• il y a 11 mois
À 9h20, le chanteur Thomas Dutronc est l'invité de Léa Salamé. À l'occasion du concert hommage à Françoise Hardy ce dimanche, à l'Hyper Week-End Festival de Radio France. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-25-janvier-2024-5803119

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00:00 Ce matin, vous recevez un auteur, compositeur, interprète.
00:03 Bonjour Thomas Dutronc.
00:04 Bonjour Léa.
00:05 Merci d'être avec nous ce matin.
00:06 Si vous étiez un personnage historique, une ville et un défaut, vous seriez quoi ?
00:11 Alors j'ai pensé à Isaac Newton parce que génie des mathématiques et de la physique.
00:17 Et puis il a fait une de ses grandes découvertes pendant la sieste.
00:21 Donc ça, ça me plaisait.
00:22 C'est très corse.
00:24 Il mangeait des pommes.
00:26 Mais sinon, comme ville, je pensais à Venise parce que c'est la plus belle ville que j'ai
00:32 vue de ma vie, que je trouve époustouflante.
00:34 Je trouve que toutes les villes, il y a forcément quand même un côté humain.
00:37 Je préfère la nature, je préfère la nature sauvage, les montagnes, la mer, la campagne.
00:41 Sauf Venise.
00:42 Mais Venise, il y a quelque chose de divin.
00:44 Après, c'est une ville.
00:45 Sinon, les villages, ça me plaît plus que les villes.
00:47 Et si vous étiez un défaut ?
00:48 Un défaut, je n'en ai pas.
00:53 Je ne sais pas dire non.
00:54 Sinon, évidemment, il y a les blagues en disant que je suis le perfectionnisme et la
01:01 modestie.
01:02 Non, je ne sais pas dire non.
01:03 Je ne sais pas dire non.
01:04 C'est un défaut.
01:05 Celui qui est aimé par sa mère sera un conquistador, disait Sigmund Freud.
01:11 Il faut le confirmer.
01:13 Un conquissador, c'est ça ?
01:15 Oui, j'ai reçu beaucoup d'amour de la part de mes deux parents.
01:20 Et pour ça, je suis drôlement verni.
01:23 De votre mère, il en sera question ce week-end à l'occasion de l'Hyper Festival, puisqu'un
01:28 concert événement en hommage à François Zardier aura lieu ce dimanche sur la scène
01:31 de l'Auditorium de Radio France, organisé par le grand Didier Varro, présenté par
01:36 Laurent Goumas.
01:37 Ce sera diffusé en direct sur Inter dimanche soir.
01:39 C'est un spectacle original avec tout un tas d'artistes qui s'appellent « Messages
01:44 Personnels » au pluriel.
01:45 On attend sur scène, en dehors de vous, Clara Luciani, Philippe Catherine, Keren Han, Albin
01:50 Simon, Pyjama, November Ultra, d'autres artistes, avec à la barre le producteur artistique
01:54 sage alias Ambroise Villaume qui a composé l'ensemble.
01:58 Et l'idée que je trouve géniale, c'est que chaque artiste que je viens de citer,
02:01 et les autres, va basculer de chanson en chanson.
02:04 C'est-à-dire qu'à des moments, vous serez interprète, vous chanterez la chanson.
02:07 À d'autres, vous serez guitariste.
02:09 À d'autres encore, vous serez pianiste.
02:10 Chacun d'entre vous, Clara Luciani et les autres, vont passer de musicien à interprète.
02:15 Vous allez faire une tournante.
02:16 Oui, mais pas dans une cave.
02:20 Donc ça, c'est quand même vachement bien.
02:21 Je voulais la sentir.
02:22 C'est fait.
02:23 À l'auditorium de Radio France, donc on sera quand même bien.
02:27 Il y a vraiment déjà un choix d'artistes fantastiques.
02:31 Alors moi, j'en fais partie.
