'importe quoi.
31:38 Et puis même, des fois, quand il y avait des colocataires,
31:41 je me débrouillais pour...
31:43 Pour aller dans la cave ou dans le couloir en bas.
31:46 Je ne m'intéressais plus à grand-chose.
31:54 Tous ces livres qui sont là, ils datent de quand j'étais adolescent, en fait.
31:58 C'est des livres, par exemple, que je n'ai pas ouverts depuis dix ans.
32:03 Toutes mes souvenirs, toute ma culture,
32:06 tout ce que je connais et tout ce que j'ai appris,
32:09 je l'ai appris avant d'être complètement bouffé par l'addiction.
32:12 J'avais beaucoup de chance, j'avais beaucoup de...
32:18 Beaucoup d'espoir et beaucoup de...
32:21 Ouais, beaucoup de chance, quoi.
32:23 Et puis j'ai gâché tout ça, en fait.
32:27 J'ai gâché dix ans.
32:30 Bon.
32:31 Il fallait aller encore plus bas, quoi, pour réussir à rebondir.
32:37 Il fallait vraiment toucher le fond et...
32:39 Peut-être qu'il me fallait ça, moi.
32:42 Il faut savoir que les sexes addicts, souvent,
32:55 pas dans tous les cas, mais souvent,
32:58 sont des polyaddicts,
33:00 c'est-à-dire qu'ils sont addicts à un produit aussi,
33:04 en plus de leur sexualité.
33:05 L'addiction aux produits psychoactifs,
33:09 que ça soit la cocaïne, que ça soit les drogues de synthèse,
33:13 que ça soit l'alcool,
33:14 nourrissent l'addiction sexuelle,
33:17 dans le sens où ça désinhibe complètement la personne.
33:22 C'est-à-dire que toutes ces défenses par rapport à la sexualité, par exemple,
33:25 vont tomber.
33:28 Moi, c'était la cocaïne.
33:30 Ça permettait de pas dormir, ça permettait d'être toujours au top,
33:35 ça amenait aussi beaucoup d'excitation,
33:37 et ça, ça a ouvert la porte à des rapports sexuels non protégés.
33:43 Vraiment...
33:46 Ouais, je maîtrisais plus rien.
33:50 Et donc, il soit je m'en sortais
33:56 et j'arrêtais, je me faisais soigner,
33:59 ou soit je me foutais en l'air.
34:01 J'ai commencé à accéder au site pornographique sur mon lieu de travail.
34:14 Je pouvais passer de...
34:18 une heure à...
34:20 des journées entières, des semaines entières à faire que ça,
34:24 jusqu'à me masturber entre midi et deux,
34:27 parce qu'il y avait personne dans les bureaux et que j'étais tranquille.
34:31 Et derrière, ça générait du stress,
34:34 parce que j'avais pas réussi à faire les choses,
34:37 et qui dit stress dit pulsion,
34:39 et ça allait encore plus loin.
34:41 Pour moi, c'était encore plus grave que ce qui se passait à la maison.
34:47 J'avais besoin qu'on m'aide,
34:49 mais j'étais incapable de demander de l'aide,
34:51 parce que c'était trop dur.
34:53 Je suis porno-dépendant,
34:55 c'est très difficile à dire.
34:57 Le jour où j'ai vraiment décidé d'agir,
35:01 c'est vraiment le jour où j'ai failli perdre mon boulot.
35:04 C'est le directeur général, en fait, qui veut me voir.
35:07 Donc là, je comprends que je me suis fait attraper,
35:11 et je lui ai dit la vérité, et finalement,
35:14 il m'a proposé de l'aide.
35:16 Et là, ça m'a fait bizarre de recevoir de l'aide.
35:20 Et je savais qu'il fallait que j'en parle aussi à Betty,
35:23 et là, ça a été très très dur.
35:25 D'ailleurs, j'ai hésité vraiment à rentrer à la maison.
35:29 C'est vrai que l'envie de mourir, elle était très très très forte.
35:33 Elle m'a vue,
35:36 elle a vu tout de suite qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
35:39 Et j'ai craqué, je lui ai tout raconté.
35:41 Tout d'abord, je ne crois pas.
35:49 J'imagine pas une seconde qu'on puisse être accro à du porno.
35:52 Pour moi, c'était pas possible.
35:55 Et il me dit "mais non, tu comprends pas.
35:58 C'est pas une simple consommation, c'est une addiction.
