Matthieu Pavon débute cette semaine son année sur le PGA Tour à Hawaï à l'occasion du Sony Open. Nous avons rencontré le Français fin décembre à l'occasion du Mauritius Open. Carrière amateur, DPWorld Tour, PGA Tour, tatouages, le Bordelais se confie.
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00:00 Salut à tous, bienvenue dans Swing, l'émission de Journal du Golfe sur l'équipe.fr
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00:10 On vous souhaite d'abord une excellente année 2024.
00:13 Et justement, pour débuter cette année, on vous propose une interview exclusive de Mathieu Pavon.
00:18 Il débute cette semaine sa saison sur le PGA Tour.
00:21 Et justement, nous l'avions rencontré, Mathieu Pavon, en fin d'année dernière,
00:25 à l'occasion de la Frazia Bank Mauritius Open.
00:28 Et on l'écoute tout de suite, Mathieu.
00:29 [Musique]
00:49 Mathieu, merci beaucoup de nous accorder quelques instants.
00:54 On est à Maurice.
00:55 Tu viens de remporter ces internationaux de France de double.
00:59 Évidemment, ça n'a pas la même portée que ta victoire en Espagne.
01:03 Mais continue à gagner.
01:04 Ça représente quoi pour toi ?
01:07 C'est important.
01:08 Pour moi, il n'y a pas de petite victoire.
01:10 Encore une fois, c'est des tournois qui me tiennent à cœur.
01:12 Les années d'avant, j'allais souvent jouer l'Open de Mont-de-Marsan, l'Open d'Arcachon.
01:17 J'ai joué le MCA cette année au Golfe du Médoc.
01:19 Il y avait le Schweppes à l'époque aussi.
01:21 Donc voilà, j'aime bien venir jouer ces tournois-là.
01:24 Encore une fois, ça change un peu de positionnement pour moi.
01:28 De venir sur des tournois où je suis attendu, où je suis la tête d'affiche,
01:33 c'est quelque chose de différent à gérer.
01:35 C'est toujours une bonne expérience.
01:37 C'était une très bonne semaine.
01:39 On la sent la pression, comme tu le dis.
01:42 Tes têtes d'affiches, le statut a changé.
01:45 Tout ça, c'est quelque chose qu'il faut gérer aussi, le changement de statut ?
01:48 Oui, bien sûr.
01:49 Après, même en étant joueur du Tour européen,
01:52 on avait déjà un peu ce statut-là sur les plus petits tournois.
01:55 C'est ce que je disais à Julien et à Ken.
01:57 Je pense que j'étais plus stressé sur les deux ou trois premiers tournois de la Réunion
02:01 que quand je jouais un tournoi un jeudi sur un Tour européen.
02:04 Il y avait du monde, des gens qui viennent spécialement nous voir jouer.
02:08 Donc, il y a un petit quelque chose qui fait qu'on a envie de bien faire
02:12 et de faire plaisir aux gens et de se faire plaisir en même temps.
02:14 Donc, oui, il y avait un petit peu de stress au départ, vendredi matin.
02:19 C'est un stress qu'on recherche, je suppose, quand on est joueur pro.
02:23 On a besoin de cette petite adrénaline,
02:25 ce côté d'avoir la carte dans la poche, tout ça.
02:27 C'est ça qui fait que tu aimes le golf ?
02:30 Oui, c'est ça. On cherche bien sûr ces sensations-là.
02:33 Et puis, plus on y est confronté, plus on apprend à la gérer.
02:36 Donc, voilà, moi, j'ai été confronté à des stress différents dans ma carrière.
02:41 Et celui d'être un peu tête de série, c'en est un petit nouveau à gérer.
02:45 Et donc, le ressentir dans un tournoi plus petit comme la Réunion,
02:49 c'est toujours sympa.
02:50 Et puis, il a fallu tout de suite être très concentré
02:55 et retrouver ces petits mécanismes d'auto-défense de ce stress
02:59 pour pouvoir bien entamer cette partie.
03:02 On parle d'auto-défense carrément ?
03:03 C'est pour contrer un peu ce stress négatif finalement ?
03:08 Bien sûr. Je pense qu'il peut y avoir un bon stress et un mauvais stress.
03:11 Après, c'est beaucoup de gestion des émotions.
03:13 Quand on parle de stress, c'est une émotion.
03:16 Donc, voilà, l'identifier, la gérer, c'est quelque chose de très important.
03:20 C'est quelque chose dans lequel j'ai beaucoup progressé dernièrement.
03:23 Et la retrouver à la Réunion, c'est toujours sympa.
03:27 Et tout de suite, on se remet dans les petits mécanismes qu'on a,
03:31 les petites habitudes, et puis on gère ça tranquillement.
03:34 La prépa mentale, on a vu que c'était une des clés quand même de ta réussite.
03:37 C'est quelque chose que tu as appris à connaître au fur et à mesure de ta carrière.
03:41 Au début, peut-être que tu ne pensais pas du tout.
03:42 Comment c'est entré un peu dans ton mécanisme de golfeur pro ?
03:48 Moi, depuis que je suis pro, j'ai toujours été accompagné mentalement.
03:52 Je n'ai pas une grande carrière chez les amateurs.
03:54 Donc, je sentais le besoin d'avoir quelqu'un près de moi
03:57 parce qu'il y a plein de problématiques qui allaient apparaître au fur et à mesure
04:00 que je n'avais jamais connu auparavant.
04:02 Être exposé à une première victoire dans le monde professionnel,
04:06 donc d'abord sur le Alps Tour, j'ai eu la chance de l'obtenir très vite.
04:09 Donc, ça m'avait déjà soulagé.
04:12 Mais après, voilà, on monte des étapes.
04:13 On est face à des stress qui sont de plus en plus grands, des situations à gérer.
04:18 Donc, pour moi, ça a toujours été très important d'être entouré à ce niveau-là.
04:21 Ça a été quoi, on va dire, peut-être le plus gros moment de stress ou de flip de ta carrière pour l'instant
04:26 où tu t'es retrouvé à être complètement mort de trouille ?
04:30 Ça t'est arrivé ?
04:31 Oui, ce put au 18 à Dubaï.
04:34 Ce put au 18 à Dubaï a été très, très, très dur à gérer.
04:38 Il n'était pas long, mais pour moi, c'était le put le plus long de ma carrière.
04:41 Je devais avoir 1,20 m ou enfin en tout des 2 m.
04:45 Et voilà, c'est des put qu'on peut retrouver, se mettre dans des situations similaires.
04:51 Quand on est gamin sur le petit green en disant "Allez, ce put, je le rentre, c'est pour gagner le Masters" ou des choses comme ça.
04:56 Là, ça a été pour moi, je rentre ce put et je peux changer de vie, basculer sur le Pj Tour qui est un rêve de gamin.
