La journaliste pour le JDD Charlotte d'Ornellas à propos de l'inscription ou non de l'IVG dans la Constitution : «Le véritable enjeu de ce sujet est la liberté des adversaires de l'avortement».
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Oui, puisque c'est étonnant, en effet, Gérard Larcher qui a redit, en insistant lourdement son soutien à l'avortement, se dit opposé à son inscription dans la Constitution.
00:10 Donc en fait, le véritable enjeu, aussi étrange que ça puisse paraître, c'est la question de la liberté, la liberté notamment des adversaires de l'avortement. Pourquoi ?
00:19 Dans la bataille, on a eu une bataille, on va dire, entre parlementaires, qui a l'air insignifiante, mais qui ne l'est pas du tout.
00:26 Vous avez d'abord la France Insoumise qui a déposé ce projet de loi et qui, elle, parlait de droit, d'accès à l'IVG, d'inscrire l'accès à l'IVG comme un droit dans la Constitution.
00:37 Le texte au Sénat, au Sénat, les sénateurs majoritairement républicains ont voulu inscrire l'avortement comme une liberté dans la Constitution, donc la liberté de pouvoir avorter.
00:47 Et le gouvernement nous a fait du en même temps, donc ils ont dit "on va prendre un peu aux deux", et ils parlent, eux, de liberté garantie, c'est-à-dire de droit en réalité.
00:55 Et la question qui se pose, c'est qu'aujourd'hui, si c'est une liberté, si c'est une liberté, donc ce serait contre la remise en cause éventuelle d'un futur gouvernement qui voudrait remettre en cause l'accès à l'avortement,
01:09 cette liberté, elle est déjà neutralisée par le Conseil constitutionnel, qui, de décision en décision, a expliqué que l'avortement découlait du principe constitutionnel de la liberté individuelle.
01:19 Donc la question de la liberté, c'est non nécessaire, on va dire. Si c'est un droit, alors là, il devient opposable, puisqu'il est constitutionnel, et vous ne pouvez plus refuser.
01:29 Pourquoi je disais que c'est une question de liberté ? C'est d'abord, un, la question de la liberté de la clause de conscience des médecins qui était garantie par la loi. Pourquoi ?
01:38 Parce qu'aujourd'hui, dans la loi française, le respect de l'avis et le principe, et l'avortement est une dérogation. C'est pour cette raison-là qu'il existe une clause de conscience pour les médecins qui ne veulent pas pratiquer l'avortement.
01:51 Si l'IVG devient un principe constitutionnel, alors c'est la clause de conscience et donc la liberté individuelle du médecin qui ne veut pas pratiquer l'IVG qui devient, lui, l'exception.
02:01 Et à l'inverse, c'est la question de la liberté d'expression tout court, puisque si l'avortement est inscrit dans la constitution, il devient une valeur supérieure, une fameuse valeur de la République, telle qu'on nous dit, un principe constitutionnel qui relève du dogme.
02:14 Et donc, s'y opposer, pourra être également puni au même titre que l'opposition à n'importe quel principe jugé aujourd'hui constitutionnel.
02:23 Donc est-ce qu'on est encore capable, un, d'accorder cette liberté aux médecins qui ne veulent pas le faire, deux, de répondre aux opposants à l'avortement plutôt que de leur interdire de parler, le tout au nom de la défense de la liberté ?
02:34 C'est sûr que c'est un petit peu à front renversé, on va dire.
02:37 [Musique]
02:41 [SILENCE]