• il y a 11 mois
 Thomas Sotto et Marie Portolano reçoivent l'actrice Cécile de France, elle sera prochainement à l'affiche du film "Bonnard Pierre et Marthe". 

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00:00 On est ravis de l'accueillir, c'est la comédienne Cécile Defrance qui est avec nous jusqu'à 9h30.
00:04 Bonjour, merci d'être là et bienvenue sur le plateau de Télématin.
00:08 Vous serez demain à l'affiche du film Bonnard, Pierre et Marthe.
00:11 Vous, vous êtes Marthe et Marthe c'est un peu l'illustration dans ce film,
00:14 même si je déteste cet adage que derrière chaque homme il y a une grande femme.
00:20 Non, je ne sais plus, derrière chaque grand homme il y a une femme.
00:22 Je déteste ça parce que ce n'est pas vrai, il y a déjà aussi des grandes femmes.
00:25 Bref, en tout cas vous dans ce film vous êtes Marthe et vous avez beaucoup aidé Bonnard. C'est qui Marthe ?
00:30 C'était sa muse, sa femme, l'amour de sa vie. C'est un amour de 50 ans avec des épreuves à passer.
00:37 C'est vrai qu'elle est le déclencheur, c'est-à-dire que le jour où ils sont…
00:41 Le film commence le jour où ils tombent amoureux et c'est en lui offrant son corps.
00:46 Un corps qui était toujours en mouvement, en fusion avec la nature,
00:49 qui avait une relation quasiment mystique avec la nature.
00:52 Et voilà cette exaltation, même érotique, qui a déclenché chez Pierre son génie.
01:00 Et puis son mystère aussi, parce que c'était une femme qui avait menti sur son identité
01:06 pour effacer la différence sociale avec Pierre, qui venait d'un milieu bourgeois.
01:10 Et elle, qui était vraiment une petite bonne femme de condition très modeste,
01:14 pour sortir de sa condition, avait menti sur son identité.
01:18 C'était inventé un nom de princesse italienne.
01:22 Et donc à la fois c'était très intelligent et brillant comme opération de transfuge, on va dire.
01:28 Le problème, c'est qu'après elle était enfermée dans ses mensonges, dans son secret.
01:32 Et elle était très malade. L'asthme était son langage à elle pour exprimer cet étouffement.
01:37 Et puis elle a peint aussi.
01:39 Et ça, ça a été à jouer, à interpréter la partie que j'ai vraiment préférée.
01:44 Les moments où elle dessine. Elle dessinait avec ses doigts.
01:47 On va voir tout ça, parce qu'on va se mettre à donner un petit avant-goût de ce à quoi va ressembler ce film
01:51 qui sort demain, comme le disait Marie. Bonnard, Pierre et Marthe.
01:54 Si vous voulez devenir un modèle...
01:58 J'ai jamais dit que je voulais devenir modèle. C'est vous qui m'avez demandé si je voulais bien poser pour vous.
02:01 Je ne sais même pas ton nom.
02:07 Marthe. Et toi ?
02:09 Pierre.
02:10 Tu veux vivre avec moi ?
02:16 Non !
02:17 Ce sont mes amis. Les Dhabis.
02:21 C'est un usier.
02:22 Cygnoque.
02:23 Puis, ensemble, on a décidé de révolutionner la peinture moderne.
02:27 Rien que ça.
02:29 Putain, Pierre !
02:34 Pierre, cette fille vous complique le vie.
02:37 Elle vous séquestre à la campagne, quand vous devriez être ici, au moment où tout s'ouvre à vous.
02:44 Qu'est-ce qui ne va pas, Marthe ?
02:46 Je suis inquiète.
02:48 Inquiète de quoi ?
02:49 Pierre me trompe.
02:51 Alors l'indolente, c'est vous.
02:54 Votre mari a fait de vous un mythe, madame.
02:56 Un mythe ?
02:58 Ceci de France, vous connaissiez bien Bonnard avant son oeuvre, sa vie.
03:05 Ça évoquait quoi pour vous ?
03:07 Non, je ne connaissais pas très bien.
03:09 Bonnard était quand même connu à son époque en France.
03:12 Il est plus connu encore à l'étranger.
03:14 Mais parce qu'en fait, il s'est toujours retiré un peu des mondanités, du vouloir briller, etc.
03:20 Et puis, il était aussi un peu...
