• il y a 10 mois
France Inter et le magazine Usbek & Rica proposent un Tribunal pour les Générations Futures exceptionnel.

57 % des Français estiment qu’il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité, ¼ des 18-34 ans s’informent via des influenceurs, 42 % des moins de 35 ans se disent ouverts à l’idée de lire des articles rédigés par une IA…
Mais 75 % des Français suivent aussi l’actualité avec grand intérêt, 48 % considèrent que l’existence des médias audiovisuels publics est une bonne chose pour la pluralité d’opinions et la diversité du paysage médiatique.

Face à ces constats, une question se pose : le journalisme est-il mort ? Pour en débattre, Radio France et France Inter s’associent à Usbek & Rica et proposent un Tribunal pour les Générations Futures inédit.

Avec
Dans le rôle de la présidente : Mathilde Serrell
Dans le rôle de l’avocat : Thierry Keller, journaliste et cofondateur d’Usbek & Rica ;
Dans le rôle du procureur : Alexandre Kouchner, éditorialiste chez Usbek & Rica ;
Dans le rôle des témoins :
o Laurence Devillers, professeure à la Sorbonne, spécialiste des questions d’intelligence artificielle et d’éthique ;
o Paloma Moritz, journaliste écologie et société chez Blast ;
o Axel Beaussart (dit Tahzio ), fondateur de Spotters Media, chroniqueur chez Mouv’ .

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Transcription
00:00:00 Faut-il une bonne dictature verte ?
00:00:02 Doit-on encore faire des enfants ?
00:00:04 Faut-il démonter Google ?
00:00:07 France Inter et Usbek Erica vous présentent le Tribunal pour les Générations Futures,
00:00:12 une expérience radio inédite, un format original et ludique,
00:00:17 en direct et en public au studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique,
00:00:22 présidé par Mathilde Serrel.
00:00:24 A ses côtés, une cour peu ordinaire spécialement créée pour débattre des grands enjeux d'avenir,
00:00:29 et préparer ensemble le monde de demain.
00:00:32 À la barre donc, des témoins, mais aussi l'avocat et le procureur,
00:00:36 tous là pour vous éclairer, vous convaincre, pourquoi pas même vous faire changer d'avis.
00:00:42 Alors soyez attentifs, et surtout restez ouverts,
00:00:45 les Générations Futures comptent sur votre verdict,
00:00:48 car préparer demain est l'affaire de tous.
00:00:51 Ce soir, le Tribunal pour les Générations Futures doit débattre de la question suivante.
00:00:58 Le journalisme a-t-il encore un avenir, ou est-il menacé ?
00:01:02 Mesdames et Messieurs, silence, la cour.
00:01:06 J'ai l'honneur de présider, merci, ce Tribunal pour les Générations Futures.
00:01:18 Présidente ne serait-ce que pour 1h30, c'est déjà un rêve qui se réalise.
00:01:22 Vous allez assister à un vrai faux procès où le verdict sera prononcé
00:01:26 dans l'intérêt des Générations à venir.
00:01:30 Intelligence artificielle, réseaux sociaux, défiance, le journalisme est-il mort ?
00:01:36 Osez poser cette question en ces termes quand on s'appelle France Inter,
00:01:40 qu'on vous parle depuis la maison de la radio, peuplée de centaines de journalistes,
00:01:44 c'est un peu de la provoque évidemment, mais à Radio France,
00:01:47 on prend le taureau par les cornes, on chevauche les tigres, on caresse les méduses,
00:01:51 on y va à quoi ? On n'a pas peur du débat, même quand c'est nous le sujet du débat.
00:01:56 Alors pour ce procès sur le futur de l'information,
00:01:59 j'ai avec moi le cofondateur du Zbek Erika, Thierry Keller, dans le rôle du procureur,
00:02:04 et dont la thèse est que l'avenir du journalisme est loin d'être rassuré.
00:02:11 Absolument, le journalisme est mort, Madame la Présidente.
00:02:14 On verra ça.
00:02:15 Alexandre Kouchner, journaliste éditorialiste du Zbek Erika,
00:02:18 dans le rôle de l'avocat de la défense, s'il vous plaît.
00:02:21 Sur ses épaules repose l'avenir de toute une profession et de la démocratie.
00:02:28 Ça va aller ?
00:02:29 Aucune pression, je suis à ma place, celle des avocats et des journalistes,
00:02:33 du côté de la vérité.
00:02:34 Très bien. Enfin Coco, notre greffière dessinatrice,
00:02:37 qu'on passe de Charlie Hebdo, dont le talent nous ravit,
00:02:41 et la présence nous touche particulièrement.
00:02:44 Vous verrez ses dessins à l'écran sur le site de France Inter,
00:02:47 et je ne manquerai pas de vous les décrire.
00:02:49 Défense, accusation, greffier, il ne nous manque plus qu'un jury.
00:02:53 Ce jury est composé de 4 personnes qui ont été tirées au sort dans la salle à leur arrivée.
00:02:58 Merci d'applaudir Jean-Luc,
00:03:00 Sarah,
00:03:04 Perrine,
00:03:07 et Marie-Claude.
00:03:11 Perrine,
00:03:12 attention avec votre fille sur les genoux là, c'est vraiment les générations futures,
00:03:17 et Raphaël.
00:03:18 Bravo !
00:03:19 Cher jury qui exercit au premier rang, soyez bien attentifs,
00:03:24 nous nous retirons encendaire ce rideau à la fin de la séance.
00:03:28 Pour délibérer, je n'ai plus qu'à déclarer la séance...
00:03:30 ouverte !
00:03:32 Le tribunal pour les générations futures, Mathilde Serrel.
00:03:37 Il est 7h.
00:03:39 Alors, mesdames, messieurs, sur le banc des accusés, ce soir, le journalisme.
00:03:44 Rien que ça, le quatrième pouvoir dans une démocratie.
00:03:47 Comme toutes les institutions, les médias d'information voient leur légitimité questionnée,
00:03:52 le journalisme tel qu'on l'a connu, sourcé, vérifié, nuancé,
00:03:55 a-t-il encore un avenir dans ce big bang de l'information partout et par tous ?
00:04:01 C'est une question déontologique, peut-on être journaliste sans carte de presse,
00:04:05 sans socle méthodologique commun, sans régulation ?
00:04:08 C'est une question philosophique ?
00:04:10 Le journalisme impartial est-il un mythe ou un idéal ?
00:04:13 Est-il temps de sortir de l'ambiguïté ?
00:04:15 C'est une question économique ?
00:04:17 La recherche du buzz, du clic, favorise-t-elle les propos les plus provocateurs et extrêmes,
00:04:21 eux-mêmes poussés par les algorithmes des plateformes ?
00:04:24 Enfin, c'est une question technologique, avec l'intelligence artificielle
00:04:28 qui permet de générer des contenus, textes ou images ?
00:04:31 L'avenir de l'information sera-t-il uniquement entre les mains de ceux
00:04:34 qui apprivoisent le mieux ces nouveaux outils ?
00:04:37 Comme la crise climatique, si on ne se préoccupe pas de toutes ces questions,
00:04:40 c'est aux générations futures qu'on laisse un problème majeur.
00:04:44 Monsieur le procureur Thierry Keller, en quelques mots, quelle sera votre ligne d'accusation ?
00:04:48 Votre honneur, le journalisme est mort car on n'a plus besoin et on n'a plus envie du journalisme,
00:04:55 on n'a plus besoin de cet intermédiaire entre l'information et le peuple.
00:05:00 Bien, nous verrons ça plus tard.
00:05:02 Maître Alexandre Kouchner, êtes-vous prêt à défendre le journalisme ce soir,
00:05:06 brièvement ? Présentez-nous votre ligne.
00:05:08 Madame la procureure, non c'est vous le procureur, vous voyez déjà,
00:05:12 quand il dit tellement de bêtises, j'en perds la tête.
00:05:14 Le procureur fait dans la fake news, le journalisme n'est pas mort,
00:05:17 il est plus indispensable que jamais pour faire face aux manipulations
00:05:21 et défendre nos démocraties.
00:05:23 Coco, chère greffière, je vois que vous êtes déjà en forme,
00:05:26 vous allez nous faire des dessins toute la soirée, ça c'est qui ?
00:05:29 C'est le procureur ou c'est Pascal Praud ?
00:05:32 Je crois que c'est Jean-Luc.
00:05:33 C'est peut-être Jean-Luc.
00:05:35 Merci Coco. L'audience va pouvoir commencer,
00:05:37 on entre dans le vif du sujet pour vous permettre de vous forger
00:05:41 une opinion éclairée.
00:05:44 Ça sert à ça, un tribunal.
00:05:46 Plusieurs témoins vont se succéder à la barre.
00:05:48 Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières,
00:05:51 Paloma Morit, journaliste écologie et société chez Blas France,
00:05:55 Axel Bossard dit Asio Expert, en réseau sociaux,
00:05:58 et fondateur du média Spoters, enfin,
00:06:00 Laurence Devilleur, professeure à l'université Paris-Sorbonne
00:06:04 et spécialiste de l'intelligence artificielle.
00:06:07 Bien, l'audition du premier témoin peut commencer.
00:06:10 J'appelle à la barre Christophe Deloire,
00:06:14 secrétaire général de Reporters sans frontières,
00:06:17 président du Forum sur l'information et la démocratie,
00:06:21 et délégué général des états généraux de l'information
00:06:24 qui sont en cours actuellement.
00:06:26 Bonsoir Christophe Deloire.
00:06:28 Avant de commencer, pouvez-vous jurer de vous exprimer
00:06:30 dans l'intérêt des générations ? Dites "je le jure".
00:06:33 Très bien, merci. Je laisse le procureur M. Keller
00:06:35 qui va commencer l'audition.
00:06:37 Merci beaucoup, madame la présidente, M. Deloire.
00:06:40 Bienvenue dans ce procès.
00:06:43 M. Deloire, le baromètre de la confiance dans les médias
00:06:48 réalisé par l'institut de sondage Cantart Public pour la Croix
00:06:51 atteste dans sa 37e édition publiée en novembre 2023
00:06:55 d'une défiance persistante envers les médias et les journalistes.
00:06:59 En effet, 57% des Français interrogés
00:07:01 estiment qu'il faut se méfier, je cite,
00:07:04 de ce que disent les médias sur les grands sujets d'actualité,
00:07:08 soit trois points de plus qu'en janvier 2023.
00:07:12 Le public se détourne donc déjà vraisemblablement des médias.
00:07:16 Ma question est très simple.
00:07:18 A quoi bon défendre une étoile qui certes brille encore,
00:07:22 mais qui est en réalité déjà morte ?
00:07:25 Il faut se méfier bien entendu.
00:07:28 Donc ce chiffre, il signifie pas grand chose à mon sens.
00:07:32 Vous me faites penser, M. le Procureur,
00:07:34 à quelqu'un qui accuserait son chien d'avoir la rage pour le tuer.
00:07:37 On connaît le dicton.
00:07:39 Et l'accusation envers le journalisme,
00:07:42 les accusations pour le tuer, ça fait longtemps.
00:07:45 C'est la même chose pour la démocratie.
00:07:46 D'ailleurs, on est dans une époque qui aime bien les avis d'obstèques.
00:07:49 La démocratie serait morte, le journalisme aussi.
00:07:53 Il y a plus d'un siècle, juste après 1920,
00:07:57 un grand essayiste et journaliste américain, Walter Lippmann,
00:08:00 disait que la crise de la démocratie occidentale
00:08:03 était au sens strict une crise du journalisme.
00:08:05 C'est un moment où on pensait que la démocratie,
00:08:08 et on sait ce qui s'est passé après,
00:08:09 les totalitarismes, la guerre,
00:08:11 que le journalisme allait disparaître.
00:08:13 Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ?
00:08:15 Je vais faire un peu comme un médecin,
00:08:17 et on va regarder la température, le pouls.
00:08:19 Alors, comment ça se passe ?
00:08:21 Chaque jour, vous savez, on dit parfois, par exemple,
00:08:23 le journal de 20 heures est mort.
00:08:25 En France, il y a à peu près 20 millions de personnes
00:08:27 qui regardent un journal télévisé, chaque soir.
00:08:30 Chaque jour, il y a à peu près 70 millions de visites
00:08:34 sur des sites ou des applications de médias.
00:08:37 Et puis, si on regarde sous un autre angle,
00:08:39 il y a une vitalité très forte du journalisme.
00:08:42 Des créations de médias.
00:08:43 Il suffit d'aller dans des librairies, dans des kiosques,
00:08:45 pour voir des revues papier.
00:08:49 Il suffit d'aller sur le net pour voir ce qu'on appelle des "pure players",
00:08:53 des sites créés sur le net, avec du journalisme.
00:08:55 Et du journalisme d'investigation, toutes sortes de journalisme.
00:08:58 Il y a beaucoup de nouvelles formes journalistiques.
