• il y a 11 mois
C'est l'effarante chronique de nouveau-nés retirés, dès la maternité, à des femmes qui n'ont encore jamais eu d'enfants, sous prétexte d'un soupçon de maltraitance future... Ce film révèle une dérive impensable : la Grande Bretagne fixe chaque année des quotas d'enfants à retirer à leurs parents, des objectifs d'adoption. Si les comtés qui doivent appliquer cette politique n'y parviennent pas, ils subissent des sanctions financières, leur budget est révisé à la baisse. Des agences privées, parfois cotées en bourse, sont souvent chargées de placer ces enfants et de les faire adopter.

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Personnes
Transcription
00:00:00 ...
00:00:14 -Par une nuit froide de février,
00:00:17 une mère et une fille s'apprêtent à quitter l'Angleterre
00:00:21 pour trouver refuge en France.
00:00:23 ...
00:00:27 Leur père et mari ne vont pas embarquer sur le ferry.
00:00:31 ...
00:00:36 Ils ne savent pas quand ils pourront revoir sa fille, Bethany.
00:00:39 ...
00:00:43 -Au revoir, papa. -A bientôt.
00:00:44 Bonne chance, ma belle.
00:00:46 ...
00:00:48 ...
00:00:58 -Jane accompagne sa fille dans son exil français.
00:01:02 ...
00:01:03 Vrombissement de l'avion
00:01:07 ...
00:01:12 Bethany fuit les services sociaux britanniques.
00:01:16 ...
00:01:18 Trois semaines plus tôt,
00:01:19 l'administration l'a menacée de lui enlever son premier enfant,
00:01:24 dès sa naissance, à la maternité.
00:01:26 -Ca va aller.
00:01:28 Je ne veux pas retourner en Grande-Bretagne.
00:01:33 Ce n'est pas sûr ici, non.
00:01:34 Les services sociaux veulent me prendre mon bébé,
00:01:37 alors c'est le seul choix que j'ai si je veux devenir mère.
00:01:41 J'ai l'espoir que ma vie en France soit heureuse,
00:01:45 juste heureuse, heureuse et en paix.
00:01:48 ...
00:01:58 -Endors-toi, mon bébé. Endors-toi.
00:02:01 Il bat. Son coeur bat.
00:02:05 J'ai vraiment envie d'arriver, maintenant.
00:02:07 -Bethany est enceinte de huit mois.
00:02:10 Avant même de devenir mère, les services sociaux
00:02:13 ont décrété que cette célibataire de 22 ans
00:02:16 est incapable d'être maman.
00:02:18 -Ils décident, c'est tout.
00:02:21 "Nous prenons votre bébé."
00:02:22 Ils ne donnent aucune explication.
00:02:25 Ils viennent juste nous dire "Nous prenons le bébé.
00:02:28 "Nous allons placer votre bébé dans une famille d'accueil
00:02:31 "parce que nous avons des doutes sur de la possible maltraitance,
00:02:35 "de la possible maltraitance dans le futur."
00:02:37 -Bethany est la petite dernière de sa fratrie.
00:02:40 Trois sœurs, dont l'aînée Becky s'est suicidée il y a six ans,
00:02:44 laissant derrière elle un nourrisson.
00:02:47 Depuis ce drame, toutes les femmes de la famille
00:02:49 sont dans le collimateur des services sociaux.
00:02:52 Lorsque la seconde sœur, Jodie, a accouché,
00:02:55 son premier bébé lui a été arraché dès sa naissance.
00:02:59 Depuis qu'elle est enceinte, les services sociaux considèrent
00:03:03 que Bethany présente elle aussi un risque pour son futur bébé.
00:03:07 -Ils veulent emporter son bébé, à présent.
00:03:09 Ils disent qu'elle est alcoolique,
00:03:11 parce que quand sa sœur est morte,
00:03:13 elle a bu.
00:03:14 Elle avait 16 ans.
00:03:16 Elle en a maintenant 22.
00:03:18 Il y a six ans, elle a pris un verre.
00:03:20 -Ils m'ont envoyé un courrier qui disait...
00:03:24 "C'est votre dernière chance."
00:03:27 Ma dernière chance ?
00:03:29 Ils m'en ont donné aucune.
00:03:31 Ils m'ont juste dit "Ceci est votre dernière chance
00:03:34 "avant que nous ne prenions votre futur bébé."
00:03:36 Et puis ils m'ont donné cinq jours pour trouver un avocat.
00:03:40 En cinq jours, qui peut faire ça ?
00:03:43 Soupir.
00:03:44 C'est à ce moment-là que nous avons décidé de partir.
00:03:50 -Comme Bethany, des centaines de femmes
00:03:52 ont déjà fui l'Angleterre pour ne pas perdre leur bébé.
00:03:55 Celles qui n'ont pas perçu la menace des services sociaux
00:03:59 les ont perdues, définitivement.
00:04:01 Elles ont été privées de leurs enfants
00:04:03 pour une faute qu'elles n'ont pas commise.
00:04:05 Musique douce
00:04:07 ...
00:04:31 -Arrivées sur les côtes normandes,
00:04:33 Bethany et Jane sont attendues par Jenna.
00:04:36 Une Anglaise installée sur le continent depuis plusieurs années.
00:04:39 Jenna a fui l'Angleterre après que les services sociaux
00:04:42 ont privé cette mère célibataire de ses trois premiers enfants.
00:04:46 ...
00:04:50 -Salut ! Ca va ?
00:04:51 Alors, comment s'est passé le voyage ?
00:04:53 -Très stressant.
00:04:54 -Bonjour, enchantée.
00:04:56 -Bonjour. Très heureuse de te rencontrer.
00:04:58 -Moi aussi, vraiment.
00:04:59 ...
00:05:04 -C'est la dernière étape d'un chemin de croix.
00:05:07 Ca va aller beaucoup mieux.
00:05:08 ...
00:05:12 -Jenna et Bethany se sont rencontrées sur Facebook
00:05:14 il y a quelques semaines.
00:05:16 Jenna vient en aide à ses futures mamans
00:05:18 qui veulent échapper à l'arbitraire des services sociaux.
00:05:22 ...
00:05:24 -Elles doivent prouver qu'elles ne sont pas handicapées mentales
00:05:28 ou trop handicapées physiques pour prendre soin de leur enfant.
00:05:31 Les gens comme moi doivent prendre leur décision
00:05:34 en connaissance de cause pour dire si on pense qu'elles peuvent le faire.
00:05:37 Elles doivent aussi prouver qu'elles ont des ressources
00:05:40 et être en mesure de payer leur loyer, de payer leurs factures
00:05:44 et de se débrouiller à l'étranger.
00:05:46 Et aussi d'avoir la confiance nécessaire
00:05:48 pour être capable d'apprendre une nouvelle langue
00:05:51 et commencer une nouvelle vie, parce que c'est un choix pour la vie.
00:05:54 ...
00:05:56 Musique douce
00:05:58 ...
00:06:07 -Oh, merci !
00:06:09 Tu as apporté le courrier à maman ?
00:06:11 Merci beaucoup.
00:06:13 -Jenna a trouvé refuge près de Nantes,
00:06:16 où elle a fondé une autre famille avec son nouveau compagnon.
00:06:20 En France, leurs deux nouveaux enfants
00:06:22 sont à l'abri de l'administration anglaise.
00:06:25 En quatre ans,
00:06:27 Jenna a déjà recueilli plus de 40 familles.
00:06:31 -Je viens voir si tu as tout ce qu'il te faut, ma belle.
00:06:34 Si tu as besoin de quoi que ce soit, je peux aussi te le prêter.
00:06:38 -Merci beaucoup, Jenna. Tu me sauves la vie.
00:06:41 -T'as bien dormi ?
00:06:43 -Comme un bébé, comme un loir.
00:06:45 -Pour aider toutes ces femmes,
00:06:48 Jenna peut compter sur un homme,
00:06:50 à l'origine de ce réseau de solidarité.
00:06:53 -Autrefois élue dans le comté du Kent,
00:06:56 Ian Joseph a fait fortune sur la côte d'Azur,
00:06:59 où il vit depuis 40 ans.
00:07:01 Depuis, il a aidé financièrement
00:07:03 une centaine de futures mamans comme Jenna
00:07:06 à s'installer hors d'Angleterre.
00:07:08 -J'ai aidé Jenna à s'échapper en France
00:07:10 parce que les services sociaux lui avaient déjà pris ses trois enfants.
00:07:14 Quand elle s'est retrouvée de nouveau enceinte,
00:07:17 ils l'ont menacée et elle m'a dit "mais on n'a rien fait !"
00:07:20 Je lui ai dit "tu peux aider d'autres mères à s'échapper".
00:07:27 Je n'ai jamais refusé d'aider une femme enceinte
00:07:33 quand elle me le prouve.
00:07:34 Elle doit me transmettre le document des services sociaux
00:07:38 qui menacent de prendre ses enfants
00:07:40 et elle doit me prouver qu'elle est prête à s'échapper.
