Charles Fournier, Député d'Indre-et-Loire
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00:00 Générique
00:02 ...
00:07 -Bonsoir.
00:08 Bienvenue pour ce nouvel invité de la rédaction sur TV Tour,
00:12 Val de Loire.
00:13 Élu député de Tour l'an dernier, l'écologiste Charles Fournier
00:16 n'hésite pas à prendre position sur des faits d'actualité.
00:20 On en parle avec lui ce soir.
00:21 -Bonsoir.
00:22 -Soyez le bienvenu sur notre plateau.
00:25 L'actualité du moment, c'est la grogne des agriculteurs.
00:28 La gauche soutient généralement leur combat,
00:30 pourtant pendant longtemps.
00:32 Les agriculteurs ont dénoncé un agribashing,
00:35 notamment à l'utilisation des produits phytosanitaires.
00:38 On doit comprendre que vos positions ont changé ?
00:41 -Non, pas du tout.
00:42 Je crois que les mots des agriculteurs,
00:45 aujourd'hui, sont des problématiques de revenus,
00:48 une concurrence déloyale, un marché libéral.
00:51 Et l'existence de ce marché, c'est les choix des politiques
00:54 de celles et ceux qui étaient en responsabilité
00:57 dans la Réunion, c'est les accords de libre-échange
01:00 avec la Nouvelle-Zélande, les accords de libre-échange
01:03 dans le cadre du Mercosur.
01:05 C'est tout ça qui organise la déréglementation
01:07 du contexte dans lequel travaillent les paysans
01:10 et qui ont des revenus très faibles.
01:12 On parle de 20 % d'agriculteurs
01:14 qui vivraient en deçà du seuil de pauvreté,
01:17 on parle de plus de suicides dans cette catégorie
01:20 que dans le reste de la population.
01:22 Je crois que cet enjeu-là passe par une agriculture
01:25 qui passe et que la transition écologique n'est pas un poids,
01:28 elle doit être un donner les moyens aux paysans
01:31 de retrouver des revenus décents, une qualité,
01:33 évidemment, nous consommateurs aussi.
01:36 Sauf qu'aujourd'hui, on organise une concurrence
01:38 qui est à leur détriment.
01:40 Je crois que nous sommes des alliés des agriculteurs,
01:43 nous avons besoin de débats, de discuter.
01:46 Nous ne sommes pas des alliés du patron de la FNSEA
01:48 qui, lui, est à la tête d'un groupe
01:50 qui fait 14 milliards de chiffres d'affaires chaque année,
01:54 comme Nouvelle-Zélande.
01:55 Là, non, nous ne sommes pas alliés.
01:57 Mais des agriculteurs, oui, depuis longtemps,
02:00 et nous continuerons de l'être.
02:02 J'ai amené un petit document.
02:04 Nous sommes pour une agriculture et les gens et du vivant.
02:07 Une agriculture humaine, du vivant,
02:09 je crois que c'est possible et à ce prix-là,
02:12 qu'elle continue d'exister.
02:13 -Il y a de l'humain derrière. -Bien sûr.
02:16 Et je voudrais dire, il y a une question d'emploi.
02:19 On a vécu un grand plan social dans l'agriculture.
02:22 On a formé des emplois en ayant des exploitations
02:24 toujours plus grandes, avec moins de personnes pour travailler.
02:28 Je suis pour qu'on ait une PAC qui soit liée au nombre d'emplois,
02:31 qui ne soit pas liée au nombre d'hectares seulement
02:34 et qui encourage l'emploi agricole, la qualité de vie agricole.
02:37 Il faut dire aux agriculteurs que nous serons à leur côté,
02:41 qu'il y a des transformations à faire,
02:43 mais il faut que les moyens de la PAC les aident.
02:45 Je donne un exemple d'une expérience en Italie qui existe.
02:49 Des cultivateurs de maïs payent à peu près 40 euros
02:52 par hectare de pesticides.
02:53 En gros, c'est à peu près entre 5 et 7 % de la surface seulement
02:57 qui peut être attaquée par des insectes,
03:00 et on utilise pour ça aussi des insecticides pour l'éviter.
03:04 Si on transformait ces 40 euros en une assurance collective,
03:07 on n'aurait pas besoin de dépenser 40 euros
03:10 pour mettre des entrants.
03:12 Par contre, on aurait un système qui garantirait aux paysans,
03:15 en cas de difficulté, leur récolte et leur revenu.
03:18 -C'est le rôle du député de faire remonter ces idées ?
03:21 -Bien sûr.
03:22 Ca ne se joue pas qu'à notre échelle,
03:24 mais aussi à l'échelle européenne.
03:27 Il y a bientôt des élections.
03:28 J'ai pas longtemps été visiter des fermes.
