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  • 15/01/2024

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00 Riyad Mahrez très fort !
00:02 Oh Riyad Mahrez !
00:03 De la tête de Boubacar !
00:04 Oh la main de Sheikha Adur !
00:06 Mouah, Maitre Salah, c'est lui qui vous effraie le plus !
00:08 Eh je suis pas fou, il a cité la fin du match là !
00:10 Incroyable ! J'avais vu ça !
00:12 Nous sommes le 9 février 2012.
00:27 Trois jours avant la finale de la 28ème édition de la Coupe d'Afrique des Nations.
00:32 Sur la plage de Libreville, la capitale du Gabon,
00:36 pour la délégation zambienne, c'est l'heure au recueillement.
00:40 Près de 20 ans plus tôt, leurs aînés de la sélection que l'on surnomme les Chipolopolo
00:47 ont tous disparu au large de cette plage, à quelques mille marins.
00:52 L'avion qui devait les mener jusqu'à Dakar, pour un match de qualification à la Cannes,
00:57 s'est abîmé dans l'océan Atlantique.
01:00 Des chants en hommage sont repris à l'unisson par tous les membres de la délégation.
01:05 Parmi eux, Hervé Renard, lui aussi une gerbe de fleurs à la main.
01:11 Quelques minutes plus tard, le sélectionneur français de la Zambie,
01:16 qui tente de retenir ses larmes, prend la parole devant les journalistes venus en nombre.
01:23 C'est l'objectif qu'on s'était donné, de revenir sur ce lieu pour honorer leur mémoire.
01:30 Maintenant les joueurs ont réussi à le faire d'une façon très brillante.
01:34 Ils le méritent d'être ici.
01:37 Maintenant la dernière pierre à l'édifice, ça serait de remporter la Coupe d'Afrique
01:41 pour que ce soit un symbole quelque part.
01:46 Maintenant tout le monde recherche des symboles, mais je pense que celui-ci est très fort.
01:51 Tellement fort que les Zambiens arracheront cette Cannes 2012,
02:02 au terme d'une finale où les nerfs seront mis à rude épreuve,
02:05 face à la grande Côte d'Ivoire de Didier Drogba.
02:10 Mais comment Hervé Renard est-il parvenu à prophétiser ce symbole
02:16 en déjouant tous les pronostics ?
02:19 Remontons le fil de l'histoire et reprenons tout depuis le début.
02:23 Pour comprendre le lien qui unit l'Afrique à Hervé Renard,
02:35 coach au sourire aussi blanc que sa mythique chemise, il faut remonter en 2008.
02:41 Le natif d'Aix-les-Bains devient pour la première fois de sa carrière
02:44 numéro un sur le banc de la Zambie.
02:47 Jusque-là, Claude Leroy, le sorcier blanc, l'a amené dans ses bagages à travers le monde,
02:53 de la Chine à l'Angleterre, en passant par le Vietnam,
02:57 puis au Ghana où il découvre un continent qui va marquer sa vie.
03:02 J'ai été adopté, on me donne tellement d'amour que forcément j'adore.
03:08 Qui n'aime pas être apprécié, qui n'aime pas être flatté,
03:12 alors parfois je me pince un peu parce que je me dis qu'est-ce que j'ai fait pour avoir tout ça.
03:20 Mais je le prends volontiers.
03:24 L'endroit du continent où Renard est le plus adulé est sans conteste la Zambie,
03:29 là où il est même devenu légéri d'une marque de lessive grâce à sa fameuse chemise blanche immaculée.
03:35 Il décide donc de prendre en main la Zambie, sous les conseils de son mentor Claude Leroy
03:41 et à la demande du président de la Fédération Zambienne, Kaloucha Boaïla,
03:46 qui a vite cerné que son profil était parfaitement adapté au football de sélection africaine.
03:52 Ma seule question, ça a été de demander à Claude Leroy
03:56 est-ce que l'équipe de Zambie est une bonne équipe,
03:59 parce que je vais vous avouer sincèrement que j'en connaissais pas plus que ça sur eux.
