• il y a 11 mois
Invité de l'After Foot, Frank Leboeuf a rendu hommage à son idole de jeunesse Franz Beckenbauer, décédé à l'âge de 78 ans. 

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Transcription
00:00 — On parle de « Bacon Bauer, la légende », et pour en parler, on accueille une autre légende.
00:03 S'il vous plaît, je vous demande de respecter l'homme qui arrive, qui m'a fait rêver.
00:09 — (Rires) — Je dois le dire. Je lui rappelle dès que je le croise.
00:12 Franck Leboeuf est avec nous. Franck, bonsoir.
00:15 — Bonsoir, Gilbert. Bon, salut Stéphane, salut Daniel, salut Franck, salut Francky. — Salut Francky.
00:19 — On est arrivé avant toi, Gilbert ! — Ouais...
00:21 — Parce qu'avant d'être à Strasbourg, il était à Laval, Franck, quand même.
00:24 — Exactement, exactement. Et puis bon... — Quand même.
00:27 — Non, non, on peut pas comparer le boeuf avec Bacon Bauer. C'est pas possible.
00:30 — (Rires)
00:32 — Non mais alors toi, surtout que Bacon Bauer était ton modèle.
00:35 — Bah c'est une idole de jeunesse, oui. Moi, la première Coupe du monde dont je me rappelle,
00:40 j'ai 6 ans, c'est en 1974. Donc bien sûr, il y a le total football des Pays-Bas,
00:45 il y a Kreuf, Nisken, tout ça. Mais il y a cette Allemagne extraordinaire
00:51 qui va se battre et qui va gagner cette Coupe du monde.
00:54 Et elle est peut-être pas belle à jouer, mais il y a un joueur qui est là,
00:58 et qui est extraordinaire, qui d'abord a commencé au milieu de terrain,
01:00 puis qui est descendu en tant que libéraux. Et puis c'est la classe incarnée, le mec.
01:05 Il est là, c'est le patron, c'est le leadership, on sent le garçon intelligent,
01:09 le garçon qui réfléchit, qui a tout compris avant tout le monde,
01:12 l'anticipation qui est, dans une position que j'ai connue, primordiale.
01:16 Et oui, ça devient un modèle. J'avais son poster dans ma chambre.
01:21 Est-ce que toi aussi sur le terrain, t'as reculé comme lui ?
01:25 Oui, j'ai commencé en plus jeune, mais moi en amateur, j'ai commencé plus jeune
01:29 parce que j'étais avec David Ginola au milieu de terrain au Sporting Club de Toulon,
01:34 au centre de formation. Et c'est Ange Dandiani, quand j'ai joué à Mots,
01:38 en amateur, j'avais quitté le centre de formation, qui me dit
01:41 "mais je te vois toujours jouer derrière, est-ce que ça te dit ou pas ?"
01:45 Et je lui ai dit "oui, si je continue à pouvoir monter".
01:48 Et voilà, c'est vrai que j'ai eu la chance de marquer beaucoup de buts dans ma carrière,
01:52 tout en jouant derrière, mais en étant le moins du monde frustré.
01:56 Donc, oui, je me suis beaucoup imprégné de sa façon de penser,
02:01 d'avoir ce leadership pour pouvoir être protégé de parmi montées,
02:08 avec des mecs qui étaient capables de sacrifier pour moi.
02:10 C'est ce qu'avait fait Beckenbauer avec la Mannschaft ou avec le Bayern.
02:13 C'est ce que j'ai essayé de faire à mon niveau.
02:16 - Parce que souvent, effectivement, les défenseurs dans ton style
02:19 et dans le style qu'était Beckenbauer sont des mecs qui ont reculé.
02:22 Beckenbauer tout jeune et attaque en gauche, puis milieu de terrain,
02:25 puis un ventre se poste un peu de libéros.
02:27 Blanc est un numéro 10 au départ et il recule.
02:30 Toi, tu nous dis pareil.
02:32 C'est arrivé à pas mal de gars qui sont devenus
02:35 ce qu'on appelait les défenseurs créateurs de jeu.
02:38 - Il faut être réaliste.
02:40 T'es défenseur quand t'as pas le choix.
02:43 Alors au départ, quand tu commences à être défenseur,
02:45 c'est parce que t'arrives pas à marquer des buts,
02:47 que peut-être t'es costaud, mais que t'es pas bon techniquement.
02:50 Si tu veux marquer des buts, t'es classé en football, tu joues devant.
02:52 Et puis au fur et à mesure de ta vie, de ton expérience,
02:55 il y a des choses qui se passent.
02:56 Et lui, c'est certainement un peu l'âge aussi,
02:58 puisqu'il est milieu de terrain en 76.
03:00 Je ne sais pas s'il est en 70, mais en 74, il est passé des défenseurs.