03:31 On a apporté ce programme de mesures
03:33 pour une agriculture du vivant et des gens.
03:35 Je me suis déplacé.
03:37 On a organisé un débat à tour avec des paysans,
03:39 sur ma mobilisation auprès des agriculteurs.
03:42 Cet après-midi, il y avait un débat avec la FNSEA.
03:45 Je ne pouvais pas y aller,
03:47 mais je me suis engagé à pouvoir les rencontrer
03:49 et à débattre avec eux et les syndicats agricoles.
03:52 -On parlait de produits phytosanitaires.
03:54 On va parler polluants.
03:56 Vous avez donné hier une conférence de presse.
03:59 Les résultats d'une étude que vous avez menée,
04:01 vous vous êtes fait tester par rapport aux polluants éternels.
04:05 Qu'est-ce que c'est ?
04:06 -Les polluants éternels, les PFAS,
04:08 sont des polluants qui allient des molécules de fluor et de carbone.
04:12 Pourquoi cet alliage ?
04:13 Parce qu'il est très résistant à la chaleur.
04:16 Ils sont imperméables, ils résistent à tous les procédés
04:19 qui sont utilisés dans l'industrie.
04:21 On les retrouve dans notre vie quotidienne,
04:24 dans les emballages alimentaires,
04:25 dans les poêles Tefal ou autres marques qui ont du teflon.
04:29 -Tout le teflon quand il chauffe.
04:31 -Ce sont du PFAS.
04:32 Dans vos vêtements pour courir, imperméabilisants,
04:35 on en retrouve partout.
04:36 Ils ont deux problématiques.
04:38 A la fois, ils sont très résistants dans le temps,
04:41 d'où on les appelle les polluants persistants, voire éternels,
04:45 mais ils sont aussi très volatiles.
04:47 Ils se déplacent partout.
04:48 Aujourd'hui, nous avons une pollution généralisée.
04:51 Ce sujet est connu depuis les années 60 aux Etats-Unis.
04:54 Il arrive dans notre pays, on commence à prendre la mesure.
04:58 J'ai été testé avec 14 députés,
04:59 et j'ai des taux dix fois supérieurs à ceux de mes collègues.
05:03 Pourquoi ? J'habite à Tours.
05:05 Que se passe-t-il ici, dans notre région,
05:07 pour que j'aie des taux aussi importants ?
05:09 Je veux lancer l'alerte, j'ai proposé à 12 habitants
05:12 de participer à un test capillaire, j'ai coupé les cheveux,
05:15 et le test est sans appel.
05:17 Sur 12 personnes, 11 ont dans leur corps
05:19 ces polluants qui sont résistants dans la nature,
05:22 mais aussi dans notre corps, car il n'y a pas d'enzyme.
05:25 C'est un vrai sujet de santé publique,
05:27 c'est un scandale sanitaire, je le pense,
05:30 parce qu'on a masqué ce sujet-là, qui est pourtant présent dans tout.
05:33 Nous, on a déposé une proposition de loi au mois d'avril
05:37 pour interdire la famille, il y en a 12 000 différents,
05:40 on ne peut pas dire que certains sont dangereux,
05:42 d'autres pas, vous vous rendez compte,
05:45 on en a pour des années,
05:46 pour faire des études épidémiologiques d'ampleur
05:49 pour mesurer l'état de la pollution,
05:51 et mettre en place une taxe exceptionnelle
05:54 pour que les industriels réparent.
05:56 Certains ont été interdits de s'épifacer en 2009, en 2020,
05:59 mais les industriels sont créatifs,
06:01 ils ont inventé de nouvelles molécules
06:04 qui ne sont pas interdites.
06:05 On se retrouve dans une situation...
06:08 Je vais alerter les Tourangels et les Tourangeaux
06:10 sur ce sujet d'ampleur, et je vais continuer à me battre
06:13 pour que cette loi arrive sur la table de l'Assemblée,
06:16 et pour sensibiliser les collectivités.
06:19 -Il faut faire peur ?
06:20 -Il faut dire la vérité.
06:22 Quand on ne dit pas la vérité, les gens la découvrent,
06:25 ils ne comprennent pas.
06:26 J'explique ce qui ne va pas, mais les solutions.
06:29 On peut, par exemple, dépolluer avec du charbon actif.
06:32 C'est déjà le cas dans la station d'épuration à Tours,
06:36 mais c'est suffisant, il faut aller plus loin,
06:38 car c'est l'eau, probablement, partout qui est polluée.
06:42 Il y a un chercheur de Tours, Pascal Vaudin,
06:44 qui travaille avec des chercheurs d'Orléans
06:47 pour essayer de détruire ces épifaces.
06:49 C'est ça qu'il faut pouvoir dire.
