Yvon Madiot, ancien directeur sportif de la Groupama-FDJ, invité de France Bleu Mayenne
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00:00 Il a été coureur professionnel puis a formé avec son frère Marc un duo à la tête de
00:04 l'équipe Groupama FDJ. C'est un jeune retraité que vous recevez Stéphanie De Devaux, le
00:09 renaséen Yvon Madiot.
00:11 Bonjour.
00:12 Bonjour.
00:13 Vous venez donc de prendre votre retraite à l'âge de 61 ans. C'est parce que vous
00:17 aviez fait le tour ou pas ?
00:18 J'ai fait le tour. J'ai fait tous les tours possibles dans le cyclisme.
00:22 Vous avez fait le tour du vélo de ce monde-là ?
00:25 Oui, j'ai fait le tour. Puis il y a une fatigue, une usure, une usure mentale et physique.
00:31 Beaucoup de voitures, beaucoup de pression sur la faim. Donc voilà, il y a un moment
00:36 où on a envie de stopper.
00:38 Comment est née votre passion commune avec votre frère Marc pour le vélo ?
00:44 C'est Marc qui a amené le vélo dans la famille, si je puis dire. Mon père était
00:48 coureur à pied. Donc on était plus sur la course à pied dans un premier temps. Et
00:55 Marc, ça a toujours été ancré en lui, il a toujours rêvé de vélo, de cycliste,
01:01 de grand champion. On écoutait le Tour de France à la radio. Et c'était les époques
01:08 Ocania, Merckx.
01:09 Voilà, les grands noms.
01:11 Des grands noms.
01:12 Vous avez été coureur professionnel pendant 9 ans. C'est beaucoup de sacrifices.
01:17 C'est un sacrifice, on ne s'en aperçoit pas parce que c'est quotidien, c'est tous
01:23 les jours, on est obligé de surveiller un peu l'alimentation. C'est beaucoup d'heures
01:26 de vélo. Quand on se lève le matin, c'est petit déjeuner, vélo.
01:29 En fait, on pense vélo.
01:32 On pense vélo, H24, les sorties ou faire quelques petites courses. Et après l'entraînement,
01:39 c'est toujours après l'entraînement, c'est jamais l'inverse. Jamais les petites courses
01:43 ou ce qu'on a à faire le quotidien, c'était vélo, vélo, vélo.
01:46 Est-ce que le monde professionnel était pareil à votre époque qu'aujourd'hui ?
01:51 Bon, fondamentalement, oui. Maintenant, les coureurs sont un peu beaucoup plus assistés
01:57 que nous on l'était. Beaucoup plus performants, beaucoup plus exigeants et en demande surtout,
02:03 en demande de tout ce qui se fait, de nouveautés, de nutrition, matériel, vêtements. Ils sont
02:11 beaucoup plus pointus que nous on ne pouvait l'être. C'était un petit peu empirique
02:14 à notre époque.
02:15 Et qu'est-ce que vous gardez de ces années, votre plus beau souvenir ?
02:19 Je ne suis pas très nostalgique. Je ne regarde pas trop en arrière. Chez moi, il n'y a pas
02:27 un maillot, il n'y a pas une coupe. Je regarde toujours le vélo de demain. Bon, forcément,
02:36 évidemment, j'ai des bons souvenirs. J'ai eu la chance de gagner quelques courses. J'ai
02:40 passé de bons moments, j'ai rencontré de bonnes personnes. Donc voilà, c'est ce que
02:44 je garde. Je garde plutôt un ensemble que de dire, bon voilà, forcément, mes titres
02:48 champions de France m'ont permis d'être sur ce jour-là, si je peux me permettre, le meilleur
02:54 du jour dans la discipline où j'ai gagné. Mais c'est plutôt un ensemble que je garde.