02:33 Je ne sais pas si je rabaisse le niveau.
02:35 Non, mais c'est fantastique.
02:36 C'est bien.
02:37 Moi, je vais jouer de la guitare sur plusieurs morceaux.
02:39 Donc oui, il y a un côté.
02:41 On va vraiment participer.
02:43 On va être bien.
02:44 J'ai été pour l'instant qu'une seule fois avec le groupe et j'ai eu le bonheur
02:47 d'entendre cinq ou six arrangements que j'ai trouvé très, très jolis parce que
02:51 délicats et simples.
02:52 Comme elle, comme votre mère.
02:54 Oui, voilà.
02:55 Et assez actuel, un petit peu intemporel.
02:58 J'ai trouvé ça vraiment beaucoup de bon goût de la part des arrangements de Sage.
03:02 Et voilà.
03:03 Donc après, c'est un peu frustrant parce que moi, j'ai envie de chanter toutes les
03:07 chansons.
03:08 Oui, vous n'en chanterez qu'une, non ?
03:09 Deux.
03:10 Vous chanterez lesquelles ?
03:11 Je crois deux.
03:12 Mais enfin, je vais faire des choeurs.
03:13 Je reviens tout le temps.
03:14 Vous chanterez quoi ? Vous avez choisi quoi de votre mère ?
03:17 Je ne sais plus si c'est moi qui ai choisi ou si c'est Sage.
03:19 Il vous a imposé ?
03:20 Non, je ne sais plus en fait.
03:22 Je me retrouve sur une chanson qui s'appelle Doigts, qui n'est pas très connue, que
03:26 je trouve très jolie.
03:27 Alors après, il se trouve qu'en la faisant, il y a quelque chose de joli aussi comme
03:32 ça.
03:33 On va la chanter un petit peu à deux avec Clara et aussi le premier bonheur du jour
03:37 qu'on va faire avec Clara parce que je l'avais invité déjà.
03:39 Ah ben le premier bonheur du jour.
03:40 Le premier bonheur du jour.
03:41 Pour le coup, vous l'aviez chanté avec elle sur un album que vous aviez sorti au moment
03:45 du Covid, je crois, il y a trois ou quatre ans, qui s'appelait Frenchy, qui est une
03:49 reprise de votre mère.
03:50 Pour le coup, délicate et simple.
03:51 C'est très joli.
03:52 Je vais la passer.
03:53 Le premier bonheur du jour, c'est un rayon de soleil qui s'envole sur ta main.
04:09 Ça, c'est le premier bonheur du jour.
04:16 Et là, on vous entend avec Clara.
04:19 Il y a énormément de chansons de ma mère que j'adore.
04:21 Mais votre préférée ?
04:22 Alors, les deux chansons que j'adore faire découvrir à mes amis, à mes copains quand
04:29 on fait des soirées musicales, en buvant un bon verre et qu'on écoute toutes sortes
04:33 de choses.
04:34 J'aime bien faire découvrir cette chanson qui s'appelle "La question" de ma maman,
04:37 qui est vraiment une de ses plus belles.
04:39 Pourquoi vous l'aimez tant cette chanson ?
04:41 Parce que c'est elle qui a écrit le texte.
04:43 La musique est magnifique.
04:44 Ça fait partie des chansons les plus appréciées de ses grands fans.
04:49 Et pourtant, c'est comme la chanson "Doigts" qui vient d'un album, celui qui a le moins
04:53 bien marché à l'époque, mais qui, au fil du temps, est un des plus appréciés par
04:58 ses grands fans.
04:59 Et donc, la question, il y a quelque chose de désarmant, de magnifique dans la mélodie,
05:03 les arrangements.
05:04 Et dans son texte, on la retrouve vraiment, je trouve que c'est assez bouleversant.
05:08 C'est très très très beau.
05:10 Il y a aussi "Que tu m'entaires" qui est une de mes préférées, composée par Gabrielle
05:13 Yared.