00:09:01 Par exemple, les consortiums internationaux de journalisme,
00:09:05 qui mènent des enquêtes et où des journalistes
00:09:07 travaillent sur des sujets sur lesquels ils n'auraient jamais pu travailler avant.
00:09:10 Et font des grandes révélations, par exemple, sur l'évasion fiscale.
00:09:13 Bref, très grande vitalité.
00:09:15 Alors, le journalisme souffre.
00:09:17 Ça, oui, il souffre.
00:09:19 La plateforme numérique distrait la publicité.
00:09:22 C'est Facebook, Google qui captent la publicité.
00:09:25 Ça assèche les financements des médias.
00:09:26 Donc la situation, à certains égards, elle est grave.
00:09:29 Mais enfin, de là à dire que le journalisme va mourir,
00:09:31 est mort ou va mourir, je n'en crois pas un mot.
00:09:34 Une belle démonstration de corporatisme. Merci beaucoup.
00:09:37 En juillet 2022, M. Deloire, vous déclariez dans Usbek Erica,
00:09:43 "Pour un marché des contenus qui favorise le journalisme de qualité,
00:09:49 nous, reporteurs sans frontières,
00:09:51 avons lancé la Journalism Trust Initiative, la JTI,
00:09:55 qui consiste à distinguer, disiez-vous, les médias d'information
00:09:58 qui présentent des garanties d'indépendance, de vérification et d'éthique
00:10:01 pour leur redonner des avantages."
00:10:04 On a bien compris qu'elle était la solution globale à tous nos problèmes,
00:10:07 de la norme, du label, une information officielle.
00:10:11 Est-ce que vous confirmez ?
00:10:13 Déjà, vous m'avez un peu blessé en tant que témoin,
00:10:15 en parlant de mon corporatisme, alors que j'essaie de réfléchir d'abord en citoyen.
00:10:19 La Journalism Trust Initiative, cette initiative de certification...
00:10:21 - Rien de personnel, évidemment. - Je l'espère.
00:10:24 Laissez M. Deloire poursuivre, mais en effet, l'attaque était assez basse.
00:10:27 Merci, Mme la Présidente.
00:10:30 Cette initiative de certification, de labellisation des médias,
00:10:34 c'est un peu, si je peux résumer, le Maxa Havelard,
00:10:37 c'est pour le commerce équitable, mais pour le journalisme.
00:10:40 - Le café, cher. - Oui, sauf que le Maxa Havelard,
00:10:43 ça ne dit pas si le café est bon, mais ça dit dans quelles conditions il a été produit.
00:10:46 Et on a besoin de la même chose en tant qu'auditeur, spectateur, lecteur.
00:10:50 On a besoin de savoir dans quelles conditions a été produite l'information.
00:10:53 Et c'est d'ailleurs une demande très forte de la société.
00:10:57 Encore la semaine dernière, dans les états généraux de l'information,
00:11:00 on voyait une étude auprès de jeunes dans des centres, des jeunes en réinsertion.
00:11:04 Il y avait une demande de certification, il y a une demande de validation.
00:11:07 J'ai fait un tour de France l'an dernier.
00:11:09 On a besoin quand même de savoir à qui faire confiance.
00:11:12 Et donc, cette initiative, elle vise à distinguer le journalisme positivement,
00:11:18 à dire voilà, ça incite les médias, les rédactions, les groupes,
00:11:23 à répondre à la question "qui es-tu ? Comment tu travailles ?"
00:11:29 Et ça c'est important pour chacun d'entre nous, en tant que consommateur d'information.
00:11:34 C'est aussi important pour que les algorithmes,
00:11:37 qui décident de ce qu'on voit ou ce qu'on ne voit pas,
00:11:39 pour que les annonceurs, ceux qui affectent de la publicité,
00:11:41 puissent prendre des décisions informées en favorisant la fiabilité de l'information.
00:11:46 Merci, plus de questions Madame la Présidente.
00:11:49 Je note que dans les territoires, les Français réclament de la norme et de la certification.
00:11:53 Les agriculteurs seront contents. Merci Monsieur Deloire.
00:11:56 Merci Monsieur le Procureur. Maître Kouchner, le témoin est à la défense.
00:12:02 Merci Madame la Présidente.
00:12:04 Le procureur qui fait sa pub à l'antenne critique le corporatisme.
00:12:07 Effectivement, on peut se douter que votre rapport à la vérité est assez distendu.
00:12:12 Monsieur Deloire, vous avez démontré que le procureur est incapable de lire un rapport jusqu'au bon.
00:12:17 Continuons, ne boudons pas notre plaisir.
00:12:19 Le même baromètre de la confiance dans les médias, de l'Institut de sondage Cantart,
00:12:24 Public, qui a été fait en 2023, indique que 75% des Français
00:12:29 affirment suivre avec un grand intérêt l'actualité.
00:12:33 Est-ce que le public fait davantage confiance aux médias qu'aux autres sources d'infos
00:12:36 et qu'il se passionne pour l'actualité ?
00:12:38 Le journalisme n'a-t-il pas plutôt un très bel avenir devant lui ?
00:12:43 C'est vrai qu'on a coutume un peu de battre sa coulpe,
00:12:46 ou vraiment de ne voir que le côté négatif.
00:12:48 Il n'y a pas que les journalistes qui sont négatifs.
00:12:50 C'est quand même une qualité française d'être négatif.
00:12:54 Et donc on voit toujours, on analyse les sondages réguliers,
00:12:58 dans l'accroi chaque année, sous un angle très négatif.
00:13:00 Mais en fait, quand on regarde, quand les journalistes sont critiqués,
00:13:03 c'est au nom des valeurs du journalisme, de l'indépendance, de la vérification.
00:13:06 43% des Français disent qu'au cours des trois dernières années,
00:13:11 ils ont eu un surcroît d'intérêt pour l'actualité.
00:13:15 Si on les interroge sous un autre angle, ça a été fait par les états-géraux
00:13:18 de l'information récemment, ils sont 59% pour les médias publics,
00:13:21 54% pour les médias privés, à dire qu'ils ont confiance
00:13:25 dans la fiabilité des informations qui leur sont données.
00:13:29 Si on les interroge et qu'on leur pose la même question sur les réseaux sociaux,
00:13:32 c'est 27%, c'est moins de la moitié.
00:13:34 Donc, qui, les gens en France, qui, la société, croient-elles le plus ?
00:13:39 Les journalistes ou les réseaux sociaux ?
00:13:41 La réponse est là.
00:13:43 En tout cas, certainement pas le ministère public.
00:13:45 On comprend bien quand même que dans ces questions,
00:13:48 pour lui, le journaliste, c'est un tamagotchi.
00:13:50 Alors pour toutes celles et ceux d'entre vous qui n'ont pas vécu les années 90,
00:13:54 le tamagotchi est un animal numérique, un petit gadget que vous avez dans la poche
00:14:00 qui a fait fureur pendant deux ans avant de disparaître dans l'oubli.
00:14:03 C'est donc, au fond, un gadget dont la mode est passée
00:14:07 à cause des évolutions technologiques.
00:14:09 Quelle est la question ?
00:14:11 Elle arrive. Ne soyez pas vraiment trop pressés de vous faire battre, M. le procureur.
00:14:15 S'il existe RSF, Reporters Sans Frontières, et pas Tamagotchi Sans Frontières,
00:14:21 n'est-ce pas parce que l'information a une fonction sociale
00:14:25 qui doit impérativement perdurer ?
00:14:28 Je vais arrêter de balancer des chiffres parce que ça peut lasser la cour.
00:14:33 Mais quand on interroge les Français, 84% disent que le journalisme est un métier utile.
00:14:38 Moi, au titre de Reporter Sans Frontières, je regarde beaucoup ce qui se passe dans le monde.
00:14:42 S'il y a plus de 500 journalistes en tôle, en prison dans le monde à un moment,
00:14:45 au moment où on parle, c'est bien qu'ils ont une forme d'importance.
00:14:49 Et c'est bien qu'ils font un boulot sérieux.
00:14:52 Et que les pouvoirs despotiques les mettent en prison.
00:14:55 Maintenant, du point de vue d'un Français, imaginons un monde sans journalistes.
00:15:00 On serait confrontés, on serait un peu comme dans la caverne de Platon.
00:15:03 À voir des ombres sur les murs de la caverne, sans savoir, sur la pierre,
00:15:08 sans savoir si on doit croire ou pas.
00:15:10 Face à l'intelligence artificielle, face aux manipulations,
00:15:13 face à des contenus qui eux peuvent être scientifiques.
00:15:15 Comment on distingue ?
00:15:16 Est-ce que chacun d'entre nous, quand il rentre du travail le soir ou le matin tôt,
00:15:20 est prêt à consacrer des heures et des heures et des heures à vérifier ?
00:15:24 Je crois pas.
00:15:25 Moi, je pourrais, si ma voiture tombe en panne, je pourrais apprendre comment on répare un moteur.
00:15:31 Mais je vais plutôt aller voir un garagiste.
00:15:34 Si j'ai mal aux dents, je vais aller voir un dentiste, pas un dentiste citoyen.
00:15:38 J'ai plus confiance dans un professionnel.
00:15:40 Et donc, cette fonction sociale du journalisme, et surtout dans un moment,
00:15:43 avec l'intelligence artificielle, on l'a tous constaté,
00:15:46 encore très récemment avec une affaire visant une chanteuse américaine
00:15:49 où il y avait des vidéos d'elle dans une posture qu'elle ne souhaitait fausse et pénible pour elle.
00:15:57 Ça peut arriver pour des responsables politiques, ça peut arriver pour chacun d'entre nous.
00:16:01 On a bien besoin quand même que quelqu'un, d'avoir des personnes, des entités, des médias,
00:16:07 à qui déléguer la recherche de la distinction du vrai du faux.
00:16:11 Et donc, c'est ça la fonction sociale du journalisme.
00:16:14 Peut-être, le journalisme en 2050 ne sera-t-il pas du tout ce qu'il est aujourd'hui,
00:16:18 ou sera-t-il notamment différent.
00:16:21 Mais il se sera métamorphosé, et les idéaux du journalisme, eux, ils auront survécu,
00:16:27 et le journalisme aura survécu, parce qu'on aura toujours besoin de quelqu'un pour le faire.
00:16:30 Parce que pour le journalisme, le but, c'est de trouver le vrai,
00:16:34 pour le procureur, le but, c'est de vous faire perdre votre temps.
00:16:38 Merci, Maître Gauchelaire, et merci Christophe Deloire, on peut tous applaudir.
00:16:43 Merci à vous. Merci.
00:16:45 Merci d'avoir accepté de témoigner, vous pouvez vous rasseoir.
00:16:49 Alors, Coco, pendant que vous étiez auditionné, M. Deloire,
00:16:53 par le procureur et l'avocat de la Défense, notre greffière dessinatrice a saisi l'essence
00:16:59 de ce qui se disait un monde sans journalisme.
00:17:02 Mon rêve, c'est Donald Trump, hein, vous l'aurez reconnu, c'est ça ?
00:17:06 Bon, Coco, oui. Alors, les auditions se poursuivent, bien sûr.
00:17:11 [Musique]
00:17:20 Sur France Inter, donc, en direct du 104 de la Maison de la radio,
00:17:24 avec des vrais gens dedans qui viennent écouter des débats sur l'avenir du journalisme.
00:17:28 Bonsoir encore.
00:17:30 [Applaudissements]
00:17:34 Le média Plus Bec et Rica, donc, est un média qui explore le futur,
00:17:38 et donc ce tribunal des générations futures avec une question qui est de savoir
00:17:41 quelle planète informative on va laisser aux générations à venir.
00:17:46 À présent, j'accueille à la barre notre deuxième témoin, Paloma Moritz,
00:17:50 journaliste écologie et société chez Blast France, qui va témoigner de son expérience.
00:17:55 [Applaudissements]
00:18:01 Paloma Moritz, jurez-vous de vous exprimer dans l'intérêt des générations futures ?
00:18:06 Dites, je le jure.
00:18:07 Je le jure.
00:18:08 Merci. La parole est donc au procureur, monsieur Keller.
00:18:11 Merci, madame la présidente, madame Moritz, bienvenue.
00:18:15 Madame Moritz, ma question sera simple.
00:18:18 Quoi bon s'informer en allant sur un média, en particulier, par hasard Blast,
00:18:23 dès lors qu'on trouve toutes les informations possibles en ligne, sur les réseaux sociaux ?
00:18:28 D'ailleurs, vous-même, vous êtes très active sur les réseaux sociaux.
00:18:31 Vous possédez 55 000 abonnés sur Instagram. Bravo, félicitations.
00:18:34 48 000 sur Twitter. Vous n'êtes pas sur TikTok, d'après mes informations.
00:18:38 Êtes-vous votre propre média, j'allais dire votre propre marque ?
00:18:41 Est-ce qu'il y a encore besoin d'aller s'informer sur des lignes éditoriales, dans des journaux ?
