Karine Le Marchand, présentatrice de "L'amour est dans le pré", apporte son soutien aux agriculteurs et leur apporte des croissants sur le blocage de l'A4.
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00:00 Écoutez avec plaisir, c'est venu comme ça. Je pense que beaucoup d'entre vous devinent que c'est pas fin, mon attachement à votre corporation.
00:14 Moi, je suis petite fille de commerçant et je pense qu'il y a des ponts qui sont palpables entre les commerçants et les agriculteurs.
00:22 C'est-à-dire que quand l'année commence, on ne sait pas comment on va la finir. On ne sait pas de quoi, finalement, on va vivre.
00:28 Et cette espèce de précarité, cette passion du travail bien fait, je crois que je la partage.
00:33 Alors quand j'ai vu ce mouvement naître, alors d'abord avec les pancartes à l'envers.
00:39 Et il y a Benjamin ici, qui est un ancien de l'Amour et dans le Pré. Et on est une famille avec les anciens.
00:44 Et donc j'ai vu naître le mouvement. Évidemment qu'on était solidaires. Et j'ai dit comme ça.
00:50 Si vous venez à Paris, vous allez voir qu'on saura vous accueillir. Et quand j'ai vu que vous arriviez à Paris,
00:56 je me suis dit, j'ai qu'une parole. Donc on va les accueillir. Et hier matin, j'étais dans le Sud.
01:03 J'ai une maison que je retape. Et je me disais en me levant, mais en fait, j'aimerais trouver un symbole
01:08 pour montrer l'affection que la population a envers vous. Parce que ça, c'est vrai qu'on ne le dit pas toujours.
01:14 Mais je crois que s'il y a un mouvement, si ce mouvement est particulier, c'est peut-être que vous ressentez
01:21 que cette fois-ci, les Français sont avec vous. Alors oui, il y en a qui vont râler parce que vous bloquez
01:27 les routes et que ça va être compliqué pour aller travailler. Bon, maintenant, après le confinement,
01:31 le télétravail, c'est plus simple. Donc c'est quand même plus facile. Mais c'est vrai qu'il y a des gens
01:35 qui vont râler. Mais si vous réussissez à avoir un mouvement dur, pérenne, sans violence,
01:42 vous ferez la différence avec tous les autres mouvements. Et je peux vous dire que les Français,
01:46 ils ont compris. Ils vous soutiennent. J'ai fait une story hier pour dire voilà s'il y a des boulangers
01:51 qui veulent nous donner des croissants pour amener demain. Je veux dire, c'est rien quand même.
01:56 Mais les boulangers, ils sont pas richissimes. J'ai eu énormément de messages. Il y en a qui sont même
02:01 venus ici à Moto. Il y a Daniel. Je sais pas où il est, Daniel. Il faut qu'il lève le bras.
02:05 Mais Daniel, il est venu tout de suite de Boulogne. Il y a un restaurateur qui est venu aussi là aujourd'hui,
02:13 qui fait café aussi, Restaurant Alexandre. On est passé dans une boulangerie dans le 16e arrondissement.
02:19 Après, de toute façon, j'avais plus de place sur les motos. Donc on s'est arrêté à 300 croissants.
02:22 Et voilà. Mais c'était pour vous dire que les gens savent que sans vous, on va perdre la souveraineté alimentaire,
02:29 comme on dit. Moi, je sais que les normes sont pas les mêmes en Europe par rapport à la France.
02:35 Je sais que l'agriculture française, elle est de très bonne qualité par rapport à d'autres pays étrangers
02:41 et que c'est maintenant qu'on est en grand danger. J'ai produit un documentaire qui a eu énormément de succès.
02:47 Je sais pas si vous l'avez vu, mais en novembre de l'année dernière, Famille de paysans.
02:52 Et je crois qu'on a compris votre détresse. Et on a compris aussi que malgré tout, c'est les politiques qui décident
03:01 et que vous avez eu beau vous battre et faire des mouvements de protestation, ils n'ont jamais été entendus.
03:07 Et donc aujourd'hui, il faut qu'ils soient entendus. Il faut qu'on ait effectivement des décisions qui sont concrètes.
03:13 Aujourd'hui, quand on achète une fringue, un tee-shirt, on ne peut pas payer dans un magasin un tee-shirt en dessous du prix de fabrication.
03:21 Ce n'est pas normal que ce que vous produisez ne soit pas de la même façon reconnu et qu'on puisse casser les prix d'achat du producteur
03:30 pour faire des promos, etc. Et je pense, c'est ce que j'ai dit, je pense que les promotions d'aujourd'hui dans les supermarchés
03:37 sont le cimetière de nos frigos de demain. Donc moi, en tant que maman, en tant que femme, en tant que citoyenne,
03:43 je pense que les citoyens ont beaucoup à faire pour se rendre compte de ça et pour changer nos usages.