04:03 Et il m'a dit c'est un très bon tremplin pour toi,
04:08 c'est une équipe qui joue toujours très bien au football, donc il faut y aller.
04:14 Donc je suis parti. Un Français en Zambie, ça s'était jamais passé déjà.
04:24 Deux ans après sa prise de fonction, les résultats sont déjà là.
04:28 La Zambie accède aux quart de finale de la Cannes 2010, une première depuis 14 ans.
04:34 Hervé Renard se retire pourtant quelques mois plus tard, voyageur invétéré qu'il est.
04:40 Mais après des essais non concluants avec l'Angola et l'USM Alger,
04:45 l'ancien joueur de la S-Cannes revient en Zambie pour y achever son histoire avec les Chipolo Polo.
04:52 Je suis revenu après et j'ai dit il faut qu'on fasse mieux qu'en 2010,
04:58 donc il faut qu'on aille dans le dernier carré.
05:01 Donc ça a surpris un peu, parce que la Zambie dans le dernier carré, ça peut surprendre.
05:06 Je pense que 2008-2010, les deux premières années, elles nous ont servi énormément.
05:13 On a retrouvé pratiquement la même équipe, il n'y a pas eu de changement.
05:18 Les modifications ont été faites avec la même équipe qu'on avait mise en place.
05:22 Pour emmener ce groupe le plus loin possible, Renard mise sur un état d'esprit soudé
05:27 et une préparation tout aussi solide, qui débute trois mois plus tôt en Inde.
05:33 Ce qui paraît une destination un peu surprenante, mais elle nous a permis de faire des matchs relativement faciles,
05:41 mais de travailler énormément, de préparer certains joueurs qui étaient un peu hors de forme.
05:47 Et puis parfois, on n'explique pas tout en football.
05:50 C'est aussi la qualité des joueurs, même si ce n'étaient pas des joueurs de grands clubs internationaux.
05:57 Ils ont beaucoup de qualité et surtout un don pour le collectif que je n'ai peut-être jamais eu,
06:04 ou nulle part ailleurs depuis que j'entraîne.
06:07 La recette fonctionne.
06:10 Pour leur entrer dans la compétition, les Chipolo Polo envoient un message clair d'entrée
06:15 en battant le Sénégal 2 buts à 1.
06:18 Tournant, je pense que c'est les 20 premières minutes du match contre le Sénégal où on mène 2-0.
06:25 À la surprise générale et à la grande surprise des Sénégalais qui nous ont certainement un petit peu pris d'eau.
06:31 Et bien, Thorl en a pris.
06:36 Et puis ça nous a aussi galvanisé pour ce tournoi, donné beaucoup plus de confiance en nous, de motivation.
06:44 Ça nous a permis d'aller très loin dans cette compétition.
06:47 La Zambie passe la phase de poule après un nul contre la Libye, puis une victoire contre la Guinée équatoriale.
06:54 Ne tremble pas ensuite face au Soudan en quarts de finale, s'imposant aisément 3-0, place désormais au Ghana dans le dernier carré.
07:02 L'un des grands favoris après avoir atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde, deux ans plus tôt.
07:08 On nous a pris au sérieux quand on s'est qualifiés pour les demi-finales.
07:12 C'est un match capital.
07:16 On était loin d'être les favoris.
07:20 On a créé une nouvelle fois la surprise en gagnant 1-0, au but d'Emmanuel Mayuka.
07:26 On a parfois été en difficulté dans ce match.
07:30 On a fallu le dodo, on a été très solidaires pour se retrouver en finale face à un ogre.
07:37 L'ogre, c'est donc la Côte d'Ivoire.
07:40 Tout au long de cette finale à part, le stade à Gondje de Libreville a retenu son souffle pendant bien plus de 120 minutes.
07:48 Car comme on pouvait s'en douter, la rencontre va rester cadenassée de bout en bout.
