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En 1999, un tueur assassine brutalement Dennis Dolinger dans sa cave. Grâce à la technologie ADN, la police se hâte de retrouver le coupable avant qu'il ne frappe à nouveau.

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Transcription
00:00 *Bruit de la télé*
00:04 *Musique de suspense*
00:28 *Bruit de porte qui s'ouvre*
00:30 *Musique de suspense*
00:43 *Bruit de cliquetis*
00:44 *Musique de suspense*
01:05 *Musique de suspense*
01:24 *Musique de suspense*
01:53 *Musique de sirene*
01:57 Ce jour là, on s'est rendu sur place parce qu'un des voisins avait repéré une traînée de sang et avait appelé le 911.
02:04 Étant l'unité la plus proche, on y est allé.
02:08 *Musique de suspense*
02:14 Le bâtiment n'était pas très grand. C'était un immeuble typique du quartier de Capitol Hill.
02:19 Deux ou trois niveaux et un sous-sol.
02:21 *Musique de suspense*
02:25 Quand on est arrivé, un voisin qui promenait son chien nous a indiqué qu'il avait vu quelqu'un sortir de la maison.
02:34 *Musique de suspense*
02:37 Quelqu'un que le voisin n'avait vraisemblablement jamais vu.
02:41 C'était un après-midi plutôt agréable à Washington, exception faite bien sûr de la traînée de sang qui venait de la maison.
02:48 *Musique de suspense*
02:52 *Bruit de pas*
02:54 *Musique de suspense*
03:05 L'équipe a commencé à explorer la maison.
03:08 *Musique de suspense*
03:12 Il y avait du sang partout.
03:14 *Musique de suspense*
03:16 Vraiment partout.
03:18 *Musique de suspense*
03:24 On ne savait pas s'il y avait un blessé dans la maison.
03:27 *Musique de suspense*
03:37 On ne savait pas sur quoi on allait tomber.
03:40 *Musique de suspense*
03:42 A l'étage on a trouvé des vêtements sanglantés.
03:46 *Musique de suspense*
03:49 Il y a quelqu'un ?
03:51 Pendant que les autres continuaient de chercher à l'étage,
03:56 je suis descendu dans le sous-sol.
03:59 *Musique de suspense*
04:09 *Bruit de porte qui s'ouvre*
04:12 *Musique de suspense*
04:29 Là on a compris qu'on avait pénétré dans une scène de crime.
04:33 *Musique de suspense*
04:35 On a appris plus tard que la victime était Dennis Dollinger,
04:39 et que c'était un activiste communautaire.
04:41 *Musique de suspense*
04:47 On savait que le meurtre s'était produit en plein jour.
04:50 *Musique de suspense*
04:52 La traînée de sang a été découverte vers 16h.
04:55 Il y avait beaucoup de hauts responsables sur les lieux
04:58 en raison des liens de Dennis avec le gouvernement local.
05:01 *Musique de suspense*
05:02 Je suis Gérald Weiss.
05:04 J'étais le technicien en identification criminelle affectée à la scène de crime.
05:09 Les officiers avaient déjà bouclé la zone quand je suis arrivé,
05:12 car la scène de crime s'étendait sur 30 mètres au-delà de la porte.
05:16 *Musique de suspense*
05:19 Sur place, on a remarqué que les gouttelettes de sang étaient espacées d'environ 15 cm.
05:24 *Musique de suspense*
05:27 C'était inhabituel.
05:29 *Musique de suspense*
05:32 Dans une chambre à l'étage,
05:34 *Musique de suspense*
05:36 on a récupéré des vêtements tachés de sang.
05:39 *Musique de suspense*
05:41 Il y avait une grande quantité de sang provenant à la fois de Dennis, la victime,
05:45 et de la personne ayant perpétré le crime.
05:48 *Musique de suspense*
05:51 Le sang et d'autres indices trouvés sur les lieux
05:54 ont conduit la police à conclure que l'auteur du crime s'était blessé à la main en tuant Dennis.
05:59 *Musique de suspense*
06:01 La blessure n'était pas superficielle.
06:04 La personne qui a commis ce crime a abondamment saigné de la main.
