• il y a 11 mois
Depuis le début des années 2000, l'Urbex, de l'anglais Urban Exploration, ou exploration urbaine, a envahi les réseaux sociaux. Photos, vidéos, chaînes YouTube... Certains en ont même fait des livres. Les sites abandonnés et en friche passionnent, et la région Centre-Val de Loire en regorgent.
Escaladez un mur, empruntez un souterrain et découvrez un monde figé dans le passé. Écoles, fermes, manoirs, usines désaffectées, sanatorium… Cette pratique illégale, souvent très dangereuse, attirent des milliers d’urbexeurs.
D’amateurs de frissons aux férus d’Histoire, ces explorateurs des temps modernes vous embarquent dans leur passion dévorante.

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00:00 Pour moi, l'exploration urbaine, ce n'est pas que visiter et l'abandonner, c'est
00:12 aussi se renseigner sur leur histoire.
00:13 Il y avait de très jolies fraises qui avaient été peintes exprès pour le manoir à l'époque.
00:18 On peut appeler ça de l'archéologie moderne amateur en fait.
00:23 Peut-être on peut relier aussi le goût de l'urbex contemporain à un monde qui
00:27 interroge plus le passé qu'autrefois.
00:29 Il y a des belles lumières, il y a des beaux graffes, il y a plein de belles choses.
00:33 C'est des décors en fait.
00:34 On a l'impression que c'est des décors de cinéma des fois.
00:37 C'est tellement beau.
00:38 On va dans des endroits où on n'est pas censé être, où on n'a normalement pas
01:04 le droit d'y être.
01:05 Et donc on se sent un petit peu privilégié aussi d'être dans ces endroits-là.
01:09 Et du coup c'est assez grisant aussi.
01:12 Un accident grave s'est vite arrivé et l'urbex c'est hyper dangereux.
01:14 J'ai l'impression que c'est souvent en fait les endroits sont une croix sur une
01:19 liste.
01:20 Bon voilà c'est bon on l'a fait.
01:21 On l'a fait.
01:22 Enfin il n'y a pas un proprio qui s'envoie en se disant tiens je vais laisser mon château
01:26 ouvert, c'est arrêté quoi.
01:27 J'aime bien en fait avoir l'impression d'être dans un film d'horreur.
01:32 Est-ce qu'il y a quelqu'un ?
01:37 Faut que je bouge de là.
01:43 C'est trop bizarre.
01:44 Oh ! Il y a qui là ? C'est quoi ça ? C'est quoi ?
01:47 Comme d'hab, le petit trépied auquel vous faut l'accrocher sur un truc un peu tu
02:17 vois si c'est pas stable.
02:18 J'ai chargé les quatre lampes parce que je me suis dit deux ne seraient pas assez.
02:22 Le bâtiment est immense.
02:23 Allez.
02:24 Aujourd'hui on va se lancer sur une visite d'une ancienne bâtisse qui a abandonné sur
02:33 à 100%.
02:34 J'ai eu les infos comme quoi c'était abandonné donc ça va être normalement accessible.
02:37 De ce que j'ai vu sur les plans avec Google Earth, ça a l'air très bien parce que ça
02:42 a l'air très très grand.
02:47 C'est sûr qu'on y est ? Parce que ça, ça me parle.
02:54 D'accord.
02:55 Là, il y a une forêt de bambous, ça me dit rien mais ça, ça me parle ce bâtiment-là.
02:59 Par contre, il y a une voiture là.
03:01 On rentre pas pour ça.
03:03 Là, si on voit que c'est safe, que vraiment le mec n'est pas dans le coin et que dans
03:09 tous les cas, il ne verra même pas qu'on est venu, donc c'est ouvert, on y va.
03:14 C'est sûr.
03:15 Les seuls moments vraiment où on rentre à la maison, c'est s'il y a carrément quelqu'un
03:20 dedans clairement qui vit et que ce n'est pas du tout abandonné, que ça a été repris
03:24 ou si le lieu est quand même abandonné mais que c'est complètement fermé.
03:27 Vraiment, on ne casse rien pour rentrer.
03:29 Le but, c'est que nous, on rentre, on ressort et le mec qui passe une heure avant nous,
03:32 une heure après nous, il ne voit pas qu'on est venu.
03:34 Je m'appelle Guillaume.
03:35 Mon pseudo, c'est Fier sur YouTube et j'ai 34 ans.
03:39 Avec Julien, ça fait plus de 10 ans qu'on fait de l'urbex ensemble, de passion, de base
03:44 où on se promène, dans tout ce qu'on trouve abandonné, ça fait plus de 10 ans.
03:48 Les adresses ne se partagent pas dans l'urbex, c'est-à-dire qu'on ne peut pas demander à
03:53 un autre urbexeur « ton lieu est cool en photo, j'ai envie d'y aller, c'est où ? »
03:56 Il ne le dira jamais.
03:57 C'est un des principes de l'urbex, c'est qu'on ne partage pas les adresses mais en
04:01 général, un bon urbexeur est capable de retrouver l'endroit juste avec une photo.
04:05 Il faut juste être assez malin.
04:06 Si on a suffisamment d'éléments sur la photo, on peut retrouver à peu près l'endroit.
04:09 Je suis un gros fan de films d'horreur.
04:11 Souvent, c'est dans des vieilles maisons abandonnées, des trucs où c'est très sombre,
04:15 dans les caves, des trucs très dark.
04:16 J'aime bien avoir l'impression d'être dans un film d'horreur en espérant que la fin
04:21 ne se finisse pas aussi mal que les films d'horreur.
04:23 Mais le but, c'est ça, c'est d'être… cette immersion dans un film.
04:29 Je trouve ça génial.
04:30 C'est des décors en fait.
04:32 On a l'impression que c'est des décors de cinéma des fois.
04:34 C'est tellement beau.
04:35 Dès qu'on s'approche du lieu, on essaie d'être un peu plus discret.
04:50 On parle beaucoup moins fort si jamais il y a quelqu'un et qu'on ne leur fasse pas
04:52 peur déjà dans un premier temps.
04:54 Qu'ils ne pensent pas qu'on est là pour leur faire peur, etc.
04:57 Et on essaie de repérer les portes ouvertes ou les fenêtres ouvertes.
05:00 Voir si tout est relié ensemble.
05:02 Parce que des fois, cette partie du bâtiment va être ouverte.
05:04 Et la partie du bâtiment arrière ne va pas être reliée à l'intérieur.
05:07 Donc il y a des fois, il y a une partie qu'on ne pourra pas visiter malheureusement.
05:09 Et là, la première chose que je constate, c'est qu'il y a des traces de roues qui
05:12 sont hyper récentes ici.
05:13 Donc c'est-à-dire qu'il y a des gens qui sont venus il n'y a pas très longtemps.
05:15 Donc à mon avis, des gens qui sont venus visiter aussi.
