• il y a 11 mois
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Transcription
00:00 - Alors tout à l'heure, et à propos de lecture, nous avons le bonheur d'accueillir ce matin l'un des auteurs les plus lus de ce pays avec
00:04 "Le potentiel érotique de ma femme", "La délicatesse" ou encore "Charlotte".
00:08 Il est aussi réalisateur, d'ailleurs en grec son nom veut dire "sèche-cheveux du cinéma".
00:12 Bonjour David Fonquino !
00:14 - C'est en allemand !
00:16 - Ah c'est en allemand, c'est pas en grec !
00:18 Merci beaucoup d'être avec nous ce matin pour nous présenter votre 19ème roman "La vie heureuse"
00:25 dans lequel on suit la vie d'Eric.
00:27 Eric c'est un homme plutôt ordinaire, un monsieur tout le monde, qui n'est pas hyper fun, qui se laisse vivre
00:32 et après avoir gravi tous les échelons au sein de Décathlon, il n'en peut plus qu'on lui dise à fond la forme.
00:38 - Ils sont lourds les gens un peu !
00:41 - Ils trouvent plus de sens à sa vie en fait, c'est un peu ça le début de cette histoire.
00:45 - Oui c'est exactement, on comprend un peu plus tard d'ailleurs dans le livre la raison, il est traversé par la culpabilité,
00:51 un événement marquant et assez douloureux de sa jeunesse, on découvre ça un petit peu plus tard.
00:55 Et donc il va, le livre c'est un moment de bascule, il va découvrir quelque chose qui va le faire changer de vie et tenter d'aller mieux.
01:03 Même au restaurant d'entreprise où il se rendait régulièrement dans le souci de paraître proche des salariés,
01:08 la moindre décision lui demandait un effort abyssal.
01:11 On l'avait parfois vu comme figé pendant plusieurs secondes devant le buffet des entrées,
01:16 happé par la vision des œufs mayonnaise.
01:19 Il avait du mal à comprendre ce qu'il était en train de lui arriver.
01:22 - C'est hyper bizarre de citer cet exemple, Thomas vous avez un problème avec la cantine d'Europe 1 ?
01:27 - Oui c'est ça !
01:28 - Les œufs mayonnaise !
01:29 - Je passe le message, effectivement.
01:30 - Non c'est une image qui est très parlante, je l'ai citée dans ma chronique ce matin.
01:33 On voit très bien le type, les yeux dans le vague au self, ça marche très très bien.
01:37 - Mais la mélancolie ça commence souvent par la lenteur, par quelque chose qui ralentit en vous,
01:42 et c'est vrai que c'est cette image que j'ai travaillé pour montrer le début d'une sorte de délabrement,
01:48 mais après on part dans une comédie romantique.
01:50 - Oui parce qu'un jour il y a une vieille connaissance de lycée, Amélie, directrice de cabinet du secrétaire d'État au commerce extérieur,
01:56 qui lui propose de rejoindre son équipe.
01:58 La politique ça ne l'intéresse pas vraiment au départ, Eric,
02:01 mais c'est une occasion inespérée de retrouver un petit peu de sens à sa vie,
02:04 c'est pour ça qu'il va accepter David Fonke-Kinouz.
02:06 - Oui et puis être une sorte d'infidélité à lui-même, aller ailleurs, quitter ce chemin tout tracé,
02:13 et c'est vrai qu'on voit, c'est un livre qui parle beaucoup du désir de renouvellement, de changer de vie,
02:17 et c'est vrai qu'on voit de plus en plus les vies traversées par ce désir-là.
02:20 Il y a eu toute cette vague incroyable aux États-Unis, "Quit my job" à l'époque du Covid,
02:25 et c'est vrai qu'on voit partout autour de nous des journalistes européens qui après vendent du fromage en Corse,
02:32 deviennent professeurs de yoga, il y a un désir comme ça permanent d'aller à l'encontre.
02:38 C'est vrai qu'on a des destinées qui sont multiples,
02:41 et donc lui c'est une opportunité très forte,
02:45 et on va se rendre compte finalement que c'est aussi une impasse,
02:47 parfois c'est pas forcément mieux ailleurs.
02:50 - Et je me suis demandé pourquoi vous avez voulu baigner votre personnage dans le monde de la politique ?
02:53 Pourquoi ce lieu en particulier ?
02:55 - Oui, alors d'abord j'adore la politique, ça me passionne,
02:57 j'adore les hommes et les femmes politiques, quand j'ai eu le peu avant la chance de les rencontrer,
03:01 je trouve ça toujours très intéressant.
03:03 À vrai dire, au cœur de ce livre il y a un rituel, j'imagine qu'on va en parler tout à l'heure,
03:07 extrêmement étrange... - Je sais pas si on a le droit d'en parler ?
03:09 - Oui on peut en parler, oui c'est un rituel assez...
03:11 - Est-ce que ça arrive vers la page 100 ? Alors on se demandait avec Nicolas Carreau,
03:13 est-ce qu'on peut en parler ou pas ? - Oui, oui, je suis pas là pour le monde des livres,
03:15 donc on peut dire la fin...
03:17 Non mais il y a un rituel extrêmement mystique, le rituel coréen,
03:21 et donc j'avais envie de contrecarrer d'une certaine manière toute cette partie du livre
03:28 par des univers extrêmement concrets, donc vous l'avez dit,
03:31 Décathlon pour lui, le ministère de l'économie pour elle,
03:35 - Sous Macron, on citait Macron... - Oui, tout à fait,
03:38 - Elle est dans le monde actuel. - Il y a les arcanes du ministère de l'économie et du commerce extérieur.
