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00:00 *Musique*
00:23 Hollywood n'est plus ce qu'il était.
00:25 Columbia déjà été racheté par les japonais de Sony.
00:28 Et bien cette fois c'est un groupe européen qui attaque.
00:31 Pathé veut racheter la MGM, la fameuse métro Goldwyn Mayer, celle du lion.
00:35 Waouh !
00:37 Comme ça. C'est l'association des deux plus vieux cinémas,
00:40 des deux plus vieux noms du cinéma mondial.
00:41 Tout le monde en a parlé à retrouver Hervé Claude chez lui,
00:47 en bord de mer, dans le Morbihan.
00:49 Bonjour !
00:51 Bienvenue dans mon repère breton. Venez, je vais vous montrer.
00:53 Alors on traverse la maison.
00:56 Et on est directement sur la Ria en fait, parce que c'est une Ria, c'est pas vraiment la mer.
01:01 C'est la mer, l'océan qui remonte dans la terre.
01:05 On a l'avantage d'être au bord de la mer vraiment,
01:08 et de pas avoir quand même les violences de tempête de l'océan.
01:12 C'est quand même beaucoup plus calme et beaucoup plus doux, notamment quand le vent souffle.
01:16 Mais en revanche c'est quand même la mer, juste au bout du jardin.
01:18 Et tous les matins, direction la plage, à seulement quelques kilomètres de là,
01:24 le temps pour Hervé d'éveiller son corps et son esprit.
01:27 On va beaucoup sur les plages, marcher, se baigner l'été bien sûr.
01:34 Sans compter les virées qu'on fait plus loin.
01:36 Il y a des tas de choses à voir dans la région.
01:37 Le matin, quand je manque un peu d'inspiration,
01:48 eh bien je viens ici, je marche le long de la plage, je marche le long des dunes,
01:51 et ça revient, et je reviens à la maison pour travailler.
01:54 Ce que ça m'apporte pour l'écriture au fond, c'est plus un apaisement.
01:57 C'est-à-dire qu'en fait, quand je suis assis à ma table de travail le matin,
02:00 je suis un peu énervé, je ne trouve pas mes idées,
02:02 je n'ai pas envie vraiment d'écrire, etc.
02:04 Alors je prends ma voiture, je file ici, et je marche sur la plage.
02:06 Et là tout d'un coup, ça m'apaise.
02:08 Je me sens bien, les idées reviennent.
02:10 Quand je rentre à la maison, je suis plus calmé, et j'ai des idées.
02:20 Et c'est donc apaisé et inspiré que l'ancien journaliste-présentateur
02:24 du journal télévisé de France 2 peut retourner à son travail d'écrivain
02:27 et à son 17e roman.
02:29 Là, on arrive dans mon bureau.
02:31 Ici, avec une vue sur l'arrière, et c'est ici que je travaille.
02:37 Voilà.
02:38 C'est ici que j'écris.
02:43 En général, j'écris à la main.
02:45 Ça, voilà ce que j'ai fait un peu cet été.
02:48 Une fois que j'ai écrit à la main, que le travail est à peu près fini correctement,
02:53 je le dicte à mon ordinateur avec un logiciel de reconnaissance vocale.
02:57 Et c'est très agréable parce que ça fait une lecture à haute voix.
02:59 Je suis très inspiré par les lieux, dans ma mémoire, etc.
03:02 J'aime beaucoup voyager.
03:04 Donc souvent, mes livres sont partis ailleurs, sont partis voyager.
03:07 Mais j'ai fait deux romans qui se passaient en Bretagne,
03:08 qui se passaient ici, dans cette maison d'ailleurs.
03:10 La première fois que je suis parti en Australie, j'ai eu une idée de roman noir.
03:13 J'avais écrit d'autres romans, mais cette fois, j'ai eu envie d'écrire un roman noir.
03:17 Je l'ai fait, je l'ai donné à la série Noir, ils me l'ont pris en huit jours.
03:19 Alors je me suis dit, un, l'Australie m'inspire, ça va servir de cadre à mes romans.
03:24 En plus, ça plaît aux éditeurs et aux lecteurs apparemment.
03:26 Et deux, comme ça, il faut que je retourne en Australie régulièrement, ce que j'ai fait.
