Rencontre avec Rosine Mbakam. Animée par Oumeïma Nechi, journaliste chez Courrier International.
Dans le cadre du Festival Un état du monde 2024 : https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/un-etat-du-monde-2024
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Court métrageTranscription
00:00 - Bonsoir Rosine. - Bonsoir, merci.
00:11 - Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus
00:16 sur la genèse de ce premier long métrage de fiction et qui est aussi
00:21 un retour au Cameroun pour toi, après plusieurs documentaires
00:25 tournés en Belgique ?
00:29 - Comme je l'ai dit, c'était un retour à mon premier désir de cinéma.
00:33 Donc j'ai eu envie de faire du cinéma en regardant toutes ces personnes
00:37 qui m'inspiraient beaucoup par leurs énergies, par leur manière d'être,
00:43 de vivre.
00:45 Et c'est ce que j'avais envie de raconter.
00:49 Je me rappelle quand j'ai écrit, quand j'ai fait "Les deux visages
00:53 d'une femme bâmiliéquée", en tout cas les retours en Europe
00:58 de vouloir montrer et filmer ma famille me donnaient l'impression
01:05 que ce n'étaient pas des gens capables de se raconter ou des gens
01:09 qui pouvaient incarner des personnages cinématographiques.
01:16 Donc retourner au Cameroun, c'est retourner à ce premier désir
01:23 du cinéma et à la fiction qui était aussi le genre qui m'a donné
01:29 envie de faire du cinéma.
01:31 - Justement, vous avez réalisé plusieurs documentaires avant,
01:36 et là c'est une fiction.
01:39 Est-ce que pour vous, fiction et documentaire sont des concepts...
01:44 Est-ce que c'est différent de faire de la fiction ou est-ce que vous
01:51 franchissez, c'est juste des concepts ?
01:54 - Comme je disais, je ne sais pas si je l'ai dit ici,
01:59 j'ai tellement parlé aujourd'hui que je ne sais plus.
02:02 Mais je dis dans ma langue natale, le mot documentaire, fiction,
02:12 ça n'existe pas.
02:13 C'est raconter des histoires et moi, je raconte des histoires.
02:17 Et je n'ai pas envie de m'enfermer dans un genre.
02:23 J'ai juste envie de découvrir ce que le cinéma détient.
02:29 Les gens vont me conduire à faire du documentaire.
02:38 J'en sais rien parce que je suis à l'écoute de ce que les gens
02:46 souhaitent faire avec leur histoire.
02:49 - Et du coup, "Mambar Pierrette", c'est inspiré de votre cousine
02:55 qui joue son propre rôle en quelque sorte, qui s'appelle
03:00 également Pierrette dans la vraie vie.
03:02 Qu'est-ce qui vous a inspiré en elle ?
03:05 - Son énergie.
03:07 Son énergie qu'elle communiquait, qu'elle me communiquait,
03:12 qu'elle communiquait autour d'elle.
03:14 Son énergie transformatrice, son énergie combative,
03:19 son énergie inventive, son énergie créative parce qu'elle
03:24 est couturière et elle donne la joie.
03:26 Elle console les gens par ses créations et son énergie
03:35 généreuse de comment elle est à l'écoute de toutes ces femmes
03:39 qui viennent coudre des vêtements et se coudre aussi.
03:44 Quelques parts.
03:45 - Quels enjeux cela pose de filmer quelqu'un d'aussi proche et de
03:52 fictionaliser sa vie en termes à la fois cinématographique,
03:58 dans l'approche cinématographique, mais aussi peut-être éthique
04:02 du cinéma ?
04:03 - En tout cas, pour "Mambar Pierrette", ça m'a permis de
04:08 densifier son histoire.
04:11 C'est ce que je dirais que la fiction m'a permis de faire.
04:14 C'est de pouvoir résumer un peu ses années de combat en quelques
04:23 heures, ce qu'elle a pu vivre ces dernières années,
04:28 en une heure trente.
04:30 Oui, c'est une possibilité de densifier l'histoire et en même
04:40 temps montrer ce qui est invisible dans le quotidien de
04:47 Pierrette, en tout cas, qu'elle ne voit pas, comme moi je vois,
04:51 tout cet aspect politique.
04:52 Ce néocolonialisme encore existant qui assigne un peu, pas un peu,
04:59 qui assigne ces populations à des conditions de vie précaires
05:04 et les gens doivent partir de là pour commencer à se battre.
05:09 Tout simplement.
05:10 Et pour moi, la fiction me permet d'aller plus loin que la réalité
05:15 de Pierrette, d'aller relever des choses qui sont au-delà de sa
05:19 réalité, mais qui ne sont pas absolument vues par elle.
05:24 - Justement, en parlant de néocolonialisme, le film se termine
05:30 sur ce mannequin qui effraie tout le monde devant sa boutique.
05:35 Pourquoi avoir choisi justement ?
