• il y a 11 mois
L'invité(e) de la rédaction
Gérard Têtu, fondateur de Kleuster et concepteur du freegônes

CYCLOLOGISTE

La société Kleuster propose des triporteurs à assistance électrique multi-métiers

Et si des triporteurs et les vélos-cargos à assistance électrique remplaçaient les véhicules utilitaires pour améliorer la qualité de l’air ou encore désengorger les centres villes ?

Dans la Loi Climat et Résilience la prochaine extension des zone à faible émission aux agglomérations de plus de 150 000 habitants ne devrait pas s’appliquer aux utilitaires. Le développement très important des livraisons, de toutes sortes, implique cependant que l’on veille à en limiter les impacts sur la qualité de l’air comme sur le bruit.

Et si les innovations ont été accélérées par la pandémie de la Covid 19 qui a changé la façon de consommer, il reste encore à convaincre les municipalités à franchir le pas et à adopter cette offre plus verte et d’aborder la transition écologique pour une meilleure décarbonation des centre-villes. Une transition soumise à de multiples enjeux.

C’est le pari de Gérard Têtu, fondateur de Kleuster, qui a imaginé le Freegônes, un tripoteur à assistance électrique multi-métiers conçu pour les professionnels de la logistique urbaine. Ce dernier peut gravir des pentes jusqu’à 18% et cerise sur le gâteau, il répond aux normes en vigueur dans chaque pays, se conduisant aussi bien à droite qu’à gauche et sans permis. Important à souligner !

Gérard Têtu est l’Invité(e) de la rédaction. Il répond aux questions de Henry Salamone.

Plus d'informations : https://www.kleuster.com
Disponible sur https://francesecreteavelo.com