03:29 L'Australie est désormais son deuxième port d'attache, où il passe tous ses hivers.
03:36 Ses romans s'inspirent de ce pays et de sa culture, qu'il connaît parfaitement.
03:42 Maintenant, on va aller faire un petit tour à vélo.
03:46 C'est chaque jour obligatoire, à l'heure du déjeuner, comme ça, il n'y a personne sur les routes, c'est très bien.
03:50 Je prends mon petit vélo et j'y vais.
03:52 Moi, ça me détend l'esprit, c'est-à-dire que, effectivement, c'est plutôt le besoin physique.
04:11 Après l'écriture, on est resté à sa table à se creuser la tête et à s'ennuyer parfois aussi un petit peu.
04:18 Après, une bonne détente, une bonne suée sur le vélo, ça, ça fait le plus grand bien.
04:22 De retour chez lui, il retrouve son compagnon, Mathej, sculpteur.
04:28 Deuxième partie de la maison, c'est par là.
04:31 Dont il partage la vie depuis plus de 20 ans et qui a son atelier dans la maison.
04:34 Tu es en train de travailler ou pas ?
04:37 On vient de voir.
04:39 On a chacun notre lieu, notre espace.
04:44 Bien sûr qu'à la fin, on se retrouve et on discute pas mal.
04:49 De notre travail.
04:50 Mais on a chacun notre espace.
04:54 Donc, par exemple, le matin, on ne se voit pas du tout.
04:56 On se voit exactement le soir.
04:58 Le matin et le soir, oui, ça, c'est très bien.
05:02 Mais ce n'est pas celle que tu avais exposée chez Clara ?
05:04 Celle que tu avais exposée chez Clara, c'était complètement différent.
05:08 Allez, on va boire un petit coup.
05:09 Désormais loin des plateaux de télé parisiens,
05:12 Hervé Claude peut aujourd'hui vivre sa vie en toute sérénité.
05:15 Et maintenant, la lumière se rallume sur Hervé Claude.
05:26 Hervé, bienvenue sur le plateau de Tout le Monde à Parler.
05:28 Vous êtes né le 19 novembre 1945 à Paris.
05:33 Exact.
05:33 Père Laurin.
05:34 Oui.
05:35 Directeur commercial chez Unilever.
05:37 Mère bretonne.
05:38 Oui.
05:39 Père Laurin, mère bretonne, comme Victor Hugo.
05:41 Alors, femme au foyer avec cinq enfants, ça se comprend.
05:45 Oui.
05:45 Et vos parents s'étaient rencontrés pendant la guerre à Paris, en fait.
05:48 Exactement, oui, absolument, oui.
05:50 Alors, famille catholique, sans histoire.
05:53 D'ailleurs, enfance un petit peu ennuyeuse.
05:55 Oui, ennuyeuse, c'est vrai.
05:56 Mais quand je réfléchis, c'est quand même une enfance,
05:58 pas protégée, mais c'est une enfance formidable.
06:01 Oui.
06:01 Parce que j'ai eu, on m'a donné toutes les cartes en main, je veux dire.
06:04 Ça, c'est formidable.
06:05 Vous dites quand même, j'étais impatient de passer autre chose.
06:07 Oui, c'est vrai.
06:08 Je m'ennuyais.
06:09 Je m'ennuyais terriblement au lycée.
06:10 Je n'étais pas mauvais, mais je m'emmerdais, quoi.
06:12 Heureusement, il y a les grandes vacances en Bretagne.
06:15 Là, tous les ans, vos parents louent une maison à Rottenheuf, près de Saint-Malo.
06:19 Et là, il y a la voile.
06:20 Ah oui, ça, ça a beaucoup compté.
06:22 C'est-à-dire que, pareil, nos parents étaient très sympas.
06:24 Ils n'étaient pas très fortunés, mais ils nous ont acheté un bateau dès qu'ils ont pu.
06:27 Et on a commencé à naviguer.
06:28 Et moi, évidemment, le virus m'a pris.
06:30 Et j'ai fait beaucoup, beaucoup de compétitions pendant 12-13 ans.
06:32 Au final, en équipe de France, quand même.
06:33 Oui, j'étais jusqu'en équipe de France.
06:35 On a préparé les Jeux Olympiques.
06:36 Oui, pas mal.