06:08 *Musique de suspense*
06:10 Elle s'est certainement changée en enfilant des vêtements de la victime après s'être lavée,
06:15 ce qui avait du sens car quitter la scène de crime couvert de sang aurait attiré l'attention.
06:20 *Musique de suspense*
06:23 J'ai fait un prélèvement de sang à l'aide d'un écouvillon que j'avais préalablement humidifié.
06:29 *Musique de suspense*
06:31 Plus tard, cet échantillon de sang a été envoyé au laboratoire du FBI pour analyse.
06:36 *Musique de suspense*
06:39 La première fois que j'ai vu le corps, il était étendu au sol.
06:44 *Musique de suspense*
06:46 Il gisait sur une flaque de sang.
06:49 Ses vêtements en étaient fortement imprégnés.
06:53 *Musique de suspense*
06:55 On voyait des plaies perforantes sur la tête du défunt,
06:59 l'une d'entre elles ayant certainement touché une artère ou une veine,
07:03 entraînant une perte importante de sang.
07:06 *Musique de suspense*
07:08 La victime était Dennis Dollinger, une figure connue de la communauté.
07:13 Il luttait contre la criminalité.
07:16 L'inspecteur en charge de l'affaire avait une grosse pression.
07:20 *Musique de suspense*
07:24 Dennis était mon cousin germain,
07:27 et il était particulièrement proche de ma mère.
07:33 Il a grandi dans le sud de la Virginie,
07:37 une région très rurale, dans une ferme avec des animaux,
07:41 où les gens faisaient pousser tout ce qu'ils mangeaient.
07:45 *Musique de suspense*
07:48 Puis, quand il a passé la vingtaine,
07:51 il a trouvé un emploi à Washington et il s'y est installé.
07:55 *Musique de suspense*
07:57 Dennis travaillait au service de comptabilité du métro de Washington.
08:02 *Musique de suspense*
08:04 Ce dont je me souviens à propos de Dennis, c'est qu'il était excellent cuisinier.
08:08 *Musique de suspense*
08:11 Il nous invitait à manger ses célèbres spaghettis aux boulettes de viande et sa salade César,
08:17 mais il gardait ses recettes secrètes, il ne les partageait avec personne.
08:21 *Musique de suspense*
08:26 Il était membre d'une commission de concertation du voisinage,
08:30 comme il y en a beaucoup à Washington.
08:33 Il connaissait bien le maire Marion Barry,
08:36 et puis son successeur, le maire Anthony Williams,
08:39 qui était en fonction au moment de sa mort.
08:42 *Musique de suspense*
08:44 Il a été sauvagement assassiné chez lui en plein jour.
08:48 C'est vrai, il y avait des petits délits dans le coin,
08:52 peut-être même un peu de trafic de drogue,
08:55 mais des crimes de cette ampleur, c'était complètement inhabituel dans ce quartier.
08:59 *Musique de suspense*
09:02 Dennis se préoccupait beaucoup du sort des plus démunis,
09:07 des personnes en difficulté,
09:11 il était sans abri, il était très engagé.
09:15 A seulement 3 kilomètres du sud-est du Capitole,
09:18 se trouve un quartier où la vie devient de plus en plus difficile.
09:21 Dennis était une sorte de super-héros,
09:24 mais au lieu de porter une cape, il portait une casquette orange.
09:27 La nuit, les habitants patrouillent pour protéger leurs rues.
09:31 Les casquettes oranges qui patrouillaient à Washington
09:35 faisaient partie d'une organisation de lutte contre la criminalité.
09:39 *Bruit de moteur*
09:42 Dennis et ses voisins patrouillaient la nuit dans le quartier.
09:46 *Bruit de moteur*
09:49 Et s'ils voyaient quelque chose de suspect, ils appelaient la police.
09:52 Armés de talkie-walkies, de caméras, de jumelles et de bloc-notes,
09:55 ils n'interviennent jamais, ni physiquement, ni verbalement contre les trafiquants.
09:59 Leur rôle est de leur faire comprendre que les habitants les surveillent et qu'ils parlent à la police.
10:03 Patrouiller à pied la nuit dans les rues de Washington, c'était dangereux à l'époque.
10:07 Il fallait avoir du courage.