05:37 Parce que c'est une allégorie déjà, peut-être, du néocolonialisme
05:42 ou de formes de domination.
05:43 Et pourquoi avoir choisi d'en faire un personnage presque du film ?
05:47 - Parce qu'il existe, il est encore présent sous d'autres formes.
05:53 Et pour moi, je voulais montrer ces formes qui ne sont pas les
06:01 formes qu'on pense, en tout cas, souvent voir et cacher ces restes.
06:11 Et ils sont vicieux, ces restes, parce qu'il faut aller les
06:17 chercher, il faut aller les déconstruire pour vraiment les voir.
06:23 Et pour moi, le cinéma, c'est aussi ça.
06:25 Parce que j'ai grandi là, parce que c'est mon histoire et parce
06:30 que le cinéma, pour moi, sert aussi à ça, à déconstruire,
06:33 pour trouver ma propre pensée, à déconstruire pour trouver
06:39 mon propre regard et mon propre rapport aux autres et au monde.
06:43 - Comme vous le disiez, le film se déroule beaucoup dans son atelier
06:50 qui est...
06:51 Et on voit beaucoup de personnes, notamment de femmes, mais aussi
06:54 quelques hommes qui viennent parler, échanger et presque, lui,
07:01 se consoler auprès de Pierrette.
07:03 Qu'est-ce que cet atelier représente pour vous et pourquoi avez-vous
07:07 choisi de filmer une grande partie du film justement dans son atelier ?
07:13 - Parce que moi, pour moi, ces lieux, j'ai envie de les célébrer
07:18 parce que je suis un peu le fruit de ces lieux-là.
07:20 C'est dans ces lieux que les vies se transforment.
07:24 C'est dans ces lieux que les gens grandissent et c'est des lieux
07:28 qu'on banalise souvent parce qu'on n'y trouve pas un intérêt
07:34 visible ou palpable.
07:36 Mais ma vie et ce que je suis devenue aujourd'hui, c'est jouer
07:42 dans ces lieux-là.
07:43 Aujourd'hui, en tant que cinéaste, je veux y retourner pour célébrer
07:48 ces lieux, pour juste montrer que dans ces lieux, dans ces quartiers
07:53 populaires, les gens pensent, les gens sont intelligents.
07:56 Et comme Delphine disait, ce n'est pas une intelligence des bouquins,
08:01 qu'on lit dans les livres.
08:02 C'est une intelligence humaine qu'on a tous et qu'on a tendance à oublier.
08:07 Et pour moi, c'est célébrer toutes ces personnes qui sont des
08:10 personnes très, très intelligentes et qui ont une pensée puissante
08:14 et qui méritent d'être confrontées dans des lieux d'intelligence
08:20 comme la France, comme le Forum des images.
08:24 Et ramener ces pensées-là aussi, pour moi, c'est dire que ces pensées
08:31 se valent, tout simplement.
08:33 Vous parliez de...
08:35 Vous parliez de Delphine.
08:41 Donc Delphine, c'est une femme que vous avez filmée également,
08:45 dans un documentaire qui va sortir également demain.
08:49 Les prières de Delphine.
08:52 Et justement, il y a une continuité dans votre oeuvre entre ces
08:56 documentaires, ces portraits de femmes documentaires et là, par exemple,
09:00 cette fiction.
09:01 Ce sont des portraits de femmes.
09:03 Et il y a toujours, quand vous parliez de regard, il y a toujours un
09:07 travail de mise en scène particulier, singulier sur chaque film.
09:10 Dans les prières de Delphine, par exemple, on est toujours au plus
09:15 près d'elle.
09:16 Les plans sont très serrés.
09:18 On ne la quitte jamais des yeux.
09:20 En fait, là, par exemple, on est toujours avec Pierrette,
09:25 on est au plus près d'elle.
09:26 Mais le champ s'ouvre un peu.
09:28 On voit son environnement immédiat.
09:30 On voit même à la fin, le quartier où elle habite.
09:33 On voit tout.
09:34 On aperçoit la rue, le champ, plus loin, derrière elle.
09:39 Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus sur ce travail
09:43 de mise en scène et ces choix-là ?
09:47 Le choix de filmer les espaces, c'est comment je me sens avec ces
09:51 personnages dans ces différents lieux.
09:53 En tout cas, en Europe, quand je filme Delphine et Sabine dans ces
10:01 salons, c'est parce qu'elles sont réduites à ces espaces-là.
10:04 Elles sont elles dans ces espaces-là.
10:06 Moi, je suis moi chez moi.
10:08 Quand je sors hors de chez moi, je suis une noire.
10:12 Je suis une noire qui peut être arrêtée à tout moment et être
10:16 reduite à une noire.
10:17 Je ne suis pas libre.
10:18 Et quand je filme au Cameroun, je veux qu'on ressente cette liberté.
10:22 Je filme les espaces avec liberté parce que les gens là-bas sont eux.
10:27 Alors qu'ici, je ne suis pas complètement moi.