00:07:43 Qu'elle m'appelle d'Irlande, de France ou d'ailleurs,
00:07:46 elle doit me dire "voilà qui je suis,
00:07:48 "je suis un mère d'Angleterre et je leur fais un transfert".
00:07:51 J'aide les parents dont les enfants sont pris par les services sociaux
00:07:59 et qui n'ont commis aucun crime,
00:08:01 punis sans avoir commis de crime.
00:08:04 -Pourquoi des futures mères, des familles innocentes,
00:08:13 perdent-elles le droit d'élever leurs enfants
00:08:16 sans avoir commis la moindre maltraitance ?
00:08:19 Y aurait-il quelque chose de pourri en ce royaume d'Angleterre ?
00:08:26 La réponse se trouve dans un texte de loi
00:08:32 aux conséquences invraisemblables,
00:08:34 le Children Act de 1989.
00:08:37 Il offre les pleins pouvoirs aux travailleurs sociaux
00:08:41 au nom de la protection de l'enfance.
00:08:44 Il contient une notion juridique inconcevable dans un texte de loi,
00:08:48 la probabilité de maltraitance.
00:08:51 Ces termes sont bien écrits noir sur blanc.
00:08:54 Ils anticipent les souffrances subies par un enfant dans le futur.
00:09:00 -Je suis devenue travailleuse sociale en 1977,
00:09:05 quand j'ai eu mon diplôme.
00:09:07 J'ai travaillé comme travailleuse sociale
00:09:09 mais aussi comme responsable pendant près de 40 ans.
00:09:13 Il y a eu une évolution où la protection de l'enfance
00:09:16 est devenue le graal chez les travailleurs sociaux.
00:09:19 On est passés de l'aide aux familles d'une manière générale,
00:09:24 où l'on travaillait en symbiose avec elles,
00:09:26 à une situation où ces gens devenaient un risque.
00:09:29 -Au fil des années, cette notion de risque
00:09:36 a autorisé toutes les formes de suspicions
00:09:39 de maltraitance future,
00:09:41 psychologiques, physiques et même émotionnelles.
00:09:44 Le Children Act de 1989 est le fruit de la pensée d'un gouvernement
00:09:48 qui a transformé des innocents en coupables.
00:09:51 Tout a commencé en 1979.
00:09:57 Après des années de pouvoir travailliste,
00:09:59 l'Angleterre confie son destin politique
00:10:02 aux mains des conservateurs
00:10:04 et à sa dirigeante emblématique, Margaret Thatcher.
00:10:07 Issue de la classe moyenne,
00:10:09 Thatcher souhaite imposer au peuple sa propre réussite personnelle.
00:10:13 Un chemin où l'accompagnement des plus faibles
00:10:16 ne trouve aucune grâce à ses yeux.
00:10:18 ...
00:10:29 Margaret Thatcher violente le peuple
00:10:32 et casse aussi le système de protection sociale.
00:10:35 ...
00:10:38 L'Angleterre abandonne ses pauvres et les transforme en suspects.
00:10:42 ...
00:10:50 -Je m'appelle Colin Racey, j'ai 34 ans,
00:10:53 je suis né à Norwich.
00:10:55 J'ai toujours eu une éducation heureuse.
00:10:58 Je n'ai pas vécu avec ma mère, je n'ai pas connu mon père biologique,
00:11:01 mais j'ai vécu avec ma grand-mère.
00:11:04 Pour moi, c'était normal, j'ai été aimé à chaque seconde de ma vie.
00:11:07 ...
00:11:11 -Dépendant des aides sociales,
00:11:13 Colin vit en dessous du seuil de pauvreté.
00:11:15 Il perçoit 1 000 euros par mois
00:11:18 qu'il partage avec Claire, sa compagne,
00:11:21 qui souffre d'épilepsie.
00:11:23 -Je m'appelle Claire Fox, j'ai 24 ans.
00:11:27 J'ai vécu en famille d'accueil à partir de mes 12 ans
00:11:31 et j'ai vécu dans trois familles d'accueil différentes,
00:11:34 puis en foyer, jusqu'à mes 21 ans.
00:11:37 ...
00:11:40 Lorsqu'on s'est rencontrés avec Colin,
00:11:43 au départ, on ne savait pas trop quoi se dire.
00:11:45 Un beau jour, on a arrêté de nous parler
00:11:48 et on a fini par sortir ensemble.
00:11:50 ...
00:11:54 -Ca va, chérie ? -Ouais.
00:11:55 -Cette photo de leur premier bébé est déjà un souvenir.
00:12:00 Une petite fille née il y a cinq mois
00:12:03 et que les services sociaux leur ont retirée
00:12:06 trois jours après sa naissance.
00:12:08 -Quand Claire s'est retrouvée enceinte
00:12:10 et après son troisième mois de grossesse,
00:12:13 nous sommes allés faire une échographie chez le médecin
00:12:16 pour s'assurer qu'elle était bien enceinte, et elle l'était.
00:12:19 Puis nous avons eu un rendez-vous avec une sage-femme.
00:12:23 C'était une visite de routine pour voir comment allait Claire
00:12:26 et si le bébé grandissait bien.
00:12:28 -Au cours de ces examens de routine,
00:12:30 les services sociaux du comté de Cambridge
00:12:33 déclenchent une enquête
00:12:34 qui met à jour leur passé, leur mode de vie et leurs revenus.
00:12:38 Et comme le prévoit le Children Act,
00:12:41 une évaluation des risques de maltraitance future.
00:12:44 ...
00:12:47 Risques potentiels de violence physique,
00:12:50 risques potentiels de violence émotionnelle,
00:12:53 risques potentiels de négligence.
00:12:56 Au cinquième mois de grossesse,
00:12:59 les services sociaux concluent que Claire
00:13:02 ne semble pas capable d'être de bons parents.
00:13:05 -Ensuite, on nous a dit que nous allions perdre notre fille
00:13:08 dès qu'elle allait naître.
00:13:10 Pour eux, Claire était une cible facile.
00:13:12 -La suspicion se porte sur les parents les plus pauvres,
00:13:16 ceux qui ont eu besoin ou encore besoin des services sociaux
00:13:19 pour une raison quelconque.
00:13:21 En raison du besoin, principalement pour ceux-là,
00:13:24 ce besoin social s'est transformé en raison de la vie.
00:13:27 -Les parents de Claire,
00:13:29 principalement pour ceux-là,
00:13:30 ce besoin social s'est transformé en risque.
00:13:33 ...
00:13:40 -A 3h du matin, Claire a commencé à ressentir des douleurs à l'estomac.
00:13:44 C'était l'annonce de l'arrivée de notre bébé.
00:13:49 Sur le chemin de l'hôpital, Claire a demandé à l'ambulancier
00:13:53 si elle pouvait prendre ses comprimés contre l'épilepsie.
00:13:56 Il a dit non.
00:13:59 ...
00:14:01 ...
00:14:05 -Pendant l'accouchement,
00:14:07 Claire est victime d'une crise d'épilepsie,
00:14:09 dont elle sort épuisée.
00:14:11 ...
00:14:15 Incapable de s'occuper de son bébé,
00:14:17 il n'en faut pas davantage pour la disqualifier totalement
00:14:20 auprès des services sociaux.
00:14:22 -Quand je l'ai vue,
00:14:25 j'ai trouvé mignonne.
00:14:27 Lorsque Colleen la tenait, je pensais à moi-même.
00:14:31 "Waouh, cette petite fille vient de sortir de moi."
00:14:35 3,7 kg.
00:14:38 -Ouais, 3,7 kg.
00:14:40 ...
00:14:44 -Cela faisait à peine 3 jours que nous faisions connaissance.
00:14:48 On commençait à prendre nos marques avec notre bébé.
00:14:51 Un avocat vient nous voir avec des papiers et nous dit
00:14:54 que c'était une ordonnance provisoire,
00:14:56 une demande de placement pour notre fille.
00:14:59 On débarque à un travailleur social qui nous demande
00:15:01 de mettre notre fille dans un siège auto.
00:15:04 Il nous dit que si on s'opposait à cela,
00:15:06 la police était déjà là pour nous arrêter.
00:15:09 Nous avons regardé impuissant notre fille quitter l'hôpital,
00:15:12 emportée par des travailleurs sociaux.
00:15:15 ...
00:15:19 -Nous entendons très souvent dire
00:15:21 que cela va rompre le cycle de la pauvreté.
00:15:24 Mais ces interventions où les enfants sont retirés
00:15:27 avant que le préjudice ne soit causé
00:15:30 n'ont pour effet que de blâmer les pauvres
00:15:33 pour leur seule pauvreté.
00:15:35 En fait, on est en train de dire
00:15:37 que si seulement les parents étaient plus instruits,
00:15:40 ils feraient des choix différents,
00:15:42 leurs enfants vivraient de meilleures expériences
00:15:45 et ils ne seraient pas pauvres.