05:05 Donc, voilà, c'est ces put qu'on s'entraînait petit à essayer de rentrer pour gagner des Majors.
05:10 Là, je l'ai eu en vrai et j'ai pu le mettre.
05:13 Donc, c'était un petit clin d'œil sympa.
05:15 Justement, ces 4 derniers trous à Dubaï, qu'est-ce qui se passe juste avant ces 4 derniers trous ?
05:20 Tu te dis "C'est pas possible, je ne vais pas passer à côté de mon rêve finalement".
05:25 Je savais juste qu'il fallait faire une grosse dernière journée pour me qualifier.
05:29 J'ai eu la chance, je démarre très bien, je suis -3 après 7 trous, je manque un petit put au 8.
05:35 De là, un petit peu de temps mort, je reprends en un boguet.
05:38 Et de là, je me dis juste qu'il reste 6 trous, j'essaie de tout donner sur ces 6 derniers.
05:44 Je vois Romain, à ce moment-là, Langasque, qui fait une super remontée dans le Top 10.
05:49 Et moi, je me dis "Il y a mon pote qui est en train de faire la journée, accroche-toi,
05:54 essaie d'aller le chercher, accroche-toi à lui comme une locomotive,
05:57 essaie de revenir sur les derniers, il reste encore beaucoup de trous".
06:00 J'avais déjà très bien fini mes parties toute la semaine sur ce retour.
06:04 Je me suis créé une occasion, deux, trois, et puis ce put au 18 pour terminer la plus belle des façons.
06:31 On va parler du côté d'être champion. C'est quoi pour toi la définition d'un champion,
06:34 quel qu'il soit, quel que soit le sport, comment tu pourrais le définir ?
06:38 Un champion, pour moi, c'est quelqu'un qui gagne, qui gagne des titres.
06:42 Il y a plein de choses. Pour moi, le champion, il a aussi un rôle de représenter fièrement son pays.
06:52 C'est tout ce groupe golfique, d'être quelqu'un d'accessible et humble,
06:58 qui est prêt à redonner tout ce qu'on a pu donner pour en arriver là.
07:03 Ça a une définition pour moi assez large. C'est beaucoup dans le partage, beaucoup dans l'humilité,
07:07 beaucoup aussi dans cet esprit de combativité et de victoire.
07:11 Pour moi, le champion, c'est quelqu'un qui a un beau mélange de tout ça.
07:15 Tu te sens champion maintenant que tu as gagné ? Est-ce que tu te sentais champion avant de gagner ?
07:19 Ou là, tu es vraiment un champion ?
07:21 Non, je ne me suis pas encore senti champion.
07:24 C'est sûr que cette première victoire sur le Tour Européen m'aide à mettre un pied dans ce stéréotype que j'ai du champion.
07:33 Après, pour moi, un champion, c'est quelqu'un qui a une carrière bien plus large que celle que j'ai à l'instant T.
07:39 Donc voilà, je suis peut-être un champion en devenir. Le futur nous le dira.
07:45 Tu le disais dans une interview que tu avais faite avec Romain à Dubaï.
07:49 Tu parlais de ton papa, justement, Michel Pavon. Tu disais que papa, c'est un champion.
07:53 C'est quelqu'un qui t'inspire. Tu disais que tu avais encore beaucoup de choses à apprendre avec lui à ce niveau-là.
07:58 Est-ce qu'il t'aide pour devenir le champion que tu dois être dans des mots, dans des phrases ?
08:05 C'est difficile à dire. Comme j'avais dit déjà, à Romain, on a beaucoup de pudeur dans la famille.
08:12 Donc, c'est difficile chez nous de partager nos émotions.
08:16 Je sais que c'est un papa, bien sûr, qui est très fier. Et comme je le disais, il a une carrière qui est pour moi une très belle carrière
08:24 et qui est symbolique avec de très belles valeurs que lui avait inculquées son père et sa mère auparavant et qui nous a transmis à moi et mes frères.
08:33 Donc oui, papa, c'est un référent. Je pense que maintenant, il y aura sûrement des choses à l'épuiser chez lui.
08:39 Je pense qu'il y a beaucoup de ressources mentalement. Je pense qu'il m'en a transmise génétiquement.
08:46 Mais je pense qu'il y a encore de belles choses à faire ensemble et ce sera peut-être à moi d'aller le chercher un petit peu pour gratter ça.
08:52 Qu'est-ce qui te fascinait chez lui quand tu étais petit ou même qui te fascine toujours quand tu le voyais évoluer sur le terrain ?
08:58 C'était quoi les yeux de Mathieu Pavon envers son papa ? Evidemment, je pense de la fierté. Mais tu l'admirais de quelle façon ?
09:05 Après, c'est comme tous les petits garçons. Je pense que papa, c'est un peu le super héros.
09:10 Mais je sais que c'est quelqu'un qui a eu une rigueur de travail qui a été exemplaire pendant toute sa carrière.
09:15 Ça a été un meuneur d'hommes. C'était quelqu'un qui était capable de sacrifier son bien-être pour les autres.
09:23 Donc voilà, c'est des valeurs de partage et de sacrifice et de travail qui font de mon père pour moi ce champion-là.
09:32 [Musique]
09:44 On voit que tu chips. Est-ce que tu peux nous décrire vite fait ta technique au chipping ?
09:48 Oui, bien sûr. J'avais eu du hips sur mes dernières années amateur. C'est vraiment quelque chose qui me paralysait et qui me bloquait dans la progression de mon jeu.
09:59 Donc tout simplement, en puttant grip inversé, je me suis dit qu'un putt et un chip vraiment très basique étaient assez semblables techniquement.
10:07 Donc je me suis mis à inverser les mains au chipping parce que c'était au putting de la même façon et c'était quelque chose de très naturel pour moi.
10:14 Tu le fais toujours ?
10:15 Oui, je le fais toujours. Ça fait maintenant, je pense, une dizaine d'années que je chip comme ça.
10:20 Bien sûr, j'ai un peu amélioré ma technique. J'ai varié les clubs, j'ai varié les trajectoires, j'ai varié surtout les trajectoires.
10:32 Et j'ai pu voir que ça marchait vraiment très bien, que c'était très efficace autour des games.
10:39 Donc simplement, tu mets ton…
10:40 Assez basiquement, moi je me mets assez confortablement en termes de grip. Je ne pense pas est-ce que ma main doit être forte, faible, dessus, un peu détachée.
10:50 C'est vraiment une prise qui me paraît assez normale et naturelle.
10:55 A partir de là, si je veux un coup un peu plus haut ou une trajectoire qui va être un peu plus roulante, je vais bouger ma balle un peu dans le sens.
11:03 Et à partir de là, une technique assez simple, j'ai vraiment l'impression que ce club est connecté à mon nombril et je vais utiliser en fait le nombril et mon club.