03:50 Mais il va falloir aussi faire appliquer la loi. Il va falloir que, voilà, en tout cas, je suis à votre côté.
03:55 Vous pouvez compter sur moi pour diffuser une parole si vous en avez besoin. Les Français aussi sont à vos côtés.
04:02 Ils ne savent pas forcément toujours bien l'exprimer. Mais j'espère être le porte-parole d'eux. Il y a aussi ici Nicolas Chaban
04:09 qui fait une chose extraordinaire avec une entreprise qui s'appelle... C'est pas une entreprise, il va me tuer.
04:13 C'est une association de consommateurs qui s'appelle C'est qui le patron ? qui a réussi à sauver des centaines de familles
04:20 d'agriculteurs, notamment de laitiers, de la misère et qui a compris qu'en ajoutant quelques centimes de lait
04:30 au prix de la brique quand on l'achète, on sauve la vie des agriculteurs. Donc voilà, il suffit de diffuser aussi ce message-là.
04:39 On ne peut pas tout attendre des autorités européennes ou des autorités françaises. Les régions peuvent aussi intervenir.
04:44 Et nous, consommateurs, on a des choses à faire. Donc voilà. Écoutez, bon courage. Voilà.
04:53 Et j'espère que vous n'êtes pas trop intolérant au gluten. C'est vrai que je n'ai pas pensé aux agriculteurs intolérants au gluten
04:58 en apportant mes croissants. Désolée.
05:00 On va laisser les croissants. On en a apporté à peu près 300. Et si jamais... Oui, je voulais dire aussi.
05:20 Bon, moi, je suis venue sur la 4. Je pense que le mouvement va durer à peu près au moins 4 jours. Deux semaines ?
05:28 Bon, même deux semaines. De toute façon, si ça apporte ses fruits, on s'en fout.
05:32 Moi, je ne peux pas. Demain, je fais les grosses têtes et vous écoutez les grosses têtes. Alors s'il vous plaît.
05:36 Je ne peux pas me couper en deux. Mais si les gens nous écoutent qui sont boulangers... Les grosses têtes ici,
05:44 mais ça ne dépend pas que de moi quand même. On va demander à RTL. Tiens, tiens, il est là, Dirkhom d'RTL.
05:51 Emmanuel, il est là. Tu peux nous organiser des grosses têtes ici ? Ce serait trop bien.
06:00 Ah là là, ce serait trop bien. Parce qu'ils nous écoutent tous. On est d'accord ? Vous écoutez tous sur le tracteur ou pas ?
06:06 Voilà. Eh bien, si tu vois, ce serait normal que RTL se délocalise pour faire les grosses têtes ici.
06:12 Ce serait super symboliquement. On va essayer. Il faut le temps de l'organiser. Mais on va essayer.
06:20 Qu'est-ce que je voulais vous dire ? Si les gens nous regardent là et qui sont boulangers et qui ont envie d'aider,
06:26 on peut faire un mouvement. Le croissant paysan. Pourquoi le croissant ? Je vous dis en deux mots.
06:32 Pourquoi le croissant ? Le croissant, c'est fait avec de la farine française, avec du beurre, donc du lait français.
06:41 Donc le croissant, de nos fiertés du petit déjeuner, ça peut être vraiment en danger.
06:45 Ensuite, c'est né d'une fronde. Le croissant, en fait, c'est la viennoiserie. Ça venait de Vienne.
06:51 Mais ça ne ressemblait pas à ça. Et un jour, les Parisiens ont décidé de faire de la viennoiserie parce qu'ils en avaient marre
06:58 de payer des taxes sur le sel. Donc ils se sont dit qu'est-ce que je peux fabriquer qui se vendra aussi bien,
07:03 mais où je ne paierai pas ma taxe. Donc je trouve que c'est quand même fort aussi. Ensuite, pour ceux qui ont déjà voyagé
07:10 à l'étranger, souvent, on se lève le matin, on va dans notre hôtel, on se dit « Tiens, je vais faire un petit croissant ».
07:14 Les croissants à l'étranger, c'est dégueulasse. Les trucs, tout le monde dirait des brioches avec du sucre glacé.
07:19 C'est dégueulasse. Et souvent, on se dit « Quand on va rentrer en France, on va pouvoir se faire un bon petit croissant ».
07:24 Ensuite, j'ai eu beaucoup de messages. Un croissant, ça se vend 1,20 €. Et souvent, ce qu'on aime faire,
07:30 c'est offrir un croissant à nos enfants le dimanche, on va à la boulangerie. Vous, vous êtes une corporation,
07:35 le dimanche, vous êtes au Turbin, vous n'allez pas à la boulangerie et vous n'avez pas forcément les moyens
07:39 de racheter un croissant à 1,20 € à chacun de vos enfants. Donc, je trouve qu'à travers ce symbole du croissant paysan,
07:47 c'était vous rendre hommage et vous dire que les Parisiens aussi vous aiment à travers ce qui fait notre fierté à nous.
