• il y a 11 mois
Juliette a pour mission de trouver dans les romans classiques ce qui fait écho à l'actualité... qui, souvent, part d’un mot présidentiel. Emmanuel Macron a choisi de parler de “réarmement démographique”, conduisant notre chroniqueuse à relire ce livre de l'écrivaine Lionel Shriver, paru en 2003.

Retrouvez toutes les dramatiques de Juliette Arnaud dans « Le grand dimanche soir » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-juliette-arnaud

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Amusant
Transcription
00:00 Juliette Arnault, vous vous avez pour mission de chercher dans les romans classiques ce qui fait écho à notre actualité.
00:06 Et souvent l'actu, ça part d'un mot du président. Emmanuel Macron a choisi de parler de réarmement démographique.
00:12 Et cela vous a conduit à relire un livre de l'écrivaine américaine Lionel Shriver, le titre "Il faut qu'on parle de Kevin".
00:20 Et oui, et alors pourquoi faut-il qu'on parle de Kevin ?
00:24 On va faire simple, je vais vous lire les premiers mots de la quatrième découverture.
00:28 "À la veille de ses 16 ans, Kevin pénètre dans l'enceinte de son lycée et abat 9 personnes. Point."
00:34 Ça vous rappelle un truc ? Parce que depuis Columbine, en 1999, et ça c'est la vraie vie,
00:40 il y a eu 373 fusillades qui se sont déroulées en milieu scolaire aux Etats-Unis.
00:44 Âge médian des auteurs ? 16 ans.
00:47 Retour à la fiction, ici c'est le point de vue de la mer qu'on va avoir.
00:50 Parce qu'il y a une chose que vous avez sans doute dû remarquer, quand une atrocité est commise, on a besoin d'un coupable.
00:56 Et quand un mot met atroce, c'est toujours la faute de la mère, non ?
01:00 Question rhétorique qui me donne envie de pleurer des larmes de sang.
01:03 "Il faut qu'on parle de Kevin", c'est la phrase que la mère de Kevin a dû dire à son mari, le père de Kevin,
01:09 environ un million de fois depuis la naissance de Kevin.
01:12 Elle pense, cette mère, qu'il y a un problème avec ce gamin depuis sa naissance,
01:17 après 37 heures de travail sans péridural.
01:20 Oui, parce que Eva c'est le genre de femme qui s'est toujours fixée comme ligne de conduite d'affronter ses peurs.
01:25 Donc après 37 heures de travail sans péridural, on lui pose Kevin sur la poitrine,
01:30 et Kevin refuse de téter. La mère ne ressent rien pour lui.
01:34 Ce qu'évidemment elle ne va pas dire, parce que ça c'est un massif tabou civilisationnel,
01:39 à l'heure du réarmement démographique aussi.
01:42 Mais que tous les gens se posent, parents ou pas,
01:45 "Et si l'enfant ne m'aimait pas ? Et si moi je ne l'aimais pas ?"
01:48 Question subsidiaire, "Et si ensuite ce même enfant, même pas devenu adulte, allait en tuer d'autres ?"
01:53 Alors dans le roman, Eva, la mère de Kevin, va repasser ses 16 années en revue.
01:58 Comment sa famille américaine finalement gâtée, blanche, dans une banlieue cossue,
02:03 une maison avec des livres et de la culture dedans, a pu se fracasser de la sorte.
02:07 Eva va le faire avec trois ex, exclusivement son point de vue, de l'exonération et de l'expiation.
02:15 Eva qui a bien voulu faire un enfant parce que surtout elle était folle amoureuse de son mari,
02:19 et parce qu'ex-grande voyageuse, encore un, elle envisageait la maternité, je la cite,
02:25 "comme un nouveau pays étranger à découvrir".
02:28 Et là j'entends Gérard Junior dans ma tête qui dit, "Tu nous la copieras ta banane, Popeye !"
02:33 Reste Kevin, un des personnages selon moi les plus flippants de la fiction,
02:38 parce qu'on peut se prémunir par exemple de Dracula, il suffit d'avoir de l'ail sur soi.
02:42 On peut se prémunir des Gremlins, il ne faut pas leur donner à boire,
02:46 ou d'autres, en évitant par exemple les cadres festifs où le gars est alcoolisé.
02:50 Attendez, on est toujours dans la fiction là, Juju ?
02:52 Non, pardon, je m'égare.
02:55 Eva ne peut pas se prémunir de Kevin parce que c'est son fils.