10:29 Il y a quelque chose qui me rappelle toujours que je suis noire.
10:32 Et parce que je suis noire, je ne suis pas comme les autres.
10:35 Et je ne suis pas traitée comme les autres.
10:37 Et pour moi, ces choix d'enfermement des espaces,
10:40 c'est des choix où on peut révéler notre liberté dans ces
10:46 espaces-là.
10:47 Dans le salon de coiffure, avec ces jolies coiffures,
10:49 je me suis sentie libre.
10:51 Et Sabine aussi.
10:52 C'est le seul endroit où elle pouvait être elle et qu'elle
10:55 pouvait dire ce qu'elle pensait.
10:58 En dehors du salon, elle était en représentation de l'Africaine
11:02 qu'on veut qu'elle soit.
11:03 Elle était en représentation.
11:05 Pareil pour Delphine.
11:07 Quand je filme ma mère, je filme la liberté d'une femme qui se
11:13 sent elle et chez elle.
11:14 Et je veux montrer ces contrastes-là dans la manière
11:18 dont je filme l'espace et les gens dans ces espaces-là.
11:21 Justement, pour revenir un peu sur tous ces portraits de femmes,
11:26 on voit beaucoup de sororité, même là dans le film,
11:32 dans "Mon barbierette".
11:33 L'atelier, c'est aussi une forme de lieu de sororité,
11:38 de solidarité au milieu de la précarité.
11:43 Comment justement vous essayez d'aborder ces thèmes quand vous
11:47 êtes dans le processus de création ?
11:49 Comment vous écrivez justement pour évoquer tous ces thèmes-là ?
11:54 Le système de Tontine, par exemple, qui est montré à l'image,
11:57 qu'on ne connaît pas forcément en Europe.
12:00 Qu'est-ce que vous voulez justement montrer, porter à l'écran
12:04 à travers ces sujets-là ou ces thèmes-là ou ces portraits ?
12:10 Pour moi, je veux ramener l'être humain au centre de ma création.
12:14 Ce qui n'est pas toujours le cas, c'est qu'il y a souvent
12:19 l'esthétique qui prend le dessus sur la narration, sur les gens.
12:23 Et pour moi, c'est ramener cette force interne qu'on a en chacun
12:29 de nous et de montrer juste que cette force peut encore changer
12:37 les choses si on lui donne la place d'être et de s'exprimer.
12:41 Et on ne donne plus la place aux témoignages personnels,
12:46 aux expériences.
12:47 On donne la place aux experts qui n'ont généralement pas
12:51 l'expérience de ce qu'ils prétendent connaître.
12:57 On valorise l'expertise à l'expérience.
13:02 Et pour moi, c'est mettre l'humain et son expérience,
13:08 c'est banaliser tout ça.
13:10 Et pour moi, quand je filme Delphine, je veux juste dire
13:16 que cette parole-là est importante et je veux graver ces visages
13:23 de femmes dans ces imaginaires aussi.
13:26 Ces imaginaires.
13:27 Et pour moi, c'est important de rappeler ça et de construire ça.
13:33 - Pour revenir aussi un peu sur votre oeuvre et aussi votre vie,
13:40 vous avez grandi à Yaoundé, la capitale, et puis vous êtes
13:44 parti ensuite étudier le cinéma en Belgique et vous avez réalisé
13:50 beaucoup de documentaires de Camerounaise installés en Belgique.
13:55 Comment cela a affecté peut-être votre rapport au monde,
14:00 au Cameroun, et votre regard de cinéaste aussi d'étudier
14:04 en Belgique ?
14:05 - Partir du Cameroun m'a permis de me confronter à une autre réalité,
14:12 à une autre forme de pensée.
14:14 Et j'en avais besoin.
14:15 J'en avais besoin pour mieux voir ma culture et pour mieux me voir.
14:19 Tout simplement, j'en avais besoin et je pense qu'on a tous besoin
14:24 de confrontation. Une société qui ne se confronte pas est une société
14:28 qui se meurt, parce que c'est dans cette confrontation-là qu'on grandit,
14:31 qu'on se nourrit et qu'on se transforme.
14:34 Et moi, j'avais besoin de ça.
14:39 Partir du Cameroun et venir étudier un cinéma occidental m'a permis
14:45 de trouver, en tout cas de questionner comment j'avais envie de faire
14:50 ce cinéma-là.
14:51 Parce qu'avant, au Cameroun, j'étais dans la reproduction de ce que
14:54 je voyais.
14:55 J'étais dans la reproduction de ce que je voyais dans des films
14:58 occidentaux et je n'avais pas la distance de me questionner et de me
15:03 dire quel type de cinéma je veux faire.
15:05 Et cette confrontation-là m'a nourrie.
15:08 Et si je continue à rester en Europe, c'est parce que j'ai besoin
15:13 de cette confrontation-là pour mieux voir ma culture, pour mieux
15:18 nourrir ma culture et pour mieux voir ce que j'ai envie de questionner,
15:24 transformer, faire évoluer.