06:37 Alors, scolarité dans les lycées Montaigne et Louis-le-Grand.
06:42 Aucun souvenir vraiment marquant, sauf ce prof de français,
06:46 qui vous donne le goût de la lecture en vous obligeant à lire les classiques.
06:49 Oui, mon seul regret, c'est que je ne me souviens pas de son nom.
06:51 Mais à part ça, oui, c'était en seconde.
06:53 Et c'est vrai qu'il nous a fait lire toutes les semaines.
06:55 Il fallait qu'on lise un classique.
06:56 Ça allait de Gobineau à Morrois, etc.
07:00 Donc vraiment, ça m'a donné le goût de la lecture.
07:03 Ça vous a aidé plus tard.
07:05 Ah bah oui.
07:06 Ensuite, science éco et science po, pas mal.
07:09 Mais pas d'école de journalisme,
07:10 parce que vous n'avez pas de vocation particulière à l'époque.
07:12 Dans mon milieu, le milieu de mes parents,
07:14 on ne connaissait pas du tout les journalistes.
07:16 Donc on ne savait même pas comment il fallait faire pour être journaliste.
07:18 Donc ça ne m'était pas venu à l'esprit.
07:20 Mais sinon, j'étais un dévoreur de journaux depuis tout petit.
07:23 - Alors vous voulez écrire, et finalement, la façon la plus simple d'écrire, c'est le journalisme.
07:27 Le problème, c'est que vous ne connaissez personne.
07:29 - Voilà, c'est ça.
07:30 Et en fait, ce qui s'est passé, c'est que je travaillais l'été,
07:34 comme beaucoup d'étudiants, etc.
07:36 Et j'ai travaillé à l'INSEE.
07:37 Et j'ai rencontré l'attaché de presse de l'INSEE,
07:39 qui était un ancien journaliste,
07:40 et qui m'a envoyé voir des copains à lui,
07:43 pour voir si ça pouvait marcher, etc.
07:45 Et il m'a envoyé un jour voir le fameux Gabriel Aranda.
07:48 - Ah mais c'est celui de la feuille d'impôt de Chabannes-Delmas.
07:49 - Voilà, exactement, oui.
07:50 Mais qui était à l'époque, à la fois,
07:52 chef du service économique à la deuxième chaîne,
07:55 à l'époque, ça ne s'appelait même pas Antenne 2,
07:57 et qui était chef du service économique d'un journal qui s'appelait "L'Actualité",
08:00 où j'ai commencé à travailler.
08:01 - Et c'est quoi, "L'Actualité" ?
08:02 - C'était un magazine qui était dirigé par Paul-Marie de Lagorre.
08:05 C'était un hebdo qui n'a pas tellement marché.
08:07 C'était un hebdo un peu gaulliste de gauche.
08:09 - Oui. - C'était... Voilà.
08:10 - Très éphémère, oui.
08:11 - Très éphémère, mais j'ai rencontré plein de gens,
08:13 y compris François Scramer, qui est devenu ma femme.
08:15 - Absolument. - Voilà.
08:16 - Alors, ensuite, France Inter, vous êtes rentré comment à France Inter ?
08:19 - Alors, c'est pareil.
08:20 C'est-à-dire qu'entre-temps, j'ai fait mon service militaire,
08:21 je l'ai fait Boîtagnon-Joyville, puisque je faisais de la voile,
08:23 j'avais une compétition.
08:24 Et puis après, quand je suis revenu,
08:25 eh ben, je suis retourné voir tous les journalistes que j'avais connus
08:28 dans ma première période.
08:29 J'ai eu une proposition à Inter, j'ai eu une proposition à la télé,
08:31 j'ai choisi plutôt la radio, ça me plaisait plus, a priori.
08:34 La télé, c'était...
08:36 Enfin, c'était pas le tout début,
08:38 mais on se rendait pas compte vraiment de ce que ça donnait.
08:41 - Le 1er janvier 1975, vous entrez en Antenne 2.
08:44 - Ouais. - Comment ?
08:45 - Alors, ça, c'est l'explosion de l'ORTF à l'époque.
08:49 Giscard a fait exploser l'ORTF dans les différentes sociétés,
08:52 et il se trouve que les chaînes de télé avaient envie de renouveler les visages,
08:56 mais ils n'avaient pas le droit de piocher hors du vivier de l'ORTF.
