• il y a 11 mois
Anne Fulda reçoit Colette Maciet pour son livre «Haute couture» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 -Bienvenue à l'heure des livres, Colette Massiais.
00:02 Vous avez passé plus de 50 ans
00:05 à travailler dans la haute couture française
00:08 et vous venez de publier un livre,
00:11 "Haute couture, une vie aux côtés des plus grands couturiers",
00:14 paru chez Michel Lafon,
00:16 qui raconte cette aventure assez extraordinaire
00:19 que vous avez vécue
00:20 depuis votre entrée dans le métier,
00:24 à 14 ans,
00:25 et tous les personnages que vous avez connus.
00:28 C'est un livre, je le précise, qui est préfacé
00:32 par Inès de Lafraissanche.
00:34 En tout cas, quel joli chemin,
00:36 parce que vous commencez à 14 ans
00:38 et vous auriez pu être coiffeuse, d'ailleurs.
00:41 Vous vous entrez par hasard.
00:43 -Parce que ma tante travaillait chez Chanel
00:45 et comme mes parents m'ont demandé
00:48 de choisir entre coiffure ou couture,
00:51 j'ai choisi couture un peu forcée,
00:54 mais je ne regrette pas.
00:56 -Vous commencez, on est en 1960,
00:59 et tout de suite, vous découvrez un monde
01:01 très éloigné du vôtre,
01:03 ne serait-ce que géographiquement.
01:05 Vous êtes près de la place Vendôme, Paris,
01:08 vous habitez à l'époque... -Nanterre.
01:10 -Nanterre.
01:11 Et puis, ce monde de la couture est très particulier.
01:15 C'est un peu comme l'armée,
01:17 tout est très hiérarchisé, codifié, c'est étonnant.
01:20 -Il y en a des passages. -Il y a beaucoup d'étapes.
01:24 -Vous commencez comme apprentie,
01:25 puis vous allez peu à peu gravir les échelons.
01:28 -Assez vite. -Assez vite, d'ailleurs.
01:30 Jusqu'à devenir première d'atelier.
01:32 Qu'est-ce que c'est, une première d'atelier ?
01:35 C'est un peu le Graal. -Tout à fait.
01:37 Et on travaille directement avec le créateur.
01:41 Donc, c'est à nous de transposer
01:45 les croquis en réel.
01:48 Pour moi, c'était les robes.
01:50 Robes de jour, robes cocktail, robes du soir.
01:53 Dieu sait si j'en ai fait beaucoup.
01:56 Et puis, de diriger un atelier d'ouvrières,
02:01 quand vous avez une trentaine de personnes,
02:03 il faut les mener,
02:07 leur indiquer comment il faut faire.
02:10 En général, ce sont de bonnes ouvrières
02:14 qu'on a dans les grandes maisons.
02:16 -Avec un devoir d'exigence assez étonnant.
02:19 Vous commencez chez Chanel.
02:22 A l'époque, Coco Chanel est encore vivante.
02:26 Vous dressez un portrait d'elle, de mademoiselle,
02:29 qui correspond un peu à ce qu'on imagine d'elle.
02:33 Elle n'était pas tendre, c'est le moins qu'on puisse dire.
02:37 -Non, elle n'était pas tendre et elle faisait peur.
02:40 Elle m'a fait peur de longues années,
02:43 mais je pense qu'elle savait ce qu'elle voulait.
02:47 Et on a...
02:49 Avec Coco, on...
02:51 Elle ne faisait pas de croquilles.
02:54 -Elle ne dessinait pas. -Elle ne dessinait pas.
02:57 C'était un travail d'atelier.
02:59 C'est pour ça que j'ai beaucoup appris.
03:02 -Vous racontez qu'elle venait d'ailleurs...
03:05 -Toujours avec ses ciseaux accrochés.
03:07 -Et qu'elle arrivait, qu'elle coupait.
03:09 -Ca m'est arrivé une fois.
03:11 Mon chef m'a dit "Tu vas venir avec moi.
03:14 "On va présenter ta veste à mademoiselle."
03:17 Et quand nous sommes arrivés, elle a éjecté mon chef
03:21 et elle a dit "Je reste avec la petite."
03:23 Et elle a coupé, coupé.
03:26 -Et c'était assez violent.
03:28 Il y a une forme de violence, d'ailleurs,
03:31 dans cet univers, l'air de rien.
03:33 Et d'exaltation, de fièvre, de passion.
03:36 -Et de passion, surtout.
03:38 -Et parfois de violence.
03:40 Après Coco Chanel, vous passez chez Anna et Maury.
03:43 -Oui.
03:44 J'ai appris beaucoup aussi,
03:46 puisque j'ai commencé à faire des toiles,
03:48 d'après des croquis, chose que je n'avais jamais faite.
03:52 Mais ça a été tout de suite. Ca m'a plu tout de suite.
03:55 C'est ma passion, de faire des toiles par rapport aux croquis.
03:59 -Et alors, après cette expérience,
04:02 vous retournez chez Chanel,
04:03 mais sous l'air de Karl Lagerfeld, un personnage lui aussi.
04:07 Il y a Lagerfeld, Hubert de Givenchy,
04:09 monsieur de Givenchy.
04:10 -Et monsieur Saloran.
04:12 -Et monsieur Saloran. Ca, c'est dans votre...
04:15 -Oui. Mon parcours, et...
04:17 Et c'est les plus grands.
04:19 -Oui.
04:20 Avec chacun des particularités,
04:24 le plus courtois et le plus attentionné,
04:26 ça semble être monsieur de Givenchy.
04:28 -Monsieur de Givenchy.
04:30 Et monsieur Saloran. Ils étaient égaux.
04:33 -Extrêmement timides, monsieur Saloran.
04:35 -Monsieur Saloran, oui.
04:37 Peu introverti, mais...
04:40 Il savait bien nous parler.
04:43 -Oui. Ce qui est intéressant, c'est que vous parlez aussi...
04:46 Il y a le rôle spécifique des muses dans la haute couture.
04:49 Il y a Inès de La Fressange, qui connaît l'histoire,
04:52 qui a préfacé ce livre.
04:54 Il y a aussi Loulou de La Falaise, chez Saloran.
04:56 Et puis, il y a les clientes.
04:58 Vous racontez comment Bernadette Chirac,
05:00 qui n'était pas la cliente la plus évidente,
05:03 vous a fait venir à l'Elysée ? -Oui.
05:05 -Vous et tout l'atelier. C'était comment ?
05:08 -Elle était à la Gardenne-Party du 14 juillet.
05:12 Et ça, c'était fabuleux.
05:14 Et puis, moi, malheureusement, j'étais à New York,
05:17 donc je n'ai pas pu, mais elle a invité
05:19 toute la maison de Saint-Laurent à déjeuner.
05:22 C'est formidable.
05:23 -Oui. Il y avait les clientes.
05:25 Vous aviez l'occasion de dessiner et d'avoir le contact...
05:28 -Avec les clientes, de partir en voyage.
05:31 Il faut dire que j'ai fait beaucoup de voyages.
05:33 -Donc, une vie étonnante, riche et passionnante.
05:37 -Oui. -En tout cas, je vous conseille
05:39 de lire "Hautes Coutures".
05:40 C'est un livre qui est paru chez Michel Laffont.
05:43 Merci beaucoup, Colette Wattier.
05:45 C'est passionnant, c'est bien écrit.
05:47 -Merci beaucoup. C'est moi qui vous remercie de m'avoir invitée.
05:51 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
05:54 [SILENCE]

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