15:27 Et oui, j'ai besoin de ça.
15:30 - Justement, qu'est-ce qui a évolué depuis vos premiers pas dans le cinéma,
15:38 dans votre recherche de ce regard singulier ?
15:41 Qu'est-ce qui a évolué sur votre approche cinématographique ?
15:47 - Beaucoup de choses.
15:48 Beaucoup de choses.
15:50 Déjà, j'ai trouvé ma place.
15:53 Je devais raconter mes histoires et ça, je pense qu'il y a beaucoup
15:59 de gens qui ne savent pas d'où ils doivent raconter des histoires.
16:03 Moi, je vois certains occidentaux et européens, quand ils vont filmer
16:11 au Cameroun, ils ne sont pas à leur place.
16:13 Ils veulent filmer comme s'ils étaient Camerounais, parler du Cameroun,
16:16 comme s'ils étaient...
16:17 Non.
16:18 Et du coup, ça crée une ambiguïté dans ce qu'ils racontent,
16:21 dans leurs discours.
16:22 Et du coup, ils parlent à la place d'eux, parce que ce n'est pas leur place.
16:28 Et c'est difficile cinématographiquement de trouver cette place.
16:32 Et il est important de trouver sa place avant de parler d'où on parle.
16:36 Parce que quand cette place n'est pas trouvée, on prend du pouvoir.
16:39 On parle à la place d'eux et ce rapport-là écrase et parfois stéréotype
16:45 aussi, parce qu'on ne voit pas les autres du bon point de vue.
16:50 Et pour moi, j'ai trouvé ma place.
16:55 Je sais d'où je dois parler et d'où je dois créer un rapport avec l'autre
17:03 et avec le monde.
17:03 Et pour moi, c'était très important de trouver ça.
17:08 Et oui, par rapport à quand j'ai arrivé en Belgique, ça, ça a changé.
17:14 Par rapport aux femmes que vous filmez, comment faire pour ne pas parler
17:23 à la place d'eux, justement, de ces femmes?
17:25 Et aussi, souvent, c'est des femmes avec des vies parfois difficiles
17:31 ou des épreuves, en tout cas.
17:32 Comment, en tant que cinéaste, trouver le regard juste et la bonne
17:37 distance pour aussi faire advenir la parole, parfois un peu traumatique?
17:44 Le cinéma est un rapport de pouvoir et ce rapport est inhérent à l'acte
17:54 filmique.
17:55 Et pour moi, tout se passe là.
17:59 C'est que ce pouvoir-là, on ne peut pas l'ignorer, mais on peut
18:03 l'utiliser autrement.
18:04 Et pendant longtemps, on ne l'a pas questionné, ce pouvoir.
18:10 On s'est dit raconter des histoires, c'est raconter des histoires.
18:13 Ça, ça va dans une très, très bonne intention de rendre visible
18:19 l'invisible et parler des causes que le monde ne connaît pas.
18:25 Ça part d'une très, très bonne intention.
18:27 Mais sauf que quand, justement, on n'a pas conscience de ce pouvoir-là,
18:35 on l'exerce, on l'exerce et on utilise parfois des gens pour se raconter,
18:41 pour fabriquer son film.
18:44 Et ça, c'est appris dans les écoles de cinéma.
18:48 On demande aux réalisateurs d'aller chercher des sujets, aller chercher
18:53 des sujets, aller chercher des outils, des objets qui vont nous aider
18:57 à raconter des histoires.
18:58 Mais on ne nous demande jamais, mais qu'est-ce qui nous questionne?
19:01 D'aller chercher des questions en nous.
19:03 Ça, ça change le rapport de pouvoir, parce que quand ça commence par nous,
19:09 le rapport est inversé.
19:10 On a l'humilité de reconnaître que déjà, nous, on se met en mouvement
19:17 dans ce processus de film.
19:19 On est concerné.
19:20 Ce n'est pas juste des gens qu'on filme à une certaine distance.
19:24 Et pour moi, j'ai été consciente de ce rapport de pouvoir-là
19:30 quand j'étais dans cette école de cinéma et j'ai vu comment ce rapport
19:37 de pouvoir a enfermé des communautés comme moi, des Noirs, des Africains
19:44 dans le cinéma.
19:46 Comment ce rapport de pouvoir-là a stéréotypé mon identité,
19:51 l'identité de mon histoire.
19:53 Et pour moi, il était important de savoir comment j'allais l'utiliser
19:58 et comment j'allais mettre en mouvement ce rapport.
20:04 Et généralement, je le partage dans mes films.
20:07 Je trouve le moyen de le partager parce que les gens, pour moi,
20:11 c'est d'abord eux et leur histoire.
20:14 Ils la connaissent mieux que moi et c'est avec eux que je vais trouver
20:19 la porte de leur histoire.
20:24 Et moi, c'est ça, en fait.