03:23 On disait qu'il était un peu marginal, fantaisiste.
03:26 Parce qu'il avait, par rapport à l'impressionnisme, une volonté de...
03:30 D'abord, il ne voulait pas se laisser enfermer dans un mouvement.
03:33 Et puis, il a une peinture plus expressive, plus subjective.
03:37 Il s'en fichait, en fait. Il était libre.
03:39 Il voulait être fidèle à lui-même. Il s'en fichait de plaire absolument.
03:42 Et donc, à cette époque-là, en France, il n'était pas forcément...
03:46 C'était quand même comme une rockstar.
03:48 Et beaucoup de jeunes femmes tournaient autour de lui.
03:51 Parce qu'il les impressionnait beaucoup.
03:53 Vous avez dit que ce que vous avez préféré jouer, c'est les scènes de peinture. Pourquoi ?
03:57 Parce qu'il y a comme une superposition d'émotions.
04:00 On est à la fois un canal...
04:02 Quand on est acteur, on a un canal à...
04:05 Oui, à émotions.
04:06 On est submergé par son personnage.
04:08 Et là, quand on joue un personnage qui lui-même transcende sa douleur par le dessin,
04:13 je ne sais pas, il y a quelque chose de catharsis.
04:16 Il y a quelque chose de très intense et qui était vraiment assez jubilatoire.
04:21 Et je remercie Edith Beaudran, qui est la peintre du film,
04:24 qui a fait toutes les reproductions des peintures de Pierre et de Marthe.
04:29 Et qui nous a vraiment fait confiance.
04:32 Enfin, on a eu confiance pour oser nous-mêmes dessiner, peindre.
04:37 C'est vraiment assez jouissif.
04:39 Ça vous a donné envie de peindre après ? Vous allez continuer ?
04:41 Non, j'aurais pu, mais...
04:44 Mais oui, j'ai gardé la trace de ce plaisir en moi.
04:47 Je pourrais très bien un jour me remettre à dessiner.
04:50 Oui, parce que vous avez fait les Beaux-Arts quand vous étiez petite, non ?
04:52 Oui, oui, ce qu'on appelle les Beaux-Arts.
04:54 Vous avez fait des cours de peinture.
04:56 Oui, voilà.
04:57 C'est pas mal quand même.
04:58 Il paraît que vous avez beaucoup hésité à en accepter ce rôle. Pourquoi ?
05:00 Tout simplement parce que je venais de terminer "Second Tour", le film d'Albert Dupontel.
05:04 Et qu'il y avait très peu d'écart de temps.
05:09 Et que moi, j'ai besoin vraiment de me ressourcer, de me reposer,
05:13 de me réinitialiser pour repartir sur un nouveau rôle.
05:17 La peinture, on a vu, c'était un don.
05:20 Mais la comédie, c'est un don aussi.
05:22 À quel moment vous avez découvert que vous l'aviez ?
05:24 Toute petite, à 6 ans, quand à l'école, je récitais pour la première fois mes poésies.
05:31 Et que je voyais dans les yeux de mes copains,
05:34 toutes ces émotions, ces rires, ces larmes.
05:37 Tout d'un coup, ça me donnait une place dans la classe.
05:39 Et je pense que ça m'a donné une place dans l'univers aussi.
05:43 Et avoir ce rôle-là, de procurer des émotions aux gens,
05:46 qui puissent s'identifier à moi, ça donne du sens à mon art en tout cas.
05:52 On a trouvé un de vos profs, figurez-vous,
05:54 qui a une question à vous poser ce matin.
05:56 Il est là.
05:57 Bonjour Cécile, c'est Arnaud Gavrois, ton ancien professeur d'Histoire.
06:00 Je me trouve dans la salle Fossé-Fleury, ce petit théâtre que tu connais très bien,
06:04 puisque tu as eu tes premiers cours d'art d'expression ici.
06:07 J'avais une question à te poser.
06:10 De ces années passées parmi nous à l'école secondaire,
06:13 qu'est-ce que tu en as retenu de plus précieux dans tes bagages ?
06:17 Amitié, et puis viens nous voir le plus vite possible.
06:20 C'est gentil. J'ai eu la chance extraordinaire.
06:23 Je sais à quel point c'est important des très bons professeurs
06:27 qui m'ont vraiment insufflé le goût de la curiosité,
06:32 de m'intéresser à plein de choses.