05:19 Ce n'est pas rien à voir avec les propriétaires ou des voleurs.
05:23 Il y a énormément de voleurs.
05:24 Ça, c'est un des plus gros problèmes de l'urbex, les pilleurs et les voleurs.
05:28 On va aller regarder sur le côté gauche.
05:30 On a vu la porte.
05:34 C'est ouvert.
05:49 L'urbex, ça a commencé comme beaucoup de gens.
05:53 On a tous fait quand on était jeunes, dans notre petite ville ou notre village, on a
05:57 tous une maison un peu abandonnée.
05:58 Donc on a tous l'envie un jour de rentrer dedans.
06:01 Et ça a commencé comme ça.
06:03 Il y avait une maison chez moi dans ma ville.
06:04 On est rentré dedans en pleine nuit comme ça un jour, un week-end.
06:08 Et j'ai adoré le sentiment de frisson qu'on a à l'intérieur, la sensation vraiment
06:13 où ça fait peur de savoir si on n'a pas trouvé quelqu'un.
06:15 Il y avait tout ça qui se mêlait à plein de sensations.
06:19 Et j'avais adoré ça.
06:20 Du coup, après, on en a fait d'autres.
06:21 On a essayé d'en trouver une autre un peu plus loin.
06:23 Et petit à petit, on a commencé à chercher des lieux dans toute la France et à chercher
06:27 des trucs de plus en plus gros.
06:28 C'était des petites maisons et c'est passé à des châteaux.
06:30 Ça fait un film.
06:44 Avec les lampes et tout.
06:45 Ça, on le voit.
06:46 La nuit, on ne le voit pas.
06:47 C'est hyper dangereux.
06:48 J'ai l'impression que c'est hyper profond.
06:49 Ouais, je pense que c'est une fosse.
06:50 En tout cas, je n'ai pas envie de tomber là-dedans.
06:51 Ça, c'est sûr.
06:52 Il y a une porte ouverte juste là.
06:59 Ça, ça amène dans toute cette partie du bâtiment.
07:12 Donc, c'est tranquille.
07:13 Je pense que tout le bâtiment s'est fait.
07:14 On sait qu'on peut rentrer dans tous les bâtiments.
07:15 Donc, c'est l'heure d'aller manger.
07:16 On va attendre que la nuit tombe.
07:17 Moi, je fais de la vidéo de nuit parce que je trouve clairement que l'ambiance est complètement
07:27 différente.
07:28 Dès que la nuit tombe, tout prend une autre ambiance.
07:30 L'éclairage, la petite lumière, on ne voit plus le fond du bâtiment.
07:33 On ne sait pas ce qui peut se cacher derrière chaque machine.
07:35 Il y a une pression qui vient, que moi, j'adore.
07:38 Il y en a qui ne supportent pas du tout.
07:39 C'est ce côté-là que je vais chercher la nuit.
07:43 Je ne suis pas attiré par le fait de faire des belles images.
07:46 Mais le côté frisson vient la nuit, donc je viens la nuit.
07:49 On est enfin sur un nouvel urbex.
07:55 Il est derrière.
07:56 On est arrivé il y a déjà quelques heures.
07:57 Et tout ça, après, je vous passe les détails.
07:58 Il est juste derrière nous.
07:59 C'est ouvert, c'est accessible, c'est incroyable.
08:01 On va vous raconter un peu l'histoire du lieu qui est folle et très flippante aussi.
08:05 Et c'est tout.
08:06 C'est prêt ? On y va ? C'est parti.
08:07 Let's go.
08:08 Allez, à tout de suite.
08:09 Générique.
08:10 Merci.
08:11 Il y a des livres partout.
08:12 En gros, on est dans une ancienne école catholique qui a fermé il y a quelques années.
08:13 Je ne vais pas vous dire quand exactement pour ne pas donner trop d'infos sur le lieu.
08:14 Ça a été fermé parce que le directeur a été condamné pour violences sexuelles.
08:44 Pour violences sur les élèves.
08:50 Mais il y a quand même un lourd passé ici.
08:54 C'est vrai que du coup, ça amène aussi une ambiance quand on sait ça.
08:57 Forcément, on est à l'intérieur.
08:58 On sent un truc un peu plus glauque que si...
09:01 Bah ouais, que si on nous dit c'est juste une école où elle a fermé parce qu'il y
09:05 avait de l'amiante.
09:06 Quand on connaît l'histoire d'un lieu et comme c'est un peu glauque et tout ça, c'est
09:09 vrai que ça rend les choses encore plus intéressantes pour nous et même pour ceux qui regardent
09:13 les vidéos, je trouve ça plus sympa.
09:14 Et après, on ne va pas forcément que dans des endroits où il s'est passé des choses
09:19 où c'est glauque.
09:20 Pas forcément, mais ça rajoute un petit truc quand c'est comme ça.
09:27 T'as vu les fauteuils ?
09:31 Je suis hyper content qu'il reste encore plein de choses de l'époque, même si c'est
09:45 pas abandonné depuis très, très longtemps en soi, mais ça n'a pas été tout volé
09:48 non plus.
09:49 Et j'aime bien justement replonger dans l'histoire du lieu en retrouvant des livres comme ça
09:53 qui étaient utilisés vraiment à l'époque où c'était encore en vie ici.
09:56 Il y a rentré dans la chapelle qui est incroyable.
10:11 C'est très, très grand.
10:12 Je ne sais pas si vous arrivez à vous rendre compte à quel point c'est grand.
10:17 Je vais essayer de vous éclairer.
10:18 C'est immense.
10:22 C'est vraiment très beau.
10:26 On s'imagine les gens très rapidement qui mangeaient, qui venaient ici prier ou qui
10:32 révisaient leur cours avec les livres.
10:34 Et c'est le plus intéressant de s'essayer de se rappeler comment c'était ici avant
10:38 que ce soit complètement abandonné et à l'état de ruine.
10:41 Moi, pour moi, cet endroit-là, je vois bien les élèves qui venaient prier ici, dans
10:49 la salle.
10:50 Et là, sur les deux rangées des côtés, je vois bien des surveillants qui font le
10:56 tour pour regarder s'ils ne sont pas en train de faire autre chose que d'écouter la prière
11:00 ou j'en vois même qui n'écoutent pas du tout là-bas.
11:03 Ils sont dans le fond, ceux-là, je déconne.
11:06 C'est toi et moi, ça.
11:10 Ça, c'est nous deux à l'époque, ça.
11:37 Donc, c'est ici que je fais mon montage d'Urbex et mes fictions aussi.
11:44 Donc, tous mes courts-métrages que j'écris et que je monte, tout se passe ici.
11:48 Le temps de tournage, le temps du montage, les dérushes et tout ça, je pense qu'il
11:52 y a une trentaine d'heures de travail derrière.