10:10 *Musique*
10:13 Au départ, je pense que la police n'avait pas la moindre idée de l'identité de l'assassin.
10:19 *Musique*
10:21 C'est grâce aux témoignages des voisins qu'on a découvert son engagement en tant qu'activiste communautaire.
10:26 *Musique*
10:29 Dennis s'était imposé comme le leader de ses escouades à la casquette orange.
10:34 Les dealers et les criminels qui voulaient prendre le contrôle de la rue ne l'appréciaient pas.
10:41 Et un soir, ils ont essayé de l'intimider.
10:44 *Musique*
10:47 Ils sont venus chez lui et ils ont tué l'un de ses chiens.
10:51 *Musique*
10:56 Lorsque le corps sans vie de Dennis Dollinger a été découvert,
11:01 ses proches ont d'abord pensé que les auteurs étaient les trafiquants de drogues locaux qu'il avait essayé de chasser du quartier.
11:09 Le problème, c'est qu'il n'y avait pas eu d'effraction.
11:12 Et compte tenu du nombre de menaces que Dennis recevait, il était peu probable qu'il ait laissé ses portes ouvertes.
11:18 *Musique*
11:23 Que s'était-il passé ?
11:25 Dennis Dollinger avait-il invité quelqu'un chez lui ?
11:29 *Musique*
11:32 Sans réaliser qu'il introduisait un monstre dans sa maison ?
11:36 *Musique*
11:43 La police était pratiquement sûre que l'assassin connaissait Dennis.
11:47 *Musique*
11:53 *Musique*
12:07 Dennis Dollinger a été assassiné dans son sous-sol.
12:11 *Musique*
12:18 Ça a été très violent, il y avait quelque chose de passionnel.
12:21 *Musique*
12:24 Dennis avait deux facettes.
12:27 Il avait une vie de famille, heureuse et épanouie.
12:32 Mais au fond, il manquait de confiance en lui et il était très seul.
12:38 Dennis a été diagnostiqué séropositif.
12:41 On l'a tout de suite mis sous AZT, un médicament utilisé pour le traitement contre le VIH.
12:46 *Musique*
12:48 Avec ça, Dennis a pu survivre.
12:51 Il était en bonne santé, il reprenait du poids, il allait beaucoup mieux et il cherchait toujours l'amour.
12:59 *Musique*
13:01 Il ne voulait pas avoir un petit ami par-ci, un petit ami par-là.
13:05 Il voulait s'installer comme tout le monde et avoir une vie normale.
13:09 *Musique*
13:13 Sponge Circle est un haut lieu de la communauté homosexuelle.
13:16 Il y a plusieurs barguets dans ce quartier.
13:18 *Musique*
13:22 Le Fireplace était l'un des plus anciens barguets de la ville à cette époque.
13:30 Il avait la réputation d'être un repère de trublions et de bagarreurs.
13:36 Dennis allait au Fireplace, dans l'espoir d'y trouver l'amour.
13:41 *Musique*
13:45 Les bars étaient les principaux lieux de rencontre.
13:50 Cependant, dans la communauté gay, surtout chez les hommes, il existait aussi ce qu'on appelait des lieux de rencontre en extérieur.
14:01 Il pouvait s'agir de parcs publics ou de certaines rues de la ville connues comme des lieux de drague.
14:07 Ce type de pratique exposait les homosexuels à des risques.
14:12 Au début, on ne savait pas s'il s'agissait d'un crime motivé par la haine,
14:17 ce qui est toujours une possibilité quand une personne de la communauté gay est assassinée.
14:22 *Musique*
14:26 À l'époque, à Washington,
14:31 il y avait plusieurs cas d'homicides non résolus d'hommes gays qui avaient été retrouvés morts chez eux.
14:37 *Musique*
14:41 Dans la communauté gay, il y avait un phénomène qu'on appelait les "pick-up murder".
14:46 *Musique*
14:49 La police en était consciente dans les grandes villes, parce que malheureusement, il arrivait que lorsqu'un gay rencontrait quelqu'un,
14:57 *Musique*
15:00 et qu'il commençait à se fréquenter, avec parfois des relations sexuelles, ça réveillait des pulsions meurtrières chez certains.