08:59 Et donc, tous ceux qui étaient à France Inter à l'époque,
09:01 Gilles Dass, Poivre d'Arvor, Amar, Benyamin, Toussaint,
09:05 ils étaient tous passés à la télé à ce moment-là.
09:06 La plupart sont passés à la une, et moi, je suis passé à la quinte.
09:10 - Alors là, c'est quand même la célébrité.
09:11 Vous faites le journal pendant pratiquement une quinzaine d'années.
09:14 Quelles ont été les réactions de votre entourage
09:16 quand on vous a vu présenter le journal télévisé ?
09:19 Vos parents, par exemple. - Ouais, mes parents.
09:21 Enfin, je sais pas si ça les bluffait vraiment.
09:22 Je crois qu'ils étaient contents pour moi, c'était bien,
09:24 ils étaient sympas, mais c'était pas extraordinaire, quoi.
09:27 Je pense que, pour faire un petit saut dans l'avenir après,
09:29 ils ont été beaucoup plus bluffés le jour où je suis passé à Postrophe,
09:32 avec Toulo par exemple.
09:33 Mais voilà, ça, ça les a un peu bluffés, puis ils étaient vraiment fiers.
09:36 Mais autrement, le journal, bon, j'étais journaliste, quoi, bon, voilà.
09:39 - Avec les médias, vous avez jamais eu de problème ?
09:41 Vous avez toujours été très bien traité par les supports professionnels ?
09:44 - Presque très bien.
09:45 De temps en temps, j'ai eu quelques méchantes réactions.
09:50 Par exemple, je me souviens d'un jour, c'était drôle,
09:52 parce que j'avais un interview de marché aux 20h,
09:53 puis c'était à l'époque où il était passé ses vacances chez Chaochescu.
09:56 Alors évidemment, j'avais eu quelques questions un peu pointues dans l'interview,
10:00 et notamment, je lui avais coupé la parole, on était passé à autre chose,
10:03 et j'avais eu le droit à la une de rouge avec les grossiers de l'écran.
10:06 - Ouf ! - Sympathique !
10:07 - Bon titre, en même temps ! - Oui, en plus !
10:09 - Question argent, vous n'avez pas gagné beaucoup d'argent, à l'époque ?
10:12 - Pas mal quand même ! Enfin, je veux dire, je n'ai pas gagné beaucoup d'argent,
10:14 ce n'est pas... J'ai eu un salaire qui a progressé,
10:16 mais c'est vrai que le jour où on fait le 20h,
10:18 on devient le salaire le plus important de la rédaction, c'est clair.
10:21 Donc ce qui fait d'ailleurs souvent une petite... - Césure.
10:24 - Une petite césure avec les autres, parfois, etc. Voilà.
10:26 Mais autrement, oui, c'était le service public, quand même,
10:29 donc ce n'était pas non plus les tarifs de TF1, aujourd'hui.
10:31 - Vous n'avez pas mis de l'argent de côté pour plus tard, disons !
10:33 - Pas trop, non. - Pas trop, non.
10:35 Alors, question amour, en 1976,
10:37 vous divorcez de la journaliste Françoise Kramer.
10:40 - Oui. - En fait, vous êtes gay,
10:42 mais vous n'êtes jamais de coming out, c'est-à-dire, vous dites,
10:45 "Dans cette démarche, il y a la volonté d'avouer,
10:48 je trouve ça terrible, c'est comme l'affaire Lewinsky."
10:51 C'est-à-dire, cette philosophie de l'aveu à l'anglo-saxon,
10:53 ce n'est pas votre truc. - Ah non, je déteste ça !
10:55 Et puis en plus, je pense qu'il y a un autre élément,
10:57 c'est-à-dire, enfin, je ne sais pas comment ça se passe chez les Américains,
10:59 ils sont plus souvent dans le placard.
11:00 Moi, je n'ai jamais été dans le placard, je veux dire.
11:02 - Oui, dans les rédactions où vous travaillez, tout le monde le savait, en fait.
11:04 - Ben voilà, j'ai vécu avec Françoise,
11:06 après, bon, je suis passé à autre chose,
11:08 mais dans les rédactions ou mes amis, tout le monde savait avec qui je vivais.