06:51 Il y a un vrai problème, on n'a pas le droit de le cacher,
06:54 il faut agir. On ne peut pas remporter
06:57 les législations à 4 ou 5 ans.
06:58 Il faut des décisions, et des décisions pour agir
07:01 en matière de recherche, de dépollution
07:04 et de protection.
07:05 -Vous allez proposer à l'Assemblée ?
07:07 -En avril, il y a la niche parlementaire
07:10 des écologistes, on le proposera.
07:12 J'espère qu'on sera suivis par d'autres,
07:14 car c'est important d'agir.
07:16 On nous parle d'une réglementation 2026
07:18 à l'échelle européenne pour tester systématiquement l'eau.
07:22 Vous voyez bien, pendant deux ans,
07:24 on continue à vivre avec ce risque-là,
07:27 parce que la dangerosité, les liens directs
07:29 avec des pathologies comme l'obésité,
07:31 les cancers, les problèmes de thyroïdie,
07:34 l'infertilité, le président veut faire
07:36 le réarmement démographique,
07:38 pas une seule seconde, il évoque ces problématiques.
07:41 -Ca doit passer par là.
07:43 -Les sujets sont là.
07:44 C'est tout ça qui est en jeu, et il est urgent d'agir dessus.
07:48 -Charles Fournier, l'autre actualité du moment,
07:50 c'est la loi Asile et Immigration.
07:52 Elle a été portée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
07:56 Vous avez parlé d'un texte immoral, indigne.
07:59 Pourtant, ça pourrait surprendre,
08:01 car certaines mesures auraient pu vous plaire.
08:04 L'aide médicale d'Etat, l'accueil des migrants,
08:07 les étudiants étrangers qui peuvent venir,
08:09 ça pourrait surprendre.
08:11 -Oui, mais dans la version initiale du texte,
08:13 il n'y avait pas toutes ces mesures-là.
08:16 Mais quand le Sénat a travaillé,
08:18 il y avait la volonté de mettre fin à l'aide médicale d'Etat,
08:22 il y avait l'idée d'une caution faramineuse
08:24 pour les étudiants,
08:26 il y avait des mesures tout à fait abjectes.
08:29 Je le dis, la version initiale ne me plaisait pas.
08:32 L'idée que tout ça pouvait trouver un équilibre
08:34 parce qu'on allait régulariser les métiers sous tension
08:37 ne m'allait pas non plus.
08:39 Ces métiers sous tension, qui en décide ?
08:41 Il y a ici à Tours des entrepreneurs
08:44 qui ont des jeunes en apprentissage
08:46 qui disent qu'ils voudraient les garder car ils travaillent bien,
08:49 mais ce ne sera pas forcément un métier en tension.
08:52 Ce texte, il ne va pas de A à Z.
08:54 Là, il y a eu un camouflet pour le gouvernement,
08:57 40 % du texte,
08:58 mais on a l'impression que c'était une manœuvre
09:02 d'Emmanuel Macron.
09:03 -Ils l'ont envoyé... -Ils ont négocié avec la droite,
09:06 ils ont fait croire qu'ils prenaient leurs mesures
09:09 en sachant qu'une partie serait invalidée.
09:11 Ils disent que c'est bien, c'est notre texte.
09:14 Il y a des mesures qui ne sont pas celles du gouvernement.
09:17 Ce sont des mesures qui ont été aggravées
09:20 pendant les débats parlementaires.
09:22 La droite doit être très énervée.
09:24 Malheureusement, dans tout ça, qui va encore un peu sortir son jeu ?
09:28 Marine Le Pen, dès aujourd'hui,
09:30 a appelé à une réforme constitutionnelle.
09:33 C'est le RN.
09:34 On est venus nourrir la petite musique rance du rejet de l'autre.
09:37 Elle ne devrait pas s'appeler "asile immigration".
09:40 Elle devrait s'appeler "loi contre l'immigration".
09:43 Bien sûr qu'il y a un sujet dans notre pays,
09:46 des préoccupations, mais je vais vous dire une chose.
09:49 Si on veut qu'il y ait une intégration réussie,
09:51 il faut accueillir.
09:53 Quand on n'accueille pas les gens,
09:55 on les met dans des situations de vulnérabilité
09:57 pour eux-mêmes et pour la population.
10:00 Quand on laisse des gens à la rue, on met en danger tout le monde.
10:03 Parce que le jour où nous aurons une politique d'accueil
10:06 digne, à la hauteur, nous serons en mesure
10:09 de réussir une intégration, et notre pays en a besoin,
10:12 dans plein de domaines professionnels,
10:14 mais c'est aussi un enrichissement,
10:16 c'est le sens de notre histoire.