00:18:47 Alors, je pense qu'on est tous nos propres médias.
00:18:50 Maintenant, la plupart des personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux
00:18:53 ne me suivent pas pour savoir ce que j'ai mangé au petit-déjeuner.
00:18:56 D'ailleurs, je ne prends pas de photo de ça, mais plutôt pour mon travail de journaliste.
00:19:00 Et aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, on a une information qui n'est pas forcément vérifiée,
00:19:04 qui n'est pas forcément sourcée, qui n'est pas forcément mise en contexte ou décryptée.
00:19:08 Et c'est justement, en fait, pour ça que Blast existe.
00:19:11 Et c'est sur cette promesse de prendre de la hauteur sur l'actualité,
00:19:15 de donner des clés pour comprendre la complexité du monde dans lequel on vit.
00:19:18 Parce qu'il faut dire, on est dans un monde de plus en plus complexe avec une actualité
00:19:21 qui va à mille à l'heure et du journalisme quand même, de commentaires souvent aussi
00:19:25 sur des chaînes d'information en continu qui ne nous aident pas très bien à comprendre.
00:19:29 Et c'est sur cette promesse-là, en fait, que Blast s'est lancé.
00:19:32 Et c'est comme ça que Blast a levé un million d'euros en financement participatif.
00:19:37 Donc, je pense que si on ne pouvait s'informer qu'avec les réseaux sociaux,
00:19:40 aujourd'hui, Blast n'aurait pas le succès qu'il a et l'audience aussi.
00:19:46 Vous dites souvent que vous êtes une journaliste engagée. Vous le confirmez ?
00:19:50 Je le confirme.
00:19:52 Sur la page d'accueil de Blast ce week-end, les deux vidéos suggérées, parmi d'autres évidemment,
00:19:56 portaient les titres suivants. La première, "L'inconsistance politique d'Emmanuel Macron
00:20:01 met la République en danger". Et la seconde, "Latalisme", c'est une nouvelle idéologie,
00:20:07 "Latalisme, maladie infantile du macronisme".
00:20:11 Alors, vous pouvez préciser à qui ça fait référence ?
00:20:15 Alors, ça fait référence à Lénine qui parlait du gauchisme comme maladie infantile,
00:20:19 du communisme dans les écrits de 1917.
00:20:24 Merci.
00:20:25 Est-on...
00:20:26 Tout à fait de bonne foi comme question.
00:20:28 C'est une question qui s'entame de bonne foi, mais vous allez voir que je vais asserrer.
00:20:32 Je vous en prie, continuez.
00:20:34 Est-ce qu'on va sur Blast parce qu'on est déjà d'accord avec vous ?
00:20:37 Alors, déjà, les exemples que vous donnez ne sont pas forcément de bonne foi,
00:20:40 parce qu'on a des contenus extrêmement...
00:20:41 Mais ils sont sur Blast.
00:20:42 Non, ils sont sur Blast, on a des contenus extrêmement différents sur Blast.
00:20:45 On ne va pas sur Blast pour confirmer une opinion,
00:20:47 on va sur Blast pour exercer son esprit critique et pour essayer de comprendre des grandes problématiques.
00:20:51 On a aussi bien des chroniques de décryptage de l'actualité,
00:20:54 donc on peut venir sur Blast en se disant "j'ai pas très bien compris ce qu'il s'est joué autour de la loi immigration,
00:20:58 ben tiens, je vais aller sur Blast là-dessus, je vais aller regarder un entretien sur la montée de l'extrême droite
00:21:02 pour comprendre ce qui se joue autour de ça, je vais aller voir une enquête, un reportage".
00:21:06 Après, on a aussi des chroniqueurs politiques qui vont faire des contenus éditorialisés,
00:21:11 tous les médias ont une ligne éditoriale, c'est normal,
00:21:14 on parle tous de quelque part, et je pense que la neutralité journalistique n'existe pas,
00:21:18 mais voilà, Blast c'est aussi des contenus culturels,
00:21:21 et c'est aussi l'écologie, c'est aussi mettre l'écologie au cœur de notre ligne éditoriale,
00:21:25 ce qui est le cas de très très peu de médias.
00:21:27 On parlait des réseaux sociaux tout à l'heure, mais en fait, où est-ce que sur les réseaux sociaux,
00:21:30 on trouve des décryptages pour comprendre la situation écologique actuelle ?
00:21:34 Et moi, quand il y a des personnes qui parfois peuvent me remercier pour mon travail,
00:21:38 elles me disent jamais "tu as confirmé mon opinion".
00:21:40 Elles me disent "grâce à tes vidéos, j'ai mieux compris le problème,
00:21:43 potentiellement ça m'a donné envie de m'engager".
00:21:45 Et quand j'interview des climatologues, des expertes, des chercheuses,
00:21:49 ces personnes-là, elles viennent présenter des travaux scientifiques,
00:21:51 elles viennent les décrypter, les analyser,
00:21:53 elles ne viennent pas présenter une opinion ou essayer de convaincre de quoi que ce soit,
00:21:57 elles présentent des faits pour essayer de nous faire avancer au maximum.
00:22:00 Donc le fait, c'est que la République est en danger.
00:22:03 Merci beaucoup Madame Moritz, je vous laisse entre les mains d'expertes de l'avocat.
00:22:08 Merci beaucoup.
00:22:09 Merci Monsieur le Procureur.
00:22:11 Maître Kouchner, la parole est à la Défense et le témoin est à vous.
00:22:18 Merci Madame la Présidente.
00:22:19 Je note que le Procureur bégaie quand on lui parle de faits.
00:22:22 C'est normal, il n'est pas vraiment habitué à la vérité.
00:22:25 Bonsoir Paloma Moritz, merci d'être avec nous ce soir.
00:22:28 A en croire le Procureur, le journalisme engagé est la mort du journalisme.
00:22:33 Si l'on se fie à ses accusations, au fond,
00:22:35 il n'y a pas une grande différence entre vous et Pascal Praud, au hasard, complètement, comme ça.
00:22:41 Est-ce que finalement, il y en a une pour de vrai entre vous et Pascal Praud ?
00:22:46 Alors la différence principale entre Pascal Praud et moi, c'est que je ne travaille pas pour Bolloré,
00:22:51 je ne suis pas d'extrême droite, je ne suis pas climato-sceptique, je ne suis pas sexiste.
00:22:54 Enfin bon, je pense qu'on pourrait continuer la liste encore, près de très très longtemps.
00:22:58 Mais la différence principale, c'est celle de l'honnêteté intellectuelle.
00:23:01 C'est que moi, mon travail, je passe des heures et des heures à travailler sur mes vidéos,
00:23:06 à lire des rapports scientifiques, à interviewer des scientifiques, des climatologues,
00:23:11 des personnes expertes de ces questions.
00:23:14 Donc en fait, je ne vais pas simplement donner mon opinion, je passe mon temps à penser contre moi-même.
00:23:19 Parce que parfois aussi, on peut avoir des biais de confirmation en tant que journaliste,
00:23:22 et c'est important d'avoir toujours un esprit critique.
00:23:25 Et ce n'est absolument pas ce que fait Pascal Praud.
00:23:28 Mon but, ce n'est pas d'essayer d'attiser de la haine dans la société,
00:23:31 de créer des colères, de créer des oppositions factices,
00:23:34 ou de dire que le glyphosate n'a absolument aucun danger.
00:23:36 Je dis plutôt le contraire, en me basant sur des études scientifiques d'ailleurs.
00:23:39 Et je pense qu'aujourd'hui, c'est très important de porter un journalisme engagé,
00:23:44 parce qu'on ne peut pas rester neutre face à l'absurdité du monde,
00:23:47 face justement à l'urgence écologique, face aux inégalités qui sont de plus en plus fortes,
00:23:52 aux discriminations.
00:23:53 Donc voilà, je pense que, en tout cas j'espère, j'ose croire,
00:23:57 que la vision du journalisme que je porte est plutôt dans l'intérêt du,
00:24:01 dans l'idée d'un bien commun et d'un intérêt général.
00:24:03 Et je n'ai pas vraiment l'impression que ce soit le cas de Pascal Praud.
00:24:06 Cher monsieur Praud, puisque nous savons que vous passez des heures à écouter France Inter,
00:24:10 sachez que nous vous saluons bien bas.
00:24:12 Madame Moritz.
00:24:15 Bonsoir.
00:24:16 J'ai une question.
00:24:17 Est-ce que notre témoin nous dit que la neutralité, du coup, n'existe pas ?
00:24:22 Ça faisait partie des questions philosophiques en préambule.
00:24:25 Oui, je pense que la neutralité journalistique n'existe pas,
00:24:28 l'objectivité journalistique n'existe pas.
00:24:30 Élise Coffin disait "l'objectivité, c'est la subjectivité des dominants".
00:24:34 On parle tous et toutes de quelque part.
00:24:36 Maintenant, je pense qu'à partir du moment où on l'a reconnu,
00:24:38 on peut justement être le plus sérieux possible dans notre travail
00:24:42 et justement penser contre nous-mêmes et faire notre travail de façon juste et équitable.
00:24:47 Mais tous les journalistes parlent de quelque part.
00:24:49 Et d'ailleurs, la sociologie des journalistes n'est pas encore assez diversifiée aujourd'hui
00:24:54 et c'est un problème.
00:24:55 Ce que vous nous dites, c'est qu'au fond, il faut une éthique du journalisme
00:24:58 pour pouvoir aller vérifier les faits et ne pas, au fond, que confirmer nos idées.
00:25:03 Je voudrais que nous parlions quand même du financement des médias
00:25:06 et de l'accès à l'information.
00:25:08 Blast est en accès libre, financé par ses lecteurs et ses lectrices,
00:25:11 mais ce n'est pas le cas de tous les médias.
00:25:13 Est-ce que plutôt que de chercher des lignes éditoriales
00:25:17 et d'y voir nécessairement un problème, même si l'objectivité reste capitale,
00:25:22 il ne faut pas plutôt s'inquiéter que l'information soit de plus en plus cloisonnée
00:25:26 derrière des paywalls, c'est-à-dire accessible à celles et ceux qui payent ?
00:25:30 Bien sûr. Je pense que c'est vraiment un problème le fait qu'aujourd'hui,
00:25:34 pour lire des articles de fonds en ligne, la plupart du temps, il faut être abonné aux médias.
00:25:38 Après, les médias cherchent aussi leur modèle économique,
00:25:42 surtout la presse écrite qui maintenant est quand même essentiellement en ligne.
00:25:46 C'est important de les soutenir, mais il y a plein de personnes qui n'ont pas ces moyens-là.
00:25:50 C'est pour ça qu'avec Blast, on s'est monté sur le modèle du Guardian,
00:25:54 qui est un journal britannique. L'idée, c'est d'être en accès libre
00:25:58 et d'avoir un peu ce principe de solidarité entre personnes,
00:26:01 de se dire qu'il y a des personnes qui ont les moyens de payer et de s'abonner.
00:26:04 Ces personnes-là vont nous donner de l'argent pour que d'autres puissent regarder gratuitement.
00:26:08 Au final, ça fait que tout le monde peut regarder gratuitement,
00:26:11 peut avoir accès à une information libre, indépendante de tout pouvoir politique
00:26:15 et financier. Je pense que c'est important de le rappeler.
00:26:17 Et oui, parce qu'au fond, l'information est un bien public.
00:26:20 On pourrait même se dire qu'au fond, un service public de l'information,
00:26:24 c'est quand même bien, non ?
00:26:26 Oui. Je ne permettrai de ne pas m'applaudir.
00:26:31 Je reste dans une impartialité totale. Merci, Maître Kouchner.
00:26:35 Pendant que vous auditionnez Paloma Moritz, notre très fière dessinatrice Coco
00:26:40 a évidemment activé son feutre. Est-ce qu'on peut voir ce qui s'est dit sur la feuille de Coco ?
00:26:48 France ? Ah ben, vous n'avez pas fini. On verra ça tout à l'heure.
00:26:53 Et merci à Paloma Moritz pour son témoignage.
00:26:57 France atterrit avec Erika, le tribunal pour les générations futures.
00:27:02 Et oui, le tribunal pour les générations futures, avec les générations futures,
00:27:07 pour les enfants, les quelques-uns, qui sont dans la salle ce soir,
00:27:10 en direct et en public sur France Inter, un tribunal sur l'avenir du journalisme,
00:27:15 que j'ai l'honneur de présider impartialement.
00:27:18 On passe au troisième témoin. J'appelle Axel Bossard d'Itazio, à la barre.
00:27:24 [Applaudissements]
00:27:29 Axel Bossard, vous êtes... Bonsoir. Vous êtes expert en médias sociaux.
00:27:33 Absolument.
00:27:34 Fondateur du média Spoters, chroniqueur ici, chez Mouv',
00:27:38 et connu donc sous le pseudonyme de Tadzio sur Twitter.