11:11 - Oui, vous ne vous cachiez pas. - Donc, j'ai jamais caché quoi que ce soit.
11:13 On ne m'a jamais non plus posé directement la question, donc voilà.
11:16 - Et après, quand on a lu vos bouquins, c'est devenu très clair.
11:20 - Ah ben, c'est devenu plus clair.
11:21 Alors, à ce moment-là, on m'en parle plus, effectivement. - Oui, évidemment.
11:24 Enfin, en 2009, quand même, dans Libération,
11:25 vous avez annoncé que vous étiez paxé avec Mathéi Négréanu,
11:28 qui est un sculpteur sur verre.
11:29 - Ben voilà, au fur et à mesure, on est plus souvent ensemble.
11:33 Ça fait 22 ans qu'on est ensemble maintenant, donc voilà, on ne va pas...
11:36 - On peut vous croiser ensemble.
11:38 Alors, quel a été le meilleur moment de cette époque du journal télévisé sur Antenne 2 ?
11:43 - Ce qui est formidable toujours, c'est les rencontres, même très brèves,
11:45 qu'on peut avoir trois minutes d'interview avec des personnages assez exceptionnels,
11:49 de Barbara Hendrix à des hommes politiques,
11:51 le président de la République, le Premier ministre, etc.
11:52 Ça, c'est vraiment des moments forts, si vous voulez.
11:55 Mais finalement, je trouve que c'est austère, le journal.
11:58 Donc, les vrais moments de télé où je me suis amusé,
12:00 c'est parfois quand on allait chanter chez Drucker, en bande, avec...
12:04 avec Zabel et Holz, ou des trucs comme ça, qu'on a fait souvent, d'ailleurs.
12:07 Je passais dans un tas d'émissions.
12:08 Donc, ça, ça m'apparaît être des moments de bonheur
12:10 par rapport à la difficulté, le travail, même enthousiasmement qu'on faisait au journal.
12:15 - Il y a quand même eu un moment marrant, c'est un jour en fin de journal,
12:18 où le réalisateur ne coupe pas le plateau,
12:21 vous savez plus quoi faire et vous cachez sous le bureau.
12:23 C'est quand même très marrant, ça.
12:24 - C'était amusant parce que j'avais vu ça dans un film américain.
12:27 C'était un film à sketch.
12:28 Et bon, j'ai pas voulu le refaire exactement,
12:30 mais c'est vrai que j'ai senti que le générique ne partait pas.
12:32 Et je me trouvais à l'antenne,
12:33 et il n'y a rien de plus bête que de fermer son stylo, etc.
12:36 Et donc, j'ai dit à mon assistante, qui était derrière la caméra,
12:40 je lui ai dit "chiche" que je dise sous le bureau.
12:42 Elle m'a dit "pas cap", et évidemment, je l'ai fait.
12:45 - On en parle encore.
12:46 - Mais on en parle encore, c'est ça qui est fou.
12:47 J'ai fait le journal pendant presque 20 ans.
12:49 - On vous parle de ça.
12:50 - On repasse cette séquence.
12:52 - Oui, oui.
12:53 Quel a été le pire moment de cette époque ?
12:55 - Moi, j'ai pas beaucoup de mauvais souvenirs,
12:57 puis je les efface vite.
12:58 Mais à la réflexion, je me suis dit qu'il y en avait un
13:00 qui était quand même vraiment pas bien.
13:01 Ça a été au moment de la guerre du Golfe.
13:03 Parce qu'au moment de la guerre du Golfe,
13:04 là, je faisais le 20h, on faisait des émissions spéciales, etc.
13:07 Et d'abord, on avait très, très peu d'informations,
13:09 et on s'est aperçus très vite, on les a sentis très vite.
13:11 D'abord, c'était très anxiogène par rapport à ce qu'on montrait, etc.
13:14 Et ensuite, on se faisait manipuler complètement
13:16 par l'information américaine.
13:17 Et là, on a eu tout su, je crois,
13:18 un sentiment vraiment très désagréable.
13:20 - Oui.
13:21 Et là, après 20 ans de maison, en 1995,
13:24 Jean-Pierre Elkabach vous vire.
13:26 Mais pourquoi ?