05:14 Je crois que le texte est de Michel Jonas.
05:15 C'est aussi un texte très très émouvant.
05:18 Donc on écoute ça, on est pris, on est ému, on a la gorge serrée, on a les larmes aux
05:22 yeux.
05:23 Donc c'est fantastique pour ça.
05:25 La question, c'est Kérenne Anne qui va la chanter dimanche soir sur la scène de l'Hyper
05:28 Festival.
05:29 Et on l'écoute tout de suite par la voix de votre mère, de Françoise Hardy.
05:31 Je ne sais pas qui tu peux être, je ne sais pas qui tu espères.
05:40 Je cherche toujours à te connaître, et ton silence trompe mon silence.
05:54 Je ne sais pas d'où vient le mensonge.
06:01 Elle vous touche.
06:04 Je ne vais pas pleurer là, maintenant, tout de suite, parce que je ne suis pas encore
06:10 réveillé.
06:11 Elle vous fait pleurer, celle-là.
06:14 Parce qu'en plus, il y a une sorte peut-être de solitude qu'elle a vécue toute sa vie.
06:21 Ça, ça fait partie de sa psychologie profonde.
06:23 On peut en parler comme ça, il y a très peu de gens qui nous écoutent, là on est
06:25 entre nous.
06:26 Mais ça fait partie de sa vie, de sa psychologie profonde.
06:29 C'était une femme qui a choisi d'être seule.
06:31 La manière dont elle a été élevée, sa mère, ma grand-mère, qui était une femme
06:37 très courageuse, mais très dure, à qui elle-même on a dit quand elle est née, on
06:41 ne voulait pas de toi, c'est mon arrière-grand-mère.
06:43 Elle a élevé ses deux filles seules, et elle les levait à 5h du matin pour les faire
06:48 travailler, qu'elles réussissent bien à l'école et tout.
06:50 C'est assez particulier.
06:51 Et ma mère comme ça, l'histoire avec mon père, fantastique, d'amour, parfois on
06:57 l'a senti un petit peu frustré peut-être de ne pas avoir un peu plus, de partager plus
07:01 de choses avec mon cher et fantastique papa.
07:04 Il y a toutes ces choses-là aussi qui me touchent moi personnellement, mais c'est
07:07 une chanson qui touche tout le monde.
07:09 On va y revenir à votre papa.
07:10 Mais c'est vrai que votre mère, elle a été la seule artiste française digne de
07:13 figurer dans le classement des 200 meilleurs chanteurs de tous les temps du magazine Rolling
07:17 Stone.
07:18 La seule française, c'est elle.
07:19 C'est vrai que c'est la classe.
07:20 On a tout dit, on peut s'arrêter là.
07:21 Mais oui, on peut s'arrêter là.
07:22 Merci, au revoir.
07:23 Je m'en vais comme un prince.
07:24 Non mais comment vous expliquez la longévité, le fait qu'aujourd'hui encore, elle fédère
07:28 autant, qu'on l'écoute encore, les jeunes générations l'écoutent.
07:32 Est-ce parce qu'au fond, elle a toujours été intemporelle, elle a toujours été
07:35 moderne ? C'est-à-dire que les stars des I.I.I. dans les années 60-70 collaient à
07:39 leur époque et votre mère, elle était futuriste, elle était visionnaire.
07:42 On ne maîtrise pas tout, on est comme on est aussi.
07:48 Elle n'a pas calculé tout ça.
07:51 Elle vient d'une époque fabuleuse.
07:54 Elle est d'une beauté ou elle était d'une beauté, les deux hallucinantes.
08:01 Et ce timbre de voix magnifique et très touchant, alors qu'elle ne se considère pas comme
08:06 chanteuse parce que parfois, elle ne sait pas où démarre la mesure.
08:09 Elle n'est pas hyper musicienne, mais on s'en fout.