20:28 C'est comme ça que j'arrive.
20:30 Je pense avoir accès à toutes ces histoires de femmes,
20:35 toutes ces histoires compliquées.
20:37 C'est parce que ce que je fais, c'est une mise en confiance de ces
20:47 personnes pour qu'elles se sentent impliquées dans le processus
20:57 de fabrication de ce film.
20:58 Ce n'est pas moi toute seule, la réalisatrice qui vient
21:03 illuminer, qui vient donner des directives.
21:06 Non, c'est ensemble.
21:08 Là, par exemple, sur "Mambar Piret", comment est-ce que vous avez
21:12 travaillé avec votre cousine ?
21:16 Comment est-ce que vous avez échangé lors du scénario ?
21:19 Comment vous avez travaillé ensemble ?
21:24 Comme je disais, moi, ma famille, ce sont des gens non-instruits,
21:29 non-instruits du cinéma, qui ne connaissent pas comment le cinéma
21:33 se fabrique, donc ils ne savent pas comment s'exerce ce rapport
21:39 de pouvoir-là.
21:40 Pour moi, ce qui est important, c'est souvent de trouver le
21:42 langage, un langage commun, de me mettre à égalité avec ces
21:48 personnes.
21:49 Et avec "Mambar Piret", c'était cette mise en confiance dans le choix
21:54 d'équipe, dans le choix des lieux de tournage, dans la réappropriation
22:00 de ce que moi, j'avais imaginé et écrit, même si c'était inspiré
22:05 de la réalité de Piret.
22:06 Il y avait certaines séquences qui étaient fantasmées par mon
22:12 imaginaire et je donnais la liberté à Piret, au niveau de la narration,
22:17 de ramener ça au plus près de sa réalité.
22:21 Parce que ce qui m'importait, c'était de raconter son histoire.
22:25 Les choix de lieux, c'était des lieux familiers pour elle, où elle
22:30 n'était pas déstabilisée.
22:31 C'était sa maison, c'était son atelier de couture, c'était son
22:34 quartier.
22:35 Tout ça me mettait en confiance.
22:37 Pour moi, je ne parlais pas de mise en scène, de direction, d'acteur,
22:42 de tout ça, parce que ce n'est pas son langage, ce n'est pas mon
22:45 langage.
22:46 Et voilà, pour moi, à chaque fois, je me pose juste la question
22:54 de comment, à chaque fois que j'ai une personne en face de moi et
22:58 que j'ai envie de filmer cette personne, je me pose juste la
23:02 question.
23:03 Il faut que je trouve le moyen de communiquer, de rentrer en
23:07 contact.
23:08 Parce que pour moi, le cinéma, ce n'est pas un concept où je mets
23:14 des gens dans un moule et je sais qu'il y a un pay in, pay out
23:19 quelque part et que l'histoire, elle évolue comme ça.
23:23 Non, chaque personne a un cinéma et moi, mon objectif en tant que
23:31 réalisatrice, c'est de trouver l'accès à ce cinéma.
23:35 - Nous allons à présent passer aux questions du public.
23:43 S'il y en a.
23:44 - Oui, bonsoir.
23:51 Tout d'abord, merci pour Mamba Pierrette.
23:54 Je suis né dans le quartier que vous avez filmé.
23:56 Il y a de ça, il y a quelques années, étant en Europe depuis
24:00 près de 40 ans.
24:01 La question que j'avais pour vous, c'est je connais bien le quartier,
24:06 c'est-à-dire Nobel 2.
24:07 Pardon.
24:09 Comment vous avez pu tourner les scènes de votre film sans qu'il
24:16 y ait beaucoup de personnes autour, en fait?
24:17 - Je vous avoue, je ne sais pas.
24:23 Mais c'est parce que c'est un lieu que je connais aussi.
24:27 Quand je vais au Cameroun, je vais là parce que c'est aussi
24:32 ma famille.
24:33 Je dors parfois là, mais non, que j'ai les enfants, moi, parce
24:38 qu'il n'y a pas l'espace pour tout le monde.
24:39 Mais je vais là, je passe mes journées là.
24:43 Les gens me connaissent, les gens savaient, comprenaient.
24:47 C'est vrai que les trois premiers jours, il y avait l'attroupement.
24:52 Les gens étaient curieux de savoir ce qu'on faisait et tout.
24:56 Et quand ils ont compris, ils étaient respectueux de ce qu'on
25:01 faisait et parce qu'on pouvait les intégrer.
25:03 Je pouvais, quand quelqu'un me passait, je disais, est-ce que ça
25:07 te dérange que je te filme?
25:08 Est-ce que tu peux repasser?
25:09 Et ça se négociait comme ça.
25:12 La figuration se passait naturellement et les gens contribuaient
25:18 au film et ils n'étaient pas exclus du processus du film.
25:26 Et c'est ça qui faisait en sorte qu'à un moment, une maman pouvait
25:31 venir s'asseoir et j'en avais besoin dans mon arrière plan,
25:34 qu'elle soit assise.
