France Bleu Gard Lozère
Pierre Martin, président de la Fédération Française du Bâtiment dans le Gard
Pierre Martin, président de la Fédération Française du Bâtiment dans le Gard
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00:00 (Générique)
00:05 On y va, 8h45, le 7h45 en direct, France Bleu, Garlozer avec vous ce matin,
00:10 et Quentin, le nouveau président de la Fédération Française du Bâtiment dans le Gare est notre invité.
00:14 Oui, bonjour Pierre-Martin.
00:15 Bonjour.
00:16 Merci d'être avec nous.
00:17 Vous êtes donc dans la région, enfin l'ancienne région Languedoc-Roussillon,
00:21 le patron de Sogeyasu de bâtiment.
00:23 Vous venez de succéder à Pascal Lacosta, la tête de la Fédération Française du Bâtiment.
00:28 Le BTP qui est dans quelle dynamique à l'aube de l'année 2024 ?
00:33 Alors c'est assez contrasté.
00:35 Vous avez tout ce qui est construction neuve, en logements, qui sont individuels ou collectifs.
00:40 Là, c'est l'effondrement, c'est l'arrêt de toutes les constructions,
00:43 d'énormément de constructions.
00:45 Pour vous donner une idée, on a construit en 2023 186 000 logements,
00:51 là où normalement il faudrait en construire 500 000.
00:54 Donc ça c'est pour les constructions en neuf.
00:57 Individuels et collectifs.
00:59 Le secteur de la rénovation, de la réhabilitation, lui par contre...
01:02 Ce qui porte aujourd'hui, on peut le dire, le bâtiment.
01:04 Ce qui porte aujourd'hui le bâtiment absolument,
01:06 et notamment tout ce qui est rénovation énergétique.
01:09 Et donc ça, on en est où ?
01:10 Est-ce que c'est au ralenti cette rénovation ?
01:13 Alors en 2023, l'activité a été plutôt soutenue, avec une croissance de l'ordre de 3%.
01:19 Mais on reste quand même un peu inquiet par rapport aux nouvelles mesures
01:23 qui sont annoncées dans le cadre de la loi de finances 2024,
01:25 avec une refonte qui est annoncée pour la prime rénov',
01:31 qui avant autorisait et permettait aux particuliers de rénover leur bâtiment par geste.
01:37 C'est-à-dire qu'on changeait les miniseries,
01:39 on bénéficiait d'un financement de la prime rénov'.
01:42 Aujourd'hui, le gouvernement souhaite une approche dans sa globalité du bâti,
01:46 et la prime rénov' va être vers une rénovation globale du bâti.
01:51 Donc qui va nécessiter beaucoup plus d'apports de la part de particuliers,
01:54 et quand on connaît aujourd'hui les difficultés pour accéder au crédit, on s'inquiète.
01:58 Parce qu'effectivement, est-ce qu'il grippe toujours la machine ?
02:01 Vous venez de parler de cette mesure du gouvernement,
02:04 mais c'est quoi ? Il y a quoi d'autre ? Il y a la guerre en Ukraine ?
02:06 Est-ce que ce sont aussi les normes ? Est-ce que ce sont les banques qui posent problème ?
02:10 Ce sont un peu tous ces facteurs, oui.
02:12 Sur le logement notamment, vous avez les augmentations des taux d'intérêt,
02:17 ça c'est la principale mesure, qui ont doublé en un an.
02:20 4% je crois aujourd'hui.
02:21 C'est ça, autour de 4%, alors qu'ils étaient à 2% avec les assurances en début d'année,
02:25 donc le coût du crédit est important.
02:28 Les banques aussi accordent beaucoup moins facilement les crédits,
02:32 il y a une chute de 40% des prêts immobiliers en 2023, ce qui est énorme.
02:36 Il y a effectivement la guerre en Ukraine, qui a succédé à la crise Covid,
02:41 qui a fait flamber aussi le coût des matières premières,
02:45 et de l'énergie.
02:46 Et tous ces facteurs, ça plus le coût du foncier qui a explosé dans certaines villes, dont Nîmes,
02:52 tous ces facteurs-là rendent très compliqué l'acquisition d'un logement pour une famille.