36:02 C'est tout le temps."
36:04 Et j'ai dû refaire cet an de ma vie.
36:08 Il a quand même fantasmé sur toutes mes amies,
36:15 toutes ses collègues,
36:17 sur des milliers de femmes en vidéo.
36:20 À chaque fois qu'on se promenait,
36:22 tous les deux, c'était pas moi qui regardais, c'était les autres filles.
36:25 Et après, il fantasmait derrière.
36:27 Il a fallu encaisser beaucoup de choses.
36:29 Donc j'ai pensé, peut-être un jour ou deux, à la séparation.
36:34 Et finalement, il me dit "écoute, il y a un forum,
36:37 si tu veux, tu peux aller voir."
36:39 Et là, j'ai compris l'ampleur du problème.
36:45 Que c'était quelque chose, apparemment, d'assez répandu.
36:49 Mais de tellement tabou que personne n'en parlait.
36:53 Et j'ai compris que les gens qui étaient touchés,
36:55 c'était pas des pervers.
36:59 Que c'était des gens souvent très fragiles.
37:02 Et qu'en fait, ils étaient des victimes.
37:04 Qu'on était dans une maladie.
37:07 Comment sortir du cercle vicieux ?
37:11 Comment arrêter de se faire du mal ?
37:15 Parfois, il faut une crise.
37:18 Perte d'emploi, rupture affective,
37:21 pour qu'enfin les dépendants sexuels sortent du déni.
37:25 Pour qu'ils rompent le silence,
37:27 et qu'ils se décident de se faire du mal.
37:30 La première phase pour sortir de l'addiction,
37:32 c'est de sortir du déni.
37:34 C'est-à-dire, s'avouer à soi-même
37:36 qu'on a un problème avec la sexualité,
37:38 qu'on n'est pas en contrôle du tout.
37:40 Et du coup, avouer aux proches qu'il y a un problème,
37:44 qu'il va falloir traiter par rapport à la sexualité.
37:49 Lorsqu'on a fait ce premier pas,
37:51 on a fait un premier état de la sexualité.
37:53 On a fait un état de la sexualité,
37:55 on a fait un état de la sexualité,
37:57 et on a fait un état de la sexualité.
38:00 Lorsqu'on a fait ce premier pas de sortir du déni,
38:03 il y a des solutions très concrètes
38:05 qu'on peut mettre en place tout de suite,
38:07 pour pouvoir éviter de retomber dans la pulsion.
38:11 On peut changer ses habitudes
38:14 en arrêtant par exemple d'utiliser un ordinateur.
38:19 On peut mettre des codes.
38:21 On peut se mettre à des activités artistiques
38:24 qui permettent de ne pas penser justement à son mal-être.
38:28 On peut aussi recréer ou créer des relations amicales
38:33 qui ne tournent pas autour de l'addiction sexuelle.
38:36 On peut associer le compagnon ou la compagne
38:40 à son propre rétablissement,
38:42 en lui demandant une sorte de flicage,
38:45 pour être sûr qu'on ne va pas céder à sa pulsion.
38:52 Marc se bat depuis deux ans
38:54 pour sortir de la dépendance au porno.
38:57 La route est encore longue, mais il n'avance pas seul.
39:00 Il voit un psy pour réfléchir à sa relation avec les femmes.
39:04 Et surtout, il peut compter sur Betty, sa compagne.
39:08 La grosse difficulté dans tout cela,
39:12 c'est que ça fait 30 ans d'addiction,
39:16 de mauvaises habitudes,
39:18 qu'il faut changer du jour au lendemain.
39:22 Changer du jour au lendemain, ce n'est pas possible.
39:25 Ça se fait étape par étape, petit à petit.
39:28 Le jour où j'ai arrêté le visionnage de pornographie,
39:33 je me retrouve avec un gros problème.
39:36 Que faire de toutes ces heures ?
39:39 Dans les premiers temps, ça a été une source anxiogène.
39:42 Ça me paniquait.
39:44 C'était la cause de plusieurs creux chutes.
39:47 Quand on chute la première fois, c'est terrible.
39:50 On n'ose pas le dire.
39:52 La rechute est d'autant plus dure, d'autant plus profonde,
39:56 qu'on se dit que ce n'est pas possible.
39:59 J'y arriverai jamais.