07:53 Des années plus tard, un instant est resté révélateur de cette tension poussée à son paroxysme,
08:00 lorsqu'Hervé Renard s'adresse virulemment à l'arbitre, Badara Diata.
08:05 - Tu n'as jamais sifflé pour lui ! Tu as peur !
08:10 - Il ne siffle pas une faute ! Il ne siffle jamais !
08:16 Je m'adressais surtout pour Didier Drogba, mais je parlais à l'arbitre.
08:22 Il avait peur de lui, il ne fallait pas le toucher. Il y avait faute à chaque fois qu'on s'approchait.
08:27 C'est le respect qu'on peut avoir parfois pour les très grands joueurs.
08:33 Peu importe qui se trouvait sur notre route, il n'y avait qu'une seule coupe à la fin de ce match.
08:40 Ce n'est pas toujours la meilleure image qu'on donne, mais parfois il faut aussi mettre un peu de pression,
08:48 parce que ça fait partie du jeu.
08:51 Il fallait qu'on trouve certains arguments pour montrer qu'on n'était pas des fers-valoirs.
08:59 Comme il l'avait prophétisé, son équipe parvient finalement à jouer le titre au tir au but.
09:05 Une loterie qu'il savait avantageuse pour les Chipolo-Polo.
09:09 - À la conférence de presse, on m'a posé la question en me disant que la Côte d'Ivoire n'encaissait aucun but jusqu'à présent.
09:17 Comment pensez-vous y arriver ?
09:20 J'ai répondu qu'on n'était pas obligé de marquer un but à la Côte d'Ivoire pour remporter cette canne 2012.
09:26 C'était une bonne réponse.
09:30 Comme une évidence, tout au long de la séance, l'ensemble de la sélection se met à reprendre les champs en hommage à leurs défunts aînés
09:39 qu'ils avaient déjà entonné sur la plage de Libreville, jusqu'au tir décisif de Stofi Rassounzou.
09:46 - Pour mettre Zambia dans un endroit dans l'histoire,
09:51 est-ce que la victoire serait plus importante pour les autres joueurs que pour cette équipe zambienne
09:59 si elles gagnaient la Coupe d'Afrique des Nations,
10:03 de l'endroit où l'équipe a disparu dans un tir de vol ?
10:07 - C'est le but !
10:08 C'est le but de Stofi Rassounzou !
10:10 Et Zambia est la championne de l'Afrique !
10:14 Hervé Renard a réussi son pari de l'impossible,
10:17 placer la Zambie sur le toit de l'Afrique.
10:20 Et même plus.
10:22 - Et ce jour-là, comme on dit tous les Zambiens, on a mis la Zambie sur la carte du monde.
10:31 Parce que très peu de personnes savent même où était la Zambie.
10:34 Donc, on a fait un petit tour de la Zambie.
10:37 Sur la carte du monde, parce que très peu de personnes savent même où était la Zambie.
10:43 Donc, c'est une belle expression.
10:46 C'est en retournant au pays que les Zambiens et leurs sélectionneurs
10:50 ont pris l'entière mesure de ce qu'ils venaient de réaliser.
10:53 Un exploit majuscule qui a fait basculer tout un pays
10:57 dans une liesse indescriptible de plusieurs jours.
11:01 - Je pense qu'il y a des photos, j'ai des vidéos de notre arrivée en Zambie.
11:08 Mais si on ne le vit pas, c'est difficile à l'expliquer.
11:12 Ça s'est produit quand l'avion atterrit sous le tarmac.
11:16 Ça commence dès là, dès que les portes de l'avion s'ouvrent.
11:22 Vous vous êtes transporté dans un monde, vous avez l'impression que c'est un rêve.
11:28 Puisque je me rappelle sur cette route qui reliait l'aéroport jusqu'à notre podium,
11:35 dans le centre-ville de Lusaka, il y avait 17 kilomètres.
11:39 Et on a dû mettre 3 heures pour faire ces 17 kilomètres.
