La ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, était l’invitée de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 Bonjour et bienvenue, Aurore Berger.
00:02 Bonjour.
00:03 Merci de votre présence et votre grande interview sur CNews et Europe 1.
00:06 Vous êtes la ministre en charge de l'égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations.
00:11 Quatre mois jour pour jour après les attaques terroristes du 7 octobre en Israël,
00:15 c'est aujourd'hui, Aurore Berger, qu'Emmanuel Macron va saluer la mémoire des 42 Français tués lors de ces massacres.
00:20 Vous assisterez tout à l'heure à la cérémonie.
00:23 C'est un hommage de la nation.
00:24 Quel message essentiel va prévaloir tout à l'heure ?
00:28 Je crois que c'est un message d'unité, de rassemblement, de se sentir toutes et tous concernés
00:32 par ces 42 Français qui ont été assassinés, mais au-delà d'ailleurs des 42 Français assassinés,
00:37 de toutes celles et ceux qui ont été assassinés par le terrorisme islamiste, par le Hamas.
00:42 Il faut vraiment qu'il y ait un avant et un après 7 octobre.
00:45 Le problème, c'est que dans l'après 7 octobre, il y a surtout eu en France une vague d'antisémitisme.
00:50 Et ça, ça devrait provoquer au contraire, soit des hooligans, soit surtout un sursaut républicain
00:54 de se dire que des Juifs ont été assassinés parce que Juif ne devrait évidemment pas avoir
00:58 comme corollaire de provoquer l'antisémitisme, mais au contraire, un rassemblement.
01:02 Donc c'est un moment d'unité nationale, de communion nationale qui doit pouvoir exister
01:07 pour envoyer un message non seulement évidemment aux familles des personnes assassinées
01:11 qui seront présentes à nos côtés, mais bien au-delà, à la fois à la communauté juive en France
01:15 qui a peur aussi pour un certain nombre d'entre eux depuis le 7 octobre,
01:19 mais encore une fois, au-delà de la communauté juive,
01:21 à toutes celles et ceux qui malheureusement sont décédés aussi sous le terrorisme.
01:25 Alors cet hommage, vous le savez, se retrouve au cœur d'une polémique depuis plusieurs jours
01:28 car plusieurs responsables de la France insoumise vont y participer,
01:32 contrairement à la volonté de plusieurs familles de victimes.
01:35 Je crois que c'est le cas de Manuel Bompard ou encore de Mathilde Panot.
01:38 Est-ce que vous leur dites ce matin "N'y allez pas".
01:40 "N'y allez pas", c'est une évidence.
01:42 C'est une évidence.
01:43 Comment vous pouvez imaginer vous rendre un hommage qui est d'abord pour des Français assassinés
01:47 quand les familles elles-mêmes vous demandent de ne pas venir ?
01:50 À quel moment ?
01:51 C'est de l'indécence, du cynisme.
01:52 Oui, c'est de l'indécence, c'est du déshonneur, c'est du cynisme.
01:55 Et puis surtout, il faut regarder ce qu'Alephi a dit de manière continue.
02:00 Refuser de qualifier le Hamas d'organisation terroriste.
02:03 Pointer d'abord Israël avant de pointer la responsabilité
02:06 de ceux qui ont frappé et qui ont assassiné sauvagement des enfants, des bébés, des femmes, des vieillards.
02:13 On a encore des otages qui sont retenus.
02:16 Mais je ne voudrais pas qu'à la fin de cette journée, on ne retienne que ça.
02:19 Pourquoi ? Quel est le risque ?
02:21 Le risque c'est qu'Alephi efface l'hommage.
02:23 Le risque c'est qu'à la fin, à force d'être interrogé sur eux, et je comprends pourquoi on l'est,
02:27 on ne retienne que la polémique de ceux qui sont présents ou pas.
02:30 Moi je veux penser aux 42 Français qui ont été assassinés,
02:33 à centaines de personnes qui ont été assassinées, à leur famille.
02:36 Je ne veux pas que par leur présence, que par leur indécence,
02:39 ils volent ce moment de recueillement et d'hommage national.
02:42 Alors qu'est-ce qu'il aurait fallu faire ? Parce que l'Elysée dit "c'est le protocole".
02:45 Est-ce que ce n'est pas parfois un peu facile de se cacher derrière le protocole ?
02:48 Malheureusement, il y a des règles, y compris quand vous êtes président de la République.