11:13 Je vais les garder ensemble et faire un mouvement de balancier vraiment très simple comme on peut le retrouver un peu au putting.
11:19 Tu dis que c'était un grip confortable, mais au début ça a dû être une adaptation quand même, non ? Ou pas du tout ?
11:31 En fait, ce qui a été dur c'était de trouver le dosage, d'aller chercher la balle dans le sol parce que c'est le même grip que j'ai au putting,
11:39 donc c'était quelque chose qui m'était familier. Mais c'est vrai qu'au putting, on n'a pas de contact direct avec le sol,
11:44 donc il a fallu trouver à quel moment mettre de la vitesse. Je passais beaucoup sous la balle au début,
11:53 donc il a fallu trouver où est-ce qu'était la balle la mieux positionnée dans mon sens pour trouver des contacts assez réguliers.
11:59 Après, c'est du temps passé, beaucoup de chipping autour d'un green, essayer de se sortir un peu de toutes les situations,
12:06 et puis c'est comme ça qu'on affine petit à petit un peu cette technique-là.
12:10 Tu as gagné en sensation, tu le vois sur ta carte de score ?
12:14 Oui, avant je n'étais plus capable du tout de chipper, donc c'était des grades, c'était des tops, c'était vraiment des coups qui étaient pénalisants.
12:22 Ça me bridait vraiment mon jeu parce que j'avais peur de manquer des coups, j'avais peur d'attaquer des par 5 en 2,
12:28 parce que je savais très bien qu'en attaquant en 2, selon où j'allais me retrouver, je pouvais encore faire un bogey ou même pire des fois.
12:34 Donc c'était vraiment quelque chose qui inhibait mon jeu énormément.
12:40 Et c'est vrai que maintenant, j'ai beaucoup plus de relâchement et dans une attaque de drapeau,
12:47 j'ai vraiment quasiment aucune peur d'aller manquer un coup parce que je sais que mon chipping est assez performant pour me sortir de beaucoup de situations.
12:56 On sait que tu n'es pas issu du même moule que les autres golfeurs qui ont fait peut-être tous les passages obligés, les pôles, etc.
13:15 Les FAQS. Est-ce que monter sur le Pitch du Tour maintenant, il y a une sorte de revanche par rapport à tout ça, par rapport au passé ou pas du tout ?
13:24 Il y a une revanche parce que j'ai eu un cursus vraiment basique.
13:28 Je n'ai jamais été en pôle espoir, je n'ai jamais été dans ces infrastructures-là.
13:33 Jusqu'à mon bac, je jouais une fois, voire deux fois par semaine maximum au golf.
13:37 J'étais encore très foot jusqu'à mes 16-17 ans.
13:40 Bien sûr, j'avais beaucoup de retard sur tous ces jeunes champions de l'époque.
13:45 Après, j'ai juste essayé d'amener cette rigueur de travail que m'a inculqué mon père dans le golf.
13:52 J'ai travaillé énormément pendant 2-3 ans avant de passer chez les pros.
13:56 Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui croyait en mes performances, ce qui a été aussi un moteur.
14:04 Je pense que même jusqu'à l'année dernière, il n'y avait pas beaucoup de monde qui croyait en mes performances non plus.
14:10 Mais toutes ces choses-là, c'est un moteur, c'est de l'essence que je mets dans la machine qui me pousse à me dépasser,
14:18 à vouloir faire mentir ces gens-là.
14:20 En travaillant bien avec beaucoup de sérieux, on arrive à toucher du doigt ses rêves.
14:26 Et quand tu rentres ce pote au 18 à Dubaï, tu y penses pas tout de suite, mais après coup, tu penses à tous ces gens-là,
14:31 à cette revanche et à un petit goût de dire "Tiens, je vous ai montré ce que j'étais capable de faire".
14:37 Oui, ce n'est pas quelque chose que je peux avoir en tête tout le temps, mais c'est sûr qu'après cette performance,
14:44 quand c'est fini, quand on reçoit plein de messages d'amis et d'autres personnes,
14:51 quand il y a certaines personnes qui envoient des petits messages, j'ai un petit sourire presque narquois de savoir que je l'ai fait
14:59 et que certaines personnes n'y croyaient pas forcément.
15:02 Les États-Unis, cette culture du sport, c'est quelque chose que tu aimes, qui te fascine aussi quelque part ?
15:28 Oui, j'adore le sport US. Après le lycée, je suis parti m'entraîner pendant un an aux États-Unis, à West Palm Beach,
15:36 à côté de chez Thomas Levé, avec qui j'avais passé énormément de temps.
15:40 Après ma finale du Challenge Tour, on était parti avec ma femme à New York et j'étais allé voir direct un match de NBA,
15:48 au Madison Square Garden. J'ai cette culture sport qui est très forte et très ancrée chez moi.
15:55 Les Américains sont très forts pour ça, c'est vraiment le show à l'américaine, tout est plus grand, les stades, l'organisation.
16:02 Donc forcément, ce côté sportif américain m'attire énormément.
16:06 Même la culture globale américaine te plaît ? La musique, les trucs un peu hors-golf ?
16:11 Bien sûr, la musique, j'attroche totalement avec ce qui veut se faire aux États-Unis.
16:16 Après, je pense que j'ai quand même une mentalité très européenne.
16:20 Je pense qu'aux États-Unis, ils sont un peu différents, mais comme dans toute culture,
16:26 je pense qu'il y a des choses très positives et intéressantes à aller chercher chez eux.
16:29 Il y a des sportifs américains qui t'inspirent particulièrement ou pas plus que ça ?
16:33 Bien sûr, déjà dans notre sport, Tiger Woods, on ne va pas se le cacher.
16:37 Mais j'aime beaucoup les joueurs de NBA, que ce soit LeBron James, Michael Jordan, Stephen Curry.
16:44 Pour moi, c'est des très, très grands athlètes.
16:47 J'ai vu à peu près tout ce qui se fait en documentaire sur ces gens-là.
16:50 Michael Phelps, j'en oublie, il y en a plein de très, très bons.
16:56 Il y a Tom Brady aussi.
16:57 Encore une fois, tous ces personnages-là, je les ai vus,
17:01 je les ai vus lus en long, en large et en travers dans des documentaires, dans des livres, des choses comme ça.
17:07 Donc, oui, c'est clairement des choses qui m'intéressent et où je me renseigne sur ce type de personnes.
17:13 Qu'est-ce que tu regardes ? C'est comment ils s'entraînent, l'intensité qu'ils mettent dans leurs entraînements ?
17:17 Qu'est-ce que tu regardes toi particulièrement ?
17:19 Bien sûr, c'est tout ça.
17:21 C'est une éthique de travail, de la discipline, émotionnellement, les attitudes, la façon de penser.
17:28 Je pense qu'il y a des choses vraiment très positives, encore une fois, à aller chercher dans ces grands champions américains.
