• il y a 11 mois
Depuis plus d'une semaine, la colère gronde dans le monde agricole. Mauvaise rémunération, concurrence jugée déloyale et des normes environnementales trop lourdes font en partie que les agriculteurs se retrouvent à sillonner et bloquer les routes de France pour obtenir gain de cause. Les exploitants veulent principalement bloquer les grandes villes mais aussi le marché de Rungis, le plus grand marché de produits frais d'Europe. Quelles mesures le gouvernement pourrait apporter pour calmer la colère des agriculteurs?

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 - Et nous accueillons Jérôme Despes, premier vice-président de la FNSEA.
00:08 Vous êtes vous-même viticulteur à Saint-Génie-des-Mourgues, c'est dans l'héros.
00:12 Merci d'être avec nous ce matin.
00:13 On a beaucoup de questions à vous poser après la réunion d'hier soir à Matignon
00:16 entre la FNSEA et les jeunes agriculteurs.
00:18 Ça a duré plus de trois heures et personne ne s'est exprimé à la sortie de cette réunion.
00:21 Donc on attend vos réponses.
00:23 Mais d'abord, un détour par le convoi de tracteurs du loté Garonne.
00:28 Vous avez suivi depuis ce matin dans première édition ce convoi qui s'est retrouvé bloqué sur l'autoroute A20
00:32 par trois escadrons de gendarmes mobiles déployés pour empêcher le convoi d'avancer.
00:37 Qu'à cela ne tienne, les tracteurs ont abaissé des glissières de sécurité de l'autoroute
00:40 et sont partis sur les départementales et les nationales parallèles.
00:44 Et on le voit, l'eau rabat.
00:45 Et le convoi poursuit sa route en direction de Rungis, quitte à rallonger un peu le chemin.
00:49 - Oui, exactement. Le convoi est reparti il y a quelques minutes.
00:56 Nous sommes au niveau de Saint-Sulpice-les-Feuilles, sur la départementale 220 pour être tout à fait exact.
01:01 Alors on roule à 40 km/h direction Rungis dans le tracteur de Thomas qui nous accueille depuis ce matin.
01:08 Alors pour rappel, le convoi a été bloqué une première fois à 6h30 sur l'autoroute par les forces de l'ordre.
01:17 Les agriculteurs ont donc décidé de contourner le barrage, le blocage,
01:22 en abaissant la barrière de sécurité de l'autoroute pour prendre les routes parallèles.
01:27 Alors évidemment, nous sommes passés avec Thomas par des départementales, par des petites routes de campagne.
01:32 Il y avait un deuxième sur le rond-point forces de l'ordre qui était mobilisé.
01:39 Cette fois, ils nous ont laissé passer.
01:42 Ça a ralenti un petit peu le convoi qui vient de repartir toujours en direction de Rungis, comme je le disais.
01:48 Et nous sommes avec Thomas. Thomas, quelle est la stratégie ?
01:52 La stratégie c'est coûte que coûte de faire les objectifs qu'on avait prévus de faire avant notre départ d'Agen à la connexion du Graal,
01:57 c'est de monter à Rungis.
01:59 On sait pertinemment qu'on aura d'autres barrages, on en a évité ce matin dans le calme.
02:03 Mais là on est sur la route, on sait pertinemment qu'il y en aura d'autres et on ne sait pas comment ça va se passer.
02:07 On va garder notre calme et on verra bien ce qu'on fera sur le moment venu.
02:10 Depuis tout à l'heure, c'est un peu le jeu du chat et la souris avec les forces de l'ordre.
02:13 Quel est l'état d'esprit après ces différents blocages ?
02:16 L'état d'esprit, pour le moment on reste calme, on a la pression qui monte, on commence à bouillonner.
02:21 On va rester calme malgré tout et on va réfléchir sur le moment venu et savoir ce qu'on fait.
02:27 Mais coûte que coûte, on prendra la route, de toute façon on montera en haut, ça c'est clair et net.
02:30 Merci Thomas. Nous restons avec vous en direct pour suivre les événements.
02:35 En tout cas, ils peuvent compter sur le soutien de la population.
02:38 Les premiers levées sont déjà venus klaxonner les agriculteurs pour les soutenir.
02:42 Je vous dis qu'on revoit d'ailleurs ces images de Dorine Jarniastre.
02:45 C'était juste avant 7h quand il y a eu ce face-à-face entre les tracteurs de la coordination rurale de l'ONU
02:53 et puis les forces de l'ordre, les gendarmes que l'on devine à l'horizon.
02:57 Trois escadrons de gendarmes.
02:59 Ce n'est pas votre syndicat Jérôme Despé puisque vous êtes le premier vice-président de la FNSEA.
03:03 Mais est-ce que vous êtes choqué par la présence aussi proche des forces de l'ordre ?
03:08 Le gouvernement a fixé des lignes rouges.
03:11 Ce que nous voulons, nous, éviter c'est la confrontation.