02:51 Donc vous invitez l'ensemble des forces qui sont représentées à l'Assemblée nationale.
02:54 J'espère que ça les disqualifiera.
02:56 Il y a eu tellement d'événements avec Alephi depuis 18 mois.
02:58 Et à chaque fois on s'est dit "c'est la ligne rouge qui a été franchie".
03:01 Bon ben j'espère que là, les Français voient, constatent,
03:05 le niveau d'indécence, le niveau de déshonneur.
03:08 À partir du moment où ils ne respectent pas la volonté même exprimée par les familles.
03:12 J'espère que ça les disqualifie de manière définitive,
03:15 dans les yeux, dans le cœur des Français et dans leur vote.
03:18 Vous demandez finalement en conscience aux Français de juger.
03:21 Mais n'y avait-il pas un autre moyen ?
03:22 Par exemple, la porte-parole du gouvernement, Priska Tevneau, leur a dit de ne pas y aller.
03:26 On a connu quand même par exemple Olivier Véran, ancien porte-parole,
03:28 par rapport à la présence du RN lors de la marche contre l'antisémitisme,
03:32 plus virulent.
03:33 Est-ce qu'il ne fallait pas monter au créneau plus rapidement
03:36 et véritablement tenter d'avoir une sorte de cordon par rapport à cette...
03:40 Malheureusement, on a été nombreux à le dire, mais je pense qu'ils s'en fichent.
03:42 C'est-à-dire qu'ils veulent, en effet, par leur présence, créer la polémique.
03:45 Ils veulent par leur présence qu'on oublie finalement l'hommage qui est rendu
03:48 et qu'on ne parle que d'eux.
03:49 Ce qui est malheureusement en partie réussi.
03:51 Donc, parlons de l'hommage, parlons de ces 42 Français qui ont été assassinés,
03:54 parlons de nos trois compatriotes qui sont encore retenus en otage,
03:58 parlons de ces centaines de femmes, moi j'en ai reçues,
04:01 qui ont été mutilées, qui ont été violées,
04:03 qui ont subi des exactions absolument terribles.
04:06 Parlons des survivants.
04:07 Mais parlons de ces femmes, justement, Aurore Branger,
04:09 et pour lesquelles certaines associations,
04:12 et certaines, qu'allons-y, néo-féministes,
04:15 ne se sont pas exprimées, n'ont pas condamné,
04:18 ont même demandé des preuves qu'il y ait eu véritablement
04:21 viol, mutilation et ce cortège de barbarie.
04:24 Oui, vous avez raison.
04:25 Qu'est-ce que vous pensez de cela ?
04:26 Il y a eu à la fois du silence,
04:28 ce qui est quand même assez assourdissant dans ces cas-là,
04:30 c'est-à-dire que c'est la première fois
04:32 que quand des femmes ont été ciblées parce que des femmes,
04:35 que des consignes, vraisemblablement,
04:36 avaient été données aux terroristes du Hamas pour les souiller,
04:39 pour les violer, pour les mutiler.
04:42 Ce sont des mutilations sexuelles que ces femmes ont subies.
04:45 On a malheureusement des témoignages.
04:47 Donc il n'y a aucun doute, évidemment, à voir.
04:50 Mais ce qui, moi, m'interpelle le plus,
04:51 c'est ce que ces femmes nous disent,
04:53 c'est celles qui sont en charge, justement, de collecter leurs paroles,
04:56 c'est que des pays occidentaux leur demandent des preuves.
04:59 Cela n'existe pas d'habitude.
05:01 Depuis quand on demande à un État démocratique,
05:04 à des femmes qui ont vécu de tels niveaux d'exaction,
05:07 des preuves de ce qu'elles ont vécu,
05:08 leur seule parole devrait suffire à ce qu'on les croit ?
05:11 C'est d'ailleurs le principe même que demandent
05:13 toutes les organisations féministes systématiquement.
05:15 C'est de toujours commencer par dire qu'on vous croit.
05:18 Pourquoi on ne les croirait pas, elles ?
05:19 Israël, État démocratique.
05:21 Et Adrien Quatennens s'est interrogé ce matin sur Israël.
05:24 Il dit que la bannière d'Israël pour les Jeux olympiques
05:29 devrait être neutre.
05:30 Et il dit sur leur dénomination de crime de guerre
05:34 qu'à leurs yeux, c'est plus grave que de dire terrorisme.
05:37 Comment vous réagissez à ces déclarations d'Adrien Quatennens ?