17:33 Tu as des souvenirs de phrases de ces mecs-là qui t'ont inspiré, qui t'ont frappé ?
17:40 Je n'ai pas vraiment de...
17:43 Ou de moments, par exemple, ou de sport.
17:45 Non, je n'ai pas vraiment de phrases. Après, LeBron James, la carrière qu'il fait, c'est juste exceptionnel.
17:50 Michael Jordan, j'ai vu son documentaire. Encore une fois, je ne suis pas un spécialiste de leur carrière en particulier,
17:56 mais ce sont des sportifs que j'ai suivis.
17:59 Quand on voit comment il arrive à se transcender en étant down de plusieurs matchs dans les finales, c'est exceptionnel.
18:09 Tiger Woods, je n'en parle même pas. J'ai vu tous les best-ofs de ses shots qu'il a pu taper pendant toute sa carrière.
18:17 Michael Phelps, des vidéos de lui, d'entraînement sur YouTube, où il fait des entraînements de malade à répéter ses gammes et ses gammes.
18:25 Donc voilà, il y a plein de choses vachement inspirantes.
18:29 Par exemple, tu parles de Tiger Woods, un coup qui te... tout de suite, le coup de Tiger Woods que tu préfères regarder en boucle ?
18:36 Il y en a tellement, mais ce chip du Masters, il restera iconique.
18:41 Je ne me souviens pas exactement des tournois, mais un coup où il a les pieds presque en dehors du bunker,
18:46 qu'il doit faire passer au-dessus d'un arbre avec un... je crois que c'est un Fair 4 ou quelque chose comme ça,
18:50 qui est absolument gigantesque. Ce chip qui rentre... encore une fois, j'ai un peu de mal à me souvenir exactement du tournoi,
18:59 il devait peut-être être à Bay Hill ou quelque chose comme ça, qui rentre de derrière le par 3 en lopshot, exceptionnel.
19:06 Donc il y en a vraiment énormément.
19:09 Et tu te rends compte que l'année prochaine, tu vas évoluer dans le même circuit que Tiger Woods ?
19:14 Ça fait quelque chose quand on est Mathieu Pavon ?
19:17 Ouais, ça fait quelque chose. Après, le problème, c'est que je ne pense pas le voir beaucoup l'année prochaine, malheureusement.
19:22 Il a parlé d'un tournoi par mois, je pense que ce sera en ciblant les Elevated Events dans lesquels il va pouvoir jouer.
19:28 Malheureusement, ma catégorie de jeu ne me permet pas de rentrer directement dans ces tournois, il faudra s'y qualifier en jouant bien.
19:34 Donc voilà, c'est peut-être une petite carotte sympathique de... voilà, si je joue bien en début d'année, pourquoi pas se glisser dans ces champs réduits
19:42 et avoir une chance de partager un jour une partie avec lui en tournoi.
19:45 Et puis en majeur, pourquoi pas ? Évidemment, en majeur, ton premier US Open en 2018, tu gardes quoi comme souvenir ?
19:52 Tu passes le cut, tu finis top 30. C'était une grande découverte, cet US Open, pour toi ?
19:59 Ouais, c'était énorme parce que je ne suis pas hyper fan du Lynx Golf, même si j'ai déjà bien performé là-dessus.
20:09 Mon British Open, c'était une super expérience, mais encore une fois, je jouais très tard à 16h30 le deuxième tour.
20:16 Les intempéries arrêtaient, on avait repris, on avait fini à 21h30, quelque chose comme ça.
20:22 Donc c'était un peu spécial comme tournoi, comme premier majeur.
20:26 Et puis mon premier US Open, où là je crois que j'ouvre le tournoi, c'est moi qui tape le premier coup du tournoi,
20:31 où là ça avait une saveur un peu différente, en plus aux États-Unis, proche de New York.
20:36 Donc on sait que le public new-yorkais est assez spécial et très golf et est venu abondamment à ce tournoi-là.
20:44 Donc c'était énorme.
20:46 Et puis pour la petite anecdote, je crois que c'était le jeudi ou le vendredi,
20:50 je travaillais mes sorties de bunker au Chipping Green et j'étais vraiment concentré sur ce que je faisais
20:56 parce que je ne sortais pas très bien des bunkers.
20:58 Et puis je sors de ce bunker après une vingtaine, trentaine de balles, je vais voir mon cadet pour prendre un peu d'eau
21:03 et il me dit « tu as vu qui est derrière toi ? » et je dis « ah ben non ».
21:06 Je me tourne et c'était Tiger qui était juste derrière moi en train de faire des sorties de bunker.
21:09 Il te regardait ou non ?
21:10 Non, mais mon cadet à ce moment-là, Arnaud Garry, avait pris une vidéo de Tiger et moi dans le bunker
21:16 en train de faire des sorties de bunker.
21:18 Donc ça, ça reste un petit souvenir sympa.
21:20 Ce public américain, cette US Open, cette culture, quand tu vois tout ça,
21:24 tu te sens tout de suite à l'aise dans cet environnement américain ?
21:28 Oui, c'est un bon coup d'adrénaline, ça booste.
21:32 J'aime bien cette proximité avec le public, le public qui nous interpelle,
21:38 le public qui nous parle que ce soit pour nous chambrer ou pour nous féliciter.
21:42 Je pense qu'il y a une force d'énergie à aller chercher dans tout ça.
21:47 Je pense que c'est intéressant de pouvoir le vivre pendant une année entière.
21:50 Et puis cette année, à l'US Open, tu fais ce trou en 1.
21:53 Ça, ça devait être aussi encore un grand moment.
21:55 Tu fais ce trou en 1 à l'US Open devant une foule américaine en délire.
22:00 Ça devait être, même si tu ne passes pas le cut, une émotion forte pour toi.
22:04 Oui, c'était dingue.
22:05 Après, je ne pouvais pas la voir d'où on était, mais je sais que j'avais ma famille avec moi.
22:09 J'avais Julien Ken qui était dans les gradins juste au-dessus de moi à droite, à une vingtaine de mètres.
22:15 Et quand j'entends cette foule devenir de plus en plus bruyante,
22:20 la balle qui spinne, qui spinne, qui spinne, et d'un coup elle rentre,
22:23 je vois tout le monde debout dans les gradins.
22:25 Et je vois justement Julien, quand je tourne la tête vers les gradins pour comprendre ce qui se passe,
22:29 je vois Julien qui est debout, les bras en l'air.
22:32 Et là, c'était juste une expérience de dingue de pouvoir remonter ce tout petit trou,
22:36 parce que je pense qu'on avait 120 yards, donc autour de 110 mètres.
22:40 Remonter ce petit trou avec les gens qui applaudissaient, qui criaient, c'était vraiment une chouette expérience.
22:46 Là, tu as le cœur qui bat à 5 000. Ça se passe comment dans toi ?