11:53 Ça peut aller en tout cas jusqu'à une trentaine d'heures pour une vidéo de 30
11:57 minutes.
11:58 Du coup, la chaîne, on l'a lancée avec une vidéo d'Urbex.
12:00 Donc, c'était vraiment la base de la chaîne YouTube.
12:03 C'était l'Urbex.
12:04 Donc, on est parti faire un Urbex de notre ville, un truc basique qu'on connaissait.
12:08 La vidéo n'a pas fait un carton.
12:10 On a dû faire une centaine de vues, 200 vues.
12:12 Elle a été repartagée un petit peu.
12:15 Donc, nous, on a été pris dans le truc.
12:17 On s'est dit bon, on va en faire une deuxième.
12:18 Et vraiment pas dans l'objectif de gagner des abonnés derrière, c'était plus dans
12:21 le partage.
12:22 Là, actuellement, on est à plus de 30 000 personnes.
12:25 Il y a 33 200, je n'ai pas le chiffre exact parce qu'on ne voit pas la suite, mais il
12:29 y a plus de 33 000 personnes en l'espace de même pas quatre ans, je crois.
12:34 Si demain, je peux arrêter de travailler et faire que ça, ce serait vraiment le meilleur
12:40 truc qui pourrait m'arriver.
12:41 Maintenant, j'ai mon métier.
12:43 Ça fait déjà des années que je le pratique et je l'aime beaucoup.
12:45 C'est un métier de passion, mais j'arrive à un moment où je me dis s'il y a une transition
12:50 à faire à un moment de ma vie, je le ferai sans hésiter.
12:52 Dans le fond, il n'y a pas véritablement un acte ou un moment de naissance de l'Urbex.
13:09 C'est un mouvement qui, d'une part, a existé depuis très longtemps et qui s'est accru
13:13 avec la désindustrialisation dans les années 70-80 puisqu'il y a énormément de lieux
13:18 qui vont être abandonnés.
13:19 Donc, il y a des enfants ou des gens intéressés qui vont se promener.
13:22 Donc, se promener dans les ruines, se promener dans les lieux abandonnés, c'est évidemment
13:25 très ancien.
13:26 Par contre, je pense qu'il y a quand même deux éléments importants qui nous font parler
13:29 d'un mouvement Urbex.
13:30 D'abord, quand le mot apparaît à la fin des années 90, au début des années 2000,
13:34 ça signifie que quelque chose change, quelque chose bouge.
13:37 Il y a deux choses qui changent à la fin des années 90 et dans les débuts des années
13:41 2000.
13:42 C'est évidemment d'abord l'existence des réseaux sociaux et l'existence du développement
13:47 d'Internet avec les sites de partage photographiques ou vidéos, donc Facebook, YouTube, qui fait
13:53 que ce qui était une petite visite personnelle devient un mouvement puisque vous pouvez partager
13:57 vos vidéos, vos visions, vos visites.
13:59 Et ça, évidemment, c'est un élément important.
14:01 Donc, pour moi, il y a Urbex quand il y a partage, quand il y a des réseaux sociaux,
14:05 quand il y a Internet pour que le mouvement devienne quelque chose de groupé, de collectif,
14:09 de partageable.
14:10 Je m'appelle Raphaël et avec Christelle, on s'apprête à aller visiter un vieux corps
14:27 de ferme abandonné.
14:28 On va dans des endroits où on n'est pas censé être, où on n'a normalement pas
14:43 le droit d'y être.
14:44 Et puis, oui, on ne sait jamais à quoi s'attendre, ce qu'on va découvrir, sur qui on peut tomber.
14:53 Trop facile.
14:55 Ça comporte des risques.
14:56 On sait, dans les faits divers, qu'on voit souvent des jeunes qui sont allés de nuit.
15:01 Le gars est tombé de nuit parce qu'il n'a pas fait attention et parce que c'était de
15:05 nuit.
15:06 Donc, un accident grave s'est vite arrivé et l'Urbex, c'est hyper dangereux.
15:10 C'est une chose sérieuse.
15:11 On ne va pas faire de l'Urbex pour rigoler, pour faire les fous.
15:16 Et puis aussi d'aller dans des endroits où personne n'est pas censé être.
15:21 Et puis aussi d'aller dans des endroits où personne d'autre ne va aller, où très
15:25 peu de gens vont aller.
15:26 Et donc, on se sent un petit peu privilégié aussi d'être dans ces endroits-là.
15:30 Et du coup, c'est assez grisant aussi d'être là.
15:33 Et donc, très peu de gens auront les photos qu'on va faire.
15:37 Et ça, c'est classe aussi.
15:39 - La naine officielle des Pays-Tépés.
15:56 J'arrive pas à voir la naine, peut-être sur la tranche.
16:01 Oh bah, oups, pardon.
16:02 La tranche, il n'y en a plus.
16:04 Si on déplace, on remet.
16:06 On ne rentre que si c'est ouvert.
16:08 On ne voit rien, on ne casse rien.
16:10 L'idéal, c'est de repartir en laissant les lieux comme on les a trouvés.
16:14 Ça, c'est vraiment, je veux dire, la charte de qualité de l'Urbex que je tiens moi
16:20 personnellement, enfin nous, qu'on tient à respecter aux plus proches.
16:24 - Avec mon épouse, du coup, on y va tous les deux.
16:36 Donc, on y va à pas feutrer, on fait super gaffe, on fait pas de bruit.
16:40 Et du coup, ça permet aussi de respecter le silence et l'absence de vie de ces lieux là.
16:48 C'est vrai que ça fait des moments un peu hors du temps et des endroits
16:52 assez exceptionnels, assez inattendus.
16:58 ♪ ♪ ♪
17:06 La salle à manger.
17:12 Y a un piano.
17:14 ♪ ♪ ♪
17:24 C'est quelqu'un qui a créé une femme. Parce que Annie, au début, c'est au féminin.
17:30 - Au féminin, d'accord.
17:32 - Mais je sais pas...
17:36 - Mancey, 244.
17:38 - Mais je ne... Que votre pauvre bouche aurait besoin de temps d'hygiène.
17:46 - Oh, merde.
17:48 - C'est curieux.
17:50 - Y a une piste de journaux qui est ficelée, là.
17:58 - Alors, l'urbex, c'est un bon sujet pour de la photo, parce que c'est beau,
18:03 y a des belles lumières, y a des beaux graphes, y a plein de belles choses.
18:08 Et ça permet aussi de, quelque part, de garder un souvenir de ces lieux.
18:16 Enfin, puisqu'il y a des lieux, nous, qu'on a visités, qu'on a photographiés,
18:20 qui n'existent plus, qui ont été détruits.
18:23 On garde une trace du passé, en fait, d'un vécu qui a existé,
18:30 même si on connaît pas forcément toute l'histoire des lieux
18:34 et encore moins des personnes qui ont vécu.