40:01 Le problème, c'est qu'il avait beau me promettre
40:08 qu'il ferait tout pour ne pas rechuter,
40:11 et qu'il me dirait s'il rechutait, il recommençait.
40:15 Il rechutait cinq, six fois, je ne sais plus.
40:18 A chaque fois, c'était moi qu'il découvrait.
40:21 A chaque fois, les crises dans notre couple
40:24 étaient d'autant plus violentes.
40:27 C'est vrai que ma vie était complètement parasitée par le porno.
40:34 C'était plus lui qui voyait des femmes sexies partout, c'était moi.
40:40 Et à force, ça m'a fait complètement disjonctée.
40:45 Et finalement, j'ai attrapé un culteur,
40:48 et je ne savais pas trop ce que j'allais faire avec,
40:52 mais j'allais tailler, voilà, tailler quelque chose.
40:56 La rechute est inévitable, elle fait partie du chemin vers la guérison.
41:07 Mais l'idée, c'est que chaque fois qu'on rechute,
41:10 on puisse y mettre du sens.
41:12 Plus on va mettre du sens sur les rechutes,
41:15 plus elles vont s'espacer et être de moindre ampleur.
41:18 À long terme, il y a plusieurs solutions.
41:21 Il est conseillé d'entamer une thérapie
41:24 pour comprendre pourquoi est-ce qu'on est addict.
41:27 Il existe des groupes de parole dont on peut faire partie sur plusieurs années.
41:31 On peut décider de partir pour recréer une vie différente.
41:36 Avec de nouveaux repères.
41:38 Elodie a longtemps lutté seule.
41:42 Et elle a connu plusieurs rechutes
41:45 avant de trouver la force de pousser la porte d'un service d'addictologie
41:48 et de parler, enfin.
41:50 Depuis un an, elle a commencé à changer ses habitudes.
41:54 Relever la tête, ce n'est pas facile.
41:59 Parce qu'au bout de toutes ces années,
42:03 il y a une vraie perte de confiance en soi qui s'installe.
42:06 Et pour s'estimer,
42:10 il n'y a pas d'autre solution que de sortir de son trou.
42:13 Et puis, je me suis rendu compte
42:17 que ce qui était essentiel, c'était de me réapproprier mon corps.
42:20 Pour que ça aille mieux, pour ne pas lâcher.
42:23 Parce que les rechutes, il y en a.
42:26 Même si mon corps est marqué,
42:29 toutes ces cicatrices, tout ça,
42:31 je peux le faire évoluer.
42:34 Et l'amener vers un bien-être, vers l'apaisement aussi.
42:40 Pour moi, ça a été à travers des techniques de relaxation,
42:46 de la sophrologie.
42:48 Et puis, je me suis mise au tango argentin.
42:52 Ce qui m'a libérée vraiment physiquement,
42:57 ça m'a permis d'aborder mon corps d'une manière très différente.
43:01 En relation intime avec l'autre.
43:04 Parce que je ne connaissais pas l'intimité comme ça.
43:07 Et le tango force à cette intimité,
43:11 à cette rencontre.
43:13 Et ce lâcher-prise m'apprend beaucoup.
43:18 En tout cas, je ne suis plus assaillie par toutes ces pensées sexuelles.
43:29 Samuel, lui, est passé par une tentative de suicide.
43:33 Un moment de désespoir, souvent traversé par les dépendants sexuels.
43:39 Il s'est fait hospitaliser pour décrocher de la cocaïne et du sexe.
43:45 À peine sorti, il s'est envolé loin de ses démons,
43:50 rejoindre sa sœur et sa nièce, sur l'île de la Réunion.
43:53 Ciao !
43:56 La petite flamme en moi, je l'ai trouvée chez ma nièce.
44:00 Je pense que c'est ma nièce qui a été cette petite flamme.
44:03 C'est l'Indien !
44:06 Sa présence...
44:11 Sa présence dans ma tête et dans mon cœur...
44:16 Merci !
44:19 a été super importante dans les moments difficiles.
44:23 Et donc...
44:26 Merci !
44:27 Elle fait partie des raisons pour lesquelles j'ai eu envie de venir à la Réunion.
44:32 Et en tout cas, c'est vrai que le fait d'avoir son sourire le matin, c'est assez génial.
44:41 Regarde l'oiseau, Mila.
44:43 Ça s'appelle un bélier.
44:45 Un bélier ?
44:47 Un bélier, ouais.
44:49 Un bélier.