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Auto
Transcription
00:00 *Musique de fin*
00:02 *Musique de fin*
00:30 Pour tout vous dire, j'ai été émerveillé de voir à quel point on pouvait, avec une marque comme Renault Trucks,
00:35 mouliner en moins d'un an pour créer ce que vous voyez aujourd'hui.
00:38 On a développé depuis de nombreuses années à l'usine moteur des compétences dans l'assemblage et la supply chain,
00:44 et donc pour nous c'était vraiment naturel d'accompagner ce projet.
00:48 L'unité de production est composée de 11 personnes, un chef de projet, des équipiers projet,
00:55 des opérationnels de montage et des opérationnels logistiques.
01:00 Ce chariot nous permet de travailler de station en station.
01:04 Dans cette zone, on vient préparer, assembler des pièces que l'on crée, qu'on appelle les sous-ensemble.
01:10 Donc là ensuite, on va mettre le tube de sel, le capteur de sel,
01:14 qui lui permet de détecter la présence humaine sur le véhicule pour l'assistance électrique.
01:19 On vient faire les vérifications électriques, le contrôle qualité.
01:25 Ce que l'on est en train de faire aujourd'hui, ce jour, je pense qu'on va tous s'en rappeler
01:29 parce que c'est un virage fondamental dans notre profession, dans notre industrie.
01:33 Parce que c'est vraiment le sens de l'histoire, c'est ce qu'il nous faut absolument faire pour lutter contre le réchauffement climatique.
01:39 Bonjour Gérard Têtu, merci d'avoir répondu à notre invitation.
01:43 On vient de voir et d'écouter un extrait d'un reportage consacré à Cluster,
01:47 entreprise que vous avez fondée en 2012 pour développer notamment votre fameux triporteur Freegon.
01:54 Que de chemins parcourus depuis l'idée de la conception de ce fameux Freegon jusqu'en cette année 2024 qui commence Gérard ?
02:00 Bonjour Henri, mais effectivement, quels chemins parcourus ?
02:04 Quel chemin reste à faire ?
02:06 Effectivement, en 2012, on faisait la synthèse des besoins par rapport à un marché d'avenir.
02:14 Deux choses, décarboner et décongestionner les zones à forte densité de population comme nos centres-villes et nos villages historiques.
02:23 Freegon est né de cette volonté de répondre à ces enjeux.
02:29 Et vous vous êtes battu pour arriver jusqu'en cette année 2024.
02:33 Ça n'a pas été un long chemin tranquille ?
02:35 Oui, c'était un long chemin.
02:38 Tranquille, non, et évidemment, entreprendre c'est aussi faire face à des choses.
02:43 Et à partir du moment où on entreprend, c'est parce qu'il y a une problématique.
02:46 Et quand il y a un problème et qu'il faut le solutionner, c'est jamais simple.
02:50 Parce qu'on vient bousculer les habitudes, on vient bousculer des process, on vient importer des éléments nouveaux.
02:58 Et donc, on vient perturber des zones de confort dans lesquelles un grand nombre d'acteurs étaient positionnés depuis longtemps.
03:05 Alors, vous qui êtes aujourd'hui un des acteurs majeurs de cette filière, de par votre reporter multimétier,
03:10 il semblerait qu'il y ait un début de prise de conscience de la part des élus locaux à décarboner leurs centres-villes.
03:16 Mais à travers de certains témoignages qu'on a recueillis, on peut toutefois se poser cette question, Gérard.
03:22 Est-ce une illusion de bonne conscience ou une réalité dans un monde en pleine mutation
03:27 où réinterpréter la mobilité urbaine de façon durable s'impose ?
03:31 Alors, on a effectivement différents regards sur le sujet.
03:35 On a des gens qui sont plutôt progressistes et qui vont embrasser toute évolution
03:40 parce qu'il y a l'intérêt et le sens commun de décarboner, de décongestionner, de rendre les villes plus rapides,
03:46 de rendre aussi apaisées les modes de transport, qu'ils soient de personnes ou de marchandises.
03:54 Et donc, ces gens embrassent avec un regard plutôt, on va dire, progressiste
04:01 et nous sollicitent sur des sujets de démonstration, sur les parcs et jardins, pour de la livraison, pour de la collecte, du nettoiement.
04:08 Et donc, effectivement, ces gens en responsabilité des collectivités nous sollicitent beaucoup et on répond toujours présent.
04:17 Avec Rom Trucks, nous avons voulu mailler le territoire avec qui ils sont déjà en opération sur des véhicules plus lourds.
04:24 Donc, effectivement, on a des gens très progressistes et avec qui on avance.
04:29 Et on en a d'autres qui sont, je ne vais pas dire qu'ils mettent un frein à tout ça, mais qui s'interrogent.
04:35 Et ils ont raison de s'interroger parce qu'ils ont peut-être une population différente, une typologie, une typographie différente
04:41 et des modes de fonctionnement différents, soit en délégataires de services publics, soit en intégration des services.
04:47 Et de venir faire muter tous ces services ou toutes ces sociétés de services autour de la mobilité,
04:55 c'est un vaste sujet et des fois, on ne sait pas par quel bout prendre le sujet.
04:59 Et donc, il est plus facile, effectivement, de dire "je ne sais pas, j'attends, je ne suis pas pour"
05:05 plutôt qu'être dans le mode du progrès et d'essayer de trouver des solutions avec leurs équipes.
05:11 Et quand on dit des solutions, c'est de consulter ce qui existe et comment on peut ensemble converger vers un monde de la psychologistique