08:11 Par exemple, elle va se trouver nulle parce qu'elle ne va pas savoir bien démarrer
08:17 une chanson par rapport à d'autres gens qui connaissent la mesure et la musique.
08:21 Elle va se trouver nulle et elle va se trouver pas belle.
08:23 Elle n'acceptait pas sa beauté.
08:25 La fameuse arrière-grand-mère qui a dit à sa propre mère "on ne voulait pas de
08:28 toi".
08:29 Elle a répété toute l'enfance à ma mère qu'elle était grosse et qu'elle avait
08:32 du ventre.
08:33 Ce qui vient d'une famille à traumatisme psychologique.
08:36 C'est une époque aussi qui fait rêver.
08:40 On voit Bob Dylan qui lui a écrit une lettre d'amour.
08:42 Elle s'en est rendue compte il n'y a pas longtemps.
08:44 Elle n'avait pas trop compris les photos avec Mick Jagger.
08:46 Tout ce qu'elle a vécu, les magnifiques arrangements.
08:47 Elle n'a pas compris tout ce qu'elle a vécu et combien elle a été aimée.
08:51 Je crois qu'elle ne se trouvait pas si belle que ça.
08:53 Elle n'a pas vraiment compris.
08:54 Vous allez la célébrer dimanche soir et même Didier Varro qui la connaît bien dit
08:58 s'il y a une artiste qui n'est pas du genre à apprécier qu'on la célèbre,
09:01 c'est bien Françoise Hardy.
09:02 Et ça n'a pas manqué d'ailleurs.
09:04 Interrogée il y a quelques jours dans le Parisien sur ce concert hommage, voilà comment
09:08 elle a répondu à sa manière lapidaire.
09:10 « Je trouverai plus cohérent que ce genre de concert hommage ait lieu quand je ne serai
09:14 plus là ».
09:15 C'est ce qu'elle m'a dit aussi directement.
09:16 Je lui ai dit « mais enfin voyons, tu sais bien que c'est mieux de t'en vivant,
09:19 c'est beaucoup plus sympa ».
09:20 Elle dit « oui mais alors ils ne vont pas jouer tel morceau ».
09:22 Je lui ai dit « écoute, là déjà il y a plein de morceaux de Derrière l'alpha
09:25 go, moins grand public, magnifiques.
09:27 Mais on est obligé de faire Mon Ami la Rose ou Tous les garçons et les filles.
09:31 Parce que moi le premier j'adore ces morceaux.
09:33 Parce qu'elle me dit « ah il y a tel autre morceau qui est mieux ».
09:34 Je dis « non, c'est pas mieux, je suis désolé, il est moins bien en fait ».
09:38 - Comment elle va votre mère ? Parce que ces dernières interviews à la presse écrite,
09:41 elle répond plus que par écrit.
09:43 Elle nous a fait un petit peu peur.
09:45 - Oui, oui.
09:46 Elle n'a pas le moral, ça c'est sûr.
09:48 Et sa santé décline.
09:49 Ce qui est embêtant c'est qu'on n'ose pas trop lui commander de faire des choses
09:54 ou la pousser à essayer de remarcher, à essayer de faire des choses.
09:56 Parce qu'on s'en veut un petit peu parce qu'on se dit « tiens il y a deux, trois
09:59 ans finalement elle n'allait pas si mal que ça comme on voit, comme ça dégringole
10:03 petit à petit.
10:04 On aurait dû lui dire il y a deux, trois ans, on aurait dû lui dire « allez viens
10:06 dîner chez moi, on te met dans le taxi ».
10:09 Mais voilà, elle a un esprit quand même très… c'est difficile de lui faire changer
10:14 d'avis.
10:15 - Vous dites qu'elle ne veut pas prendre antidépresseur.
10:16 - Quand elle a un avis, elle ne l'a pas dans les pieds.