11:44 Le long de la route, des enfants, filles, garçons, des bébés, des adolescents,
11:53 des vieilles dames, des vieux messieurs, des un peu plus jeunes.
11:59 Toute la ville, et certainement beaucoup plus que la ville
12:04 qui compte 8 millions d'habitants à Lusaka à l'époque.
12:08 Et donc quelque chose d'exceptionnel, d'indescriptible.
12:14 Des meutes du monde sur les pylônes, sur les ponts, sur les toits.
12:21 C'est indescriptible.
12:24 Il y avait une joie, des sourires, des pleurs.
12:28 C'est un mélange d'émotions qui reste gravé à vie
12:33 et qui vous disent que le football il est beau.
12:36 Donc c'est pour ça qu'on est là, c'est pour ça qu'on vit ça.
12:40 C'est pour ça qu'on y retourne pour aller essayer de revivre les mêmes émotions.
12:44 Mais ce n'est pas facile.
12:47 Déjà piqué par le virus, Hervé Renard y est évidemment retourné.
12:56 Et ironie de l'histoire, c'est avec la Côte d'Ivoire qu'il réalise le doublé en 2015.
13:02 Alors là j'arrive dans un tout autre contexte.
13:06 On a réussi à gagner après 23 ans de 10 aides pour le football ivoirien.
13:11 Mais là j'avais des joueurs de très haut niveau.
13:14 Mais il a fallu recréer le même esprit, cet esprit collectif
13:17 où chacun doit oublier un petit peu son ego.
13:20 Sans servir pour faire des différences, mais oublier son petit ego
13:24 et ne penser qu'à une chose, c'est d'aller remporter un trophée collectivement.
13:30 Je ne veux surtout pas m'interdire d'éliminer un plutôt que l'autre.
13:36 C'est impossible pour moi.
13:39 Les deux sont complètement différents.
13:42 Avec la Zambie, c'est une histoire invraisemblable.
13:46 Mais la construction de quatre années de travail,
13:50 avec des types géniaux qui étaient des illustres inconnus pour la plupart des gens
13:57 et qui ont réussi à se mettre à terre,
14:02 à donner le maximum d'oeuvre pour toute une nation.
14:07 Et puis la Côte d'Ivoire, c'était une équipe revancharde
14:10 à qui manquait une toute petite chose,
14:14 c'était cette cohésion supplémentaire, ce supplément d'âme collectif.
14:19 Et puis on a réussi à le trouver, mais c'est aussi grâce à leur talent.
14:23 Et ça n'a pas été simple, puisque ça a été une nouvelle fois une séance de tir au but.
14:29 Donc à chaque fois, ça passe, ça passe, ça gagne,
14:36 mais ça se joue à très très peu de choses, donc il faut toujours garder beaucoup d'humilité.
14:49 Avec ce doublé, Hervé Renard est désormais élevé au rang d'icône partout en Afrique.
14:54 Et c'est grâce à l'humilité qu'il a évoquée précédemment
14:58 que selon lui, il a été adopté par le continent.
15:02 Le respect, le respect des cultures quand je vais quelque part,
15:07 le respect des personnes.
15:09 Il faut être irréprochable et surtout ne pas penser qu'on arrive en terrain conquis.
15:13 L'Afrique, c'est difficile.
15:15 Il faut s'adapter comme partout, je dirais.
15:19 Il faut s'adapter en respectant la culture des autres,
15:24 en respectant les différences simplement.
15:27 C'est parfois pas facile d'entendre ça en France,
15:32 parce qu'on est un pays qui a un petit peu plus de mal à accepter les différences.
15:38 Moi, j'ai eu la chance d'avoir un mentor, Claude Leroy,
15:43 qui m'a longuement expliqué les tenants et les aboutissants
15:47 du comportement qu'il fallait avoir, rester au pays, travailler dans le pays.
15:52 Après, celui qui gagne, il a toujours raison.
15:55 Mais le comportement, c'est important.
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