10:18 Je veux que notre histoire soit encore plus forte
10:21 plutôt que cette loi, cette ambiance rance
10:24 que je trouve contraire aux valeurs liberté, égalité, fraternité.
10:28 -Les points du texte ont été censurés.
10:30 C'est un texte qui divise au sein de la majorité.
10:33 Peut-on rebattre les cartes,
10:34 remanier vos alliances et dialogues politiques ?
10:37 Fabienne Colbock a voté contre,
10:39 Sabine Thillet s'est abstenue.
10:41 Ca compte pour vous ? -C'est à eux
10:43 qu'il faudrait le demander.
10:44 Peuvent-ils rester dans un gouvernement
10:47 qui a proposé une telle loi, qui a joué en allant...
10:50 Vous voyez bien, le président a été malin,
10:52 il a réussi à ce que le pire de ce texte soit enlevé.
10:55 La politique, elle gagne par la stabilité des convictions,
10:58 par les valeurs qui nous portent.
11:00 Donc, moi, si d'autres se disent,
11:02 "En même temps, c'est terminé, ça ne marche pas,
11:05 "et moi, j'ai des valeurs,
11:06 "et je ne veux pas les abîmer sur l'autel de l'ambiance
11:09 "et d'une opinion qu'on est en train de nourrir
11:12 "d'une musique négative",
11:14 la porte sera toujours ouverte pour discuter,
11:16 pour imaginer comment on pourra faire le mieux pour notre pays.
11:19 Mais c'est pas mon obsession.
11:21 C'est plus une question qu'elle leur est posée.
11:24 -On va terminer un point rapide sur un sujet qui a fait parler de vous.
11:27 Vous aviez accueilli dans votre permanence
11:30 des familles sans logement.
11:32 On vous a accusé d'être démagogue dans l'opposition.
11:35 Vous avez été salué.
11:36 Un constat, d'abord, comment vont ces personnes ?
11:39 -Peut-être avant de vous répondre à votre question,
11:41 c'est drôle, parce que pas une seule personne
11:44 des oppositions m'en a parlé.
11:46 J'ai même eu des gens de l'opposition
11:48 me dire "je suis pas d'accord avec toi,
11:50 "mais là, ce que tu fais, c'est très bien."
11:53 C'est ce qui se dit officiellement.
11:54 Moi, il n'y a aucune démagogie. Je trouve ça insupportable.
11:58 Des enfants qui dorment dans la rue,
12:00 pour moi, il y a une digue morale.
12:02 C'est insupportable dans la France.
12:04 Je voulais lancer un cri d'alerte.
12:06 Et ça a marché, parce que ce cri d'alerte a enclenché
12:09 d'autres députés dans d'autres territoires de France
12:12 qui se sont mis à accueillir, qui ont fait des maraudes,
12:15 qui ont dormi dans des écoles.
12:17 Et ce bruit, ça a donné quoi ?
12:18 Il y a pas longtemps, le ministre, en partance, a dit
12:21 qu'il allait payer 120 millions d'euros.
12:23 On attend de voir le concret.
12:25 Il y a eu des subsides qui sont arrivés
12:27 sur la fin de l'exercice budgétaire
12:29 par des amendements que nous avons portés
12:32 pour renforcer l'hébergement.
12:33 Ce que j'ai fait ne sert pas à rien.
12:36 Quand on est député de l'opposition,
12:38 s'il suffisait d'aller porter des amendements,
12:40 il faudrait qu'on respecte notre travail.
12:43 J'utilise tous les moyens possibles pour lancer un cri d'alerte.
12:46 Et puis, sur ces familles,
12:48 j'ai certaines avec qui je suis encore un lien.
12:50 C'est pas son vrai prénom, mais il veut qu'on l'appelle Zach,
12:54 qui a 12 ans, qui a l'obsession de réussir sa vie, ses études.
12:57 Ce jeune garçon qui parle le grec,
12:59 qui parle l'anglais, le français, l'abanais,
13:01 je suis devenu son parrain républicain.
13:04 Je suis régulièrement son devenir.
13:06 C'est un jeune homme qui est très méritant
13:08 et sa famille prend soin de lui.
13:10 Il faudrait qu'il puisse être accueilli dans notre pays.
13:13 Cette expérience m'a montré aussi
13:15 que notre humanisme continue d'exister dans notre pays.
13:18 Il faut juste le réveiller.
13:20 C'est une partie des responsabilités que j'essaie de me donner.
13:23 – Merci Charles Fournier d'avoir répondu à nos questions.
13:26 C'est la fin de cette invité de la rédaction.
13:29 Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel invité.
13:31 D'ici là, passez une excellente fin de semaine sur TV TOUR.
13:34 Bonne soirée.
13:35 [Musique]