10:19 Elle n'aurait pas pu faire carrière dans la diplomatie, mais alors pas du tout.
10:23 - Mais vous dites quand même que c'est une guerrière, qu'elle a abattue plusieurs
10:29 cancers.
10:30 - C'est incroyable.
10:31 Elle a abattu une série.
10:32 - Et vous dites qu'elle ne veut pas mourir.
10:33 - Non, non, parce qu'il y a eu une espèce de… tout le monde a parlé de l'euthanasie
10:38 et tout ça.
10:39 - Parce qu'elle a écrit une lettre à Emmanuel Macron dans la tribune dimanche juste avant
10:41 Noël pour se prononcer pour l'euthanasie.
10:43 Donc tout le monde s'est dit « est-ce que c'est ça qu'elle veut ? » et vous
10:45 dites non.
10:46 - Alors voilà, celle qui a vraiment connu l'euthanasie c'est encore une fois ma grand-mère,
10:51 la mère de ma mère puisqu'elle a été atteinte de la maladie de Charcot dans sa
10:56 soixantaine et à 70 ans, quand elle ne pouvait plus bouger la tête, ni son bras, ni faire
11:01 sa toilette toute seule, elle a voulu disparaître parce qu'elle faisait tout toute seule.
11:07 Une femme forte, vraiment forte, avant l'heure, très féministe.
11:11 Et elle a trouvé à l'époque, en 1990, un moyen de se faire euthanasier.
11:17 Donc ma mère a connu ça.
11:18 Mais si vous voulez, elle n'est pas dans l'état aujourd'hui, même si elle va très
11:20 mal et qu'elle marche très difficilement, et que sa santé et sa forme physique sont
11:26 très très diminuées.
11:27 Elle n'est pas encore dans l'état où on peut souhaiter mourir.
11:30 On peut souhaiter mourir comme ça en disant "j'en ai marre", mais en fait non.
11:33 Elle ne veut pas mourir, elle le dit.
11:35 Et elle reste très alerte parce que dans toutes ses interviews, elle continue à commenter
11:38 l'actualité, la burqa en Afghanistan, l'euthanasie, elle parle même du surendettement de la France.
11:47 Elle s'est toujours intéressée à l'actualité et elle continue de suivre tout ça.
11:52 Et puis souvent aussi, elle me dit qu'elle a envie de rester là pour moi, pour ne pas
11:55 que je sois trop triste, et puis pour suivre un petit peu ce que je fais.
11:58 Il y a beaucoup d'amour entre nous.
12:02 C'est vrai qu'elle me dit souvent que ce qu'elle a vécu de plus beau finalement,
12:05 c'est les années d'enfance qu'on a eues ensemble.
12:07 Ça, c'est un peu émouvant.
12:09 Je crois qu'elle est aussi peut-être arrivée dans une époque où elle a envie de transmettre
12:14 tous ses souvenirs, toutes les belles choses qu'elle a pu vivre, de transmettre sa mémoire,
12:20 raconter plein de choses.
12:21 Elle en a déjà raconté beaucoup dans son livre "Le désespoir des singes".
12:26 Il y a un extrait qu'on a retrouvé de "Antenne 2" où vous venez de naître et
12:34 vos parents vous présentent à la presse.
12:36 Et ce qui est génial, c'est qu'ils n'ont déjà pas du tout la même vision de l'éducation
12:42 qu'ils veulent vous donner.
12:43 On va écouter.
12:44 Ça change quand même beaucoup de choses.
12:48 Je serai obligé d'aller fumer les cigares ailleurs, au fond à gauche, dans la corner
12:52 que vous connaissez tous.
12:53 On ne va pas tout transformer pour lui.
12:55 Au contraire, c'est à lui de s'habituer à notre vie.
12:57 Il ne faut pas le lorgner en tournée.
13:01 Certaines vedettes font participer leurs enfants à leur vie publique.
13:05 Moi je suis plutôt partisane du contraire.