44:50 Un bélier.
44:52 Depuis que je suis arrivé, c'est vrai que j'ai repris le sport.
44:56 C'est pas pour essayer d'être musclé et qu'on me désire.
45:02 Je suis plus du tout dans cette image.
45:05 C'est juste parce que moi j'aime ça.
45:09 Et ça me fait du bien.
45:11 Je commence à retenir ce que je suis.
45:15 Je me sens plus comme un autre.
45:19 Je commence à retrouver des sensations et surtout la compréhension de qui je suis.
45:25 Voilà, ça me suffit.
45:27 Par rapport à Internet, j'essaye de limiter.
45:37 C'est-à-dire, il y a quelque temps, j'ai installé un logiciel de blocage
45:43 qui m'empêche d'aller sur les sites sur lesquels j'allais avant.
45:46 Et ça fonctionne.
45:49 Ça fonctionne vraiment bien.
45:51 Évidemment, il y a des pulsions, il y a des envies.
45:57 Je ne suis pas devenu un moine.
45:59 Ça c'est... Voilà, pour moi c'est impossible.
46:02 Mais je préfère ça plutôt que de rester avec cette frustration
46:07 et d'être incapable de faire autre chose.
46:11 Aujourd'hui, mes désirs et mes envies sont tournés vers autre chose.
46:17 C'est plus des envies de relation.
46:23 Mais c'est vraiment de réhumaniser la relation.
46:27 De réhumaniser mon propre rapport à la sexualité.
46:31 Samuel est en bonne voie.
46:35 Il a même repris les études pour se reconstruire un futur.
46:41 Pour lui, comme pour les autres dépendants sexuels,
46:44 il existe un remède universel.
46:47 Se reconnecter avec ses émotions.
46:50 Trouver l'amour.
46:52 Mon plus grand fantasme sexuel...
46:59 C'est de faire l'amour.
47:04 D'apprendre.
47:06 Parce que jusqu'à aujourd'hui, j'ai vraiment la sensation
47:10 d'accomplir ma sexualité en dehors de moi.
47:15 Je commence à m'aimer et à...
47:18 Je sais d'où je viens.
47:20 J'ai peur de l'avenir, j'ai peur de vers où je vais,
47:24 mais ça m'excite et...
47:26 Ouais, je rêve de faire l'amour avec quelqu'un que j'aime.
47:30 Tout simplement.
47:34 Pour pouvoir reconstruire une histoire saine entre nous deux,
47:38 on a détruit toute notre histoire.
47:42 On a tout démonté, tout cassé, tout massacré.
47:47 Mais finalement, il restait une chose.
47:51 C'était l'amour.
47:53 Et le temps aidant, les médicaments,
47:59 la psychologue, le soutien des parents...
48:02 Les rechutes se sont espacées.
48:05 On a commencé à avoir des discussions saines,
48:10 des disputes constructives.
48:12 Et puis on a recommencé à faire des projets,
48:15 tous les deux des projets communs.
48:18 Et on a retrouvé cette complicité qui avait disparu
48:21 depuis pourtant plusieurs années.
48:23 Et finalement, on a réussi à faire un projet commun.
48:28 Et finalement, on a recommencé à s'aimer.
48:33 On est décidé à ne plus se faire voler notre vie.
48:39 On l'a récupérée dans le sang et dans les larmes,
48:42 et il est hors de question qu'on se la fasse voler à nouveau.
48:45 Donc on est dans l'urgence de vivre, d'être heureux.
48:51 On a décidé de se marier.
48:54 Dans l'absolu, je me sens beaucoup mieux qu'avant,
48:56 ça c'est évident.
48:58 Ça serait mentir que de dire qu'il n'y a pas de moments
49:01 qui sont compliqués, des moments de doute
49:03 sur le fait d'être venu ici,
49:06 sur les perspectives aussi qui sont encore un peu inconnues.
49:10 Et voilà, je reprends goût à tout.
49:16 Aujourd'hui, mon plus grand désir,
49:18 je pense que c'est l'envie de tomber amoureux,
49:24 l'envie d'aimer quelqu'un,
49:31 d'être aimé sans que l'addiction vienne tout faire foirer.
49:37 Je suis un peu comme ça.
49:39 Je suis un peu comme ça.
49:41 Sans que l'addiction vienne tout faire foirer.
49:46 Sous-titrage Société Radio-Canada
49:50 [Musique]

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