05:39 Il y a toujours les mêmes circonvolutions sémantiques, etc.
05:42 Le Hamas est une organisation terroriste islamiste.
05:45 Point.
05:46 Ils ont commis des crimes qui sont des crimes du terrorisme islamiste.
05:50 Donc à la fin, encore une fois,
05:52 il faut arrêter de faire comme si tout ça,
05:54 c'était juste de la pudeur des éléments de langage, etc.
05:57 Ils veulent flatter en électorat.
05:59 C'est ça, une tactique électorale.
06:01 Électorale.
06:02 Bien sûr.
06:03 Comment, depuis des semaines, depuis des mois,
06:05 aurait-il gardé le même discours
06:07 si elle n'espérait pas, à la fin,
06:09 que ce discours puisse flatter une partie de l'électorat ?
06:13 Est-ce que ce discours nourrit l'antisémitisme
06:15 et les actes que vous avez dénoncés au début de cette entretenue ?
06:17 Est-ce que vous mettez un signe d'égalité,
06:19 et là on bascule vers autre chose,
06:21 entre la France insoumise et l'antisémitisme ?
06:24 En tout cas, moi je mets toujours un signe d'égalité,
06:26 on l'a même voté à l'Assemblée nationale,
06:27 entre antisionisme et antisémitisme.
06:28 C'est autre chose.
06:29 Oui, mais c'est quelque part ça que fait l'EFI,
06:31 c'est dire "nous ne sommes pas antisémites,
06:33 c'est juste que nous avons un problème avec Israël".
06:35 C'est tout. Moi je connais peu de gens qui ont un problème avec Israël
06:37 et qui ne sont pas antisémites.
06:38 On peut critiquer la politique d'Israël sans être antisémite ?
06:40 C'est deux choses différentes.
06:41 Sauf que critiquer la légitimité même d'un État démocratique
06:44 à se défendre face à une des pires attaques terroristes
06:47 de son histoire est quand même un problème.
06:50 Refuser de qualifier des actes
06:52 qui ont été des actes de terrorisme islamiste,
06:55 et aussi de condamner avec vigueur l'antisémitisme
06:58 qui s'est abattu sur un certain nombre de Français,
07:00 qui ont fait que des Français aujourd'hui ont eu suffisamment peur
07:04 pour aller jusqu'à changer leur nom sur une boîte aux lettres,
07:06 à un moment, évidemment, tout ça flatte un électorat,
07:09 tout ça flatte des bas instincts qu'on n'avait pas envie de revoir dans notre pays.
07:13 Donc il faut que ça cesse.
07:14 Il faut qu'il y ait un temps aujourd'hui d'unité, d'hommage national.
07:17 Encore une question, hommage, mais l'Elysée prévoit
07:20 ou n'écarte pas aussi un hommage aux victimes françaises de Gaza,
07:24 donc sous les bombardements israéliens.
07:27 Est-ce que c'est une forme de "en même temps",
07:29 est-ce qu'il faut ne vexer personne
07:32 et finalement faire ces deux hommages de manière concomitante ?
07:36 Il n'y a pas pour l'instant d'hommage qui a été fixé, qui a été envisagé.
07:40 Ça peut être une option, évidemment.
07:41 Après, les choses sont différentes.
07:43 Et je crois que c'est important qu'elles restent aussi différentes
07:46 dans l'esprit des Français.
07:47 Même si les vies, évidemment, se valent.
07:49 Bien sûr, la question n'est pas là.
07:51 Les vies se valent, il n'y a pas de sujet là-dessus, évidemment.
07:53 Mais ce n'est pas la même chose d'avoir des personnes
07:56 qui ont été ciblées délibérément, assassinées délibérément
08:00 parce qu'en Israël, parce que juives,
08:03 et d'avoir des personnes, des civils qui décèdent parce qu'il y a la guerre.
08:07 Ce sont deux choses différentes.
08:08 Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas, évidemment, tout faire
08:10 pour que les choses, de manière humanitaire, puissent se régler à Gaza.
08:13 Il y a un engagement de la France qui est extrêmement puissant,
08:16 qui est sans doute le plus puissant au monde, d'ailleurs,
08:18 pour venir soutenir de manière humanitaire
08:20 les civils qui sont à Gaza et qui sont aussi à Gaza,
08:23 pour beaucoup d'entre eux, parce que le Hamas ne les a pas laissés sortir de Gaza,
08:27 ne leur a pas permis aussi de pouvoir faire un mouvement
08:31 alors que l'armée israélienne l'avait demandé.