00:27:42 Jurez-vous de vous exprimer dans l'intérêt des générations futures ?
00:27:45 Je le jure. Je le jure. Je le jure.
00:27:47 Je laisse la parole au procureur, monsieur Ken.
00:27:50 Merci beaucoup, madame la présidente. On va essayer de ne pas être dans la connivence
00:27:53 entre la justice et le journalisme, le triste spectacle auquel nous avons assisté il y a quelques minutes.
00:27:58 Je vous rappelle, voilà, oui, que le témoin travaille, entre autres, pour Mouv'.
00:28:02 Cher Tadzio, on l'a vu, les faits sont partout. Ils irriguent les réseaux sociaux.
00:28:11 Ils sont en accès libre. Est-ce que ce n'est pas davantage de décryptage dont on aurait besoin, plus que des faits ?
00:28:18 Alors, c'est vrai qu'aujourd'hui, on vit dans un monde où les réseaux sociaux permettent d'avoir accès à l'information de manière extrêmement rapide.
00:28:24 Explicement, moi, je me connecte sur Twitter et très vite, je peux avoir l'information avant même que les médias en fassent des partages, avant même...
00:28:31 Twitter n'est pas un média.
00:28:33 Absolument, oui, c'est vrai. Néanmoins, je pense qu'aujourd'hui, cet accès à l'information qui est extrêmement en profit,
00:28:40 qui n'était pas forcément le cas avant, il fait qu'on vit dans un monde qui est de plus en plus compliqué.
00:28:46 Parce qu'on a plus de choses à prendre en compte, de plus en plus d'actualités à traiter.
00:28:50 Et de ce fait, on a de plus en plus besoin de gens qui nous aident à nous fabriquer, je pense, une opinion.
00:28:55 Alors, attention, je ne pense pas que les opinions et les faits soient des choses qui sont opposées.
00:29:00 Je pense que l'opinion, c'est aussi une forme de vérité et qu'il y a plusieurs formes de vérité qui sont accessibles,
00:29:06 notamment via la philosophie, et que le journalisme peut aider à venir trouver les réponses, pour trouver des arguments à nos opinions.
00:29:16 Et que le journalisme est une méthode qui permet de, demain, qui permettra de certainement, à mon avis, armer les gens pour argumenter et créer leurs propres opinions.
00:29:27 – Vous-même, vous n'êtes pas journaliste. – Non.
00:29:30 – L'idée, c'est que vous décryptez, vous essayez d'expliquer, disiez-vous, dans les audiences préliminaires, Internet à votre grand-mère.
00:29:35 – Exactement, qui m'écoute tous les matins sur YouVue 9h30, n'hésitez pas, réseau.
00:29:40 – Alors, n'est-il pas vain, finalement, de vouloir défendre une vision du journalisme neutre objectif ?
00:29:45 D'ailleurs, Palma Moritz nous a battu cela en brèche, qui n'existe finalement que dans le cerveau dérangé de l'avocat.
00:29:52 – Ah oui, pour le coup, je ne crois pas une seule seconde en la neutralité du journalisme.
00:29:55 Déjà, choisir l'info qu'on traite, c'est une preuve aussi de choix, c'est une preuve d'opinion.
00:30:01 Et j'ai mis en scène l'anecdote d'une amie à moi qui est étudiante de journalisme et qui m'a dit,
00:30:05 le premier cours qu'elle a fait, quand elle était élève journaliste, c'était, la première chose qu'a dit la professeure, c'est "alors, la neutralité journalistique, énorme blague".
00:30:15 Et c'est une vision que je partage, mais ce n'est pas pour autant que la neutralité...
00:30:18 – "Énorme blague", vous notez, les jurés ?
00:30:20 – Mais ce n'est pas pour autant que la neutralité, que l'opinion est quelque chose qui s'oppose au fait, selon moi.
00:30:25 Je pense que le journalisme, c'est la quête de la vérité, c'est la quête de trouver les faits,
00:30:29 et qu'on peut très bien continuer à travailler son opinion via le journalisme, via les articles qui seront publiés,
00:30:36 les vidéos, etc., comme le font de nombreux médias.
00:30:38 Et du coup, pour moi, il n'y a pas vraiment d'opposition, même si beaucoup de gens aimeraient la faire.
00:30:43 – Bien sûr, vous êtes tout à fait centriste dans vos déclarations, et c'est tout à votre honneur.
00:30:49 – Je ne suis pas macroniste.
00:30:51 – Une petite question, madame le président ? – Vous notez, les jurés ?
00:30:53 – C'est de droite.
00:30:54 – On parlait des opinions qui pullulaient en ligne.
00:30:59 Est-ce que vous pensez qu'il faudrait radicaliser ces opinions ?
00:31:02 Est-ce qu'il faudrait durcir nos visions du monde ?
00:31:05 – Je ne pense pas que la radicalité doit aller du côté des audiences.
00:31:09 Je pense que la radicalité doit aller plutôt du côté du journalisme.
00:31:12 Je ne parle pas de radicalisation dans le sens extrême droite, etc.
00:31:15 – Je pense qu'il faut faire une pause, il y a un dessin de coco.
00:31:19 [Rires et applaudissements du public]
00:31:22 Va te faire en "Hum, grosse, hum, informe, je te hum..."
00:31:27 Tu t'informes sur Twitter ?
00:31:28 – Je ne tweet pas de cette manière, je tiens à le préciser.
00:31:31 – Ah oui ?
00:31:32 – Pour ceux qui ne nous voient pas, vous êtes très poli et tout à fait charmant comme individu.
00:31:36 – J'espère que votre robe vous va très bien également.
00:31:38 – Ça ne vous a pas rendu toxique, Twitter ?
00:31:41 – Non, non, parce que je pense que l'utilisation des réseaux sociaux
00:31:44 doit s'apprendre, tout comme les médias en fait.
00:31:46 Et que c'est une question d'éducation aux médias qui doit se faire.
00:31:48 Mais pour revenir à votre question qui était, excusez-moi...
00:31:51 – Le durcissement des opinions.
00:31:53 – Par rapport au durcissement, je pense que le journalisme doit par contre
00:31:56 assumer de plus en plus de portée d'opinion.
00:31:58 Et que quand on arrive sur un média, effectivement, il est de nature,
00:32:02 je pense, tout à fait, ça me paraît naturel qu'un média affirme ses opinions,
00:32:06 qu'un journaliste, le journaliste aussi l'affirme.
00:32:08 Parce qu'il faut arrêter avec cette façade de la pseudo-neutralité
00:32:12 qui n'existe pas vraiment et qui est une forme de bourgeoisie intellectuelle, à mon sens.
00:32:17 – On est bien d'accord, une bourgeoisie intellectuelle, encore une fois, blague,
00:32:20 bourgeoisie intellectuelle, vous notez bien tout ça pour le moment du vote.
00:32:23 Merci beaucoup, adieu, je vous laisse entre les mains de l'avocat, merci à vous.
00:32:27 – Voilà, pas d'autres questions, donc le procureur.
00:32:30 Merci, Maître Kouchner, avocat de la Défense, c'est à vous.
00:32:33 – Merci, Madame la Présidente.
00:32:35 Très belle description d'un dessin qui n'était pas évident à décrire.
00:32:38 – Il y en a un en dessous derrière vous, il a un pantalon avec des fleurs,
00:32:42 ça doit être un twittos méchant.
00:32:45 – Non, ça ne doit pas être un twittos méchant.
00:32:47 – Je ne suis pas Patrick de Bob l'Éponge, pour ceux qui ont la référence, je tiens à le préciser.
00:32:51 – Alors, Tadzio, merci d'être avec nous ce soir.
00:32:54 Vous avez dit quelque chose qui m'a interpellé à l'instant quand vous répondiez à ça.
00:32:59 Diriez-vous que vous êtes journaliste ?
00:33:03 – Pas du tout, pas du tout, je suis ce qu'on appelle un expert sur les réseaux sociaux,
00:33:07 parce que je me considère personnellement comme un enfant Internet,
00:33:11 j'ai grandi dans cet univers et j'ai beaucoup travaillé dans ce milieu,
00:33:15 dans le milieu des réseaux sociaux.
00:33:17 Et si je suis aujourd'hui à l'antenne, c'est parce que j'interviens en tant qu'expert,
00:33:20 comme pourrait le faire par exemple un scientifique pour venir parler d'expert,
00:33:23 faire des chroniques sur des sujets scientifiques,
00:33:25 pour parler de l'actualité, par exemple des trous noirs, etc, peu importe.
00:33:28 – Et alors, quelle est la différence avec un journaliste ?
00:33:30 – Pour moi, la différence avec un journaliste, c'est d'abord un travail de méthode,
00:33:33 un travail d'enquête, un expert va beaucoup se reposer sur ses prérequis,
00:33:37 parce qu'on évolue dans ce milieu-là et du coup,
00:33:39 on n'a pas besoin d'aller à la recherche forcément de tout.
00:33:41 Par contre, un journaliste va aller beaucoup plus travailler avec méthodologie
00:33:45 pour trouver des faits, pour les vérifier aussi, pour les interpréter, les vulgariser,
00:33:51 chose que les experts vont avoir plus de difficultés à faire, je pense.
00:33:54 – Est-ce que vous diriez qu'au fond, Internet a tué le journalisme ?
00:33:59 – Je pense que c'est l'inverse en vérité,
00:34:02 alors je pense qu'il y a bien évidemment des écueils produits par Internet,
00:34:05 notamment les bulles de filtres par exemple, qui sont des vraies problématiques aujourd'hui
00:34:09 et qui enferment un peu les gens dans leurs opinions,
00:34:11 bien que les réseaux sociaux fassent un travail aujourd'hui de plus en plus approfondi
00:34:14 pour essayer de les ouvrir, parce qu'il y a eu beaucoup de scandales,
00:34:17 Cambridge Analytica, etc, bref, on les connaît.
00:34:20 Néanmoins, je pense qu'Internet a permis l'effervescence de beaucoup de médias indépendants,
00:34:25 comme Blast, comme Mediapart par exemple,
00:34:28 et aujourd'hui, est-ce qu'on veut vivre en France, dans une France sans Mediapart ?
00:34:31 Je ne pense pas honnêtement, parce qu'on voit le poids...
00:34:33 – Certains peut-être, mais bon...
00:34:35 – Oui, certains peut-être, oui, effectivement.
00:34:37 Mais ce que je veux dire par là, c'est que Internet a été un terreau extrêmement fertile à l'indépendance,
00:34:42 et que l'indépendance c'est quelque chose de magnifique, qu'on doit cultiver en ce monde,
00:34:46 parce que c'est ce qui permet de se libérer de contraintes financières,
00:34:50 de contraintes de groupes aussi, que certains médias peuvent connaître,
00:34:53 et ça a été le cas dans la musique, bien évidemment,
00:34:56 c'est comme ça qu'on a beaucoup d'artistes indépendants qui émergent,
00:34:58 ça a été le cas dans la création de contenu, ça a été le cas dans le milieu des écrivains,
00:35:03 grâce à des médias comme Wattpad par exemple.
00:35:05 Je pense vraiment que Internet permet cette effervescence-là, et ce travail qui est nécessaire,
00:35:11 parce que sans ça, on n'aurait pas certaines enquêtes qui arriveraient,
00:35:15 des sujets aussi qui seraient peut-être occultés, voilà.
00:35:17 – Donc en fait, Internet vivifie le journalisme.
00:35:20 Vous nous parliez à l'instant d'indépendance,
00:35:23 le procureur voudrait nous faire croire que sur Internet, tout est libre,
00:35:27 et donc d'une certaine manière, tout est vrai, parce qu'il n'y aurait plus d'intermédiaires.
00:35:31 Est-ce qu'on ne risque pas plus la manipulation de masse en ligne sur une plateforme
00:35:35 comme Twitter ou Facebook ou TikTok,
00:35:39 que au fond avec un média qui a, vous nous le rappeliez, une éthique et une méthodologie ?
00:35:43 – Alors, déjà je pense qu'il ne faut pas confondre tous les réseaux sociaux,
00:35:47 tous les réseaux sociaux n'ont pas la même politique de modération.
00:35:50 Typiquement, TikTok c'est vrai que c'est un peu terrible,
00:35:53 parce qu'il y a des shadowbans par exemple, des mots qui sont invisibilisés,
00:35:56 qui font que du coup ton TikTok il y a beaucoup moins de vues,
00:35:58 et c'est un frein à la démocratie qui je pense devrait faire l'objet de légiférations.
00:36:02 Le fait est qu'aujourd'hui on est quand même à un stade assez récent,
00:36:05 mine de rien de l'Internet et des réseaux sociaux,
00:36:07 et qu'on devrait s'emparer plus largement de ces sujets-là dans le droit européen pour commencer,
00:36:11 ce qui est de plus en plus le cas.
00:36:13 Je pense que le but c'est d'avancer dans ce sens-là.