00:15:47 -Dorénavant, Colin et Claire attendent de savoir
00:15:50 si la justice va les autoriser ou non à récupérer leur bébé.
00:15:54 ...
00:15:57 En Grande-Bretagne, les futurs parents
00:15:59 ne sont pas les seuls à être menacés par le Children Act.
00:16:03 Des familles établies sont aussi injustement brisées
00:16:06 du jour au lendemain.
00:16:08 ...
00:16:13 La vie de Niki et Marc a basculé en octobre 2003.
00:16:18 Leur fils, cadet de 18 mois, présente alors
00:16:21 d'étranges symptômes qui les conduisent à l'hôpital.
00:16:24 -Le 30 octobre 2003,
00:16:27 nous nous sommes rendus à l'hôpital de Norwich.
00:16:29 Là, les médecins ont fait passer à notre fils
00:16:32 des radios, des tests sanguins et toute une série d'examens.
00:16:36 C'est le lendemain que le cauchemar a vraiment commencé.
00:16:39 ...
00:16:42 On nous a coincés dans une salle à part
00:16:45 pour nous dire que quelqu'un avait regardé les radios de notre fils
00:16:48 et qu'on avait trouvé une fracture inhabituelle à sa cheville.
00:16:53 -Il n'y a pas pire cauchemar pour des parents
00:16:55 que de se trouver à l'hôpital avec un enfant malade
00:16:58 et d'entendre les services sociaux vous demander de les suivre
00:17:02 pour vous parler à l'écart.
00:17:03 ...
00:17:07 -Les travailleurs sociaux nous ont dit que notre fils
00:17:10 avait ce qu'ils appelaient des blessures non accidentelles.
00:17:14 En d'autres termes,
00:17:15 quelqu'un lui avait infligé ces blessures en le secouant.
00:17:19 -À ce moment-là, on se regarde l'un l'autre.
00:17:23 On a un doute et on se dit "Attends un instant,
00:17:26 "c'est toi qui as blessé cet enfant ?"
00:17:29 ...
00:17:31 -Quand la suspicion s'abat sur eux,
00:17:33 Nicky et Mark sont mariés depuis 3 ans.
00:17:35 Ce couple paisible et sans histoire
00:17:37 vit dans un quartier résidentiel de Cromer,
00:17:40 sur la côte est de l'Angleterre.
00:17:42 Ils y élèvent 3 enfants,
00:17:45 leur fille aînée de 3 ans,
00:17:47 leur bébé de 3 mois que Nicky allait encore
00:17:49 et leur petit garçon de 18 mois examiné à l'hôpital.
00:17:52 ...
00:17:54 -Les travailleurs sociaux nous ont dit
00:17:57 "Vous avez une explication ?"
00:17:58 Nous, nous ne savions pas ce qui se passait.
00:18:01 Nous savions qu'il était malade,
00:18:03 nous l'avions d'ailleurs amené à l'hôpital pour cela.
00:18:06 Nicky a mentionné le fait que dans la famille,
00:18:09 nous avions les os fragiles.
00:18:11 Et ils ont immédiatement rejeté cette possibilité.
00:18:14 ...
00:18:18 -Sans chercher plus loin,
00:18:19 les services sociaux du comté de Norfolk
00:18:22 accusent Nicky et Mark d'avoir battu leur fils cadet.
00:18:25 Leurs 3 enfants sont immédiatement placés en famille d'accueil.
00:18:28 Nicky et Mark n'ont même pas pu s'expliquer.
00:18:32 Sans pouvoir prouver leur innocence,
00:18:35 ils rentrent chez eux, seuls.
00:18:38 Trois semaines seulement après leur visite à l'hôpital.
00:18:41 -Quand vous rentrez chez vous et que vous vous posez,
00:18:46 vous êtes assis en silence,
00:18:48 sans le bruit que font habituellement deux enfants
00:18:51 et un bébé qui pleure dans une maison de famille,
00:18:54 une famille normale.
00:18:56 C'était juste le silence.
00:18:59 Ce n'est pas le meilleur sentiment au monde
00:19:04 de remarquer que vos enfants ne sont plus là.
00:19:06 ...
00:19:09 Ce qui m'a le plus surprise,
00:19:11 quand ils ont pris notre bébé de 3 mois,
00:19:15 c'est qu'ils ne m'ont même pas demandé
00:19:17 combien de fois par jour je le nourrissais
00:19:19 et en quelle quantité.
00:19:21 A l'époque, je l'allaitais encore
00:19:25 et de devoir m'arrêter de le nourrir...
00:19:29 est l'un des pires maux que je pense avoir vécu.
00:19:33 ...
00:19:38 Le lait était toujours là et à cause de cela,
00:19:41 j'étais encore plus consciente du fait
00:19:43 qu'il n'était plus là avec les deux autres.
00:19:46 Tout était si étrangement calme.
00:19:53 Pour être honnête, je ne sais pas comment nous sommes arrivés
00:19:58 à traverser cette épreuve.
00:20:01 -Le malheur qui vient de s'abattre sur la famille de Nicky et Marc
00:20:05 n'est pas le fruit du hasard.
00:20:06 Deux ans plus tôt, les autorités britanniques
00:20:10 ont intensifié le recours aux futurs risques de maltraitance
00:20:13 depuis qu'un terrible fait divers a secoué le pays tout entier.
00:20:17 ...
00:20:25 -Bonsoir. Dans l'une des pires affaires d'enfants martyrisés,
00:20:28 la Cour d'Angleterre a condamné un couple du Nord de Londres
00:20:32 pour le meurtre d'un enfant de 8 ans.
00:20:34 Anna Climbier est morte de froid après avoir enduré les sévices
00:20:37 infligés par sa grande-tante Marie-Thérèse Kouaou
00:20:40 et son compagnon Karl Manning.
00:20:42 -La famille de cette petite fille était pourtant suivie de près
00:20:46 et depuis des années par les travailleurs sociaux,
00:20:49 désormais contraints de faire leur examen de conscience.
00:20:52 -Nous sommes confrontés à une crise nationale.
00:20:55 Nous investissons des sommes d'argent colossales,
00:20:58 du temps et de l'énergie pour faire fonctionner
00:21:00 notre système de protection de l'enfance,
00:21:02 mais nous n'y parvenons pas.
00:21:04 -Mon sentiment, à cette époque,
00:21:06 c'est que les services sociaux de Londres
00:21:08 étaient sous une pression énorme.
00:21:10 Ils étaient en réorganisation complète
00:21:14 et leurs responsables valsés.
00:21:17 Vous arriviez le matin au travail et votre bureau avait été vidé,
00:21:20 on ne savait pas où on devait aller
00:21:23 et quelqu'un d'autre avait pris votre place.
00:21:25 C'était un peu comme un crime,
00:21:27 mais quelqu'un d'autre était dans votre bureau.
00:21:30 -Dans les services sociaux, c'est la panique.
00:21:33 Une pression maximale s'abat sur les fonctionnaires du royaume.
00:21:36 Sur le terrain, ils doivent tout faire
00:21:38 pour traquer les parents maltraitants
00:21:40 et trouver des motifs de retrait.
00:21:42 Le système va très vite dérailler,
00:21:45 les cas iniques se multiplient.
00:21:47 ...
00:21:54 -C'est dans ce contexte que Jackie et John ont perdu leurs deux garçons.
00:21:58 ...
00:22:01 Pour une simple bosse sur la tempe de leur bébé.
00:22:03 ...
00:22:07 -On ne m'interroge sur rien, c'était juste de la maltraitance.
00:22:10 On sait ce qui est arrivé, il a une fracture du crâne,
00:22:13 il saigne du cerveau.
00:22:15 -Vous allez à l'hôpital, vous attendez de l'aide,
00:22:17 ils se tournent vers vous, vous pointent du doigt et vous disent
00:22:21 "Vous êtes un bourreau d'enfants". Ca n'a aucun sens.
00:22:25 -Trois semaines après cet examen aux urgences,
00:22:27 les deux enfants de Jackie et John sont placés en famille d'accueil.
00:22:31 ...
00:22:33 Leurs parents sont entendus par la police de leur comté.
00:22:36 -La police est à l'étage,
00:22:38 ils prennent des photos dans les chambres des garçons,
00:22:41 ils photographient tout et nous interrogent.
00:22:44 ...
00:22:46 Et juste avant de partir, alors que nous prenons un café avec eux,
00:22:50 un policier nous dit "Maintenant que l'on est venu,
00:22:53 "que l'on a fouillé votre maison et que l'on vous a rencontrés,
00:22:56 "nous ne comprenons pas pourquoi vous êtes poursuivis."
00:23:01 ...
00:23:03 -Un mois plus tard, les forces de l'ordre du comté
00:23:06 envoient à Jackie et John le procès verbal de leur enquête
00:23:09 et leur conclusion.
00:23:11 ...