13:09 Je trouve qu'un enfant, c'est mieux qu'il ait la vie la plus normale possible.
13:14 On a jamais parlé.
13:19 C'est génial, on n'en a jamais parlé.
13:23 Dans le genre vie normale, c'est vrai, ma mère m'emmenait à l'école quand j'étais
13:26 petit, tous les matins.
13:27 Elle faisait ses courses rue Daguerre avec son chariot.
13:31 Elle était dure, vous dites.
13:32 Elle était impitoyable avec vous, vos notes, vos dissertations.
13:37 C'est-à-dire qu'elle n'avait pas trop de diplomatie.
13:41 Parfois, elle n'avait pas les mots.
13:42 Si je racontais mon jeu vidéo, mon truc, elle ne savait pas du tout faire semblant
13:46 que ça l'intéressait.
13:47 Donc elle baillait instantanément.
13:48 Oui, oui, d'accord.
13:49 Ça m'énervait.
13:50 Et sinon, oui, je lui montrais mes rédacs, je m'en rappelle, en CM2.
13:54 Elle disait "Oh là là, on ne peut pas dire ça, je suis très inquiet à ton sujet, mon
13:58 petit chouchou".
13:59 Donc j'arrachais la page, je te montre plus jamais rien.
14:00 Et finalement, vous avez eu votre bac C avec mention "très bien".
14:03 Dès le CM2, je ne vais plus rien montrer, j'ai fait mes devoirs tout seul.
14:06 Mais voilà, parce qu'elle ne s'est pas cachée ses pensées.
14:09 C'est aussi pour ça qu'on l'aime.
14:10 Alors, je suis désolée, c'est une interview 100% papa-maman, mais il se trouve que votre
14:14 actualité est papa-maman.
14:16 Je voudrais quand même dire un mot de l'album qui est sorti il y a deux mois, "Du Tronc
14:22 et du Tronc", un album live qui reprend les chansons de vous et de votre père que vous
14:25 avez interprétées en tournée toute l'année 2022.
14:28 Vous parlez de cette tournée avec votre père qui, au début, vous dites "on s'est apprivoisé",
14:32 au début "je ne voulais pas chanter".
14:34 Votre père tel qu'on le connaît.
14:35 Et finalement, ça a été un moment sublime, une parenthèse enchantée, cette tournée.
14:40 Et maintenant, il y a l'album.
14:42 Oui, ça a été fantastique.
14:44 Si vous voulez, on avait réservé des zéniths pour faire une tournée plus longue, mais
14:50 il fallait dire oui ou non.
14:51 Est-ce qu'on continue la tournée ou pas ? Il fallait le dire assez tôt, en fait, fin
14:56 octobre, alors que la vraie tournée commençait en novembre, décembre et a fini à Bercy
15:00 le 21 décembre.
15:01 Et donc, mon père a eu peur d'être fatigué.
15:04 Après, les gens lui disaient "mais il est fatigué".
15:06 Mais non, en fait, il a eu peur d'être trop fatigué.
15:10 Il a eu peur de ne pas y arriver un petit peu.
15:11 Il est un peu corse.
15:14 Surtout les transports, tout ça, ça le fatiguait beaucoup d'aller d'un hôtel à l'autre.
15:18 Vous auriez aimé continuer la tournée ?
15:19 Mais moi, j'aurais trop aimé.
15:20 Et en fait, je crois lui aussi, puisqu'il a eu vraiment un coup de blues assez fort
15:24 après la tournée.
15:25 Alors, il n'y a pas la tournée, mais il y a l'album.
15:27 Oui, il y a des très belles choses.
15:30 Du tronc et du tronc, les cactus pour le plaisir.
15:32 Le monde entier est un cactus.
15:38 Il est impossible de s'asseoir.
15:41 Il y a des cactus.
15:45 Ce n'est pas la version live, mais ce n'est pas grave.