03:02 - Si, en 70, il est encore au milieu et c'est après qu'il recule.
03:06 - Concrètement, dans le jeu, avec son gardien, avec ses latéraux,
03:13 avec l'autre défenseur central à côté de lui,
03:15 ou les deux autres à côté de lui,
03:16 qu'est-ce qui l'a vraiment changé ?
03:20 Et en quoi toi, tu t'es inspiré ?
03:21 Là, je te parle un peu tactique, technique, tout ça.
03:26 - En fait, il a...
03:27 Alors, c'est peut-être pas...
03:29 Enfin, si, c'est consciemment, mais c'est pas pour leur faire du mal.
03:31 Mais il a décidé de gérer et d'avoir le leadership défensivement,
03:38 et de sacrifier ses joueurs pour son bien-être,
03:41 mais pour le bien-être de l'équipe.
03:43 En fait, il y avait des joueurs qui étaient capables de se sacrifier,
03:45 des stoppers ou des latéraux,
03:48 et lui, il était derrière, il couvrait et il était là.
03:50 Mais après, il les servait, il savait que techniquement,
03:53 comme il avait joué au milieu avant,
03:54 il savait que techniquement, il était capable d'amener quelque chose de spécial.
03:58 Et donc, je pense que défensivement,
04:00 c'était peut-être pas le meilleur défenseur au monde,
04:02 mais il savait...
04:04 - Oui, les autres défendaient pour lui,
04:06 et lui, il réorientait le jeu, il distribuait.
04:09 Il était un meneur reculé, en fait.
04:11 - Captain Larkin, tu leur disais, c'est le type qui a inventé la transversale.
04:14 - Oui, c'est vrai.
04:15 - Mais oui, moi, je me suis complètement imprégné
04:21 de ce qu'il était capable de faire.
04:22 Et en Angleterre, j'avais vraiment, quand j'ai joué à Chelsea,
04:25 cette position où tout le monde disait,
04:27 "Franck, c'est le quarterback de l'équipe de Chelsea."
04:30 Et Beckenbauer a inventé ce système-là,
04:33 une forme de quarterback du football américain,
04:36 sur le football, notre football, le vrai football.
04:39 Voilà, et il était capable, c'est Roland, c'est l'extérieur du pied droit,
04:42 mais c'était magique, avec la tête levée,
04:45 c'était tellement beau à voir, c'était tellement efficace.
04:48 - L'extérieur, c'est vrai que c'était une marque de fabrique,
04:50 ce truc de jouer de l'extérieur aussi souvent, c'est un peu étonnant.
04:53 - Voilà, c'était quelqu'un d'extraordinaire.
04:56 J'ai une petite anecdote, où en fait, en Allemagne, en 2006,
05:00 j'ai eu la chance de le rencontrer, j'étais avec Dominique Rocheteau,
05:03 et je lui avais dit, j'ai vu une station de métro éphémère,
05:08 en l'honneur de Pelé, et viens, si tu veux, je t'amène.
05:11 Et donc, avec Dominique, on y va, et là, on trouve la station de métro fermée,
05:16 donc je tape à la porte, et puis on m'ouvre,
05:18 et on me dit, non, non, il y a un truc privé pour M. Pelé, Pelé et Beckenbauer.
05:22 Et là, avec ma goaille de champion du monde,
05:26 je me dis, attendez, moi aussi, je suis champion du monde, peut-être.
05:29 Et la femme s'en va, elle revient, et elle nous dit,
05:32 ben, M. Beckenbauer, M. Pelé, adorerait vous inviter.
05:36 Et donc, on s'est retrouvés tous les quatre dans un truc super privé,
05:39 où c'était vraiment une dédicace pour Pelé,
05:41 il y avait quelques photographes, juste comme ça,
05:43 mais on s'est retrouvés avec deux mecs, enfin, tu as deux légendes, quoi,
05:46 avec Dominique Rocheteau, moi, ça faisait trois légendes.
05:50 Pour moi, j'étais un gamin qui vivait un rêve de gosse
05:54 avec Pelé, Beckenbauer et Rocheteau.
05:56 Et j'ai vécu ça, mais comme...
05:59 Alors, j'étais champion du monde, j'étais déjà retraité, c'était en 2006,
06:02 donc j'avais déjà presque 40 ans,
06:04 mais j'ai vécu ça comme si j'avais 5-6 ans,
06:07 et je voyais mes idoles parler,
06:09 et des mecs, mais adorables, d'une classe, d'une finesse.
06:11 Beckenbauer, le premier, il était à l'époque là pour faire plaisir à Pelé,
06:16 il l'amenait dans cette station de métro éphémère,
06:19 où il y avait le ballon de la Coupe du monde 70,
06:22 le maillot de Pelé, les chaussures de Pelé de la finale.