13:28 - Il faudrait lui demander, je sais pas.
13:30 - Ah oui ? - Non.
13:31 - Il a mis qui à la place ?
13:33 - Qui avait à l'époque ? Bruno, mais qui Bruno Mazur,
13:35 mais qui faisait déjà le journal, je sais plus, je sais...
13:37 Bon, voilà.
13:38 Et si après, il y a eu Étienne Lénard aussi, oui, voilà.
13:41 - C'est vrai qu'il avait plus de pression possible
13:43 sur Étienne Lénard que sur vous, quand même.
13:45 - C'est possible, oui.
13:46 Puis moi, je l'avais connu dans une autre vie, Jean-Pierre Elkabach,
13:48 puisqu'il avait été notre rédacteur en chef entre 77 et 81,
13:51 et que ça s'était très mal passé aussi.
13:53 Pas seulement pour moi.
13:54 - Donc, il vous vire.
13:55 Ensuite, vous allez sur Arte, sur Forum Planète.
13:58 Sur France 2, vous reviendrez pour faire Agapé.
14:00 - Oui. - Excellente émission.
14:02 - Merci.
14:03 - Enfin, vous ne serez plus jamais exposé médiatiquement
14:05 comme vous l'avez été au moment du journal.
14:07 - Non, j'ai presque envie de dire tant mieux, d'ailleurs.
14:09 - Vous n'êtes pas nostalgique de ça ?
14:10 - Pas de la notoriété, non.
14:12 Je peux être nostalgique parfois de certaines choses.
14:14 Par exemple, c'est vrai que quand j'arrive sur un plateau de télé,
14:16 comme ici, l'ambiance de télé, les caméras qui tournent,
14:20 la préparation, même s'il faut attendre et tout,
14:22 je trouve ça sympa.
14:23 Et encore, ce dont je serais un peu plus nostalgique,
14:26 c'est le travail collectif à la rédaction.
14:28 Par exemple, les conférences de rédaction de 15h30,
14:31 c'est quand même un souvenir formidable.
14:32 Et de temps en temps, je me dis,
14:33 "Ah, quand il y a un événement politique, j'aimerais y être."
14:35 D'ailleurs, quand je suis passé à Arte, il y a eu le 11 septembre,
14:38 et ce jour-là, comme je faisais les thémas,
14:40 mais je ne faisais pas de l'actualité quotidienne,
14:42 je me suis retrouvé sans rédaction.
14:44 En plus, la rédaction était à Strasbourg, moi j'étais à Paris,
14:46 et je n'avais pas de rédaction où aller pour vivre l'événement,
14:49 avec les autres journalistes, travailler s'il fallait, etc.
14:51 Là, je me suis senti frustré.
14:53 - C'est ça qui vous manquait.
14:54 Vous avez de la rancune contre Jean-Pierre Elkabache, par exemple ?
14:56 - N'en parlons pas.
14:58 - Oui. D'accord.
15:00 - Inutile.
15:01 - Alors, si c'était à refaire, votre vie,
15:03 qu'est-ce que vous ne referiez pas pareil, Hervé ?
15:06 - Eh bien, je crois...
15:07 Non, franchement, je crois que presque tout, quoi.
15:09 À part une ou deux petites... Mais c'est de l'anecdote.
15:12 - Le jour où vous allez mourir,
15:13 qu'est-ce que vous voulez qu'on marque sur votre tombe ?
15:15 - J'ai envie de dire "choisis ta vie".
15:17 - Oui.
15:18 - Je trouve que c'est...
15:20 Moi, j'ai choisi ma vie, il me semble, dans tous les domaines,
15:22 que ce soit professionnel, affectif, amoureux, etc.
15:25 Et... Bon, alors, évidemment, il y a aussi "saisis ta chance",
15:28 parce qu'il faut avoir ces chances-là, je les ai eues,
15:30 mais à un moment, il faut savoir choisir sa vie
15:33 et être... se débarrasser des contraintes sociales, familiales et autres.
15:37 - Merci, Hervé. Je suis très heureux de rallumer la lumière sur vous. Merci.
15:40 - Merci, Thierry.
15:41 - Et pour être sûr de ne rien rater de Inalarditube,
15:44 abonnez-vous et mettez un pouce bleu.
15:46 !