18:36 Mais peut-être qu'un jour, ça peut intéresser des gens. On sait pas.
18:42 (musique douce)
18:50 - Des endroits comme ça, où y a encore toute la vaisselle, à peu près,
18:54 et nickel, c'est plutôt agréable.
18:58 On en connaît 2 ou 3, des endroits comme ça, mais après, avec le passage,
19:03 parce que t'as forcément des gens qui s'intéressent et qui ont des pensées malveillantes,
19:08 et du coup, tu reviens 6, 7 mois, 1 an après, et c'est plus du tout dans cet état-là.
19:13 On l'amuse sur 2, 3 endroits.
19:16 Et c'est dommage.
19:18 (musique douce)
19:24 (musique douce)
19:30 (musique douce)
19:36 (crics d'oiseaux)
19:39 - On a l'impression que les gens, je sais pas,
19:41 peut-être qu'elles allaient tirer l'eau au puits, tu vois.
19:44 Et du coup, elles devaient rentrer par... sortir par la cuisine
19:47 pour récupérer l'eau du puits et faire sapine de ce vaisselle ou quoi.
19:53 (musique douce)
19:57 - Il devait y avoir des animaux à gogo, genre des moutons, des vaches, à mon avis.
20:02 Il devait être bien occupé, ces gens-là. Il devait avoir une vraie vie, quoi.
20:07 Ils étaient pas nés dans nos écrans comme maintenant.
20:10 - C'est sûr.
20:12 Pas les mêmes époques.
20:15 (musique douce)
20:20 (musique douce)
20:26 (musique douce)
20:32 (musique douce)
20:38 - Moi, au départ, je suis photographe animalier.
20:40 Enfin, photographe animalier, c'est un bien grand mot,
20:42 mais j'ai aimé... je suis parti sur la photo en commençant par la faune, la flore.
20:47 J'adore la nature, donc c'était ici, la Solongue, c'était l'idéal, quoi.
20:51 On a eu l'occasion de goûter une fois à l'Urbex, et du coup, on s'est dit, bah, c'est parfait.
20:56 Pour les périodes où... entre septembre-octobre et mars-avril,
21:01 où c'est plutôt tristouné au point de vue nature et floraison,
21:05 du coup, l'Urbex, c'est un autre moyen de faire de la photo, un autre plaisir.
21:11 (musique douce)
21:15 On est dans le local de Raphaël,
21:18 où il reçoit ses potentiels clients pour signer les contrats photo, mariage, baptême ou autre.
21:29 Et puis on a aussi quelques... du coup, quelques photos qu'on a agrandies,
21:33 et ça nous sert aussi un peu de lieu d'exposition.
21:37 - Elle est pas mal, cette photo.
21:39 - Ouais, j'aime bien. Enfin, le papier avec la pipe, là, c'est stylé.
21:43 Sur ce site-là, il y avait plein de superbeaux graffes, dont celui-ci, notamment,
21:48 où là, avec le rayon lumineux, le petit rayon de lumière, du coup...
21:53 J'aime beaucoup cette photo-là aussi, puis le graff, il est terrible, quoi.
21:56 Cette photo-là, c'était sur un ancien centre de vacances,
22:01 toujours en Alsace, mais en altitude, du coup.
22:05 Et on avait eu très froid, ce jour-là. C'était limite la tempête de neige.
22:09 Donc on voit bien que, voilà, c'est pu habiter depuis bien longtemps.
22:12 La piscine, elle est super.
22:14 Quand on veut faire du bon travail, avoir une belle photo, ça se mérite.
22:17 Il faut s'en donner les moyens. Donc s'il faut avoir froid, on accepte d'avoir froid.
22:21 S'il faut faire des kilomètres, on les fait.
22:23 - Pour les photographes, c'est une matière photographique, évidemment, très importante, l'urbex,
22:33 parce que c'est une vieille tradition, d'ailleurs, antérieure à la photographie.
22:38 On pense aux gravures, aux peintures d'autrefois.
22:41 C'est un véritable thème, finalement, artistique.
22:45 Le fait que les lieux délaissés inspirent, c'est quelque chose qu'on retrouve dans l'Antiquité,
22:50 qu'on retrouve même au Moyen Âge.
22:52 On sait très bien même qu'il y a un goût romantique de la ruine,
22:55 qui est très important au XIXe siècle.
22:58 Donc l'idée que les lieux abandonnés sont en quelque sorte une ressource pour l'homme,
23:02 c'est quelque chose d'ancien et de variable, aussi, selon les époques.
23:06 On ne va pas y chercher la même chose.
23:08 Dans l'urbex, il y a quand même l'idée de s'approprier un espace de manière assez libre, sans contraintes,
23:14 qui a une dimension aussi libertaire, de se dire « je me saisis d'un lieu de manière illégale, comme j'en ai envie ».
23:19 Et puis, c'est aussi un véritable loisir.
23:22 C'est-à-dire que pour des gens, c'est une forme d'investissement,
23:25 qui est loisir sportif, loisir de curiosité naturelle,
23:29 qui fait que finalement, ça peut même devenir une forme de passion.
23:34 Certains disent que c'est une passion dévorante, que ça leur prend beaucoup de temps et beaucoup d'argent de s'organiser.
23:39 Donc vous voyez, ces ressources, même matérielles de l'urbex, sont finalement très variées.
23:43 Aujourd'hui, on se retrouve dans un lieu qui est complètement différent de ce qu'on visite en temps normal,
23:48 c'est-à-dire châteaux, maisons et tout ça.
23:50 On est dans une sorte d'usine, c'est complètement même une usine abandonnée, une ancienne tannerie.
23:55 Je vais vous raconter un petit peu l'histoire après, parce que là, on va traiter un poil de paranormal ce soir.
24:01 Allez, go, c'est parti !
24:03 [Musique]
24:24 Il y a plein d'inscriptions de l'époque, 1974, 1975.
24:29 Il y a des autocollants là, tout le long. Je ne sais même pas ce que ça représente.
24:34 Des papillons, il y a des... C'est quoi ça ?
24:37 "Repose en paix, Thierry". C'est trop bizarre.
24:44 [Musique]
25:10 Je profite de cet endroit un peu vide, un peu tranquille, pour vous raconter l'histoire du lieu.
25:15 Après le décès du propriétaire, ça n'a pas été repris, parce que je pense trop de travaux, etc.
25:23 Et il y aurait cette légende qui raconte que le propriétaire serait mort dans d'atroces souffrances.
25:27 Pour quelle raison ? Je n'en ai aucune idée, je n'ai pas plus d'info là-dessus.
25:30 Mais il ne serait pas mort d'une mort "basique", il aurait souffert de quelque chose.
25:37 Et il serait mort dans l'usine, parce qu'il vivait 5 jours sur 7 ici.