00:36:15 Alors oui, bien sûr, il y a des problématiques,
00:36:17 après c'est vrai que ces médias-là, s'ils sont popularisés,
00:36:20 c'est parce que les réseaux sociaux sont là.
00:36:23 Aujourd'hui sans Twitter, Mediapart aurait peut-être un petit peu moins d'écho, malheureusement,
00:36:27 parce que Twitter c'est un fabuleux propagateur d'informations,
00:36:29 bien qu'il soit aujourd'hui détenu par un milliardaire d'extrême droite
00:36:32 qui adore se battre contre toi des bots.
00:36:34 Ce qui est peut-être un problème pour l'information.
00:36:36 Exactement, c'est un vrai problème aujourd'hui.
00:36:38 Vous pouvez préciser, Tadzio, des bots ?
00:36:40 Des robots qui sont des faux comptes,
00:36:42 qui sont sur les réseaux et qui sont là pour manipuler l'information,
00:36:46 créer des vagues de haine parfois, etc.
00:36:51 C'est sympa comme ligne éditoriale pour trouver son information.
00:36:54 Des robots, des vagues de haine face à éventuellement une information
00:36:58 qui est l'issue de professionnels dont l'éthique est d'aller plutôt chercher la vérité.
00:37:03 Des questions ? Pas de clé dorée ?
00:37:05 Je n'ai plus d'autres questions, Madame la Présidente.
00:37:07 Le procureur souhaite intervenir ? J'ai l'impression que je vous sens bouillir, non ?
00:37:10 Non, je faisais une petite objection.
00:37:13 Quelle est cette objection ?
00:37:14 Il n'aime pas perdre.
00:37:16 On pose des questions, on ne plaide pas quand on pose des questions aux témoins.
00:37:19 C'est un principe de droit, Madame la Présidente. Je me permets de vous le rappeler.
00:37:22 Je n'ai pas le physique pour m'interposer.
00:37:24 Maître Kouchner, vous verrez à ne pas trop orienter vos questions.
00:37:27 Merci, votre honneur.
00:37:29 Merci à vous. Merci, Axel Bossa, pour votre témoignage.
00:37:34 Vous pouvez vous rasseoir.
00:37:36 Il est temps, Coco, de ressortir un petit peu le commentaire de cet échange, de ce pré-témoignage.
00:37:47 Ce type essaie d'avoir une place à Mediapart. Quelle fine lame, cette Edwidge.
00:37:51 On aurait peut-être trop flatté Mediapart, Maître Kouchner ?
00:37:56 Pas du tout. Ce qui m'intéresse, vous savez, c'est la manifestation de la vérité.
00:37:59 Très bien.
00:38:00 La pravda.
00:38:01 Ah, mais vous lisez des journaux ?
00:38:04 Un autre dessin, peut-être dans un bistrot que j'ai vu passer, Coco.
00:38:10 Voilà. Expert ou journaliste ?
00:38:14 Eh, t'inquiète, je balance pas mes sources.
00:38:16 Voilà. Donc ça, c'était la voix de Livrogne, pour essayer vraiment de vous traduire les choses le plus précisément chez vous.
00:38:23 Voilà. C'était notre troisième témoin.
00:38:26 Je le rappelle, la question qui nous occupe ce soir,
00:38:37 intelligence artificielle, réseaux sociaux, on vient d'en parler, climat de défiance,
00:38:43 le journalisme, est-il mort ?
00:38:46 Place à notre quatrième et dernière audition, une parole d'experte en matière d'intelligence artificielle.
00:38:52 J'appelle à la barre, Laurence De Villers.
00:38:55 Laurence De Villers, bonsoir.
00:39:03 Bonsoir.
00:39:04 Vous êtes professeure en informatique appliquée aux sciences sociales à l'université de Paris-Sorbonne.
00:39:09 Veuillez donc jurer de vous exprimer dans l'intérêt des générations futures. Dites "je le jure".
00:39:16 Je jure d'être dans l'intérêt des prochaines générations et de défendre l'information juste et vraie.
00:39:21 Merci.
00:39:22 Et comme vous travaillez pas mal avec les États-Unis, vous avez levé la main à l'américaine.
00:39:30 Je le précise. Le témoin est d'abord à l'accusation, bien sûr, monsieur le procureur Keller. Vous avez la parole.
00:39:37 Merci, madame la présidente Madeleine De Villers. Bienvenue, bonsoir.
00:39:40 Merci.
00:39:41 Alors, d'après la spécialiste de l'intelligence artificielle Nina Schick, que vous connaissez peut-être,
00:39:46 90% du contenu en ligne pourrait être généré par des intelligences artificielles d'ici 2025, c'est-à-dire l'an prochain.
00:39:53 Qu'est-ce que vous en pensez ? A telle raison...
00:39:56 Et quoi vos sources ?
00:39:57 Les réseaux sociaux.
00:39:59 Les journalistes doivent donner leurs sources, vous voyez. Les réseaux sociaux ne le donnent pas.
00:40:03 Je suis avocat général.
00:40:04 OK. Bon, donc sans source, moi je dis juste "fake news". Je ne sais pas d'où ça sort.
00:40:12 J'ai besoin, moi, en tant que citoyen, d'entendre plusieurs voix, de lire plusieurs journalistes et de comprendre d'où vient cette information.
00:40:19 Oublions cette Nina Schick qui... puisque c'est vous qui vous mettez à vous poser les questions, mais je reconnais bien la professeure en vous.
00:40:28 Est-ce que, à l'avenir...
00:40:30 Est-ce que, à l'avenir...
00:40:33 C'est dur là, mettre au galère.
00:40:34 Mais il n'y a pas de problème. Je reste droit dans mes bottes.
00:40:38 Vous voulez chercher vos sources ?
00:40:39 Il n'y a aucun problème.
00:40:40 Tout va bien.
00:40:41 Ma source est devant moi.
00:40:43 Chère source, ça va mieux comme ça ?
00:40:46 Ah bah bien sûr, allez-y.
00:40:47 Pas la peine de flatter le gouvernement.
00:40:49 Est-ce qu'à l'avenir, l'ensemble des contenus que nous trouverons en ligne seront produits par des intelligences artificielles, ou en tout cas la majorité de ces contenus ?
00:40:58 J'aime mieux ces propos-là, déjà.
00:41:00 Alors écoutez, c'est un risque, effectivement, qu'on ne soit entouré que d'informations qui viennent de machines.
00:41:05 Alors qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? Parce qu'il ne s'agit pas d'écouter qu'une voix.
00:41:09 C'est ce que j'ai dit tout à l'heure. Moi, le journalisme, je dis à mes enfants, puisqu'on doit s'occuper des enfants là, je dis à mes enfants, lisez plusieurs journaux.
00:41:16 Confrontez des sources, confrontez des voix, confrontez des opinions.
00:41:20 N'allez pas regarder sur les réseaux sociaux ce qui est dit, parce que ce sont des machines qui sont en train de construire cette information, et moi je sais comment elles marchent ces machines.
00:41:27 C'est des puzzles. On vous produit des suites qui ont l'air de propos sensés.
00:41:32 La machine n'a aucune intention, elle a aucune compréhension de ce qu'elle dit, elle n'est pas responsable.
00:41:37 Et nous, on projette dessus des capacités, des capacités d'avoir des connaissances, ce qui est faux, d'avoir des affects,
00:41:44 parce que les machines pourraient vous dire aussi grâce à ces bottes que vous êtes formidables, qu'elles vous aiment, ou je sais quoi.
00:41:49 Aucune émotion dans ces machines, rien de tout cela, même pas d'intention, tout ça est de la pure algorithmie.
00:41:56 Et le dernier point, c'est qu'elles ont aussi... elles ne sont pas neutres, mais par contre, on projette sur elles qu'elles ont des capacités aussi d'ordre moral.
00:42:04 Et ça, c'est grave. Et qu'est-ce que c'est les capacités d'ordre moral ?
00:42:08 Eh bien, ça vient du corpus utilisé. Et comme c'est pas transparent, on sait pas bien d'où viennent ces informations.
00:42:14 Donc je dis, attention, les journalistes peuvent utiliser ces outils, parce que l'infobésité qui arrive de partout,
00:42:20 il y a des informations partout, on peut pas tout voir. Donc il faut savoir utiliser ces médias.
00:42:24 Il faut faire confiance aux journalistes, il faut faire confiance aux scientifiques, et ça, on devrait le redire,
00:42:28 parce que nous avons des méthodologies, nous avons une éthique, nous avons une façon de classifier les choses, de les rendre publiques,
00:42:35 et c'est à vous de faire votre choix. Et c'est pas un outil algorithmique de faire le choix pour vous.
00:42:40 Sinon, demain, quelle rationalité vous aurez ? Celle d'une machine, et peut-être celle d'un géant du numérique,
00:42:45 d'Elon Musk, je ne sais qui, qui est derrière, ici en tir, du profit.
00:42:49 Très bien. Alors je note que la justice m'a vraiment fourni des témoins totalement en ma faveur.
00:42:54 Merci, Madame la Présidente. Vraiment, je serai mon souvenir.
00:42:58 On essaye d'avoir un panel assez représentatif ce soir, et c'est une parole d'experte.
00:43:03 En intelligence artificielle, vous vous auditionnez.
00:43:05 Puisque vous êtes experte, vous venez de nous parler de neutralité et d'émotion, et de traitement, finalement, de l'information,
00:43:12 PULS, en réalité, des méga-données qui sont traitées par les algorithmes.
00:43:16 Est-ce qu'on ne peut pas néanmoins faire confiance à ces machines dites intelligentes, en tout cas pratiquant une forme de supercalcul,
00:43:24 pour traiter, digérer l'information auprès d'un public extrêmement massif ?
00:43:31 Et de ce point de vue-là, est-ce que finalement le rôle du journaliste n'est pas complètement caduc, obsolète ?
00:43:37 Pas du tout. Je dirais qu'il est au contraire central, le rôle du journaliste.
00:43:40 Pas du tout, vous confirmez.
00:43:42 Ah oui.
00:43:43 D'accord.
00:43:44 Ces machines sont très utiles pour mouliner, digérer, etc.
00:43:46 Mais c'est à vous de choisir, c'est à vous de relire, c'est à vous de chercher les sources, c'est à vous de tout faire, en fait.
00:43:52 Mes étudiants qui font leur mémoire à partir de Charts GPT, par exemple, parce que ça vient de tout cela.
00:43:57 Charts GPT est venu polluer tout le discours sans information.
00:44:01 Sam Altman a fait un hold-up, un hold-up de nos données déjà.
00:44:04 Sam Altman, le créateur d'OpenAI et qui est la société qui a proposé Charts GPT au monde.
00:44:11 Le cœur de ce système est en anglais. Ça vous parle en français, mais derrière c'est en anglais.
00:44:15 Donc nos opinions sont différentes. Il y a peu de temps qu'on l'interrogeait, on lui demandait "Quel est le jour de la fête nationale, 4 juillet ?"
00:44:21 Ah ouais, ah ouais.
00:44:23 Il faut faire attention quand même à ce qui est en train de se passer.
00:44:25 Et donc c'est essentiel de comprendre que non seulement ça mouline comme un puzzle des milliards de données,
00:44:30 et c'est une production statistique, le principe derrière, ça vient d'un linguiste, vous le fusturez quand même,
00:44:37 on connaît un mot, le sens d'un mot, par ses voisins.
00:44:41 C'est la phrase essentielle pour comprendre comment marche Charts GPT et comment marchent ces grands modèles.
00:44:46 C'est-à-dire qu'on apprend à la machine tous les contextes dans lesquels on trouvera un mot,
00:44:51 et c'est même pas souvent un mot qui est utilisé, mais une séquence de caractères.
00:44:54 C'est inhumain. Ça n'a rien à voir avec la linguistique, ça n'a plus rien à voir avec tout cela.
00:44:59 C'est de l'intelligence artificielle, vous me direz "Qu'est-ce que ça veut dire, l'intelligent ?"
00:45:03 Bah rien, rien. En l'occurrence...
00:45:05 Charts GPT, plus artificiel qu'intelligence, c'est écrit derrière sur les pancartes. C'est là.
00:45:11 Voilà. Il faut pas se laisser avoir, et je pense que les journalistes sont essentiels pour...
00:45:17 "Lia va-t-elle remplacer l'humain ? Tiens, Lia Christophe Barbier est moins chiante."
00:45:24 Merci. Merci.
00:45:27 Un robot, une écharpe rouge et le tour est joué.
00:45:30 Enfin bref, pour conclure sur cette histoire, il est essentiel que le journalisme soit là,
00:45:35 garant d'une certaine vérité, et qu'on propose en tout cas à une seule voix,
00:45:39 et que les citoyens, les enfants, demain, soient à même de faire le tri.
00:45:44 Et si on veut qu'ils apprennent ça, il faut qu'on les éduque à l'école pour pas...