25:36 Là, je n'avais pas besoin de chercher et après, elle s'en allait.
25:39 Et puis ainsi de suite.
25:41 Donc, c'est vrai que les premiers jours, il y avait cette curiosité
25:46 de savoir ce qu'on faisait.
25:50 Après, cette curiosité s'est transformée en participation.
25:54 Les gens participaient.
25:56 Il y a une question par là.
26:04 Merci. Visiblement, aucun, aucune des actrices ou des acteurs,
26:11 personne n'est professionnel là dedans.
26:13 À part le clown.
26:15 Le clown est professionnel.
26:19 Comment vous avez fait pour qu'il soit si naturel?
26:23 Comme je disais tout à l'heure, c'est la mise en confiance.
26:28 Il y a déjà le fait qu'on se connaisse.
26:30 Il y a la langue.
26:32 Il y a les lieux.
26:34 Il y a.
26:35 Il y a le fait que les gens sont contents
26:40 d'être racontés dans un film.
26:44 Tout ça, ça a participé à donner de la confiance.
26:49 Mais non, avec mes mamans, c'est la deuxième.
26:52 C'est le deuxième film que je fais avec elles.
26:55 Oui, elles ne comprennent pas toujours parce que ma tante me disait
27:00 mais d'où vient toutes ces idées de refaire les inondations?
27:05 Tout ça, elles ne comprenaient pas toujours.
27:07 Mais en même temps, elle était curieuse
27:10 quand je lui disais tu vas dire ça et tout.
27:13 Et elle me disait oui.
27:15 Et quand je lui disais ah, j'aimerais que tu me racontes cette histoire,
27:18 que tous les ans, tu me racontes sur toi, sur ta naissance et tout.
27:22 J'aimerais saisir ça.
27:23 Elle était hyper fière.
27:25 Elle ne pensait pas que ça pouvait
27:28 intéresser au point d'intégrer un film.
27:31 Donc tout ça, je pense, c'est la mise en confiance.
27:35 Il y a plein d'éléments
27:36 culturels de la vie des gens, la langue, les lieux.
27:41 Pourquoi là? Pourquoi ces lieux là?
27:45 Certains me diraient c'est misérable, c'est sale,
27:49 mais 80% des Camerounais vivent comme ça.
27:53 Et moi, je viens de là.
27:55 C'est ma réalité.
27:56 Je ne m'en prends pas.
27:57 Je ne vais pas réinventer.
28:00 Je suis née de là et je veux montrer que partir de là, on peut penser.
28:05 Partir de là, on peut être intelligent et on peut faire de belles choses.
28:10 Donc voilà.
28:11 Bravo, bravo.
28:13 Merci.
28:14 Bonsoir, merci pour ces très beaux films.
28:29 Je voudrais savoir ce que vos films passent au Cameroun ou dans d'autres pays de l'Afrique.
28:35 Quelle est la réaction du public?
28:40 Et aussi, si après une fois vos films finis,
28:44 est ce que vous avez les retours de personnages principaux?
28:49 Est ce que vous changez des choses par rapport à leurs?
28:53 S'il y a des demandes des personnages qui veulent changer
28:59 ou ne plus couper une partie du film?
29:03 Je ne sais pas.
29:04 Je n'ai jamais eu ça.
29:07 J'ai beaucoup travaillé avec les prières de Delphine.
29:12 Parce que c'est un film que j'ai eu du mal à montrer au public
29:18 parce que c'était tellement intime
29:22 que je voulais m'assurer qu'elle soit d'accord sur tout.
29:25 Parce que pour moi, pendant j'ai pris cinq à six ans à le monter
29:32 et je le regardais comme un cadeau pour moi.
29:37 Et oui, elle a vu le film et l'a validé.
29:42 Pareil pour Sabine, parce qu'elle était elle est toujours sans papier.
29:45 Et je ne voulais pas la mettre en danger.
29:48 Je ne voulais pas parce que je fais un film, voilà, la mettre en danger.
29:53 Je voulais qu'elle valide ce que j'avais raconté, ce que j'avais mis
29:58 et qu'elle était d'accord.
30:01 Mais pour moi, Pierrette, elle a lu le scénario avant.
30:05 Elle a lu tout avant. Elle a dit oui.
30:07 Donc je ne lui ai pas montré après parce que
30:10 tout était transparent sur ce que je faisais.
30:15 Et si quelque chose ne lui allait pas, elle pouvait me dire là sur le tournage
30:20 Ah ça, je ne le sens pas bien.
30:22 Je ne veux pas le faire comme ça.
30:23 C'est pas comme ça que je ferais.
30:25 Et ça, c'était accepté.
30:27 Donc il y avait une transparence dont je n'avais pas absolument.
30:31 Je n'ai pas senti la nécessité de lui montrer
30:34 parce que je n'avais pas la sensation de la trahir parce qu'on a fait ça ensemble.