00:23:13 David Gale est un ancien policier qui les soutient
00:23:16 dans leur combat pour faire valoir leur innocence.
00:23:19 ...
00:23:24 -Ce qui est frappant, ce sont les trois dernières lignes du rapport.
00:23:27 Il est écrit là "J'ai reçu un ordre de la police judiciaire
00:23:31 "et cet ordre dit qu'il faut arrêter les poursuites.
00:23:33 "Aucune suite à donner, c'est sans équivoque."
00:23:36 ...
00:23:39 -Dans une certaine mesure, il y a eu des pressions
00:23:41 sur les services sociaux. Ils ignorent trop souvent les preuves
00:23:44 pour des questions de sécurité, pour éviter les erreurs.
00:23:47 Vous savez, il y a eu un glissement dans ces services.
00:23:50 On est passé de la prise en compte objective des faits
00:23:53 à "prenons toutes les précautions possibles
00:23:56 "pour ne pas se faire sanctionner."
00:23:59 Les décisions des services sociaux ont plus de poids
00:24:02 que celles de la police.
00:24:03 Si un travailleur social est cité comme témoin
00:24:06 à la cour des affaires familiales, son témoignage
00:24:09 surpasse les preuves de la police à chaque fois.
00:24:11 ...
00:24:13 -Si la police a besoin de preuves,
00:24:16 les services sociaux ont surtout besoin de résultats.
00:24:19 Depuis la création du Children Act de 89,
00:24:23 les évaluations pour soupçons de maltraitance
00:24:25 ont augmenté de 302 %,
00:24:28 alors que les vrais cas de maltraitance
00:24:30 ont diminué de moitié.
00:24:32 ...
00:24:38 Pour contrôler cet excès de zèle des services sociaux,
00:24:41 la justice ne dispose que de 26 semaines.
00:24:44 ...
00:24:47 -En résumé, ces cas doivent être traités en 26 semaines.
00:24:51 C'est un temps de travail très serré.
00:24:54 Avant d'aboutir à l'adoption,
00:24:56 vous avez une décision préliminaire à prendre.
00:24:59 Est-ce que cet enfant doit être pris en charge en famille d'accueil ?
00:25:03 Les 26 semaines vont du début de la procédure
00:25:06 de la prise en charge de l'enfant par l'autorité publique
00:25:10 jusqu'à la conclusion de son cas
00:25:12 et l'adoption définitive.
00:25:14 Vous avez seulement six mois pour faire toutes les enquêtes,
00:25:19 pour faire tout le travail nécessaire
00:25:21 et pour tenter peut-être de réhabiliter les parents
00:25:24 et leur apporter une aide suffisante.
00:25:27 ...
00:25:34 -Pendant ces six mois,
00:25:35 Colin et Claire ont dû suivre des cours de parentalité.
00:25:39 Une sorte d'examen
00:25:42 pour décrocher le droit de récupérer leur enfant.
00:25:45 -Nous avons été inscrits à un cours de compétence parentale.
00:25:50 Ils prenaient des notes,
00:25:52 ils parlaient de la manière dont un enfant réagit,
00:25:55 comment les nouveau-nés réagissent,
00:25:57 comment savoir quand ils ont faim, quand ils sont fatigués,
00:26:01 quand ils ont besoin qu'on change leur couche,
00:26:03 quand ils sont malades.
00:26:05 Comme notre fille était placée en famille d'accueil,
00:26:08 nous étions les seuls parents à faire cela sans notre bébé.
00:26:12 -Malgré ces conditions kafkaïennes,
00:26:15 Colin et Claire ont décroché leur diplôme de bons parents.
00:26:20 ...
00:26:27 -Nous allons voir notre fille
00:26:29 au centre de médiation familiale de Hill Rise.
00:26:31 Nous allons y rester pendant deux heures.
00:26:35 J'espère qu'on va passer du bon temps avec notre fille.
00:26:38 ...
00:26:41 -Colin et Claire sont toujours à l'épreuve.
00:26:43 Trois fois par semaine, ils font ce trajet depuis six mois.
00:26:47 Trois rencontres hebdomadaires
00:26:49 pour se rendre dans un centre de médiation familiale,
00:26:52 un lieu neutre où ils tentent de rattraper le temps perdu
00:26:56 avec leur fille,
00:26:57 sous la surveillance d'une travailleuse sociale.
00:27:01 ...
00:27:05 Au cours de ces séances,
00:27:07 tous leurs faits et gestes sont consignés
00:27:10 dans des comptes rendus rédigés minute par minute.
00:27:13 Rien ne leur est épargné.
00:27:16 Retrouver la garde de leur bébé passe par cette inquisition.
00:27:22 ...
00:27:25 En cette fin du mois d'avril,
00:27:27 ...
00:27:29 ils retrouvent leur fille pour la dernière fois,
00:27:32 avant que la justice ne décide de leur sort.
00:27:35 ...
00:27:38 -Tu es maligne, hein ?
00:27:40 Tu es maligne.
00:27:42 ...
00:27:47 ...
00:27:57 -Oui, je te vois.
00:27:59 Je te vois.
00:28:01 ...
00:28:13 -Hello ! -Coucou !
00:28:15 ...
00:28:26 -Nous avons réussi à construire une relation avec elle.
00:28:30 On a vraiment essayé et nous l'avons fait.
00:28:33 Nous voulons juste avoir la chance d'être un père et une mère pour elle.
00:28:38 ...
00:28:40 Même devant une cour criminelle,
00:28:43 tu es innocent jusqu'à ce que tu sois jugé coupable.
00:28:46 Nous, on nous a déclarés coupables
00:28:48 alors que nous n'avons même pas eu notre enfant avec nous.
00:28:51 Je ne sais vraiment pas quoi dire de cela.
00:28:54 Je suis très en colère.
00:28:55 Le système judiciaire de ce pays est vraiment diabolique.
00:29:00 Quand nous irons à l'audience,
00:29:02 je ne sais pas si nous aurons droit à une visite
00:29:05 ou si notre fille disparaîtra tout de suite après.
00:29:08 On ne saura pas ce qui se passe jusqu'à ce qu'on en aille
00:29:11 à cette audience et que les juges nous disent
00:29:14 "C'est nous qui contrôlons la vie de votre fille, plus vous."
00:29:17 C'est eux qui décident.
00:29:19 ...
00:29:24 -Dans trois jours,
00:29:25 Colline et Claire vont se retrouver face à leur juge.
00:29:28 ...
00:29:32 -C'est comme si l'Etat revendiquait l'enfant comme sa propriété.
00:29:36 C'est comme si l'Etat avait décrété
00:29:39 que les enfants doivent accomplir certains parcours,
00:29:42 des chemins que leurs parents doivent leur faire emprunter
00:29:45 ou alors ils en sont écartés.
00:29:47 ...
00:29:52 -Comment supporter cette injustice programmée ?
00:29:55 ...
00:29:56 -Nicky et Marc ont eu la tentation d'enfreindre la loi
00:29:59 dans cette période des six mois, dans l'attente du jugement final.
00:30:03 ...
00:30:05 -Ca aurait été facile,
00:30:07 ça aurait été très facile de kidnapper nos enfants.
00:30:10 ...
00:30:15 Même si on savait très bien qu'il n'y avait pas d'issue possible,
00:30:19 que c'était une impasse,
00:30:20 on voulait rester dans les clous
00:30:22 en essayant de travailler avec les services sociaux.
00:30:25 Un jour, on était à deux doigts de le faire.
00:30:27 J'ai pensé les prendre et les emporter avec moi.
00:30:30 -Il aurait été facile de les mettre dans la voiture et de conduire,
00:30:34 mais on serait allés où ?
00:30:36 ...
00:30:39 Nous n'étions même pas autorisés par la loi à dire quoi que ce soit,
00:30:42 à qui que ce soit qui nous interrogeait sur nos enfants.
00:30:46 Ils ne voulaient même pas qu'on parle à nos familles
00:30:49 qui se demandaient ce qui se passait avec nos enfants.
00:30:52 -Je me suis fait la promesse que tout le monde allait tout savoir
00:30:55 ce qui se passait.
00:30:56 Et en plus, on était accusés de quelque chose que nous n'avions pas fait.
00:31:00 Alors pourquoi j'aurais dû mentir ?
00:31:02 Pourquoi j'aurais dû mentir à ma famille et à mes amis
00:31:05 alors que je n'avais rien fait de mal ?
00:31:07 ...
00:31:11 -Notre fille, elle est vers ses 4 ans.
00:31:13 La pire chose, ce fut ce jour où elle nous a dit
00:31:16 "Pourquoi je ne peux pas revenir à la maison ?
00:31:19 "Est-ce que c'est parce que j'ai été méchante ?"
00:31:23 Vous savez, même à son âge, elle considérait que c'était de sa faute
00:31:27 si elle était placée en famille d'accueil.
00:31:30 Elle a dit au tuteur "Pourquoi nous devons vivre ici ?"