08:33 Il faut aussi rappeler la responsabilité du Hamas
08:35 dans la situation que subissent les civils à Gaza.
08:38 - Dans l'actualité politique, la deuxième vague du remaniement se fait attendre.
08:42 Il manque un ministre dédié au logement, quand même, c'est important,
08:45 au transport, c'est important, à la santé, c'est important.
08:48 Pourquoi ça coince ? Est-ce que vous avez un problème de manque de choix,
08:51 trop plein ? Qu'est-ce qui coince ?
08:54 - Ce sera annoncé dans les prochaines heures, et vous le savez bien.
08:56 Après, il n'y a pas de ministre.
08:58 Typiquement, il y a Christophe Béchut, qui est sur le logement et les transports, etc.
09:02 - C'est assez rare, une telle entre deux.
09:05 - On va avoir un gouvernement, de toute façon, qui va être complété,
09:07 on le sait bien, on a été 14 à être nommés immédiatement.
09:11 D'autres vont être nommés, encore une fois, dans les heures qui viennent,
09:14 sur des sujets qui sont essentiels.
09:15 Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas au travail depuis un mois.
09:18 Je crois que c'est passé un certain nombre de choses depuis un mois.
09:21 Déclaration de politique générale du Premier ministre, évidemment,
09:23 la conférence de presse du président de la République, et de l'action.
09:26 - En tout cas, il y a une ministre pour laquelle le sort semble scellé.
09:30 - Je ne sais pas, parce que ce n'est pas moi qui décide.
09:32 - La ministre de l'Éducation.
09:33 - Le président de la République qui ne va pas décider.
09:35 - Je n'ai pas entendu beaucoup de soutien à ce micro, ni ailleurs,
09:37 pour dire qu'il faut garder Mme Amélie Oudek-Astérin.
09:40 - Moi, j'ai toujours tenu le même discours, que je travaille avec elle depuis 18 mois,
09:44 que je connais son engagement, son courage.
09:47 - Et aussi ses déconvenues et ses polémiques.
09:48 - Je ne veux pas qu'elle soit réduite à une polémique, à une maladresse.
09:51 Elle l'a dit elle-même, elle s'est excusée.
09:52 Ce sont des maladresses.
09:53 Elle s'est excusée à plusieurs reprises.
09:55 Je pense qu'il ne faut pas réduire la carrière d'une femme, son engagement,
09:58 uniquement à ces quelques derniers jours ou quelques dernières semaines.
10:02 - Ce n'est pas le plus grand des soutiens qu'on peut entendre aussi ce matin.
10:05 - Moi, je suis très claire là-dessus.
10:07 - Elle doit rester à sa place.
10:09 - Que vous me posiez la question pour Amélie Oudek-Astérin,
10:11 ou n'importe quel membre,
10:12 ou si quelqu'un vous pose la question par rapport à moi,
10:14 ce n'est pas à moi de décider,
10:15 c'est au président de la République, évidemment, de décider.
10:18 Il fera ce choix souverain avec le Premier ministre.
10:20 - En tout cas, il y en a un qui fait monter les enchères, c'est François Bayrou.
10:22 Est-ce qu'il ferait un bon ministre, notamment à l'éducation ?
10:24 Hier, à votre place, Rachida Dati lui a consacré un éloge,
10:28 appuyé, affirmé, affirmé que c'était un bon ministre d'expérience.
10:31 Vous aussi, vous le dites ?
10:33 - C'est sûr qu'il a évidemment une expérience.
10:35 Ce qui est sûr aussi, c'est qu'il a subi pendant sept ans,
10:38 sept ans de vie judiciaire,
10:41 sept ans où édito après édito, on l'a cloué au pilori,
10:45 il a été relaxé.
10:47 Et on voit aussi la difficulté de ce temps judiciaire,
10:51 qui est extrêmement long,
10:52 et d'un temps médiatique qui est souvent un peu une broyeuse.
10:55 En tout cas, ça n'a pas empêché qu'il puisse porter une voix
10:58 qui est, je crois, essentielle.
10:59 Le Modem est un partenaire absolument déterminant
11:02 pour la majorité présidentielle.
11:03 Et après, encore une fois, c'est le président de la République.
11:05 - Mais il prendra place, François Bayrou.
11:07 - Tant mieux.
11:08 - Ah oui ?