25:41 Du coup, ce serait vraiment le fantôme du propriétaire qui serait sur place.
25:45 Et qui s'amuserait à faire peur aux gens, et du moins essayer de les faire fuir.
25:49 Donc on va ici.
25:51 [Bruits de pas]
26:04 Là par contre, il y a un bruit vraiment bizarre.
26:08 Est-ce qu'il y a quelqu'un ?
26:10 [Bruits de pas]
26:20 Je vais te rendre un bruit.
26:22 [Bruits de pas]
26:31 J'ai l'impression que ça vient de faire par là.
26:34 Sur cette pièce.
26:36 [Bruits de pas]
26:38 Faut que je bouge de là, c'est trop bizarre.
26:40 [Bruits de pas]
26:41 Oh ! Y a qui là ? C'est quoi ça ? C'est quoi ?
26:44 [Bruits de pas]
26:47 C'est bon.
26:48 Elle est bonne celle-là, Rose.
26:50 [Bruits de pas]
26:52 Terminé.
26:53 [Bruits de pas]
26:54 Regarde celle-là, c'est la meilleure.
26:56 Vu que j'ai les cheveux noirs, derrière la porte, ça ne s'est pas vu.
26:58 Derrière la porte, on te voit, mais ce n'est pas grave.
27:01 C'est exactement ce que je voulais amener.
27:03 On arrive à apercevoir Rosalie sans qu'on la voit réellement au niveau de son visage.
27:07 Le but vraiment précis, c'était que les gens...
27:10 Tu vois, il y a une personne sur cinq ou une personne sur dix
27:13 qui va se dire "Oh, il y a un truc qui est passé là".
27:15 Il ne faut pas que tout le monde le voit.
27:17 Quand c'est trop visible, c'est trop flagrant, ça fait trop fake.
27:21 C'est un urbex parce qu'on est dans une exploration urbaine.
27:26 Mais le lieu, je le connais très bien, il n'y a pas eu du tout de mort ici.
27:30 C'est une fiction complète que j'ai écrite.
27:33 Le but de ces grands métrages que je fais,
27:36 c'est que la personne qui va regarder la vidéo
27:39 va penser à un vrai urbex, à une vidéo complètement normale.
27:42 Et en fait, va découvrir que ça finit très très mal.
27:46 Qu'il se passe des choses complètement folles.
27:48 Et petit à petit, ils vont se dire
27:51 "Waouh, c'est une histoire complètement flippante
27:55 et à la limite du irréalisable".
27:58 On le traite du paranormal.
28:00 Et petit à petit, ils vont comprendre que c'est une fiction.
28:02 Et ça, on le dévoile qu'à la fin.
28:04 J'implique d'autres gens.
28:08 En général, pas spécialement besoin d'impliquer d'autres personnes.
28:11 Là, j'en avais besoin. J'avais besoin d'impliquer Rosalie.
28:14 Et Chanel qui me file un coup de main
28:16 pour tout ce qui est sur la réale à côté.
28:18 Les accessoires, la super perche.
28:21 Voilà, qui me file un coup de main pour tout le reste.
28:23 Les lumières, deux, trois trucs.
28:25 Rosalie, c'est ma belle-fille.
28:27 Et Chanel, c'est ma petite cousine.
28:29 La plupart des gens créent des souvenirs
28:31 dans des lieux complètement...
28:33 j'ai envie de dire...
28:35 basiques, quand ils vont au parc,
28:37 quand ils vont dans des centres, des parcs d'attractions et tout ça.
28:40 Et nous, en fait, on est sur une autre lignée de souvenirs.
28:43 C'est très peu de gens qui vont avoir des soirées comme ça
28:47 dans des lieux abandonnés à faire des courts-métrages.
28:50 Ça reste quand même bordu commun.
28:52 Je vais commencer à disposer toutes les photos que j'ai faites
28:55 et les faux plans.
28:57 On va déjà passer un moment ensemble,
29:04 c'est super agréable.
29:06 En plus, Guillaume, on se rejoint un peu
29:08 parce que moi aussi, j'adore tout ce qui est paranormal,
29:10 Urbex, lieux abandonnés.
29:12 Tu m'as déjà emmené.
29:14 En plus, c'était une bonne occasion.
29:16 Le paranormal, j'adore ça aussi.
29:18 Un court-métrage, je trouve que ça va trop bien.
29:21 C'est avec plaisir que je le rejoins.
29:23 - Oui, c'est clair.
29:25 Du coup, on va pouvoir passer à la scène suivante.
29:28 Il ne manque que la petite peau que j'ai coupée tout à l'heure.
29:31 On va la chercher en bas, on va la disposer un peu cachée ici.
29:34 Et c'est parti, après. On continue.
29:37 - Allez, c'est parti.
29:40 (musique douce)
29:43 - Selon les pratiques et selon la manière de faire,
29:51 l'Urbex peut révéler différents éléments
29:53 sur notre société contemporaine.
29:55 Moi, je vois un élément important quand même,
29:58 c'est un certain goût de liberté, de déambulation.
30:01 C'est-à-dire que dans l'Urbex, il y a quand même l'idée
30:04 de s'approprier un espace de manière assez libre,
30:07 sans contraintes.
30:09 C'est un lieu pour réfléchir, on se met en dehors du monde
30:12 où on peut, du coup, se confronter un peu à des choses essentielles.
30:15 C'est un lieu de silence.
30:17 C'est aussi... ça peut être une fuite de la civilisation,
30:20 ça peut être une fuite du bruit.
30:22 Dans l'Urbex, il y a une dimension, sans aucun doute,
30:25 d'interrogation sur le passé.
30:27 Ça correspond assez bien aux années Urbex, hein, 92 000.
30:30 Pourquoi? Parce que c'est la fin du communisme, finalement.
30:33 C'est la fin du socialisme réformateur,
30:35 les partis socialistes qui deviennent tous très gestionnaires.
30:38 Bref, il y a tout un monde qui s'écroule,
30:40 qui était celui des futurs qui chantent,
30:42 des futurs qui transforment l'humanité, des futurs progressistes.
30:45 Et peut-être que, du coup, le passé est plus important.
30:48 Il y a moins de futur, on peut moins envisager le futur qu'autrefois.
30:51 Et du coup, aller dans les lieux du passé,
30:53 c'est finalement s'en servir aussi pour le présent.
30:55 Je m'appelle Timothy Hennem.
31:03 Je suis un comori explorateur urbain,
31:05 puisque c'est ce que je fais dans l'Urbex.
31:07 C'est le plaisir de se promener,
31:09 de sortir un peu de sa bulle et d'être tranquille.
31:12 On serait très calme.
31:14 On entend les oiseaux, on entend les arbres qui craquent un peu,
31:16 qui bougent. On peut tomber sur des animaux.
31:19 On est dans une société où tout va très vite,
31:25 il y a beaucoup de bruit.
