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Reportage - 1978 -
Marius Trésor en liberté -
Mars/Avril 1978 -
Comm FRA

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Sport
Transcription
00:00 Marie-Euse Trésor, la classe à l'état pur, l'un des plus doués de sa génération.
00:10 À 27 ans, cette athlétique guadeloupéenne de 1m82 fait les beaux jours de l'Olympique de Marseille,
00:25 mais aussi et surtout ceux de l'équipe de France. Qu'ils soient en attaque ou en défense,
00:30 ces jaillissements, ces sursauts apportent ce deuxième souffle tant recherché dans les moments
00:35 difficiles. Considéré comme l'un des meilleurs libéraux du monde, sa seule présence physique,
00:40 son sens du placement et la sûreté de ses tacles offrent une telle sécurité que bon nombre
00:46 d'attaquants réputés n'ont pu tromper sa vigilance. Mais cette aisance souvent insolente n'empêche
00:53 pourtant pas Trésor d'être parfois soufflé.
00:56 J'ai toujours peur de mal faire. Bon, disons, j'ai quand même à l'entraînement appris à
01:10 tacler d'abord en regardant faire, par les journaux, en regardant les gestes de Caïbel et
01:18 en me basant sur un gars comme Charles Alfred. Et en plus des jaillissements, je crois que comme
01:25 je suis assez véloce de nature, ça me permet quand même de récupérer des mauvais placements ou des
01:33 fautes commises auparavant. Mais je crois qu'avant chaque match, on a quand même toujours peur que
01:39 ça se passe pas comme on le veut.
01:40 Est-ce que vous êtes superstitieux, Marius Trésor?
01:48 Superstitieux, non. Disons qu'on prend des habitudes et si on arrive à gagner avec ces
01:58 habitudes, on essaie de les conserver. Avec l'équipe de France, quand on joue au Parc des
02:02 Princes, je me suis toujours mis dans le coin, donc dans un coin des vestiaires et c'est une
02:09 place que je garde. Mais de nature, je ne suis pas superstitieux.
02:12 Marius Trésor, quel est le joueur qui vous a fait la plus forte impression au cours de votre carrière?
02:16 Au cours de ma carrière, le joueur qui m'a fait la plus grosse impression, ça a été Gerd Müller,
02:22 parce que c'est l'attaquant, je crois, qui m'a donné le plus de travail. Et surtout,
02:28 j'ai apprécié aussi un gars comme Franz De Cambera.
02:31 Si vos capacités physiques, votre sens du football, ne vous avaient pas conduit à devenir
02:34 l'un des meilleurs libéraux du monde, quel poste auriez-vous souhaité jouer?
02:38 Dix ans avant d'être défenseur, j'ai quand même joué à l'attaquant et j'étais venu à
02:45 Jackson pour jouer au poste d'avant-centre. Et c'est au cours de l'entraînement que j'ai
02:51 discuté avec l'entraîneur qui était Muro et je lui ai dit je ne pense pas que je pourrais
02:57 continuer à ce poste. Comme j'avais joué quand même stopper, est-ce qu'il pouvait
03:04 m'essayer à cette place? Et c'est là qu'il a vu que j'avais des qualités. C'est comme ça que
03:08 je suis devenu défenseur. Quel a été le meilleur moment que vous avez vécu au cours
03:12 de cette brillante carrière qui n'est pas terminée? J'en ai eu quelques quelques bonnes
03:19 quand même. Mon premier titre avec l'Olympique de Marseille qui a été la victoire en Coupe
03:24 de France contre Lyon.
03:37 Il y a eu la qualification de la Coupe du Monde. Je crois que des deux, franchement,
03:46 celle-là c'est la plus importante. Et le but qui vous a marqué, celui dont tu te souviens
03:51 toujours? Je me rappellerai toujours du but que j'ai marqué contre le Brésil à Maracana. Pas
03:59 parce que c'est moi qui l'avais marqué mais je crois que ça permettait à l'équipe de France
04:03 d'obtenir un résultat au Maracana devant 150 000 personnes. Je crois que c'est quelque chose qui marque.
04:28 Mon rôle de capitaine en équipe de France, je crois qu'il est très limité parce que
04:34 je ne vois pas exactement ce que je peux apprendre à des joueurs comme Platini, Guillaume ou
04:40 autres ou Battnay. Mon rôle de capitaine résiste surtout à essayer de remonter le moral de
04:48 l'équipe en cas de coup dur et surtout d'essayer de faire respecter les consignes que nous
04:54 donne Michel Hidalgo.
04:55 Vous êtes confronté tous les jours avec la gloire, avec la renommée, est-ce que c'est gênant?
05:01 C'est assez gênant, on me dit non qu'on finit par s'y habituer. Quand je suis arrivé à Marseille,
05:08 la plupart du temps j'avais quand même peur au départ de descendre de ma voiture. Tout ce que
05:13 j'avais à faire je le faisais en voiture. Bon maintenant c'est devenu quand même une habitude
05:19 parce que quand on arrive au stade la plupart du temps il y a des gosses qui nous attendent.
05:24 Donc maintenant je suis un peu moins timide qu'avant et tout ça je crois que c'est quand même
05:30 grâce au football.
05:31 Le seul moment détente de Marius Trésor en famille avec son fils Thierry et son épouse Maggie.
05:40 L'argent c'est important?
05:47 Oui l'argent c'est quand même important parce que c'est la base de tout. Je crois qu'actuellement
05:55 dans le monde dans lequel on est, sans argent je ne vois vraiment pas ce qu'on peut faire.
06:01 Le métier que j'ai c'est un métier avec une durée très limitée. On a au maximum une dizaine,
06:10 une quinzaine d'années devant nous. Donc nous tout ce qu'on essaie de faire avec nos qualités
06:16 c'est de ramasser le maximum d'argent pour permettre une vie un peu plus aisée à la fin de notre carrière, à notre famille.
06:25 Pensez-vous qu'il soit raisonnable de payer si cher certains footballeurs?
06:29 Au départ je pense pas que ce soit les joueurs qui demandent cette somme. Automatiquement il y a toujours
06:35 une surenchère qui se passe au niveau des clubs, des présidents et je suis passé par là parce que
06:43 pour venir d'Ajaccio à Marseille j'avais quand même Nice et Paris FC qui étaient sur les rangs.
06:50 Et finalement Marseille ils ont été obligés de faire de la surenchère pour m'avoir. Donc je crois que
06:55 le mal du football français actuellement au point de vue argent, les déficits qu'il y a dans les clubs,
07:02 je crois que c'est les dirigeants qui l'ont voulu.
07:06 Au delà des offres alléchantes qui influenceront la fin de sa carrière, Marius Trésor n'a pour l'heure qu'un seul but.
07:13 Être prêt pour l'Argentine et montrer que le football français a les capacités de briller en Coupe du Monde.
07:22 Je crois que dans la vie d'un footballeur c'est quand même quelque chose de très important.
07:29 Surtout que ça faisait quand même 12 ans que l'équipe de France n'avait pas participé.
07:33 Et le fait de faire partie de cette équipe, pour moi c'est quelque chose d'extraordinaire.
07:41 Et j'espère que l'équipe de France essaiera de continuer dans la voie qu'elle s'est tracée
07:50 et obtiendra les meilleurs résultats possibles en Argentine.
07:53 - Il est là, ça va, Gospel ! - Oh, tout le monde !
07:56 - Au 421 ! - Au 421 !
07:59 - On a l'air niais au 421 ! - 421 !
08:02 [Musique]