03:00 Je vais vous reposer un petit peu la même question, mais de manière différente.
03:03 Quel est l'acteur qui pourrait relancer le BTP d'après vous ?
03:07 Alors, il y a la BCE déjà, avec les taux d'intérêt.
03:11 La Banque Centrale Européenne, oui.
03:12 Donc ABC un petit peu ces taux.
03:14 Donc ils sont annoncés pour 2024, mais on parle plutôt d'août 2024,
03:19 donc c'est quand même assez loin, et on a besoin d'activités aujourd'hui.
03:24 On a besoin de construire des logements, en France,
03:26 pas que pour les entreprises du bâtiment, mais aussi pour les Français qui doivent se loger.
03:31 Il y a aussi des mesures qui peuvent être prises vis-à-vis des bailleurs sociaux,
03:35 parce que les bailleurs sociaux sont confrontés aux mêmes difficultés sur le coût de la construction,
03:40 sur le coût du crédit, parce qu'ils sont indexés sur le Livret A.
03:43 Il y a peut-être de baisser le taux de TVA,
03:46 donc là ça dépend directement de l'État, pour les bailleurs sociaux,
03:49 de faire peut-être passer de 10% à 5,5%.
03:51 Avoir une action sur le foncier, parce qu'aujourd'hui,
03:55 qu'est-ce qui fait flamber le foncier ?
03:57 C'est la rareté, et comme beaucoup de foncières...
04:01 Donc les prix des terrains baissent, en fait ?
04:03 Il faudrait que les prix des terrains baissent,
04:05 pour que le coût global d'un logement baisse aussi.
04:09 Reviennent moins chers.
04:10 Est-ce qu'il y a un risque, en l'État, s'il y a une situation qui ne s'améliore pas,
04:14 qu'il y ait des suppressions d'emplois dans le BTP, dans le Gard ?
04:17 C'est déjà le cas.
04:19 C'est déjà le cas.
04:20 En 2023, cette baisse de l'emploi s'est amorcée.
04:24 En 2023, je vais vous donner les chiffres.
04:28 En 2023, on a une baisse des effectifs de 1,8%.
04:34 C'est le début, c'est ce qui nous inquiète.
04:38 Et sur le nombre d'intérimaires, la chute est de 4%.
04:42 Donc ça, c'est pour 2023.
04:44 Et les projections de la Fédération française du bâtiment, en France,
04:47 pour vous donner une idée,
04:48 si rien n'est fait pour relancer la construction de logements,
04:53 d'ici 2025, c'est plus de 200 000 emplois qui seront perdus.
04:57 Et ces emplois-là, on parle de quoi ?
04:59 De maçons, d'électriciens, de plombiers ?
05:02 De tous les corps de métier.
05:03 De tous les acteurs, de tous les corps de métier du bâtiment.
05:05 Aujourd'hui, les premiers touchés, ce sont les artisans du gros œuvre.
05:09 Parce que tout est décalé.
05:11 Les constructions engagées l'an dernier sont aujourd'hui encore d'état secondaire.
05:15 Les constructions qui doivent être engagées concernent les entreprises de gros œuvre.
05:19 Et comme il n'y a plus d'opérations qui sont lancées,
05:21 par faute de commercialisation,
05:23 les entreprises et les artisans de gros œuvre,
05:25 aujourd'hui, sont les premiers concernés.
05:27 Mais demain, ça sera toute la chaîne.
05:29 Ici, le 6/9 France Blog, à l'Auxerre, 7h51.
05:32 Pour inviter le nouveau président de la Fédération française du bâtiment dans le Gard.
05:35 Ceux qui pourraient faciliter la vie, en tout cas pour les acteurs du BTP,
05:40 ce sont les habitants qui rejettent parfois dans le Gard des constructions de bâtiments.
05:44 On l'a entendu d'ailleurs ce matin dans le quartier Castaner.
05:46 Vous leur dites quoi à ces habitants qui s'opposent à la construction de 17 logements ?
05:51 C'est plus une problématique de politique d'urbanisme.
05:56 On a besoin de construire des logements parce qu'il faut loger les Français.
06:00 Après, c'est une réflexion d'urbanisme.
06:02 Où construit-on ces logements ?