22:49 En fait, tu ne réalises même pas vraiment ce qui se passe en termes de gestuel.
22:57 Je lève les bras, j'ai dû me revoir une ou deux fois pour comprendre comment j'avais réagi.
23:02 Tout est hyper naturel.
23:04 Donc c'est assez rigolo de se revoir après, de voir les gens crier, scander le nom.
23:11 C'est vraiment des émotions fortes.
23:13 [Musique]
23:39 Monsieur, quand je te parle du S-Open, on pense forcément à Greg Avray.
23:45 En 2010, il y a un petit moment, déjà, il nous avait fait un bon numéro, sortant des qualifs.
23:50 Tu te souviens de cette époque, 2010 ? Tu avais quel âge ?
23:56 2010, donc du coup, j'avais 18 ans.
24:02 J'avais 18 ans, oui, je me souviens être devant ma télé,
24:07 je vois Greg démarrer au trou numéro 1.
24:11 Je vois ce super coup du départ, qui était un club de style bois sain, club hybride.
24:19 Et un coup somptueux au drapeau et un pote qui glisse pour faire birdie au 1.
24:25 Après, la partie de reste, mais un peu vague.
24:27 Je me souviens le voir avec de belles opportunités sur les derniers trous,
24:31 des potes qui manquent de rentrer vers le 15 et le 16.
24:36 Et ce fameux trou 18, où il a eu un pote pour avoir une chance de gagner l'US Open.
24:42 Donc c'est vraiment des super souvenirs.
24:45 Tu lui en as reparlé ? Vous en avez discuté ensemble ?
24:48 Tu lui as posé des questions sur cette édition ?
24:51 Je lui en avais posé parce que vu que j'avais joué à Pebble Beach en 2019,
24:56 je lui avais demandé quelques conseils sur le parcours.
24:58 Malheureusement, le setup du parcours était bien différent.
25:01 On avait un parcours assez vert, des ruffs assez gras.
25:05 Je crois que l'édition de Greg, c'était un parcours qui se jouait assez ferme,
25:08 presque en mode links.
25:10 Donc c'était assez différent.
25:12 Mais après, les questions avaient été surtout de comment il avait passé cette fameuse partie
25:18 aux côtés de Tiger Woods un dimanche.
25:20 C'était surtout ces choses-là dont on avait un peu discuté.
25:24 Ça doit être énorme de voir la personne avec qui tu es peut-être l'idole,
25:30 faire cette performance-là, tu t'entraînes avec lui.
25:32 La relation a dû être privilégiée. Tu vois ce que je veux dire ?
25:36 Oui, je comprends ce que tu veux dire.
25:38 Après, à cette époque-là, Greg n'était pas encore arrivé au Golfe du Médoc.
25:42 Je ne le connaissais pas personnellement.
25:45 Mais c'est vrai que par la suite, ça a été énorme de pouvoir un petit peu
25:49 échanger avec lui, de partager sa grande expérience.
25:52 Et surtout, comme je disais, de lui demander ce que ça fait de partager un dimanche
25:57 avec Tiger Woods en avant-dernière partie d'un majeur.
26:00 C'était assez cool de pouvoir échanger sur des choses comme ça.
26:03 Et puis Grégory, quand il parle, on l'écoute.
26:06 Il met bien des mots sur des sensations.
26:09 Oui, bien sûr. Grégory, sur le palmarès golfique français, c'est énorme.
26:16 C'est un super joueur qui a gagné de multiples reprises sur le Tour européen.
26:21 Donc c'est sûr que quand il parle, on écoute.
26:24 Et moi, en tout cas, je prends beaucoup de plaisir à partager des moments avec lui.
26:27 Ça a été une inspiration pour toi quand tu étais jeune ?
26:30 Oui, bien sûr. J'ai eu beaucoup de chance dans mon "apprentissage" vers le monde professionnel,
26:36 d'avoir Grégory Avray et Julien Ken qui sont arrivés presque comme par enchantement au golf du Médoc.
26:42 J'ai pu vraiment passer beaucoup de temps avec eux.
26:45 Je pense que c'était 90% de mes parties, je les passais avec eux.
26:49 J'étais avare de conseils, j'étais curieux et j'avais une soif d'améliorer mon jeu
26:55 et essayer de battre ces deux grands noms du golf français.
26:58 Donc ça a été clairement un moteur pour moi.
27:00 Qu'est-ce qu'ils ont de plus, les Américains, la culture américaine,
27:16 quand ils viennent voir un tournoi de golf par rapport en Europe ?
27:18 C'est quoi la différence selon toi ?
27:23 Je ne sais pas parce que je n'ai pas pu vraiment discuter avec des gens
27:29 qui venaient régulièrement voir des tournois, voir un peu ce qu'ils recherchaient dans ces tournois-là.
27:33 Mais on sent que c'est une fête. Ils viennent voir une fête, ils sont là.
27:38 Alors ce n'est pas bon pour la santé.
27:41 Ils viennent boire des bières toute la journée, ils sont un peu bourrés,
27:47 mais ils sont très joyeux, très expressifs.
27:50 Ils font ce fameux « get in the hole » à chaque fois qu'on tape un coup,
27:54 même si on fait un slice de 30 mètres.
27:56 Ils sont vraiment là pour le show, pour faire partie de ce show.
28:00 Je pense qu'ils veulent vraiment faire partie de ce truc.
28:03 C'est peut-être parfois ce qui peut manquer en Europe.
28:06 Après, il y a des tournois qui sont excellents, je pense surtout à ceux dans les îles britanniques,
28:11 où on a généralement des foules qui sont différentes,
28:15 mais qui ressemblent beaucoup à ces foules américaines,
28:19 ou encore une fois l'Open d'Espagne cette année,
28:21 où il y avait vraiment des gens qui poussaient,
28:25 qui voulaient vraiment que les joueurs donnent le meilleur d'eux-mêmes.
28:27 C'était vraiment hyper agréable.
28:29 Ce qui te plaît aux États-Unis, on a l'impression, c'est cette culture du sport.
28:32 C'est cette culture sport qui est au centre de tout, on a l'impression.
28:35 Oui, clairement. Encore une fois, quand j'étais plus jeune au lycée,
28:39 et que je demandais des pseudos « dérogations » pour aller jouer,
28:43 pour manquer un jour d'école le vendredi, aller jouer des tournois de golf amateurs,
28:48 je rentrais le lundi à l'école et limite on s'acharnait un peu sur moi.
28:52 Aux États-Unis, quand on fait ces choses-là et qu'on performe,
28:56 on est mis sur un piédestal et on nous pousse à exceller.
28:59 Donc je pense que c'est vraiment différent.
29:04 Je crois aussi qu'on m'avait dit qu'en termes de ministère et de budget,
29:09 je crois que c'est la section des sports qui est le budget qui est queuté le premier,
29:14 s'il y a besoin de récupérer.