15:47 Oh là là, il se sent là-haut, il va se faire taper sur les doigts.
15:51 Mais elle est belle quand même.
15:53 Allez, les impromptus pour finir.
15:55 Vous répondez sans réfléchir très rapidement, Thomas Dutronc.
15:58 Sartre disait "il n'y a pas de bon père".
16:00 Qu'en pensez-vous ?
16:01 Je ne sais pas.
16:02 Mais en tout cas, il faut se laver les mains.
16:05 Je dis ça par rapport aux mains sales.
16:06 C'est complètement con.
16:07 Les enfants, vous avez envie de réarmer démographiquement la France vous-même,
16:11 comme le demande le président, ou pas vraiment ?
16:13 J'ai hâte que le monde entier fasse moins d'enfants.
16:16 Vous dites que vous avez 60 guitares chez vous, c'est vrai ?
16:20 Oui, même un peu plus maintenant, depuis cette dernière interview.
16:23 Collection ou obsession ?
16:25 Il y a tellement de guitares très différentes.
16:28 Contrairement aux saxos, les guitares, il y a la guitare brésilienne, la flamenca,
16:34 la guitare classique, la guitare rock, jazz, la guitare rock.
16:37 Il ne fallait pas vous lancer sur les guitares.
16:40 C'est inarrêtable.
16:41 Thomas Dutronc sur les guitares, c'est impossible.
16:43 Si vous n'aviez pas été guitariste, si vous n'aviez pas été musicien, vous auriez fait quoi ?
16:47 Je ne sais pas, j'aurais aimé travailler dans la nature jardinière.
16:52 J'aurais aimé, ou scientifique dans la recherche, dans la biologie, dans la cosmologie, si j'avais eu les moyens.
16:59 Serge Gainsbourg ou Michel Berger ?
17:01 Serge Gainsbourg plutôt, mais les deux, évidemment, sont énormes.
17:04 Dalida ou Edith Piaf ?
17:06 C'est fou, je ne suis pas fou ni de l'une ni de l'autre.
17:10 Sylvie Vartan ou Sheila ?
17:12 J'avoue, je connais mal.
17:14 Je suis très resté sur ma maman.
17:17 J'écoute beaucoup de chansons françaises, je suis plutôt parti dans Brassens et compagnie.
17:23 Vous avez 50 ans, ressenti combien ?
17:25 Pas du tout, je me suis ressenti 33.
17:28 Les réseaux sociaux, vous aimez ça ?
17:30 Non, on ne peut vraiment pas parler et dire ce qu'on pense.
17:33 C'est vraiment langue de bois et compagnie.
17:35 Vous auriez aimé vivre à une autre époque et laquelle ?
17:38 J'aurais aimé vivre entre 1927 et 1953 pour voir Django Reinhardt jouer de mes yeux et de mes oreilles.
17:46 Femme ou guitare ?
17:48 Comment ça femme ou guitare ? C'est pareil !
17:50 C'est un peu la même forme.
17:52 Dieu dans tout ça, pour finir, Thomas Dutronc ?
17:55 Dieu, il n'est pas dans la religion et dans les préceptes futiles qui datent de plus de 1000 ans.
18:03 Mais Dieu, il est dans la nature, il est dans la beauté du monde, dans les étoiles, dans l'infiniment grand, dans l'infiniment petit, dans la bonté, dans l'amour.
18:11 Le spectacle-événement, ce sera dimanche soir sur la scène de l'Hyper Festival, en direct sur Inter avec Thomas Dutronc, Clara Luciani, Philippe Catherine, Kéren Han, Albin Lassimone,
18:22 mise en scène par Sage, organisée par Didier Varro, présentée par Laurent Gomart.
18:26 On va faire un beau concert pour faire plaisir aux auditeurs et à ma maman.
18:30 Merci infiniment d'avoir été avec nous Thomas Dutronc.

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