• il y a 11 mois
En salles mercredi 10 janvier 2024
Transcription
00:00 On n'arrête plus Cédric Can, quelques mois à peine après le procès Goldman,
00:03 et bien voilà, Making Of, son nouveau film.
00:06 Je me dis que je suis un peu comme mon personnage principal.
00:09 Je suis le capitaine d'un bateau à la dérive.
00:11 Eh mais il pleut les gars, il pleut !
00:12 Putain mais vous me faites tout chier !
00:14 Je porte mon projet comme un fardeau et je me sens seul.
00:19 Moteur, moteur !
00:21 C'est l'histoire d'un metteur en scène qui est joué par Denis Podalides,
00:25 qui réalise son grand film social sur des ouvriers qui ont occupé leur usine
00:31 et combattu le grand capital.
00:33 Sauf que, ben voilà, l'argent vient à manquer sur le tournage.
00:37 On lui demande de faire des coupes franches, les producteurs débarquent,
00:40 et en fait eux, ils pensaient investir dans un film avec un happy end,
00:43 ce qui n'était pas du tout le programme.
00:45 Mais voilà, il y a eu un producteur qui est joué par Xavier Beauvois,
00:48 extrêmement drôle, qui a un petit peu enfumé, on va dire, les financiers.
00:54 Et donc on se retrouve à admirer cette équipe qui à la fois se défonce,
00:59 qui à la fois se déchire, il faudrait couper dans le scénario,
01:02 il faudrait couper chez les techniciens,
01:05 personne ne veut sacrifier son équipe, ses salariés.
01:07 Le cinéaste évidemment s'accroche à la dignité de son film
01:11 et du message qu'il veut raconter,
01:13 et c'est là où, évidemment, naît le vertige.
01:16 Tu dois laisser exister les autres personnages, oui ou non ?
01:18 Tu peux pas me dire ça à moi, c'est moi qui te parle de collectif !
01:22 Et le réel, excuse-moi, oui d'accord, mais bon, on fait du cinéma là !
01:24 Faut embarquer les gens ! Faut embarquer le public !
01:27 Et là pour l'instant, moi je ne suis pas embarqué, vous êtes embarqué vous ?
01:29 Dites-le ! Vous êtes le public ! Vous êtes embarqué ?
01:33 Puis il y a un effet de vertige un peu comique aussi
01:35 lié à la présence de Jonathan Cohen,
01:36 qui fait son Jonathan Cohen, mais il le fait très bien.
01:39 Donc c'est lui qui joue le rôle de la star,
01:41 censée amener un petit peu et du public et les financiers pour le film.
01:45 Et puis c'est une star dans...
01:47 En gros c'est Alain Delon qui serait particulièrement pénible,
01:51 qui se croit le meilleur acteur du monde,
01:52 il veut jouer un ouvrier, il veut vraiment jouer les damnés de la terre,
01:56 il en rajoute des caisses et il est insupportable avec tout le monde.
01:58 Tu trouves super Alain ? Tu trouves crédible un ouvrier ?
02:00 Non, non, non, non, non, non !
02:02 Ben carrément, à fond !
02:03 Non, mais il est nul, il en fait des caisses pour faire vrai, c'est ridicule.
02:06 Wouhouhouhouhouhou !
02:08 T'es obligé de crier tout le temps ?
02:10 Et puis il y a le personnage qui est peut-être un petit peu le double de Cédric Canne,
02:16 qui est joué par Stéphane Crépon.
02:18 C'est un petit pisaïolo qui rêve de faire du cinéma
02:21 et qui se retrouve à faire le making-of du film,
02:23 le making-of du film dans le film.
02:24 J'adore tous les films que vous avez faits, que vous avez tous vus.
02:26 Donc voilà, je voudrais bien, si vous pouvez me dire ce que vous en pensez.
02:29 J'ai mis mon numéro de téléphone dessus. Merci beaucoup. Pardon. Au revoir.
02:33 D'où il sort celui-là ?
02:35 Ben à son costume, je dirais qu'il fait un vigile.
02:38 Pourquoi vous n'avez pas pris un mec comme ça pour faire le making-of ?
02:40 Il est très très juste et on sent vraiment un petit peu la tendresse de Cédric Canne pour ce personnage,
02:45 qui doit beaucoup lui rappeler un petit peu le jeune homme qu'il a pu être à ses débuts
02:49 et qui rêvait de faire du cinéma.
02:51 Et c'est un petit peu ce personnage-là qui pousse.
02:53 On dit, voilà, c'est la magie de faire du cinéma malgré les pires galères.
02:56 Et donc c'est ce personnage-là qui l'incarne avec aussi beaucoup de tendresse et beaucoup d'humour.
03:00 Le film dans le film est assez convenu.
03:03 C'est-à-dire que ce fameux film social dont on est obligé de se taper des morceaux interminables
03:08 sur cette prise d'usine par des ouvriers, etc.
03:13 qui est plus ou moins bien joué d'ailleurs par les vrais faux acteurs
03:17 ou les vrais vrais acteurs face aux ouvriers.
03:19 Et je trouve que ça alourdit passablement le film.
03:24 Ce qui se passe avec ce film, c'est ce qui se passait un peu avec « La nuit américaine » de François Truffaut,
03:27 qui est un des modèles de Cédric Canne pour faire making-of.
03:30 C'est qu'en gros, dans le film que tourne François Truffaut dans « La nuit américaine »,
03:34 j'aurais vraiment pas du tout envie de le voir.
03:36 C'est une espèce de film de boulevard, médiocre, etc.
03:40 Ça donne vraiment pas du tout envie de le voir.
03:42 Et c'est la même chose dans making-of.
03:43 Mais en même temps, de voir comment on fabrique ce film, ça m'intéresse beaucoup.
03:47 Voir dans certaines scènes, ça me passionne.
03:49 Bravo, mais t'es surtout un énorme vice de pute !
03:53 Là où le film m'intéresse, c'est dans la question qu'il vient poser.
03:59 Et qui est, quand on a la prétention,
04:04 et elle est formidable cette prétention,
04:06 mais de raconter des choses,
04:10 le politique, le social en France ou dans n'importe quel pays,
04:13 quand on a la prétention de venir dénoncer ça,
04:15 est-ce qu'on peut maltraiter ses équipes ?
04:17 Est-ce qu'on peut sous-payer ses techniciens ?
04:20 Est-ce qu'on peut magouiller, etc.
04:22 pour faire finalement sur le plateau le contraire de ce qu'on dénonce à l'écran ?
04:26 Cette question-là, elle est vraiment intéressante.
04:28 Et c'est vrai que le film la pose.
04:29 Making-of, c'est très bien.
04:31 Pour moi, making-of, c'est pas mal.
04:33 Super !
04:34 C'est n'importe quoi, là !
04:36 Pourquoi tu coupes ?
04:37 Pourquoi tu coupes ? C'était super !
04:38 Parce que tout le monde improvise.
04:39 - On a pas fini la prise, là ! - Non, non, non.

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