06:04 On parle des logements sociaux, il en manque cruellement.
06:07 Pour autant, peu de personnes veulent des logements sociaux à côté de leur foyer.
06:13 Mais c'est quand même une nécessité.
06:15 La France a besoin, et notre département, et notre ville,
06:18 a besoin de construire des logements pour loger la population dans des conditions décentes.
06:22 Ce sont des problèmes de politique d'urbanisme
06:25 qui ne sont pas du ressort des entrepreneurs du bâtiment.
06:29 Nous savons qu'il est indispensable de construire des logements.
06:32 Quand on s'oppose à un projet, derrière, il y a des entreprises qui ne peuvent pas intervenir.
06:37 Donc, du travail qui ne peut plus être fait.
06:39 Et donc, en bout de chaîne, des entreprises du BTP qui vivent moins bien.
06:44 Absolument.
06:45 Toujours anime aussi, sur France Bleu-Garloser,
06:48 on parlait ce matin des mineurs isolés ou des jeunes migrants dans le Gard.
06:52 Manifestement, vous pousseriez auprès de la préfecture
06:55 pour qu'ils puissent être embauchés, notamment dans le BTP.
06:58 Est-ce que vous nous le confirmez ?
07:00 Absolument, mais il faut resituer.
07:03 Quand il y a eu la crise migratoire avec les réfugiés,
07:07 il y a tout un tas de dispositifs qui ont été mis en place,
07:10 notamment par le GEC-BTP, qui dépend aussi des entreprises du bâtiment,
07:13 qui s'appelle HOP.
07:15 Donc, on les a accueillis, on les a formés.
07:17 On leur a fait suivre des formations pendant un an, un an et demi,
07:21 pour leur apprendre un métier, pour qu'ils puissent s'intégrer.
07:24 Et à l'issue de cette formation, ils n'ont pas été régularisés.
07:26 Pourtant, le bâtiment reste un métier en tension,
07:29 alors non pas que l'activité explose.
07:31 C'est contra-éditoire avec ce que vous nous disiez tout à l'heure,
07:33 ce risque de suppression d'emploi.
07:35 Oui, il y a un risque de suppression d'emploi,
07:37 mais en parallèle aussi, c'est un métier qui n'attire pas forcément les jeunes.
07:40 C'est une profession qui n'attire pas forcément les jeunes.
07:43 Et c'est une population qui est vieillissante de salariés,
07:45 donc il faut remplacer, il faut qu'on trouve de la main d'œuvre,
07:48 même si l'activité baisse et que l'emploi baisse.
07:51 Néanmoins, le renouvellement reste plus important aujourd'hui
07:54 que les départs à la retraite ou ceux qui s'orientent vers d'autres professions.
07:57 Une toute petite dernière question, je vous demanderais d'y répondre rapidement.
08:00 C'était sur le système de raquettes,
08:02 notamment sur le chantier d'une école au Claude Orville,
08:04 l'école Léo Rousson pour ne pas la nommer.
08:06 On en est où ?
08:08 Alors, on en est que...
08:10 Donc, plusieurs réunions ont été organisées avec monsieur le préfet,
08:14 le préfet Bonnet, avec la ville de Nîmes.
08:17 Des dispositions ont été prises, notamment pour sécuriser le chantier.
08:21 Là, je crois que le préfet,
08:24 enfin en tout cas le préfet et les services de l'État sont bien au courant de cette problématique,
08:28 qui n'est pas propre qu'à Nîmes d'ailleurs,
08:30 parce que là on est très focalisés sur Nîmes,
08:32 mais la sécurité dans les quartiers dits sensibles est nationale,
08:37 c'est un problème national.
08:38 Et la sécurisation, alors pas du chantier,
08:40 parce que c'est vrai que le chantier et la sécurisation dépendent des entreprises
08:43 ou du maître d'ouvrage, donc il peut être une collectivité, comme la ville de Nîmes,
08:46 mais en dehors du chantier, c'est un domaine régalien.
08:50 - Pierre Martin, je vous remercie beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu,
08:53 Gare Lozère, donc je rappelle que vous êtes le nouveau président maintenant,
08:56 président de la Fédération Française du bâtiment dans le Gard.
08:59 Merci à vous Pierre Martin.