15:08 *Musique*
15:12 À l'époque, la police a essayé d'alerter la communauté pour qu'elle fasse attention.
15:17 *Musique*
15:21 Quand on a appris qu'un membre de la communauté gay qui était apprécié et actif dans son quartier a été assassiné,
15:28 surtout dans des circonstances aussi violentes, poignardés à plusieurs reprises,
15:33 *Musique*
15:36 la première réaction a été la peur.
15:39 *Musique*
15:41 Tout le monde savait que Dennis aimait s'installer sur le perron avec une grande tasse de café, une cigarette et un journal.
15:48 Il aimait saluer les passants.
15:51 *Musique*
15:54 Le jour où il a été tué, ils ont trouvé une tasse de café à moitié pleine sur le perron.
16:01 *Musique*
16:08 *Musique*
16:11 *Musique*
16:16 *Musique*
16:21 *Musique*
16:27 Si ça avait été des dealers, ils auraient très probablement utilisé leur arme de prédilection de l'époque, un pistolet 9mm.
16:35 *Musique*
16:38 Quand on a examiné le corps, on a découvert que les blessures n'avaient pas été causées par une lame.
16:43 *Musique*
16:46 Un outil à pointe en losange a été utilisé pour le perforer et il a été perforé encore et encore.
16:52 *Musique*
16:55 Dennis avait 25 marques en forme de X sur son cuir chevelu, comme celle qu'aurait laissé un tournevis de la marque Philips.
17:03 Il y avait plusieurs tournevis sur la scène de crime mais aucun ne portait de traces de sang.
17:08 *Musique*
17:10 La police était persuadée que le meurtrier s'était débarrassé de l'arme du crime. Elle n'a jamais été retrouvée.
17:16 Il était vivant pendant pratiquement toute la durée de l'attaque.
17:21 D'après le médecin légiste, étant donné tout le sang qu'il y avait sur la scène de crime, le coeur devait battre pour que le sang puisse s'écouler.
17:30 Et la grande quantité de sang recouvrée indiquait que son coeur battait encore.
17:35 *Musique*
17:41 Quand quelqu'un se fait poignarder à de multiples reprises, on pense toujours à un crime passionnel.
17:47 *Musique*
17:50 Si c'était un simple cambriolage, le meurtrier serait venu à bout de la victime en quelques coups et se serait enfui de la maison.
17:58 Mais là il est resté et a poignardé Monsieur Dollinger à 25 reprises.
18:03 *Musique*
18:06 Encore et encore, il s'est acharné sur lui.
18:09 *Musique*
18:12 La police avait plusieurs hypothèses sur la table.
18:15 Il pouvait tout à fait s'agir d'un crime passionnel.
18:18 Mais comme son portefeuille, ses cartes de crédit et des bijoux avaient été volés, ça pouvait être aussi un cambriolage qui avait mal tourné.
18:25 Et bien sûr, ça pouvait être les deux.
18:28 L'une de ces hypothèses n'excluait pas l'autre.
18:31 *Musique*
18:34 Dans les 24 heures qui ont suivi la découverte du corps de Dennis Dollinger, un individu a été pris en train d'utiliser l'une de ses cartes de crédit.
18:44 *Musique*
18:48 Son nom est Steven Watson.
18:51 *Musique*
18:53 C'est devenu le principal suspect du meurtre.
18:57 La police nous a appris que Steven Watson était un criminel notoire.
19:02 Il était toxicomane et il faisait régulièrement des séjours en prison.
19:08 *Musique*
19:12 Il y avait visiblement un lien entre lui et la victime, mais personne n'en connaissait véritablement la nature ni l'importance.
19:21 *Musique*
19:24 Évidemment, la police était à la recherche de suspects avec une blessure à la main.
19:30 Et là, il tombe sur un individu qui utilise une carte de crédit de Dennis Dollinger 24 heures après le meurtre et qui a une blessure à la main.
19:41 *Musique*
19:43 Tout portait à croire que cet homme était impliqué dans le meurtre.
19:47 *Musique*
19:48 Donc la police l'a arrêté.
19:51 *Musique*
19:58 Steven Watson a été nié.