07:53 Donc voilà. Donc si vous, qui nous regardez, vous avez une boulangerie, vous avez 20 croissants, 30 croissants,
08:00 je ne sais pas, allez sur les points de blocage et lancez ce petit mouvement. Réappropriez-vous ça.
08:07 Je n'ai pas trouvé autre chose, il y a peut-être d'autres histoires à trouver, j'en sais rien, mais apportez-leur votre soutien
08:12 et puis un petit peu de douceur, ça ne fait pas de mal. Voilà.
08:16 — Alors, juste deux mots pour rebondir. Aujourd'hui, les agriculteurs, ils peuvent attendre de ta part des preuves d'amour.
08:25 Sans jeu de mots. Mais ils n'en ont pas besoin, ou au moins que tu l'organises.
08:31 Mais ils n'ont pas besoin de preuves d'amour du gouvernement. Le gouvernement, on a besoin de preuves concrètes sur le terrain.
08:38 Et le message qui peut rejoindre toutes nos revendications aujourd'hui de tous les agriculteurs ici en Île-de-France
08:45 mais partout en France, c'est qu'on veut vivre de notre métier. On veut vivre dignement de notre métier.
08:51 Et on veut retrouver la fierté de produire une alimentation à nos concitoyens. Donc pour les preuves d'amour ou pour l'organiser,
09:00 on compte sur toi. Mais pour le concret, on compte sur le gouvernement. Et on n'a pas besoin de preuves d'amour
09:05 comme nous l'a fait le Premier ministre vendredi soir. Et pour tenir demain matin ton plateau, ici, tu sais qu'on est totalement organisés.
09:12 On a des groupes électrogènes. On a une tente. On a de l'eau. On a les toilettes. On a tout ce qu'il faut.
09:17 On a les barbecues. On a des omelettes, des cochons à la broche. Tout est là. Donc on est prêts à vous accueillir ici
09:24 demain matin et à mettre tout en œuvre pour que tout se passe ici.
09:28 Ce qui va faire la différence, c'est pas seulement les décisions politiques. Elles sont importantes. C'est évident.
09:33 Mais c'est aussi l'attitude des consommateurs. C'est-à-dire qu'à un moment donné, quand on est dans son magasin...
09:40 Je parle pas de la population la plus pauvre qui vit des aides, qui regarde au centime près ce qu'elle va acheter
09:47 parce qu'elle peut pas nourrir ses enfants. Ceux-là, on va pas en parler parce que ça sert à rien. Ils sont dans une survie.
09:53 Je parle à beaucoup de Français qui comptent, c'est vrai, dans son porte-monnaie, mais qui n'ont pas réalisé
10:00 qu'en mettant un centime ou deux de plus seulement, eh bien, elles pouvaient sauver la vie des agriculteurs français.
10:09 Et donc il faut aussi qu'il y ait une prise de conscience des supermarchés, ça c'est sûr, mais aussi des consommateurs.
10:16 Et qu'on regarde nos étiquettes, qu'on arrive à identifier les étiquettes pour se dire
10:22 « Est-ce que si j'achète cette endive-là, le producteur qui est derrière cette endive a été bien rémunéré ? »
10:27 Ou est-ce que ce sont des endives qu'on a achetées en Italie, ramassées par des Marocains, payées une misère,
10:37 dans des conditions humaines catastrophiques, mais qui ne sont pas vérifiées ? Et ça, il va falloir qu'on l'identifie
10:43 et que les consommateurs arrivent facilement à l'identifier pour faire leur choix. Parce qu'il y a un sondage qui est sorti
10:48 il n'y a pas longtemps. Les Français vous aiment, les Français sont inquiets aussi de manger à long terme
10:54 des bons produits français, mais ne savent pas le reconnaître. Souvent, il y a même des tricheries dans les étiquetages,
10:59 vous le savez mieux que moi. Donc la filière, elle n'est pas transparente. Donc je pense qu'il faut aussi se battre,
11:04 non pas sur, oui, la facilité des administratives, je sais que vous n'en pouvez plus, etc.
11:09 Oui, évidemment, la reconnaissance aussi. Je pense qu'un hommage, pas un hommage national, parce que vous n'êtes pas morts,
11:14 mais un hommage des décideurs qui vous remercient de ce que vous faites comme travail, ça, ce serait bien.
11:21 Mais mettons même ça de côté, il va falloir aussi que tous les Français puissent avoir accès à la transparence.
11:30 Et grâce à la transparence, on pourra choisir, quand on est dans notre supermarché, entre une endive comme ci,
11:36 une endive comme ça, il faut qu'on puisse identifier. Et je peux vous dire que les Français choisiront la bonne endive française. Voilà.
11:43 *bruit de clavier*