30:39 Et montrer les films aux Camerounais,
30:44 pour moi, c'est d'une importance absolue
30:49 parce que c'est d'abord pour les Camerounais que je fais les films,
30:52 bien que j'ai envie de montrer ces films au monde entier.
30:55 Mais c'est d'abord les Camerounais
30:58 que je veux questionner cette réalité là
31:03 et pour moi, oui, par la difficulté de montrer mes films,
31:10 la difficulté de montrer mes films m'a poussé à créer
31:12 Caravan Cinema en 2018 parce que j'étais triste
31:17 que mes films soient vus
31:21 beaucoup ailleurs dans le monde et pas assez dans mon pays.
31:24 Alors que c'est ce que je voulais questionner
31:28 et ce pour qui je voulais faire.
31:32 Je faisais ces films là, ne les voyait pas.
31:36 Et j'ai créé Caravan Cinema et nous essayons avec nos petits moyens
31:41 de montrer mes films.
31:43 Pour l'instant, j'aimerais montrer d'autres films,
31:45 mais on n'a pas assez d'argent pour ça.
31:49 Mais on montre mes films dans les écoles, dans les quartiers populaires.
31:55 Et Manbar Pierrette a été montrée en décembre.
31:58 J'y étais et on a montré le film devant l'atelier
32:03 et dans tous les lieux de tournage, à Yaoundé, en Tonga, à Douala.
32:07 Et c'était magnifique.
32:09 C'était, oui, un acte de transformation,
32:14 comme le film l'a été.
32:15 C'était magnifique à voir.
32:17 Est-ce qu'il y a d'autres questions ?
32:23 Dans le fond.
32:27 Merci.
32:28 Merci beaucoup pour ce film.
32:39 Et j'avais une question à vous poser par rapport à...
32:42 Justement, on a démarré la discussion sur le rapport colonial
32:47 qui peut y avoir culturellement de manière implicite.
32:50 En l'occurrence, dans le film, comme vous l'avez évoqué,
32:53 toutes les deux représentées par le mannequin, par exemple.
32:57 Et en parlant de ce rapport colonial,
32:59 je pensais aussi simplement au rapport de la langue,
33:02 puisque dans le film, du coup, on a un jonglage permanent
33:07 qui est super intéressant entre le Camerounais et le Français.
33:10 Et on a cette conversation qui est hyper poignante entre Carmel et Pierrette,
33:16 qui est du coup une conversation qui est exclusivement en français
33:20 et qui est une conversation profonde et émotionnelle et touchante
33:23 entre deux femmes.
33:25 Et je voulais vous demander si dans votre processus d'écriture,
33:29 est-ce que c'est quelque chose...
33:30 Forcément, je suppose que ce n'est pas une question, d'ailleurs.
33:32 Est-ce que c'est quelque chose...
33:34 C'est plutôt de quelle manière vous pensez quand vous écrivez la langue
33:39 et le fait que le film jongle entre deux langues ?
33:42 Aussi par rapport au fait que forcément,
33:45 je pense qu'il y a peut-être la question qui se pose du fait
33:48 que le français ne doit pas forcément devenir la langue de l'intellect
33:52 et se dire "ah, il y a une conversation intellectuelle du coup,
33:55 ou une conversation profonde émotionnellement,
33:57 du coup, elle doit être en français".
33:58 Du coup, je me demandais comment ça se passe dans votre processus créatif,
34:04 ce rapport aux deux langues.
34:06 Pour moi, le français tel qu'il est parlé au Cameroun,
34:13 c'est quand même un français typiquement Camerounais.
34:16 Et j'adore ça aussi.
34:20 J'aime cette réappropriation du français.
34:22 Et ça, mon mari me dit toujours que je suis un peu bipolaire
34:30 au niveau de ma langue, de mes langues.
34:32 Et il me dit quand je parle le français avec lui
34:38 et quand j'ai un coup de fil avec quelqu'un du Cameroun,
34:41 mon français se transforme.
34:42 Et j'aime ça.
34:45 J'aime ça parce qu'il y a cette réappropriation du français
34:50 et j'adore montrer ça.
34:53 Pour moi, cette réappropriation n'est plus le français colonial
34:58 tel qu'il était enseigné.
34:59 Et ça aussi, je veux montrer cette transformation
35:02 et cette réappropriation.
35:03 Et dans mon processus d'écriture,
35:05 je sais qu'il y aura toujours un balancement entre ces langues
35:11 parce que ça fait partie de l'identité Camerounaise aujourd'hui.
35:16 Ce balancement entre la langue traditionnelle et le français,
35:20 le mélange de toutes ces langues,
35:23 le français, l'anglais, la langue traditionnelle.
35:27 J'aime ces mélanges-là.
35:29 Et pour moi, je ne me fiche pas dans la manière
35:33 dont je veux que ces langues soient utilisées.
35:37 Je ne disais pas à Pierrette, je voudrais que ce soit...