03:14 Parce que depuis le début du mouvement, on le voit, on discute avec les gendarmes, la police et puis nos concitoyens.
03:22 C'était utile que les gendarmes mobiles soient là sur l'autoroute A20 à quelques 400 km de rue ?
03:26 Nous avons fait en tous les cas le choix de ne pas aller à la confrontation.
03:30 Il y a eu des lignes rouges.
03:32 La coordination rurale non plus d'ailleurs.
03:34 Non plus. Il y a eu des lignes rouges qui ont été fixées.
03:36 Nous, notre choix, ça a été présent avec le réseau de la FNSEA, d'être présent sur l'ensemble de nos territoires
03:40 avec des actions démonstratrices.
03:43 On le voit à l'entrée de Paris, on le voit à Lyon.
03:45 Il y a plus de 80 départements qui seront en action.
03:48 C'est des blocages, mais c'est pour nous un élément important
03:51 pour que le gouvernement passe aux actes.
03:55 Je crois que ça dure beaucoup trop.
03:56 Mais vous actez en fait une sorte de fracture syndicale ce matin,
03:59 puisque déjà hier soir, la coordination rurale n'était pas invitée à Matignon.
04:02 C'est vous et les jeunes agriculteurs qui ont été reçus pendant près de trois heures par Gabriel Attal.
04:07 La coordination rurale n'était pas autour de la table.
04:09 Et ce matin, vous dites "oui, à un moment, la coordination rurale monte avec ces tracteurs,
04:13 il y a une ligne rouge qui a été fixée, elle est franchie, c'est normal que les gendarmes soient déployés".
04:18 Écoutez, je ne vais pas rentrer dans les éléments syndicales.
04:21 Vous savez, moi ce qui est...
04:22 Mais c'est important la solidarité entre les agriculteurs.
04:24 Mais moi, ce qui est important, c'est la réponse qui sera apportée aux agriculteurs.
04:27 Voilà, chacun a ses types d'actions.
04:29 Nous, nous avons décidé de faire des blocages, de faire des actions sur l'ensemble du territoire.
04:34 C'est important ce qui se passe en termes de nombre d'agriculteurs qui seront donc mobilisés.
04:39 Ce que nous attendons maintenant, c'est que le Premier ministre...
04:43 Nous avons porté plus de 120 revendications.
04:46 Ça dure parce que je pense que le changement de logiciel que nous attendons du gouvernement n'est pas là.
04:55 Ce qu'attendent les agriculteurs...
04:56 D'accord. Allons dans le concret, M. Despes.
04:57 Trois heures hier passées face au Premier ministre.
05:00 Est-ce que vous avez eu des réponses aux questions, aux demandes que vous avez formulées ?
05:04 Pas pour l'instant.
05:05 Très bien.
05:06 Mais pendant trois heures, ils vous ont dit...
05:08 Vos représentants sont sortis en vous disant "il n'y a pas d'avancée".
05:12 Nos présidents discutent. La négociation est toujours en cours.
05:16 La rémunération, on en parle beaucoup.
05:18 Prenons les thèmes dans l'ordre. La rémunération.
05:19 La rémunération. Très clairement, aujourd'hui, le prix payé aux producteurs n'est pas là.
05:24 C'est le sujet de la pleine application des états généraux de l'alimentation.
05:27 Et éviter que les industriels, la grande distribution, détournent les états généraux de l'alimentation.
05:34 Ça passe par des contrôles, ça passe par permettre au niveau européen d'éviter des contournements.
05:40 Parce que qu'est-ce qui se passe ?
05:41 Le prix payé aux producteurs est toujours le prix au plus bas.
05:44 Où va la marge chez les industriels, chez la distribution,
05:48 alors que les états généraux de l'alimentation étaient faits pour permettre de ne pas avoir de négociation de la matière première.
05:55 Donc ça, c'est un élément qui est capital.
05:57 Ça faisait déjà partie des annonces de vendredi.
06:00 Donc là, il n'y a pas réellement d'avancée sur ce point.
06:03 Il n'y a pas besoin d'une nouvelle loi, il suffit d'appliquer la loi.
06:06 On nous dit qu'il y a trois distributeurs ou industriels qui vont se faire pénaliser.
06:11 Vous les connaissez, vous ?
06:13 Oui, on les connaît.
06:14 Ça arrive.
06:16 Quelles sont les sommes au vu des infractions qui ont été posées ?
06:22 Comment ils vont être sanctionnés ?
06:24 Voilà, c'est ce qu'on attend.
06:25 Et puis les contrôles, ce n'est pas 100 contrôleurs qui vont faire changer les choses.
06:29 Bigard sanctionné, Malot sanctionné, les yaourts.
06:32 Mais sur la rémunération et les contrôles, Arnaud Rousseau vous a dit en quittant la réunion de matinée hier,
06:38 nous n'avons pas eu des réponses.
06:39 Oui ou non ?
06:40 Il y a des discussions.
06:42 Tout n'est pas aujourd'hui satisfaisant.
