Après avoir connu une ascension fulgurante, le parti d’extrême droite AfD est devenu la première force politique dans plusieurs régions de l’est de l’Allemagne où il compte y triompher lors de trois scrutins régionaux prévus en 2024.
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00:00 En un mot, l'AFD est devenue une force politique incontournable.
00:04 Le parti pèse aujourd'hui plus de 20% dans les sondages nationaux.
00:14 Il pousse même à plus de 30% dans certaines régions de l'Est de l'Allemagne
00:21 où justement ont lieu des élections au mois de septembre prochain.
00:25 En un mot, l'AFD est devenue une force politique incontournable,
00:29 une formation qui bouscule le jeu politique
00:33 dans le sens où son essor participe à la fragmentation de l'échiquier
00:37 et qui l'oblige les autres partis à former des alliances à plus de partis,
00:42 à trois voire à quatre formations qui, par nature, sont plus difficiles à faire fonctionner.
00:46 Et plus les coalitions ont du mal, plus l'AFD peut alimenter son discours
00:50 sur la faillite supposée des partis établis.
00:53 Il a plus de 90 élus aujourd'hui au Bundestag
00:57 et il utilise clairement le Parlement comme une plateforme pour sa propagande,
01:00 en particulier en séance publique.
01:02 Le travail parlementaire en commission n'est pas vraiment sa priorité.
01:06 Mais au fil de la prise de pouvoir en interne des plus radicaux,
01:09 l'AFD a dérivé toujours plus à droite.
01:11 Les connexions sont multiples avec une mouvance
01:14 qui recherche expressément le renversement des institutions
01:18 ou l'expulsion de millions de personnes d'origine étrangère,
01:21 comme l'a révélé le média correctif dernièrement.
01:24 L'AFD surfe sur l'accumulation de plusieurs crises.
01:31 D'abord, son thème de prédilection, l'immigration, est tout en haut de l'agenda.
01:35 C'est un peu son baromètre, on pourrait dire.
01:36 Après 2015-2016, où il y avait un million de réfugiés qui arrivaient en Allemagne,
01:40 son score dans les sondages avait baissé
01:43 car la thématique n'était plus du tout en haut de l'agenda,
01:47 plus la première préoccupation des Allemands.
01:49 Le thème est revenu et avec lui, l'AFD a repris du poil de la bête.
01:53 Cependant, l'AFD a élargi son jeu.
01:56 Elle mise aussi sur une opposition à la guerre en Ukraine
01:59 en défendant clairement la ligne de Moscou.
02:02 L'AFD capitalise aussi sur les peurs vis-à-vis de la politique climatique
02:08 en les rejetant en bloc.
02:09 La formation d'extrême droite profite des maladresses du gouvernement sur ces sujets,
02:14 par exemple sur le plan Chaudière où aujourd'hui, face à la colère des paysans,
02:18 et plus largement, l'AFD profite de l'impopularité de la coalition d'Olaf Scholz,
02:23 le social-démocrate et le chancelier le plus impopulaire
02:26 depuis la création de la République fédérale.
02:28 Clairement 2024 est une année clé pour l'AFD.
02:35 Le parti vise clairement un gros score pour les Européennes de juin,
02:40 là encore en surfant sur l'impopularité du gouvernement sur la scène nationale.
02:44 Et les élections régionales de septembre pourraient tourner aussi à un encore plus grand succès.
02:48 Les sondages donnent l'AFD gagnant dans les trois länder où vont lieu les élections,
02:53 avec 35 % des voix en Saxe, 31 % en Thuringe et 28 % dans le Brandenbourg.
02:58 Il faut préciser aussi que ces fédérations sont considérées comme particulièrement radicales
03:03 et sont surveillées de près par le renseignement intérieur.
03:05 L'hypothèse est discutée de manière beaucoup plus ouverte depuis les révélations de Corrective.
03:13 Le Média Alternatif avait révélé l'existence d'une rencontre
03:17 entre des responsables de l'AFD et des responsables d'une extrême droite
03:21 beaucoup plus radicale pour discuter d'un plan pour expulser des millions de personnes étrangères
03:25 si l'AFD arrivait au pouvoir.
03:27 Dans ce contexte, la ministre de l'Intérieur Nancy Father n'exclut plus
03:31 une procédure d'interdiction de l'AFD qui doit être lancée par les institutions,
03:34 par le Parlement ou par le gouvernement par exemple.
03:36 Peut-être que les grandes manifestations de ces dernières semaines contre l'AFD
03:40 ont fait réfléchir les responsables politiques allemands.
03:42 Il demeure malgré tout des questions juridiques.
03:45 Interdire un parti qui est à plus de 20% dans les sondages,
03:48 qui pourrait obtenir 30% dans une région, ne va pas de soi.
03:51 De toute façon, c'est une procédure très longue qui pourrait s'étaler sur plusieurs heures d'année.
03:56 Néanmoins, le député conservateur Marko Vandervietz,
03:59 qui est le visage de cette campagne pour demander une interdiction de l'AFD,
04:05 veut attendre la fin du mois de février avant de passer à l'action.
04:09 Fin février, le tribunal administratif de Münster doit rendre une décision
04:15 sur la possibilité de surveiller le parti dans sa globalité par le renseignement intérieur.
04:20 Et M. Vandervietz estime que si le renseignement intérieur obtient cette autorisation,
04:25 alors il aura une fenêtre d'opportunité pour lancer une procédure d'interdiction au Parlement.
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