00:45:47 Prendre comme argent comptant, c'est ce que racontent les réseaux sociaux, ce que racontent un chart GPT,
00:45:52 parce que tout cela, c'est de la manipulation de l'opinion.
00:45:55 Je me permets une toute petite dernière question, Madame la Présidente, si vous permettez.
00:45:58 Allez-y, allez-y, procureur.
00:46:01 Bon, on a compris que c'était votre souhait. On a compris que vous étiez aussi une citoyenne derrière la scientifique.
00:46:07 Si je vous pose la question à votre fort intérieur, si je vous demande à votre avis comment ça va se passer demain,
00:46:14 est-ce que vous croyez vraiment à ce que vous venez de nous dire, entre vous et moi, Madame le Président ?
00:46:19 Plus 800 personnes.
00:46:21 Alors, donc moi je parle là tout seul, mais derrière il y a tout un tas de scientifiques, il y a des gens raisonnables,
00:46:26 et je pense qu'effectivement on va avoir un équilibre qui va s'émerger.
00:46:31 Et je pense très très fort que le journalisme n'est pas mort,
00:46:34 et qu'il sera là demain encore plus conscient d'être peut-être garant d'une certaine vérité.
00:46:38 J'ai dit d'une certaine, c'est-à-dire qu'il faudra regarder qui parle et pourquoi il parle.
00:46:43 Regardez Channel 1. Vous savez ce que c'est Channel 1 ?
00:46:46 Alors Foucault se demande s'il ne se passe pas quelque chose entre vous.
00:46:50 Channel 1, c'est une information personnalisée.
00:46:55 Donc c'est une nouvelle invention aux Etats-Unis.
00:46:58 Vous aurez les informations que vous souhaitez recevoir.
00:47:01 Donc on ne verra plus du tout différents points de vue.
00:47:04 C'est fini ça.
00:47:06 C'est comme ce qui se passe sur les réseaux sociaux, c'est la mort de l'information.
00:47:09 Donc un, ces chats GPT, robots qui vont chercher l'information sont utiles,
00:47:14 mais deux, il faut savoir les utiliser.
00:47:16 Et trois, ils ont perdu leurs sources et il n'y a aucune vérification de quelconque vérité à l'intérieur de ces machines.
00:47:22 Or, le scientifique comme le journaliste a besoin de ces sources.
00:47:26 Donc première chose, il faut décrypter ce que disent ces machines,
00:47:31 parce que sinon on va dans le mur.
00:47:33 Et d'autant plus si la machine de main produit d'énormes montants de données
00:47:37 qui sont à nouveau utilisées pour apprendre dans de nouvelles machines.
00:47:40 Merci.
00:47:41 Madame de Guillard, je retiens qu'il vaut mieux...
00:47:46 Dans votre bouche, c'est un mauvais journaliste, une bonne intelligence artificielle.
00:47:49 Je ne peux que le déplorer. Merci Madame la Présidente.
00:47:52 Merci Monsieur le Procureur.
00:47:55 Maître Kouchner, vous êtes impatient, le témoin est à la défense.
00:48:01 Bonsoir.
00:48:02 Bien qu'elle se soit déjà presque...
00:48:05 Oui, j'ai trouvé votre dernière question tout à fait judicieuse, Monsieur le Procureur.
00:48:10 Vraiment, c'était parfait.
00:48:12 Effectivement, vous nous rappelez à quel point les journalistes seront indispensables, y compris dans le futur.
00:48:19 Je voudrais qu'on revienne sur un des grands fantasmes du Procureur,
00:48:23 c'est-à-dire que les intelligences artificielles auraient une neutralité totale,
00:48:28 une forme de vérité absolue, comme si la machine ne pouvait pas mentir.
00:48:32 Pourtant, vous nous avez employé un exemple très clair, les IA peuvent faire des erreurs.
00:48:37 D'abord, elles ne font pas d'erreur ou pas d'erreur, elles font juste de produire du texte de façon statistique.
00:48:43 Pour elles, ça ne correspond pas à une erreur.
00:48:45 Si dedans, mon corpus et le bouquin d'Hitler que dédient d'une certaine forme,
00:48:51 avec un certain aspect politique, c'est ça qu'on va retrouver après.
00:48:54 Rappelez-vous de Tai de Microsoft, qui était un chatbot qui s'adaptait aux humains.
00:48:58 Il avait été piraté par des gens qui lui parlaient en disant "Vive Hitler",
00:49:01 "Les femmes sont les sous-esclaves des hommes", ou des tas de choses comme ça, non politiquement correctes.
00:49:07 Et à force d'avoir une répétition comme ça, le chatbot avait appris ces termes-là,
00:49:11 et ne faisait plus que parler comme cela.
00:49:13 Ce sont des machines, des algorithmes, sans aucune intériorité, ni parole, ni rien.
00:49:17 Donc, on leur fait dire ce qu'il y a dans le corpus.
00:49:19 C'est là où il faut vérifier, plus de transparence, évaluer pour savoir ce qu'il y a en face.
00:49:24 Et nous, comme on aura à les utiliser quand même, ces systèmes,
00:49:26 il faut qu'on soit en capacité, non pas de douter de tout, mais de raisonner.
00:49:31 Coco propose un dessin, un robot qui découvre Mein Kampf d'Hitler.
00:49:37 J'ai lu un super bouquin, c'est la machine nourrie par Mein Kampf.
00:49:42 En octobre, Tom Hanks a dû expliquer qu'il n'avait rien à voir avec une publicité pour une assurance dentaire.
00:49:48 C'était un deep fake, c'est-à-dire un film réalisé avec une intelligence artificielle générative.
00:49:53 Lors des élections en Slovaquie, très récemment, de faux enregistrements audios d'un candidat
00:49:58 parlant de truquer les élections sont sortis quelques jours avant le scrutin.
00:50:01 Il sera quand même bientôt difficile de croire ce que nous voyons ou nous entendons.
00:50:05 Existe-t-il à ce jour un détecteur d'images ou de sons créé avec une IA,
00:50:11 ou au contraire, faut-il plus que jamais des personnes formées à la vérification de l'information ?
00:50:15 Il faut les deux. Puisque c'est un vrai sujet de recherche, on cherche à encrypter dans ces données
00:50:22 qui sont produites par des machines, des filigrames.
00:50:25 C'est-à-dire quelque chose qui est invisible à l'œil, mais qu'avec une machine, un algorithme, on va pouvoir déceler.
00:50:29 Ce n'est pas totalement fiable, pas à 100%, mais ça pourra déjà être utile.
00:50:34 De plus en plus, on va aller vers des systèmes comme cela,
00:50:37 où il y aura finalement une espèce de label bio ou pas bio sur des données.
00:50:41 Après, on s'en doute, quand on voit le pape en doudoune blanche ou le président Macron faire les poubelles,
00:50:46 on sait que c'est a priori fake. Donc il faut aussi raisonner.
00:50:49 Je pense que c'est important non seulement d'avoir une technologie de pointe,
00:50:53 mais avoir des humains qui sont capables de raisonner.
00:50:55 Et collectivement, on devrait monter des communautés d'éthique pour aider,
00:50:59 en tout cas dans cette transition, pour arriver à se débrouiller avec ces IA.
00:51:04 On s'en sortira très bien avec des journalistes éclairés
00:51:07 et qui auront une certaine formation aussi sur ces concepts et sur ces intelligences artificielles.
00:51:12 Ce qui n'est pas le cas.
00:51:13 Les exemples que vous évoquez à l'instant montrent bien que l'information est aussi désormais un terrain de guerre
00:51:19 et que ces IA sont employées par des puissances qui veulent souvent déstabiliser
00:51:25 soit notre débat démocratique, soit au fond, fragiliser notre capacité à vivre ensemble.
00:51:31 À quel point est-ce qu'il est vital aujourd'hui de pouvoir défendre une information vérifiée dans cette guerre de l'information ?
00:51:38 Alors c'est effectivement vital parce que quand on... je sais pas, sur Twitter, vous savez ces chiffres,
00:51:44 quand on balance une information qui est fausse, une fake news, on les retweete 7 fois plus.
00:51:49 C'est-à-dire que c'est plus facile par paresse d'aller vers un truc un peu fantaisiste, drôle ou n'importe quoi.
00:51:55 Et certains gouvernements utilisent en fait ces moyens pour propager de l'anarchie dans nos démocraties
00:52:03 avec des fausses informations qui sont retweetées énormément.
00:52:07 C'est un vrai danger pour notre démocratie, c'est un vrai danger pour nos enfants.
00:52:11 Il faut leur apprendre, aux enfants, à manipuler ces outils en ayant une vision très large,
00:52:16 en allant lire et regarder différents médias.
00:52:19 Et c'est très important ce que vous dites là.
00:52:22 Effectivement, il faut pas non plus penser que partout il y a du complot
00:52:25 et partout il y a des gens méchants qui ont envie de modifier l'information,
00:52:28 mais c'est vrai que ça existe.
00:52:30 Et pour que notre société marche bien en intelligence, on a besoin d'informaticiens,
00:52:36 de journalistes, de journalistes informaticiens, de vrais journalistes,
00:52:39 mais il faut en tout cas propager cette information largement.
00:52:43 Le journalisme n'est pas mort.
00:52:45 Et nous avons donc pas besoin de procureurs à pro au fake news.
00:52:49 Merci Maître Kuchner et merci Laurence de Milleur.
00:52:54 Vous pouvez retourner à votre place.
00:52:57 Merci pour les dessins qui ont ponctué ces auditions.
00:53:01 Coco, mesdames, messieurs, les auditions sont terminées.
00:53:05 Si vous nous rejoignez en cours de route, si vous étiez en direct ailleurs
00:53:16 et que vous revenez sur France Inter, vous êtes dans le tribunal
00:53:19 pour les générations futures du Zbek Erika.
00:53:22 Et dans quelques minutes, nous entendrons le réquisitoire et la plaidoirie
00:53:26 du procureur et de l'avocat de la défense,
00:53:29 afin de trancher la question qui nous occupe ce soir.
00:53:33 Le journalisme est-il mort ?
00:53:36 Les jurés tirés au sort qui étaient au premier rang vont donner leur verdict.
00:53:43 Vous l'avez dit à votre meilleur ami, à vos 600 contacts, à votre maman
00:53:47 qui l'a dit aux voisins, à son boulanger, au facteur, même son coiffeur est au courant.
00:53:51 Alors vous pouvez nous le dire aussi.
00:53:53 En nous déclarant votre évolution professionnelle, vous pouvez ajuster votre impôt.
00:53:56 Connectez-vous à votre espace particulier sur impôts.gouv.fr.
00:53:59 Avec le prélèvement à la source, l'impôt s'adapte à votre vie.
00:54:02 Ceci est un message du gouvernement.
00:54:04 Démarrez la nouvelle année avec une énergie débordante grâce à Basic Fit.
00:54:07 À la maison ou à la salle de sport, recentrez-vous sur l'essentiel, le fitness.
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00:54:54 Voilà, le journalisme est-il mort ? C'est la question qui nous occupe ce soir.
00:55:00 Il est bien vivant. Tout de suite, les infos avec Daël Delphinevenou.
00:55:05 [Générique]
00:55:11 La crise du monde agricole va-t-elle prendre fin à Bruxelles ?
00:55:15 Le ministre de l'agriculture Marc Fenault est arrivé sur place aujourd'hui, avant Emmanuel Macron demain.
00:55:21 Alors que la Commission européenne a commencé à donner des gages,
00:55:25 interventions pour limiter toute hausse incontrôlable des importations agricoles ukrainiennes
00:55:30 et surtout dérogations partielles accordées aux obligations de Jachère qui sont imposées par la politique agricole commune.
00:55:36 Une concession trop limitée pour les représentants des syndicats majoritaires.
00:55:41 Le mouvement se poursuit, autoroutes bloquées sur la Cisse, les blindés de gendarmeries sont toujours positionnés.
00:55:47 Et le marché de gros de Rungis brièvement investi avec quelques dégradations par quelques dizaines d'agriculteurs en fin de journée.
00:55:54 91 interpellations précisent ce soir le préfet de police de Paris qui explique que la ligne rouge avait été fixée et qu'elle a été franchie.
00:56:03 Mais il redit la consigne de modération donnée aux forces de l'ordre.
00:56:07 On parlait du sommet des 27 à Bruxelles qui démarre demain.
00:56:10 Sommet consacré à l'aide financière et militaire à Kiev.
00:56:13 Le chancelier allemand Olaf Scholz dit sa volonté de tout faire pour accroître l'aide militaire européenne à l'Ukraine.
00:56:19 D'autant que les craintes d'une réduction de l'aide américaine sont réelles.
00:56:23 L'Union européenne ne fournira que la moitié du million d'obus qu'elle s'était engagée l'an dernier à livrer d'ici la fin du mois de mars,
00:56:29 annonce par ailleurs Joseph Borrell, le chef de la diplomatie européenne.