00:31:35 Le tuteur lui a répondu
00:31:37 "C'est parce que maman et papa ont blessé ton petit frère."
00:31:40 -Au terme du délai de 6 mois,
00:31:46 Niki et Marc ont été jugés responsables
00:31:49 des fractures de leur cadet.
00:31:51 Ils ont définitivement perdu leurs 3 enfants.
00:31:54 ...
00:31:57 Leur fille aînée et ses 2 frères
00:31:59 ont immédiatement été déclarés adoptables.
00:32:03 ...
00:32:04 ...
00:32:07 Pourquoi une telle précipitation ?
00:32:10 La raison dépasse l'entendement.
00:32:14 En Angleterre, le gouvernement impose des quotas d'adoption
00:32:18 aux autorités locales chargées de la protection de l'enfance.
00:32:22 Des objectifs sur le nombre d'enfants à faire adopter
00:32:27 pour chaque comté.
00:32:29 Une obligation de résultats déterminée à l'avance.
00:32:33 -A partir de l'an 2000,
00:32:34 toutes les autorités chargées des services de l'enfance
00:32:38 ont reçu l'ordre d'augmenter le nombre des adoptions
00:32:41 autant que possible, par tous les moyens possibles.
00:32:44 Il y a clairement des cas, ou des travailleurs sociaux,
00:32:48 ont fabriqué des preuves
00:32:50 dans le but de trouver des enfants à adopter.
00:32:53 ...
00:32:55 -Pour inciter les comtés à atteindre leurs quotas,
00:32:58 les travaillistes au pouvoir ont imaginé un système de primes.
00:33:02 Plus le nombre d'adoptions augmentait,
00:33:05 plus le budget des autorités locales grossissait,
00:33:08 parfois de plusieurs millions de livres.
00:33:11 ...
00:33:13 -C'est comme avec les objectifs de recyclage des déchets.
00:33:17 Si les comtés recyclent plus de déchets, ils sont récompensés.
00:33:20 De la même manière, il y a des objectifs
00:33:22 pour recycler les enfants, les prendre d'une famille
00:33:26 et les mettre dans une autre.
00:33:28 -Depuis 2008, ce système a empiré.
00:33:31 Si les comtés n'atteignent pas leurs objectifs,
00:33:34 ils passent dans le rouge et perdent de l'argent.
00:33:37 ...
00:33:42 C'est cette logique terrifiante mise en place par l'Etat
00:33:46 qui s'est abattue sur Coline et Claire.
00:33:48 Ce lundi, pour leur première audience au tribunal,
00:33:53 ils vont se présenter sans avocat.
00:33:56 La veille, ils ont été conseillés par Ian Joseph,
00:34:00 le bon samaritain fortuné
00:34:02 qui vient en aide à ces familles injustement accusées.
00:34:05 -Ils n'ont pas l'air très riches
00:34:09 et font partie des classes sociales défavorisées.
00:34:12 Claire a de temps en temps une crise d'épilepsie,
00:34:16 mais rarement, parce qu'elle prend ses médicaments.
00:34:19 Il n'y a aucune preuve que Coline ou Claire ont frappé leur bébé.
00:34:22 Aucune preuve qu'ils ont la moindre intention de le faire.
00:34:26 -Pendant plusieurs heures,
00:34:28 Coline et Claire ont tenté de convaincre leurs interlocuteurs
00:34:33 qu'ils peuvent être de bons parents.
00:34:35 ...
00:34:39 -Je les ai regardés en souriant.
00:34:42 J'ai répondu à toutes leurs questions pour ma défense.
00:34:46 J'ai agi comme un professionnel,
00:34:48 en étant courtois et en serrant les mains de tout le monde.
00:34:51 J'ai vu sur le visage du travailleur social
00:34:54 et celui du juge aussi que j'avais la bonne attitude.
00:34:57 Il sait qu'on est dans notre bon droit.
00:35:02 -On a demandé au juge une ordonnance de surveillance.
00:35:06 S'il accepte, on pourrait récupérer notre fille.
00:35:10 -Si le juge accepte notre demande,
00:35:13 on aura notre fille chez nous 7 jours sur 7.
00:35:16 Les services sociaux viendront tous les jours
00:35:19 pour nous surveiller.
00:35:20 Quand ils partiront, notre fille restera avec nous.
00:35:23 -Le couple a encore de l'espoir,
00:35:27 mais il ignore que la partie est probablement tronquée.
00:35:31 C'est ce que Marc et Niki ont découvert
00:35:35 le jour de leur procès.
00:35:37 -Face à la cour des affaires familiales,
00:35:40 tu ne peux rien faire.
00:35:43 Tu laisses juste les gens te détruire
00:35:46 et te raconter les pires moments de ta vie.
00:35:48 J'ai commis un vol avec blessure.
00:35:51 J'avais 14 ans et l'autre personne en avait 15.
00:35:54 On s'est battus et je l'ai frappé une seule fois.
00:35:58 -Et tu as aussi volé une machine à chewing-gum.
00:36:01 -Oui.
00:36:03 Le seul argument qu'ils avaient,
00:36:05 c'était que tu étais une mauvaise personne.
00:36:07 -Et aussi parce que tu as été en famille d'accueil.
00:36:10 -C'était le gros point noir, avoir été placé en famille d'accueil.
00:36:15 Encore aujourd'hui, beaucoup de gens pensent
00:36:17 que les parents qui ont grandi en famille d'accueil
00:36:20 ne peuvent pas être de bons parents.
00:36:23 -Nous, dans les tribunaux des affaires familiales,
00:36:27 nous devons tout le temps regarder vers l'avenir.
00:36:30 Bien sûr, nous devons voir ce qui est arrivé par le passé,
00:36:33 mais c'est seulement pour nous guider
00:36:35 pour ce qui va se produire, probablement, dans le futur.
00:36:38 Nous devons regarder le passé,
00:36:40 mais seulement dans la mesure où il nous sert de guide pour l'avenir.
00:36:44 -Tout ne serait donc pas joué d'avance.
00:36:49 Le lendemain, Coline et Claire sont convoquées
00:36:57 pour leur dernier jour d'audience.
00:36:59 ...
00:37:10 Sonnerie aux cloches
00:37:12 ...
00:37:14 Cette fois-ci, ce sont les travailleurs sociaux
00:37:17 qui vont prendre la parole.
00:37:19 ...
00:37:27 En fin d'après-midi...
00:37:28 ...
00:37:31 le verdict est tombé.
00:37:33 ...
00:37:41 ...
00:38:10 ...
00:38:36 ...
00:38:44 ...
00:39:05 ...
00:39:15 -Désormais, le bébé de Coline et Claire
00:39:18 va faire l'objet d'une publicité
00:39:21 pour séduire ses futurs parents.
00:39:23 ...
00:39:26 En Angleterre, les enfants à adopter
00:39:29 sont exposés à visage découvert
00:39:31 sur des catalogues et des sites Internet.
00:39:34 -Nous les avons masqués.
00:39:36 -Hélène a 3 ans et je m'occupe d'elle depuis 13 mois.
00:39:40 -Hm...
00:39:41 -Hélène est marrante et attachante.
00:39:45 Elle attend juste d'être accueillie
00:39:47 dans un foyer stable au sein d'une famille aimante.
00:39:51 ...
00:40:00 -Je suis horrifié de voir ça en vidéo.
00:40:03 -Ouais...
00:40:04 -Je trouve juste que c'est dégueulasse.
00:40:07 ...
00:40:08 -Il y a 12 ans, au moment de leur adoption,
00:40:11 les 3 enfants de Niki et Marc ont, eux aussi,
00:40:14 fait l'objet d'un petit film promotionnel.
00:40:17 ...
00:40:25 -On nous a donné une cassette VHS.
00:40:29 Le travailleur social nous a dit
00:40:31 que nous pourrions la garder comme souvenir.
00:40:34 Ils avaient utilisé cette vidéo
00:40:37 pour la montrer aux futurs adoptants,
00:40:40 comme publicité,
00:40:42 pour voir si quelqu'un aimerait adopter nos enfants.
00:40:46 -C'est comme un supermarché qui fait de la pub pour des haricots.
00:40:51 Là, ils ont fait de la pub avec nos propres enfants.
00:40:55 ...
00:40:58 -C'est à Cambridge que le bébé de Colline Eclair
00:41:01 a aussi été exposé sur les étalages de cet étrange supermarché.
00:41:05 ...
00:41:08 Nous nous sommes fait passer pour des parents adoptants
00:41:11 dans l'agence qui a pris en charge son adoption.
00:41:14 Les travailleurs sociaux y appliquent des méthodes
00:41:17 qui s'apparentent au commerce des animaux de compagnie.
00:41:21 ...
00:41:24 Ici, vous pouvez voir un bébé adorable,
00:41:26 mais il a une dystrophie musculaire dégénérative.
00:41:30 Oui, je vois.