31:27 On est souvent sur nos écrans.
31:29 Là, on n'est pas sur nos écrans.
31:31 On fait attention à ce qu'on voit.
31:33 On fait attention à ce qu'on entend aussi.
31:35 En fait, on a beaucoup plus les sens en éveil.
31:37 C'est marrant parce qu'en visitant un lieu mort comme ça,
31:39 on se sent beaucoup plus vivant.
31:41 Je raconte mes visites sur mon site
31:57 avec des photos et du texte,
31:59 de la manière d'un livre.
32:01 Enquêteur, un peu amateur, oui,
32:03 puisque je fouille sur Google l'histoire des lieux.
32:07 J'enquête en façon de parler,
32:09 en me renseignant dans des bibliothèques
32:11 ou dans des livres
32:13 pour essayer de reconstituer l'histoire des lieux.
32:15 On peut appeler ça de l'archéologie moderne amateur.
32:19 [Musique]
32:37 Nous sommes dans un lieu que j'ai visité en 2011.
32:41 Des amis m'ont présenté.
32:43 J'ai eu un coup de cœur pour ce lieu,
32:45 d'abord de par son architecture
32:47 car il est vraiment immense.
32:49 Il y a une douzaine de chambres,
32:51 plein de salles de bain,
32:53 un magnifique cloître où on est.
32:55 Il y a des grandes pièces.
32:57 Pour l'architecture, c'est déjà énorme.
32:59 [Musique]
33:07 On est dans le grand hall,
33:09 avec l'entrée qui est juste ici.
33:11 Avec sa superbe cheminée,
33:13 qui est un peu taguée maintenant.
33:15 Là, on est dans la salle à manger,
33:17 qui était bien grande et bien jolie.
33:19 Il y avait de très jolies fraises
33:21 qui avaient été peintes exprès
33:23 pour le manoir à l'époque.
33:25 [Musique]
33:41 Il faut faire très attention
33:43 car le plancher est en très mauvais état.
33:45 Il faut faire gaffe
33:47 et mettre les pieds.
33:49 [Musique]
33:53 Le manoir a été construit par un sénateur
33:55 au début du XXe siècle.
33:57 Mais un peu avant la Deuxième Guerre mondiale,
33:59 une famille juive a habité
34:01 et a été chassée
34:03 et à moitié déportée par les Allemands.
34:05 Ça me parle parce que,
34:07 dans ma famille, du côté de ma mère,
34:09 mon grand-père a été déporté
34:11 pendant la guerre par les Allemands.
34:13 Donc, il y a un peu un relationnel
34:15 qui fait que ça me touche aussi.
34:17 Ce lieu fut abandonné
34:19 dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
34:21 Après avoir été pillé par les Allemands,
34:23 puis par les Américains,
34:25 puis par les Français,
34:27 puis peut-être par les habitants du village,
34:29 il est resté dans cet état.
34:31 Depuis 70 ans, un peu plus,
34:33 il n'a pas bougé.
34:35 Il n'y a jamais eu aucune tentative
34:37 de restauration, même de sécurisation.
34:39 Il n'y a rien, il est hyper accessible.
34:41 C'est fou que le lieu soit toujours là
34:43 après toutes ces années.
34:45 Moi, je l'aime bien parce qu'il est
34:49 au milieu d'un grand domaine.
34:51 On traverse une sorte de mini-champ en venant.
34:53 On peut se promener dans un bois de 30 hectares
34:55 qui est juste à côté.
34:57 Il y a vraiment un côté très paisible,
34:59 un peu en contraste avec l'histoire
35:01 un peu chahutée qu'a eue ce lieu
35:03 il y a une cinquantaine d'années.
35:05 [musique]
35:07 Le sénateur, je le vois bien en costume d'époque,
35:17 un petit costard très classe.
35:19 Il a une jolie barbe,
35:21 il est bien peigné.
35:23 C'est vraiment le type même du sénateur,
35:25 propre et respectable de l'époque.
35:27 Si je devais décrire cette pièce à la grande époque,
35:31 il y aurait une immense bibliothèque
35:33 ici,
35:35 avec le bureau
35:37 où le sénateur travaillait.
35:39 Ici, il y avait
35:45 une grille en fer forgé,
35:47 avec un espace pour prier, spécialement
35:49 que le sénateur avait fait installer là,
35:51 parce qu'il s'était converti au catholicisme
35:53 avant son mariage.
35:55 Je le vois bien, le sénateur,
36:01 il y a des actualités sur les taxis,
36:03 parce que ça a été un inventeur
36:05 du compteur de taxis, entre autres.
36:07 Ça devait être très calme, parce qu'il a fait construire
36:11 ce manoir exprès pour avoir une maison
36:13 de campagne, entre guillemets,
36:15 à une heure et demie de Paris à l'époque.
36:17 Donc je pense qu'il est bénévole pour se reposer.
36:19 [musique]
36:23 [musique]
36:25 Pour moi, l'exploration urbaine, ce n'est pas que visiter
36:49 des lieux abandonnés, c'est aussi se renseigner sur leur histoire.
36:51 On va dire que c'est 20% la visite
36:53 et 80%, on passe des heures et des heures
36:55 sur des sites de généalogie,
36:57 de cartes postales anciennes,
36:59 de bases départementales,
37:01 des archives, des cadastres, ce genre de choses,
37:03 pour vraiment essayer de reconstituer toute l'histoire du lieu.
37:05 J'ai appelé une personne qui a vécu ici
37:07 quand elle était enfant, à la fin
37:09 de la Deuxième Guerre mondiale.
37:11 Elle est revenue avec ce qui restait de sa famille,
37:13 qui avait été déportée par les Allemands.
37:15 Elle avait eu 7-8 ans dans les années 50
37:17 et au téléphone, elle m'a raconté comment c'était ici
37:19 à la fin de la guerre.
37:21 C'est grâce à elle que j'ai su que
37:23 dès la fin de la guerre, le manoir était déjà complètement
37:25 vidé. Le lieu prend une toute
37:27 autre image une fois qu'on a tous les témoignages.
37:29 Quand on s'imagine que dans les années 50,
37:31 une gamine de 8 ans venait cueillir des myrtilles
37:33 autour du manoir, ce n'est plus du tout
37:35 l'image du lieu qui fait peur et juste
37:37 qui fait peur. C'est ce qui me plaît dans l'exploration
37:39 urbaine, je visite des lieux où il n'y a pas
37:41 grand-chose, ils sont tous vides, ils sont tous en ruines,
37:43 tout tagué. À force d'apprendre des choses,
37:45 ils deviennent vachement plus intéressants
37:47 et riches aussi, surtout pour ce lieu.