29:17 Donc ça montre bien qu'on est un peu différent sur ce sujet-là.
29:22 Les États-Unis sont vraiment propices à se développer pleinement dans un sport.
29:27 Encore une fois, les facs américaines avec ce système de bourses,
29:30 je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'écoles en France
29:32 qui donnent des bourses pour un athlète de haut niveau.
29:35 Donc c'est un petit peu différent.
29:36 Tu regrettes de ne pas avoir fait une fac US, justement ?
29:38 Tu penses que ça ne t'aurait plus ?
29:40 Ça m'aurait énormément plu. Après, c'était un choix de ma part.
29:43 Quand je suis parti aux États-Unis m'entraîner après mon bac,
29:46 j'avais un coach qui s'appelle Ken Martin,
29:50 qui était l'ancien cadet de Sandy Lyle.
29:52 Lui est américain, donc il a fait le cursus fac.
29:56 Je lui avais posé la question, est-ce que je devrais rentrer à la fac l'année d'après ?
30:00 Lui m'avait dit que c'était une super expérience, très enrichissante.
30:04 Mais selon la fac où on allait, on était vraiment livré à nous-mêmes.
30:07 Et puis, il ne fallait pas oublier qu'il y avait quand même l'aspect scolaire
30:11 qu'il ne fallait pas négliger.
30:14 Moi, mon rêve était de jouer au golf chez des professionnels.
30:16 Donc, j'avais pris la décision de m'entraîner durement encore une année ou deux
30:20 et vraiment de me consacrer à plein temps à mon golf et pas à des études.
30:25 Il y a des parcours qui te font rêver l'année prochaine que tu vas jouer.
30:28 Tu as déjà coché évidemment les parcours que tu vas pouvoir jouer.
30:31 Oui. Malheureusement, ceux que je rêve vraiment de jouer aux États-Unis,
30:35 je ne peux pas forcément les jouer l'année prochaine.
30:37 J'espère pouvoir rentrer au Phoenix Open.
30:40 Ça, ce serait énorme. Tourer Pines.
30:43 J'adorerais jouer Tipee-Saugrasse, aller jouer Bay Hill.
30:49 Ça, c'est des parcours qui m'exciteraient vraiment de jouer.
30:53 Après, il y a aussi ce Zurich classique, le tournoi de double.
30:57 C'est vraiment un truc que j'attends avec impatience
31:00 parce qu'on n'en a pas sur le circuit européen.
31:03 Et je trouve ça fun pour une fois partager un moment avec quelqu'un,
31:07 avec un compatriote, pourquoi pas l'année prochaine,
31:11 sur une épreuve et pas juste le faire tout le temps tout seul.
31:16 Justement, cette année sur le Pidgey Tour,
31:19 forcément, il y aura plusieurs Français.
31:21 Paul Barjon qui est déjà là-bas, toi, Victor Perez.
31:25 On a l'impression qu'il y a une sorte de clan français qui va se former aux États-Unis.
31:31 Ça ne peut être que positif pour vous.
31:33 Oui, je pense que c'est bien qu'on soit tous les trois,
31:35 de ne pas y aller tout seul, d'avoir toujours quelqu'un avec qui on peut parler,
31:38 avec qui on peut dîner, avec qui on peut passer des moments.
31:41 Après, je ne connais pas très bien Paul sur comment il évolue chez les professionnels,
31:45 quel est son monde de fonctionnement.
31:47 Je sais que Victor est assez dans sa bulle,
31:49 mais on peut toujours discuter librement.
31:52 Donc, ça va être intéressant de voir un peu comment tout le monde fonctionne.
31:55 Après, moi, j'ai un petit peu pris les deux vents en contactant Billy Herschel,
31:59 qui connaît bien mon coach et qui vient passer un peu de temps en Europe sur certains tournois.
32:04 Je vais tout de suite demander un ou deux conseils
32:07 et je lui ai demandé si je pouvais partager quelques parties avec lui en début d'année
32:12 pour profiter de son expérience.
32:14 Il a répondu très favorablement à tout ça.
32:16 Il a été vraiment adorable.
32:18 Donc, ça va être cool d'avoir quelqu'un là-bas avec qui je peux passer un peu de temps,
32:22 qui a une vraie expérience du Pitch et Tour.
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32:54 Mathieu, là, tu as joué en bois 3, mais le driving, c'est une de tes forces.
33:03 Oui, oui.
33:05 Je pense que je suis probablement dans les 30, 30, 35 joueurs les plus longs du Tour Europe 1.
33:11 Et c'est vraiment un club que j'affectionne.
33:13 C'est un club où je me sens plutôt assez facile du départ
33:16 avec mon sens de fade que je joue depuis quasiment toujours.
33:20 Donc, oui, j'ai envie de dire que c'est vraiment un point fort de mon jeu.
33:24 Tu vas à combien en moyenne au driver ?
33:27 Je crois que cette année, ma moyenne, elle doit être juste un peu en dessous des 310 yards.
33:32 Donc, ce sera à vérifier.
33:34 Je ne la connais pas exactement, mais je crois que c'est ça, 309 yards ou 310 yards.
33:37 Comment tu travailles le driving ? C'est quoi avec ton coach ?
33:40 Alors, ce qui est très bizarre, c'est que je ne le travaille pas vraiment.
33:43 C'est un truc que j'ai vraiment beaucoup confiance dedans.
33:47 En fait, le fait d'être au practice avec et d'avoir une cible qui est vraiment large
33:52 et beaucoup de balles à disposition, c'est je mets moins d'intensité au practice.
33:56 Donc, je manque pas mal de drive.
33:58 Quand je dois le travailler, en fait, c'est plus sur le parcours.
34:02 Voilà, essayer quand il y a des trous vraiment étroits, d'aller taper au plus loin,
34:06 de pousser le drive, de pousser cette exigence dans des couloirs
34:11 ou des situations qui sont inconfortables pour essayer de progresser dans ce secteur du jeu.
34:15 C'est ça que tu aimes bien ? C'est le challenge d'aller plus loin, d'aller taper dans la plaque ?
34:20 La sensation, c'est quoi ? Raconte-nous un peu.
34:22 Oui, c'est ça. Je pense que pour progresser et avancer dans son jeu de golf,
34:27 il faut essayer de se mettre dans des situations où on est inconfortable
34:30 et de s'y mettre le plus souvent possible pour que quand elle se présente sur des tournois,
34:35 qu'on soit familier avec des situations comme ça.
34:39 Donc, c'est vraiment aller chercher des trajectoires particulières, des zones vraiment petites
34:46 et essayer vraiment d'avoir un gros engagement, un bon drive bien claqué au milieu de la face
34:51 et avec beaucoup de vitesse et d'engagement.
34:53 C'est quoi pour toi la définition d'un drive réussi, toi, au niveau de la sensation ?
