• il y a 11 mois
Tout comprendre a notre comportement dans les embouteillages... Selon le baromètre Tom-Tom, on passe en cumulé 5 jours par an à l'arrêt en voiture à Paris, 4 jours à Bordeaux et à Lyon. Et le pire, c'est qu'on sait qu'il va y avoir des embouteillages, mais qu'on prend quand même sa voiture. Alors, quel est notre rapport à l'automobile ? Pourquoi elle nous rend parfois complètement fou ? Pour en parler, RTL reçoit Jean-Pascal Assailly, psychologue, auteur de "Homo automobilis ou l'humanité routière".
Regardez L'invité de RTL Soir du 11 janvier 2024 avec Marion Calais et Julien Sellier.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Celié, RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:07 Allez, bonne fin de journée, RTL bonsoir, continue.
00:10 Vous nous écoutez peut-être en voiture, tendez bien l'oreille, c'est l'heure de l'inviter pour tout comprendre.
00:15 Tout comprendre à notre comportement dans les embouteillages.
00:18 Ça va vous parler selon le baromètre TomTom.
00:20 En cumulé, on passe 5 jours par an à l'arrêt en voiture à Paris, 4 jours à Bordeaux et à Lyon.
00:27 Et le pire, c'est qu'on sait qu'il va y avoir des embouteillages, mais qu'on prend quand même sa voiture.
00:31 Alors pourquoi ? Quel est notre rapport à l'automobile ? Pourquoi il nous rend parfois complètement fous ?
00:36 Pour tout nous expliquer, on accueille ce soir notre invité Jean-Pascal Assailly,
00:40 psychologue, auteur de Homo Automobilis ou L'Humanité routière. Bonsoir.
00:45 Bonsoir.
00:46 Avec nous également le correspondant RTL à Bordeaux, Philippe Demaria. Bonsoir Philippe.
00:50 Bonsoir à tous.
00:51 Alors on le disait, Bordeaux figure tristement sur le podium des villes où on passe le plus de temps dans les embouteillages.
00:56 4 jours Philippe. Et vous l'avez encore constaté aujourd'hui.
00:59 Exactement, je suis à Villeneuve d'Ornon, périphérie de Bordeaux, route de Toulouse en direction de l'Est.
01:04 C'est un axe emblématique, censé être une voie d'entrée et de sortie de l'agglo,
01:08 censé seulement parce qu'il est constamment congestionné. Alors je discute avec Benjamin, il est du quartier.
01:14 Au niveau du tramway, oui, juste en bas de l'Issée-Vac-Lamavelle, là c'est fou.
01:18 Alors là, je ne comprendrai jamais. Quand on arrive au bout, on ne comprend pas.
01:21 C'est bougé.
01:22 Il faut y passer à 9h30, à 10h. Pour le boulot, c'est trop tard.
01:25 Voilà, exactement.
01:26 J'ai demandé à Benjamin de partager avec nous son pire souvenir récent de bouchons à Bordeaux.
01:32 Je vous dirais, il y a quelques semaines, le cinéma UGC, il y a 4 km de chez moi, dans Villeneuve, je m'y ai mis 25 minutes.
01:39 C'est beaucoup.
01:40 C'est abusé. Ce n'est pas normal. 4 km en 25 minutes, ce n'est pas normal.
01:44 Ça n'a pas de sens. On subit. Et ça s'est aggravé les 6 dernières années.
01:49 Benjamin travaille le soir à la SNCF Gare Saint-Jean.
01:52 Il tente des stratégies pour éviter les bouchons parce que c'est pénible, parce que ça use du carburant pour rien.
01:58 Mais c'est compliqué.
01:59 Soit je laisse mon véhicule à un arrêt de tram, je récupère le tramway.
02:04 Sinon, je me dis qu'il faudrait partir 1h30 ou 2h avant pour éviter les bouchons à 16h30.
02:11 Essayer de trouver une place de parking, bien sûr, c'est un calcul parce que tout est payant.
02:15 C'est un quotidien que je n'apprécie pas beaucoup.
02:18 Fatiguant.
02:19 Épuisant.
02:20 Épuisant. Je laisse Benjamin avec son petit moral repartir au boulot vers Bordeaux.
02:25 Septième ville européenne qui bouchonne le plus.
02:28 Pas vraiment glorieux comme classement.
02:30 Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.
02:32 On vient de l'entendre, Jean-Pascal Assailly.
02:35 Il y a un comportement assez étonnant.
02:37 D'ailleurs, on l'a entendu chez Benjamin avec sa voiture.
02:39 Il sait qu'il va y avoir des embouteillages, que ça va être une galère, mais il y va quand même.