11:09 - Non, mais on ne va pas regretter...
11:10 - Un vice-premier ministre dans un gouvernement ?
11:11 - Non, je ne crois pas qu'il y ait un vice-premier ministre,
11:12 il y a un premier ministre.
11:13 Après, je crois que c'est plutôt rassurant de se dire
11:15 que dans la majorité présidentielle,
11:16 on a des hommes et des femmes qui inspirent confiance aux Français,
11:20 qui font de la politique, qui savent en faire.
11:22 Je préfère avoir trop de personnalités qui peuvent être engagées
11:25 que d'autres partis politiques
11:26 où clairement on regarde part et d'autre
11:28 et on ne voit pas forcément ni de relève,
11:30 ni de personnalité forte.
11:32 - Les députés aurores parisiens se sont très largement prononcés
11:35 en faveur de l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
11:38 Le projet de loi doit être examiné au Sénat,
11:41 ce sera le 28 février.
11:42 Les sénateurs sont plus réticents, sinon opposés,
11:45 à l'image de leur président, Gérard Larcher.
11:47 Quel message vous leur faites passer ce matin ?
11:49 Comment les convaincre ?
11:51 - Les convaincre que, encore une fois,
11:53 ce qui se passe à l'extérieur de nos frontières
11:55 peut un jour arriver chez nous.
11:56 Il faut arrêter de penser...
11:57 - Pourquoi ce qui se passe aux Etats-Unis
11:59 pourrait arriver en France ?
12:00 - Parce que ça se passe aux Etats-Unis,
12:01 mais ça ne se passe pas qu'aux Etats-Unis.
12:03 Ça se passe aussi à l'intérieur des frontières,
12:05 à l'intérieur même du continent européen,
12:07 où on a des retours en arrière.
12:09 Je donne un exemple sur la Pologne, par exemple.
12:11 En Pologne, une femme vient d'être condamnée
12:14 à huit mois de travaux d'intérêt général.
12:15 Pourquoi ?
12:16 Parce qu'elle a juste délivré une pilule du lendemain.
12:19 - Ce ne sont pas les mêmes valeurs qu'en Pologne
12:21 que nous avons en France.
12:22 - Très bien, mais qu'est-ce qui vous garantit
12:23 qu'un jour, que ce soit dans cinq ans, dans dix ans,
12:26 dans vingt ans, les choses ne pourraient pas changer ?
12:28 Moi, ce que je dis, c'est que quand on a l'opportunité
12:31 de changer la Constitution, ce qui est quand même
12:33 l'acte majeur...
12:34 - Normalement avec une main tremblante.
12:35 - ...de constituants, et on le fait avec une main tremblante,
12:38 c'est quand même de pouvoir aussi garantir
12:40 dans cette Constitution des libertés
12:42 que nous estimons être des libertés fondamentales.
12:44 - Je vais poser la question différemment et directement.
12:46 Est-ce que vous n'êtes pas en train d'utiliser
12:47 un sujet sérieux, grave, pour vous arroger,
12:49 à peu de frais, une sorte de marqueur,
12:51 de scalpe progressiste ?
12:52 - Non. Non, parce que moi, j'ai déposé
12:54 cette proposition de loi dès que j'avais été
12:56 élue présidente du groupe Renaissance.
12:58 Pourquoi je l'ai fait ?
12:59 Parce que je suis engagée sur ces sujets-là,
13:01 parce qu'on a une majorité engagée sur ces questions-là,
13:03 et parce qu'on a une majorité à l'Assemblée
13:05 qui souhaitait qu'on puisse avancer,
13:07 et se dire que dans ce mandat,
13:09 collectivement, parce que ce ne sera pas
13:11 que la victoire de la majorité,
13:12 on aura réussi à changer la Constitution
13:14 pour que demain, nos filles, nos petites-filles,
13:16 elles n'aient plus jamais, plus jamais
13:18 à se poser la question de leur droit souverain
13:21 à disposer de leur corps.
13:23 C'est quand même un marqueur qui est majeur,
13:25 et pas juste, encore une fois, pour la majorité,
13:27 qu'il est pour toutes les femmes dans notre pays.
13:29 Deux questions rapides pour terminer.
13:30 En début de semaine, à votre place,
13:31 le numéro 2 sur la liste reconquête aux européennes,
13:33 Guillaume Pelletier a dit que Marion Maréchal
13:35 avait un avantage sur ses autres compétiteurs
13:38 parce qu'elle est mère de famille,
13:40 et de citer ceux qui n'ont pas d'enfants,
13:42 Jordane Bardella, François-Xavier Bellamy,
13:44 Gabriel Attal, Emmanuel Macron.