00:41:32 Peu de parents souhaitent prendre le risque de l'adopter.
00:41:36 Il y a aussi beaucoup de fratries de trois enfants.
00:41:40 Ceux-là sont en bonne santé,
00:41:42 mais c'est très difficile de trouver des parents
00:41:45 qui prennent trois enfants en même temps.
00:41:48 Ces enfants-là, on les met donc sur Internet.
00:41:52 Il y a beaucoup d'enfants d'Afrique noire,
00:41:55 mais pas assez de parents noirs adoptants.
00:41:59 Ceux-là aussi doivent donc aller sur Internet.
00:42:02 C'est un peu comme du shopping en ligne ou sur un catalogue.
00:42:07 Ça ressemble à ça, mais on est obligés de le faire.
00:42:11 -Et vous, vous en pensez quoi ?
00:42:16 -Ce n'est pas bien, mais c'est nécessaire.
00:42:20 Ça marche.
00:42:22 Grâce à ça, les enfants trouvent une nouvelle famille
00:42:26 en trois mois au lieu de trois ans.
00:42:28 Ça accélère les adoptions, c'est beaucoup plus rapide.
00:42:32 En quelques mois à peine, l'agence n'a eu aucun mal
00:42:36 à trouver de nouveaux parents au bébé blanc et bien portant
00:42:41 de Colline-Eclair.
00:42:43 ...
00:42:48 -Cette pression exercée sur les travailleurs sociaux
00:42:52 pour atteindre des objectifs d'adoption
00:42:54 crée toute une série de problèmes.
00:42:57 Il n'y a pas de parents adoptants pour les enfants plus âgés,
00:43:00 les enfants handicapés, les enfants d'origine ethnique différente.
00:43:05 Il n'y a pas de candidats pour ces enfants-là.
00:43:08 En revanche, il y a beaucoup de volontaires
00:43:11 pour l'adoption de bébés.
00:43:12 Mais ce qu'ils veulent, ce sont des bébés blancs,
00:43:15 des bébés blancs sans handicap. C'est ça qu'ils veulent.
00:43:19 ...
00:43:22 -En 2015, sur les 7 740 enfants
00:43:26 en attente d'adoption,
00:43:28 moins de 40 % ont trouvé de nouveaux parents.
00:43:31 Pendant ce temps-là, 70 000 enfants restent en famille d'accueil
00:43:37 ou en foyer.
00:43:38 Ils coûtent près de 2,8 milliards d'euros par an
00:43:42 à la collectivité.
00:43:44 ...
00:43:47 -Au contraire des parents adoptifs,
00:43:50 les familles d'accueil perçoivent des sommes d'argent conséquentes
00:43:54 pour les enfants.
00:43:55 Quand vous adoptez un enfant, vous n'êtes pas payé pour cela.
00:43:58 C'est une raison pour laquelle les autorités locales
00:44:01 préfèrent favoriser les familles adoptives.
00:44:04 Ils n'ont pas à les payer.
00:44:07 -Ils économisent beaucoup d'argent
00:44:09 s'ils sortent les enfants du système des familles d'accueil
00:44:13 pour les donner à des parents adoptifs,
00:44:15 même si cela peut prendre des années.
00:44:17 Une fois ces enfants adoptés,
00:44:19 le pays ne dépense plus d'argent pour eux.
00:44:22 ...
00:44:24 -En novembre 2015, le Premier ministre David Cameron
00:44:28 a tapé du poing sur la table pour exiger toujours plus d'adoption.
00:44:33 ...
00:44:34 Et pour se débarrasser de ces enfants sans parents,
00:44:38 l'Etat, sans aucun scrupule,
00:44:41 fait appel à des agences privées.
00:44:43 ...
00:44:45 -Ce qui est discutable, c'est l'idée même
00:44:48 que le marché est un acteur positif
00:44:50 pour améliorer la prise en charge des enfants.
00:44:53 C'est vraiment loin d'être évident.
00:44:55 Les enfants ont le droit de savoir
00:44:58 qu'il y a un service public conscient
00:45:00 et responsable pour s'occuper d'eux.
00:45:03 Plus on sous-traite aux privés,
00:45:06 et plus l'argent s'impose.
00:45:08 Nous savons que retirer des enfants à leur famille
00:45:12 et mélanger argent et enfants,
00:45:15 c'est la recette du désastre.
00:45:18 -Au Royaume-Uni,
00:45:21 l'adoption est une tragédie à l'infini.
00:45:24 ...
00:45:27 Les parents injustement séparés de leurs enfants
00:45:30 sont en effet privés à vie de leur statut de parents.
00:45:33 L'adoption est irrévocable,
00:45:37 l'erreur, irréparable.
00:45:39 Avec le Children Act,
00:45:41 le Royaume-Uni a trouvé le moyen
00:45:43 d'effacer les parents biologiques.
00:45:46 ...
00:45:50 Comment survivre avec le souvenir de ces enfants perdus
00:45:54 dont les parents n'ont ni le droit de prononcer le prénom
00:45:58 ni de montrer le visage ?
00:46:00 ...
00:46:03 Jackie et John gardent une lueur d'espoir.
00:46:06 Revoir un jour leurs deux garçons,
00:46:09 perdus à cause d'une simple bosse.
00:46:11 Les retrouver à leur majorité
00:46:14 pour leur apprendre leur histoire familiale.
00:46:17 -On a créé cet ouvrage pour les garçons.
00:46:20 Les garçons en ont un chacun.
00:46:22 C'est un livre de généalogie.
00:46:27 Ce livre leur permettra de découvrir et d'apprendre
00:46:33 d'où ils viennent et quelle est leur histoire.
00:46:37 Ces photos, ces histoires expliquent d'où vient leur nom de famille,
00:46:42 ce que leur prénom signifie
00:46:44 et quelles sont toutes leurs origines à travers le monde.
00:46:47 Un véritable livre de généalogie.
00:46:51 La plupart du temps, comme l'adoption est irrévocable,
00:46:58 leurs dossiers sont inaccessibles.
00:47:00 Ils ne peuvent pas avoir accès à leur propre histoire.
00:47:04 -Ils n'ont qu'une seule version de l'histoire,
00:47:07 celle qui leur a été racontée par leurs parents adoptifs
00:47:10 mais pas notre version.
00:47:12 -Peu à peu,
00:47:15 Jackie et John ont mis à jour la version de leur histoire,
00:47:20 fabriquée par les services sociaux.
00:47:22 Après avoir perdu ses deux enfants,
00:47:26 Jackie a décidé d'étudier le droit de la famille.
00:47:29 Elle a aussi créé une association de victimes des services sociaux.
00:47:33 Grâce à ce réseau et ses nouvelles compétences,
00:47:36 elle a découvert que son dossier de maltraitance
00:47:40 était un faux.
00:47:41 La première pièce de ce dossier est tombée
00:47:46 le jour de l'audience où ses garçons lui ont été retirés.
00:47:49 -Un moment, il y a une pause dans la procédure.
00:47:52 Nous allons à l'extérieur et nous nous asseyons avec nos avocats.
00:47:56 Mon avocat me dit "Est-ce que vous connaissez ce document ?"
00:47:59 -Il s'agit d'un compte-rendu médical de suivi de grossesse,
00:48:06 celui de son premier enfant.
00:48:08 Jackie a une santé très fragile
00:48:10 et de nombreux antécédents médicaux.
00:48:13 La liste est si longue que la médecin ne la croit pas.
00:48:17 Elle conclut que Jackie s'inventerait des maladies
00:48:20 et elle s'inquiète des futures conséquences
00:48:23 pour son futur bébé.
00:48:25 ...
00:48:28 -Ce qui se passe, c'est qu'une fois que la médecin
00:48:31 a quitté cette réunion en 2005, elle est retournée à son bureau,
00:48:35 puis a rédigé une lettre pour les services sociaux
00:48:38 qui lui ont dit que j'étais une malade imaginaire.
00:48:41 -Depuis sa première grossesse, Jackie est donc fichée.
00:48:45 Trois ans plus tard, quand elle se rend à l'hôpital
00:48:48 pour soigner la bosse de son deuxième enfant,
00:48:51 elle est immédiatement accusée par les services sociaux
00:48:54 de l'avoir gravement blessée.
00:48:56 Depuis, elle a découvert que c'était une accusation truquée.
00:49:01 -J'ai fait une requête auprès de l'hôpital
00:49:04 pour avoir tous les documents du dossier.
00:49:06 Et l'hôpital m'a envoyé les documents
00:49:08 qui ne m'avaient jamais été montrés durant toute la procédure.
00:49:12 Les comptes rendus médicaux
00:49:13 établissent que mon fils n'a jamais eu de blessure.
00:49:16 Mais les services sociaux ont dit
00:49:18 que mon fils avait bien eu le crâne fracturé.
00:49:21 Et le tribunal aussi a dit qu'il avait des fractures du crâne.
00:49:25 ...