00:56:34 Au Proche-Orient, Lune Roy a toujours cible du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou le réaffirme aujourd'hui.
00:56:41 L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens est totalement infiltrée par le Hamas, selon lui.
00:56:46 Lune Roy demande une enquête indépendante sur la question des 12 employés qui sont soupçonnés d'être impliqués dans les attaques du 7 octobre.
00:56:55 Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, estime que l'agence est la colonne vertébrale de l'aide humanitaire à Gaza.
00:57:01 Les maires de plusieurs grandes villes et métropoles écrivent au Premier ministre français au lendemain de sa déclaration de politique générale.
00:57:08 Ils expriment leur très grande inquiétude après l'annonce d'un assouplissement de la loi SRU sur le logement social.
00:57:15 Un nouveau record, celui du nombre de détenus en France au 1er janvier, près de 67 000 personnes incarcérées, une hausse de plus de 5% en un an.
00:57:25 Enfin le football, la Ligue des champions féminines, Lyon accueillait le Slavia Prague pour la 6ème et dernière journée de groupe.
00:57:33 Match nul de partout.
00:57:35 Ces dernières années, les dépistages précoces et les dernières innovations ont fait augmenter le taux de guérison de cancer.
00:57:44 Ce vendredi, France Inter se mobilise pour une journée spéciale, la science face au cancer.
00:57:48 Le 6/9, le 13/14, la Terre au carré, le 18/20.
00:57:52 Quelles sont les dernières découvertes en matière de vaccins ? L'intelligence artificielle représente-t-elle un véritable espoir ?
00:57:58 Toute la journée, on fait le point sur les avancées scientifiques.
00:58:01 Vaccins, nouvelles thérapies, intelligence artificielle, journée spéciale, la science face au cancer.
00:58:07 C'est ce vendredi sur France Inter.
00:58:12 Pour tous ceux qui sont nuls en cadeaux, Eden Red, c'est comme la Saint-Valentin.
00:58:16 Ça peut coûter cher de l'oublier, sauf que nous, on ne vous le fera pas payer.
00:58:20 Cadeau, mais aussi tickets restaurant, mobilité et Césus.
00:58:23 Pensez pour être dépensé.
00:58:26 France Inter, il est 21h04. Vous retrouvez Very Good Trip avec Mishka Asayas un peu plus tard.
00:58:35 Pour l'instant, on vous propose la suite de notre expérience inédite et ludique.
00:58:39 C'est le Tribunal des Générations Futures, Mathilde Serrell.
00:58:42 Merci beaucoup à vous Delphine Evnou.
00:58:44 On retrouve un point avec l'actualité à 22h sur Inter.
00:58:48 Et tout de suite, dernière ligne droite.
00:58:50 France Inter et Uzbek Erica vous présentent le Tribunal pour les Générations Futures.
00:58:56 Une expérience radio inédite.
00:58:58 Un format original et ludique, en direct et en public au studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique, présidé par Mathilde Serrell.
00:59:08 Ce soir, le Tribunal pour les Générations Futures doit débattre de la question suivante.
00:59:14 Le journalisme a-t-il encore un avenir ou est-il menacé ?
00:59:18 Mesdames et Messieurs, silence, la cour.
00:59:23 Ah c'est bon, j'ai presque envie de vous demander de vous lever.
00:59:27 Alors c'est effectivement... Bravo, bravo à vous.
00:59:34 C'est le moment fatidique, ce Tribunal pour les Générations Futures doit trancher sur le sort du journalisme.
00:59:42 C'est à l'avocat de la Défense et au procureur de prendre maintenant la parole pour convaincre les jurés.
00:59:48 C'est l'accusation. Thierry Keller, cofondateur d'Uzbek Erica, qui commence dans le rôle du procureur ce soir.
00:59:54 Merci, merci, merci.
01:00:01 C'est vraiment ce qui s'appelle être un procureur commis d'office.
01:00:05 Bon, chers jurés, c'est vous qui allez voter tout à l'heure.
01:00:09 J'espère bien que vous n'allez pas écouter et prendre en considération le tissu de propagande qui a été proféré depuis une heure sur ce procès.
01:00:17 Alors, pardon, pas de la part de la présidence.
01:00:19 Pas de la part de la présidence, votre honneur. Pas vous, jamais, évidemment.
01:00:23 Évidemment, le journalisme est mort. Évidemment, le journalisme est mort.
01:00:29 Alors, ça ne s'est pas complètement vu ce soir.
01:00:32 Mais je vais quand même essayer de vous le prouver et vous verrez qu'au final, j'ai raison.
01:00:38 On vous écoute.
01:00:40 Vous avez beaucoup menti, cher témoin.
01:00:43 Vous avez fait preuve d'une mauvaise foi assez hallucinante.
01:00:46 Et pourtant, je vais essayer de trouver dans tout ce que vous avez raconté de quoi prouver ma ligne.
01:00:51 Le journalisme est mort.
01:00:53 Monsieur Deloar, on va commencer par vous. Où êtes-vous, Monsieur Deloar ?
01:00:56 Monsieur Deloar, votre sens du devoir vous honore.
01:01:01 Les gens aiment les journalistes.
01:01:04 Le journalisme se métamorphose.
01:01:06 On aura encore besoin de grandes enquêtes.
01:01:09 Un discours, finalement, aussi émouvant qu'un plaidoyer du PDG de Total.
01:01:14 Les jeunes diplômés rêvent de travailler pour nous.
01:01:17 Les gens sont attachés aux énergies fossiles.
01:01:21 Mais rassurez-vous, nous avons entamé notre transition.
01:01:25 Regardez, nous investissons dans les éoliennes.
01:01:29 Pas crédible.
01:01:33 Madame Moritz, où êtes-vous, Madame Moritz ?
01:01:36 Alice Coffin, l'objectivité n'existe pas.
01:01:41 Alors, Madame Moritz, vous êtes la divine surprise de cette profession.
01:01:47 Vous êtes jeune, symbole de la génération climat.
01:01:51 Vous êtes une pourfondeuse des puissants.
01:01:53 Vous êtes à l'aise avec l'écrit, avec l'image, avec les réseaux sociaux,
01:01:57 même si vous n'aimez pas raconter ce que vous avez mangé au petit-déjeuner.
01:02:00 C'est bien triste.
01:02:01 Avec vous, Madame Moritz, les 39 000 détenteurs de la carte de presse
01:02:06 qui, je le précise pour notre public non-inverti,
01:02:09 permet de rentrer gratos dans les musées sans faire la queue
01:02:12 et de retirer 7 500 euros de son net imposable.
01:02:17 Les 39 000 détenteurs de la carte de presse, disais-je,
01:02:21 se sentent rassurés.
01:02:23 Sauf que voilà, êtes-vous vraiment une journaliste ?
01:02:27 N'êtes-vous pas plutôt une lanceuse d'alerte ?
01:02:30 Et je ne le critique pas, on a besoin de lanceurs d'alerte.
01:02:34 Madame de Villers, moi non plus, je ne suis pas convaincue sur vos déclarations.
01:02:42 L'IA est stupide, venez-vous de nous dire.
01:02:45 Et il va falloir des comités d'éthique.
01:02:49 Je précise que le mot stupide n'a pas été prononcé.
01:02:52 On écoutera les bandes.
01:02:55 Mais le mot comité d'éthique, oui, alors ça c'est merveilleux.
01:02:59 Nous sommes dans un pays merveilleux, quand il y a un problème,
01:03:01 un comité d'éthique.
01:03:03 Est-ce que vous y croyez vraiment ?
01:03:07 Alors certes, vous nous avez dit aussi, les journalistes vont devoir se former,
01:03:10 monter en compétences, on va avoir besoin d'informaticiens et journalistes.
01:03:14 Là encore, est-ce que vous avez déjà demandé à un journaliste français
01:03:18 de se former ?
01:03:20 Je ne vais pas vous décevoir, chère Laurence, mais ça va être chaud
01:03:23 de transformer un journaliste hexagonal en geek de la Silicon Valley.
01:03:27 Alors Axel Bossard, cher Tadjo, vous étiez censé être mon témoin.
01:03:32 Non, les choses n'ont pas été présentées comme telles.
01:03:36 Oui, je l'avais un peu vécu comme ça, je ne sais pas, je m'étais fait un film.
01:03:39 C'est ce qui s'appelle vraiment une date ratée.
01:03:45 Mais néanmoins, j'ai retenu que sans Twitter, Mediapart aurait moins de succès.
01:03:49 J'ai retenu que, pareil, pour vous non plus, l'objectivité n'existe pas.
01:03:53 Vous avez eu toutefois le courage et l'honnêteté d'affirmer
01:03:57 que vous n'étiez pas vous-même un journaliste, mais un chroniqueur.
01:04:00 Vous n'étiez pas une sorte d'Albert Londres en culot de courte.
01:04:03 Finalement, vous seul, dans ce procès, avez parlé relativement sans filtre,
01:04:09 avec une forme de candeur qui vous honore.
01:04:13 C'est vrai, en effet, si je parlais un peu le langage de mes enfants,
01:04:16 l'objectivité, déso, mais c'est "boring".
01:04:19 Alors, mesdames, messieurs, les jurés, chers publics,
01:04:23 dans quelques instants, l'avocat de la Défense, qui lui est très grassement payé,
01:04:27 il n'est pas commis d'office, va tenter une manœuvre désespérée
01:04:31 pour vous faire croire que le journalisme a encore un avenir.
01:04:33 Mais, soyons sérieux deux secondes.
01:04:37 Essayons d'être un tout petit peu honnêtes avec nous-mêmes.
01:04:39 Essayons de respecter nos propres intuitions.
01:04:42 Bob Woodward, les hommes du président,
01:04:45 la grand-mèche du 20 heures, le journal du soir de référence,
01:04:49 tremper sa plume dans sa plaie.
01:04:51 C'est pas porno, c'est une vraie citation.
01:04:53 Et toutes ces fables pour étudiants en école de journalisme, c'est terminé.
01:04:59 Le journalisme est mort, tout simplement, parce qu'il a fait son temps.
01:05:03 Comme Maître Kouchner, vous pouvez le regretter.
01:05:06 Mais, vous pouvez aussi, comme moi, sabrer le champagne.
01:05:10 L'ère des notables assermentés, no offense,
01:05:13 qui vous explique comment comprendre le monde et quoi penser est révolu.
01:05:18 Dès lors que l'information est partout,
01:05:20 les nouvelles générations n'ont ni besoin ni envie de journalistes.
01:05:25 Elles n'ont que faire de vos maîtres à penser,
01:05:28 qui leur servent de la croissance verte et du néolibéralisme à longueur d'éditos.
01:05:33 Je suis sur France Inter, fais attention à ce que je raconte politiquement.
01:05:36 Oui, alors surtout, vous n'amenez pas de preuves, mais bon.
01:05:38 Ce n'est pas mon but, je ne suis pas journaliste.
01:05:42 J'imagine, Maître, que dans quelques instants,
01:05:44 vous allez nous servir une main sur le cœur, un plaidoyer vibrant
01:05:47 pour le journalisme seul rempart contre les dictatures.
01:05:52 À votre place, en tout cas, c'est ce que je ferai.
01:05:54 Mais la vérité, vous le savez très bien,
01:05:56 c'est que la plupart des journalistes font déjà écrire leurs articles par tchat GPT.
01:06:01 D'ailleurs, vous-même, votre plaidoirie est écrite par tchat GPT.
01:06:06 Bon, voilà, soyons francs, ça fait longtemps
01:06:08 que les journalistes ne trempent plus leurs plumes dans la plaie.
01:06:12 La vérité, c'est qu'on n'a pas besoin de journalistes
01:06:15 pour savoir qu'on vit sur une planète à +4 degrés
01:06:17 ou que les milliardaires sont encore plus riches que l'année d'avant.
01:06:20 D'ailleurs, ça tombe bien, la presse est détenue par les milliardaires.
01:06:25 Qui nous informe en vérité ?
01:06:27 Ce sont les citoyens, ce sont les ONG, ce sont les activistes
01:06:31 qui vivent et qui ressentent les situations.
01:06:35 Le journalisme est mort.
01:06:37 Le journalisme est mort et la meilleure preuve,
01:06:39 c'est que le gouvernement s'est obligé, s'est cru obligé,
01:06:43 de monter des états généraux de l'information
01:06:45 pour nous faire croire qu'il peut encore retarder l'inéluctable.
01:06:49 Ainsi donc, mesdames, messieurs,
01:06:51 après le réarmement industriel, après le réarmement civique
01:06:55 et le réarmement démographique,
01:06:57 voici donc venu le temps du réarmement informationnel.
01:07:01 C'est beau comme un discours de politique générale.
01:07:05 Oui, cher juré, faites votre deuil, faites votre deuil et réjouissez-vous.
01:07:12 Le journalisme est mort. Vive la liberté d'informer.