13:46 Qu'avez-vous pensé de cette sortie ?
13:48 Honnêtement, un peu étonnante.
13:50 Moi, je me bats pour la liberté des femmes,
13:52 et des hommes d'ailleurs.
13:53 La liberté, ça veut dire de choisir d'avoir des enfants,
13:55 de ne pas en avoir.
13:56 Puis j'y ai pensé aussi,
13:57 parce que je ne connais pas forcément
13:58 la vie intime de ceux qui l'ont cité.
14:00 Il y a aussi beaucoup d'hommes et de femmes
14:01 qui souhaiteraient ardemment avoir des enfants,
14:03 et qui n'en ont pas.
14:04 Et je pense que ça peut être extrêmement douloureux,
14:06 que c'est extrêmement douloureux.
14:07 Donc, je trouve ça à la fois ridicule, en vérité,
14:09 comme niveau d'argumentation,
14:10 mais au-delà de ça, je trouve ça insultant
14:12 vis-à-vis de ceux qui aimeraient avoir des enfants,
14:14 et qui n'y arrivent pas.
14:15 Et surtout, moi, je souhaite,
14:16 et quand on est soi-disant à la tête d'un mouvement libéral,
14:18 comme ils le prétendent,
14:19 on défend la liberté d'avoir ou de ne pas avoir des enfants.
14:22 Et la liberté aussi, quand on est une femme,
14:23 de choisir le moment auquel on veut avoir des enfants.
14:26 Défendre les enfants, très important, justement.
14:28 Et pour conclure, au sujet des violences faites aux enfants,
14:30 c'est un sujet sur lequel vous êtes très impliquée,
14:33 Aurore Berger.
14:34 Vous étiez justement à la tête du ministère de la Famille.
14:36 La Commission sur l'inceste et les violences sexuelles,
14:38 c'est ce qu'on appelle la CIVIS.
14:40 Elle est secouée par un scandale.
14:41 La vice-présidente de cette commission est visée par une plainte.
14:44 C'est une plainte.
14:45 Elle est accusée par une jeune femme d'agression sexuelle.
14:48 Cette jeune femme aurait déposé plainte.
14:50 Est-ce que cette vice-présidente ne devrait pas se retirer
14:52 le temps de l'enquête ?
14:53 C'est toujours la même difficulté dans laquelle on est prise
14:55 à chaque fois qu'il y a une plainte.
14:56 C'est d'abord de dire qu'il y a de la souffrance, vraisemblablement,
14:59 de la part de cette femme qui a porté plainte,
15:01 et qu'il faut le reconnaître,
15:02 et qu'évidemment, il faut d'abord partir du principe,
15:05 ce que je disais tout à l'heure,
15:06 que quand les victimes parlent,
15:07 elles n'ont pas un intérêt à s'exprimer
15:09 et qu'il faut d'abord les croire.
15:10 Mais que la seule vérité qui peut à un moment exister
15:12 dans notre pays, dans une démocratie,
15:14 c'est la vérité judiciaire.
15:15 Ce que je ne veux pas,
15:16 c'est que ça jette le discrédit sur la civise,
15:18 alors que c'est un outil extrêmement puissant.
15:20 Le juge du ROND a fait un travail exceptionnel.
15:22 La vice-présidente ne pourrait pas se mettre en retrait ?
15:24 Ça sera son choix éventuellement personnel.
15:25 Moi, ce que je ne veux pas,
15:26 c'est que la civise soit abîmée,
15:28 alors que ça a été un outil extrêmement important
15:30 pour permettre à des milliers et des milliers d'enfants,
15:33 devenus des adultes,
15:34 de pouvoir témoigner des violences sexuelles
15:36 qu'ils avaient malheureusement subies.
15:38 La civise, aujourd'hui, elle va travailler
15:39 sur la question de la prostitution,
15:40 elle va travailler sur la question de la pédocriminalité.
15:42 Ce sont des enjeux essentiels
15:44 qui bousculent, je pense, notre société,
15:46 et on attend beaucoup de ces travaux.
15:47 Merci, Aurore Bergé.
15:48 C'était votre grande interview sur CNews Europe.
15:50 A bientôt et bonne journée à vous.
15:53 [Musique]
15:56 [SILENCE]