20:01 C'était la caricature de l'héroïnomane.
20:05 Il avait perdu plus de 35 kilos et avait l'air complètement délabré.
20:10 *Musique*
20:14 Il a dit à la police que pour préparer ses fixes d'héroïne, il se servait de canettes vides qu'il découpait et que c'était comme ça qu'il s'était blessé la main.
20:23 *Musique*
20:27 Il a dit qu'il avait trouvé un sac dans une station de métro et qu'il l'avait ramassé.
20:32 Et quand il a vu qu'il y avait une carte de crédit à l'intérieur, c'était le jackpot pour lui.
20:38 L'inspecteur qui menait l'enquête était sceptique alors que tout le monde pensait qu'il avait attrapé le meurtrier.
20:44 Toute la famille était soulagée quand ils ont arrêté Steven Watson.
20:49 Sur lui, il avait le permis et une carte de crédit de Dennis.
20:55 Il se comportait de manière si étrange.
20:58 Il avait les affaires de Dennis en sa possession.
21:01 Ça ne pouvait être que lui.
21:04 *Musique*
21:18 En 1999, l'identification par l'ADN dans les affaires criminelles en était à ses balbutiements aux États-Unis.
21:25 Le FBI venait tout juste de créer une unité spécialisée.
21:29 L'Agence fédérale avait commencé à constituer une des bases de données qu'on connaîtra plus tard sous l'acronyme CODIS, la base de données nationale.
21:38 *Musique*
21:41 Steven Watson a fourni un échantillon de salive contenant son ADN, qui a été testé dans la base de données CODIS.
21:49 *Musique*
21:52 Les enquêteurs pensaient que le sang de Steven Watson se trouvait sur la scène de crime.
21:58 Que pendant qu'il poignait Dennis à la tête avec un tournevis, ce dernier aurait glissé sur le crâne ensanglanté de la victime et se serait planté dans sa main.
22:10 Ce qui aurait confirmé que c'est en tuant Dennis qu'il se serait blessé la main.
22:14 *Musique*
22:17 L'ADN c'est un outil à double tranchant.
22:19 Ça peut vous confirmer que tel suspect est bien l'auteur du crime ou alors apporter la preuve irréfutable qu'il est innocent.
22:26 *Musique*
22:55 *Bruit de casque*
22:56 *Musique*
23:12 Quand les résultats ADN sont tombés, ça a été un choc.
23:15 L'affaire allait prendre une autre tournure.
23:18 *Musique*
23:20 *Musique*
23:41 Steven Watson avait été inculpé et était resté neuf mois en prison avant que le FBI ne réalise les analyses ADN.
23:48 Aucun des échantillons de sang qu'on avait prélevé sur la scène de crime ne correspondait avec l'ADN de Watson.
23:54 *Musique*
23:58 On était sous le choc.
23:59 *Musique*
24:05 Dans la famille, on pensait tous qu'on avait attrapé le meurtrier de Dennis.
24:09 Comment avait-il obtenu ce permis de conduire et ce porte-monnaie ?
24:12 *Musique*
24:16 Personne ne s'attendait à ça.
24:18 Les résultats de l'analyse ADN ont pris tout le monde au dépourvu.
24:22 *Musique*
24:28 La police avait l'impression d'être revenue à la case départ.
24:31 *Musique*
24:33 On se demandait, mais qui sait alors, comment ils vont faire pour trouver le meurtrier ?
24:36 On avait peur.
24:37 *Musique*
24:39 Peur qu'ils ne lui mettent jamais la main dessus.
24:41 *Musique*
24:45 Quand Steven Watson a été disculpé,
24:48 on a demandé à l'état de Virginia de vérifier s'ils avaient un profil
24:52 qui correspondait aux échantillons qui avaient été analysés par le FBI sur leur base de données.
24:58 *Musique*
25:01 Et ils ont trouvé une correspondance.
25:03 *Musique*
25:05 C'était un individu qui avait déjà été arrêté en Virginia, pas loin de Washington.
25:11 *Musique*
25:14 L'ADN d'un de nos échantillons correspondait à celui d'un certain Raymond Jenkins.
25:20 *Musique*
25:24 C'était un moment historique.