00:49:29 Pourtant, le rapport médical,
00:49:31 qui n'a jamais été montré au juge,
00:49:33 affirme que mon fils n'a jamais eu de fracture.
00:49:37 ...
00:49:40 -Chut !
00:49:41 -Le problème, c'est que les juges n'acceptent pas
00:49:46 que les familles aient le droit à des expertises indépendantes.
00:49:49 Les juges pensent qu'il est suffisant
00:49:51 de s'appuyer sur les expertises des services sociaux,
00:49:54 alors que les services sociaux sont sous pression
00:49:57 pour trouver des enfants à adopter.
00:49:59 C'est parfaitement injuste, c'est une parodie de justice.
00:50:03 -La première chose qu'a dit le juge dans sa décision
00:50:06 concernant l'adoption, les mots qu'il a utilisés,
00:50:09 c'était "la Cour des affaires familiales
00:50:11 "n'est obligée en rien".
00:50:13 En d'autres termes, les juges n'ont aucune obligation
00:50:17 pour chercher à établir la vérité.
00:50:20 Dans le droit de la famille,
00:50:21 s'il y a une accusation de maltraitance,
00:50:24 ils ne sont pas obligés d'enquêter.
00:50:26 ...
00:50:29 Si les juges avaient voulu chercher,
00:50:32 ils auraient pu trouver des indices
00:50:34 pour établir l'innocence de Jackie.
00:50:36 ...
00:50:40 Il y a deux ans, elle a découvert
00:50:42 qu'elle souffre d'une maladie génétique
00:50:44 transmissible aux enfants.
00:50:46 Une maladie qui provoque des hématomes,
00:50:48 ou des bosses,
00:50:50 au moindre petit choc.
00:50:52 ...
00:50:55 -En fait, nous avons posé cette question précise
00:50:58 aux généticiens.
00:51:01 "Puisque Jackie a cette maladie,
00:51:03 "est-ce que nos garçons pourraient l'avoir ?"
00:51:06 Et si je me souviens bien, il a dit "oui".
00:51:09 Il y a 50 % de chances que oui.
00:51:12 Mais évidemment, il n'y a aucun moyen
00:51:15 que nous puissions le vérifier.
00:51:18 Et pourtant, tout s'éclaire.
00:51:21 Ca expliquerait tout.
00:51:23 ...
00:51:25 ...
00:51:31 -Aujourd'hui, Jackie et John s'accrochent à l'espoir
00:51:34 de prouver que leur enfant était malade
00:51:36 pour récupérer enfin leurs deux garçons.
00:51:39 Dans quelques mois, la justice acceptera peut-être
00:51:43 de se pencher sur les preuves que Jackie a elle-même trouvées.
00:51:47 ...
00:51:55 -Mark et Nikki ont renoncé à récupérer leurs enfants.
00:51:58 Ils ont fondé une nouvelle famille.
00:52:02 Brandon est né il y a 10 ans,
00:52:05 un an après l'adoption de ses trois frères et soeurs.
00:52:08 Le petit garçon est le rescapé d'une tempête
00:52:12 qui a duré plus d'un an.
00:52:14 -Quand j'ai découvert que j'attendais Brandon,
00:52:19 ça a été un mélange d'horreur,
00:52:22 d'incertitude.
00:52:24 Je l'ai gardé pour moi pendant 5 mois.
00:52:30 Après, je n'ai pas pu le cacher plus longtemps.
00:52:35 Cela commençait à se voir.
00:52:39 -Nous n'allions pas perdre un quatrième enfant.
00:52:43 C'était pas possible.
00:52:45 On allait faire tout ce qui était en notre pouvoir
00:52:48 pour garder cet enfant.
00:52:50 -Les services sociaux ont brandi le soupçon
00:52:53 de maltraitance future.
00:52:55 Ils menacent Nikki et Mark d'enlever leur futur bébé
00:52:59 dès sa naissance.
00:53:00 Sonnette
00:53:02 Deux semaines avant l'accouchement,
00:53:05 le couple s'enfuit en République d'Irlande
00:53:07 pour se mettre à l'abri de la loi britannique.
00:53:10 -Quand on est arrivés à l'hôpital de Wexford en Irlande,
00:53:14 on leur a dit pourquoi nous étions là.
00:53:16 On a été honnêtes.
00:53:17 On leur a dit que nous étions là pour avoir notre bébé,
00:53:21 qu'il aurait été enlevé à sa naissance
00:53:23 s'il était né dans son pays.
00:53:25 Cri de bébé
00:53:27 On s'est retrouvés
00:53:31 avec deux femmes policiers au pied de mon lit.
00:53:34 Le directeur était là aussi.
00:53:39 Il me lisait mes droits en m'expliquant
00:53:41 que je n'étais pas autorisée à quitter l'hôpital.
00:53:44 Si je le faisais, ça serait sans mon bébé.
00:53:47 Peu de temps après que j'ai donné naissance à mon bébé,
00:53:49 les services sociaux anglais du comté de Norfolk sont arrivés.
00:53:53 Cri de bébé
00:53:55 -On a bien compris que si les services sociaux
00:53:58 étaient venus nous pourchasser jusqu'ici,
00:54:01 c'était pour nous manipuler,
00:54:02 pour nous faire rentrer en Angleterre
00:54:04 et pouvoir prendre notre enfant.
00:54:06 -Nikki et Mark ont compris
00:54:08 que c'était une erreur de faire ça.
00:54:10 -On a eu des difficultés
00:54:12 à se rendre à l'hôpital.
00:54:15 -Nikki et Mark ont compris qu'ils ont une partie à jouer.
00:54:18 Le soupçon de maltraitance ne s'applique pas en Irlande.
00:54:21 La justice anglaise ne peut placer leur bébé sous tutelle
00:54:25 ni imposer aux médias le secret lié à la protection des mineurs.
00:54:28 Pour une fois,
00:54:29 les journalistes britanniques peuvent témoigner de leur affaire.
00:54:33 -Si vous réalisez un travail comme le vôtre en Angleterre,
00:54:36 vous allez en prison.
00:54:38 Je suis sûr que vous ne voudriez pas vivre ça.
00:54:40 De nombreux journalistes en Angleterre
00:54:43 ne le veulent pas non plus.
00:54:44 Ils ne peuvent pas être aussi précis et enquêtés en détail
00:54:47 sur les cas individuels comme vous le faites.
00:54:50 -Très vite, les médias britanniques
00:54:52 prennent fait et cause pour leur bataille.
00:54:54 Tout le pays s'en émet.
00:54:56 Mark et Nikki peuvent à présent négocier
00:54:59 avec les services sociaux.
00:55:00 Ils accepteront de rentrer en Angleterre
00:55:03 à condition qu'on leur laisse une chance.
00:55:05 ...
00:55:12 ...
00:55:18 En juin 2006, ils retournent dans leur pays.
00:55:21 ...
00:55:23 Ils ont obtenu le droit d'être mis à l'épreuve
00:55:26 dans ce centre où des familles suspectées de maltraitance
00:55:30 sont enfermées.
00:55:31 -Quand je suis arrivée la première fois,
00:55:35 c'était comme dans une prison.
00:55:38 Vous êtes enfermée.
00:55:41 -Il y a des caméras dans les parties communes
00:55:44 et il y a un surveillant qui vous parle
00:55:47 dans des haut-parleurs placés dans les appartements.
00:55:51 Ils peuvent donc tout entendre,
00:55:54 tout savoir de vos faits et gestes.
00:55:57 Ainsi, tout à coup, si un enfant pleure,
00:56:01 ils peuvent surgir à tout moment pour voir ce qui se passe.
00:56:04 ...
00:56:11 -On va pas se louper. On va être de gentils parents.
00:56:14 On va faire tout ce qu'ils veulent.
00:56:16 Comme ça, on pourra récupérer Brandon.
00:56:19 -Les prisonniers ont décidé de prendre
00:56:21 ce système de surveillance à son propre jeu.
00:56:24 Pour prouver qu'ils ne commettent aucune faute,
00:56:27 ils filment et témoignent de leur quotidien.
00:56:29 -L'histoire, c'est qu'ils te mettent dans ce centre
00:56:32 pour te pousser à la faute.
00:56:34 Ils se foutent complètement de ce que tu peux bien faire.
00:56:37 -Au bout de cinq mois,
00:56:39 Niki et Marc sortent de cet enfer.
00:56:42 Ils n'ont offert aucun prétexte aux services sociaux
00:56:45 pour leur voler Brandon.
00:56:47 ...
00:56:53 -Nous sommes rentrés chez nous avec Brandon en octobre 2006,
00:56:57 après cinq mois d'évaluation.
00:57:00 ...
00:57:07 Ensuite, nous avons eu des visites régulières des services sociaux.
00:57:12 Au début, c'était tous les jours.
00:57:15 C'était très intrusif.
00:57:17 Mais peu à peu, ils sont passés à trois,
00:57:20 puis deux visites par semaine.