03:01 Yvon Madiot, après votre carrière professionnelle en tant que cycliste, en 1987, vous créez
03:10 avec votre frère Marc, la Française des Jeux, donc une équipe qui est devenue la Groupama
03:16 FDJ. Votre frère, au moment de votre départ, a dit "on était complémentaires, il savait
03:22 me reprendre, avoir le mot juste". C'était difficile de travailler avec lui ? Marc Madiot,
03:27 c'est une grande gueule quand même. Oui, mais c'est mon frère, je le connais depuis
03:32 61 ans. Non, je pense qu'on était assez complémentaires. Je pouvais me permettre de lui dire certaines
03:37 choses que d'autres ne pouvaient pas lui dire, mais ce n'était pas pour le reprendre. Je
03:44 donnais plus mon avis dans certains moments, mais ça a toujours été le leader, même
03:52 au niveau de notre relation de coureur, depuis nos débuts, quand c'est lui qui a commencé
03:58 en premier. C'est lui qui m'a montré la voie, qui m'a permis de monter sur un vélo, ce
04:04 qui était une bonne chose, parce que j'ai pu avoir de bons moments. Il avait trois ans
04:09 de plus que moi, donc il m'a toujours montré la voie, le chemin. Je crois que le coureur,
04:14 même dans les plus jeunes catégories, me disait "fais-ci, fais-ça". Mais c'est facile
04:18 de travailler H24 avec son frère ? Oui, quand on s'entend bien. Il n'y a pas d'engueulade ?
04:23 Non, non. Vous n'êtes jamais à pied à tête ? Non, ça ne me vient pas à l'esprit comme
04:27 ça, de dire "oui, on s'est engueulé tant de fois". Non, jamais. Je donnais mon avis,
04:31 après il suivait ou pas, il en tenait compte ou pas. C'était plus comme ça. Plus jamais
04:38 je me mettais en face de lui, confronté ou quoi que ce soit. C'était plus je donnais
04:44 mon avis, ou il me le demandait, dans les deux sens. Il me demandait mon avis, mais
04:50 ça s'arrêtait là. On n'a jamais eu besoin de s'engueuler. Je connaissais aussi la personne,
04:55 donc je savais où il voulait aller. Donc c'était plus facile pour arrondir les angles.
05:00 A la groupe Amaïf Déji, vous aviez une mission de recrutement, de repérage de jeunes talents.
05:06 Vous en avez déniché, comme Arnaud Desmars ou Thibaut Pinot ?
05:10 Oui, pendant une quinzaine d'années. J'ai fait ça pendant 15 ans. C'était assez simple.
05:16 Parce qu'on avait une cellule recrutement qui était beaucoup plus avancée que la concurrence.
05:21 Donc j'étais un petit peu le premier à aller sur les courses de jeunes. On m'avait
05:25 engagé du temps pour ça, au sein du groupe. J'étais pratiquement le seul, forcément,
05:32 dès qu'il y avait un coureur qui montrait de belles choses. Et puis quelques fois, j'ai
05:38 cherché des coureurs moins connus, qui avaient moins de résultats, mais qui pouvaient faire
05:44 de très bons professionnels.
05:45 Aujourd'hui, vous êtes un jeune retraité. Le vélo, pourtant, vous allez continuer à
05:53 voir des courses. Vous continuez à l'écouter, le vélo, à le regarder. Vous continuez à en faire ?
06:00 Oui, à toutes les questions. Je continue à regarder. Pour l'instant, l'activité
06:09 est plutôt du cyclocross. La route, ça recommence dans 8 jours. Enfin, moins de 8 jours. Je crois
06:14 que ça recommence dimanche. Je regarde. Je pense que c'est aussi la transition. Ça
06:20 va être ma transition. On ne peut pas s'arrêter comme ça. Depuis l'âge de 14 ans, je suis
06:25 lié au vélo. Le vélo m'a tout apporté. On ne peut pas s'arrêter. Je vais continuer.
06:34 Ça va être une transition assez lente, tranquille, sereine. Je pense que quand l'équipe va
06:44 gagner ses premières courses, je pense que je vais avoir un soulagement.
06:47 Merci beaucoup Yvon Madiot d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu Mayenne
06:53 et France 3 Pieds de la Loire. Bonne journée.