25:27 Cette personne n'avait jamais été suspectée dans cette affaire
25:30 et il avait été identifié uniquement grâce à son ADN.
25:35 Ce n'était encore jamais arrivé à Washington, c'était la première fois.
25:40 Une fois que Raymond Jenkins avait été identifié, l'affaire a pris une nouvelle direction.
25:46 *Musique*
25:49 La police nous a informé que l'ADN de Raymond Jenkins correspondait à celui retrouvé sur la scène de crime.
25:56 Tout d'un coup, on avait un nouveau suspect en la personne de Raymond Jenkins.
26:01 *Musique*
26:04 Personne dans la famille n'avait jamais entendu parler de lui.
26:08 *Musique*
26:11 Il était connu des services de police et des communautés de sans-abri qu'il fréquentait,
26:17 mais nous, on n'avait aucune idée de qui c'était.
26:21 La police ne savait pas comment Dennis et lui étaient entrés en contact
26:26 et ça a soulevé beaucoup de questions sur les fréquentations de Dennis, avec qui il traînait.
26:32 Raymond Jenkins était un sans-abri, ce qui a conduit la police à interroger des sans-abri à la recherche de témoins qui connaissaient le suspect.
26:42 *Musique*
26:45 Beaucoup de témoins interrogés dans cette affaire étaient des SDF, des gens qui vivaient dans la rue.
26:53 Ils connaissaient Dennis grâce à son engagement dans la communauté locale
26:57 et à travers ses efforts pour améliorer la vie des gens qui habitaient autour de Potomac Avenue.
27:03 *Musique*
27:23 Dennis tenait en aide aux sans-abri.
27:25 *Musique*
27:27 Un homme nous a dit qu'il connaissait Dennis et qu'il était triste de ce qui lui était arrivé.
27:32 C'était un témoin, c'était un sans-abri.
27:34 Des témoins nous ont révélé que Raymond Jenkins avait un mode opératoire pour voler les homosexuels.
27:40 *Musique*
27:42 Ils l'ont vu vendre des bijoux dont la description correspondait à ceux qui avaient été dérobés chez Dennis Dollinger.
27:47 *Musique*
27:51 Un autre témoin a dit à la police que Jenkins trimbalait souvent dans son sac à dos un tournevis de la marque Philips.
27:58 *Musique*
28:01 Cette histoire a changé mon regard sur les sans-abri.
28:05 Je ne les vois plus de la même manière, ils sont les yeux et les oreilles de la rue.
28:10 Mais on ne s'en rend pas compte à cause de leur tenue et du fait qu'ils n'ont pas l'air très propres.
28:15 Mais les gens qui y croisent ont honte pour eux et ils sont solidaires entre eux.
28:19 *Musique*
28:23 La communauté était clairement inquiète.
28:26 Certes on avait une correspondance ADN, mais on ne savait toujours pas où l'individu se trouvait.
28:32 Et cette incertitude alimentait l'anxiété et l'appréhension.
28:36 Le meurtrier pouvait être n'importe où.
28:39 *Musique*
28:41 L'identification de Jenkins grâce à son ADN n'était que le début.
28:46 L'affaire n'était pas terminée.
28:48 *Musique*
28:52 *Voix de l'interprète*
28:54 Jenkins purgeait une peine de prison en Virginie pour cambriolage.
28:58 Il était donc incarcéré à ce moment là.
29:01 Ce qui a été un soulagement pour les autorités et de nombreuses personnes qui suivaient l'affaire.
29:07 *Musique*
29:10 Les inspecteurs sont allés parler à Raymond Jenkins en présence.
29:14 *Musique*
29:16 Jenkins a dit qu'il n'avait jamais entendu parler de Dennis.
29:19 Il ne savait pas où il vivait, il a tout niqué.
29:22 *Musique*
29:23 Raymond Jenkins gagnait sa vie en faisant des cambriolages.
29:27 Mais à notre connaissance, il n'avait encore jamais été violent envers ses victimes.
29:32 Vu comment ça se présentait, il semblait que Jenkins n'avait aucune intention de passer aux aveux.
29:40 On allait devoir prouver que c'était bien lui qui avait commis ce meurtre.