06:34 À chaque rôle que j'endosse, j'adore me documenter.
06:38 Je pense que ça vient vraiment de ce plaisir,
06:41 ce goût pour la recherche, la documentation.
06:46 J'ai eu vraiment de très bons professeurs.
06:50 Il a l'air sympathique.
06:51 Oui, il est super.
06:53 Très bon prof d'Histoire.
06:55 J'adorais l'écouter.
06:57 On avait tous des sujets à faire et je me plongeais avec passion là-dedans.
07:02 On a vu dans le film que Marthe changeait d'identité
07:04 parce que son vrai nom c'est Maria Boursin.
07:06 Tout de suite c'est beaucoup moins glamour.
07:08 Quand vous êtes devenue actrice,
07:10 vous avez changé la manière d'orthographier votre nom.
07:12 Mais est-ce que vous avez songé à changer de France ?
07:15 Non, je n'ai rien changé.
07:17 Vos fiches ne sont pas à jour sur Internet.
07:20 On va s'en occuper.
07:22 Vous disiez que c'était tout attaché.
07:24 Non, mon vrai nom, il est au montrément.
07:27 On ne fait pas de contrôle d'identité.
07:29 C'est un petit "de" comme dans "Pomme de terre" et "France avec un gros ".
07:33 Est-ce que vous avez songé à le changer au tout début ?
07:36 Non, pas du tout.
07:37 Et inversement, est-ce que vous avez changé d'identité
07:39 pour passer inaperçu ou être anonyme ?
07:41 Non, je ne sais pas.
07:43 Je suis moi-même et tout va bien.
07:45 On n'embête pas du tout.
07:47 Eh bien nous, on va vous embêter.
07:49 La dame qui est à votre gauche, c'est Sylvie Abigard.
07:53 On vous frappe.
07:54 Passionnée d'architecture, Sylvie.
07:56 Ce que vous préférez chez Bonnard, c'est sa maison.
07:59 Il a fui la ville.
08:01 Bonnard, c'était une sorte de pionnier de l'exode urbain.
08:04 Exactement.
08:05 Si j'ai bien compris,
08:07 Marthe pousse un peu comme M. Pierre à partir à la campagne.
08:11 Parce que c'était compliqué pour lui.
08:14 Lui, il aimait bien la nature.
08:16 Il était absolument fasciné par être dans cet environnement de la nature.
08:21 Il était en communication avec elle.
08:23 Marthe avait une phobie sociale.
08:25 Comme elle avait menti sur son identité,
08:27 elle avait peur d'être dévoilée.
08:29 Elle avait honte de ses origines.
08:31 Elle n'avait pas les codes du milieu bourgeois.
08:33 On a toujours dit que c'est Marthe qui avait entraîné M. Pierre dans son sillage.
08:39 Est-ce que vous avez tourné dans la vraie maison ?
08:42 Non, ce n'est pas la vraie maison,
08:44 mais c'est à quelques kilomètres.
08:46 Elle est très jolie.
08:47 Elle est très belle.
08:48 A Vernon, en Normandie.
08:50 Tout à fait.
08:51 Vraiment une très belle maison.
08:53 Vous-même, je crois, vous avez fait le choix de vous installer à la campagne.
08:57 Oui, tout à fait.
08:58 Et de quitter la ville.
08:59 Oui.
09:00 Est-ce que c'était viscéral ?
09:02 Il fallait absolument aussi ?
09:04 C'était un choix important ?
09:05 Oui.
09:06 Je suis heureuse comme Marthe.
09:08 Je suis aussi heureuse qu'entourée de la nature.
09:12 Est-ce que vous connaissez un dicton belge qui dit
09:16 « Avoir une brique dans le ventre ».
09:19 Vous connaissez ou pas ?
09:20 Non, je n'en ai jamais entendu.
09:22 Vaguement, mais non.
09:23 Ça veut dire quoi, avoir une brique dans le ventre ?
09:25 Ça veut dire posséder sa maison.
09:27 Mais pas au sens immobilier du terme.
09:31 Au sens un peu la tortue qui a son logement,
09:34 qui a sa maison sur son dos.
09:36 En fait, il y a même une émission de déco
09:38 avec un générique qui va sûrement vous dire quelque chose.
09:40 Sur la RTBF, regardez.
