• il y a 11 mois
Lors de la brutale invasion, ces enfants ukrainiens se sont retrouvés en « territoire russe », ­derrière la ligne de front. Grâce à la diplomatie qatarie,
ils ont pu revoir leurs proches après deux ans de séparation. Nos reporters étaient dans l’avion qui les a ramenés à la maison.

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Transcription
00:00 Il y a eu toute une émulation, toute une opération de communication
00:03 autour de ces enfants qui ont été rendus.
00:05 Pour chaque photo, c'était jamais simple.
00:09 Chaque photo, j'ai dû vraiment négocier.
00:10 C'est vrai que c'était un peu une course de relais journalistique aussi,
00:24 puisqu'on avait Vlada qui était côté russe,
00:28 sachant qu'en fait les journalistes, quand ils couvrent la Russie,
00:32 après ils ne peuvent plus couvrir l'Ukraine.
00:34 Donc il fallait aussi qu'on se répartisse les tâches.
00:37 Donc Vlada était côté russe, moi j'étais dans un train
00:41 qui arrivait de Pologne en direction de Kiev,
00:43 et les enfants, au même moment, ont été amenés à la frontière biélorusse,
00:47 donc à l'autre bout du pays, là où j'étais moi, arrivée à Kiev.
00:50 Donc on a eu une troisième équipe, avec Wilson Fash,
00:54 qui est notre jeune lauréat Albert Lomb cette année,
00:58 en presse écrite, qui a raccordé les wagons à la frontière biélorusse.
01:03 Et puis nous, avec Alvaro Canovas, le photographe,
01:06 on a récupéré certaines familles alors arrivées à Kiev.
01:09 On savait que la direction de Paris Match
01:12 essayait de négocier depuis des semaines un accès dans cet avion
01:17 qui ramènerait les enfants, mais on n'avait pas la date de l'opération.
01:21 Vlada est partie un peu en catastrophe.
01:23 Donc voilà, on m'a appelée quelques heures avant de partir à Moscou,
01:28 et comme c'était pas sûr si je pourrais aller photographier,
01:32 donc j'ai eu mon billet à 10h du soir,
01:35 et j'ai pris l'avion à 7h du matin pour partir à Moscou via Istanbul.
01:40 Comme maintenant il n'y a plus de vol direct, tout est devenu compliqué,
01:43 donc on a dû s'organiser en catastrophe.
01:45 En général, on part toujours en équipe avec les journalistes et photographes,
01:49 et des fois avec l'assistante et la production,
01:52 mais là j'ai dû partir toute seule parce que personne ne peut avoir le visa.
01:57 En deux heures, c'est mission impossible.
01:59 Pour chaque photo, c'était jamais simple.
02:03 Chaque photo j'ai dû vraiment négocier.
02:05 Dans l'avion c'était pas possible.
02:07 Quand on arrive sur la place Rouge,
02:09 le chauffeur se gare devant le Kremlin,
02:12 c'est pas possible de se garer,
02:13 il me dit "vous avez que 5 minutes".
02:15 À l'aéroport il m'a dit "c'est impossible de faire les photos".
02:17 Et finalement, j'ai dû négocier, négocier,
02:20 et finalement j'ai obtenu tout ce que je voulais.
02:23 L'avion a été un peu un défi pour vous ?
02:28 Igor était un garçon ouvert avec moi, avec le Qataris, avec tout le monde,
02:32 devant la caméra il était très à l'aise.
02:34 Sa mère s'appelle aussi Vlada,
02:37 et lui il m'appelait "tata Vlada".
02:38 "Tata Vlada, est-ce que je peux prendre une photo de vous
02:41 avec les tablettes qui étaient offertes par les Qataris ?"
02:44 Donc je trouvais que c'était très touchant.
02:46 Il y a eu plusieurs pays qui ont essayé de servir de médiateurs
02:51 afin d'ouvrir des négociations pour le retour de ces enfants.
02:54 Et le Qatar cette fois-ci était en position de pouvoir proposer le retour.
02:59 Au début on nous avait annoncé plusieurs dizaines d'enfants,
03:02 et finalement on en a eu une petite dizaine.
03:04 C'est un résultat modeste, mais c'est un résultat quand même.
03:06 Mon but initial c'était d'aller jusqu'à la frontière ukrainienne,
03:11 mais quand je suis arrivée à Minsk,
03:13 on ne m'a pas donné l'autorisation d'aller jusqu'à la frontière.
03:16 Et de mon côté, je prenais les notes,
03:19 je prenais le numéro de téléphone de maman,
03:21 j'ai tout envoyé à Manon,
03:23 comme ça elle a pu reprendre contact sur place avec eux.
03:27 Quand je les ai retrouvées,
03:28 je les ai retrouvées un peu fatiguées, un peu saunées par le voyage.
03:33 Igor avait un rêve, c'était de manger un McDonald's.
03:36 C'était vraiment un rêve de gamin d'une cité pauvre du Donbass.
03:40 Il avait vu ça une fois, une pub à la télé.
03:42 C'était vraiment son rêve, donc on l'a amenée au McDonald's Place Meydan,
03:47 où il a mangé son double cheeseburger comme si vraiment c'était un repas étoilé.
03:52 Il y a eu toute une émulation,
03:55 toute une opération de communication autour de ces enfants qui ont été rendus.
03:59 Mais une fois que les caméras étaient éteintes,
04:01 à ce moment-là où nous on a retrouvé Igor et sa maman,
04:03 on retrouvait juste une famille très modeste
04:06 qui avait à peine de quoi payer son billet retour en 3e classe pour le Donbass,
04:11 et qui replongeait sinon dans la guerre,
04:13 du moins dans des zones de conflit à portée des missiles russes.
04:17 Et possiblement d'une nouvelle phase de reconquête de territoire par l'armée du Kremlin.
04:22 Donc ça a été une logistique assez importante.
04:24 C'est vrai que c'est assez rare ces reportages où on déploie une telle logistique.
04:30 Et c'est d'ailleurs chouette de voir qu'on a encore les moyens de faire ça,
04:34 de produire des beaux reportages qui demandent un investissement humain, matériel et financier.
04:39 Et on espère que le résultat en tout cas est là.
04:42 [Musique]

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