02:43 Il essaie de faire autrement, mais finalement, il se retourne toujours vers la voiture. Pourquoi ?
02:46 C'est la première chose importante qu'on peut dire sur notre rapport à la voiture.
02:51 C'est cette ambivalence qui est vraiment depuis très longtemps et en chacun de nous.
02:56 C'est-à-dire qu'on a quand même créé des bulles et des utérus qui sont très confortables quand même,
03:02 il faut bien le dire, avec l'autoradio, avec le chauffage.
03:04 Alors, si vous voulez, évidemment, il y a des gens à la limite qui vont préférer être une heure là-dedans
03:09 qu'une demi-heure dans un wagon de RER où vous êtes complètement comprimé à 80.
03:14 Vous voyez ce que je veux dire.
03:16 D'où les comportements comme celui de Benjamin.
03:18 Finalement, on préfère prendre sa voiture plutôt que prendre les transports en commun.
03:22 On constate aussi, Jean-Pascal Assailly, une certaine tension, c'est peu de le dire,
03:28 chez l'automobiliste en préparant l'interview.
03:31 Là, je suis tombé sur un baromètre de la Fondation Vinci Autoroute.
03:35 Il y a un tiers des Français assondés qui avouent qu'ils collent délibérément le véhicule d'un conducteur qui les énerve.
03:42 Pourquoi la voiture nous rend fou, nous rend plus nerveux ?
03:46 Si vous voulez, oui. Alors, il y a deux choses à dire.
03:48 D'une part, effectivement, c'est cette idée que la voiture change la personne
03:52 et qu'elle peut transformer un mouton en l'oie enragée.
03:55 Parce qu'effectivement, on voit bien qu'il y a des gens qui sont très prudents et conformes
04:00 pour leur cholestérol ou leur compte en banque, mais qui, sur la route, font n'importe quoi.
04:04 C'est un petit peu lié aussi à cette évolution de la voiture dont je vous parlais tout à l'heure.
04:08 C'est-à-dire que ça crée de l'anonymat.
04:10 On est enfin seul, on n'est plus emmerdé par les collègues, par les conjoints.
04:15 C'est un moment de liberté. On est auprès même à y rester plus longtemps.
04:19 Il y a quand même l'inconvénient qu'elle nous isole des autres.
04:23 C'est un mécanisme fondamental de la violence qu'on connaît bien.
04:26 Isoler les gens les uns des autres augmente la violence.
04:29 Quand vous pouvez parler, quand vous pouvez échanger un regard, bien souvent, ça va désarmer, désactiver la vie.
04:35 Ça veut dire qu'il se passe quelque chose dans notre cerveau différent, c'est ça ?
04:38 Oui, c'est-à-dire, comment vous dire, on va se permettre des choses en voiture qu'on ne se permettrait pas sur le trottoir.
04:42 Et la route, c'est un des derniers endroits où on peut se permettre encore d'être violent
04:46 parce que ce n'est pas perçu comme de la violence en fait.
04:49 C'est une violence cachée.
04:51 Au volant, il y a quelque chose de spécial aussi. On trouve toujours que les autres conduisent super mal.
04:54 Je ne sais pas si ça vous arrive. Ça s'explique ça ?
04:57 Oui. Alors ça, on a un petit jargon qu'on a appelé l'optimisme comparatif.
05:01 Et ça, c'est très vrai.
05:03 C'est-à-dire qu'effectivement, on a le biais de supériorité de soi.
05:06 C'est qu'effectivement, quand vous demandez aux gens est-ce que vous conduisez mieux que la moyenne,
05:10 70% des conducteurs français disent qu'ils conduisent mieux que la moyenne.
05:13 Ce biais de supériorité de soi, il va conduire les gens, et c'est là où c'est très dangereux,
05:18 à se permettre des infractions parce qu'ils pensent qu'ils sont meilleurs conducteurs qu'autrui
05:22 et qu'ils pensent rattraper ces erreurs.
05:25 Merci beaucoup Jean-Pascal Assailly.
05:27 Merci Philippe Demaria pour votre reportage en immersion au cœur des bouchons bordelais.
05:32 C'est quelque chose. Petite pause et puis dans quelques secondes, tout autre chose.
05:36 Le grand match des infos pour briller au dîner entre Isabelle et Marion.
05:40 Et puis après 19h, on vous rappelle que Zahoud de Saint-Gazan,
05:43 la révélation de la chanson française sera avec nous et qu'elle chantera pour vous en live.
05:48 RTL Bonsoir jusqu'à 20h
05:50 [SILENCE]

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