29:44 Il fallait qu'on prouve que lui et Dennis se connaissaient.
29:48 *Musique*
29:53 L'ADN est aussi fiable qu'une empreinte digitale.
29:56 Mais en 1999, c'était encore quelque chose de nouveau.
30:00 Alors pour boucler l'affaire, les inspecteurs ont cherché à s'appuyer sur d'autres éléments, comme les témoins onculaires.
30:07 *Musique*
30:13 À mesure que l'enquête progressait, la police a appris que Jenkins fréquentait régulièrement les bars pour repérer ses victimes.
30:22 Les membres de la communauté gay qui connaissaient ses méthodes ont dû se dire qu'au vu de son profil, il pourrait bien être impliqué dans le meurtre de Dennis.
30:32 *Musique*
30:35 Jenkins était un habitué du fireplace, à du pont de circle.
30:41 Et heureusement, on avait un témoin, le videur du fireplace.
30:47 *Musique*
30:49 Il avait vu Jenkins et Dennis ensemble, la veille du meurtre.
30:54 *Musique*
31:03 On sait avec certitude que la nuit précédant le meurtre, Dennis est allé au fireplace.
31:10 Il allait souvent là-bas. Je pense qu'il se sentait très seul.
31:18 Dennis a toujours été attiré par les gens un peu paumés.
31:23 Il a toujours cru qu'il n'était pas assez bien pour quelqu'un qui avait une belle carrière, un boulot stable, bien payé, une belle maison.
31:32 *Musique*
31:35 Je pense que c'était dû au fait qu'il manquait de confiance en lui.
31:40 Il pensait qu'il ne méritait pas quelqu'un qui avait de l'avenir, qui avait réussi.
31:45 Jenkins était le genre d'homme qui attirait Dennis.
31:49 Il n'avait aucun avenir. C'était un sans-abri.
31:53 *Musique*
31:57 Quand les gens vont dans un bar, ils ont parfois tendance à boire un peu plus que de raison.
32:09 Et dans ces moments-là, ils peuvent baisser la garde plus qu'il ne faudrait et manquer de discernement et de bon sens.
32:17 *Musique*
32:20 C'était des relations sans entourement.
32:23 *Musique*
32:26 Jenkins a dû feindre d'être intéressé par Dennis pour qu'il l'invite chez lui.
32:33 Très probablement dans le but de le cambrioler.
32:37 *Musique*
32:40 On avait aussi le témoignage d'un barman qui avait vu Raymond Jenkins porter la même chemise que celle qui avait été abandonnée dans l'appartement de Dennis.
32:51 Quand on a confronté Jenkins, il a dit "c'est la même chemise, mais la mienne n'a pas de sang".
32:57 *Musique*
32:59 Le videur a vu Jenkins et Dennis partir en voiture ce soir-là.
33:05 *Musique*
33:07 Jenkins a passé la nuit avec lui.
33:10 *Musique*
33:15 Et le lendemain matin, il est parti.
33:18 *Musique*
33:23 Après que Jenkins ait quitté la maison de Dennis, il a rencontré un ami dans le métro.
33:31 L'un de mes témoins dans cette affaire était quelqu'un qui dormait dans un wagon ce jour-là.
33:37 C'était un sans-domicile fixe à l'époque.
33:40 Il a croisé Jenkins alors qu'il retournait chez Dennis Dollinger.
33:44 Jenkins lui a dit "je vais aller chez quelqu'un pour le cambrioler, tu veux venir ?"
33:51 Et le gars lui a répondu "ouais ok".
33:55 Mais après Jenkins a ajouté "s'il résiste trop, je vais me débarrasser de lui".
34:05 Jenkins a clairement fait part de son intention d'être violent si la victime ne se laissait pas faire.
34:11 Et là, cette personne lui a répondu "non, je ne marche plus, le cambrioler pas de problème, mais je veux faire de mal à personne".
34:19 Alors Jenkins s'est allé tout seul.
34:21 *Musique*
34:24 Jenkins a été officiellement arrêté pour le meurtre de Dennis Dollinger.
34:29 Dans le district de Columbia, c'est le bureau du procureur des Etats-Unis qui s'occupe de toutes les poursuites pénales contre les adultes,
34:37 qu'elles soient portées devant un tribunal fédéral ou un tribunal local.