00:57:23 -Durant cette période,
00:57:25 la famille est toujours sous la menace des services sociaux.
00:57:29 Niki et Marc vont devoir encore attendre cinq mois
00:57:33 pour savoir s'ils pourront garder définitivement Brandon.
00:57:37 ...
00:57:46 Le 26 juin 2007, c'est la délivrance,
00:57:50 la fin de 13 mois de cauchemars.
00:57:53 ...
00:57:56 -Qu'est-ce que ça signifie pour vous,
00:57:59 que vous avez reçu Brandon, après tout ce temps ?
00:58:01 -On est très heureux de le garder avec nous et qu'il reste avec nous.
00:58:05 -Merci. Merci beaucoup et bonne chance.
00:58:07 -Merci.
00:58:09 -Pourquoi la justice a-t-elle enfin donné le droit
00:58:12 à Marc et Niki d'être parents ?
00:58:15 Elle n'a pas eu le choix.
00:58:18 Quelques mois plus tôt,
00:58:20 Niki a reçu des analyses d'une contre-expertise judiciaire
00:58:24 réalisée par un éminent pédiatre américain.
00:58:28 Ce spécialiste a fait une découverte déterminante.
00:58:32 Les services sociaux ont accusé à tort
00:58:35 Marc et Niki de maltraitance.
00:58:37 Leur fils cadet n'a pas été roué de coups.
00:58:40 Ses fractures étaient causées par la maladie du scorbut.
00:58:44 ...
00:58:46 Telephone sonne.
00:58:48 -Hello ! -Bonjour !
00:58:50 -Hello ! -Hello !
00:58:52 -C'est super de pouvoir enfin mettre un nom sur un visage.
00:58:56 Combien de temps vous avez mis pour réaliser le diagnostic du scorbut ?
00:59:00 -Je pense que cela m'a pris...
00:59:04 Vous savez, j'ai travaillé sur ce cas
00:59:06 probablement à peu près une semaine.
00:59:09 Le temps de faire les recherches,
00:59:11 d'analyser le dossier des radios.
00:59:14 Et là, c'est devenu évident.
00:59:17 Donc voici un enfant avec des allergies alimentaires,
00:59:21 avec le mauvais régime alimentaire, qui perd du poids.
00:59:25 Avec tous ces symptômes, évidemment que c'était le scorbut.
00:59:30 Les critères que les médecins ont retenus sur ces fractures
00:59:33 étaient faux.
00:59:34 Il n'y a rien de scientifique qui démontre
00:59:37 une relation de cause à effet entre ces fractures
00:59:40 et une quelconque maltraitance.
00:59:42 ...
00:59:46 -Ces allergies alimentaires,
00:59:49 responsables du scorbut de leur cadet,
00:59:51 Marc et Niki en avaient pourtant parlé aux services sociaux.
00:59:55 Juste avant qu'ils ne leur retirent leurs enfants.
00:59:58 ...
01:00:00 -Nous avons suggéré que le régime alimentaire de notre fils
01:00:03 pouvait être aussi la cause de ces problèmes.
01:00:06 C'est quelque chose dont nous avons parlé
01:00:08 avec les travailleurs sociaux.
01:00:10 ...
01:00:12 -Les trois premiers enfants de Marc et Niki
01:00:15 ont été enlevés, puis adoptés,
01:00:18 à cause d'une erreur de diagnostic.
01:00:21 ...
01:00:23 La justice ne va pas pouvoir échapper à un nouveau procès.
01:00:26 Elle va innocenter Marc et Niki.
01:00:29 Pourtant, le juge Wilson a tranché.
01:00:32 Ils ne récupéreront jamais leurs enfants.
01:00:35 ...
01:00:38 -Nous avons dû reconnaître que monsieur et madame Webster
01:00:43 ont subi une grave injustice.
01:00:45 Mais nous devons à présent nous concentrer sur ces enfants.
01:00:52 Si l'on considère les besoins de ces enfants
01:00:56 et leur certitude qu'ils ont intégré une nouvelle famille
01:01:00 pour la vie,
01:01:02 eh bien, cette femme est leur mère,
01:01:05 et cet homme est leur père.
01:01:07 Les sortir de tout cela
01:01:10 et les rendre aux Webster qu'ils n'ont pas vus depuis des années,
01:01:14 eh bien, c'est leur imposer trop de choses
01:01:17 sur le plan psychologique.
01:01:20 ...
01:01:25 -En fait, ils ont appelé cela une erreur judiciaire,
01:01:28 ce qui veut dire que quelque chose n'a pas tourné rond,
01:01:32 mais, oops, désolé, il n'y a rien que nous puissions changer.
01:01:37 Vous perdez vos enfants.
01:01:38 -Et c'est honteux que rien ne puisse être fait
01:01:41 pour rectifier cela.
01:01:43 Le seul moyen serait de changer la loi sur l'adoption
01:01:46 au Royaume-Uni,
01:01:47 et je ne les vois pas du tout faire cela prochainement.
01:01:50 ...
01:01:54 -Un mois après le procès,
01:01:56 Niki a donné naissance à une petite fille, Kara.
01:02:00 ...
01:02:02 La seule de la fratrie des cinq
01:02:03 à ne pas avoir été persécutée par les services sociaux.
01:02:07 -Ma sœur a 16 ans.
01:02:10 ...
01:02:13 Et mes deux frères...
01:02:15 ...
01:02:18 Je ne me rappelle pas de leur âge.
01:02:20 Maman le sait.
01:02:25 Peut-être que quand je les verrai,
01:02:27 je pourrai leur faire un câlin et on pourra jouer ensemble.
01:02:31 ...
01:02:33 -Kara fera peut-être un jour connaissance avec sa sœur
01:02:36 et ses deux grands frères,
01:02:39 mais uniquement quand ils seront majeurs.
01:02:41 S'ils se souviennent de leurs parents,
01:02:44 s'ils parviennent à les retrouver,
01:02:46 s'ils leur en restent l'envie.
01:02:48 ...
01:02:51 En Angleterre, la loi de la protection de l'enfance
01:02:55 ne laisse aucune chance aux familles qu'elle a brisées.
01:02:58 Sauf quand elles échappent à leur emprise.
01:03:02 ...
01:03:05 Le bébé de Bethany est né cinq semaines après son exil en France.
01:03:09 Dès la naissance de Louis,
01:03:12 les services sociaux sont venus frapper à la porte de ses grands-parents.
01:03:16 -Je venais à peine de quitter Bethany en France
01:03:19 pour rentrer en Angleterre,
01:03:21 quand ça n'arrêtait pas de toquer à la porte.
01:03:24 C'étaient les services sociaux.
01:03:27 "Où est Bethany ? Où est le bébé ?"
01:03:30 Je leur disais "Elle n'est pas là, elle n'est pas là.
01:03:33 Elle est partie à l'étranger."
01:03:35 -En quittant leur terrain de chasse,
01:03:39 Bethany a échappé aux pouvoirs de nuisance des services sociaux.
01:03:43 Elle a pu négocier son retour en Angleterre
01:03:46 sans perdre son bébé.
01:03:48 -C'était la bonne idée d'être partie en France pour avoir mon bébé.
01:03:52 Sinon, je n'aurais pas eu mon fils. On me l'aurait pris à la naissance.
01:03:56 ...
01:03:59 -Pendant deux mois,
01:04:01 les services sociaux ont mis la jeune maman à l'épreuve.
01:04:04 Ils ont découvert que celles qu'ils soupçonnaient
01:04:07 comme des "futures maltraitances"
01:04:09 étaient en réalité une bonne mère.
01:04:12 -Je voulais qu'on me donne une chance de devenir mère.
01:04:15 Je n'ai jamais eu d'enfant avant.
01:04:17 Comment peuvent-ils décider que je suis une mauvaise personne,
01:04:20 un futur risque, une future maltraitante ?
01:04:23 ...
01:04:26 -En réalité, il y a très, très peu de parents
01:04:29 à qui l'on devrait retirer la garde de leurs enfants.
01:04:32 ...
01:04:34 Si l'on veut connaître le nombre d'injustices commises
01:04:37 au nom de la protection de l'enfance,
01:04:39 on se doit sans tarder d'entendre l'histoire des parents.
01:04:43 Pas dans 20 ans, ni quand les enfants auront grandi
01:04:47 et reviendront pour dire pourquoi cela m'est-il arrivé.
01:04:51 ...
01:04:52 ...
01:04:56 -Aujourd'hui, plus de 2 millions d'enfants
01:04:59 sont fichés par les services sociaux anglais.
01:05:02 ...
01:05:05 Cette machine à broyer les familles et à recycler les enfants
01:05:09 continue de fonctionner de façon insensée,
01:05:12 sans être remise en cause.
01:05:13 ...
01:05:18 Dans les autres pays, les gens ne croient pas
01:05:21 que ces choses-là se passent en Angleterre.
01:05:24 ...
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01:06:07 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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