02:59 Et nous les lectrices et les lecteurs, une fois le livre ouvert,
03:01 quelques troubles ou quelques terreurs que l'on ressente, c'est plié et on veut aller jusqu'au bout.
03:06 D'autant que la quatrième de coup va bon annoncer neuf morts, les comptes y sont pas bons, Kevin ?
03:12 Des morts, il y en a onze. Et je ne vous dirai pas lesquels de plus il y a.
03:16 Merci, bisous, merci.
03:18 Merci Juliette Arion pour cette lecture de "Il faut qu'on parle de Kevin" de Lionel Shriver.
03:27 Et si vous vous apprêtez à coucher les enfants, ça tombe bien parce qu'on s'apprête à vous raconter une jolie histoire,
03:32 en prolongeant celle qui vient de nous être racontée par Juliette,
03:36 dans le petit théâtre du grand dimanche soir où s'installent deux protagonistes, Juliette et Emmerich,
03:43 pour illustrer un autre type de rapport, couple, mère, fils.
03:49 Dans le documentaire "Il faut qu'on parle de Gabriel", nous avons voulu comprendre comment on devient Premier ministre.
03:56 Nous avons interrogé séparément la mère, puis le fils.
04:00 Franchement, à l'origine, on a tout fait comme des parents de gauche.
04:04 Abonné à Télérama, on écoutait Vincent Delerme, à la maison on avait même la biographie complète de Lionel Jospin.
04:11 Ah oui, je me souviens de la biographie de Lionel Jospin.
04:14 J'adorais les passages où il racontait la privatisation de France Télécom,
04:17 la privatisation du Crédit Lyonnais, la privatisation d'Air France, la privatisation...
04:21 Oui, on a compris. Pouvez-vous être plus explicite sur ce qu'est une éducation de gauche ?
04:26 Enfin Lionel Jospin, c'est aussi les 35 heures !
04:29 Ma mère est une feignasse !
04:31 Enfin, baste de Jospin, Gabi a eu une enfance de gauche et heureuse.
04:36 Et puis un soir, je rentre à la maison, il est en train de brûler toutes mes robes !
04:43 Alors, c'était pas des robes, c'était des abayas.
04:45 Et comment ça s'est passé ?
04:48 Alors oui, bien sûr, il était dans une école privée puisqu'il était à l'école alsacienne.
04:52 Mais c'est un endroit laïque et bienveillant, et qui favorise la diversité.
04:56 Bah, je ne l'ai quand même pas allé dans le public, comme ils font les... comment ça s'appelle déjà ?
05:01 Les pauvres ?
05:02 Oui !
05:03 Gabriel a toujours beaucoup aimé l'école.
05:07 L'école ? Je n'ai pas aimé du tout ! J'étais le gauchiste de service, on me s'en nommait Guillaume Meurisse.
05:12 Alors, pour bien montrer que je n'étais pas comme lui, je me lavais tous les jours.
05:17 Je ne suis pas sûre que l'hygiène soit une valeur de droite ou de gauche.
05:22 Ma mère est une hippie !
05:24 Bref, en 2007, les choses me semblaient bien reparties.
05:29 Il avait soutenu Ségolène Royal, et ça c'était une vraie fierté pour nous.
05:33 Ségolène Royal, Ségolène Royal...
05:35 Ah oui, la chroniqueuse de TPMP !
05:37 Oui, je l'ai soutenue ! Quelle histoire, c'est encore ?
05:40 Racontez-nous ce premier engagement politique à gauche.
05:44 Oh, une erreur de jeunesse !
05:46 Vous savez, la vérité d'aujourd'hui...
05:48 La vérité d'aujourd'hui...
05:50 La vérité de...
05:52 La vérité de...
05:54 Perdre sa place.
05:56 C'est en 2016 que tout a dérapé.
06:00 Ma mère est une drama queen !
06:03 Cette année-là, il a adhéré à En Marche.
06:07 J'étais dans mon élément.
06:08 On faisait croire qu'on était de gauche, mais on était de droite.
06:10 Vous comprenez ?
06:11 C'est comme si on fait croire qu'on est des moutons, alors qu'en fait on est des loups.
06:15 Ou alors, c'est comme on fait croire qu'on est des livres, alors en fait on est des guéridons.
06:22 Mon fils est...
06:24 Mon fils est...
06:27 Allez-y, dites-le.
06:29 Mon fils est de droite !
06:31 Un thriller à l'temps, un drame.
06:38 Au revoir sur la chaîne YouTube de France Inter.
06:41 Merci Juliette, merci Emery.
06:43 Avec la participation, vous l'avez reconnue, de Rebecca Manzoni.

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