35:41 Ça s'imposait parce que avec, par exemple, la maman,
35:46 elle ne parle pas français.
35:47 Donc du coup, naturellement, c'était la langue traditionnelle
35:55 où avec moi, c'est la langue traditionnelle et pas le français.
35:58 Et même le prénom, moi, je ne l'appelle pas Pierrette,
36:03 je l'appelle Mamba, alors que ses copines à l'extérieur
36:07 l'appellent Pierrette.
36:08 Et j'aimais ce balancement.
36:10 C'est pourquoi le film s'appelle Mamba-Pierrette,
36:13 parce qu'il y a ce mélange-là et cette confrontation
36:17 et cette tension entre ce qui reste encore de pur
36:23 dans cette tradition qui n'a pas été complètement abîmée
36:26 par la colonisation et qui essaie de résister
36:31 face au reste de la colonisation.
36:33 J'aime bien montrer cette tension entre les deux.
36:40 - Il y a une autre question.
36:46 - Bonsoir.
36:53 - Bonsoir.
36:54 - Déjà, merci pour vos films, votre art.
36:58 C'était vraiment une très belle découverte.
37:00 J'ai vu quelques films de la rétrospective et dans ce film,
37:07 je trouve que tous les commentaires qu'on t'a dit
37:10 dans la séance précédente, ils sont valables dans ce film.
37:13 La manière de filmer la nuit, les questions de société.
37:18 J'ai trouvé ça super intéressant de questionner l'art.
37:22 Et vous m'avez rappelé pourquoi j'aime le cinéma,
37:27 en fait, parce que vous avez montré
37:32 toutes les problématiques, mais vous les avez distillées
37:36 par parcimonie, que ce soit les inondations,
37:39 les problèmes, la prostitution qui est juste dit en une phrase.
37:45 Et c'est ce qu'on retrouve aussi dans les autres films.
37:49 Donc, merci au Forum d'avoir montré les autres films juste avant,
37:53 parce que du coup, on comprend aussi, on comprend votre art.
37:57 Et merci pour ça.
37:59 Et on parlait de la langue.
38:01 C'est vrai que ça m'avait interloqué dans les prières de Delphine
38:06 aussi, où on voit cette mixité de langues.
38:10 Et c'est vraiment super intéressant.
38:13 Et de questionner, en fait, toutes les questions de société.
38:17 On parlait des élections, par exemple, juste avant.
38:20 Même la manière de filmer.
38:22 À un moment, il y a les questionnements du petit fils
38:27 sur la grand-mère et la mère de la grand-mère.
38:30 Il y a un moment à focus sur les photos de familiaux.
38:35 Et je me rappelle que dans les prières de Delphine,
38:38 à la fin, quand elle parle de...
38:39 Je ne veux pas dire la fin, mais quand elle parle de sa mère aussi,
38:42 il y a un focus sur les photos de sa mère.
38:45 Et on retrouve, en fait, plein de choses distillées.
38:51 Et c'est juste un commentaire.
38:53 Et merci.
38:54 Il y a vraiment beaucoup de sensibilité dans votre art.
38:57 Et voilà. Merci.
39:00 Merci beaucoup.
39:02 [Applaudissements]
39:08 Y a-t-il d'autres questions ?
39:14 Est-ce que Roselyne, vous vouliez ajouter quelque chose ?
39:22 Je vous avoue, j'ai envie de me taire un peu parce que j'ai trop faré.
39:32 Et...
39:33 Je suis juste...
39:37 J'ai envie de remercier Antoine Keh,
39:42 qui est mon distributeur ici en France.
39:45 Merci Antoine. Merci pour le travail que tu fais.
39:48 Si vous arrivez à voir mon travail aujourd'hui,
39:53 c'est grâce à lui. Est-ce que vous pouvez l'applaudir ?
39:55 [Applaudissements]
40:03 Et merci au Forum des images.
40:05 C'est la première fois qu'en France, mon travail est vraiment montré.
40:11 Et c'était important pour moi parce que
40:14 la France a traversé mon enfance
40:18 par son cinéma, par son histoire,
40:21 par son histoire coloniale.
40:24 Et j'avais envie que les gens se confrontent en France
40:28 à ce que les jeunes Camerounais pensent aujourd'hui.
40:32 Et merci au Forum des images de permettre ça.
40:36 Parce que je pense que la France a besoin de ça aujourd'hui.
40:40 Pour se renouveler, pour se réinventer.
40:45 Et merci beaucoup pour ça.
40:47 Parce que...
40:51 dans ces lieux que vous avez vus,
40:53 les gens pensent.
40:54 C'est pas une pensée comme la France l'imagine.
40:58 C'est pas une pensée structurée comme la France l'imagine.
41:01 Mais c'est une pensée.
41:03 Et comme je l'ai dit tout à l'heure,
41:04 elle se vale.
41:05 Merci beaucoup.
41:06 [Applaudissements]