05:19 ou un monde du transport dans la ville plus vertueux et plus apaisé.
05:24 Votre sentiment sur les arrêtés pris par les maires qui interdisent la circulation des vélos sous toutes ses formes en ville, c'est justifié ?
05:31 À partir du moment où on interdit, et si on interdit, c'est que des réactions. Et si une réaction s'est faite, c'est mal faite.
05:39 Donc, ce qui me gêne moi aujourd'hui dans ces arrêtés, c'est que ce n'est pas la solution.
05:44 Ce n'est pas une solution. Pour moi, ça n'enlève pas le mal.
05:48 C'est-à-dire que quelqu'un qui circule n'importe comment avec un vélo ou un vélo cargo, par défaut, il doit être sanctionné.
05:55 Ce n'est pas l'intérêt général qu'on sanctionne quand on interdit.
06:02 Parce que livrer un vélo, c'est apaiser. Livrer quelqu'un en cœur de ville sur une zone piétonne, sans faire de bruit, sans avoir un véhicule carrossé énorme, etc.
06:12 c'est considérer qu'on amène quelque chose de nouveau et qu'on amène quelque chose d'apaisé.
06:16 Si on l'interdit parce qu'on a quelques-uns qui ont fait n'importe quoi, il faut regarder pourquoi ces gens font n'importe quoi.
06:23 Donc, il faut regarder l'origine du mal et pas forcément sanctionner l'intérêt général.
06:27 Je pense que les vélos cargo, et c'est une des solutions, c'est ce que je propose, c'est qu'ils devraient être immatriculés.
06:34 À partir du moment où on immatricule, on s'est repéré.
06:37 Et quand on s'est repéré par une immatriculation, on s'est sanctionné quelqu'un qui n'est pas dans les clous,
06:41 quelqu'un qui n'est pas dans la réglementation, quelqu'un qui n'est pas dans le comportement attendu d'un ce type de véhicule dans une zone dédiée.
06:48 Et donc, à partir de là, quand on se sait observé ou sanctionnable, bizarrement, on fait tomber de 40 à 50% ces petits sauvageons qui font n'importe quoi avec des vélos cargo.
06:59 Donc, interdire pour moi, c'est pas trouver une solution, c'est pas trouver l'origine du problème.
07:05 Et donc, à partir du moment où... c'est comme les trottinettes, on disait une trottinette de rouler dans un espace donné parce que les gens font n'importe quoi, je comprends.
07:12 Ça peut être une solution, mais pour moi, ça ne vient pas juguler le problème, le problème c'est le comportement des gens.
07:18 Et l'interdiction pure et dure, pour moi, c'est l'absence de volonté de trouver des solutions pour que ce soit plus apaisé.
07:26 Encore une fois, j'utilise beaucoup ce mot-là parce que le mode doux, c'est vraiment un mode de transport qui permet d'apaiser les gens les uns aux autres.
07:33 Quand vous voyez un camion qui se gare en double-file, qui pèse son aillon et qui va mettre un quart d'heure pour décharger avec son transpalette,
07:39 et que vous êtes derrière, vous êtes pressé pour aller au boulot, vous trouvez que c'est une agression, vous klaxonnez la personne qui, elle, se sent agressée,
07:46 et vous n'apaisez pas les choses. Quand vous le faites en vélo cargo, vous n'avez plus ce souci-là.
07:50 En tout cas, merci Gérard de nous avoir accordé cette interview. Alors, je le rappelle, vous êtes le fondateur de l'entreprise Cluster, qui a conçu le Free Gone,
08:00 dont on rappelle l'adresse du site pour les professionnels qui voudraient s'équiper, Gérard.
08:05 Alors, on est sur www.cluster.com et nous sommes une entreprise française dont nos produits sont développés, assemblés en France, ici à Lyon.
08:14 Un triporteur multimétier, on le rappelle, pensé pour les professionnels de la logistique urbaine, qui peut gravir des pentes allant jusqu'à 18%.
08:23 Comme on le voit sur ces images, votre Free Gone est parti à l'assaut du célèbre géant de Provence, le Mont Ventoux.
08:30 En tout cas, c'était une très belle performance.
08:32 C'était une performance à plein de niveaux, à la fois pour montrer que le véhicule grimpe et redescend du Mont Ventoux en toute sécurité et sans faire d'efforts,
08:41 mais en prenant beaucoup de plaisir, puisque nous grimpons 21,5 km jusqu'en haut du Mont Ventoux, mais nous redescendons.
08:48 Nous avons régénéré sur la batterie en toute sécurité pour le pilote et avec un regard bienveillant de tous les grimpeurs à vélo classique,
08:57 qui nous encourageait à les doubler, ce qui était assez marrant.
09:00 Et l'équipe de direction régionale de Renault-Trucks a pris beaucoup de plaisir dans ce team building que nous avons fait au mois de juin.
09:07 En tout cas, Mont Ventoux, on le connaît bien. Moi, je le connais bien pour l'avoir grimpé plusieurs fois.
09:11 Et c'est vrai qu'il est costaud, le garçon. Il faut le dire.
09:16 Oui, il est costaud et dans la durée, puisque 21 km.
09:20 Et où il n'y a pas de replats, si ce n'est qu'au chalet Renard, où on a juste un petit replat pour se refaire la cerise et pour aller jusqu'au sommet.
09:27 C'est exactement ça. Merci à toi, Henri.
09:29 La semaine prochaine, l'invité de la rédaction sera Joanne Le Corfec, entrepreneuse.
09:34 Elle s'est lancée comme défi de concevoir son propre vélo gravel en bois, son nom le Tigeau.
09:39 Ce numéro de l'invité de la rédaction est à retrouver sur les plateformes Audio Pod Cloud, Google Podcast et Spotify, mais aussi sur le site www.francesecretavélo.com.
09:51 A la semaine prochaine et je vous salue bien bas, mon cher Gérard.
09:56 [Musique]

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