01:07:15 Vive la fin des frontières entre le peuple et l'information.
01:07:19 Et je dirais même plus, cher Christophe Deloire,
01:07:21 vive l'information sans frontières. Merci.
01:07:25 Bien. Merci au procureur Keller.
01:07:32 Le dernier mot de ce tribunal pour les générations futures est à la Défense.
01:07:36 Alexandre Kouchner, journaliste et éditorialiste du Zbeck Erika,
01:07:40 dans le rôle de l'avocat de la Défense,
01:07:42 c'est à vous, oserais-je dire, qu'on compte sur vous,
01:07:45 dans cette maison, pour défendre le journalisme.
01:07:49 Madame la Présidente, mesdames et messieurs,
01:07:51 les jurés, chers auditeurs, chères auditrices,
01:07:53 publics chéris, mon amour.
01:08:01 T'as une question sur les vaccins ? Demande à Booba,
01:08:04 ce rappeur diplômé en médecine de la fac de Twitter.
01:08:07 Sur le conflit israélo-palestinien, j'ai une source fiable, Poupette Kenza.
01:08:12 Plus d'un million d'abonnés sur Snapchat,
01:08:14 où elle vend un blanchisseur de dents interdit.
01:08:16 Et pour la beauté capillaire, le meilleur, c'est Emerick Lomprey.
01:08:20 Alors, il est pas beau le futur du journalisme,
01:08:23 selon l'influenceur libertarien du prétoire ?
01:08:27 Son réquisitoire n'était qu'une longue fake news,
01:08:30 c'est-à-dire, au fond, un mensonge.
01:08:32 La seule information à retenir, c'est que le procureur
01:08:35 est à la justice, qu'Elon Musk est à la liberté d'expression,
01:08:38 et Francis Lalanne à la vulgarisation scientifique.
01:08:42 Le journalisme est bien vivant.
01:08:45 Demandez donc à Nestlé, François Fillon ou Jérôme Cahuzac,
01:08:49 ce qu'ils en pensent.
01:08:50 Surtout, le journalisme est plus nécessaire que jamais.
01:08:54 Alors, c'est vrai, il y a parfois de l'info sur les réseaux tribaux.
01:08:58 Elle vient de journalistes, comme Paloma Moritz, Le Monde ou France Info,
01:09:02 pour qui c'est un moyen de diffusion, c'est une évolution du journalisme,
01:09:07 pas sa disparition.
01:09:09 Le problème, ignoré par le procureur, c'est que ces plateformes
01:09:12 mettent sur le même niveau l'interview d'un médecin spécialiste en virologie
01:09:17 et les délires d'un urinothérapeute, c'est-à-dire quelqu'un qui vous conseille
01:09:22 de boire votre pipi.
01:09:24 Alors, moi je ne juge pas l'ondinisme du procureur, chacun ses kings,
01:09:29 mais ce qui me rend perplexe, c'est sa complicité avec le conspirationnisme.
01:09:34 Pour le community manager de l'accusation, le média fait le journaliste.
01:09:39 Vous diffusez, vous êtes journaliste.
01:09:41 Mais en fait, si les moyens faisaient le métier,
01:09:45 tous les propriétaires de casseroles seraient des chefs cuisiniers.
01:09:49 Parce qu'en fait, diffuser n'est pas forcément informer.
01:09:53 Et l'information n'est pas un contenu comme un autre.
01:09:56 Sa qualité dépend de sa véracité.
01:09:59 Pour la garantir, Axel Bossard nous l'a rappelé, il faut une méthode et une éthique.
01:10:04 Vérifier les faits, recueillir les témoignages et les recouper
01:10:07 avec une phase contradictoire.
01:10:09 C'est long, ingrat et plus dangereux qu'envoyer un tweet.
01:10:12 Mais c'est ça, le journalisme.
01:10:15 Raconter le réel, brosser le portrait du présent et éclairer nos choix collectifs.
01:10:19 Parce que oui, c'est cool d'expliquer internet à sa grand-mère,
01:10:23 mais il faut aussi lui dire que contrairement à ce qu'elle entend à ses news,
01:10:26 non, c'était pas mieux au temps de Charles Martel,
01:10:29 et non, le dérèglement climatique n'est pas un complot des féminazis
01:10:33 pour déguiser le fait qu'il y ait trop de musulmans dans l'écriture inclusive.
01:10:36 [Applaudissements]
01:10:42 La vérité, c'est que mettre un carteron d'éditorialistes en retraite
01:10:46 autour d'une table pour commenter leur passion triste, c'est pas du journalisme.
01:10:50 Et l'information que nous recevons conditionne notre rapport au monde,
01:10:55 raison pour laquelle Paris Match a été transformée en Centon Magazine.
01:10:58 Il faut donc, sans relâche, défendre le journalisme,
01:11:02 son obsession de la vérité et ses moyens pour la révéler.
01:11:06 Christophe Deloire nous l'a expliqué.
01:11:09 Informer est une nécessité démocratique.
01:11:12 La finalité du journalisme, c'est la liberté des citoyens à exprimer un avis éclairé.
01:11:17 Son contraire, c'est la rumeur, le mensonge et la propagande.
01:11:21 C'est pour ça que les premières victimes des dictatures sont les journaux.
01:11:25 C'est pour ça que 45 journalistes sont morts l'année dernière.
01:11:29 C'est pour ça que le prix Nobel de la paix est allé à Narges Mohammadila,
01:11:34 journaliste et militante pour les droits des femmes, détenue encore à ce jour en Iran.
01:11:39 Et il faudrait dire à ces hommes et ces femmes qu'ils se sont sacrifiés
01:11:43 pour un idéal jugé dépassé par le lafaise des prêtoires qui préfèrent être sur TikTok.
01:11:49 (Applaudissements)
01:11:53 Arrêtez d'attaquer le procureur Keller, concentrez-vous sur votre plaidoirie.
01:11:57 Absolument Madame la Présidente.
01:11:59 Si vous n'aimez pas la vérité, Monsieur le Procureur, n'en dégoûtez pas les autres.
01:12:03 Et surtout pas maintenant.
01:12:05 Car Laurence de Villers nous a averti, les intelligences artificielles génératives
01:12:10 posent un défi inédit à notre capacité à différencier le vrai du faux.
01:12:15 En Argentine, en Slovaquie, aux Etats-Unis, du contenu créé par des IA a été employé dans des campagnes électorales.
01:12:21 Comment voter librement sans personne pour détecter ces manipulations ?
01:12:26 Enquêter, révéler, informer.
01:12:30 La mission du journalisme est plus vitale que jamais face à l'IA.
01:12:34 Voilà ce qui est en jeu ce soir.
01:12:36 Savoir si vous voulez que vos enfants soient informés ou manipulés.
01:12:41 Mais au fond, l'avenir du journalisme, il ne se joue pas que face à l'IA, il se joue aussi face à nous-mêmes.
01:12:47 Dans le fracas du monde, on est tenté de ne plus regarder ce qui nous effraie
01:12:52 et de ne plus écouter que ceux qui pensent déjà comme nous.
01:12:56 La sécession d'avec le réel, le biais comme rapport au monde, la bulle de filtre dans la vraie vie, voilà le danger.
01:13:03 Alors je sais que parfois vous en avez marre des mauvaises nouvelles et que vous soupçonnez aussi les journalistes.
01:13:10 Mais au fond, leur rôle n'est pas de nous réconforter, c'est de nous permettre de comprendre le présent.
01:13:15 Pour nous éviter l'abîme à nous et nos enfants, nous devons accepter qu'on ne peut pas choisir sa réalité,
01:13:21 que l'information ne peut pas être une confirmation et que les faits ne sont pas une opinion.
01:13:27 Et pour cela, nous avons plus que jamais besoin d'une information impartiale, libre et accessible.
01:13:34 Mesdames et messieurs les jurés, cher Jean-Luc, Sarah, Périne, Raphaël, vous tous et toutes qui nous écoutez,
01:13:42 l'obligation de subir nous donne le droit de savoir, le journalisme nous en donne les moyens.
01:13:48 En vous prononçant ce soir, souvenez-vous que la démocratie meurt dans l'obscurité.
01:13:53 Et le verdict que vous allez rendre sera le titre du journal de demain.
01:13:57 Je vous propose, non, nous n'éteindrons pas la lumière. Merci.
01:14:01 Merci Maître Kouchner. L'heure du verdict a sonné.
01:14:09 Je demande maintenant aux quatre jurés qui étaient au premier rang de me suivre pour délibérer.
01:14:13 Nous serons de retour dans deux minutes, en mon absence. Réfléchissez bien, vous, spectateurs, spectatrices,
01:14:19 parlez avec votre voisin, votre voisine, car en cas d'égalité, vous seriez amenés à donner votre voix à l'applaudi-maître.
01:14:27 Ce sera la cinquième voix de ce tribunal pour les générations futures.
01:14:31 A tout de suite, nous partons délibérer.
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01:17:34 (Musique)
01:17:58 Nora Jones sur France Inter, Running.
01:18:02 (Musique)
01:18:04 Le tribunal pour les générations futures, Mathilde Serrène sur France Inter.
01:18:10 Mesdames, Messieurs, ici votre présidente depuis pour très longtemps.
01:18:14 En direct du studio 104 de la Maison de la radio avec le média du futur, Usbeck et Ricard,
01:18:20 notre tribunal pour les générations futures va rendre son verdict après quatre auditions, un réquisitoire, une plaidoirie.
01:18:28 La question "le journalisme est-il mort ?" notre jury a répondu.
01:18:32 Nous sommes entretenus derrière ce rideau avec Jean-Luc, avec Sarah, avec Périne, avec Raphaël,
01:18:40 qui ont voté à quatre voix contre.
01:18:44 Non, le journalisme n'est pas mort.
01:18:48 Voilà le verdict.
01:18:52 Nos jurés ayant précisé que dans le cas de Sarah, elle ambitionnait une carrière dans le journalisme.
01:19:02 Et qu'elle concédait un certain biais dans sa décision.
01:19:06 Les autres jurés ayant témoigné également que d'être présent à la Maison de la radio un mercredi soir au-delà de 20h en famille,
01:19:14 pouvaient éventuellement faire de des personnalités orientées dans leur décision.
01:19:20 En leur foi profonde, qu'ils ont décidé de voter contre.
01:19:24 Non, le journalisme n'est pas mort.
01:19:26 Mesdames, Messieurs, la séance est levée.
01:19:30 (Applaudissements)
01:19:40 J'espère que vous n'êtes pas rancunier, procureur Keller.
01:19:44 Merci infiniment à Usbek Erika pour ce format original.
01:19:50 À la cour donc Thierry Keller, cofondateur d'Usbek Erika, dans le rôle du procureur ce soir.
01:19:54 (Applaudissements)
01:19:58 Alexandre Kouchner, journaliste éditorialiste d'Usbek Erika, dans le rôle de l'avocat de la Défense.
01:20:04 (Applaudissements)
01:20:06 Merci à nos invités, nos témoins, Paloma Moritz, journaliste écologie et société chez Blast France.
01:20:12 (Applaudissements)
01:20:14 Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières et président du forum sur l'information et la démocratie.
01:20:22 Axel Bossard, d'Itasio Experts en social media, fondateur du Media Spotters et chroniqueur chez Mouv.
01:20:30 Que vous entendrez demain matin, enfin, Laurence Devilleur, professeure en informatique appliquée aux sciences sociales à l'université Paris-Sorbonne.
01:20:40 (Applaudissements)
01:20:42 Merci infiniment aux jurés, merci d'avoir joué le jeu, merci au public, aux 104 nombreux.
01:20:50 (Applaudissements)
01:20:54 Merci à nos auditeurs, des millions qui étaient avec nous ce soir.
01:20:58 Merci également à notre dessinatrice Gréfière Coco.
01:21:01 (Applaudissements)
01:21:07 Rendez-vous en ligne pour visualiser ces dessins qui auront bien fait réagir la salle ce soir.
01:21:12 Merci à Frédéric Milano à la réalisation, à la technique, Cédric Chatelus, Antoine Espel, Stéphane Couvenin à la captation vidéo, Camille Garin, François Bory et Clara D'Acosta.
01:21:24 On retrouve Mishka Assaïas pour un Very Good Trip un peu raccourci ce soir. Pardon, Mishka, bonsoir.
01:21:31 Bonsoir, Martine, mais bravo pour votre promotion au titre de présidente, je suis très impressionné.
01:21:35 C'est un peu comme Sandrino, je vais rendre la robe.
01:21:38 Vous avez deux ans et demi encore. J'ai un peu moins d'une demi-heure.
01:21:42 Voilà, alors à bientôt, Mathilde. Ce soir, on a une demi-émission.
01:21:48 On va pas trop traîner, on va entrer dans le vif du sujet avec un trio de musiciens qui, il y a un an et demi, ont carrément mis le feu au festival de Montreux. C'est parti.

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