06:24 Vraiment, pour moi, c'était un musée.
06:26 - Ah, génial ! - C'était pas le musée Grébin,
06:28 ils étaient vrais, c'était extraordinaire.
06:31 - Et puisque tu parles de Rocheteau,
06:32 rappelons que pour l'histoire du football français,
06:35 Beckenbauer, c'était le gars qui avait fait mal au football français,
06:39 qui se réveillait, la finale de 1976 à Glasgow,
06:42 Bayern, et puis l'année d'avant déjà,
06:44 le Bayern avait éliminé Saint-Etienne en demi-finale,
06:46 donc il y avait un peu,
06:48 le football allemand commençait à être la bête noire du football français à ce moment-là,
06:52 et surtout les Verts contre le Bayern,
06:55 il y a eu deux épisodes qui avaient marqué les gens qui suivaient le foot à cette époque,
06:59 et il n'y avait pas beaucoup de gens qui suivaient le foot en France dans les années 70.
07:03 Jean-Michel Larket, qui a dû passer chez Jérôme, j'imagine, tout à l'heure,
07:06 je pense qu'il n'a pas eu de mots pour décrire ce que devait représenter Beckenbauer pour lui.
07:11 - Il a dit globalement ce que dit Franck, il a réinventé le poste.
07:13 - Est-ce que ça devait représenter pour lui, en tout cas pour moi, gamin,
07:16 les Verts, Saint-Etienne, Larket, Beckenbauer,
07:19 Platini qui arrivait,
07:21 c'est mes premiers souvenirs de foot.
07:24 - Je pensais que Jean-Michel aurait dû finir libéraux,
07:28 parce qu'il avait vraiment cette intelligence-là pour pouvoir jouer à cette place-là.
07:34 - En France, il n'y avait pas grand monde qui réfléchissait au jeu,
07:36 donc peut-être qu'on ne lui a pas proposé.
07:39 - Mais enfin, juste pour finir sur Franck Beckenbauer,
07:42 je ne pense pas qu'il y ait un joueur, même de l'époque,
07:44 qui peut dire que Beckenbauer n'était pas un grand joueur et n'était pas un grand monsieur.
07:49 Après, il y a des choses de la vie de tous les jours,
07:51 et puis sa vie d'après en tant qu'entraîneur,
07:54 les implications avec le Bayern ou même avec la Mannschaft,
07:56 mais ça reste une figure emblématique avec un savoir-faire et une éducation.
08:02 Et ça, on ne pourra jamais lui enlever.
08:04 Et moi, j'ai cette image de Beckenbauer,
08:08 déjà c'est beau le nom, France, c'est la classe,
08:10 et pour moi, ce mot classe, c'est représenté par Franz Beckenbauer.
08:17 - Il y a un autre défenseur qui t'a marqué, Franck, qui t'a inspiré ?
08:22 Ou un autre joueur peut-être ? C'est vraiment lui l'idole.
08:26 - Moi, c'est vraiment lui parce que...
08:30 J'adorais Piazza, si on revient aux époques de Saint-Etienne et tout ça.
08:36 - Pour le coup, c'est un style différent.
08:38 - Oui, mais c'est parce que je pense que Piazza et Beckenbauer,
08:41 s'ils auraient joué ensemble, ils auraient été monstrueux.
08:44 L'autre, c'était le bulldog prêt à sacrifier pour l'équipe,
08:48 à mourir avec ses chevauchées extraordinaires.
08:50 Et à côté, tu avais le mec bien habillé, costaud, tout ça,
08:53 avec ses techniques de classe.
08:55 - Oui, c'est vrai que c'est assez complémentaire.
08:57 - Ça aurait été assez complémentaire.
08:59 Osvaldo Piazza représentait la fougue, l'implication,
09:03 l'envie de se battre et de mourir sur un terrain.
09:05 Ils sont complètement anachroniques, ces deux joueurs,
09:09 mais voilà, ils m'ont fait rêver aussi.
09:11 - Merci Franck. - Merci Franck.
09:13 - Merci. Bonne soirée à tous et bonne année à tout le monde.
09:16 - Et à la prochaine. C'est toujours un plaisir de t'entendre.
09:20 - A bientôt. - Ciao, salut.
09:22 - Frans Beckenbauer, on en a longuement parlé.
09:25 On va maintenant parler de l'actu du moment.
09:27 - J'ai entendu le grand Michel aussi, Jérôme, tout à l'heure.
09:29 - Oui, j'ai aimé. - Ça me fait plaisir de l'entendre.
09:31 Dire qu'il était fier d'avoir eu Frans Beckenbauer comme ami.
09:34 - Merci.
09:36 [SILENCE]

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