34:41 L'ADN était une preuve très convaincante et éprobante, mais personne ne savait vraiment comment le procès allait se dérouler.
34:49 Jusque là, l'ADN n'avait jamais été impliqué dans une affaire aussi grave.
34:54 C'était la première fois que la méthodologie utilisée en 1999 allait être contestée devant une cour.
35:01 Et la preuve ADN a finalement été refusée par le juge.
35:06 *Musique*
35:08 Ces concepts peuvent sembler simples aujourd'hui, mais je me souviens que les notes de service faisaient plus de 100 pages.
35:15 Le problème, je pense, c'est que beaucoup de procureurs étaient très occupés.
35:19 Ils étaient débordés.
35:21 C'était une période où on avait un taux d'homicide très élevé à Washington et les gens avaient des charges de travail très importantes.
35:27 Donc je pense qu'ils avaient autre chose à faire que de prendre le temps de comprendre cette nouvelle méthode d'identification scientifique.
35:34 Moi, ça m'a beaucoup intéressé.
35:36 Ça a été une très bonne expérience. Je garde un bon souvenir de cette affaire.
35:41 À l'époque, la peur et la haine envers les homosexuels étaient très présentes.
35:46 Au fil des ans, les avocats représentant des clients accusés de meurtre ou d'agression physique grave contre des homosexuels
35:55 ont utilisé ce qu'on appelait alors la "gay panic defense".
36:01 Cette défense consistait à prétendre, après l'arrestation et pendant le jugement,
36:07 que les accusés, qui étaient le plus souvent invités de leur plein gré chez leurs victimes ou les raccompagnés chez elles,
36:13 auraient été approchés par les victimes.
36:16 Ces dernières auraient fait des avances de nature sexuelle contre la volonté des accusés,
36:21 déclenchant ainsi une réaction de panique qui les aurait poussés à frapper ou tuer leurs victimes.
36:28 Tout le monde était très investi et déterminé à mener cette affaire à son terme,
36:33 mais ça a vraiment été très dur pour la famille.
36:38 Le choc a été terrible.
36:42 On était dévasté. Il a été libéré.
36:47 Le procès a finalement eu lieu en 2006, après sept longues années d'attente.
36:52 En tant qu'onzième procureur sur cette affaire, j'ai hérité d'un dossier volumineux.
36:57 Il devait y avoir 26 cartons.
37:00 Je me souviens qu'il y avait des litiges interminables avec énormément de contestations du CSA.
37:06 Les procédures ont été très compliquées.
37:10 Il y avait des questions liées à l'ADN, notamment sur l'admissibilité des preuves ADN.
37:16 C'était une technologie alors récente.
37:19 Il n'est pas étonnant qu'ils aient cherché à la contester.
37:23 Ils remettaient également en cause l'utilisation des bases de données
37:27 pour résoudre l'affaire et l'application de statistiques d'ADN lorsque des correspondances étaient trouvées.
37:33 J'ai assisté au procès.
37:40 C'était captivant, toutes ces preuves exposées, tous ces témoignages.
37:46 Mais apparemment, l'un des jurés avait déjà pris sa décision.
37:51 L'un des membres du jury, qui avait été le premier à le faire,
37:56 avait été le premier à le faire.
38:00 L'un des membres du jury avait exprimé des préjugés envers Dennis, la victime,
38:07 en raison de son orientation sexuelle.
38:13 Lorsque tout le monde a été libéré de la salle d'audience,
38:18 deux jurés sont venus me voir et m'ont dit
38:22 « L'un des membres du jury a poignardé son père quand il a appris qu'il était gay. »
38:28 Suite à cette révélation, le tribunal a annulé le procès.
38:34 J'ai assisté au deuxième procès.
38:38 On n'avait pas fait de nouvelles analyses ADN, mais cette fois-ci, on avait un jury solide.
38:45 Lors de ce procès, j'ai témoigné pendant trois jours consécutifs, du début à la fin des audiences.
38:54 L'accent a été mis sur les prélèvements sanguins sur les lieux et la correspondance ADN.
39:01 Le jour où le jury a été annulé.
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