06:45 La négociation continue.
06:47 On parle des surtranspositions.
06:49 Donc là-dessus ?
06:50 On n'a pas eu de réponse sur les transpositions.
06:53 Il n'y a pas de réponse sur les surtranspositions ?
06:55 Non, il n'y a pas de surtransposition sur les contraintes environnementales.
06:59 Nous avons des contraintes qui sont de plus en plus importantes dans nombreux secteurs de production.
07:04 On peut parler de la viticulture, des fruits et légumes, des grandes cultures, de l'élevage.
07:08 Ce sont des surtranspositions auxquelles aujourd'hui on veut les arrêter.
07:12 Pourquoi ?
07:13 Parce qu'un tiers de notre alimentation est importée.
07:16 On nous importe des produits qui ne sont pas produits dans les mêmes conditions qu'exigés aux producteurs français.
07:23 Il y a des accords internationaux où on nous fait des promesses.
07:27 Restons sur la réunion de matinée.
07:29 Votre représentant est sorti en vous disant qu'on n'a avancé sur rien ?
07:34 Non. Arnaud Rousseau comme Arnaud Gaillot, des jeunes agriculteurs, nous ont dit que le compte n'y est pas.
07:40 Nous continuons les discussions.
07:42 Il y a des enjeux de l'immédiateté.
07:44 Je pense à l'élevage en particulier qui attend des mesures fiscales et sociales.
07:48 On n'y est pas.
07:49 J'attends pour le secteur viticole.
07:51 Je suis aussi viticulteur depuis deux mois.
07:53 Des mesures de trésorerie et des mesures structurelles.
07:57 On n'y est pas.
07:59 Continuer les discussions, ça veut dire que les discussions se poursuivent ce matin ?
08:03 Il y a des discussions qui sont menées sur les 120 propositions que nous avons faites.
08:08 Nous espérons que le Premier ministre va évoquer un certain nombre de sujets.
08:13 Il y a le président de la République qui ira prochainement, jeudi, auprès de la Commission européenne.
08:20 On parle de souveraineté alimentaire, mais les 4 % de jachères, de non-production au moment où on a des importations d'Ukraine et d'autres pays, affaiblissent notre souveraineté.
08:32 On connaît la position de la France.
08:34 La France est contre le traité avec le Mercosur.
08:36 Elle est contre les 4 % de jachères.
08:38 Elle est contre les barrières douanières allégées pour les Ukrainiens.
08:40 Cela fait des années que nous entendons cela.
08:43 Concrètement, il n'y a rien qui ne change.
08:45 Quand je parle de changement de logiciel, c'est ça.
08:48 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on veut des actes concrets parce qu'on veut redonner de la compétitivité.
08:54 On veut une ambition de notre agriculture structurelle.
08:59 On ne veut pas uniquement des paroles.
09:02 Ce n'est pas possible sur les normes environnementales qu'on est en train de délapider le secteur des fruits et légumes,
09:08 que le secteur de la volaille est dans une situation comme le porc et comme la viande bovine,
09:13 qui est désastreuse par des importations qui arrivent massivement.
09:18 Pendant ce temps, on nous dit qu'il faut encore plus de contraintes.
09:21 Il faut laver plus blanc que blanc.
09:23 Vous voudriez rétablir l'usage de certains pesticides et revenir sur certaines interdictions de produits phytosanitaires
09:29 au risque de revenir à une agriculture sale, comme disent les écologistes ?
09:34 Nous avons l'agriculture la plus propre.
09:37 Il faut voir toutes les démarches que nous avons faites dans les certifications environnementales, dans l'agriculture biologique.
09:43 Ce que nous voulons, c'est avoir les mêmes règles au niveau européen.
09:47 On parle des causes-miroirs au niveau européen.
09:50 Pourquoi ces causes-miroirs ne sont pas appliquées ?
09:52 Pourquoi on importe des produits qui ne sont pas produits dans les mêmes conditions que les nôtres ?
09:57 Qu'est-ce qui se passe ?
09:59 C'est le déménagement de l'agriculture.
10:01 Qu'est-ce qu'on dit aux jeunes agriculteurs sur la transmission ?
10:05 On parle d'une loi, mais est-ce qu'on veut réellement encore des jeunes agriculteurs ?
10:09 Il faut vraiment bien sûr développer cette ambition pour pouvoir préserver des jeunes agriculteurs,
10:17 pour aller à la compétitivité de l'agriculture et préserver nos potentiels de production.
10:21 Jérôme Despé, vous avez une toute petite question à poser à Dominique Schellcher, le patron de Super U,
10:25 qui est dans un instant l'invité d'Apolline de Malherbe.
10:27 Très vite !
10:29 Très vite qu'on mette tout sur la table et que sur les marges, ils nous disent exactement ce qui va à la distribution,
10:34 ce qui va aux industriels, parce que les agriculteurs, aujourd'hui, le prix, nous ne l'avons pas.

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