34:56 Moi, c'est un drive qui est pris au milieu de la face de club.
34:59 C'est un vol de balle qui est assez plat, qui a un beau spin.
35:03 Je le vois assez vite visuellement, pas une balle qui monte dans le ciel.
35:07 Donc, vraiment un drive plat et avec une dizaine de yards de courbe de gauche à droite,
35:13 ça, c'est vraiment mon truc.
35:15 Tu te souviens le plus gros drive que tu aies tapé, la distance la plus longue que tu aies pu faire ?
35:20 Honnêtement, je ne m'en souviens pas.
35:23 Je crois qu'il y en a eu un au net bank, une fois qu'il a fait plus de 400 yards.
35:28 On sait qu'il fait chaud, on sait qu'il y a de l'altitude.
35:32 J'avais pris un bord de rough vraiment cramé où j'avais fait beaucoup de distance.
35:38 Après, pour la petite anecdote, la semaine dernière au Porsche, au trou n°16,
35:42 j'ai tapé un drive qui a fait 360 yards.
35:44 Donc là, on était sur vraiment le drive parfait, bien engagé, fort,
35:49 avec ses 10 yards de fade.
35:52 Et voilà, c'était vraiment une super sensation.
35:54 On est content quand on a réussi un gros drive comme ça ?
35:56 Oui, c'est toujours…
35:57 On se sent fort ?
35:58 Oui, parce qu'on travaille dur, que ce soit techniquement, à la salle de sport.
36:03 C'est pour accomplir des coups comme ça.
36:05 Donc forcément, quand on arrive à les sortir du sac,
36:08 et surtout en situation de tournoi, c'est hyper plaisant et satisfaisant.
36:12 Je voulais qu'on parle aussi de tes tatouages.
36:24 Tes tatouages, tu en as pas mal.
36:27 Est-ce que c'est des tatouages que tu vois quand tu joues,
36:30 que tu regardes de temps en temps ?
36:32 Est-ce que déjà, tu peux nous décrire ce que tu as sur tes mains ?
36:35 Oui, sur mes mains, j'ai une phrase qui vient de Harvard,
36:41 donc une faculté américaine,
36:43 qui est inscrite sur les murs de la bibliothèque.
36:46 Donc c'est des phrases qui ont été inscrites par les étudiants qui étaient là-bas,
36:50 qui viennent bien sûr de toutes horizons différentes,
36:52 beaucoup de nationalités différentes à Harvard.
36:54 Qui veut dire quoi, la phrase ?
36:56 Clairement en français, ça veut dire,
36:58 c'est la sueur de l'effort d'aujourd'hui deviendra les larmes de joie de demain.
37:01 Donc c'est clairement quelque chose qui me correspond.
37:05 La sueur de l'effort qu'on peut mettre dans ce travail acharné quotidiennement,
37:10 qui devient les larmes de joie après une belle victoire,
37:14 ou des objectifs remplis.
37:16 Donc ça me correspondait vraiment énormément.
37:19 Après, je ne peux pas trop en parler, c'est des tatouages un petit peu personnels.
37:23 Je retrouve le chiffre 7, qui est le chiffre de ma famille.
37:31 Mon papa est né le 7 novembre, il avait le numéro 7 sur son maillot.
37:36 Pour la petite anecdote, le 7, c'était aussi ma place de parking
37:39 quand j'ai gagné l'Open d'Espagne.
37:41 C'était toi qui l'as demandé ou c'était au hasard ?
37:44 Non, c'était au hasard.
37:46 J'avais une place de parking les trois premiers jours
37:48 qui était complètement différente.
37:50 Le 6 soir, quand je rentre, le monsieur de l'entrée me dit
37:53 « je suis obligé de te bouger et tu vas être sur la place numéro 7 ».
37:57 Donc ça a fait tilt ?
37:59 Ça a fait tilt, je me suis vraiment dit « cette semaine, c'est pour moi,
38:01 il ne peut plus rien m'arriver ».
38:03 Tu es superstitieux un peu ?
38:05 Non, mais c'est un petit clin d'œil.
38:08 Vu que c'est un chiffre qui fait partie de notre famille,
38:11 quand on me le présente, bien sûr que j'y pense.
38:15 C'était assez rigolo.
38:18 La croix, c'est vraiment une symbolique.
38:21 C'est les personnes que j'ai perdues.
38:23 Je pense beaucoup à mes grands-parents.
38:25 Et puis après, il y en a un peu partout.
38:27 Je suis très tatoué.
38:29 Tu aimes bien le tatouage ?
38:31 C'est aussi un peu une culture américaine le tatouage ?
38:33 Oui, je ne sais pas si c'est américain,
38:35 peut-être que ça me vient de mon côté footballeur.
38:37 J'ai un peu de sang de footballeur.
38:39 On sait que les footballeurs sont très tatoués.
38:41 J'ai toujours aimé ça aussi.
38:43 J'aime beaucoup le sport.
38:45 J'ai un côté qui est polynésien, maori.
38:50 Forcément, quand on voit ces All Blacks,
38:53 j'adore regarder le rugby quand je vois ces All Blacks.
38:56 Et vraiment les guerriers qui sont sur un terrain,
38:59 ça me parle énormément.
39:01 C'est des tatouages qui ont des symboliques.
39:04 Tous les symboles représentent des traits de caractère.
39:10 C'est des traits de caractère où chaque symbole a vraiment une histoire.
39:13 J'ai aussi un petit côté hispanique,
39:17 de par mon grand-père qui était de Madrid.
39:20 J'ai tout un côté du corps qui est en maya.
39:27 Je ne sais pas pourquoi, dans la famille,
39:30 on a toujours été très attirés par tout ce qui est Pérou, Machu Picchu.
39:35 Pour moi, c'est un rêve de gamin d'aller là-bas
39:37 et de pouvoir faire ces randonnées autour de ces temples.
39:41 Donc, ça fait tous ces tatouages.
39:43 Le premier, c'est lequel ?
39:44 Le tout premier, c'est juste le bandeau qui est là.
39:48 Après, c'est contagieux.
39:50 C'est un siou ?
39:53 Oui.
39:55 Là, c'est mon côté maya.
39:57 On a Kukulkan, le dragon ailé.
39:59 Là, j'ai fait une prêtresse toujours pour ce côté guerrier.
40:07 Je voulais quelque chose d'assez doux,
40:09 donc j'ai pris le visage d'une femme.
40:11 Et le nom de ton fils ?
40:12 Je vais finir, j'ai le nom de mon fils sur la cheville,
40:14 lors de sa naissance.
40:16 C'est un peu tout mon univers qui s'entremêle sur ces tatouages.
40:21 Tu les regardes quand tu joues ?
40:25 Tu les vois, tu jettes un coup d'œil dessus, ça te donne de la force ?