37:49 Ce qu'on trouve dans l'urbex,
37:57 qu'on voit se développer
37:59 depuis les années 1970 et dont l'urbex
38:01 est une des grosses incarnations
38:03 contemporaines, c'est ce qu'on peut appeler
38:05 le patrimoine par le bas. C'est-à-dire l'idée
38:07 que des gens qui ne sont pas des professionnels de l'histoire
38:09 ou du passé, donc qui ne sont ni historiens,
38:11 ni archivistes, ni conservateurs de musées,
38:13 vont développer un goût
38:15 pour le patrimoine qui ne vient pas de la culture
38:17 savante, mais qui vient d'autres racines,
38:19 plus populaires, plus locales,
38:21 plus ordinaires, entre guillemets.
38:23 Du coup, il y a véritablement
38:25 toute une mise en scène et toute une mise en avant
38:27 de ce patrimoine par les urbexers.
38:29 Certains essayent de se rapprocher
38:31 des canons standards
38:33 de l'histoire, d'autres le font simplement
38:35 à leur manière, et c'est assez frappant.
38:37 Il y en a qui vont même rechercher les plans
38:39 dans les archives pour pouvoir mieux
38:41 documenter ce qu'ils ont vécu.
38:43 Et donc là, on a véritablement
38:45 un engouement patrimonial très particulier
38:47 dont l'urbex est évidemment
38:49 spécifique.
38:51 C'est des documents que j'ai trouvés au fil de mes recherches
38:57 sur l'histoire de ce lieu.
38:59 Et en fait, je voyais souvent passer sur eBay
39:01 des trucs à vendre avec des photos.
39:03 Il y avait juste le nom de l'ouvrage
39:05 qui disait juste qu'on tient 5-6 photos
39:07 de ce château-là.
39:09 Et sans jamais savoir à quoi il ressemblait.
39:11 Donc je me suis dit, allez, c'est l'occasion,
39:13 je saute le pas, je dépense un peu d'argent
39:15 et j'en cheris sur ces documents.
39:17 Et je les ai reçus au fil des semaines,
39:19 comme ça, et la surprise de fou,
39:21 c'est de les découvrir après en vrai
39:23 et de découvrir des photos magnifiques
39:25 dans un format
39:27 immense.
39:29 Donc quand on s'intéresse un peu à l'histoire d'un lieu
39:31 comme moi je le fais, c'est assez dingue
39:33 de voir le lieu quand il était
39:35 complètement propre,
39:37 magnifique, avec
39:39 la végétation qui grimpait dessus déjà à l'époque
39:41 mais là c'était voulu. Donc ça c'est marrant parce que
39:43 maintenant c'est plus le cas, c'est vraiment la nature
39:45 qui a repris le contrôle.
39:47 Donc voilà le cloître
39:59 tel qu'il était il y a 70 ans.
40:01 On voit que c'était beaucoup plus lumineux parce qu'il n'y avait pas
40:03 tous les arbres qui ont poussé entre-temps.
40:08 On voit aussi qu'il y avait
40:10 beaucoup plus de lierre à l'époque,
40:12 qui a dû disparaître avec le temps j'imagine.
40:14 Puis il y avait un petit puits avec une chaîne,
40:16 il y avait des statues, c'était vraiment richement
40:18 décoré. Et maintenant on a du mal
40:20 à croire que c'est le même endroit.
40:36 Alors voilà la salle à manger telle qu'elle était il y a
40:38 une centaine d'années lors de la construction du manoir.
40:40 On voit qu'il y avait de magnifiques fresques
40:42 bucoliques, paysagères
40:44 qui faisaient tout le tour de la pièce. On voit qu'il y avait
40:46 un magnifique meuble avec plein d'assiettes un peu partout.
40:48 Il y avait une énorme table
40:50 probablement en chaîne,
40:52 avec dessus des petites statuettes, des petits singelots.
40:54 Donc vraiment c'était une très grande pièce
40:56 éclairée par la lumière du soleil
40:58 le matin plein Est.
41:00 Alors là c'est l'ancienne escalier principale,
41:02 une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:04 Et c'est vraiment une photo intéressante
41:06 parce que le lieu a tellement changé
41:08 en 100 ans qu'il n'y a aucun moyen de savoir
41:10 de deviner que c'était comme ça avant.
41:12 C'est vraiment un voyage dans le temps
41:20 assez incroyable.
41:22 Et là on a une photo
41:24 de l'escalier qui a complètement disparu.
41:26 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:28 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:30 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:32 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:34 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:36 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:38 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:40 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:42 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:44 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:46 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:48 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:50 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:52 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:54 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:56 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
41:58 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:00 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:02 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:04 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:06 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:08 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:10 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:12 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:14 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:16 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:18 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:20 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:22 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:24 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:26 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:28 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:30 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:32 Et là on a une photo de l'escalier qui a complètement disparu.
42:34 Dans ce lieu on a un peu la vision de ce qu'on sera nous plus tard.
42:36 Dans ce lieu on a un peu la vision de ce qu'on sera nous plus tard.
42:38 C'est-à-dire mort, en ruine, il ne restera plus que le squelette.
42:40 Comme là on voit que c'est plus qu'un squelette.
42:42 Et en fait de documenter ces lieux, de prendre des photos et de reconstituer leur histoire,
42:44 Et en fait de documenter ces lieux, de prendre des photos et de reconstituer leur histoire,
42:46 c'est une manière un peu de les préserver.
42:48 Donc c'est un peu une sorte de...
42:50 Pas de devoir de mémoire, parce que c'est un terme qui est plutôt connété pour quelque chose de beaucoup plus important.
42:52 Pas de devoir de mémoire, parce que c'est un terme qui est plutôt connété pour quelque chose de beaucoup plus important.
42:54 Mais il y a une sorte de travail sur l'oubli en fait.
42:56 Mais il y a une sorte de travail sur l'oubli en fait.
42:58 Peut-être que j'ai du mal à accepter que les choses meurent,
43:00 Peut-être que j'ai du mal à accepter que les choses meurent,
43:02 et que ce soit éphémère et ne dure pas.
43:04 Et donc du coup j'essaie de conserver le plus possible de choses,
43:06 pour qu'au moins il reste une trace.
43:08 [Musique]
43:10 [Musique]
43:12 ...
43:38 -C'est un lieu que je connaissais depuis très longtemps,
43:42 depuis les années 90, je passais devant, je bavais devant ce château,
43:46 et puis, début 2015, on a eu vent qu'il était ouvert.
43:49 Et à peine arrivé dans la grande prairie,
43:52 qui était pas une grande prairie à l'époque,
43:54 c'était rempli d'arbres, de rejets, etc.
43:56 Quand je l'ai vu, j'étais mort.
43:58 Je sais pas comment t'expliquer le fait que je me suis dit
44:02 "Non, celui-là, il peut pas partir, il peut pas s'écrouler, on peut..."
44:07 Voilà, c'est un attachement spontané.