09:42 Pas du tout.
09:49 J'attendais que ça tombe.
09:52 Je suis désolée, Cécile, mais je vois très bien votre émission.
09:55 Je vois très bien cette émission.
09:57 C'est vrai ?
09:58 Bien sûr.
09:59 C'est l'émission de la RTBF.
10:01 Le problème, c'est que Cécile ne connaît pas cette émission.
10:03 C'est parce que Cécile est à la campagne.
10:05 Alors que Laura connaît.
10:06 En fait, le côté brique, c'est en lien avec l'architecture belge.
10:11 Vous avez beaucoup de briques.
10:13 Visiblement, Alex Vizorek m'a dit
10:16 que c'était vraiment important comme express.
10:19 Vous avez remarqué, Cécile, elle appelle son belge de secours.
10:22 Ça ne marche pas avec Cécile Defranc, je vais essayer avec Vizorek.
10:25 Votre maison à la campagne, est-ce que vous avez une pièce préférée ?
10:28 Est-ce qu'il y a quelque chose qui est important pour vous ?
10:31 Est-ce que votre atelier, est-ce que vous avez un atelier ?
10:34 Oui, j'ai un petit atelier.
10:36 Ouf, yes, là, je vois.
10:37 Où j'accumule, depuis que je suis petite,
10:40 des coquillages, des bouts de tissu, plein de trucs.
10:44 Vous avez un atelier, vous ?
10:47 Moi, non.
10:48 Vous bricolez pas ?
10:49 Non, moi, je fais dehors, toujours.
10:50 Donc, je n'ai pas d'atelier en plein air.
10:52 Vous ne me posez pas la question.
10:54 Non, parce que vous avez bien raison.
10:56 Et vous retapez les meubles, non ?
10:59 Oui, je fais même des enduits de show.
11:02 Ah oui, quand même, vous bricolez beaucoup.
11:05 Parce que quand même, il faut savoir que c'est une vraie tendance forte.
11:10 Plus de 212 000 personnes ont participé à des ateliers d'initiation à l'artisanat,
11:16 notamment avec Weekend Woo.
11:18 C'est dingue.
11:19 C'est un vrai, vrai besoin de faire avec ces mains.
11:22 Alors, je vais vous parler aussi d'une petite exposition qui a lieu au Grand-Ornu.
11:29 Donc, ça, c'est près de Mons.
11:31 Oui.
11:32 Voilà, qui s'appelle Créer, Produire, Habiter.
11:35 C'est sur cette évolution de l'habitat, de la façon d'habiter,
11:42 notamment avec le télétravail et tout ça.
11:44 C'est un endroit, le Grand-Ornu, vraiment très, très chouette.
11:48 C'est mis en scène par le designer Sam Baron.
11:51 Les commissaires, c'est Chloé Braunstein-Kriegel.
11:54 C'est très fort pour reconnecter avec cette espèce de mouvement
11:59 qui est en train de se faire autour de la maison.
12:01 Je ne sais pas si vous le sentez quand même.
12:03 On a besoin d'être chez soi, là.
12:05 On a besoin de fabriquer.
12:07 On en a marre de la ville, on en a marre du bruit, on en a marre des gens.
12:10 Donc, qu'est-ce qu'on fait ? On se reconnecte à la nature.
12:13 On se reconnecte à la nature, on se reconnecte à chez soi.
12:16 Ça vous fait ça ?
12:17 Moi, tout le temps.
12:19 Oui ?
12:20 Mais c'est vrai.
12:21 C'est pour ça qu'il y a beaucoup plus de télétravail.
12:23 On se sent bien, on se met dans son cocon.
12:25 Et vous, Valérie ?
12:26 Alors, moi, oui, parce que j'ai l'impression de faire du vent tout le temps.
12:29 Donc, j'ai besoin de faire des choses qui restent avec mes mains.
12:31 Pour quelqu'un qui parle de la météo, c'est bien.
12:33 Merci, Cécile.
12:34 C'est du vogueur.
12:35 Merci, Laura Thénogy, merci Valérie Maurice.
12:37 Et surtout, merci, Cécile Defrance d'avoir été avec nous.
12:39 Le film "Bonheur", Pierre et Marthe, sort demain au cinéma.
12:42 C'est un beau film, un beau film vivifiant.
12:45 Voilà, ça fait du bien.

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