40:29 Non, ce n'est pas vraiment ça.
40:31 Il y a quelque chose que je fais depuis Madrid,
40:35 quand je suis dans des moments sous pression.
40:38 J'ai des petites phrases personnelles qui sont notées dans mon carnet.
40:42 Que tu lis du coup ?
40:44 Je les lis énormément.
40:46 Pour donner un petit endroit, une petite info,
40:49 j'avais 6-7 phrases notées dans mon carnet.
40:54 Je pense que je les ai lues à peu près 60 fois sur la partie.
40:57 À Dubaï, le dernier tour, j'avais des phrases aussi qui étaient différentes.
41:01 Tu les connais par cœur, mais tu les lis quand même ?
41:04 Ce n'est pas que je les connais par cœur,
41:06 ce sont des phrases que j'ai notées dans mon carnet,
41:08 qui me parlent en début de journée,
41:11 et sur lesquelles je me dis que je peux me rattacher dessus,
41:13 parce que c'est quelque chose qui me parle.
41:15 Ça m'aide à voir l'objectif de la journée,
41:18 quel est l'objectif de la journée,
41:20 et ça me permet de me recentrer sur le moment présent.
41:22 Ce sont vraiment des choses que je relis souvent.
41:25 Sur ma balle, j'ai le prénom de mon fils et de ma femme.
41:28 Quand je commence à planer un peu, à penser aux résultats,
41:32 à regarder ma balle et lire le prénom de mon fils et de ma femme,
41:35 ça me fait beaucoup de bien.
41:36 Tes objectifs que tu as réussi,
41:38 ce sont des objectifs qu'on ne soupçonnait pas trop au début.
41:41 Tu les avais cachés volontairement,
41:43 ou c'est venu étape après étape, en voyant que ça se goupillait bien ?
41:47 Mes objectifs en début d'année, c'était le top 30 de la race,
41:51 parce que j'avais fini 40e l'année d'avant.
41:54 Je voulais être top 30 de la race pour avoir mon premier majeur,
41:57 comme je l'avais dit aussi, légalement,
41:59 parce que c'est bien de venir d'une qualif,
42:01 c'est mieux et plus flatteur de venir normalement se qualifier.
42:05 C'est aussi mieux parce que je vais pouvoir mieux m'y préparer
42:08 que les autres, ça tombait,
42:10 il fallait y aller 15 jours après ou trois semaines,
42:13 donc ça laissait très peu de temps.
42:15 Je voulais aussi avoir ma première victoire sur le Tour Européen.
42:19 Donc voilà, c'était vraiment les deux grandes lignes,
42:22 top 30 et première victoire sur le Tour Européen.
42:25 Après, je savais au fond de moi que, synonyme de victoire,
42:29 ça m'aurait quasiment automatiquement ramené dans le top 30,
42:33 à part victoire sur un tout petit tournoi.
42:35 Et puis, on se rapprochait du Pidget Tour,
42:38 mais qui aurait été pour moi vraiment un objectif, je pense, en 2024,
42:42 et ça ne l'était pas en 2023.
42:44 - Sur les tatouages, le prochain, tu as déjà une idée de ce que tu vas faire ?
42:47 - Je vais finir mon bras. - Aux US ?
42:50 - Non, je travaille avec quelqu'un, j'ai mon tatoueur qui est de ex,
42:54 donc j'essaie de ne pas mêler les projets,
42:57 là, c'est vraiment mon bras, c'est son projet, on va le finir.
43:01 Je vais me faire un joli temple derrière, avec une lune et de la végétation,
43:06 donc ça fera vraiment tout le bras.
43:09 Et puis, après, je pense qu'on ira de l'autre côté,
43:12 je pense qu'on finira par me voir avec les deux bras complètement tatoués.
43:16 - Pour terminer, aux États-Unis, on sait que tu as déjà tout planifié, quasiment.
43:20 On parle de la culture US, les voitures, tout ça, tu aimes bien.
43:23 Tu as déjà prévu d'acheter ou de louer une grosse voiture ?
43:26 - Non, honnêtement, j'achète très…
43:29 Si, j'adore tout ce qui est voiture, c'est des choses que je…
43:33 - Tu as une marque préférée aux États-Unis ?
43:35 - Si on prend vraiment dans de l'américaine,
43:38 je pense qu'avoir un jour une jolie Mustang des années 70, 80, dans le garage,
43:44 ça peut être canon.
43:47 Après, non, je n'ai pas une marque de voiture américaine en particulier,
43:53 mais c'est vrai que ces Mustangs-là, c'est assez sympa,
43:56 mais ce sera vraiment un achat peut-être que je ferai
43:59 le jour où je serai installé pleinement aux États-Unis avec ma famille.
44:02 - Et niveau tourisme, tu as des choses que tu veux voir ?
44:04 Faire la route 66, je ne sais pas, des trucs comme ça ?
44:07 Tu n'en avais pas prévu, encore ?
44:09 - Non, le truc, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de temps off.
44:12 Le calendrier de l'année prochaine, c'est 20 tournois entre janvier et mi-juillet,
44:18 alors que cette année, j'en ai fait peut-être 28 de janvier à novembre.
44:22 Donc, c'est vraiment hyper, hyper condensé.
44:25 Et puis, voilà, j'ai un objectif cette année,
44:28 c'est un peu la rentrée des classes pour moi, c'est tout nouveau.
44:32 Donc, je vais vraiment être concentré sur bien faire mon travail.
44:36 Quand j'aurai du temps off, profiter de ma famille,
44:39 parce qu'on ne va pas se voir non plus très, très souvent.
44:42 Donc, je pense que ce sera d'abord le principal de trouver cet équilibre-là
44:46 entre le travail, la famille, le repos.
44:49 Et après, quand on sera un peu plus à l'aise aux États-Unis,
44:52 on prendra des vacances, comme tu disais,
44:55 Route 66, le Yosemite Park, j'ai envie d'aller voir.
44:59 Ma femme rêve d'aller à Hawaï, donc ce sera une belle occasion de l'y emmener.
45:03 Donc, voilà, il y a plein de choses super intéressantes à faire.
45:06 - C'est le début, le rêve continue, le début du rêve commence, là, ça.
45:10 - Oui, voilà, c'est ce que je disais, c'est pas...
45:14 Aller sur le Pitch et Tour, en fait, c'est pas la ligne d'arrivée,
45:16 c'est vraiment le début.
45:18 Je prends ça comme un début, c'est que c'est maintenant que tout commence.
45:21 Ce qui a été fait, entre guillemets, avant, pour moi,
45:24 c'est pas on l'efface, mais voilà, pour moi, c'est mon rêve de gamin
45:29 et mettre un pied dedans, c'est vraiment là que tout démarre pour moi.
45:32 - Super. Merci, Mathieu. - Top, merci.
45:35 ♪ ♪ ♪
45:45 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]