44:11 Parce qu'il est là depuis 1641, dans un état quasiment identique.
44:15 ...
44:22 Donc là, je vais vous emmener à la salle de musique,
44:24 enfin, l'ancienne salle de musique,
44:26 pour vous montrer
44:29 à quel point
44:32 des chaineaux pas nettoyés,
44:35 ça peut engendrer des dégâts.
44:37 ...
44:41 Faut faire gaffe, y a un trou.
44:43 Parce que ça a été mangé par les vers.
44:46 Là, la poutre maîtresse, elle est complètement bouffée
44:50 par les infiltrations d'un côté
44:52 et la mérule de l'autre.
44:53 On voit bien les traces noires sur le plâtre.
44:57 Donc voilà, quand des gouttières intégrées dans les façades
45:00 sont pas nettoyées, et ben voilà, ça donne ça.
45:03 Voilà, donc là, c'est stabilisé.
45:05 On n'est pas dans la restauration, on est dans la préservation
45:08 avec les moyens qu'on a.
45:09 Donc ça tient.
45:10 ...
45:16 J'ai eu son numéro de téléphone.
45:17 "Allô, oui, bon, voilà."
45:19 "C'est moi, bonjour, voilà, votre château, vous faites quoi ?"
45:22 "Ben oui, je sais pas trop, ben vous savez, il était en vente, etc."
45:26 Et voilà, et le propriétaire de la société dit,
45:28 "Bon, ben, bon, demain, viens, prends les clés."
45:30 Hein.
45:32 C'était les premiers surpris.
45:33 C'est un arrangement comme ça qu'il y a eu entre nous.
45:35 Nous, on a expliqué qu'on allait faire tout ce qu'on pouvait
45:38 pour que d'abord, il soit plus urbexé, qu'il soit plus visité
45:40 et le valoriser.
45:42 ...
45:44 C'est des petites choses, en fait, qui nécessitent pas un gros budget.
45:48 Un peu d'exilophènes, c'est pas la mort.
45:50 On repère quand les bêtes sont passées.
45:52 On traite pour stopper les bêtes, donc c'est pas spectaculaire.
45:56 C'est sûr, parce que de dehors, ça se voit pas.
45:59 Mais c'est ce qui fait qu'une charpente comme celle-là,
46:01 qui est, pour la majorité des éléments,
46:03 probablement d'origine du château,
46:05 elle est toujours là, parce qu'avant nous, il y a des gens qui l'ont fait.
46:08 Mais n'empêche que c'est ce qui fait que depuis ces temps,
46:10 il est pas par terre.
46:12 Et que sûrement, c'est le propriétaire qui le dit,
46:15 si on n'était pas là, il serait par terre.
46:17 ...
46:21 Là, c'est l'aboutissement de l'urbex.
46:22 Tu vois, quand on arrive là, moi, c'est fini, là.
46:25 Quelquefois, on fait une petite friche industrielle, comme ça,
46:28 parce que le patrimoine industriel nous intéresse beaucoup,
46:31 mais notre passion, comme ça, d'explorer des lieux inoccupés,
46:35 je vais pas dire abandonnés, j'assume, inoccupés,
46:38 ben voilà, on a trouvé du sens.
46:40 Et le sens, c'est d'aider ce foutu château à pas se casser la gueule.
46:44 ...
46:54 Initialement, les "visiteurs" passaient par là.
46:58 Le volet était simplement rabattu à l'extérieur.
47:01 Et il a bien fallu qu'au départ, quelqu'un casse la crémone.
47:04 Le morceau de ferraille a été cassé, alors je ne sais pas de quelle manière,
47:07 certainement en forçant au pied de biche.
47:09 Donc là, elle est condamnée, je suis condamné,
47:11 "Viens, chérie."
47:13 Donc voilà, ça, c'est un vestige de casse.
47:16 ...
47:18 Ce que j'aime pas dans l'urbex, majoritairement, c'est les fractions.
47:21 Et tu écoutes ces gens-là, c'est toujours ouvert.
47:25 C'est marrant, quand même.
47:26 Enfin, y a pas un proprio qui s'en va en se disant
47:28 "Tiens, je vais laisser mon château ouvert, faut arrêter."
47:30 J'ai l'impression que c'est souvent, en fait,
47:32 les endroits sont une croix sur une liste.
47:35 "Bon, voilà, c'est bon, on a fait."
47:37 C'est l'amour de moi.
47:38 Enfin, moi, je vois ça comme ça, l'amour de moi.
47:40 J'ai mis mes photos, regardez comme elles sont belles.
47:42 Et voilà, quid amoureux du patrimoine ?
47:46 Quid du sens, en fait.
47:48 Ça a pas de sens, ça participe à dégrader,
47:51 parce que dès qu'un lieu est connu, on sait ce qui se passe après.
47:55 Pour moi, puisqu'il faut prononcer le mot "urbex",
47:59 ce qui m'importe, c'est l'histoire des gens et des patrimoines.
48:02 Voilà, de ce que je découvre.
48:04 Enfin, je dis "je", mais on fait ça à deux.
48:06 Je crois que tous les deux, on est animés par la même chose.
48:09 C'est, voilà, qui était là, qui a fait quoi.
48:11 Les gens du château,
48:25 je peux pas m'empêcher de penser à eux tout le temps.
48:28 Souvent, on s'injone quand même.
48:30 Mais quelquefois, la baronne, quelquefois, son mari,
48:34 qui a pas dû venir ici souvent, mais oui, ils sont là.
48:37 La baronne, elle repose au cimetière.
48:39 Bien sûr qu'il y a de l'émotion et bien sûr qu'ils sont là tout le temps.
48:43 C'est sûr.
48:45 La baronne, elle est née en 1854.
48:54 Elle s'appelait Madeleine François-Sophie.
48:58 Elle était très austère, mais en même temps,
49:00 elle disait, d'après les témoignages de son arrière-petite-niece,
49:03 qu'elle préférait s'habiller en blanc.
49:06 Donc on peut l'imaginer dans une belle robe blanche
49:08 avec une belle capeline sur la tête, son ombrelle, etc., poser l'ombrelle.
49:12 Se mettre dans le sofa
49:15 et attendre qu'on lui amène des oranges indes.
49:18 En compagnie de jeunes séminaristes
49:23 ayant raté l'entrée au concours de l'église.
49:27 De quoi il pouvait parler sans doute de religion
49:29 parce qu'elle était vraiment très pieuse, la baronne.
49:33 J'ai juste le projet qu'un jour de plus, il est debout.
49:37 Un jour de plus, le parc est encore plus beau.
49:40 C'est un...
49:41 Enfin voilà, il vaut quelque chose, cet endroit.
49:44 Et du coup, je participe à continuer à lui donner de la valeur.
49:49 Et...
49:51 C'est pour ça que je suis là.
49:53 Et tant que je serai là, il sera le bon.
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