03:44 - Et alors cette nouvelle vie mène Eric à Séoul,
03:47 et c'est là qu'il voit une enseigne en néon rouge, "Happy Life",
03:51 alors vous allez nous raconter, c'est quoi le concept d'"Happy Life" ?
03:54 - Alors tout d'abord c'est le point de départ du livre,
03:56 j'ai découvert ça lors d'un voyage en Corée,
03:58 et il faut savoir qu'on me demande beaucoup, les premiers lecteurs,
04:01 qu'ils lisent le livre, si c'est vrai, si c'est pas vrai,
04:04 c'est totalement vrai, on peut voir partout sur Internet des documentaires
04:06 sur ce rituel incroyable, et c'est vrai que c'est absolument un phénomène là-bas,
04:11 en Corée du Sud, et il faut savoir que c'est un pays avec un très grand taux de suicide,
04:16 beaucoup de mal-être, beaucoup de dépression, et c'est vrai que c'est une thérapie de choc,
04:19 donc elle consiste en quoi ? À vivre son propre enterrement, d'une certaine manière,
04:23 c'est-à-dire vous vous retrouvez face à votre cercueil, avec votre nom,
04:27 vos dates de naissance, votre photo, vous devez rédiger votre épitaphe,
04:32 ne serait-ce que ça, c'est vrai que c'est très très fort,
04:34 si je vous demandais, Thomas, maintenant, de rédiger quelques lignes sur votre parcours,
04:40 en imaginant que ce soit votre dernier jour, vous écrivriez quoi ?
04:45 - C'est vrai, c'est difficile !
04:47 - C'est un moment de résumer sa vie.
04:51 - Off-air, ah c'est beau !
04:53 - Ah, c'est pas mal !
04:55 - Vous avez réfléchi, vous, à votre épitaphe ?
04:57 - Oui, j'ai réfléchi, oui, effectivement.
05:00 - Vous l'avez fait ?
05:02 - Non, le rituel, alors moi je l'ai pas fait,
05:04 parce que c'est vrai qu'il y a un événement très marquant dans ma vie,
05:07 c'est que j'ai eu une expérience de mort à l'âge de 16 ans,
05:10 j'ai été opéré du cœur, et donc...
05:12 - Vous avez vécu un peu ça ?
05:14 - Je sais à quel point la rencontre avec la mort,
05:18 parce que c'est ça le but de cette thérapie,
05:20 l'idée de se mettre dans son cercueil,
05:22 d'être pendant une heure comme ça dans l'obscurité et le silence,
05:24 de faire un point sur sa vie,
05:26 il faut savoir que ça marche pas forcément à tous les coups,
05:28 évidemment, mais moi j'ai lu tous les commentaires sur les forums coréens,
05:31 c'est incroyable !
05:33 Il y a vraiment après une véritable, comment dire,
05:36 renaissance d'une certaine manière.
05:38 - Ça donne envie de vivre, en fait.
05:40 - Mais ça c'est quelque chose qu'on peut tous ressentir.
05:42 - C'est ce qui vous est arrivé ?
05:44 - Alors moi ça m'est totalement arrivé,
05:46 c'est vrai qu'à l'âge de 16 ans, la rencontre avec la mort,
05:48 surtout à un âge où j'étais adolescent,
05:50 j'étais dans une sorte de fragilité émotionnelle,
05:52 après c'est vrai que quand je suis revenu à la vie,
05:55 alors que c'était pas du tout moi avant,
05:57 je me suis mis à lire, à écrire,
05:59 à avoir une nouveauté, à la sensibilité, ça a changé ma vie.
06:01 - Au départ parce que vous étiez bloqué à l'hôpital.
06:03 - Oui, alors il y a aussi ça, j'ai passé des mois,
06:05 en 1991, donc sans Netflix,
06:08 sans Facebook, sans Instagram,
06:10 seul au monde, et là les livres,
06:12 mais les livres à ce moment-là, non seulement m'ont accompagné,
06:15 m'ont sauvé, m'ont consolé, m'ont permis de voyager de ma chambre,
06:18 mais c'est aussi que la rencontre avec la mort,
06:21 avec la peur de la mort, a déverrouillé une forme de sensibilité,
06:24 j'ai commencé à souligner des phrases,
06:26 à avoir un rapport totalement différent,
06:28 alors que je détestais lire,
06:30 à l'école dès que je devais lire un balzac, j'étais au bout de ma vie,
06:33 d'ailleurs, longtemps après, j'ai eu le concours des lycéens pour Charlotte,
06:37 donc je vais souvent dans les écoles, et je leur explique,
06:39 alors que c'est devenu toute ma vie,
06:41 de lire et d'écrire, je n'aimais pas lire en adolescent.
06:43 - Et ça, ça donne de l'espoir à beaucoup de parents qui se disent,
06:45 "Ah, mes enfants ne lisent pas", et bien voyez, même à 16 ans...
06:47 - Je suis un véritable espoir, effectivement.
06:49 - On vient quand même d'apprendre que David Fokindos
06:52 lit les forums de coréens en Corée.
06:54 - Oui, c'est ça, c'est la base.
06:56 - M. Benkemun, savez-vous qu'il existe une application Google Tral ?
06:59 C'est assez simple.
07:01 - Il ne connaît pas, il ne connaît pas.
07:03 "La vie heureuse", c'est le titre de ce 19ème roman de David Fokindos,
07:06 aux éditions Gallimard, on va continuer à en parler,
07:09 et puis dans un instant, on va parler justement avec M. Benkemun
07:11 des Golden Globes qui ont eu lieu hier à Triomphe,
07:14 d'un film français, et puis on va jouer tout à l'heure
07:17 aux "Trois ou rien" avec les auditeurs d'Europe 1.

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